La Lettre du Neurologue • Vol. XX - n° 1-2 - janvier-février 2016 | 5
ÉDITORIAL
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Pr Mathieu Zuber
Service de neurologie et de neurovasculaire, groupe hospitalier Paris Saint-Joseph, Paris.
Président du Collège des enseignants de neurologie.
Le futur interne en neurologie
French resident in neurology: what is the future?
Le troisième cycle des études médicales, l’internat, est le fondement de la formation professionnelle pour tout futur médecin.
Celui de neurologie dure 4 ans (8 semestres), comme celui des autres spécialités médicales, à l’exception de la médecine interne (5 ans).
De l’avis général des enseignants de la spécialité, l’explosion
des connaissances en neurosciences justifierait un passage de la formation à 5 ans (à l’instar de celle délivrée dans d’autres pays européens).
Mais cette revendication n’a jamais trouvé d’écho favorable, essentiellement pour des raisons économiques.
Le parcours d’un interne réalisant son diplôme d’études spécialisées (DES) de spécialité médicale est bien connu : l’interne choisit sa spécialité et sa ville de formation selon son rang de classement à l’examen classant national (ECN), le nombre d’internes autorisés par spécialité étant préalablement fixé pour chaque région (on parle de “filiarisation”, en place depuis une dizaine d’années). L’ECN va subir dès cette année (juin 2016) une véritable révolution dans sa forme, avec l’organisation du premier
“e-ECN”, à l’aide de tablettes informatiques : le futur interne se verra proposer des dossiers cliniques progressifs (découverte des questions au fur et à mesure, sans possibilité de retour en arrière), une place importante étant accordée aux images et aux vidéos. Depuis plusieurs années déjà, les étudiants se sont familiarisés avec ce mode d’interrogation, grâce à une plateforme nationale (SIDES [Système informatique distribué d’évaluation en santé]) qui sert à la fois de base pour l’organisation des examens en faculté et d’outil d’entraînement.
L’internat de demain
Pour être titulaire du DES de sa spécialité, l’interne doit répondre à une maquette qui fixe le nombre minimum de stages à effectuer dans des services agréés, les autres stages autorisés, la répartition des stages entre services universitaires et non universitaires. Des critiques récurrentes sont émises à propos de l’organisation actuelle :
➤ fonctionnement vertical de chaque DES, sans réflexion croisée sur les domaines partagés ;
➤ absence de progression pédagogique tout au long du parcours de l’interne ;
➤ évaluation faiblement, voire pas du tout, formalisée, en particulier pour les compétences à acquérir ;
➤ hétérogénéité interrégionale des enseignements hors stages et de l’évaluation.
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Au cours de l’année 2014, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a officiellement lancé une réforme du troisième cycle qui devrait modifier profondément l’organisation du parcours de formation. Cette réforme doit être effective à la rentrée universitaire de 2017. Un cahier des charges a été adressé aux responsables de chaque spécialité, fixant les grands principes d’organisation du futur DES.
➤ Le DES est le diplôme nécessaire et suffisant pour l’exercice de la spécialité, qui ne doit donc pas exiger de formation supplémentaire (sous forme de DU/DIU, par exemple). Des formations spécialisées transversales (FST) peuvent être proposées, qui correspondent à des formations partagées entre plusieurs DES : elles peuvent ouvrir droit au prolongement du DES, mais le nombre d’internes pouvant s’y inscrire doit rester faible et sera fixé par région.
➤ Une progression pédagogique doit être imaginée, avec 3 phases successives au cours du DES : une phase socle de 1 an, une autre d’approfondissement de 2 ans,
et une dernière de mise en situation de 1 an. Il appartient à chaque spécialité de déterminer et d’annoncer les compétences à acquérir au cours de chacune des 3 phases et les critères d’agrément, un service pouvant être agréé ou non − de manière indépendante − pour chacune des phases. Une commission pédagogique régionale rencontrera les internes à chaque étape, afin de relever les manques éventuels dans la formation et d’aider l’interne à réaliser son projet personnel de formation.
Futur internat, meilleure formation ?
Le mérite indiscutable de la réforme en cours est de pousser à une réflexion approfondie sur le contenu des formations. L’interne ne pourra que tirer bénéfice d’une meilleure définition de ses objectifs d’apprentissage et d’une évaluation plus attentive. La mise en place, depuis quelques années, d’un portfolio de l’interne en neurologie, permettant à chacun de s’auto-évaluer, est une première étape,
qu’il faudra prolonger avec l’aide d’outils informatiques performants. Une tutorisation personnalisée de chaque interne verra sans doute le jour. L’interne de demain
devrait aussi être plus entraîné à l’exercice de la neurologie ambulatoire, ce qui lui permettra de mieux appréhender son choix de mode
d’exercice. Des formations spécifiques vont probablement apparaître, sous la forme de FST (par exemple : sommeil,
neuro- oncologie).
Le dynamisme des enseignants sera bien sûr le moteur de cette évolution. Mais ce sera à
l’interne de savoir en profiter, en bénéficiant de ces enseignements restructurés, en
n’hésitant pas à être une force de proposi- tion… et en n’oubliant pas (quels que soient
les messages provenant de textes récents sur le temps de travail des internes) que l’on ne saurait apprendre son métier de futur neurologue sans passer beaucoup d’heures au contact de ses malades.
M. Zuber déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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