A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION A
J EAN -P IERRE M ARCO
Transition le long des chaînes de tores invariants pour les systèmes hamiltoniens analytiques
Annales de l’I. H. P., section A, tome 64, n
o2 (1996), p. 205-252
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205
Transition le long des chaînes de tores invariants
pour les systèmes hamiltoniens analytiques
Jean-Pierre MARCO Université Pierre et Marie Curie, UFR 920,
4, place Jussieu, 75252 Paris Cedex 05
Vol. 64, n° 2, 1996, Physique théorique
RÉSUMÉ. - Le
premier
but de l’article est d’établir clairement l’existence d’orbites reliant les tores extrêmes d’une chaîne detransition,
dans le casgénéral
où les tores ont une forme normale de Graff. La démonstrationest basée sur un A-lemme
particulier, portant
sur des arcs. On en déduitune évaluation du
temps
de transition lelong
de lachaîne,
en utilisant la méthode des fenêtres d’Easton. Cetteapproche
semble inévitable pour comparer cetemps
aux estimations de Nekhoroshev.ABSTRACT. - The purpose of this paper is to prove
(by
constructivemethods)
the existence of orbitsconnecting
the extremal tori of a transitionchain, assuming
that thèse tori possess thegénéral
normal form derivedby
Graff and Treshchev. Theproof
is based on aspecific
Â-lemma forarcs,
exploiting
thepeculiarities
of this normal form. Wegive
then anestimation on the transition time
along
thechain, using
Easton’swindowing
method. This
approach
seems to be unavoidable to compare this time to Nekhoroshev’s estimâtes.1. INTRODUCTION 1.1. Présentation du
problème
La notion d’instabilité pour les
perturbations
d’unsystème
hamiltoniencomplètement intégrable
remonte à l’article d’Arnold[2].
Le mécanismeAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Physique théorique - 0246-0211
Vol. 64/96/02/$ 4.00AO Gauthier-Villars
206 J.-P. MARCO
proposé
par Arnold met enjeu
des solutionsparticulières
dans lecomplémentaire
des familles de toreslagrangiens
invariants donnés par les théorèmes de stabilité(KAM).
Il est donc nécessaire que lecomplémentaire
d’un tore
lagangien
dans une sous-variété de niveau du hamiltonien soit connexe, et l’instabilité nepeut
avoir lieuqu’en
dimension > 6.Le hamiltonien donnant lieu à
l’exemple
d’Arnold est défini dansT* (T3 )
=T3
xR3 (muni
de la structuresymplectique usuelle),
et s’écrit :où l E
R3,
(/? =(~i~2?~3) ~ T3,
et où sont desparamètres.
Le hamiltonien doit être considéré comme une
perturbation
du casintégrable N00 = ~!!~1!~
~ mais il faut noter que les deuxparamètres ~,~
jouent
des rôlesdissymétriques : ~
conservel’intégrabilité
et crée unehyperbolicité (au
moyen de tores invariants de dimension2), et (qui
estchoisi très
petit
devantc)
détruitl’intégrabilité
etpermet
l’instabilité. L’idée de ce doubleparamétrage
remonte à Poincaré[ 16] :
lapossibilité
de choisirla taille
de
parrapport
à celle de csimplifie
à l’extrême les constructions parrapport
au casplus
réaliste desperturbations
à un seulparamètre.
Lesquestions
soulevées parl’application
de la construction d’Arnold dans lecas
général
sont étudiées dans[ 14] .
Le but de cet article étant surtout de clarifier le
sujet,
onrappelle
d’abordles détails de
[2].
On supposerapartout
quel’énergie h
> 0 est fixée.Le cas
intégrable
initialH°o
Lorsque 6-
=0,
lesystème
modélise levoisinage
d’un torelagrangien intégrable
en coordonnéesaction-angles. L’espace
totalT3
xR3
est feuilletéen tores
lagrangiens
invariantsparamétrés
par les actions l ER3,
lasurface de niveau
H°~l (h)
est leproduit
direct du toreT3
par la2-sphère
euclidienne S
d’équation
= 2h.Le choix de la
perturbation fait jouer
un rôleparticulier
à la surface résonnante TZ donnée parl’équation 7i
== 0 dans le niveauH°~l ( h) .
NotonsC le
grand
cercle de Sd’équation 7i
= 0. La surface 7~ est leproduit
directT3 x C, chaque
toreT3
x de 7Z est invariant et lui même feuilletéen tores invariants
T2 (résonance).
Il est aussi intéressant de mettre en évidence la structure
produit
direct(cpl, 7i)
x(cp2, ~p3, I2, I3)
dusystème.
Laprojection
de surl’espace 7i)
est un anneau, la surface 7Z seprojette
sur le cercle médianIl
= 0formé de
points fixes,
et ladynamique simple
sur l’anneau estindiquée
sur la
figure
1.Annales de l’Institut Henri Poincaré -
Fig.2.-e>0,~=0.
Création de
l’hyperbolicité
Lorsque ~
> 0et
=0,
lesystème
restecomplètement intégrable,
et
apparaît
comme leproduit
noncouplé
d’unpendule,
donné par le hamiltonien =1 I 1 2 - 1 )
surT 1
xR,
et dusystème
=
2 1 ( I2 2 -~
surT2
xR2;
~ lesvariables 12
et13
sontdonc encore des
intégrales premières.
Le niveau estdifféomorphe
à
T3
xS2,
laprojection
de ce niveau dansl’espace
des l est la couchesphérique
2hIl
+I2
+Ij 2(h
+2e).
Cette
première étape
détruit la surface résonnante 7Z et donne naissance enparticulier
à une famille T~ à unparamètre
de tores invariants de dimension2, partiellement hyperboliques, qui joue
un rôle essentiel dans la suite.Cette famille P est le relèvement à du
point
fixehyperbolique
duVol. 64, n° 2-1996.
208 J.-P. MARCO
pendule :
c’est donc leproduit
du toreT2 (variables
et par le cercled’équations
=0, h
=0, I2
= dansT1
xR3.
Les actionsI2
et
I3
étant constantes, 7~ est donc bien une famille à unparamètre (variant
dans le cercle
précédent)
de tores invariants(décrits
par et(~3).
Leursvariétés stables et instables s’obtiennent aussi par relèvement à
( h)
decelles du
point
fixe dupendule,
ce sont donc descylindres (difféomorphes
àT2
xR)
de dimension 3. Même dans la variété les tores invariants sont seulementpartiellement hyperboliques (l’hyperbolicité complète
d’untore T
exigerait
que la somme des dimensions des variétés stable et instable de T soit au moinségale
à 7 =dim T),
cequi permet
enparticulier
l’existence de cette famille continue de tores. Notons que cette contrainteimpose à
nouveau que la dimension initiale soit > 6.Instabilité
Dans la deuxième
étape
>0, «
c, laconfiguration complètement intégrable précédente
est détruite. Le niveau77~ (h)
esttoujours
difféomorphe
àT3
xR2,
et seprojette
encore sur une couchesphérique
dans
l’espace
des I. Les torespartiellement hyperboliques
de la famille 7~subsistent
(car
laperturbation
a été choisie nulle sur la surface 03C61 = 0qui
contient
P),
mais le calcul desintégrales
de Poincaré-Melnikov montre que la variété stable dechaque
tore de P intersecte maintenant transversalement dansH~~ (h)
la variété instable de ce même tore, suivant(au moins)
uneorbite homocline.
Par
continuité,
on voitqu’il
est alorspossible
d’extraire de la famille 7~des familles finies de tores
partiellement hyperboliques, toujours
contenus dans
77~(~),
tels que les sous-variétés etW s (T2~1 )
s’intersectent transversalement
(dans 77~ ( h ) )
suivant(au moins)
une orbitehétérocline.
On montre d’autre
part
quechaque
toreTi
non résonnantpossède
unepropriété
dite d’obstruction - que nous détaillerons dans la suite -qui
assure l’existence d’orbites arbitrairement
proches
des tores extrêmesTl
etTn (dont
nous donnerons une constructionexplicite).
On obtient alors le résultat suivant
( [2] ) :
THÉORÈME. - Notons
la projection de 77~ (h)
sur l’axe desI2.
SoientI2
et7~
deux réels dans l’intervalle]0, 0,
0’ desvoisinages
deI2 et 7~
dans] 0, B/2h[.
Pour tout ~vérifiant
0 c co, il existeMo( E)
telque pour tout
vérifiant
0 M existe une orbite dusystème défini par H~ ,
contenue dans le niveauH-1~ (h),
dontla projection par p~
intersecte les
voisinages
a et O’.Bien
qu’il
soit deportée limitée,
enparticulier
à cause du choix trèsparticulier
de laperturbation,
ce théorèmepermet d’espérer
unepropriété plus générale
d’instabilité. SoitHo un
hamiltoniencomplètement intégrable,
défini sur Tn x
Rn,
nedépendant
que des actions l E et soitHl
un hamiltonien sur Tn xRn,
on noteH~
=H0 + ~H1
pour ~ ER+.
Soit hune valeur fixée de
l’énergie, régulière
pourchaque
et,~4
laprojection
du niveau sur
l’espace
des actions Rn. La famille(N~)
est diteinstable à
lorsqu’il
existe co > 0 tel que pour touspoints
let I’ dans l’intérieur de la même
composante
de~4,
et tousvoisinages
a et 0’ de l et I’ dans
~4,
il existe pour tout c co une orbite o~ dusystème
contenue dans dont laprojection
dansl’espace
desactions intersecte les
voisinages
0 et0’. Compte
tenu de ladynamique
sur les tores non
perturbés,
cettepropriété
est très voisine de la transitivitétopologique
du flot sur la sous-variétéUn hamiltonien
Ho
étantdonné,
unpremier problème
est alors decaractériser l’ensemble des
Hl
rendant instable la famille~ précédente,
et en
particulier
d’étudier sagénéricité (dens
un sensconvenable),
undeuxième
problème
est de d’étudier l’ensemble desHo
pourlesquels
l’ensemble
précédent
estgénérique.
L’étudedépend
évidemment de la classe derégularité
des fonctions considérées. On trouveraquelques
idéessur le cas C°° dans
Douady [8],
sur le casanalytique (beaucoup plus
difficile et encore non
résolu)
dans Arnold[3]
et Delshams[7].
L’application
de la construction d’Arnold à cesproblèmes
soulèvetrois
problèmes principaux,
de difficultésinégales (signalons
que d’autresapproches,
de naturevariationnelle,
sontpossibles [15]).
- Dans le cas
général,
on doit d’abord mettre en évidence les familles de torespartiellement hyperboliques
convenablement reliés par des orbites hétéroclines. Ces toresproviennent
de la destruction de tores résonnants[ 18],
mais alors que tous les tores de la famille 7~ subsistaient dansl’exemple
Vol. 64, n° 2-1996.
210 J.-P. MARCO
d’Arnold,
l’existence des toresperturbés
dans le casgénéral
se montre par des théorèmes dutype
KAM(hyperbolique,
voir[ 11 ]
et[ 18]),
cequi exige
que les tores initiaux vérifient des conditionsdiophantiennes.
Il secrée donc des lacunes dans les familles de tores
partiellement hyperboliques perturbés.
Se pose alors leproblème
des connexions hétéroclines : la densité des tores nécessaires(et
donc lapetitesse
deslacunes)
est clairement reliée à l’ écart des variétés stable et instable d’un toreperturbé
autour d’uneorbite homocline. Comme cet écart est
exponentiellement petit
relativement à la taille de laperturbation ( [ 16], [ 17]),
la construction de ces familles de tores reste leproblème
leplus difficile,
et estpeut
être sans solution[ 14] .
- La transition entre des actions l et I’
quelconques
demande la construction de familles de tores issus de surfaces de résonance distinctes.Ce
problème
dechangement
de surface est encore très peu étudié(voir [3]).
- Enfin la
dynamique
autour des tores(propriété d’obstruction),
trèssimple
dans le casd’Arnold,
n’est pas suffisamment étudiée dans le casgénéral, malgré
un certain nombre de travaux( [ 1 ], [6], [ 10] ).
Demême,
la constructionexplicite
d’orbites detransition,
reliant desvoisinages
destores extrêmes d’une chaîne
donnée,
n’est pas clairement effectuée.1.2. Plan de l’article
Le but de cet article est d’éclaircir ce dernier
point,
tout en introduisant des méthodessusceptibles d’applications
aux deuxpremiers. Après
avoirprécisé
la nature de lapropriété
d’obstruction dans lapartie 2,
on étudiedans les
parties
3 et 4 ladynamique
auvoisinage
d’un torepartiellement hyperbolique possédant
une forme normaleparticulière,
déterminée par Graff[ 11 ],
cequi
est le cas des toresapparaissant
dans lesperturbations analytiques
desystèmes complètement intégrables [ 18] .
Lapartie
3 estconcacrée au redressement des variétés invariantes de ces tores, la
partie
4 donne le A-lemmequi
est à la base de ce travail. L’étude est limitée au cas où les variétés stable et instable du tore T vérifient dimW s (T )
= dim = dim T +1,
c’est-à-dire aux toresprovenant
de la destruction des surfaces de résonance d’ordre 1. On montre dans[6]
que les formes normales
possèdent
dans ce casparticulier
despropriétés
de convergence
plus
fortes que dans le cas des tores issus de surfaces de résonancearbitraires,
onn’exploite cependant
pas ici cespropriétés,
afin de
permettre
unegénéralisation
facile au cas des toresprovenant
de surface de résonance d’ordrequelconque.
Cettegénéralisation paraît
eneffet
indispensable
pour aborder leproblème
des transitions entre surfaces de résonance distinctes(bien
que dans ce cas lesapproches
variationnelles semblentplus souples).
Annales de l’Institut Henri Poincaré -
La fin de l’article est consacrée à un
premier
calcul dutemps
de transition lelong
d’une chaîne. Les méthodes constructivesdéveloppées
ici conduisent àséparer
son évaluation en deux : la transition auvoisinage
des tores(lente),
et la transition de tore à tore suivant le
voisinage
d’une orbite hétérocline(rapide).
On donne dans lapartie
5 lesparamètres permettant
d’estimer letemps
de transition d’une orbite auvoisinage
d’un tore, et dans lapartie
6des estimations
préliminaires
dutemps
de transition lelong
d’une chaîne.Le but est de comparer ces
temps
auxtemps
de stabilité donnés par la théorieclassique
desperturbations ([ 13], [ 14]).
Cespremières
estimations dutemps d’instabilité,
tout à faitgénérales,
sont trèspessimistes.
Elles sontbasées seulement sur le À-lemme et ne sont absolument pas
comparables
aux
temps
de stabilité de Nekhoroshev.On montre ensuite dans le
paragraphe
7 comment les idées d’Alexeiev[ 1 ]
et d’Easton[10] permettent
dans unpremier temps
de se ramenerà un contexte
quasi-hyperbolique (au
moyen defenêtres
convenablementdisposées
auvoisinage
destores).
Il est alorspossible
de montrer, dansun cadre
plus
restreint queprécédemment,
que letemps
de transition croit de manière linéaire en fonction du nombre de tores de la chaîne. Cecipermettra
dedévelopper
lacomparaison
auxtemps
de stabilitéindiquée
dans
[ 13]
et[ 14] .
Auprix
de démonstrationsplus délicates,
l’utilisation despropriétés
des formes normales de[6]
doitpermettre
d’étendre ces idées auxsystèmes
lesplus généraux.
Une étude détaillée desprocédés
denormalisation et de leur
application
auxproblèmes
detemps
de transitionsera donnée dans un autre article.
La
partie
8 est consacrée àquelques
remarques sur l’utilisation destemps
de transition pour l’étude des
perturbations CI
deschamps
hamiltonienscomplètement intégrables.
Les orbites d’instabilitéprécédentes
subsitenten effet dans les
perturbations CI (simple
théorème decontinuité),
alorsmême que les chaînes de transition
peuvent disparaître.
Lestemps
de transition donnent alors la taille desperturbations qui
conservent les orbites d’instabilité entre deuxpoints.
2.
PROPRIÉTÉ
D’OBSTRUCTION ETCHAÎNES
DE TRANSITIONLes
objets
considérés ici sont de classeCr,
r >2,
lesexemples
sontanalytiques.
Nous commençons parrappeler
la définition de lapropriété
d’obstruction introduite dans
[2] (voir
aussi[6]).
2.1. DÉFINITIONS. - Les variétés
symplectiques
considérées seront de dimension 2m+2,
les tores invariants seront de dimension m(comme
Vol. 64, n ° 2-1996.
212 J.-P. MARCO
indiqué
enintroduction,
ilsproviennent
de la destruction de toreslagrangiens
sur une surface de résonance d’ordre
1 ),
et leurs variétés stables et instables seront de même dimension m + 1. Onparlera
alors sans autreprécision
de tores
partiellement hyperboliques.
Soient M une variété
symplectique
et H un hamiltonien sur M. On suppose que lesystème XH
défini par Hpossède
un tore invariantpartiellement hyperbolique T,
contenu dans un niveaurégulier
~L =H-1(h).
On dira que Tpossède
lapropriété
d’obstructionlorsque
toutesous-variété V de ~-l invariante pour
X H
et intersectant transversalement dans H la sous-variété stableWS (T)
vérifie c Y.2.2. DÉFINITION. - On
appellera
chaîne de transition pour lesystème ( M, H )
une famille finie de tores invariantspartiellement hyperboliques,
contenus dans une même sous-variété ~L =H-1 (h),
telleque
chaque
torepossède
lapropriété d’obstruction,
et telle que intersecte transversalement dans 7~ la variétéW s (Ti+1 ),
pour 1 i n -1.Compte
tenu desdimensions,
D est alors une union d’orbites hétéroclines isolées.Si est une chaîne de
transition,
et siU1
etU~
sont desvoisinages
arbitraires(dans
des tores extrêmesTl
etTn,
l’ensemble des orbites intersectant les deuxvoisinages U1
et!7~
est un ouvert del’espace
des orbites du
système XH
restreint à7~,
il est donc enparticulier
infini.En effet la sous-variété est invariante par le
flot,
et intersectetransversalement donc C
Wu (Ti)
pour tout i. Une récurrence immédiate montre alors que C et l’orbite de toutpoint
p de nUl (/ 0)
intersecte à la foisUl
etUn .
L’ensemble de ces orbites de transition est donc non
vide,
et il est ouvertpar les théorèmes
classiques
dedépendance
des solutions parrapport
aux conditions initiales.On notera
cependant qu’une
telle construction ne donne pour l’instantaucune indication sur le temps de transition. Il sera d’autre
part plus
commode de travailler avec des surfaces de section autour des tores, ce
qui
seratoujours possible.
On donne maintenant la notion d’obstruction relative à ces sections.2.3. CONDITION
(OS). -
Les torespartiellement hyperboliques
que nous considérons dans la suitepossèdent
desvoisinages
danslesquels
ladynamique
estconjuguée
à une forme normalesimple (de Graff).
Enparticulier,
si T est un tel tore, il existe dans levoisinage
deconjugaison
une surface de section S de dimension
2m,
contenue dans le niveau 7~et transverse
(dans ~‘~C)
auchamp
hamiltonien.L’application
de retourf
naturellement associée à S est définie dans un
voisinage
(9 de e = T n Sdans
S,
et à valeurs dans unvoisinage
0’ de e. On voit directement que e est un tore invariant pourf ,
de dimension rrz -1,
et il seratoujours possible
de choisir la section S pour que les variétés invariantes de e soient les intersections avec S de celles deT,
elles seront donc de dimensionm. Dans ces
conditions,
on vérifie facilement que pour que Tpossède
lapropriété d’obstruction,
il suffit que la condition suivante soit vérifiée :CONDITION
(OS). -
Pour toute sous-variété 0394 de 0 intersectant transversalementtout point
b E toutvoisinage
ouvertS de b dans
S,
il existe un entier n tel que intersecte B(où C~n
C 0 est le domaine defn).
Il est d’ailleurs facile de vérifier directement l’existence des orbites de transition
lorsque
tous les tores d’une chaîne vérifient la condition(OS).
Ilest de
plus possible
dans ce cas de donner des estimations sur letemps
detransition,
c’est la méthodequi
sera utilisée dans la section 6.2.4.
Exemple :
obstruction et tores"intégrables"
Nous vérifions dans ce
paragraphe
que les torespartiellement hyperboliques les plus simples possèdent
lapropriété
d’obstruction. Bien que les démonstrationspuissent
ici se faireplus rapidement,
nous introduisons les constructions et notations intervenant dans lasuite,
pour ensimplifier
la lecture.
On considère le
système
défini sur la variétév2"2+2
= Tm x R m x R xR,
munie des coordonnées yi, s,
u)
et de la formeno
= ~B ... + n + ds ndu,
par le hamiltonienoù 03C9 est un vecteur de Rm que l’on supposera non résonnant. Les
équations
associées ==
0, s
= -s, ets’intègrent
directement en
Le tore T
d’équations (~/
=0, s
= u =0),
de dimension m, estdonc invariant et
partiellement hyperbolique
: ses variétés stable etinstable
W s (T ) _ ~ ~
= =0}
etW ~ (T ) _ ~ y
= =0}
sont de dimension m + 1. Le tore T est contenu dans la sous-variété 1C =
K-1 (0),
etappartient
à la famille à mparamètres
de tores invariants_ ~ ~ _
=0}.
dont la trace sur la sous-variété 1C est la famille à m - 1paramètres 1 1 w) == 0}.
Vol. 64, n° 2-1996.
214 J.-P. MARCO
On construit facilement une surface de section S contenue dans /C : comme 03C9 est non
résonnant,
sescomposantes
sont nonnulles,
enparticulier
0,
et la surface £d’équation
== 0 est doncpartout
transverseau
champ
hamiltonien La surface ? = lC estrégulière
et dedimension
2m, puisque
lC est transverse à £(car
lechamp X~
esttangent
à/C),
c’est donc une section(globale)
dusystème
Comme lasous-variété lC a pour
équation
avec 03C9 ==
(W1, ..., Wm-1) et y
==(y1, ..., ym-1),
on identifie 6’ à enchoisissant sur S les coordonnées
(B
=(8i),
p ==(~)?~, s),
1 i m -1,
se déduit de x par
suppression
de la coordonnée etoù 03C1
=y.
Le
temps
de retour T = associé à la section S est constant surS, l’application
de retourf ,
de domaineS,
s’en déduit immédiatement :avec l~ =
e-T,
Le tore 8 == T n S a pouréquations ~=0,t6=~~0,il
est invariant parf
et ses variétésstable et
instable,
intersections avec S de celles deT,
sont données parWs (O) _ {03C1
=0, u
=0}
etWu(0398)
={/?
=0, s
=0}.
Comme
indiqué
en2.3,
on montre lapropriété
d’obstructionpour T
au moyen de la condition
(OS)
pour la section. On considère donc une sous-variété 0394 de S transverse àW s ( O )
en unpoint a
=(03B81, 0, s1, 0),
on
peut
évidemmentsupposer A
de dimension m(car
par transversalitésa dimension est >
m),
et contenue dans unvoisinage
donné de a. Onconsidère d’autre
part
unpoint
b =(~2,0,0~2) ~ W~‘ ( O )
et la bouleouverte B ==
~(6, !)) (pour
la distanceproduit
dansS),
avec 8 > 0 fixé.On vérifie facilement
qu’il
estpossible
desupposer |u2| 1 /2,
ceci pourfaciliter le choix de la
reparamétrisation
dans la suite.Comme A est transverse à
tV(0)
aupoint
a, elle est aussi transverseau
(m
+1 ) -plan d’équation p
=0, qu’elle
intersecte suivant une variété de dimension 1qu’on peut
supposer connexe etparamétrée
par la coordonnéeu. On
notera 03B3
cet arc(qu’on
suppose défini dans un intervalle[2014û,û]),
avec
~y(u) _ (~ye (u), 0,
et donc a =~(0)-
On calcule directementl’expression
des itérés =,~~
o ~y : :La démonstration se termine en trois
étapes.
Annales de l’Institut Henri Poincaré -
a) Reparamétrisation
des arcs itérés. - On note~(u) _ (u), 0,
aS(u), u)
le vecteur dérivé~y’ (u~.
La linéarité de la transformationf
entraîne queet ce vecteur
tangent,
normalisé par division par sa dernièrecomposante,
converge vers( 0, 0, 0,1 ) .
Il en résulte directement que pour n assezgrand, l’image
de la restriction de l’arc ~yn à un intervalleIn
C[-A, û]
separamètre
par une fonction
~n
de[-1,1]
dansS,
de la forme~n(u) _ (~8, 0, ~ ~c).
Lasuite d’intervalles
In
estdécroissante,
et lalongueur
de~n
converge vers 0.b)
Redressement des arcs itérés. - La convergence des vecteurs dérivésvers
( 0, 0, 0,1 )
montre l’existence d’un entier N tel quepour tout entier 7z > N.
c) Ergodisation
sur la variété stable. - Comme w est nonrésonnant,
il existe une suite croissante d’entiers n ~ telsque 102 - (()1
+~ / 2 .
La
composante angulaire
dupoint f n (a) _ ~n (0),
intersection de l’arc~n avec
W s (O), peut
donc être choisie arbitrairementproche
de celle dupoint
b.Compte
tenu de la forme de laparamérisation z,
on en déduit que l’intersection de S et del’image
de l’arc~r,,
est non vide pour tout entierN,
cequi
montre lapropriété
d’obstruction pour les toresintégrables.
Les deux
parties
suivantes sont consacrées à lagénéralisation
de cettedémonstration au cas des tores intervenant dans les
perturbations analytiques
de
systèmes intégrables.
3. TORES STANDARD 3.1.
Systèmes
et tores standardOn
appellera système
standard unsystème
hamiltonienanalytique
sur lavariété
v2’n+2
= Trn x Rrn x R xR,
de la forme suivanteoù w E est non
résonnant,
M est une matricesymétrique
réelle d’ordrem, l
est un réel >0,
et où lereste g
est d’ordre 3 en(g, s, u) .
Vol. 64, n° 2-1996.
216 J.-P. MARCO
Le
champ
hamiltonienXG
associé à G définit leséquations
suivantes :Le tore T
d’équations (~
=0, s
= u =0)
est donc invariant par le flot. On montre[11] ]
que T estpartiellement hyperbolique :
ses variétésinvariantes et sont
lagrangiennes (donc
de dimensionm
+ 1).
Elles sereprésentent
par desexpressions paramétriques analytiques
ws et wu de la forme
où les fonctions
analytiques
s’annulentlorsque s
==0,
avec Vet U d’ordre 2 en s, et où
V,
6’ s’annulentlorsque u
=0,
avec V et8 d’ordre 2 en u
(les
variétésW s (T)
et sont donc en toutpoint
deT
tangentes
aux espaces~~={~=0,~=0}
et= {?/
=0, s
=0}
respectivement).
Lesparamétrisations peuvent
deplus
être choisies de tellemanière que le flot induit par le
système
surW S (T)
et soit donnépar les
expressions
avec
11S (a, s) > Ao
> 0 et >Ao
> 0. Lapossibilité
de choisirâ = a; et b est liée à
l’analyticité
dusystème
et interviendra defaçon
essentielle dans la suite.
Le tore T sera
appelé
tore standard. Contrairement au cas dusystème standard,
Tn’appartient
pas à une famille continue à mparamètres (~/)
detores
partiellement hyperboliques,
mais on montre l’existence de tels tores pour une les valeursde y
assez irrationnelles. Treshchev([18])
montre que si T est un torepartiellement hyperbolique provenant
de la destruction d’un tore résonnant d’ordre 1 dans uneperturbation analytique
d’unsystème intégrable,
il existe unvoisinage
de T danslequel
lesystème
estconjugué
à un
système
standard(restreint
à unvoisinage
deT).
Son étude est en faitplus générale -
résonance d’ordrequelconque -
et conduit à une forme danslaquelle
le facteur Adépend
de x, mais dans notre cas cettedépendance
sesupprime
par une normalisationsupplémentaire.
3.2. Section et
application
de retourCe
paragraphe
est consacré à la détermination d’une forme normale pourl’application
de retour associée à une section convenable auvoisinage
d’un tore standard. Pour conserver le cadre le
plus général possible,
nousdonnons une construction
directe,
sans utiliser la naturelagrangienne
desvariétés invariantes.
3.2.1. Section
Comme dans le cas du tore
standard, ~ 0,
et la sous-variété £d’équation
~m = 0 est transverse auchamp XG
dans unvoisinage V’
de T.Il est aussi commode de se restreindre au
niveau ~
=G~(0), qui
contientévidemment le tore T et ses variétés invariantes. Le théorème des fonctions
implicites
entraîne l’existence d’unvoisinage V"
de T danslequel ~
estrégulière
et définie par uneéquation analytique
de la forme(~l, ..., 2~jm-1), crv
=(cvl, ..., cv~-,-L-1),
et où Y est d’ordre au moinsLa surface de section sera l’intersection S = avec V =
V’nV".
Elle est
régulière
par transversalitéde G
et ,Cdans V,
et il estpossible
de choisir sur S les coordonnées
(~~,~,~),
avec ~ _..., ~r,-L-1), qui
l’identinent à un
voisinage
du tore e =~~
=0, s
= u ==0}
dansAvec cette
identification,
e = T n S.3.2.2.
Application
de retourL’application
de retourf
associée à S est définie dans unvoisinage
dee dans
S,
sa forme est décrite dans le lemme suivant.LEMME. - Il existe sur la section S un
système de
coordonnées(B,
p, cr,~
avec 9 E E
R’n-1, (~, ~)
ER2,
danslequel
e =~p
=0, ~ _
c = tel que
l’application de
retour s’écriveoù c et r =
( re ,
rP , r03C3,r L)
sontdéfinies
etanalytiques
dans unvoisinage
0de
O,
etvérifient
deplus
les conditions(*)
suivantes:(i)
1~1,
l =1 /
I~ > 1Vol. 64, n 2-1996.
218 J.-P. MARCO
(ii)
r est d’ordre au moins 2 en( p,
cr,¿) .
0 estinvariant par f )
Les conditions
(ii)
et(iii)
traduisent seulement le redressement des variétés stable et instable du tore dans lesystème
de coordonnéeschoisi,
alors que la condition
(iv)
traduit le redressement des variétés invariantes despoints
du tore, données ici par leséquations ()
= cte dans les variétéset
La démonstration se fait en
cinq étapes.
a)
Evaluation dutemps de
retour. - On utilise d’abord lesystème
associéau hamiltonien
approché suivant, quadratique
dansV2m+2 :
qui
définit leséquations
linéarisées x == úJ +My, il
=0, s
= -A s,a u dont
l’intégration
est immédiate :Le tore T est donc aussi invariant pour le
système
défini parGa
etla surface ,C est encore transverse auchamp X a
auvoisinage
de T. Letemps
de retour associé à cette surfaces’écrit,
dans les coordonnées(x, y, s, u)
de £avec
r~(~) _
dans levoisinage Ll’
de T D ,C défini dans ,C par~) 1:
0.Le tore T étant invariant par les
systèmes
définis par G etGa,
on vérifiefacilement que le
temps
de retour T associé pour lesystème
G nediffère
de Ta
que par des termes d’ordre au moins 2 en y,(paramètres
de distance au
tore).
On obtient doncdans un
voisinage Lf
de T n,C,
danslequel T
est défini etanalytique (cette
condition étantgarantie
enimposant
àXG
d’être transverse à ,C dans~).
b)
Evaluation del’application
de retour. -L’application
deretour ~
associée est définie par
~(p) _ ~(~(p),p),
où est le flot dusystème
associé à G et p =
(~, ~, s, u)
elle est doncanalytique
dans Zl. Si(~a
estl’application
de retour pour lesystème approché,
et sonflot,
on obtient
et on vérifie facilement que les deux termes sont d’ordre au moins 2 en
On obtient d’autre
part
avec
M~/ = ((M~/)i,.... (M~)~.,-,,_1),
cequi
conduit àl’expression
avec T ==
27!-/~~,
= + et oùRa
est d’ordre au moins 2en
(?/~,~).
Il en résulte uneexpression analogue pour ~ :
avec ~ d’ordre 2 en
(~,~).
On en déduit enfin
l’expression
de/
par restrictionde 03C6
à 0 ==Il suffit donc de
remplacer
dansl’expression
de(~
le terme ~ par sa valeur en utilisantl’équation de G
obtenue en 3.2.1. Onobtient,
pour? == E 0 :
avec 1~ =
e-~‘T ,
l =e~‘T ,
les fonctions~91
et ri se déduisant de v et R par la substitutionindiquée,
enparticulier
ri est d’ordre 2 enc)
Redressement des variétés invariantes. - On montre maintenantqu’il
est
possible
de choisir de nouvelles coordonnées(~, ~, a-, ~)
telles que les variétés invariantes de e aient pouréquations (~
=0, ~
==0)
et(~
=0~ ~ = 0).
Les variétés et
Wu (T)
sont contenuesdans ~
et transverses à la surface de section S. On obtient donc lesreprésentations paramétriques
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220 J.-P. MARCO
analytiques
ws et w~ deW S (O )
et~"(0),
àpartir
de celles deWS(T)
et en
supprimant
la coordonnée d’ordre m de eten
exprimant
la coordonnée d’ordre m de a et b en fonction des autres, cequi
estpossible compte
tenu des relationspar inversion locale dans un
voisinage
du tore T. On obtient donc les)
expressions )
avec a =
(ai,..., a~-,-,,_1)
et b =(bl, ..., br,-L_1),
C~S et (9" étant desvoisinages
de x
{0}
dans x R.On en
déduit,
par inversion despremières composantes
dans les deuxexpressions,
les fonctionsanalytiques
et définies parCeci
permet
de définir deux fonctionsanalytiques 5’i, !7i
parOn définit alors un
premier difféomorphisme analytique
auvoisinage
de8, tangent
à l’ordre 1 à l’identité sur8,
parl’expression
B /
et on vérifie que les variétés
W s ( O )
etW ~‘ ( O )
sont contenues dans les espacesd’équations respectives .
== 0 == 0. Dans ces nouvellescoordonnées,
lesreprésentations paramétriques précédentes
deviennentdonc :
On définit comme
précédemment
les fonctions~(~(7)
et~(~,~)
parinversion des
premières composantes,
et on en déduit dans unvoisinage
de e la fonction
analytique
Annales de l’Institut Henri Poincaré -