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Antennes universitaires : quels effets sur les parcours étudiants ? Le cas de la filière AES au Creusot (71)

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Academic year: 2021

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HAL Id: halshs-00403403

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Submitted on 30 May 2017

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étudiants ? Le cas de la filière AES au Creusot (71)

Eric Bernet

To cite this version:

Eric Bernet. Antennes universitaires : quels effets sur les parcours étudiants ? Le cas de la filière AES au Creusot (71). Carrefours de l’éducation, Armand Colin, 2009, pp.131-152. �halshs-00403403�

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n Varia – Études et recherches

s Eric Bernet bernet.eric@club-internet.fr

À

la fin des années 1980, et jusqu’au milieu des années 1990, de nombreuses antennes universi- taires, appelées également sites territoriaux, ont vu le jour dans des villes moyennes. Cette vague de développement territorial est le fruit de plu- sieurs éléments concomitants (Filâtre, 2003). Tout d’abord, on assiste dès 1987 à une augmentation massive du nombre d’étudiants, processus qui résulte de la politique de l’État d’augmenter significativement le pourcen- tage d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat 1 et de la crise économi- que qui pousse davantage les jeunes à poursuivre leurs études.

Ces créations d’antennes universitaires doivent aussi être considérées comme des initiatives prises par les collectivités territoriales, fortes de leur nouveau cadre d’action 2, dans un souci de développement local et d’aménagement de leur territoire urbain et départemental. En effet, pour une ville moyenne, avoir un premier cycle peut favoriser le maintien d’une population jeune dans la cité, soutenir la consommation et la vie écono- mique par la constitution d’un marché étudiant local et créer un climat favorable pour l’emploi.

Enfin, pour beaucoup de responsables universitaires, ces antennes repré- sentent un moyen de désengorger les premiers cycles mais aussi une façon d’améliorer les conditions d’étude, grâce à des premiers cycles à faibles effectifs, et de démocratiser l’accès à l’enseignement supérieur.

1. L’objectif de 80 % d’une classe d’âge au niveau du baccalauréat sera d’ailleurs inscrit dans la loi d’orientation de 1989.

2. Les lois de décentralisation de 1982 et 1983 ont profondément augmenté les compétences des exécutifs territoriaux. L’enseignement supérieur ne fait pas parti de leurs nouvelles préroga- tives, cependant, les élus sont autorisés à s’engager librement dans la mise en place de politiques publiques spécifiques.

quels effets

sur les parcours étudiants ? Le cas de la filière AES

au Creusot

(3)

À l’heure actuelle, plus de cinquante sites territoriaux sont ouverts dans des villes moyennes.

Dans cet article, nous analyserons l’impact des antennes universitaires sur les parcours étudiants. Nous l’analyserons grâce à trois indicateurs : recrutement en première année (social, scolaire et géographique), réussite en DEUG et parcours ultérieur (poursuite d’étude, choix de la mention de licence et réussite en licence).

Nous appliquerons cette méthodologie à la filière administration économique et sociale (AES) au sein de l’université de Bourgogne, qui est présente sur deux sites : l’université centrale à Dijon (Côte-d’Or, 21) et le centre universitaire Condorcet au Creusot (Saône-et-Loire, 71).

Avant de présenter nos résultats, nous allons nous pencher sur le contexte de cette recherche, sur la méthodologie employée et sur les études déjà menées à ce sujet.

Le contexte : l’enseignement supérieur universitaire au Creusot et la filière AES

L’université de Bourgogne accueille actuellement plus de 25 000 étudiants. Elle compte, outre son site central de Dijon, cinq sites territorialisés. Les villes de Mâcon, Nevers, Auxerre, Chalon-sur-Saône et du Creusot les accueillent. Ces sites délocalisés accueillent actuellement plus de 10 % des effectifs de l’université de Bourgogne 3.

Un centre universitaire et un institut universitaire de technologie (IUT) sont ouverts au Creusot, ce qui représente au total près de 1 000 inscrits.

L’implantation d’offres de formation post-baccalauréat est ancienne dans cette ville puisque son IUT a été créé en 1975 sous l’impulsion de la Communauté urbaine Le Creusot-Montceau (CUCM) . Actuellement, il accueille quatre dépar- tements d’études 5, six licences professionnelles et deux diplômes universitaires 7, pour un total de 715 étudiants pour l’année universitaire 200-2005.

Le centre universitaire Condorcet a ouvert en 1991. À l’origine, deux DEUG, AES et sciences, se sont ouverts. Ils sont suivis par le premier cycle de langues étrangères appliquées (LEA) l’année suivante, le DEUG STAPS est plus récent (1997). Suite

3. Cette proportion est stable depuis 1998, néanmoins elle cache des baisses d’effectifs dans certaines filières et/ou sur certains sites, compensées par une augmentation de l’offre de formation, en particu- lier l’ouverture de licences professionnelles.

. Elle regroupe seize communes sur un territoire de 390 km2 et représente 92 12 habitants au re- censement de 1999.

5. Techniques de commercialisation, génie électrique et informatique industrielle, mesures physiques et génie mécanique et productique.

. Laser, mécatronique, aéronautique, acheteur, contrôle industriel par vision artificielle et électro- thermie.

7. Conception et fabrication assistée par ordinateur et études internationales.

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à des effectifs insuffisants (Conseil économique et social régional, 2005), deux filières ont, depuis, fermé : LEA, en 1999, et sciences, en 2005.

Les services communs au centre universitaire et à l’IUT sont importants, on y trouve des services d’hébergement et de restauration, gérés par le centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS) ainsi que les services communs de l’université de Bourgogne à toutes les antennes territoriales, à savoir : le service d’in- formation et d’orientation (SIO), le service de documentation 8, la médecine pré- ventive et le service universitaire des activités physiques et sportives (SUAPS).

La filière AES

Elle se caractérise par un recrutement assez « populaire », les enfants d’ouvriers et d’inactifs sont proportionnellement plus nombreux que dans les autres filières alors que les enfants de cadres sont sous-représentés (Teissier, 2003). Les femmes représentent près des deux tiers des effectifs, les étrangers, près de 10 %. Près de 80 % des inscrits possèdent un bac ES ou STT.

Le DEUG AES débouche essentiellement sur une poursuite d’études en licence et maîtrise AES. Au sein de l’université de Bourgogne, deux mentions sont propo- sées : administration et gestion des entreprises (AGE) et administration générale et territoriale (AGT).

La première permet aux étudiants de parvenir à des postes à responsabilité dans le secteur privé, tels que cadres d’entreprise, responsables administratifs, chargés de clientèle…

La seconde oriente les étudiants vers les métiers de l’administration et de la gestion des services publics (État, collectivités locales, organismes parapublics).

Ces deux mentions sont celles qui attirent le plus d’étudiants, respectivement 5, et 1,8 % des inscrits en licence (Teissier, 2003), au niveau national. Les autres étudiants choisissent essentiellement les mentions Ressources humaines, Développement social et Commerce et affaires internationales.

La recherche : la filière AES à l’université de Bourgogne

Au sein de l’université de Bourgogne, deux sites proposent un premier cycle en AES. Depuis 1973, date de création de cette filière, elle est ouverte à Dijon, et, depuis 1991, au Creusot. Cette recherche est basée sur le suivi rétrospectif, pendant quatre années, des cohortes d’étudiants primo-entrants en première année en 1999 et 2000. La répartition des étudiants entre l’antenne et l’université centrale est à

8. La bibliothèque universitaire, de 1 00 m2, compte 200 places assises, plus de 15 000 ouvrages et une centaine de revues qui sont accessibles aux étudiants en libre accès pour la consultation sur place ou pour le prêt à domicile. Les étudiants creusotins n’ont donc pas de handicap, par rapport aux dijonnais, en ce qui concerne la documentation.

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l’image des contrastes qui séparent les deux lieux d’étude. À Dijon, nous comptons 520 étudiants contre seulement 155 au Creusot (tableau 1).

Tableau 1. — Population étudiée

Dijon Le Creusot Total

Effectif % Effectif % Effectif %

1999 268 74,2

51,5 93 25,8

60,0 361 100,0

53,5

2000 252 80,3

48,5 62 19,7

40,0 314 100,0

46,5

Total 520 77,0

100,0 155 23,0

100,0 675 100,0

100,0 Lecture : en 1999, 93 nouveaux étudiants se sont inscrits en DEUG AES au Creusot. Ceux-ci représen- tent 0,0 % de la population creusotine étudiée et 25,8 % des nouveaux étudiants inscrits dans cette formation à l’Université de Bourgogne cette année-là.

Pour chaque étudiant, nous disposons des caractéristiques suivantes : l’âge, la série et la mention au bac, la profession du chef de famille, le sexe, la posses- sion d’une bourse d’étude et la localité où l’étudiant a obtenu son baccalauréat.

Pour chaque année universitaire, nous ne connaissons les résultats aux examens qu’en terme de réussite ou d’échec. Les notes aux deux sessions et aux différentes épreuves ne sont pas renseignées.

Dans un premier temps, nous utiliserons pour décrire le recrutement et la réussite, selon le site, des tableaux de fréquence, simple et à double entrée.

Cependant, ces fréquences s’avèrent insuffisantes pour la suite de notre travail (Duru-Bellat & Mingat, 1993).

Il faut donc envisager une procédure qui permet de séparer l’effet des varia- bles explicatives, on utilise alors la modélisation économétrique pour analyser la variance.

Pour cerner et mesurer l’apport spécifique de chaque variable dans l’explication d’un phénomène, il est donc nécessaire d’utiliser des méthodes multivariées telles que les régressions logistiques.

Cette méthode est utilisée pour estimer la probabilité d’occurrence d’un événe- ment. Les coefficients sont ajustés, c’est-à-dire qu’on sélectionne les plus probables.

Ils sont calculés toutes choses égales par ailleurs, ils mesurent donc l’effet propre de chaque modalité sur la variable à expliquer.

On décrit ainsi une relation non linéaire entre une variable dépendante (expli- quée) dichotomique 9 et une série de variables indépendantes (explicatives) conti-

9. Une variable dichotomique est une variable à deux modalités, de type échec/réussite.

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nues ou dichotomiques 10. Pour chacune de ces variables, la première modalité est prise comme modalité muette ou modalité de référence, les autres sont les modali- tés actives. Ainsi, par exemple, pour le sexe, les filles seront comparées aux garçons.

Pour l’âge, les étudiants ayant obtenu leur bac à 18 ans et moins seront comparés à ceux l’ont réussi à 19 ans puis à ceux qui l’ont validé à 20 ans et plus.

Nous tolérons, dans ce travail, jusqu’à 10 % d’erreurs pour décrire une relation comme significative. Le taux d’erreurs correspond au pourcentage de chances pour que le coefficient soit nul. Nous dissocierons trois seuils de significativité : moins de 1 % d’erreurs (***), de 1 à 5 % (**) et de 5 à 10 % (*). La probabilité marginale correspond à la probabilité qu’a un étudiant ayant pour caractéristiques personnelles les modalités de référence. L’effet marginal désigne l’influence (positive ou négative) d’une modalité active par rapport à la modalité de référence. Enfin, le Somer’D correspond au pourcentage de la variance expliquée par le modèle.

Revue de littérature

Deux études comparant des antennes délocalisées à leur université mère ont déjà été réalisées. Celles-ci ont, toutes deux, porté sur des formations de premier cycle en Droit. Ces études portaient essentiellement sur les différences de recrutement et de réussite entre les unités pédagogiques, nous allons synthétiser les résultats de ces travaux.

La première étude est celle de l’IREDU (Bourdon, F., Duru-Bellat, M., Jarousse, J.-P., Peyron, C. & Rapiau, M.-T., 199) à propos du site délocalisé de l’université de Bourgogne à Nevers. Ce travail a été réalisé à partir d’une enquête auprès des étudiants de première année de droit lors de l’année universitaire 1990-1991.

Il s’est intéressé au recrutement, à la réussite en première année et au parcours ultérieurs des étudiants.

Concernant le recrutement, l’antenne de Nevers démocratise l’accès à l’enseigne- ment supérieur. En effet, beaucoup plus d’étudiants peu favorisés socialement et/ou scolairement s’y inscrivent par rapport à l’université centrale. Ainsi, les enfants d’ouvriers et d’employés représentent près de la moitié des effectifs à Nevers contre un peu plus d’un quart à Dijon 11.

On observe aussi des différences substantielles entre Dijonnais et nivernais dans les caractéristiques liées à la scolarité antérieure. Le public nivernais possède plus souvent un bac technologique (plus de 30 % contre moins de 20 % à Dijon) et est, en moyenne, plus âgé.

En terme de réussite aux examens, on note une différence sensible, entre les deux sites, du taux d’admission ( % à Dijon contre 22 % à Nevers) en deuxième année suite aux deux sessions d’examens.

10. Dans notre cas, les caractéristiques sociales et scolaires de l’étudiant ainsi que le site où il étudie.

11. Cette tendance s’observe tant pour la PCS du père que celle de la mère.

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Ces écarts bruts de réussite ne sont pas directement interprétables, vu les diffé- rences existant entre les deux publics. C’est pourquoi les auteurs ont construit des modèles économétriques afin d’isoler les variables de composition 12.

La prise en compte des caractéristiques du public réduit l’écart initial mais ne l’annule pas. Il subsiste bien un effet négatif attaché à la scolarité en antenne qui s’explique par le fait que ces étudiants, au profil initial moins favorable mais plus studieux, se révèlent de fait moins productifs.

Concernant la suite des études, les étudiants délocalisés ont, « toutes choses égales par ailleurs », quasiment les mêmes probabilités d’obtenir le DEUG, les écarts de réussite brute s’expliquant alors en majeure partie par les effets de composition.

La seconde étude est l’œuvre de Georges Felouzis (2001b), il s’est intéressé aux unités pédagogiques de Droit, au niveau DEUG, dans l’académie de Bordeaux, à savoir le site mère de Bordeaux et les antennes délocalisées d’Agen et de Périgueux.

Cette recherche a porté sur les primo-entrants dans cette formation en 1992- 1993. Elle confirme la démocratisation de l’accès, social et scolaire, que permettent les antennes, par contre, elle est plus mitigée que la première en ce qui concerne les écarts de réussite.

Ainsi, les taux de réussite brute diffèrent peu entre les trois sites si on s’intéresse à la réussite en deux ans 13. Par contre, après trois ou quatre inscriptions, les étu- diants réussissent plus souvent à Bordeaux qu’en antennes 1.

Cet auteur a, ensuite, construit des modèles de régression logistique afin de connaître l’influence, « toutes choses égales par ailleurs », du lieu d’étude sur la réussite.

Pour la réussite en deux ans, on s’aperçoit que l’antenne de Périgueux est la plus favorable, devant Agen et Bordeaux. Sur le plus long terme, c’est-à-dire en raisonnant sur les probabilités globales de réussir en DEUG, le site de Périgueux est, à nouveau, le plus « efficace », l’université centrale de Bordeaux devançant alors l’antenne d’Agen.

Une antenne délocalisée n’aurait donc pas d’effet mécanique, favorable ou défa- vorable, sur la réussite des étudiants.

Georges Felouzis (2001 a) souligne, à ce propos, que les petites structures et le statut « d’université de proximité » ne suffisent pas à favoriser l’égalité des chances.

Dans cet article, nous nous intéresserons à une délocalisation de la filière AES.

Celle-ci se caractérise par un recrutement, social et scolaire, beaucoup plus ouvert

12. Les auteurs ont neutralisé des variables se rapportant au passé scolaire, aux caractéristiques socio- démographiques et au « métier d’étudiant ».

13. Les taux de réussite sont de 1,2 % à Bordeaux, 15,3 % à Périgueux et 12,7 % à Agen.

1. 0,3 % des Bordelais réussissent le DEUG en deux, trois ou quatre ans. Ce taux est de 35,8 % à Périgueux et de 28,2 % à Agen.

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que le droit (Teissier, 2003). Dans ce cas, le recrutement en antenne est-il différent de celui du site central ?

Nous l’avons vu, les résultats sur les différences de réussite entre antennes et universités centrales sont contrastés, qu’en est-il pour la filière AES à l’université de Bourgogne ? Une réussite égale ou supérieure en antenne serait un élément positif.

Néanmoins, comment se comportent les étudiants délocalisés suite au DEUG quand ils doivent rejoindre le site de Dijon ? Poursuivent-ils aussi souvent que leurs homologues dijonnais ? Choisissent-ils la même orientation ? Réussissent-ils aussi bien en licence ?

Le recrutement en première année des deux sites

L’antenne délocalisée permet-elle à un public étudiant socialement et scolai- rement plus diversifié d’accéder à l’université ? Conformément aux résultats des travaux de Bourdon et al. (199) et de Felouzis (2001 a), l’antenne du Creusot permet un accès social beaucoup plus large que le site mère de Dijon. Ainsi, les étudiants de milieux défavorisés (enfants d’ouvriers, d’agriculteurs et d’inactifs) représentent 52,0 % des effectifs au Creusot contre 39, % à Dijon (tableau 2).

Tableau 2. — Origine sociale de l’étudiant (en %)

Dijon Le Creusot Total

Origine sociale favorisée 30,2 26,4 29,3

Cadre 12,9 10,2 12,2

Profession intermédiaire 17,3 16,2 17,1

Origine sociale moyenne 30,2 21,6 28,2

Artisan, commerçant,… 5,9 4 5,5

Employé 24,3 17,6 22,7

Origine sociale défavorisée 39,6 52 42,5

Agriculteur 3,7 4 3,8

Inactif 9 11,5 9,6

Ouvrier 26,9 36,5 29,2

Lecture : parmi les étudiants primo-entrants à l’Université de Bourgogne, 29,2 % sont des enfants d’ouvriers. Ce taux est de 2,9 % à Dijon et de 3,5 % au Creusot.

La proportion de boursiers est, elle aussi, significativement plus importante au Creusot qu’à Dijon (, % contre 5,2 %). On peut aussi noter que le site mère accueille une plus forte proportion d’hommes (3,9 % contre 2,1 % en antenne).

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Par contre, et contrairement aux études citées précédemment, cette « ouver- ture sociale » ne s’accompagne pas d’un niveau scolaire inférieur. Les étudiants creusotins ont, en effet, plus souvent obtenu un bac général que leurs homolo- gues dijonnais (53, contre 52 % à Dijon), et, plus souvent « à l’heure » ou « en avance » (1,1 contre 35, % à Dijon). La proportion de mentions au baccalauréat est équivalente dans les deux populations (environ 15 %), néanmoins, l’excellence scolaire (mentions Bien et Très Bien) est concentrée sur le site de Dijon.

L’antenne du Creusot accueille donc un public plus diversifié au niveau social, sans pour autant que ses étudiants aient un passé scolaire plus médiocre.

Tableau 3. — Type, et série, de bac (en %)

Dijon Le Creusot Total

Général 52,0 53,6 52,7

série S 2,7 3,3 2,8

série ES 46,0 43,8 45,9

série L 3,3 6,5 4,0

Technologique 35,4 41,2 36,6

série STT 33,7 37,9 34,7

Professionnel 9,8 5,2 8,5

série Tertiaire 8,4 4,6 7,6

Dispense 0,4 0,0 0,3

Titre étranger 2,4 0,0 1,9

Lecture : parmi les primo-entrants, 5,9 % possèdent un bac économique et social. Ce taux est de ,0 % à Dijon et de 3,8 % au Creusot.

Tableau 4. — Age au baccalauréat (en %)

Dijon Le Creusot Total

En avance (17 ans et moins) 1,7 0,6 1,5

A l’heure (18 ans) 33,7 40,5 35,3

En léger retard (19 ans) 30,5 35,3 31,6

En retard (20 ans et plus) 34,1 23,6 31,6

Lecture : 35,3 % des étudiants primo-entrants ont obtenu leur baccalauréat à l’heure. Ce taux est de 33,7 % à Dijon et de 0,5 % au Creusot.

Suite à ces premières conclusions, nous pouvons maintenant nous interroger sur la zone d’attraction de cette antenne délocalisée. On constate que ses étudiants proviennent essentiellement des lycées de Saône-et-Loire (9 %) alors que le site

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mère recrute au sein de l’ensemble de la Bourgogne. Plus de 5 % des inscrits ont réussi leur baccalauréat dans un lycée de la seule CUCM.

Parmi le département local, un peu plus de la moitié des nouveaux bacheliers, optant pour la filière AES, choisissent de s’inscrire au sein de l’antenne délocalisée.

L’offre locale de formation en AES semble produire plusieurs effets complémen- taires, elle attire beaucoup les bacheliers, toutes séries confondues, de la CUCM mais plus particulièrement ceux qui possèdent un bac ES. Dans le reste du dépar- tement, son pouvoir d’attraction s’exerce surtout sur les bacheliers technologiques et professionnels.

La réussite en DEUG : existe-t-il un « effet établissement » ?

Nous allons maintenant nous interroger sur la réussite aux examens dans cette antenne. Comment réussissent les étudiants dans les deux sites ? Y a-t-il un « effet antenne » ? Si oui, est-il en faveur des étudiants « délocalisés » ?

Dans un premier temps, nous comparerons les proportions d’étudiants primo- entrants qui obtiennent leur DEUG en un temps donné, nous analyserons alors la réussite « brute ». Néanmoins, cette mesure paraît insuffisante pour juger d’un éventuel « effet antenne » car elle ne prend pas en compte les différences de com- position, sociale et scolaire, des deux publics. Ainsi, dans un deuxième temps, nous comparerons la réussite « nette », observable après avoir neutralisé les caractéris- tiques individuelles des étudiants.

Tableau 5. — Taux de réussite en DEUG (en %)

Dijon Le Creusot Total

En deux ans 20,3 26,1 21,6

En trois ans 7,5 5,2 7,0

En quatre ans 1,0 0,0 0,7

Cumulé quatre ans 28,8 31,3 29,3

Lecture : parmi la population inscrite, 21, % des étudiants réussissent leur DEUG en deux ans. Ce taux est de 20,3 % chez les Dijonnais et de 2,1 % chez les Creusotins.

Au vu des taux de sorties sans diplôme après une seule inscription (près de 50 % ; tableau 7), nous distinguerons, à l’instar des travaux de Girardot et al.

(2005), les étudiants inscrits et les étudiants confirmés. Les inscrits représentent l’ensemble de notre population initiale alors que les confirmés sont ceux qui se sont inscrits au moins deux fois consécutivement dans la même filière et sur le même lieu d’étude.

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Population inscrite

La réussite « brute » est plus importante au Creusot qu’à Dijon, que ce soit en deux ans (2,1 contre 20,3 %) ou cumulé sur quatre années où l’écart se resserre mais ne s’annule pas (31,3 contre 28,8 %). Bien qu’indicatifs, ces taux de réussite sont insuffisants pour juger d’une éventuelle influence du lieu d’étude. Pour cela, nous avons construit des modèles de régression logistique afin d’isoler le « poids » des caractéristiques individuelles et ainsi connaître l’influence du contexte sur la réussite (tableau ).

Pour réussir en deux ans ou sur une période plus longue, les caractéristiques sociodémographiques introduites dans les modèles (origine sociale et sexe), ont très peu d’influence sur la réussite, de plus, celles-ci sont souvent non significatives.

En prenant la catégorie « cadre » comme référence, seuls les enfants d’inactifs ont moins de chances de réussir (de 20 à 30 points) et ce, que ce soit après deux inscriptions ou cumulé sur quatre ans. On peut également noter que l’origine sociale « artisan, commerçant et chef d’entreprise » est plus favorable que la caté- gorie « cadre » pour réussir en deux ans (+ 15 points).

Les caractéristiques se rapportant à la scolarité antérieure sont, par contre, très discriminantes. Un individu titulaire d’un bac ES obtenu avec mention à 18 ans ou moins, et présentant par ailleurs les autres caractéristiques de référence (enfant de cadre, sexe masculin, site de Dijon), a 83 % de chances de réussir en deux ans et 8 % après quatre inscriptions. Plus l’étudiant s’éloigne de ce parcours scolaire de référence, plus ses chances de valider le diplôme de premier cycle s’amenuise.

Il est à noter qu’un retard de deux ans ou plus au moment du baccalauréat (plus de 30 points) et la possession d’un bac technologique ou professionnel (plus de 50 points) sont les deux éléments les plus défavorables à la réussite en DEUG.

Deux autres variables, la possession d’une bourse d’étude et l’année de première inscription (1999 ou 2000) ont été testées. Celles-ci n’ont aucune incidence sur la réussite en DEUG, ainsi elles n’apparaissent pas dans le tableau .

Enfin, le site mère de Dijon apparaît plus favorable pour valider le diplôme que l’antenne délocalisée du Creusot, cependant cet écart n’est pas significatif statistiquement.

Ces deux modèles de prédiction sont très explicatifs de la probabilité de réussir le DEUG AES puisque le « Somer’s D », qui indique la part de variance expliquée, est d’environ 70 %.

Sorties sans validation

Près de la moitié des étudiants quittent la filière au bout d’un an, ces abandons sont encore plus fréquents au Creusot qu’à Dijon (57,5 % des effectifs initiaux contre ,7 % à Dijon).

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Tableau 6. — Modèles de prédiction de la probabilité de réussir le DEUG AES

Modèle 1 Modèle 2

Réussite en deux ans Réussite globale

Constante 0,711 1,322

Probabilité (I) 0,689 0,789

Variable de référence/

Coefficient Significativité Effet

marginal Coefficient Significativité Effet marginal Variable active

Origine sociale

Cadre/Prof. Interm. 0,091 n.s. - 0,007 n.s. -

Cadre/Art. comm. 0,857 * + 15,0 0,492 n.s. -

Cadre/Employé 0,134 n.s. - 0,088 n.s. -

Cadre/Ouvrier 0,313 n.s. - 0,206 n.s. -

Cadre/Agriculteur 0,460 n.s. - 0,790 n.s. -

Cadre/Inactif – 1,262 * -30,6 – 1,102 * – 23,5

Sexe

Masculin/Féminin 0,276 n.s. - 0,078 n.s. -

Série du bac

ES/S-L – 1,295 *** -31,1 – 1,214 *** – 26,3

ES/STT – 2,589 *** -54,6 – 2,448 *** – 54,5

ES/Autres – 2,611 *** -54,9 – 2,205 *** – 49,7

Mention au bac

Oui/Non – 1,513 *** -36,1 – 1,318 *** – 28,9

Age au bac

18 ans et –/19 ans – 0,737 *** -17,4 – 0,434 *** – 8,1

18 ans et –/20 ans et + – 1,575 *** -37,5 – 1,430 *** – 31,6

Site

Dijon/Le Creusot 0,406 n.s. - 0,139 n.s.

Somer’s D 0,711 0,683

*** : significatif au seuil de 1 % d’erreurs ; ** : au seuil de 5 % ; * : au seuil de 10 % ; n.s. : non significatif.

Lecture : un individu présentant les caractéristiques de référence (homme d’origine sociale favorisée titulaire d’un bac ES réussi avec mention à 18 ans ou moins) a 8,9 % de chances (probabilité mar- ginale) de réussir le DEUG en deux ans. Si l’individu n’a pas obtenu de mention au bac mais qu’il présente les autres caractéristiques de référence, ce taux sera de 32,8 % (8,9 – 3,1).

(I). Il s’agit de la probabilité qu’a un étudiant possédant toutes les caractéristiques de référence (enfant de cadre de sexe masculin, bachelier ES avec mention ayant réussi ce diplôme à 18 ans ou moins et étudiant sur le site de Dijon) de réussir.

(13)

Par contre, les sorties sans validation après au moins deux inscriptions sont, en proportion, beaucoup plus nombreuses au sein du site mère (2,5 % des effectifs initiaux contre 11,1 % au Creusot).

Au total, les taux de sorties sans diplôme sont en proportion équivalente dans les deux sites (tableau 7).

Tableau 7. — Taux de sorties sans validation (en %)

Dijon Le Creusot Total

Après un an 46,7 57,5 49,2

Après deux ans ou + 24,5 11,1 21,5

Total 71,2 68,6 70,7

Lecture : parmi la population inscrite, 70,7 % des étudiants quittent la formation sans diplôme. Ce taux est de 71,2 % chez les Dijonnais et de 8, % chez les Creusotins.

Ces taux sont, néanmoins, très importants et nous amènent à nous interroger sur les motivations des bacheliers entrants dans cette filière. Ainsi, et comme nous le confirme Lemaire (2002), beaucoup de bacheliers semblent s’inscrire en AES dans une stratégie de repli, suite à un refus dans une formation sélective (BTS et/ou IUT). Dans tous les cas, ces taux confirment la pertinence de notre distinction entre étudiants inscrits et confirmés.

Population confirmée

Tableau 8. — Population étudiée

Dijon Le Creusot Total

Effectif % Effectif % Effectif %

1999 129 77,7

46,4 37 22,3

56,9 166 100,0

48,4

2000 149 84,2

53,6 28 15,8

43,1 177 100,0

51,6

Total 278 81,0

100,0 65 19,0

100,0 343 100,0

100,0 Lecture : 129 Dijonnais nouvellement inscrits en DEUG AES en 1999 figurent parmi notre population confirmée. Ceux-ci représentent , % de la population dijonnaise et 77,7 % des étudiants confir- més dans cette formation à l’Université de Bourgogne cette année-là.

Avant de nous intéresser à la réussite, brute puis nette, il convient de présenter la population étudiée (tableau 8), celle-ci ayant subi de profondes modifications du fait des forts taux de sorties après une seule inscription.

(14)

Cette nouvelle population est composée de 33 individus, plus de 80 % d’entre eux réalisent leur cursus sur le site de Dijon.

Entre les deux années étudiées, les effectifs sont assez stables dans l’ensemble, par contre, on peut noter que les primo-entrants sont plus nombreux en 2000 sur le site de Dijon alors qu’au Creusot, c’est en 1999 que les effectifs sont plus importants.

On constate des disparités de réussite « brute » très importantes, parmi les étudiants confirmés, entre les deux sites de l’université de Bourgogne (tableau 9), l’antenne du Creusot a un taux de réussite en deux ans supérieur de plus de 20 points par rapport au site mère. Cet écart se resserre peu par la suite, ainsi, si on cumule la réussite sur quatre années, le taux de validation est de 73,8 % au Creusot contre 53,9 % à Dijon.

Tableau 9. — Taux de réussite brute en DEUG (en %)

Dijon Le Creusot Total

En deux ans 38,1 61,5 42,6

En trois ans 14,0 12,3 13,7

En quatre ans 1,8 0,0 1,5

Cumulé quatre ans 53,9 73,8 57,8

Lecture : parmi la population confirmée, 2, % des étudiants réussissent leur DEUG en deux ans. Ce taux est de 38,1 % chez les Dijonnais et de 1,5 % chez les Creusotins.

Des modèles ont également été construits afin de connaître l’influence des dif- férentes caractéristiques individuelles et du contexte sur la réussite des étudiants confirmés.

Comme dans la population inscrite, ce sont les variables se rapportant à la sco- larité antérieure, telles que le type de bac, la mention et l’âge à son obtention, qui sont les plus discriminantes pour réussir. Cependant, le lieu d’étude a beaucoup plus d’influence que précédemment, que ce soit en deux ans ou sur une période plus longue, les Creusotins ont, « toutes choses égales par ailleurs », plus de chances de réussir. Cet avantage est de 11,7 points pour réussir en deux ans et de ,0 points sur une période plus longue (tableau 10).

Les Creusotins quittent donc plus souvent cette formation après une seule ins- cription. Par contre, ceux qui persistent et s’investissent dans cette formation (les étudiants confirmés), réussissent plus souvent, et ce, que l’on raisonne en terme de réussite « brute » ou « nette ».

Ces résultats rejoignent les conclusions tirées dans un rapport de l’Inspection générale de l’administration de l’Éducation nationale et de la Recherche (IGAENR, 200). Les petits sites universitaires seraient plus favorables à la réussite du fait de

(15)

Tableau 10. — Modèles de prédiction de la probabilité de réussir le DEUG AES

Modèle 1 Modèle 2

Réussite en deux ans Réussite globale

Constante 1,445 1,445

Probabilité 0,809 0,912

Variable de référence/

Coefficient Significativité Effet

marginal Coefficient Significativité Effet marginal Variable active

Origine sociale

Cadre/Prof. Interm. 0,277 n.s. - 0,169 n.s. -

Cadre/Art. comm. 1,085 * + 12,7 0,635 n.s. -

Cadre/Employé 0,205 n.s. - 0,119 n.s. -

Cadre/Ouvrier 0,278 n.s. - 0,101 n.s. -

Cadre/Agriculteur 0,819 n.s. - 2,872 ** + 8,3

Cadre/Inactif -1,724 ** -37,9 -1,893 *** -30,3

Sexe

Masculin/Féminin 0,450 n.s. - 0,186 n.s. -

Série du bac

ES/S-L -1,434 *** -30,6 -1,813 *** -28,4

ES/STT -1,893 *** -41,9 -1,954 *** -31,7

ES/Autres -2,549 *** -56,0 -2,135 *** -36,2

Mention au bac

Oui/Non -1,668 *** -36,5 -1,484 *** -21,1

Age au bac

18 ans et –/19 ans -0,953 *** -18,9 -0,572 * -5,8

18 ans et –/20 ans

et + -1,463 *** -31,6 -1,435 *** -20,1

Site

Dijon/Le Creusot 1,248 *** + 11,7 1,187 *** + 6,0

Somer’s D 0,678 0,706

*** : significatif au seuil de 1 % d’erreurs ; ** : au seuil de 5 % ; * : au seuil de 10 % ; n.s. : non significatif.

Lecture : un individu présentant les caractéristiques de référence (homme d’origine sociale favorisée titulaire d’un bac ES réussi avec mention à 18 ans ou moins) a 80,9 % de chances (probabilité mar- ginale) de réussir le DEUG en deux ans. Si l’individu n’a pas obtenu de mention au bac mais qu’il présente les autres caractéristiques de référence, ce taux sera de , % (80,9 – 3,5).

(16)

meilleures conditions d’accueil des nouveaux étudiants et d’un meilleur encadre- ment au cours du premier cycle.

Le parcours ultérieur au DEUG : comment se comportent les deux publics étudiants ?

Pour mener cette analyse, nous utiliserons trois indicateurs se rapportant à l’année universitaire suivant le DEUG : l’inscription, le choix de la mention et la réussite en licence. Avant de nous intéresser au devenir des deux publics étudiants, il paraît pertinent de présenter la nouvelle population étudiée, celle-ci ayant subi des transformations importantes du fait de la forte sélection opérée en DEUG.

Cette population est composée de 193 individus, environ 75 % sont issus du site mère de Dijon et 25 % de l’antenne délocalisée du Creusot (tableau 11).

Tableau 11. — Population étudiée

Dijon Le Creusot Total

Effectif % Effectif % Effectif %

DEUG 2 ans 108 74,0

74,5 38 26,0

79,2 146 100,0

75,6

DEUG 3 ans 37 78,7

25,5 10 21,3

20,8 47 100,0

24,4

Total 145 75,1

100,0 48 24,9

100,0 193 100,0

100,0 Lecture : 38 étudiants ont validé leur DEUG AES au Creusot en deux ans, ceux-ci représentent 2,0 % des étudiants ayant validé ce DEUG en deux ans à l’Université de Bourgogne et 79,2 % des diplômés creusotins en deux ou trois ans.

On constate des proportions similaires pour le temps qu’il a fallu à ces étudiants, deux ou trois ans, pour obtenir le DEUG, respectivement 75 et 25 %.

L’inscription en licence

Tableau 12. — Taux d’inscription en licence au sein de l’université de Bourgogne (en %)

Dijon Le Creusot Total

DEUG en deux ans 90,7 92,1 91,1

DEUG en trois ans 62,2 70,0 63,8

Cumulé deux et trois ans 83,5 87,5 84,5

Lecture : parmi les étudiants ayant validé leur DEUG en deux ans au sein de l’université de Bourgogne, 91,1 % s’inscrivent en licence dans cette même université. Les taux d’inscription sont de 90,7 % chez les diplômés dijonnais et de 92,1 % chez les Creusotins.

(17)

Les étudiants poursuivent massivement en licence l’année après l’obtention de leur DEUG (près de 85 %). Ce taux est largement influencé par le temps qu’il a fallu à l’étudiant pour obtenir le diplôme de premier cycle (tableau 12), ceux qui l’ont validé en deux ans s’inscrivent beaucoup plus souvent en licence. Le lieu d’étude en DEUG a, lui aussi, une incidence. Parmi ceux qui ont validé le DEUG en trois ans, les Creusotins poursuivent plus souvent leurs études (70,0 % contre 2,2 %) que les Dijonnais, au sein de l’université de Bourgogne.

Pour vérifier ces résultats « bruts », nous avons construit un modèle de type logit (tableau 13) pour savoir si ces variables étaient significatives statistiquement. On remarque alors que le brio en DEUG 15 est très associé à la poursuite d’étude. Les étudiants l’ayant validé en deux ans ont une probabilité marginale de s’inscrire supérieure de plus de 35 points sur ceux l’ayant obtenu en trois ans. Par contre, le lieu d’étude précédent n’est pas significatif, tout comme les caractéristiques sociodémographiques et celles se rapportant à la scolarité antérieure à l’entrée à l’université.

Au final, on peut conclure que les deux publics poursuivent massivement leurs études suite au DEUG, néanmoins, les étudiants ayant subi un redoublement au cours du DEUG s’inscrivent significativement moins souvent en licence.

Le choix de la mention

Les étudiants poursuivent très majoritairement dans la filière AES. Les « centrali- sés » choisissent plus souvent la mention Administration et gestion des entreprises (AGE), alors que les « délocalisés » privilégient l’inscription en Administration et gestion territoriale (AGT). Les inscriptions hors AES sont peu nombreuses, moins de 5 %, et ne concernent que des étudiants ayant réalisé leur DEUG à Dijon.

15. Appréhendée par le temps (deux ou trois ans) qu’il a fallu à l’étudiant pour obtenir ce diplôme, les notes moyennes n’étant pas disponibles.

(18)

Tableau 13. — Modèle de prédiction de l’inscription en licence

Constante – 1,997

Probabilité 0,880

Variable de référence/

Coefficient Significativité Effet marginal Variable active

Origine sociale

Favorisée/Moyenne 0,386 n.s. -

Favorisée/Défavorisée – 0,174 n.s. -

Sexe

Masculin/Féminin 0,474 n.s. -

Série du bac

ES/Autres – 0,773 n.s. -

Mention au bac

Oui/Non -0,291 n.s. -

Age au bac

19 ans et –/20 ans et + – 0,037 n.s. -

Validation du DEUG

En deux ans/En trois ans 1,892 *** – 35,4

Site

Dijon/Le Creusot 0,264 n.s. -

Somer’s D 0,489

*** : significatif au seuil de 1 % d’erreurs ; ** : au seuil de 5 % ; * : au seuil de 10 % ; n.s. : non si- gnificatif. Lecture : un individu présentant les caractéristiques de référence (homme d’origine sociale favorisée titulaire d’un bac ES réussi avec mention à 19 ans ou moins ayant validé son DEUG en deux ans sur le site de Dijon) a 88 % de chances (probabilité marginale) de poursuivre en licence. Si l’in- dividu a validé son DEUG en trois ans mais qu’il présente les autres caractéristiques de référence, ce taux sera de 52, % (88 – 35,).

Tableau 14. — Type d’inscription en licence (en %)

Dijon Le Creusot Total

AES mention AGE 51,3 46,3 50,0

AES mention AGT 42,9 53,7 45,6

Sciences de l’éducation 5,0 0,0 3,8

Pro Tourisme Sportif 0,8 0,0 0,6

Lecture : parmi les étudiants s’inscrivant en licence à l’université de Bourgogne, 50,0 % choisissent la licence AES mention AGE. Les taux d’inscription dans cette mention sont de 51,3 % chez les diplômés dijonnais et de ,3 % chez les Creusotins.

(19)

Tableau 15. — Modèles de prédiction de la probabilité de choisir la mention AGE

Constante 0,413

Probabilité 0,602

Variable de référence/

Coefficient Significativité Effet marginal Variable active

Site Dijon/Le Creusot – 0,270 n.s. -

Origine sociale Favorisée/Moyenne – 0,214 n.s. -

Favorisée/Défavorisée – 0,249 n.s. -

Sexe Masculin/Féminin – 0,454 n.s. -

Série du bac ES/Autres – 0,619 n.s. -

Mention au bac

Oui/Non 0,069 n.s. -

Age au bac 19 ans et —/20 ans et + – 0,487 n.s. -

Validation du DEUG En deux ans/En trois ans 1,121 ** -22,1

Somer’s D 0,307

** : significatif au seuil de 5 % d’erreurs ; n.s. : non significatif.

Lecture : un individu présentant les caractéristiques de référence (homme d’origine sociale favorisée titulaire d’un bac ES réussi avec mention à 19 ans ou moins ayant validé son DEUG en deux ans sur le site de Dijon) a 0,2 % de chances (probabilité marginale) de poursuivre en licence. Si l’individu a validé son DEUG en trois ans mais qu’il présente les autres caractéristiques de référence, ce taux sera de 38,1 % (0,2 – 22,1).

Nous nous sommes alors interrogé sur l’influence, « toutes choses égales par ailleurs », du lieu d’étude en DEUG sur le choix entre les deux principales mentions de licence (tableau 15). On remarque alors que celui-ci n’est pas significatif, au contraire du temps qu’il a fallu à l’étudiant pour obtenir son diplôme de premier cycle. Les étudiants ayant réussi leur DEUG en deux ans ont une probabilité mar- ginale supérieure de plus 20 points de choisir la mention AGE par rapport à ceux l’ayant obtenu en trois ans.

Le pouvoir explicatif de ce modèle est assez faible, seulement 31 % de la variance est expliquée. Ainsi, on peut penser que d’autres éléments, tels que le projet pro- fessionnel, interviennent dans ce choix.

La réussite en licence

L’élément le plus discriminant pour réussir est, à nouveau, le temps qu’il a fallu à l’étudiant pour obtenir son DEUG. Ceux qui l’ont réussi en trois ans ont, « toutes choses égales par ailleurs », beaucoup moins de chances de valider la licence.

On remarque également une influence de la mention de licence, AGE semble

(20)

moins sélectif qu’AGT. Les autres variables (sexe, site,…) n’ont pas de pouvoir explicatif.

Le lieu d’étude en DEUG n’a donc aucune d’influence sur la poursuite d’études, l’orientation et la réussite ultérieure. Ces trois éléments sont seulement influencés par le temps qu’il a fallu à l’étudiant pour obtenir son DEUG (deux ou trois ans).

Tableau 16. — Taux de réussite en licence (en %)

Dijon Le Creusot Total

AES mention AGE 89,2 93,0 91,2

AES mention AGT 97,2 100,0 97,3

Total intermédiaire 93,7 95,1 94,1

Sciences de l’éducation 100,0 - 100,0

Pro Tourisme Sportif 100,0 - 100,0

Total 94,1 95,1 94,4

Lecture : 91,2 % des étudiants s’inscrivant en licence AES mention AGE valident leur licence en un an, à la première ou à la deuxième session. Les taux de réussite sont de 89,2 % chez les Dijonnais et de 93,0 % chez les Creusotins.

Suite à l’explosion » des effectifs au sein des universités, de nombreuses antennes universitaires, localisées dans des villes moyennes, ont vu le jour dans les années quatre-vingt. Du fait de la stabilisation des effectifs étudiants, les décideurs s’in- terrogent maintenant sur la pérennité de ces sites délocalisés. C’est pourquoi il apparaît pertinent d’évaluer leur impact sur les parcours étudiants.

Nous pouvons organiser cette conclusion en deux temps. Le premier sera consacré à l’évocation des principaux résultats et le deuxième aux approfondisse- ments possibles de cette recherche.

L’antenne du Creusot permet un accès social plus large à la filière AES que le site centralisé. Cette « ouverture sociale » ne s’accompagne pas d’un niveau scolaire antérieur plus médiocre.

L’antenne recrute quasiment tous ses étudiants parmi les bacheliers de Saône-et- Loire et près de 5 % d’entre-eux dans la seule CUCM.

Concernant la réussite en DEUG, dans les deux filières, les variables individuelles les plus discriminantes sont celles se rapportant à la scolarité antérieure, en parti- culier la série et l’âge au bac. Le lieu d’étude est moins déterminant, néanmoins le site délocalisé apparaît plus favorable à la réussite des étudiants. Cet avantage est significatif pour valider le diplôme quel que soit le nombre d’inscriptions dans la population confirmée 1.

1. Cette population comprend les étudiants qui se sont inscrits au moins deux fois consécutivement dans la filière.

(21)

Tableau 17. — Modèles de prédiction de la probabilité de réussir en licence

Constante 3,140

Probabilité 0,958

Variable de référence/

Coefficient Significativité Effet marginal Variable active

Site

Dijon/Le Creusot 0,129 n.s. -

Origine sociale

Favorisée/Moyenne 0,626 n.s. -

Favorisée/Défavorisée – 0,068 n.s. -

Sexe

Masculin/Féminin – 0,101 n.s. -

Série du bac

ES/Autres – 0,437 n.s. -

Mention au bac

Oui/Non – 0,347 n.s. -

Age au bac

19 ans et –/20 ans et + – 1,143 n.s. -

Validation du DEUG

En deux ans/En trois ans – 1,979 ** – 19,7

Type de licence

AGE/AGT 1,718 * – 3,4

Somer’s D 0,535

** : significatif au seuil de 5 % d’erreurs ; * : au seuil de 10 % ; n.s. : non significatif.

Lecture : un individu présentant les caractéristiques de référence (homme d’origine sociale favorisée titulaire d’un bac ES réussi avec mention à 19 ans ou moins) a 95,8 % de chances (probabilité margi- nale) de réussir la licence en un an. Si l’individu a validé son DEUG en trois ans mais qu’il présente les autres caractéristiques de référence, ce taux sera de 7,1 % (95,8 – 19,7).

Nous nous sommes ensuite interrogés sur l’influence du lieu d’étude en DEUG sur le parcours ultérieur des étudiants. Nous avons alors constaté que les étudiants poursuivaient et réussissaient massivement en licence, ainsi, peu de caractéristi- ques influencent ces éléments. Le brio en DEUG apparaît comme la variable la plus influente, le poids des caractéristiques scolaires antérieures à l’université s’effaçant.

Ces résultats ne sont pas sans rappeler ceux obtenus par Éric Maurin et Sandra Mc Nally (2008), à propos des forts taux de réussite constatés à la session du bac-

(22)

calauréat de 198, suite aux fortes contestations du printemps. Une ouverture de l’éducation, grâce à la proximité de l’offre et à un environnement plus propice à la réussite, au niveau le plus sélectif (premier cycle universitaire) semble profiter aux bacheliers de passé scolaire et d’origine moyens.

Malheureusement, notre étude, restreinte à un suivi rétrospectif sur quatre années universitaires, ne permet pas d’évaluer le bénéfice en terme de position sociale et de salaire de cette ouverture de l’éducation. Il serait également intéres- sant, comme le suggère Christophe Michaut (2005), de comparer les budgets et les conditions de vie et de travail des deux publics étudiants mais également d’analyser le surcoût financier pour les institutions (collectivités locales, universités) de ce type de structure.

Enfin, il convient de rappeler que ces résultats sont locaux, ainsi, ils ne sont pas transposables à d’autres antennes délocalisées. Cette recherche mériterait donc d’être étendue à un échantillon national de sites universitaires secondaires représentatif des différentes filières 17 en s’interrogeant sur les modes d’organisation propices à une réelle démocratisation des études.

Éric Bernet, Institut de recherche sur l’éducation (université de Bourgogne, Dijon).

BiBliographie

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17. Outre AES, d’autres filières, telles que le droit, les sciences ou encore les STAPS, ont délocalisé des premiers cycles.

(23)

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