Culture commune et formation à l’information
Les mutations qui affectent la sphère de l’information remettent en cause une grande partie des conceptions sur lesquelles repose la « culture » au sens classique du terme. Les représentations relatives à l’écrit et à l’imprimé ont évolué. Mais contrairement à une idée fort répandue et fort peu dialectique, les nouveaux médias n’éliminent pas l’écrit, ils l’intègrent en recomposant complètement le champ de la communication. Il n’y a pas substitution mais construction de systèmes d’une complexité plus grande. Non seulement le vecteur d’information imprimé a explosé en se diversifiant, mais les médias audiovisuels, informatiques et l’Internet, se sont aussi constitués comme des vecteurs d’information à part entière.
Est-on prêt à en assumer toutes les conséquences en matière de formation des jeunes ? Certes, nous ne partons pas de rien. Les pratiques pédagogiques en ce domaine existent. Les professeurs documentalistes ont contribué à les impulser en collaborant avec leurs collègues de discipline lors des activités de recherche documentaire. Elles ont conforté l’idée que la transmission des connaissances n’est pas un problème de vases communicants, qu’il faut aider les élèves à construire leur autonomie. (l’ expérience des TPE l’a aussi démontré ). C’est à cette condition qu’ils donneront du sens à ce qu’ils apprennent à l’école et hors de l’école, notamment par la maîtrise de cette profusion d’informations qui leur parviennent sans aucune médiation et qui conditionneront pourtant leur bagage culturel.
Mais s’il est admis que nous vivons dans la société de l’information, notre système éducatif ne s’est toujours pas donné les moyens pour développer chez les jeunes, la culture qui leur permettrait de s’y retrouver (cf. le rapport 2004 de l’Inspection Générale EVS et le projet de loi d’orientation). Comment parler aujourd’hui de socle commun et à fortiori de culture commune sans avoir cette ambition ? Et imaginer que l’on peut comprendre les autres, le monde et ses enjeux, sans maîtriser démarches et outils informationnels revient à y renoncer.
Les enseignants documentalistes revendiquent donc depuis longtemps la nécessité d’une véritable formation à l’information documentation dans la scolarité des élèves.
Evaluer son besoin d’information, trouver les sources grâce aux outils documentaires, maîtriser l’organisation des différents médias, questionner la fiabilité des informations trouvées, les synthétiser, ne peut s’apprendre qu’au cours d’activités régulières permettant la mise en place d’un corpus d’apprentissages de complexité progressive.
Des programmes d’enseignement conçus autour d’une culture commune devraient, à notre sens, inclure ce curriculum de compétences et des savoirs associés, et le mettre en œuvre sous forme de recherche documentaire systématique dans les disciplines.
SNES – secteur contenus- groupe enseignants-documentalistes Printemps 2005