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L'emblema d'Apollon et de Marsyas (Cap d'Agde)

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Academic year: 2021

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Submitted on 28 Aug 2020

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L’emblema d’Apollon et de Marsyas (Cap d’Agde)

Véronique Blanc-Bijon

To cite this version:

Véronique Blanc-Bijon. L’emblema d’Apollon et de Marsyas (Cap d’Agde). Dossiers d’Archéologie,

Éditions Faton, 2011, Mosaïque antique, 346. �hal-02922052�

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/Les Dossiers d’Archéologie/ n° 346

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e 10 mai 2003, sous la respon- sabilité de Luc Long (DRASSM), le gise- ment « Riches Dunes 4 » au large du Cap d’Agde (Hérault), connu par deux statues en bronze étudiées par Claude Rolley, livra un emblema en mosaïque à proximité d’une ancre sur laquelle étaient agglo- mérés des fragments de céramique sigillée arétine.

CONSERVATION Dès sa sortie de l’eau, un traitement de conser- vation spécifique a été appliqué à l’Atelier de conservation du musée départemental de l’Arles antique dirigé par Pa- trick Blanc. En 2007, une étape complémentaire

dans la compréhension de la mise en œuvre de la mosaïque fut rendue possi- ble grâce à un partenariat entre le musée de l’Éphèbe (Cap d’Agde) et le Centre de recherche et de restauration des musées de France où l’emblema fut examiné no- tamment avec l’accélérateur Grand Lou- vre d’analyse élémentaire (AGLAE, analyse d’Yvan Coquinot). Désormais, l’emblema est exposé au musée de l’Éphèbe.

L’emblema repose dans un caisson en travertin provenant de la région de Rome (Tivoli ou Arpinum). Il est creusé sur 1,5 cm ; deux couches de mortier sup-

L’EMBLEMA D’APOLLON ET DE MARSYAS (Cap d’Agde)

Par Véronique BLANC-BIJON

CNRS, membre du Centre Camille Jullian, CNRS, université de provence, Maison méditerranéenne des Sciences de l'Homme, à Aix-en-Provence L’EMBLEMA D’APOLLON ET DE MARSYAS

portent des tesselles très fines – 2,5 à 4 mm de côté et 2 mm d’épaisseur – consti- tuant un véritable opus vermiculatum.

ICONOGRAPHIE

Le thème figuré est identifiable dès le premier plan : deux tibiae d’un aulos gisent à terre avec une phorbeia et un bonnet phrygien (?). Trois personnages se défient du regard : à droite domine Apollon, assis, sa cithare à ses côtés ; à gauche, devant un paysage accidenté où s’ouvre une grotte, un homme debout

L caresse la lame de son

poignard  ; au centre du tableau, un jeune homme nu est retenu accroupi. Le mosaïste a représenté la fin du concours entre Apol- lon et Marsyas, lorsque le dieu vainqueur pro- nonce la sentence qui condamne le satyre. La scène transpose en image la fable d’Hygin (Fabulae, 165) ou le ta- bleau dépeint par Phi- lostrate (Imagines, 2).

La scène s’inscrit dans un paysage égale- ment narratif : on est de- vant la grotte de Dionysos, le fleuve Mar- syas s’écoule à droite aux pieds d’Apollon, les branches du pin de Cy- bèle retiennent les dé- pouilles de Marsyas : deux tympanon et la nébride déjà sanguinolente du satyre…

Le « scythe » aiguisant son poignard est accompagné par un autre soldat qui maintient Marsyas. Deux personnages plus énigmatiques se tiennent à l’arrière plan : l’un à l’aplomb de Marsyas, l’autre au plus près d’Apollon. Une confusion d’Hygin (Fabulae, 191) autorise à identi- fier le premier au roi Midas, plutôt qu’à Olympos pleurant Marsyas, et le second à Timolus / Tmolus, personnification de la montagne où se déroule l’agôn oppo- sant Apollon et Pan, et prenant fait pour le dieu.

Cap d’Agde. L’emblemad’Apollon et Marsyas. © ACRM/MDAA.

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• BLANC-BIJON (V.), LONG (L.) — Épave Riches Dunes A : description de l’emblema, Bilan scientifique du Drassm 2003, Ministère de la Culture et de la Com- munication, pp. 44-46.

• LONG (L.), BLANC-BIJON (V.) — L’emblemade mosaïque découvert en mer, au large du Cap d’Agde, dans : La mosaïque gréco-romaine X (Coimbra 2005), Coimbra (Coll. O arqueologo portugues), pp. 59-76 (sous presse).

• LONG (L.) et alii— L’emblema découvert en mer, au large d’Agde : Technique de fabrication - traitement de conservation, dans : Lessons learned : Reflecting on the Theory and Practice of Mosaic Conservation / Leçons retenues : les enseignements tirés des expériences passées dans le domaine de la conservation des mosaïques, Actes de la 9eConférence de l’ICCM (Hammamet, Tunisie, 2005), Los Angeles, Getty Conservation Institute, 2008, pp. 340-343.

• BLANC-BIJON (V.) — Emblema en mosaïque : Apollon et Marsyas, dans : Musée de l’Éphèbe. Archéolo- gie sous-marine. Agde, Le Cap d’Agde, municipalité d’Agde, 2008, pp. 96-100.

• BLANC-BIJON (V.) — L’emblemadu Cap d’Agde.

Le poids symbolique et politique de l’agôn opposant Apollon et Marsyas, dans : Iconographie et religions.

Actes du colloque international (Tunis, ISMP, 2008), Tunis (sous presse).

• BLANC-BIJON (V.) avec la coll. de COQUINOT (Y.) — L’emblemad’Apollon et de Marsyas (Cap d’Agde).

Etude iconographique et technique – analyses des matériaux, dans : Journées en mémoire de Claude Rolley (Paris, INHA, 2009) (à paraître en ligne).

>> Bibliographie ÉTUDE ET IDENTIFICATION

L’étude technique de l’emblema ap- porte des indications sur sa fabrication, la nature des tesselles et la mise en place de joints colorés.

Les tesselles sont taillées essentielle- ment dans des marbres colorés d’Italie et de Tunisie (Chemtou), des calcaires ex- traits à l’est de Rome, des grès rouge et gris d’origine inconnue, des roches mag- matiques soit de Sicile, soit de Rome.

Certaines tesselles sont en céramique, uti- lisée pour deux teintes : orange et mauve ; ces dernières sont partiellement vitrifiées. Quatre teintes – gris bleuté, bleu, bleu-vert et beige jaunâtre – sont rendues par des faïences, riches en alu- minium et surtout en silice, souvent très altérées ; il ne reste alors que la pâte sili- ceuse au fond d’alvéole, associée à un peu de glaçure lorsque la tesselle a été disposée sur la tranche.

La palette est enrichie par l’emploi de peinture. De fait, l’emblema de

« Riches Dunes 4 » atteste de cette technique qui permet de dissimuler la discontinuité des cubes de pierre en ap- posant un mortier coloré à la façon des touches d’un pinceau. La mosaïque de- vient alors une véritable « peinture de pierres  ». Opposant aux touches très claires des tons foncés, les contrastes sont accentués par l’absence visuelle des joints interstitiels. Jusqu’à trente-six nuances sont conservées tant dans les joints que

sur le dessus de certaines tesselles : rose chair sur la musculature de la jambe gauche de Marsyas ; vert dans le vête- ment, jaune dans les chaussures du Scythe debout à gauche, par exemple.

Dans certains cas, la couleur du joint est rendue par la poudre de marbre de la tes- selle mitoyenne – on peut alors s’inter- roger sur une possible « migration » –, ailleurs le joint est d’une couleur nette- ment distincte de celle des tesselles voi- sines. Parfois la poudre de marbre est remplacée par l’emploi, dans la masse, de deux pigments bien connus : le cinabre présent sur les jambes « rouge sang » des deux Scythes et le bleu égyptien dans le drapé du vêtement d’Apollon.

Si l’emblema agatois ne peut rivaliser avec les plus fins emblemata de la Maison du Faune ou de la villa Hadriana, c’est ce- pendant dans une série d’emblemata de très bonne qualité mais d’une finesse relative, souvent sur caissons de traver- tin, qu’il s’inscrit.

Un parallèle proche par sa mise en œuvre est l’emblema au chat de la villa de la Cecchignola, à proximité de Rome.

Il est difficile de dater une mosaïque sur emblema par es- sence transportable,

et celle d’Agde, sorti de l’eau, est le témoin de ces emblemata voya- geurs. L’analyse des matériaux de cet em- blema semble localiser sa fabrication dans la zone du Latium. L’ico- nographie s’inscrit dans une tradition tardo -hellénistique qui trouverait sa place vers le milieu du I

er

s.

av. J.-C., datation que l’on peut avancer principalement en raison de la date même du naufrage (matériel céramique sur l’ancre) et que corroborent tous les éléments de l’étude tant technique que stylistique. Il serait tentant de voir dans cet emblema le travail d’ateliers grecs qui, installés autour de Rome, connaissent les stéréotypes iconographiques perga-

méens.

Les joints colorés masquent la discontinuité des matériaux.

© ACRM/MDAA.

Tesselles en céramique vitrifiées. © ACRM/MDAA.

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