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Mais comment peut-on être expert psychiatre en France ?

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2420 Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 7 décembre 2011

actualité, info

Mais comment peut-on être expert  psychiatre en France ?

Nous traversons (en France du moins) une époque étrange car régressive. Parmi les symp tômes les plus éclairants, ce phéno- mène récurrent qui voit chaque fait divers faire sens dans le champ de la politique. Ou plus précisément cette tendance marquée du pouvoir politique à annoncer qu’il va transformer le réel quand ce réel fait peur.

Les contes de fées, dira-t-on, n’ont pas été bâtis sur un modèle bien différent. Certes.

Mais il s’agit de contes ; des histoires à ne pas dormir debout et qui aident les petits à traverser, plus tard, les forêts noires au mé- pris des loups. Or, on parle de bien d’autres choses dans la France de ce début des an- nées 2010. Des drames s’y produisent ; des drames avec parfois des dimensions san- guines et sexuelles. On viole et on tue en France, comme on tue et comme on viole sous toutes les latitudes humaines. Et ces choses font horreur comme partout.

La spécificité française peut aisément se résumer. On n’en reste pas, comme dans la plupart des pays industrialisés, à l’horreur collective et médiatisée née du viol, de l’as- sassinat et de la destruction du cadavre par le feu. Evoquée lors de conférences de pres se républicaines généreusement accordées par le Procureur, représentant départemental de l’Etat, cette horreur est aussitôt centralisée dans ce pays plus que jacobin. Et l’on assiste aussitôt, sans entracte, au deuxième acte du spectacle : le gouvernement annonce qu’il mo- bilise le législateur. La puissance protection- niste gouvernementale fera que la forêt sera dorénavant mieux éclairée qu’hier. Que les loups et autres prédateurs se le tiennent pour dit. Sinon gare, le législateur reviendra une fois encore faire la guerre aux méchants loups !

Cette dynamique sécuritaire législative in- flationniste a-t-elle une issue ? Pour l’heure, elle a une conséquence majeure et détes- table, celle de dévaloriser à chaque épisode la crédibilité dont pouvaient hier encore bé- néficier les experts, psychiatres et psycholo- gues, commis par la justice et travaillant à sa demande au service, jusqu’à plus ample in- formé, de la collectivité. Un nouvel exemple vient de nous en être donné par la drama- tique affaire dit du Chambon-sur-Lignon, du nom d’une commune du département de la Haute-Loire. C’est là qu’a été fondé – en 1938 – un établissement scolaire jusqu’ici de renom : le Collège-Lycée Cévenol Inter- national. Un établissement différent de bien des autres, créé par des pasteurs protestants.

Et depuis peu sulfureux.

Il y a quelques jours, dans les bois qui en- tourent cet établissement a été violée, tuée et brûlée une jeune fille de treize ans, Agnès Marin. Matthieu était un «camarade de classe»

de la victime âgé de dix-sept ans. Il avait déjà été mis en examen pour viol sur une mineure en août 2010 dans le département voisin du Gard ; après quatre mois de déten- tion provisoire il avait, fin 2010, été placé sous contrôle judiciaire. Le jeune homme a reconnu sans difficultés avoir commis les faits sans pouvoir en expliquer raisonnablement quelles étaient ses motivations. Il a lui-mê me conduit les enquêteurs sur les lieux où se trouvaient les restes carbonisés de la victi- me. Le lycéen aurait, dit-on, attiré la jeune fille dans la forêt sous le prétexte d’aller chercher des champignons hallucinogènes.

Le procureur de la République a jugé né- cessaire de préciser publiquement que la collégienne avait «été tuée de façon extrê-

mement violente et brutale», insistant sur la préméditation de l’acte, pour lequel le lycéen s’était muni d’«objets». «La fois précédente, les circonstances étaient identiques. C’était la même chose sauf que la victime est restée en vie», a-t-il ajouté en rappelant que «la psychiatrie n’est pas une science exacte».

Issu selon lui d’un milieu «normal» avec un père professeur, une mère comptable et deux sœurs, le jeune homme avait été «sevré» de son «problème de toxicomanie».

Voilà donc la nouvelle trame qui aura servi de base au gouvernement français pour écha- fauder de nouvelles dispositions législati ves concernant, notamment, l’expertise des dé- linquants et criminels sexuels qui sont très

souvent, on le sait, tenus pour être à haut risque de récidive. En l’espèce jugé par les experts «réinsérable et ne présentant pas de dangerosité», le jeune Matthieu était soumis à une obligation de suivi psychiatrique, devait être scolarisé dans un internat et ne devait plus se rendre dans le département du Gard.

Dans l’attente de son jugement, toutes ces conditions étaient parfaitement remplies. Ce jeune homme était notamment suivi par un psychiatre au Puy-en-Velay ainsi que par un psychologue dans l’établissement du Cham- bon-sur-Lignon.

«Réinsérable» ? Au-delà des immanqua bles péripéties que suscite une telle affaire, la question principale concerne la pertinence des premières investigations psychiatriques et psychologiques qui ont été menées. Ces investigations visaient à cerner au mieux les caractéristiques de la personnalité de celui qui avait alors commis une première agres- point de vue

Information résumée destinée aux professions médicales :

Vesicare ® 5 mg/Vesicare ® 10 mg: C : Comprimés filmés à 5 ou 10 mg de solifénacine (sous forme de succinate de solifénacine). I : Traitement de l’instabilité (hyperactivité) vésicale, avec symptômes de mictions impé- rieuse, de pollakiurie et/ou d’incontinence par impériosité. Pos/ME : Adultes 1× 5 mg/jour, en cas de besoin 1×10 mg/jour, en cas d’insuffisance hépatique modérée ou d’insuffisance rénale sévère, en cas de prise concomitante de kétoconazole ou d’autre inhibiteur puissant du CYP3A4 : 1× 5 mg/jour. Ne convient pas aux enfants et aux adolescents, ni pendant l’allaitement. CI : Rétention urinaire, glaucome à angle fermé non traité, myasthénie, maladie gastrointestinale grave, patients hémodialysés, insuffisance hépatique ou rénale sévère, patients avec insuffisance hépatique modérée, traités simultanément par un inhibiteur du CYP3A4, hypersensibilité à la solifénacine ou aux excipients. Préc : Décompensations importantes de troubles obstructifs de la vidange de la vessie (rétention urinaire) et maladies gastro-intestinales obstructi- ves, motilité gastro-intestinale réduite, neuropathie autonome, hernie hiatale, reflux gastro-oesophagien, médicaments susceptibles de causer ou de renforcer une oesophagite, intolérance au galactose, grossesse.

IA : Possible avec des substances métabolisées par le CYP3A4, respectivement avec celles qui inhibent cette enzyme. EI : Des effets indésirables anticholinergiques dosesdépendants peuvent survenir, réactions d’hy- persensibilité. P : Vesicare ® 5 mg/10 mg : emballages de 30 et 90 comprimés filmés. Liste : B, admis aux caisses-maladie. Pour de plus amples informations, veuillez consulter le Compendium Suisse des Médicaments.

Astellas Pharma SA, Grindelstrasse 6, 8304 Wallisellen. 1005984

Trois femmes et trois loups aquarelle d’Eugène Grasset

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 7 décembre 2011 2421 sion de nature sexuelle. Elles cherchaient

aussi à évaluer ce qu’il en était du risque, à court ou moyen terme, de récidive.

En l’occurrence, le diagnostic porté de

«non-dangerosité» n’était pas le bon. Que peut-on en conclure ? Révulsée, l’opinion a tôt fait d’accuser les experts d’incompétence, de laxisme ou des deux. Difficile de rappe- ler que psychiatres ou pas, ces médecins ne sauraient être soumis à une obligation de ré- sultats. Cette incompréhension générale, plus ou moins entretenue, conduit généralement à soulever la question de la meilleure des conduites à tenir pour prévenir les récidives de telles agressions criminelles. Et cette pro- blématique a, en France ces dernières années, été au centre de différentes polémiques op- posant notamment Nicolas Sarkozy (minis- tre de l’Intérieur puis chef de l’Etat) à l’insti- tution judiciaire.

La dernière affaire en date avait, en 2009, suivi la découverte du cadavre d’une femme près de Milly-la-Forêt (Essonne). Le meurtre avait été rapidement reconnu par un hom me déjà condamné pour viol. «Ne doit-on pas enfin décider la mise en œuvre de la castra- tion chimique pour ce type d’individu ?», avait aussitôt demandé le porte-parole du parti (de droite) majoritaire. Peu de temps après, la ministre de la Justice proposait de renforcer les dispositions concernant la «cas- tration chimique» afin qu’elle puisse «s’ap- pliquer pendant l’incarcération, mais aussi après».

«Ceux qui n’accepteront pas d’être soignés resteront dans cet hôpital fermé le temps où on estimera qu’ils sont dangereux», ajoutait alors le chef de l’Etat, en précisant que les autres pourraient sortir en «permission» avec un bracelet électronique mobile ou dans le cadre d’un traitement hormonal, soulignant que l’on pouvait parler ici de «castration chimique». «Les mots ne me font pas peur»

affirmait-il.

A d’autres les mots peuvent faire peur. Et dans un tel contexte, la tentation pourrait être grande de voir les experts psychiatres adopter (comme des experts d’autres disci- plines médicales ou plus scientifiques) une attitude dictée par le principe de précaution et non plus par l’évaluation objective des possibles risques à venir. La porte serait alors ouverte à la mise en œuvre des solu- tions les moins humanistes ; soit les plus ra- dicales et les plus efficaces ; en apparence.

En apparence seulement.

Jean-Yves Nau jeanyves.nau@gmail.com

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