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La minorité catholique dans la Rome protestante. : contribution à l’histoire démographique de Genève dans la première moitié du XIXe siècle

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La minorité catholique dans la Rome protestante. : contribution à l'histoire démographique de Genève dans la première moitié du XIXe

siècle

ORIS, Michel, PERROUX, Olivier

ORIS, Michel, PERROUX, Olivier. La minorité catholique dans la Rome protestante. :

contribution à l'histoire démographique de Genève dans la première moitié du XIXe siècle. In:

Poussou, J.P. & Robin-Romero, I. Histoire des familles, de la démographie et des comportements: en hommage à Jean-Pierre Bardet . Paris : Presses de l'Université Paris-Sorbonne, 2007. p. 201-226

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:150920

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1 / 1

(2)

LA MINORITÉ CAIHOLIQUE DANS LA ROME PROTESTANTE

coNTRIBUTIoN À lHtstonp oÉIT,IoGRAPHIQUE nn, cgNÈvB DANS I-A PRrVIÈNP VOIUÉ DU XIX. SIÈCTT,'

Michel Oris & Oliuier Perroux

D éltartement d.'Histoire économique, (Jniuersité

d'e Genèue

Cere contribution aux Mélanges publiés en l'honneur de Jean-Pierre Bardet explore des thèmes qu'il fut I'un des premiers à creuser, en particulier la démographie des populations urbaines,

ses

asPects diftrentiels, leurs interactions

avec les

migrations. Le territoire exploré est celui de Genève, une ville qui rime avec dans l'histoire de la démographie historique. Nous nous inscrivons dans

1a

continuité des efforts d'Alfred Perrenoud en reprenant Ie chantier genevois Ià où il

.l'alaissé, àl'orée duxff siècle, plus précisément durant la période qui correspond le retour au pouvoir de la bourgeoisie calviniste (1816) et

(184r-1846). En 1816, Iavieille cité-état devient un canton urbain et rural, mais surtout mêlant désormais Plotestants et catholiques.

de ces derniers met en jeu une identité séculaire. Nous étudions ie cadre dans lequel

se

joue ia confrontation, celui d'une vilie qui hésite croisée des temps, entre archaisme et modernité. Dans un deuxième temps, sources qualitatives diverses montrent comment calvinistes et catholiques Genève se sont perçus et ont vécu leur mise en présence. Il en ressort des contradictoires qui, dans une troisième partie, sont confrontées

à

plusieurs de la réalité. Les discriminations sur le marché du travail peuvent être grâce à un dépouillement des recensements genevois de t9r6, t9zz, , t817 et 1843', dont nous avons extrait les quelque rz % d'individus dont le commençait par la lettre B, une stratégie heuristique qui fut inaugurée par Bardet3. Grâce à ces sources, nous poursuivons l'analyse des difftrentiels en les structures démographiques et familiales des protestants et calvinistes

Ce papier a été rendu possible par le

projet

no

r:r4-o68t3.oz

du Fonds National de la Recherche Suisse. Nous remercions ce dernier,

ainsi

que nos

collègues qui contribuent

à cette recherche collective sur les

populations urbaines

de Suisse romande au xtx" siècle.

Le recensement de

r83r

a

également été dépouilté, mais il est

le

seul

à ne

contenir aucune

information sur la

religion.

iean-Pierre

Bardet,

Rouen aux xw1 et xvrrt" siècles

:

les

mutations d'un

espace

social, Paris,

Sedes-CDU,

r983.

207

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(3)

202

de Genève, leurs origines et leur enracinement progressif dans la Rome calviniste.

Les recensements révèlent également l'étonnante variété et intensité des formes de cohabitation inter-reli gieuses.

UNE VILLE À

N

CNOISÉT DES TEMPS : GENÈVE

5OU5

LA RESTAURATION

À l" fir, du >on'" siècle, habitanrs er nadfs ont violemment attaqué

1e

pouvoir détenu par Ie groupe héréditaire des bourgeois' En 1792, u quand le peuple devint roi , a, les vieilles familles bourgeoises calvinistes durent accepter la suppression

d"u

statut bourgeoisial, mais f instauration d'une démocratie censitaire élitiste en r8r5 leur permit, dans la Pratique' de confisquer à nouveau Ie pouvoir' Quelques réseaux familiaux entreiacés peuplaient les cercles dirigeants (Perrorx zooz). Sous la pression dei libérarx, puis des radicaux, les conservateurs Protestants ont peu

à

peu lâché du iest, notamment en réduisant le cens électoral. Mais la restauration, puis la préservation d'un ordre politique, social et religier.rx mphifié, resta I',objectif majeur jusqu aux révolutions radicales de r84r-r842 puis de 1846

5'

Les radicaux reprochèrent avec véhémence aux banquiers conservateurs protestanrs d'avoir bridé la modernisation et I'industrialisation de Genève en pl"ç".rt l.rr$ capitaux ailieurs6. En raison de l'étiolement du textile qui disparaît

",ra.rt r83o, ia ville était devenue encore plus dépendante du secteul horloger à forte valeur ajoutée. La < Fabrique > réunissait les joailliers, les bijoutiers et surtout les faiseurs de montres dans un vaste réseau artisanal. Pratiquement toute la production (de l'ordre de roo ooo pièces au milieu du siècle) était

destinée alrx marchés internationaux, ce qui rendait tant cette branche d'activité' que la ville très sensibles aux aléas conjoncturels. Lisolement pesait d'autant

fl,r, qrr. Ie réseau ferroviaire n a atteint Genève qu en i858

7'

À cetre économie en demi-teinte répond une croissance démographique modeste' En ryg8, Genève compte zt 327 halitants intra-muros, en 185o, la cité accueille 3I zoo personness. Cette progression' à la fois réeile et modeste dans Ie contexte

4 Éric Golay,

euand

le

peuple devint

roi :

mouvement populaire, politique

et

révolution

à Genève de

ry89

à

t7g4,Genève-Paris,

Statkine-H. Champion,

zoor'

5 OfivierPerroux,Traditîon,vocatianetprogrès.LesélitesbourgeoisesdeGenève(t8t4-tgt4),

thèse de

doctorat

en

Hlstoire économique

et

sociale, Universitê

de Genève,

zooz.

6 tbid.,p.lt.

7 Antony

Babel, Lo Fabrique

genevoise,

Paris, V'

Attinger'

1938'

8

Reto

Schumacher,

De

I'analyse classique

à

I'analyse différentielle. Nuptialité, fécondité

et

mortolité à

Genève

pendant

Ia

première moitié du

xrx"

siècle, Mémoire de

DEA

en

Histoire Ârnnnminrre et

cocialp. tlniversité

de Genève.

zooz. p.8'9.

d'envolée urbaine qui distingue

le

xnf siècle

e,

même en Suisse'o, cache, plus qu elle

ne

résume, un régime démographique complexe. k taux brut de mortalité

est

bas

:

il excède rarement les zi pour milie. La mortalité infantile, Qui

se

situait autour de 2oo pour mille entre rTSo ett799, régresse à roo/r3o pour mille dans la première moitié duxnf siècle". Lapression démographique qui résulte de

ces

faibles nivear:x

esr

cependant jugulée par la diffusion du contrôle des naissances, processus dans lequel le rôle pionnier de Genève est farneux. De 6,o7 enfants dans Ia cohorte de mariages rToo -r7o4,Iadescendance finale dtéorique

est passée

à2,9 enfants pour

les

unions conrractées pendant la première décennie du xff siècle ". Parmi les couples formés à Genève entre rSoo et r85o, la valeur moyenne

est

de z.32 enfantst3. La régulation des naissances dans le mariage ne suffit cependant pas. Genève est l'un

des

très rares endroits ori, au iieu de

se

succédet

se

cumulent

les

contrôles anciens et nouveatx. En effet, par rapport au Xvrl' siècle, l'accès au mariage

se

restreint encore

avec

un raux de célibat élwé et un fue moyen

à

la première union qui recule jusqu à

z8 ans

pour les femmes et 30 ans pouries hommest4.

cette démographie très contrainte, qui hésite entre modernité et tradidon,

esr

inrimement liée à une écologie urbaine particulièrement densels. En i835,

la

ville compte en moyenn e zt,7 habitants Par maison'6. C'est qu'au cours des siècles, la

n

Rûme calviniste

> a

bâti pour

sa

survie un impressionnant système de fortifications. Ce carcan n'a cessé d'imprimer

à

la population le sentiment très fort de constituer un refuge salvateur, constamment menacé par la foi catholique.

Même les conflits brutaux qui opposent natifs, habitants et bourgeois de Genève

à

la fin du xvrrt'siècle, même les Lumières révolutionnaires qui s'imposent en r7gz, fieparviennent pas

à

rompre ce sentiment. Les constitutions de ry94puis

ry96 afftrment bien l'égalité de tous les citoyens, à condition cependant qu ils soient protestants

17.

Ce sont ces calvinistes, soigneusement encadrés depuis

9

Voir fean-Luc Pinol,

Histoire

de

l'Europe urbaine,

Paris,

Seuil'

vo[ .

2,2oo3.

ro Cf

FrançoisWalter,

lasuisse urbaine, qso-Igso,Carouge-Genève,Êd.Zoé,t994.

11

Reto Schumacher, De

l'analyse

classique à

I'analyse différentielle..., p.98.

rz Alfred Perrenoud, ( Espacement et arrêt dans le contrô[e des naissances

>>,

Annales

de Démographie

historique,

r9BB, p.

6r et p.63.

r3 RetoSchumacher,Del'analyseclassiqueàl'analysedifférentielle...,p.66.

14

Grazyna Ryczl<owsl<a, Accès

au mariage et structures de I'alliance

à Genève,

ûoo-788o,

Mémoire de DEA en

Histoire économique

et

sociale, Université

de Genève,

zoo3.

15 RetoSchumacher,Birthcontrolstrategiesandsociologicaldifferentialsinatgthcenturyurban setting.

Geneva,

û00-1860, papier présenté

à

la

5"

Conférence Histoire,

Science

sociaie, Berlin,z4-27 marc

2oo4.

16

Édouard

Mallet,

Recherches

historiques

et

statistiques sur

la

population de

Genève,

son nouvement

onnuel et sa

Iongévité,

depuis Ie xw" siècle

iusqu'à

nos

iours (t54o-t855),

Genève, Renouard,

t837,p.t5.

r7 Archives d'État de Genève, Constitution genevoise sanctionnée par

Le

souverain le

203

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février t7q4,l'an r

de

t'Éealité, article r.

(4)

204

des siècles par les pasreurs et d.izainiers du consistoire'8, qui voient affluer

les

immigrés. br, .ff.t, en raison du faible excédent des naissances sur les décès'e, c'est iimmigration qui tient le rôle moteur dans la croissance démographique de la ville. Alors que ia population de Genève ne connaît qu'une progression relativement médiocre dans la première moitié du xtx'siècle, elle est Pourtant

profondément transformée dans ses structures et sa composition, car

le

malthusianisme et néo-malthusianisme des locaux est compensé par des apports migratoires bien plus massifs que ne le donnerait

à

penser la seule évoludon du chiffre giobal de la poPulation.

Cerres, ce n'esr pas exceprionnel pour Genève qui a été littéralement repeuplée par les deux Refuges proresranrs, celui de la Réforme au xvr" siècle

.. ".t,ri qui suirrit la révocation de l'Édit de Nantes en r68J. En 1798,

les

frontières poiitiques et religieuses qui morcellent Ie petit bassin genevois entre territoires français, savoyafds, suisses et genevois, sont balayées une

première fois par I'occupation française' En 18r6, l'empire napoléonien abattu, les Genevois sonr contraints par les puissances victorieuses de sortir de ieur splendide isolement. c'esr pour préserver au maximum leur autonomie qu'ils optent pour la confédération helvétique. celle-ci refuse cependant d.'accueillir la seule vilie de Genève avec

ses

trois îlots ruraux ; elle

.*ig. ,rrr. continuité territoriale. Au terme d'une négociation singulièrement

fr.r.t,r.,rr., la République de Genève devient un canton mixte sur le plan reiigieux grâce à l'adjonction de rz communes de la Savoie sarde et 7 municipalités françaises'o.

c,est donc durant la période française ft7g!-rÏr1)que les catholiques orr, ou s'établir librement dans la cité de Calvin, ouvrant Ia porte à une cohabitation forcée des autochtones avec de nouveaux immigrants. En r8o4, la préfecture compre 4 ooo carholiques, soit 18,6 o/o dela population urbaine", chiffre qui paraît très exagéré auvu des ro,7

o/o

(z +9o personnes) recensés en r8t6'2'

r8 olivier Perrouxet Michetoris ,concubinage, illégitimitê,

censure morale et

police

des mæurs dans

la

Genève du xrx" siècle,

papier présenté

à

la

Conférence Histoire,

Science sociale,

' Berlin,

24-27

mats 2oo4.

r9'À peine 557 naissances de ptus que de

décès

entre

1806

et

1850

pour une population

de

zr

ooo à

3r ooo habitants.

zo lrène Herrmann,

Genève

entre république et canton.

Les

vicissitudes d'une intégration nationale ft8u-t846), s.

1.,

Éditions

Passé

Présent/Presses de t'université

Laval, zoo3,

p.25g sqq.,p.5o4.

zr Edmond Ganter, l'Église catholique de Genève. Seize siècles d'histoirel

Genève, 1986, p.

354.

zz

D' après

Olivier

Perro ux, Traditi o n, vo cati o n et p ro g rè s..., p.

39.

le départ des fonctionnaires français ne pouvant celtes pas expliquer un tel recul. Notre échantillon sur la lemre-B est très proche du chiffre officiel tiré

du recensement de la population totale puisque nous comptons 9,86

o/o

de catholiques en 1816. Ils progressenr ensuire de manière pr:sque continue

:

ry,46

o/o

en r8zz, t8,19

o/o

en 1828, z4,or

o/o

en 1837 et z,8,4

0/o

en t843. Leur

nombre absolu a été multiplié par 1,6r (de 287 à t q6 sur l'échantiilop) alors que la population totale de la ville se contente d'un modeste multiplicateur,

à

peine r,25. Les catholiques bondiront encore jusqu'à 4o

o/o

en t86o, avant que leurs gains ne tendent à se diluer dans une ville qui, libérée du carcan

.des

fortifications, peut enfin connaître une expansion soutenue (46,4o/o de

catholiques en rgoo)'3. La première parrie du siècle esr donc le moment par excellence durant lequel les catholiques s'installent et s'étendent à f intérieur

de Genève.

L'ARRIVÉÊ DES CATHOLIQUES À GENÈVE : P.ERCEPTIONS ET DÉBATS,4

Prétendre que l'enracinement) en moins de 3o ans, d'une forte minorité catholique dans la Rome calviniste a causé quelques remous est un doux

euphémisrne. Les tensions ont été fréquentes et variées. Nous en aborderons ici deux rypès, soit ceiles liées au droit matrimonial d'une part' à la police

des étrangers et au code de la nationalité d'autre part. Pratiquement toutes les confrontations entre les deux religions au début du xrx" siècle à Genève portent latrace, sinon la signature de I'abbé Jean-François Vuarin (t769-r84),

qui s'est introduit dans la ville à la fin du xvrrr" siècie et fut porté à la tête de sa communauté catholique après I'adoption du Concordat de r8or2s' Vuarin

se

désigne lui-même comme un missionnaire et ne cache pas des ambitions conquérantes'6. Personnâge haT des protestants, il se bat sans cesse Pour que I'Église Romaine fasse son grand retour à Genève, avec Ie rêve fou de conquérir

ville.

z3 Michète Cardinaux, Démographie descriptive du canton de Genève au xx" siècle et

Ie

comportement des nouvelles communes, mémoire de licence en Histoire êconomique

et sociale,

université

de Genève, 1997,

p.37'33.

z4

Dans

cette section, outre les dépouillements d'archives réâlisês par Olivier Perroux

et

t'ouvrage de référence que constitue la thèse récente d'lrène Herrmann,

Genève

entre

république et

canfor...,

nous avons pu nous appuyer sur des travaux réatisés par les

étudiants

du séminaire de Pratique de La Rêcherche en

Histoire

des

Populaiions,

Université de Genève,

durant

[es

années académiques zooz-zo03 et 2oo3'2oo4. Nos remerciements vont

en particulier à Mrr"'.

Anita

Lehmann et Birgit Sacker, MM. David Bicchetti,

Sébastien

Feliciangeli, Philippe Solms

et

Mario Togni.

z5 Lerôleessentiel jouéparVuarindansladestinéeducatholicismegenevoisestanalyséen

détait par lrène Herrmann , Genève entre

république

et

canton..., p.34-35

el

passim.

z6

Ed

mond

Ganler, L' Ég ti s e cath o li q u e d e G e n èv e..., p. 39 6 -

4ot.

205

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(5)

206

En matière législative, les tensions causées par l'enracinement catholique ont

été

de deux natures difftrentes. Dès

1816,

pour la première fois depuis Ia Réformation, catholiques et protestants ont officiellement les.mêmes droits dans la cité et sont soumis aux mêmes devoirs '7. En pratique, I'ancienne élite conservatrice protestante retrouve le pouvoir et tente de préserver

sa

domination religieuse et poiitique sur le nouveau canton. Dans ce contexte, le Code Civil napoléonien, introduit

sous

I'Empire et qui resta en vigueur à Genève pendant tout le xuf siècle, n'est

pas

contraire aux anciens éd.its calvinistes, spécialement concelnant le mariage civil'8' Ce dernier apparaît comme une solution égalitaire, permettant d'imPoser

à

chacun

les

mêmes règles, indépendammenr de la confession. cependant, leTfaité deTirrin du 16 mars 1816 précisait que les populations des anciennes communes

sardes

rattachées au nouveau canton de Genève devaient être protégées dans I'exercice

de

leur foi 'e. La loi genevoise du zo mars

1816,

présentée par

les

élites calvinistes,

se

veut un compromis. la cérémonie civile obligatoire

est

maintenue, mais l'union doit êue validée par une

o

bénédiction nuPdale o, absurde pour les Protestants sur un Plan théologique, mais correspondant pour les catholiques au sacrement du mariage.

Cependant, le gouvernement garde la possibilité de dispenser certains couples

des

annonces et de Ia bénédiction. Dans les faits, cela concernait essentieliement

des

unions mixtes, que les religieux des deux bords refusaient de bénirro'

llne nouvelle loi, promulguéelezi décembre I82I, remet en cause

ce

comprorrus.

EIIe résulte d'un important travail de lobbying de juristes qui obtiennent un retoru à une stricte application du Code Civil, sans obligation de cérémonie religieuse3'' Cette loi peut faciiement apparaître comme une réaction Protestante contre la progression du catholicisme. Elie est en effet contemPoraine du mouvement du

n

Réveil >, apparu au milieu des années r8ro. ce dernier, qui eut un écho international, est né de la réaction de quelques étudiants de I'Académie genwoise réclamant un retour à une foi plus intense. Selon eux' Ie calvinisme traditionnel

z7

Archives

d'État

de Genève,

Constitutîon

de 1824, Genève,

r8z8.

zg

Catvin n'a

jamais considéré le mariage comme

un

sacrement et

pose

cette affirmation

dans les ordonnances de 156r. Cf

André

Bieler, L'Homme et la femme dans la morale

calviiiste

: lo

doctrine réformée

sur

l'amour,

Ie

mariage,

le

célibat,

le

divorce, I'adultère

et la

prostitution,

considérée dans son cadre

historique, Genève,:.963'

p.

r34.

zg Antoinetlammer,LeDroitcivîtdeGenève,lesprincipesetsonhistoire,Genève,rB75,p.8o-Br.

3o

'Archives

d'État

de Genève,

Procès-verbaux du Consistoire,

séance

du z9 septembre r$z5

;

tlrèneHerrmann,Genèveentrerépubliqueetcanton...,p.230-23!;AlfredDufoul<Mariages civils et Restauration.

Les aléas et tes

implications juridiques et politiques

de

l'introduction

du mariage civit

obligatoire

à Genève sous [a

Restauration

(1816-182 4) >>, Zur Geschichte des Familien-und Erbrechts. Potitîsche

tmplikationen

u.nd PerspektÎven, Franl<fut-am-Main,t987,

p.239.

3r Voir Atain Zogmat, Pierre-François Bettot (t776-tBS6) et le code civil. Conservatisme

et

innovation

dans ta

législation genevoise

de la

restauration,

Genève, 7998, p- 227-

est

trop rationnel, trop froid. Influencé par l'encerclement catholique de Ia cité,

le

mouvement prône avant tout un renforcement de l'érude des Saintes Écritures.

il contribue aussi

à

exacerber

les

tensions inter-religieuses et

à

expliquer

les

tentations

de

larciser le droit matrimonial genevois jusqu enr8z432. Du côté catholique, l'abbé Vuarin réagitviolemment en lançant une campagne de pamphlets contre

ce

qui lui

apparaît comme une offense intolérable

à

Ia sainteté du sacrement du mariage33.

Pressé

de tous côtés par ia Confedération, le Vatican et le Piémont-Sardaigne -

qui menace même, plus ou moins sérieusement, d'engager un conflit armé pour protéger ses anciens sujets -, le gouvernement genevois est obligé d'adapter une nouvelle fois sa législation pour respecter les traités conclus.

La loi du z4 janvier t8z4 prevoit un régime spécial pour

1es

seules communes anciennement sardes, qui pourront exiger une cérémonie religieuse pour

sanctionner les unions. À partir de cette date, et jusqu en 186r, deux régimes matrimoniaux coexistent sur le territoire cantonal34.

Ces fortes tensions, qui révèlent tant les tentations des protestants que l'esprit militant des catholiques, ne couvrent quand même qu'une brève période.

Dès r824, Ies tensions confessionnelles déclinent autânt que Ia présence catholique âggmente. Un esprit de tolérance domine Ia vie genevoise. II ny

a

que Ie Jubilé de la Réforme en r83i et I'inauguration la même année d'une statue de Jean-Jacques Rousseau, pour réveiller les antagonistes, mais sans excès35. Labbé Vuarin a beau user de la provocation jusque dans sa tombe, en demandant à ce que son enterrement, le 13 septembre 1843, soit entouré d'une grande pompe ouvertement destinée

à

exciter les protestants, les attaques

n

vuarines

))

ont largement frappé dans le vide36.

3z 0livier Perroux, Tradition, vocation et progrès..., p. 4o ; lrène Herrmann,

Genève

entre

république et

conton...,

p.

93.

33 Jean-FrançoisVuatin,Discoursprononcêle3tdécembretSzo,jourdelafêtedelaRestauration,

Genève,

rSzo

; IPar un Vicaire

général],

De la

juridiction

de

l'église

suy le

contrat

du

moriage

considéré comme

matière

du

socrement,

Lyon, Russand, 1823.

Voir aussi

Edmond Ganter, L'Église

catholique

de Genève...,

p.

3g5

sgq., et

lrène Herrma nn, Genève entre

république et

canton..., p.

229-234.

34

Antoine Flammer, Le

Droit civil

de Genève..., p. 81-82.

35 Jean-FrançoisVuarinetalii,Mémoireprésentéàmonseigneurl'EvêquedeLousanneetGenève

par Ie clergé

catholique du canton de

Genève

sur

les

pièges tendus par I'hérésie

à la

foi

de

la

populotion catholique,

Genève,

rB35 ; 0livier Fa|io,

Genève

protestonte

en

tB34 actes

du

colloque tenu

en

commémoration

des 75o ans de

la création

de la

Société évangélique

de Genève, Genève,

r9B3

;

Mireille

Lador, < Le Jubité

de la Rêformation

de 1835 à Genève :

retigion-patrie-tolérance

>,

Bulletin de la Sociêté d'Histoire et d'Archéologiè de

Genève, t. XXV, 1995, p.

g7-rto

; I rène Herrman n, Genève entre

république

et canton...,

p.372

sqq.

36

lrène Herrmann, Genève entre

république

et canton...,

p.234-24r.

207

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208

Dans

Ia

polémique autour du mariage, la question

des

couples mixtes

est

centrale.

Elle

a

été employée par les protestants pour justifier les exceptions prémes

à

la ioi de 1816, puis ia législarion de r8zr. Du côté catholique, l'abbé Vuarin perçoit

les

unions mixtes comme une source de troubles moraux et sociaux, parce qu

elles

présupposent une trahison .rrrr.r, l" communauté, I'éducation future perturbée des enfants et I'instabilité de I'amour conjugal. Vuarin affirme également que les couples mixtes ne peuvent s'unir qr/avec le concours de l'État (puisque c'est

lui qLri accorde les dispenses de bénédiction) et assure que ies fonctionnaires exigeraient en conûepartie l'assurance que les futurs enfants seraient élevés dans Ia foi protestante3T. Du côté protestant, le Consistoire genevois se préoccupe avant tout de la lutte conûe Ie concubinage, mais il intervient quand même

en

r8z5 pour demander aux pasteurs d'accepter de bénir les unions mixtes, ( vu que Ia très grande majorité des enfants provenant de ces mariages sonr élevés dans la religion protestante, de la situation actuelle de l'État composé en grande partie de catholiques u3s. Après r8z5 cepenâanr, nous riavon! plus trouvé de telles manifestations de prosélpisme défensif dans les archives de l'église genevoise.

I-a seconde tension liée au système législatif concerne moins directement

les

catholiques, mais plus généralement les étrangers. C'est dans ces débats que se manifeste le mieux le portrait mythifiée d'une Genève ancienne dont I'âme patriotique apparaît menacée par l'afflux des n étrangers

> 3e,

une catégorie qui inciuait ies Conftdérés non-genevois. La tentation du repli sur soi

a

existé,

sans

conteste40, mais les gouvernements conservateurs ont rappelé les contraintes du Concordat intercantonal du lo juillet r8r9, qui accorde Ie droit de libre établissement aux Suisses, et du Tiaité franco,suisse du 3o mai tBzT qui ocroie le même privilège aux Français sur I'ensemble du territoi reféd.éraI,sous réserve de réciprocité. Dès lors, seuls les Savoyards du royaume de Piémont-Sardaigne auraient pu êue visés par des mesures restrictives, mais la discrimination aurait été singulièrement évidente. Laction ne pouvait dès lors que viser les étrangers présents, en se donnant les moyens de les rejeter ou de les intégrer.

En r8+3, un projet de

o

police des étrangers ) est en discussion, avanr d'êrre accepté en février t8444". Les allusions directes aux catholiques sont rares.

37

Jean-François Vuarin, et al.,

Ménoire présènté...

38 Archivesd'ÉtatdeGenève, Procès-verbauxduCotnsistoire,séancedu29septembre1g25.

39

lrène Herrmann, Genève entre

république etcanton...,

passim.

4o

Voir Claude

Raffestin etJean-Ctaude

Favez

dans

Paul

Guichonnel(di.), Histoire

de Genève, Toutouse, Privat,

i974,

p.

3oo.

4r Archives d'État de Genève, Procès-verbaux du Consistoire, p. 937-959 (rapport

de

commission),

p. 1186

sqq.

(1",et 2"

débat),

7239

sqq.

(suite z"

débat),

p. 1489

(adoption).

Les

craintes sont classiques et globales, visant les risques de troubles de l'ordre public, de voir de pauvres immigrés tomber à charge de l'assistance pubiique, d'accueillir des femmes enceintes qui fuient leur famille et donneront naissance

à

des

o

heimatlos >, erc. La surveillance des femmes domestiques préoccupe de nombreux députés du Grand conseil genevoisa'. Lun des'enjeux de la loi, la possibilité pour une police des étrangers d'expulser ceux qui manquent

de

n

bonne conduite ), est directement lié au problème de I'intégration et de

sa

définitiona3. C'est sur ce point qu'attaque ie leader radical James Fazy:

u

Une loi sur la police des étrangers ne doit pas avoir pour but de se garder de telle ou telle catégorie d'individus, de protéger ou d'exciure telle ou telle idée philosophique, religieuse, politique ou sociale. ce serait une loi intolérante.

Mais supposons qu il en soit ainsi et que les dispositions arbitraires de la loi

cachent Ie but secret de protéger ies idées religieuses de I'ancienne Genève. [...]

nous devons admettre tout étranger s'il est probe et honnête, et ne jamais Ie repousser par des considérations reiigieuses ou poiitiques

o.aa.

Il y a peu de doute que James Fazy fait implicitement référence aux menées anri-catholiques de l'Union protestante, sur iesquelles nous reviendrons.

Cependant, une fois encore, il ne faut Pas sous-estimer Ia force du courant tolérant et intégrateur. Ii s'incarne dans un de ces Personnages polyvalents que Ie xrx" siècie a produit en grand nombre : Édouard Mallet (18o5-1856), issu d'une vieille lignée de bourgeois calvinistes, fut avocat' juge, historien et statisticien. Dans

ses

recherches sur lapopulation genevoise dont il met en avant quelques-uns des traits les plus modernes, les pius originaux, il produit des analyses étonnantes qui annoncent Notestein ou Landry et leur formulation

classique de Ia loi de la transition démographique, cent ans Plus tard45. Comme député au Grand Conseil, il fut le rapporteur de la loi du

18

septembre 1839 sur la naturalisation des individus nés sur le territoire du canton de Genève de père suisse. Grâce au recenseme nt de t837,le gouvernement s'est rendu comPte que

85 o/o

de l'accroissement de ia population cantonale depuis 1828, étaient dus à des apports extérieurs. Il craint de voir détruit

o

l'équilibre nécessaire pour la manquillité de tout le pays, entre les nationaux et étrangers

o +6.

Édouard Mallet, député de û16 àrï4z, est de ceux qui veulent sauver la nationalité genevoise en recourant aux naturalisations de manière systématique, c'est-à-dire selon des

4z lbid.,p.tt87.

ç lbid.,p.7240.

44 lbid.,p.r24r-124z.

45

Reto Schumacher, De

l'analyse

classique à I'analyse

différentielle...,

p.

tt9.

46

Jean-.facquesRigaud,

RapportfaitauConsei! représentatif, leBmai û3g,porMonsieurle

Premier Syndic Rigaud,

rapporteur

du Conseit d'Éraf, Genève, Peltetier, 1839.

209

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(7)

270

règles fixées par la loi

: <

Il serait injuste de ne pas reconnaître qu'un bon nombre de ces étrangers ont payé l'hospitalité qu'ils ont rencontrée, en contribuant à développer notre bien-Qtre, à accroître notre prospérité. t...] il ne faut

pas

s'effrayer de l'adjonction de quelques nouveaux citoyens, qu'il serait chimérique de croire qu elle pût dénationaliser Genève. Notre pays

a

toujours eu une grande puissance

d'

assimilation [.

.

.] il

a

su s'attacher promptement et sans retour

cette

multitude d'étrangers qui, depuis trois siècles, ont afflué dans Genève

> a7.

La loi de 1839 ne sera qu'un modeste premier pas. Ces quesdons vont

rester

récurrentes, à tel point qu'un concours est lancé en 185r par la très calviniste Société d'Utilité Publique pour y répondreas. Édouard Mallet en est le lauréat.

Dans son mémoire intitulé Da recratement

d.e Ia

?oPulation dans

les

petits

états

démocratiques,il développe savision positive etintégrative et évoque explicitement la question des catholiques. Reconnaissant que Genève se dépeuplerait

sans

I'apport de sang neuf, il considère essentiel d'intégrer les immigrants et d'en faire des citoyens, afin de préserver l'identité et ie patriotisrne genevois. Dans cet esprit,

à

l'objectif noble de l'homo généité sociale (sous-entendu, religieuse),

il oppose un

<

principe plus élevé encore, celui de la charité, de la tolérance r, et de reconnaître aux autres le droit à avoir < eux aussi des convictions et une

foi sincères, quoique différentes des nôtres uae. Dès lors, Iorsque surviennent des polémiques aiimentées par les émules de l'abbé Vuarin, il faut s'abstenir de réagir. Pour Mallet, lorsque ces attaques demeurent sans réaction, elles

ne

peuvent que s'éteindre d'elles-mêmes5o. Malgré Ia bonhomie du propos,

le

mépris du protestant, qui

se

juge rationnel et apte

à

la tolérance, envers certains catholiques qu il perçoit comme des fanatiques imperméables à Ia raison,

es[

transparent.

Pourtant, les calvinistes ont aussi leurs extrémistes qui

se

réunissent dans une

Union Protestante fondée enr84z. Cette réaction apparaît bien tardive puisqu

à

cette date, comme nous I'avons montré plus haut, la population catholique est déjà fortement enracinée dans la cité. Société secrète, l'Union Protestante avait des objectifs simplistes : < écarter les domestiques catholiques, ne

pas

,47 Édouard Mallet, Rapport fait

au Conseil

représentatif,

à la séance du

3o août t8j9,

ou

non 'dela,Commissionchargéedel'examenduprojetdeloi

qui

confèrelaqualîtédeGenevoisaux

Suisses nés dans le

canton,

Genève, Peltetier, p.

r8-r9.

48 Cf Bernard

Lescaze, La

Société genevoise d'Utilité publique

en

son temps:

1828-1978, Genève, Société genevoise

d'utilité publique, r978.

49

Édouard

Maltet,

Du

recrutement

de la

population dans

les

petits états démocratiques,

ovec esquisse

statistique sur I'admission dlétrangers

et la

naturalisatian dans

la République de Genève,Genève, 1851, p. 78.

Eo lbid.

chez les marchands catholiques, s'introduire dans les mariages mixtes amener les enfants au protestantisme [...] attirer des protestants étrangers faire concurrence aux catholiques dans certains métiers, entraver par tous moyens l'établissement des catholiques, leur'admission au droit de cité

> 5'

quelque crédit aux craintes de Vuarin, Ies membres de I'Union

se

aussi de créer une société de patronage pour l'enfance et

1a

jeunesse, choix

des

jeunes gens aidés devant ( tout particulièrernent tomber, quand les

-

le permettraient, sur des enfants catholiques ou issus de mariages qu on pourrait ainsi espérer rattacher au protestantisme mieux que tout

moyen

>

5'. Dans un contexte troublé par les révolutions radicales, l'Union

trouvé un certain écho, regroupant jusqu'à un protestant genevois sur sept et quelques succès, comme la commémoration annuelle de l'Escalade des Genevois sur les envahisseurs savoyards en 16oz) qui, aujourd'hui est la fête identitaire genevoise par exceilence53. Mais l'lJnion ne

pas à la prise de pouvoir par les radicaux en r8465a. Les autorités sont restées plutôt distantes, de même que plusieurs personnaiités l'époque, qui se sont clairement opposées au groupement55. Comme les de la République, ils regrettent une tentative de n raviver un antagonisme

heureusement éteint

> 56

+

De ce survol des perceptions de I'arrivée des catholiques à Genève ressortent

visions radicalement différentes. La première insiste sur les rudes racé au cæur même bastion séculaire tenu de haute lutte depuis des siècles, et un catholicisme

d'humeur revancharde au lendemain de la Révolution française, s'appuie sur une Savoie piémontaise, bastion, elie, de Ia restauration et source, tout au long duxrx" siècle, d'une dynamique missionnaire

57.

La deuxième vision, cependant, constate que

1a

majorité des élites tes ont jugé que la transformation de Genève en un territoire religieux

Manifeste secret du ccimité occulte de

l'Union Protestante publié

par des amis de la

publicité,

Genève, 1844,

p.3-4.

lbid., p. 29.

lrène Herrmann, Genève entre

rêpublique

et

canton...,

p.

254-257.

P.-A.

Friedti,

<

L'Unibn protestante genevoise QB4z-tB4): une organisation de combat

contre

I'envahissement

des

catholiques

>,

Bulletin

de la

Société d'Histoire

et

d'Archéologie

de

Genève,984, p.369.

Dont le

coloneI Rilliet-Constant,

un libéraI

très influent, qui

se

voit obliger

de se

justifier

par rapport à

I'Union.

Voir

Rilliet-Constant,

De

l'Union Protestante,

Genève, 1844.

tbid.,p.4.

Sur les missionnaires savoyards,

voir

Paul Guich onnet, Histoire de la

Savoie,loulouse,

Privat, 1973,

p.375.

277

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56 57

(8)

272

mixte n était pæ trop cher payer l'entrée dans la Confédération helvétique.

Les gouvernants genevois sonr encore, entre 1816 er 1846, des conservateurs bourgeois calvinistes. Nous avons montré ailleurs qu'ils se sonr de plus en plu, dès les années r8zo, réfugiés derrière la loi, essentiellement héritée du régime français, pour refuser de donner suite aux admonestations de la Compagnie des Pasteurs 58. C'esr sans doute cette laitisation progressive, cefte rupturc douce du lien séculaire entre

litat

genevois et église prorestante, la résignation évidente du Consistoire face à ce changement, l'impossibilité aussi de bridcr sérieusement les

flu

migraroires sans

condmner

Genève au déclin et violer les traités nationaux et internationaux, c'est cet ensemble qui explique que les cris d'alarme contre la o menace catholique, n'aient pæ vraiment trouvé d'écho. Cette volonté d'âpâisement venue d'en haut a été, dans l,ensemble, en symb.iose avec les réactions populaires. Pour Irène

Herrmmn

: u Le peuple genevois paraît, en règle générale, partager plusieurs senciments qui induisent un rapport particulier à la foi et au sysrème ecclésiastique. IJun des principau, sinon le principal, réside dms la aainte, er donc souvent dans le rejet haineu de tout extrémisme confessionnel > 59. Les recensements de Genève enûe rg16 et 1843 éclairent d'un jour original cefte forme d'ouverture fondée de mmière

mbiguê

sur le rejet. ..

L'INTÉGRATIoN DEs I NDIVIDUs ET FAMILLES CATHoLIQUES À GENÈVE ENTRE 1816 ET 1843

.

Avant 1835, I'abbé Vuarin affirme de manière récurrenre que les catholiques sont discriminés à Genève6o. La mesure la plus clæsique de la discrimination est celle sur le marché du travail, les immigres tendanr le plus communément.

à se concentrer dms des secteurs rejetés

pu

les natifs. Le tablgau r compare la structure professionnelle des catholiques et des protsrants dans nos échmtillons nominatifs. Le contraste dans la

proportion

des inactifs, deux fois moins

nombreu

chez les catholiques, montre à quel poinr ces derniers, en rg16, sont encore une population neuve, d'immigrés jeunes et actifs, avec peu d'enfants et de femmes mariées. Cependmt, ce fossé se résorbe nettement dès rgzz,

plu

doucement ensuite, et l'écart entre les

deu

communautés religiemes n est plus que de ro points en r843. Un processus semblable

-

fort écart inirial, résorption

pertielle

-

s'observe dans le deuième plus gros groupe d,acrivités genevois,

celui de la domesticité6'. En 1816, un catholique sur quatre esr domestique, pour moins de 7 0/o des protestants. ?ar la suite, tant en raison du recul de cette spécialisation chez les premiers que d'un lent progrès chez ies seconds

-

lié

regain de la tradition de la domestique vaudoise rurale et protestmte

-,

la

disparité se mainrienr mais le contraste s'est quand même nettement amoindri (r7 o/o vs. to o/o).

Iabteau 1. Répartition des catholiques et protestants de Genève par branches d'activité, 18a6-1843

Bâtiment Anisuat Acicultue Indétcrminé Sæ activité Brmches

Eno/o

s,z 2,r o,o

?.I 24,4 r8r6

Catholique

I,O

?.o 12.9

rgù

I,O 2.<

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o,6 4,4

?r.8 L817

o,8

?r.8 t844

r.8 o,{

48,4 18r6

Protestmt

z.Ô o.1 2,t 47,O

rgù

I,O t.-G r828

o,8 2,8 2,5 4S,Z 1837

r,o 2,6 o,3 4a,t rSaZ

61 EdouardMallet,Durecrutenentdeldpopulationdonslespetitsétatsdénocratiques...,p.61, notait que les premiers immigrants catholiques arrivés à Genève sous le régime français

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3

58 0LivierPetrouxetMichelO(is,Concubinage,i!!égitimité,censurenorule..- 59 lrène Herrmann, 6enève entrc république et canton..., p. 93.

60 Cf.PaulGuichonnet,(LecuréVuarinetlessavoyardsàGenève\,Mélangesd,Histoirc économique offerts à A. M. piuz, Geûève, rg89, p. 101 ; Olivier Fatio, Genève protestonte en 1831...,p,27.

totâl Rel.igion - rmeig.-cult.

Foncion publique Prof. Libérales Fhace Commerce Soins oersonnels Dometicité

Irmsporo !

AJimentation Ictilc-habillement Fabrique 3âtimcnt Anisuat bicultue lndéteminé Sms activité

287 8 6 z zz 4 .8 z7 IS 6 o 9 7O 18r6

?98 11 2 z o 20 rG az

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o 67 s6 t7s t4 rg s7 I27 40 8 16 329 1843 Catholiques

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36 2a tG 0 ts2 t47 t79 16 38 r8z 17r 21 12 8+

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(9)

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Fonaion publique Prof. Libémle Finmce Commerce Soins pcsomels Dometicité TrmsDoÉ Alimentatiol Tevtile-hahillement

---!.ligions

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\,6 o.t o.1 o.r 5.7 1.9 rg.s I.3 r.0 7.8

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\6.9 1.4 1,7 9.4

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Protçtots

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\,2 o.6 6-2 q,2 o,8 t,6 7,8

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too t,7 o.L ô.<

6.j t,9 o,8 I,5

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o.ç o,5 7,O

?.8 IO,J ô.8 r.6 8.?

2a4

*

Surl'ensembledesbranchs.

**

Sans les inactifs.

Lévolution dans la Fabrique, le véritable poumon économique de Genève, vâ dans le même sens. Déjà que dès 1816, 9,+ 7o des catholiques soienr acrifs dans cette branche, conûe r4,5 o/o des protestants, est élonnanl- Létude des mariages genevois de r8oo à r88o a souligné à quel point les horlogers étaienr enracinés dms le ville et se distinguaient

tmt Pil

une forte reProducdon sociale que

pil

une endogamie élevée 62. Ën un processus très semblable à celui érudié à Marseille

par'William

Sewell63, ces artisâns

ont

déveloPPé une id€ntité secrorielle puissânte er formé Ies rrouPes qui onr mené les révolutions radicales des années r84o64. Pour autant, dâns la muhitude des petits âteliers de

I

à

8 personnes, les nouveauvenus catholiques ont réussi à s'inærer étonnamment bien.

lJne présence catholique supérieure ou équivâlente à celle des protestants est moins surprenant€ dans les artisanats et commerces de l'habillement, I'alimentation, les transports, les soins personnels (lingèra, rePasseusesr etc.),

62 GrazynaRyczkowska,Accès0umariage..;GrazynaRyczkowskaetGilbertRitschard,MobillTés sociales et spatiales. Porcours intergénérationnels d'aprèsles nariages genevois, l83o'1880, papier présenté à la 5" Conférence Histoire, Science sociale, Berlin,24-27 ma$ 2oo4.

63 William SewelL, Stracture dnd nobility: the men qnd women of Maseille: 182a-187o, cambridge, Cambridge university Press et Paris, Maison des Sciences de I'Homme, 1985.

64 Voir Marc Vui ltemier, ( Senteurs et tu multes au Fau bou rg. Saint-Gervais au xfl" siècle : du faubourg révotutionnaire au quartier populaire (183o-1864) D, Faubourg Sdint-Getvois:

I'autre Genève,Genève, Éditions Zoé, 1992, p. 55-87.

tour ce pedt monde du n capitalisme moléculaire > évoqué pu Fernmd Braudel.

En effet, dans des villes traditionnelles, sms secteur industriel neufet en pleine expânsion, c'est bien plus dans ces segments que les migrants trouvent à 3'insérer, que dans les secteurs productifs traditionnels6:. C'est dû au blocage des autochtones

-

encore qu'il soit modéré à Genève, comme nous venons de le voir

-,

et à la possibilité pour des migrmts

rurau

de valoriser en partie leur apital humain acquis à la cmpagne

dus

ces actiyités urbaines. lJn des vecteurs d'insertion les plus traditionnels qui soit entre rural et urbain est la branche du bâdment. Au

ru

du tâbleau r, les protestants rejettent totalement cefte acdvité.

qu.i occupe 3,5 à 5,5 o/o des catholiques. Ces derniers chiffres sont clairement sous-esdmés. Déjà, auxvrll'siècle, l€s maçons savoyards, recrutés en pârticulier dans la vallée du Giffre dæs le Faucigny, étaient parmi

ls

raes etholiques dont la présence temporaire était tolérée 66. En août 1823, I'abbé Vuarin en compte quelque 4oo à Genève6z. C'est la saisonnâlité des ûevaw du bâtiment et la date des recensements qui expliquent le sous-enregistrement de ce groupe, que les ecdésiastiques catholiques de Genève se sont évertués à encadrer pour protéger leur foi. lévêque d'Annery reconnaissait la

difficulté

de leur tâche en des rermes mbigus

qu'unVurin

dut peu apprécier : n J'ai du regret que les maçons s'urêtent à Genève, oir la bonne conduite des Protestmm devient pour eux un piège presqueâussi séduisant que les propos licencieux qu'ils entendent ,68.

Au total,

su

bæe de la population recensée, nous avons calculé un indice de dispariré.

Il

mesure le pourcenage de catholiques qui aura.ient dû changer de brmdres d'activ.ités pour que leur structue professionnelle devienne semblable

à celle des protestants. lJne valeur de jr,5 o/o en 1816 confirme sans fard que les premiers immigrés catholiques à Genève furent fortement discriminés sur le mrché du travail urbain. On ne saurait affirmer qu'i.ls le Âtent plus ou moins que d'auues

flu

d immigrés en d'autres temps et d'autres

lieu,

tels par exemple les ælèbres Auvergnats et Bretons du Pais du

:of

siècle. ?u conre, ce qui est sûr,

iest

que I'indice de discrimination est déjà tombéà21,6 o/o enrSzzetfniràr6,9 o/o en

1843. En excluæt les <

sm

acdvité > qui fausent quelque peu les résultaa, I'indice

passe de 27,4àt5,2 o/o entre 1816 et 1843. Lintégration socioprofessionnelle des eùoliques à Genève reste inachevée, mais en z7 ms, les progrès ont été rapides.

65 Nlichel 0ris, ( cultures de I'espace et cultures économiques parmi les populations urbaines liégeoises au xx" siècte. Une retecture de la problématique de I'intégration des immigrants ),

Les Chemins de la nîgration en Belgique et au Québec du xwf au s" siècle, Québec, MNH,

\995,p.77o.

66 Allred Perreroud, I o Po pul1tion de Genève..., p..2a3.

67 Paul Guichonnet, ( Le CuréVuarin et les Savotards à Genève )..., p. 1o4.

68 lbid-,p.ro7.

275

ô o ,o

1.

:,

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(10)

276

Ils

s'expliquent certainement par la monrée des premières générations catholiques qui se sentent pleinement genevoises, puisqu'eiles sont nées et

ont

grmdi

sur place. La part d'inconnue dans la détermination des

lieu

de-

naissance ou d'origine est très variable de recensement à recensement. Elle est inférieure à ro 7o en rSzz

etû37,

ce qui permet une analyse probante. Si

au

deux dates les protestants sont mæsivemenr nadfs de la ville même de Genève (61 à 64 o/o) ou du cmron de Vau d (t+ à

tl

Zo), les etholiques

eu

onr des origines plus diverses er qui évoluent au cours du temps.

Ea

rgzz, 3o,40/o viennent des actuels déparrements de

l'Ain,

de l'lsère, de la Savoie et Haute- Savoie, r7 o/o du reste de la

Fmce,

presque 18 o/o sont nés dans les communes catholiques anciennement sardes et françaises qui furent rattachées au cæton de Genève six ans aupilavant, et enfin un peu moins de 14 %o ont vu le jour dms

laville

de Genève. En 1837, le poids de ces derniers a exploséà27 o/o,ce qui signifie que plus d'un catholique sur quatre est désormais un Genevois de souche- Les apporrs français sonr resrés du même ordre, mais la contribution des campagnes catholiques genevoises s'est effondrée (5,7 o/o).

Figure 1. Origines et religions à Genève, 1B2z et 1837

représentées sur la figure z contrstent la

some

des effectifs recenss en 1816, 1822 et 1828 avec

ceu

de 1837 et 1843, et ce aûn de pouvoir nous bæer sur des nombres suffisants, surtout pour les catholiques en début de période. Selon la méthode classique, les chiffres bruts ont été ramenés à un référent de ro ooo habitants afin que les représentations graphiques soient compuables. En 1816- 1828, le conuæte entre les câtholiqus et les protestmts est évident. Les premiers comptent très peu de personnes âgées de 55 ms et plus (à peine 9 o/o vs. 16,5 o/o chez les protestants) et également peu de jeunes de moins de 15 ans (r5,7 0/o vs.

zr,7 7o). Nécessairement, ls.catholiques sont, dès lors, proportionnellementplus nombreu

prmi ls

adultes actifs, particulièrement entre r j et 44 æs, avec des

pis

p*ticulièremmt nets à z5-29 ans pour les

homes

et zo-29 ms Pour les femmes.

C'est le proÊl type que produit un

flu

de travailleurs immigrés, en l'occurence

avec me dominmte féminine qu explique le poids de la domesticité 6e. Le rappon de mæculinité des atholiques de zo-24 ms est à peine de t3 hommes pour Ioo femmes en 1816-1828, de 67 pour roo entre z5 et 34 ms. Ceci dir, Genève est bien une de ces u villes des femmes, typique de l'Europe urbaine pré-industrielle, puisque dms I'ensemble de la population protestanre, le ratio hommes/femmes

est mcore inférieur à celui des erioliques (8r vs. 89). Un tel déséquilibre des sexes, surtour parmi les jeunes adultes, crée dans les deux communautés reiigieuses un marché r:latrimonial très défavorable

au

femmes. Toujours en 1816-1828, à zy-29 ms, à peine 39 0/o des protestantes et 3t yo des cadroliques sont maiées, et

à 4o-44 ms,

lc

proportions ne sont encore, respectivement, gte de 6z et 54o/o- Le frein malthusien de l'accès au muiage est donc tiré à l'exuême, plus même chez

ls

n nouveaux o catholiques que cho Ies n

vieu

) protestants. C'est ce qui explique que les uns comme les aurres ont des pyramides à la base frêle. C'est cependmt aussi le résultat d'un néo-malùusimisme wident

(t'

page suivante), et, de ce point de rue, le comportement des couples catholiques dans la Genève du

ro{

siècle reste une énigme à déchiffrer.

Les structures de t837-1843 présentent'peu de diftrences. Du côté proæsrant, la population rajeunit

tmt

àla bæe qu'au sommet, en raison de la compensation progressive des pertes adultes dans les guerres napoléoniennes et d:une accenruation des apports migratoires en provenance de régions protestantes.

Parmi les catholiques, les

flu

resrenr soutenus comme

i'indiquent

les pics masculins à z5-34 ms er féminins à zo-29 ans. Ces nouveau venus sont encore plus souvent célibataires que leurs homologues de la période précédente, mais ils se surimposent à une population qui s'enracine, comme nous l'a montré

69 Antoinette Fauve-Chamoux et Richard Wall, o Nuptialité et fanille ), dans Jean-Pieûe Bardet et Jacques Dupâquier (éd s.), Histoire des papulations de I'Europe,Paris,Fayard,t.l,aggT, p.363.

277

Protestants 1822 lnconnue

65%

Prdestants {837

7%

17%

æ%

1822

100Â 5%

ville 1%

1A%

297.

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Catholiqqes 1837

6.6 90Â

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3 L

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3

Le processus de formation d'une sous-population

àprtir

de flumigratoires est encore plus trmsparent à travers les structures démographiques. Les pyramides

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