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Relations logiques et inférences logiques

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Texte intégral

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cours d’introduction à la logique, UniL, Philipp Blum 6 mars 2019

Points à retenir de la dernière leçon

1. La logique propositionnelle étudie les connecteurs propositionnels qui relient des phrases ; la logique des prédicats étudie en outre les quantificateurs, les relations et les fonctions.

2. Le connecteur principal d’une formule est le dernier évalué.

3. La syntaxe détermine quelles sont les formules bien formées d’une langue.

4. La sémantique donne les interprétations des signes ; elle leur associe une signification.

5. Selon le principe de vérifonctionnalité (pour la logique propositionnelle), les valeurs de vérité possibles d’une phrase complexe ne dépendent que des valeurs de vérité des phrases simples qui la constituent et des connecteurs qui les relient.

6. Une négation «¬p»est vraie si et seulement si «p»est faux.

7. Une conjonction «p∧q»est vraie si et seulement si «p»et «q »sont vrais ensemble.

8. Une disjonction «p∨q»est vraie si et seulement si au moins un de «p»et «q»est vrai.

9. Une implication «p→q»est vraie si et seulement si soit «p»est faux, soit «q»est vrai.

10. Une table de vérité détermine la signification d’un connecteur propositionnel en montrant de quelle manière la valeur de vérité d’une phrase complexe qui le contient dépend des valeurs de vérités de ses constituants simples.

Le langage-objet et le métalangage

Considérons :

(3.1) Paris est une jolie ville.

(3.2) « Paris » est mon mot préféré.

(3.3) «« Paris » est mon mot préféré. » est une phrase bien formée du métalangage.

(3.4) La phrase « Paris est une jolie ville. » est vraie.

(3.4) (3.1) est vrai.

(3.4′′) La première phrase mentionnée dans ce chapitre est vraie.

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Dire d’une phrase qu’elle est vraie, c’est la dire – ce principe de disquotation est formulé dans la célèbre « ConventionT» du logicien polonais Alfred Tarski :

(T) La phrase «p» est vraie si et seulement sip.

Je peux tout autant choisir l’allemand pour le langage-objet, l’anglais pour le métalangage et réserver le français au méta-métalangage :

(3.1) Paris ist eine schöne Stadt.

(3.2) « Paris » is my favourite word.

(3.3) «« Paris » is my favourite word. » est une phrase bien formée du métalangage.

Nous nous servons d’un métalangage pour donner des traductions :

(3.5) En allemand, l’expression « Strassburg » est utilisée pour désigner la ville de Strasbourg.

(3.6) « Paris ist eine schöne Stadt » est vrai si et seulement si Paris est une jolie ville.

De manière analogue à (3.1), (3.2) et (3.3), nous obtenons :

(3.1′′) Si j’étudie la logique, je serai heureux et sage ; j’étudie la logique ; donc je serai heureux et sage.

(3.2′′) « Si j’étudie la logique, je serai heureux et sage ; j’étudie la logique ; donc je serai heureux et sage » est valide.

(3.3′′) «« Si j’étudie la logique, je serai heureux et sage ; j’étudie la logique ; donc je serai heureux et sage » est valide. » est une phrase vraie.

(3.1′′) est une phrase du langage objet, (3.2′′) du métalangage et (3.3′′) du méta-métalangage.

(3.1′′) exprime un argument, dont (3.3′′) dit qu’il est valide, une assertion à laquelle (3.3′′) attribue une valeur de vérité.

Au lieu de (3.3′′) on peut donc aussi dire :

(3.3′′′) Il est vrai que « Si j’étudie la logique, je serai heureux et sage ; j’étudie la logique ; donc je serai heureux et sage » est valide.

(3.2′′′) Étant donné que si j’étudie la logique, je serai heureux et sage, et que j’étudie la logique, il s’ensuit que je serai heureux et sage.

En lieu et place de :

(3.7) « Sipalorsq» est vrai ssi si « p» est vrai alors «q» l’est aussi.

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nous pourrons donc maintenant dire (3.7) « p→q» est vrai ssi p=⇒q

Nous obtenons :

«¬p» est vrai ssi ∼p

«p∧q » est vrai ssi p&q

«p∨q » est vrai ssi p|| q

« p→q » est vrai ssi p = q

« p↔q » est vrai ssi p ⇐⇒ q

La validité et la vérité logique

Supposons qu’une inférence logique ait la forme suivante : (3.8) p. Etq. Mais aussir. Doncs.

Nous avons vu qu’on peut mettre cette inférence dans la forme suivante : (3.8)

pq r s

Étant donné la signification du connecteur «» (« et »), on peut également écrire l’inférence (3.8) comme suit :

(3.8′′) p∧q∧r s

Dire qu’un argument de cette forme est valide revient à dire que

(3.8′′′) Si «p», «q» et «r» sont vrais, alors « s» l’est également.

Si nous voulons savoir si l’inférence de laréduction à l’absurde::

(red) p→ ¬p

¬p

est valide, il faut voir s’il est possible que la prémisse «p→ ¬p» soit vraie et qu’en même temps la conclusion «¬p» soit fausse. Nous en faisons donc les tables de vérité :

p ¬p p→ ¬p

V F F

F V V

p ¬p

V F

F V

Nous observons qu’il n’y a pas de ligne dans le premier tableau (à gauche) qui contient un «V » et dont la ligne correspondante dans le deuxième tableau (à droite) contient un «F ». Nous en concluons qu’il n’y a pas de possibilité logique pour «p→ ¬p» d’être vrai et pour «¬p» d’être faux. L’inférence de la première phrase à la deuxième est donc valide.

Nous pouvons également vérifier la validité de l’argument en faisant la table de vérité de l’impli- cation matérielle de la prémisse à la conclusion :

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p ¬p p→ ¬p (p→ ¬p)→ ¬p

V F F V

F V V V

Nous avons la relation suivante entre ces deux notions clef : une phrase «q» est une conséquence logique («|= ») d’une autre («p») si et seulement si l’implication correspondante est une vérité logique :

p|=q ⇐⇒ |=p→q

On parle alors d’« implication formelle » :

implication matérielledeqparp ⇐⇒ «p→q» est vrai

( «pseulement siq ») (soit «p» est faux soit «q» est vrai) implication formelledeqparp ⇐⇒ «p→q» est une tautologie

( «q» est une conséquence sémantique (il n’est pas logiquement possible

de « p») que «p» soit vrai et « q» faux.)

Nous pouvons maintenant introduire une abréviation spécifique pour dire qu’un argument est valide :

« Un argument de la forme pq r

s est valide. » ⇝ «{p, q, r} |=s»

« Un argument de la forme

p∧q∧r

s est valide. » ⇝ «{p∧q∧r} |=s» Dans le cas où on n’a qu’une seule prémisse (par ex. une conjonction, comme dans le deuxième exemple précédent), nous pouvons omettre les crochets « { » et « } » : on écrira seulement

« p∧q∧r|=s».

Nous pouvons nous passer des guillemets et écrire : (3.9) p|=q

Si « p » représente « Anne est amoureuse de Jean » et que « q » représente « Anne est amoureuse de quelqu’un », alors (3.9) devient la phrase suivante :

(3.9) Il s’ensuit de l’affirmation qu’Anne est amoureuse de Jean que Anne est amoureuse de quelqu’un.

Étant donné qu’on se trouve dans le métalangage, une meilleure manière de dire que «q» est une conséquence logique de «p», serait la suivante :

(3.9′′) «p» |= «q»

Néanmoins, (3.9′′) pose un problème subtil. En logique, on l’a vu, on n’a pas seulement affaire à des arguments concrets, formulés dans le langage ordinaire (le français), mais à des schémas ou des squelettes d’arguments : on étudie laformedes arguments. Un argument n’est considéré comme valide que si tous les autres arguments ayant la même forme le sont aussi. Nous avons essayé de représenter cet aspect de généralité en remplaçant les phrases concrètes (« j’étudie la logique », « je serai heureux et sage » etc.) par des lettres appelés « schématiques » («p», «q» etc.) – et on a vu que les lettres qui substituaient ces phrases ordinaires étaient arbitraires.

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Obtenir la généralité par l’abstraction, cependant, pose problème au niveau du métalangage. Le problème vient du fait que l’on veut dire, par une assertion de la forme « p|=q » que, quelles que soient les phrases substituées pour «p» et « q» dans «p|=q», la phrase qui en résulte est vraie. Malheureusement, la phrase ««p» |= «q» » n’affirme pas cela – dans cette phrase, les noms de phrases «« p» » et «« q » » désignent des phrases précises. Puisque les phrases

« p» et « q» sont citées(mentionnées) dans (3.9′′), cette phrase ne parle que de ces phrases concrètes.

Tout d’abord, il faut introduire des noms pour des phrases dans notre langage objet. Nous introduisons des lettres minuscules grecques «ϕ » (prononciation : « phi »), « ψ » (« psi »),

« χ » (« chi ») et «ξ » (« xi ») pour parler des phrases de n’importe quelle complexité. «ϕ» est donc le nom d’un nom d’une phrase –ϕ est soit « p», soit «q », soit « p∧q » ou encore

« (p→q)∧r».

Au lieu de (3.9′′), nous dirons donc : (3.9′′′) ϕ|=ψ

(3.9′′′) résout notre problème : la phrase dit que n’importe quelle phrase est une conséquence sémantique de n’importe quelle autre (ce qui est, bien évidemment, faux). Substituons «p∧q» pourϕet «q» pourψ, nous en obtenons une instance vraie :

(3.9′′′′) «p∧q» |= «q»

La quasi-citation et les demi-crochets de Quine

Malheureusement, (3.9′′′) n’est pas la solution à tous nos problèmes. Si nous disions (3.10) ϕ∧ψ|=ϕ

nous ne pourrions plus substituer «ϕ» par «« Sam a faim » » et «ψ» par «« Marie veut se marier » » car dans ce cas-là nous aurions :

(3.10) « Sam a faim » « Marie veut se marier » |= « Sam a faim »

(3.10) est un non-sens, car «» relie des phrases et non pas des noms de phrases. Essayons la chose suivante :

(3.10′′) «ϕ∧ψ » |=ϕ

À ce propos, Quine a introduit ce que nous appellerons la « quasi-citation », qui se fait avec des demi-crochets, appelés « demi-crochets de Quine » (« Quine corners »). Nous stipulons simplement que l’expression

(3.11) ⌜ϕ∧ψ

désignera la formule qui commence avecϕ(c’est-à-dire la phrase arbitraire dénotée par « ϕ»), continue avec « » et finit par ψ. Utiliser les demi-crochets de Quine permet donc de créer un nom pour un certain type de phrases à partir d’autres noms, comme dans (3.11), où le nom

«⌜ϕ∧ψ⌝» est obtenu à partir des noms «ϕ» et «ψ». (3.11) nous permet de parler de toutes les expressions de n’importe quelle complexité, ayant une certaine forme (en l’occurrence, une forme conjonctive). De la même manière,⌜(µ)⌝ dénote le résultat de la mise entre parenthèses de l’expression µ. En d’autres mots, la raison d’être des demi-crochets de Quine c’est de nous

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permettre des expressions du langage objet ( «», «(» et «)», par exemple) à l’intérieur des expressions du méta-langage.

Si ϕest « Sam a faim » etψest « Marie veut se marier », alors⌜ϕ∧ψ⌝devient « Sam a faim et Marie veut se marier » (le nom de la phrase conjonctive). Nous pouvons, bien sûr, substituer ce que désigneϕ par la phrase «p» et ce qui désigneψ par la phrase «q », obtenant alors à partir de (3.11) l’expression suivante :

(3.11) «p∧q »

(3.11) est un nom de la conjonction des deux phrases simples, concrètes, qui parlent par exemple de la logique et du bonheur. Si nous abrégeons par « s» la phrase « le soleil brille », alors « p∧(q∧s)» est une autre instance de (3.11), qui parle du soleil, de la logique et du bonheur.

C’est avec ces demi-crochets que nous parvenons finalement à une formulation satisfaisante de (3.10) :

(3.10′′′)ϕ∧ψ|=ϕ

Si ϕdésigne « Sam a faim » et ψ désigne « Marie veut se marier », alors (3.10′′′) devient la phrase suivante :

(3.10′′′′) Étant donné que Sam a faim et que Marie veut se marier, il s’ensuit que Sam a faim.

Les tautologies et les contradictions

Une inférence logique est valide si et seulement s’il n’est pas logiquement possible que ses pré- misses soient vraies et sa conclusion, c’est-à-dire si toute attribution de valeurs de vérité à ses constituants simples qui rend vraies les prémisses rend également vraie la conclusion. Étant don- né la signification de l’implication matérielle « » – qu’elle est vraie s’il n’est pas le cas que l’antécédent est vrai et le conséquent faux – une inférence qui a «p» comme prémisse et «q» comme conclusion est valide si et seulement si «p→q» est une tautologie.

Nous appelons « contradiction » la négation d’une tautologie.

Comparons les deux paires de phrases suivantes :

(3.12) « La logique me rend heureuse. » et « La logique ne me rend pas heureuse. » (3.13) « La logique me rend heureuse. » et « La logique me rend malheureuse. »

Dans les deux cas, il est impossible que les deux phrases soient vraies (en même temps, pour la même personne). Mais il y a une différence :

1. Dans le premier cas (3.12), on peut conclure la vérité de la deuxième phrase par la fausseté de la première.

2. Dans le deuxième cas (3.13), on ne le peut pas : les deux phrases pourraient être fausses, par exemple dans le cas où la logique me laisse indifférente.

Les phrases de la première paire ne peuvent ni être vraies ensembles ni être fausses ensembles ; les phrases de la deuxième paire ne peuvent pas être vraies ensemble, mais elles peuvent être fausses ensemble.

Mis à part les relations de contradiction et de contrariété, la tradition a reconnu un troisième type d’opposition qui est la relation de sub-contrariété. Deux phrases sont sub-contraires si et

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seulement s’il n’est pas possible que les deux soient fausses ensemble, même s’il est possible qu’elles soient vraies ensemble. Les deux phrases « il y a une fête gratuite » et « il y a une fête qui n’est pas gratuite », par exemple, peuvent être vraies ensembles (s’il y a et des fêtes gratuites et des fêtes payantes), mais elles ne peuvent pas être fausses ensembles : il n’est pas possible que

« il y a une fête gratuite » soit faux (et donc qu’il n’y ait que des fêtes payantes) et que « il y a une fête qui n’est pas gratuite » soit aussi faux (et donc qu’il n’y ait pas de fêtes qui ne sont pas gratuites).1

Le carré des oppositions

Une manière de présenter les relations sémantiques parmi des phrases est ce qu’on appelle un

« carré des oppositions ». Le plus ancien de ces carrés, lié au nom d’Appulée (né +/- en 125 av. J.C.) se fait dans la logique syllogistique comme suit :

omnis [tous] omnis non (= nullus) [aucun]

non omnis non (= aliquis = nonnullus)

[quelqu’un]

non omnis (= aliquis non) [pas tous]

? ?

@@

@@

@@

@@

@@

contraire

subcontraire

subalterne subalterne

contradictoire

contradictoire

Nous pouvons caractériser les relations contradictoires, contraires et sub-contraires comme suit : Des phrases contradictoires ne peuvent pas être toutes deux vraies ou toutes deux fausses.

Des phrases contraires ne peuvent pas être toutes deux vraies.

Des phrases sub-contraires ne peuvent pas toutes deux fausses

La relation de subalternation est telle que : une phrase subalterne est nécessairement vraie si sa superalterne est vraie. C’est le cas des relations de haut en bas sur le carré des oppositions.

Cette relation est celle de la validité logique (il n’est jamais le Cas que, si l’antécédent est vrai, alors le conséquent est faux), et plus généralement de la conséquence sémantique.

On peut adapter le carré des oppositions d’Appulée à la logique propositionnelle comme suit :

p∧q ¬p∧ ¬q

p∨q p|q, la barre de Sheffer, définie par :







p q p|q

V V F

V F V

F V V

F F V







? ?

@@

@@

@@

@@

@@

contraire

sous-contraire

subalterne subalterne

contradictoire

contradictoire

On vérifie ce carré d’oppositions à l’aide des tables de vérité :

Contrariété : il n’y a pas d’interprétation qui rende «p∧q» et « ¬p∧ ¬q» vrais.

Sub-contrariété : il n’y a pas d’interprétation qui rende «p∨q» et «p|q» faux.

1. Il faut présupposer, pour pouvoir montrer que les deux phrases ne peuvent pas être fausses ensembles, qu’il y ait des fêtes. Ceci correspond à la présupposition que le domaine de quantification ne soit pas vide.

(8)

Subalternation : toute interprétation qui rend «p∧q» vrai, rend «p∨q» vrai.

Subalternation : toute interprétation qui rend «¬p∧ ¬q» vrai, rend «p|q» vrai. Où convér- sement : toute interprétation qui rend « p∨q»fausse, rend «p∧q»fausse.

Contradiction : une interprétation rend «p∧q» vrai si et seulement si elle rend «p|q» faux.

Contradiction : une interprétation rend «p∨q» vrai ssi elle rend «¬p∧ ¬q» faux.

Ces relations sémantiques entre phrases correspondent au caractère tautologique d’une certaine phrase complexe :

ψest une conséquence logique deϕ ψvrai siϕest vrai ⌜ϕ→ ¬ψ⌝ tautologie ϕetψsont logiquement équivalentes vrais ou faux ensembles ⌜ϕ↔ψ⌝ tautologie ϕetψsont contradictoires ni vrais ni faux ensembles ⌜¬(ϕ↔ψ)⌝tautologie ϕetψsont contraires pas vrais ensembles ⌜¬(ϕ∧ψ)⌝ tautologie ϕetψsont sub-contraires pas faux ensembles ⌜ϕ∨ψ⌝tautologie

Implication vs. conséquence

L’importance d’une distinction entre les deux relations est illustrée par un paradoxe qu’a soulevé pour la première fois Lewis Carroll, l’auteur de Alice au pays des merveilles, dans un article de deux pages (?). Achille, le personnage de l’histoire, veut convaincre la tortue de la vérité de

« q ». Il produit alors un argument du typeModus Ponens, dont la tortue accepte la vérité des prémisses :

p→p q q

La tortue, cependant, réplique que cet argument est unenthymème, qu’il y manque une prémisse, à savoir que «q» s’ensuit de «p» et de «p→q». En réponse, Achille est d’accord d’ajouter cela comme prémisse supplémentaire à l’inférence qui devient alors :

p→p q

(p(p→q))→q q

Mais la tortue n’est toujours pas convaincue que q. Elle est d’accord qu’il s’ensuit des trois prémisses – « (p(p q)) q », « p q » et « p »– que q, mais elle insiste pour qu’on rajoutece fait-cicomme prémisse. Achille la lui accorde et se trouve donc dans ce qu’on appelle une « régression à l’infini » ; il n’arrivera jamais à convaincre la tortue queq:

p→p q q

p→p q

(p∧p→q)→q q

p→p q

(p(p→q))→q

(p(p→q)∧((p(p→q))→q))→q

q . . .

La tortue a pu ridiculiser Achille grâce à l’absence de distinction entre la relation de conséquence logique, qui justifie la validité du schéma d’inférence qu’on appelle « modus ponens », et la relation d’implication matérielle.

Bien que la nature exacte de la ‘faute’ de la tortue est chaudement contestée, nous pouvons au moins dire que c’est, en partie au moins, qu’elle prend l’implication formelle (qui rend l’inférence valide) pour une implication matérielle (que l’on doit rajouter comme prémisse supplémentaire) et confond alors langage objet et métalangage. Ce noeud de réponse peut être supplémenté de différentes manières : nous pouvons, par exemple, répondre à la tortue

• que seule la vérité, mais pas la vérité logique de la prémisse supplémentaire est nécessaire

• qu’il ne s’agit pas d’uneprémissesupplémentaire, mais plutôt d’une condition de cadre

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Nous pouvons maintenant noter plusieurs propriétés de la relation de conséquence logique qu’on a appelée «|= » :

(perm) {p1, p2, . . . pn} |=r =⇒ {p2, p3, p1, . . . pn, . . . p7, . . .} |=r

i.e.ce n’est pas en changeant l’ordre des prémisses que l’on peut rendre un argument valide, non valide. Cette propriété depermutabilitéde la relation de conséquence logique nous apprend que les pouvoirs inférentiels d’une multitude de prémisses restent inchangé sous des permutations de cette multitude.

En second lieu, la conséquence logique est une relationmonotone: (mon) {p1, p2, . . . pn} |=r =⇒ {p1, p2, . . . pn, q1, q2, . . . qm} |=r

La validité est transitive :

(trans) {p1, . . . pn} |=r&{r, q1, . . . qn} |=s =⇒ {p1, . . . pn, q1, . . . qm} |=s La validité est réflexive :

(refl) {p1, p2, . . . pn} |=pi (pour toute phrasepi∈{p1, p2, . . .})

L’interdéfinissabilité des connecteurs

Une implication matérielle telle que «p→q » est vraie si et seulement si, soit « p» est faux, soit « q » est vrai. Nous pouvons formuler ses conditions de vérité en utilisant la disjonction :

«p→q» est vrai si et seulement si «¬p∨q» est vrai. Cette équivalence est une équivalence au niveau du métalangage : «p→q» est une conséquence logique de «¬p∨q» et «¬p∨q» est une conséquence logique de «p→q». En bref, leurs tables de vérité sont les mêmes. On parlera d’« équivalence logique ».

Nous remarquons d’autres équivalences logiques. Deux paires d’équivalences importantes sont appelées « lois de Morgan », d’après Auguste De Morgan (1806–1871). En voici une formulation préliminaire :

¬(p∧q) ⇐⇒ ¬p∨ ¬q

¬(p∨q) ⇐⇒ ¬p∧ ¬q

Il faut bien interpréter ces équivalences. L’utilisation de la flèche double «⇐⇒ » signifie qu’il s’agit d’assertions du métalangage. Bien que les équivalences matérielles «(¬(p∧q))↔(¬p∨¬q)» et «(¬(p∨q))↔(¬p∧ ¬q)» soient également vraies, les lois de Morgan font une assertion plus forte, à savoir que ces équivalences matérielles sont non seulement vraies mais aussi tautologiques.

Les lois de Morgan sont parfaitement générales : elles ne signifient non seulement, comme notre formulation le veut, que la table de vérité de la négation d’une conjonction dephrases simplesest équivalente à la disjonction des négations de ces phrases simples, mais elles s’appliquent à toutes les phrases, complexes et simples. Si nous utilisons les lettres minuscules grecques pour signifier ces phrases d’une complexité arbitraire et les demi-crochets de Quine pour construire des noms

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de phrases ayant une certaine forme, on obtient la formulation correcte :

⌜¬(ϕ∧ψ)⇐⇒ ⌜¬ϕ∨ ¬ψ

⌜¬(ϕ∨ψ)⇐⇒ ⌜¬ϕ∧ ¬ψ

Nous pouvons donc maintenant constater que les connecteurs propositionnels introduits ne sont pas tous indépendants (qu’ils peuvent être définis en d’autres termes) :

1. Si l’on ne prenait que « ¬ » et « » comme primitifs, nous pourrions définir les autres comme suit :

ϕ∨ψ⌝ :⇐⇒ ⌜¬(¬ϕ∧ ¬ψ)

ϕ→ψ⌝ :⇐⇒ ⌜¬(ϕ∧ ¬ψ)

ϕ↔ψ⌝ :⇐⇒ ⌜¬(ϕ∧ ¬ψ)∧ ¬(¬ϕ∧ψ)

2. On pourrait aussine prendre que «¬» et «» comme primitifs , et définir les autres en ces termes.

3. Si on ne prenait que «¬» et «» comme primitifs, on pourrait définir les autres comme suit :

ϕ∧ψ⌝ :⇐⇒ ⌜¬(ϕ→ ¬ψ)

ϕ∨ψ⌝ :⇐⇒ ⌜¬ϕ→ψ

ϕ↔ψ⇐⇒ ⌜(ϕ→ψ)∧→ϕ)⌝ :⇐⇒ ⌜¬((ϕ→ψ)→ ¬→ϕ))

Les équivalences logiques ne nous servent pas seulement à réduire le nombre de connecteurs primitifs (c’est-à-dire ceux qui ne sont pas définis en termes d’autres connecteurs), mais elles sont également utiles pour la simplification de formules difficiles.

1. La conjonction et la disjonction sont commutatives ; «p∧q» et «q∧p» sont équivalentes, ainsi que «p∨q » et «q∨p» :

ϕ∧ψ⇐⇒ψ∧ϕ

ϕ∨ψ⇐⇒ψ∨ϕ

2. Une autre ‘loi’ (équivalence logique générale) nous permet de distribuer la conjonction sur une disjonction et vice versa :

ϕ∨∧χ)⇐⇒ ⌜(ϕ∨ψ)∧∨χ)

ϕ∧∨χ)⇐⇒ ⌜(ϕ∧ψ)∨∧χ)

Cette loi, comme son équivalent en algèbre «x(y+z+. . .+w) = xy+xz+. . . +xw », nous permet de ‹ factoriser › , c’est-à-dire de transformer

(p∨t)∧(q∨r∨s) en

(p∧q)∨(p∧r)∨(p∧s)∨(t∧q)∨(t∧r)∨(t∧s)

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3. Étant donné ce que nous avons dit des tautologies et des contradictions, il est toujours possible d’omettre une tautologie qui apparaît à l’intérieur d’une conjonction et une contra- diction à l’intérieur d’une disjonction :

ϕ∧∨ ¬ψ)⇐⇒ ϕ

ϕ∨∧ ¬ψ)⇐⇒ ϕ

4. D’autres simplifications sont rendues possibles par le fait que ϕest équivalent à toutes les phrases suivantes :

⌜¬¬ϕ,ϕ∧ϕ,ϕ∨ϕ,ϕ∨∧ψ),ϕ∧∨ψ), ⌜(ϕ∧ψ)∨∧¬ψ), ⌜(ϕ∨ψ)∧∨¬ψ)⌝ Cette dernière observation donne de la substance à notre affirmation que si une langue contient une phrase et un de ces connecteurs, alors elle contient automatiquement une infinité de phrases.

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