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Aperçu des politiques et stratégies industrielles en Afrique

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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15-01121

Conseil économique et social

Distr. générale 30 novembre 2015 Français

Original: anglais

Commission économique pour l’Afrique

Comité de la coopération et de l’intégration régionales Neuvième session

Addis-Abeba, 7-9 décembre 2015

Aperçu des politiques et stratégies industrielles en Afrique

Juillet 2015 I. Introduction

1. Durant la dernière décennie, l’Afrique a connu un des niveaux les plus élevés de croissance du PIB dans le monde, ce taux se situant pendant la période 2001 - 2008 entre 5 et 10 %. Cependant, les progrès économiques du continent ont rarement abouti à une industrialisation et à la création d’emplois de qualité et de chaînes de valeur liées aux industries extractives.

2. Divers obstacles, allant du déficit en infrastructures et en capital humain à un accès insuffisant au financement et aux nouvelles technologies, entravent la croissance et l’expansion de l’industrie sur le continent. La part de l’industrie manufacturière – un sous-secteur de l’industrie qui est souvent source d’une forte productivité – dans le PIB a chuté en Afrique, hors Afrique du Nord, de 15,4 % du PIB en 1990 à 11 % en 20131. L’Afrique contribue actuellement pour moins de 2 % aux exportations mondiales de produits manufacturés.

3. L’histoire du développement met en évidence les dangers d’une croissance économique qui ne s’accompagne pas d’un développement industriel et d’une transformation structurelle. Les effets de la crise économique mondiale sur les partenaires commerciaux et ceux de cours des produits de base qui ont considérablement baissé menacent la viabilité d’un modèle économique reposant sur des produits de base à faible valeur ajoutée.

4. Le présent document contient une analyse de l’état du développement industriel sur le continent. Cette analyse est suivie d’un examen des politiques industrielles actuelles de six pays africains de différentes régions et se trouvant à divers degrés de développement : le Gabon, le Maroc, le Rwanda, le Sénégal, le Swaziland et la Zambie. Enfin, le document contient des conclusions sur les défis communs qu’ont à relever les pays africains examinés et le continent dans

1Analyse par la CEA de données des indicateurs du développement dans le monde.

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son ensemble pour parvenir à l’industrialisation, et des recommandations concrètes.

5. Les six études de cas sont fondés à la fois sur des recherches documentaires et sur les résultats de missions menées sur le terrain par le personnel de la CEA dans les six pays.

II. Aperçu du développement industriel en Afrique

6. La récente croissance économique enregistrée par l’Afrique a reposé sur des cours mondiaux des produits de base relativement élevés, une demande intérieure en plein essor et une meilleure gouvernance économique.

7. L’industrialisation a toutefois eu un rôle négligeable dans la récente croissance qu’a connue l’Afrique. La part de l’industrie dans le PIB a augmenté au début des années 2000, passant d’une moyenne de 24,6 % du PIB en 2001 à 29,6 % en 2012.

8. La part de la valeur ajoutée manufacturière mondiale de l’Afrique est restée inchangée durant la dernière décennie, s’élevant à juste 1,5 % en 20132.Du fait d’une industrialisation stagnante et de la croissance anémique du secteur manufacturier, la croissance économique de l’Afrique ne s’est pas traduite par la création de plus d’emplois pour sa population active croissante et pour sa classe moyenne instruite.

A. Obstacles à l’industrialisation de l’Afrique

9. La présente section contient un examen de certains des principaux obstacles à l’industrialisation de l’Afrique3.

10. Premièrement, l’Afrique ne dispose pas d’infrastructures adéquates. Le transport des biens et des personnes sur le continent prend plus de temps et reste plus compliqué que partout ailleurs dans le monde. Pour remédier au déficit d’infrastructures, l’Afrique devrait dépenser 93 milliards de dollars des États- Unis par an dans les domaines de l’électricité, de l’eau, des routes et des technologies de l’information et des communications4.

11. Deuxièmement, le continent ne tire pas pleinement parti des possibilités qu’offre le commerce. Seules 12 % à peine des importations des pays africains provenaient de leurs partenaires africains en 2014. Parmi les barrières au commerce entre pays africains, on peut citer la médiocrité des infrastructures, l’appartenance à divers arrangements commerciaux régionaux dont les champs d’application se chevauchent et les coûts élevés des échanges entre pays africains (actuellement légèrement moins élevés que le coût des échanges entre l’Afrique et le reste du monde5).

2 Organisation des Nations Unies pour le développement, Annuaire international de statistiques industrielles, 2014 (Genève, 2014).

3 Carlos Lopez, Secrétaire général adjoint et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, « Fabriqué en Afrique ? », allocution prononcée à la réunion EmN et Africa du Réseau marchés émergents du secteur privé de l’OCDE, Paris, 7 octobre 2014.

4 Banque mondiale, Infrastructures africaines: Une transformation impérative (Washington D.C., 2009).

Disponible à l’adresse :

http://siteresources.worldbank.org/INTAFRICA/Resources/aicd_overview_english_no-embargo.pdf.

5 Commission économique pour l’Afrique, Facilitation des économies dans une perspective africaine (Addis- Abeba, 2013).

Version anglaise disponible à l’adresse :

http://www.uneca.org/sites/default/files/PublicationFiles/trade _facilitation_eng.pdf

.

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3 12. Troisièmement, l’Afrique doit exploiter l’énorme potentiel de ses

secteurs des ressources, à savoir ceux de l’exploitation minière et de l’agriculture. En 2009-10, les produits de base ont représenté jusqu’à 81 % des recettes d’exportation de l’Afrique. En 2012, 87 % des importations de denrées alimentaires de l’Afrique provenaient de pays non africains6. Le Nigéria et les autres pays africains riches en pétrole ont tendance à exporter du pétrole brut surtout hors du continent et à ensuite importer des produits pétroliers raffinés.

13. Enfin, un environnement des entreprises fragile et peu favorable continue de compromettre la croissance en Afrique. Bien que le nombre de guerres ait considérablement diminué ces dernières années7, les conflits régionalisés et les menaces terroristes continuent de saper le développement des entreprises en Afrique. La crise Ebola a servi à rappeler que les médiocres systèmes de fourniture de soins de santé et d’information sur la santé du continent expose nt celui-ci à d’importants risques épidémiques.

B. Tendances favorables au développement industriel de l’Afrique

14. En dépit des difficultés qui viennent d’être évoquées, l’Afrique peut mettre à profit certaines tendances positives pour son industrialisation.

L’Afrique attire de plus en plus d’investissements étrangers8, dont le montant devrait atteindre 55 milliards de dollars d’ici à la fin de 2015, soit 20 % de plus qu’en 20109. On estime que, en fin 2014 déjà, les sociétés privées de capital- investissement disposaient d’actifs en Afrique valant 25 milliards, dans un large éventail de secteurs10. Les fonds souverains, les fonds de pension, les banques internationales et les multinationales aussi deviennent des sources de financement de plus en plus importantes pour l’Afrique.

15. Le dividende démographique de l’Afrique pourrait lui donner un avantage comparatif dans les années à venir. Plus de la moitié de la population africaine a moins de 20 ans. La population active de l’Afrique était de 460 millions de personnes en 2010 et devrait être de presque 800 millions de personnes d’ici à 2030. Les coûts de main-d’œuvre sont en augmentation rapide en Chine (de 20 % entre 2007 et 2011 uniquement)11, du fait de la diminution croissante de sa population active jeune, et l’Afrique a la possibilité de remplacer la Chine en tant que principal pôle manufacturier mondial.

16. La classe moyenne africaine a crû de 3,1 % par an au cours des trois dernières décennies et comptait 350 millions de personnes, soit 34 % de la population totale de l’Afrique, en 201012. La classe moyenne croissante tirera le développement du secteur privé et accroîtra les dépenses de consommation,

6Analyse par la CEA de statistiques de la CNUCED.

7 « Civil wars: the picture in Africa », The Economist, 13 novembre 2013.

8 Katrina Manson, « Emerging Africa: how the global economy’s last frontier can prosper and matter », par Kingsley Chiedu Moghalu. Financial Times, 21 septembre 2014.

9 « Investment in Africa », The Economist, 30 mai 2015. Version anglaise disponible à l’adresse:

http://www.economist.com/news/economic-and-financial-indicators/21652274-investment-africa.

10« The New Africa ». The Financial Times, 5 octobre 2014. Disponible à l’adresse : http://www.ft.com/intl/reports/new-africa.

11 Paul Callan et Sanchali Pan, « The burgeoning opportunity in Ethiopia’s factories », ThisisAfrica.com, 3 février 2014.

12 Banque africaine de développement, « Le milieu de la pyramide : Dynamique de la classe moyenne en Afrique », Étude de marché succincte, 20 avril 2011. Disponible à l’adresse :

http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/The%20Middle%20of%20the%20P yramid_The%20Middle%20of%20the%20Pyramid.pdf.

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qui devraient doubler entre 2010 et 2020 pour atteindre 2,1 trillions de dollars d’ici à 202013.

C. Aperçu de l’industrialisation en Afrique

17. La présente section donne un aperçu de l’état du développement industriel en Afrique, en mettant l’accent sur les industries manufacturière et de ressources14.

18. Si les pays à revenu élevé sont aujourd’hui généralement industrialisés, la plupart des pays africains ne sont engagés que maintenant dans le processus d’industrialisation. La figure 1 et la figure 2 ci-après montrent les parts des trois secteurs économiques principaux et du secteur manufacturier dans le PIB des pays africains.

13 Sur la base des estimations d’Euromonitor dans Bain Consumer ProductsBrief. Disponible à l’adresse : http://www.bain.com/Images/INDUSTRY_BRIEF_Growing_with_Africas_consumers.pdf.

14 D’un point de vue statistique, l’industrie couvre les activités d’exploitation minière et de carrières, celles du secteur manufacturier, les services publics, y compris les secteurs de l’énergie et de l’eau, et celui du bâtiment. Catégories de classification C-F dans CITI, révision 3, et B-F dans CITI, révision 4, où « CITI » signifie Classification internationale type, par industrie, de toutes les branches d’activité économique.

Disponible à l’adresse : http://unstats.un.org/unsd/cr/registry/regcst.asp?Cl=27.

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5 Figure 1

Structure de la production dans les pays africains, l’ordre étant déterminé par l’importance de la part de l’industrie, 2012

Figure 2

Part de l’industrie et du secteur manufacturier dans le PIB, l’ordre étant déterminé par la part du secteur

manufacturier, 2012

Source: Analyse par la CEA de données 2014 de l’Annuaire statistique pour l’Afrique.

Abréviations: RCA: République centrafricaine, RDC : République démocratique du Congo, Sao Tomé : Sao Tomé-et-Principe, Tanzanie : République unie de Tanzanie.

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19. Il est à remarquer que huit des neuf pays qui comptent les parts les plus élevées de l’industrie sur le continent (le Swaziland constituant l’exception) sont riches en ressources. Les parts élevées de l’industrie sont probablement donc tirées par d’importants secteurs miniers et pétroliers. Sur les 10 pays africains qui comptent les parts les plus élevées du secteur manufacturier, un seul (la RDC) est riche en ressources.

20. Les services constituent le secteur le plus vaste dans la majorité des pays africains. Les pays du continent ayant une part relativement élevée de services dans le PIB tendent à être pauvres en ressources : la corrélation entre l’indice des rentes tirées des ressources naturelles établi par la Banque mondiale15 et la part des services dans le PIB est forte et négative, à -0,7316.Cela amène à penser que les pays riches en ressources tendent à développer davantage leurs industries (telles que l’exploitation minière et le pétrole) que leurs services.

21. La figure 3 ci-après montre la répartition par secteur des emplois dans les pays africains où de telles données sont disponibles pour les dernières années. La part de l’industrie dans le PIB tend à être plus élevée que la part de l’industrie dans le nombre d’emplois. Par exemple, en Ouganda, 27,9 % du PIB provient des activités industrielles, tandis que 6 % seulement des emplois du secteur structuré sont fournis par l’industrie17. Ceci met en évidence le fait qu’une grande partie des économies africaines est constituée d’activités industrielles – à savoir l’exploitation minière - qui créent un nombre relativement faible d’emplois.

Figure 3

Structure de l’emploi dans des pays africains choisis, 2009-2012

Source des données : Analyse par la CEA des indicateurs du développement dans le monde.

Version anglaise disponible à l’adresse :

http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

Notes: Année des données entre parenthèses : Algérie (2011), Cameroun (2010), Égypte (2011), Ghana (2010), Libéria (2010), Maurice (2012), Maroc (2012), Namibie (2012), Tunisie (2011), Afrique du Sud (2011), Ouganda (2009).

15 L’indice des rentes totales des ressources naturelles de la Banque mondiale montre le total des rentes tirées de tous les types de ressources naturelles, notamment le pétrole, le gaz naturel, le charbon, les rentes tirées des ressources minérales et des forêts en tant que part du PIB. Les rentes sont définies comme la différence entre la valeur de production calculée aux cours mondiaux et les coûts totaux de production.

16 Analyse par la CEA de données de la Banque mondiale et de l’Annuaire statistique pour l’Afrique.

17 Banque mondiale, indicateurs de développement dans le monde. Disponible à l’adresse : http://data.worldbank.org/data-catalog/world-development-indicators.

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D. Secteur manufacturier

1. Production et nombre d’emplois

22. Les pays africains demeurent des acteurs marginaux sur les marchés nationaux et internationaux des produits manufacturés, avec une part négligeable dans la production manufacturière et les exportations de produits manufacturés dans le monde, même comparativement à d’autres pays en développement18. Vingt pays africains ont une part du secteur manufacturier dans le PIB supérieur à 10 %, et six pays seulement ont une part de ce secteur supérieure à 15 % dans la production totale. Il s’agit du Swaziland (43 %), de la République démocratique du Congo (22,7 %), de la Tunisie (17 %), de Maurice (16,7 %), du Maroc (15,9 %) et de l’Égypte (15,8 %)19.

23. La transformation des produits primaires du secteur agricole domine les activités manufacturières dans la plupart des pays africains. Les pays européens sont la principale destination de tous les types d’exportations. La récession en Europe a entraîné une baisse de la demande de produits africains.

2. Productivité et compétitivité à l’échelle internationale

24. En Afrique, hors Afrique du Nord, les entreprises du secteur structuré contribuent pour une faible part au nombre total d’emplois dans la région, mais sont la principale source d’exportations de produits manufacturés20.

25. Les coûts de main-d’œuvre sont relativement faibles en Afrique, hors Afrique du Nord, s’élevant à 1 464 dollars par travailleur en moyenne, mais il en est de même de la productivité du travail (4 737 dollars par travailleur, la deuxième la plus faible au monde, après l’Asie du Sud ). Les coûts unitaires de main-d’œuvre sont semblables, en moyenne, à ceux des principaux concurrents de l’Afrique dans le secteur manufacturier. En Afrique, ils s’élèvent à 33 % de la valeur ajoutée, contre 39,9 % en Asie du Sud et 31,7 % en Asie de l’Est. Si l’on tient compte du revenu par tête d’habitant, les entreprises en Afrique, hors Afrique du Nord, semblent être plus productives que les entreprises similaires d’autres régions.

26. En dépit de cette conclusion encourageante, à partir de 2012, seule une minorité de pays africains étaient des producteurs importants de produits manufacturés selon les données de l’ONUDI21.Une exception notable est l’Afrique du Sud, qui était le dixième plus grand producteur mondial d’articles d’habillement, avec 1,5 % de la production mondiale.

27. Un petit nombre de pays africains ont jusqu’ici obtenu de bons résultats dans le domaine des exportations orientées vers les produits manufacturés. Les statistiques montrent que l’Afrique reste un acteur marginal du commerce mondial. La part de l’Afrique dans les exportations mondiales a chuté de 4,9 % dans les années 70 à 2,8 % dans les années 2000, tandis que la part du continent dans les importations mondiales a baissé de 4,3 % à 2,5 % durant la même période22.

18 Commission économique pour l’Afrique, Rapport économique sur l’Afrique 2014 (Addis-Abeba, 2014).

Disponible à l’adresse : http://www.uneca.org/publications/economic-report-africa-2014.

19 Banque africaine de développement et autres, Annuaire statistique pour l’Afrique (Tunis, 2014).

20 George Clarke, « Wages and Productivity in Manufacturing in Africa: Some Stylized Facts », Document d’information V pour la Banque mondiale, L’industrie légère en Afrique (Washington D.C. 2012).

Disponible à l’adresse : http://siteresources.worldbank.org/DEC/Resources/VolumeIIIPaper5.pdf.

21Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, Annuaire international de statistiques industrielles (Genève, 2014).

22Analyse de la CEA fondée sur les données de la CNUCED.

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28. Les pays exportateurs de pétrole23 tirent leurs recettes d’exportation principalement des combustibles, tandis que les produits manufacturés ne représentent en moyenne que 3,9 % seulement du total de leurs exportations.

Dans le même temps, les produits manufacturés entrent pour 14,2 % et 26,8 % dans le total des exportations respectivement des pays africains riches en ressources minérales24et de ceux qui ne sont pas riches en ressources minérales25.

29. En termes absolus, les 10 plus importants exportateurs africains de produits manufacturés en 2012 étaient l’Afrique du Sud, le Maroc, la Tunisie, l’Égypte, le Kenya, le Nigéria, Maurice, la Zambie, la Libye et la Côte d’Ivoire.

Ces pays contribuent à hauteur de 85,9 % au total des exportations de produits manufacturés de l’Afrique.

23Les exportateurs de pétrole sont les pays qui exportent au moins 20 % de plus de pétrole qu’ils n’en importent et sont les pays suivants : Algérie, Angola, Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Guinée équatoriale, Libye, Nigéria, République du Congo et Tchad.

24 Les pays riches en ressources minérales sont ceux dans lesquels les exportations de ressources minérales représentent plus de 20 % du total des exportations et sont les pays suivants : Afrique du Sud, Botswana, Ghana, Guinée, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Niger, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sierra Leone, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe.

25 Analyse de la CEA fondée sur des données de la CNUCED.

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9 Figure 4

Part de groupes de produits dans le total des

exportations, l’ordre étant déterminé par l’importance de la part des produits manufacturés, 2012

Figure 5

Facilité de faire des affaires et facilité du commerce transfrontière, 2015

Source des données : Analyse par la CEA de données de la CNUCED et de la Banque mondiale.

Abréviations: RCA: République centrafricaine, RDC : République démocratique du Congo, Sao Tomé : Sao Tomé -et-Principe, Tanzanie : République unie de Tanzanie.

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III. Gabon: promotion de l’industrialisation au niveau le plus élevé

30. Le pétrole domine l’économie gabonaise, avec une contribution de 46 % au PIB nominal en 2009, une moyenne de 59 % des recettes budgétaires entre 2002 et 2009 et près de trois quarts des exportations durant la même période26. Le bois et le manganèse sont d’autres secteurs clés pour le pays. La part du secteur manufacturier dans le PIB a été faible, avec environ une moyenne de 5 % au cours des cinq dernières années. Les services représentent 28,9 % du PIB. L’immobilier et les télécommunications sont aussi des secteurs importants.

L’économie gabonaise présente toutes les caractéristiques d’une économie de rente, avec peu de création d’emplois, des exportations principalement tirées par les matières premières et une forte dépendance des recettes pétrolières. La croissance économique a été très instable dans tous les secteurs au cours de la dernière décennie.

31. La stratégie de développement du Gabon repose sur trois piliers : l’industrie, les services et le « Gabon Vert ». Le pilier industriel promeut le développement local des matières premières, l’exportation de produits avec une forte valeur ajoutée et la diversification de l’économie. Le pays a été longtemps tributaire du pétrole et du gaz comme principales sources de revenu, mais le Gabon est conscient de la durée limitée dans le temps de ces ressources et s’attache à poursuivre le développement proactif et durable d’autres sources de richesse naturelle, y compris l’exploitation minière et la production d’énergie.

Le pays veut investir dans la production du gaz naturel et de l’hydroélectricité ainsi que dans celle des énergies renouvelables. Le but visé est de réduire progressivement la production d’électricité à partir de combustibles fossiles et d’atteindre les objectifs définis dans la politique du « Gabon Vert ». Trois barrages hydroélectriques et une centrale au gaz sont actuellement en cours de construction.

32. Le Gouvernement est en train de créer des zones économiques spéciales qui stimuleront la croissance et attireront des investisseurs. Deux zones ont été créées jusqu’ici : la zone économique spéciale de Nkok, principalement dédiée à l’industrie du bois et proche de la capitale Libreville, et la zone spéciale de dégrèvement fiscal sur l’île de Mandji, juste à côté de la capitale économique du Gabon, Port-Gentil. Cette zone est dédiée à l’industrie pétrochimique et comprend une usine de fabrication d’engrais à partir du gaz naturel.

33. Quelques obstacles entravent la transition du pays vers la catégorie des économies émergentes. Le Gabon a besoin d’améliorer le climat des affaires, de moderniser ses infrastructures et de promouvoir les bonnes pratiques dans le secteur des ressources naturelles. À titre d’exemple du manque de transparence qui nuit au secteur minier du pays, l’Initiative de transparence des industries extractives (ITIE) a décidé en février 2013 d’exclure le Gabon pour non-respect des dates limites fixées par l’ITIE pour la soumission des comptes.

34. Le secteur privé rencontre des difficultés liées à l’accès au marché, au financement et à la pénurie de ressources humaines qualifiées. Les petites et moyennes industries gabonaises doivent améliorer leurs capacités productives afin d’être compétitives et de pouvoir créer de la valeur ajoutée pour les ressources du pays.

26 BAD 2014.

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IV. Maroc: se lancer dans de nouvelles branches manufacturières

35. Le Maroc a enregistré une croissance remarquable durant la dernière décennie, grâce à la stabilité des fondamentaux économiques et à la mise en œuvre de politiques solides, ce qui a aidé à stabiliser l’économie.

36. En 2005, le Maroc a adopté le Plan d’urgence visant à accroître la croissance économique de 1,6 % par an pendant les 10 années suivantes, ce qui devait permettre de créer 440 000 nouveaux emplois directs et indirects. Le Plan reposait sur les résultats de l’analyse de 12 chaînes de valeur industrielles et de 77 sous-industries. Il recensait les forces et les faiblesses du pays dans des domaines comme le coût des intrants, le capital humain, la fiscalité, l’accès aux marchés et le coût du financement comparativement à un échantillon d’autres pays.

37. La mise en œuvre du Plan d’urgence a été entravée par les conséquences de la crise économique et financière mondiale. Une version remaniée et plus complète du plan, le « Pacte national pour l’émergence industrielle » (PNEI) a été adoptée pour la période 2009-15. Le PNEI a été consacré aux industries, aux services et aux nouvelles technologies. Cette stratégie a encouragé l’investissement dans l’industrie, la consolidation des entreprises marocaines et l’expansion vers de nouvelles niches industrielles et de nouveaux marchés grâce à l’utilisation de technologies novatrices.

38. Le PNEI du Maroc repose sur deux piliers. Le premier consiste à donner une impulsion aux industries dans lesquelles le pays dispose d’un avantage comparatif. Six secteurs ont été choisis en tant que moteurs de croissance et dénommés « les nouveaux métiers mondiaux du Maroc » : la fourniture d’emplacements offshore à des entreprises étrangères, l’industrie agroalimentaire, les textiles, l’automobile, l’aéronautique et l’électronique.

39. Le deuxième pilier consiste à renforcer la compétitivité des PME, au moyen de deux plans d’appui, Imitiaz [Excellence] et Moussanada [Soutien].

Le plan Imitiaz fournit un appui financier aux PME les plus prometteuses et leur permet de se développer en termes de taille, de rentabilité et de création de valeur ajoutée, en subventionnant leurs programmes d’investissement pendant une période de trois ans. Le plan Moussanada a pour objet de subventionner des projets des PME en vue d’améliorer leur productivité.

40. En 2014, le Gouvernement a adopté une nouvelle stratégie industrielle pour 2014-2020, en mettant l’accent sur 10 mesures phares, dont notamment la création d’écosystèmes industriels, la réduction du poids du secteur informel, la soumission de l’octroi de contrats publics à des opérateurs étrangers à la présentation d’une preuve de transfert de technologie, la création d’un fonds de développement industriel et le soutien aux industries réductrices d’importations. La nouvelle feuille de route vise à accroître la part des produits manufacturés dans le PIB en la portant à 23 % et à créer 500 000 emplois.

41. Le Maroc dispose d’un des secteurs financiers les plus robustes et les mieux structurés d’Afrique, qui s’ajoute à une solide base d’infrastructures.

Néanmoins, dans l’ensemble, la performance du secteur manufacturier a été plutôt décevante, en particulier s’agissant des attentes suscitées par les divers plans de développement industriel. Au total, le Pacte n’a pas renversé la tendance à la baisse de la part de la valeur ajoutée manufacturière dans le PIB, celle-ci ayant baissé à 14,7 % en 2011 alors qu’elle était de 17,3 % en 2003.

42. La transformation structurelle grâce au développement industriel a été considérée comme prioritaire au plus haut niveau gouvernemental. Le pays cherche à lever les barrières qui l’empêchent d’accéder à la catégorie des pays à revenu intermédiaire et de transformer son économie en économie émergente en consacrant toutes ses ressources à l’industrialisation. Si les efforts du Maroc

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sont couronnés de succès dans les quelques décennies à venir, ce pays pourrait devenir un exemple de meilleure pratique pour ses frères pays africains.

V. Rwanda: une transformation économique reposant sur les services

43. Le Rwanda a enregistré une moyenne de croissance annuelle de 8,2 % durant les 10 dernières années et s’est classé 46e dans le monde en 2015 pour ce qui était de la facilité de faire des affaires, n’étant devancé que par Maurice en Afrique et se classant devant des pays développés comme l’Italie et le Luxembourg. Le Gouvernement a poursuivi ses efforts de réformes orientées vers le marché, en essayant de faire du Rwanda un pôle régional d’activités commerciales et de services. Un solide leadership et le respect de l’obligation redditionnelle ainsi qu’une orientation intelligente de l’aide au développement ont permis d’obtenir de tels résultats. Les chefs des institutions publiques signent des contrats de performance, connus sous le nom d’imihigo, avec le bureau du Premier Ministre et prennent l’engagement d’atteindre certains objectifs au regard desquels ils font l’objet d’une évaluation. Des contrats de même nature sont conclus entre les employés des institutions publiques et les chefs desdites institutions. Cette manière de procéder a favorisé l’instauration d’une discipline et d’un système méritocratique que l’on voit rarement dans d’autres pays africains à faible revenu.

44. En 2000, le Rwanda a lancé « Vision 2020 », dans le but de passer d’ici à 2020 dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire (revenu par tête d’habitant se situant juste au-dessus de 1 000 dollars). Dans cette stratégie, l’accent est mis sur le développement d’un secteur privé dynamique et le Gouvernement a réformé l’environnement réglementaire pour attirer les investisseurs privés. En 2008, le Gouvernement a créé une solide entité, le Rwanda Development Board (Conseil rwandais pour le développement), qui a pour mission d’accélérer le développement économique du pays en contribuant à la croissance du secteur privé.

45. Le développement du secteur manufacturier constitue un défi à relever pour le Rwanda, compte tenu de sa situation de pays sans littoral, des barrières non tarifaires qui continuent d’entraver les échanges au sein de la CAE et des faiblesses dans le domaine des infrastructures de transport qui renchéri ssent le coût des importations du pays. Face à ces problèmes, le Gouvernement est en train de cibler les sous-secteurs des services, notamment les TIC, le tourisme et les finances, pour stimuler la croissance.

46. La contribution du secteur manufacturier au PIB du Rwanda a considérablement baissé durant les 20 dernières années, chutant de 11,5 % du PIB en 1993 à 4,7 % en 201327. En 2010, l’industrie employait à peine 5 % de la population active du Rwanda28, dont 77 % dans le secteur manufacturier. Les principaux instruments qui orientent la politique industrielle du Rwanda sont la Rwanda Manufacturing Sector Strategy (Stratégie du Rwanda dans le secteur manufacturier) (2008), la National Export Strategy (Stratégie nationale en matière d’exportations), la SME Policy (Politique relative aux PME), le MINICOM’s Strategic Plan [Plan stratégique du Ministère de l’industrie et du commerce] et la Private Sector Development Strategy [Stratégie de développement du secteur privé]. Parmi les priorités figurent notamment la diversification de la production et des exportations du Rwanda, et la création d’un environnement propice pour le développement des entreprises, à savoir

27 Analyse de la CEA fondée sur des données de la Banque mondiale.

28 Calculs de la CEA fondés sur des données de l’enquête rwandaises sur l’industrie de 2011 et sur des données de la Banque mondiale.

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13 des infrastructures en bon état, une énergie au coût abordable, une main-

d’œuvre qualifiée et des intrants au coût abordable.

47. Le Gouvernement et le Conseil rwandais pour le développement ont retenu la transformation des produits agricoles et l’industrie des matéria ux de construction parmi les secteurs prioritaires, le bâtiment étant en plein essor grâce à la forte croissance économique que connaît le Rwanda. Dans le secteur des services, le pays enregistre une forte croissance dans l’éducation, qui continue d’attirer d’importants investissements du secteur privé, les services financiers, la logistique à l’intérieur du pays et le tourisme.

48. Le principal enseignement à tirer du cas du Rwanda est que des dirigeants compétents et motivés et un appareil institutionnel transparent et axé sur les résultats peuvent contribuer dans une large mesure au développement d’un pays. Le pays était sur les rotules à la fin du génocide il y a 20 ans de cela et dispose aujourd’hui d’un des meilleurs environnements en Afrique pour les entreprises. Malgré ces améliorations impressionnantes, la rareté et les coûts élevés des services publics, la pauvreté diffuse, la pénurie des compétences, un accès insuffisant au financement de l’activité économique et de médiocres liaisons dans les infrastructures peuvent compromettre la croissance à l’avenir.

Le Gouvernement est en train de prendre des mesures concrètes pour s’attaquer à la plupart de ces problèmes.

49. Le défi que le Rwanda doit relever maintenant, c’est de transformer son économie d’une économie tirée par le secteur public et l’argent de l’aide en une économie tirée par le secteur privé et les ressources intérieures. Le pays a besoin de :

a) Diversifier ses exportations ;

b) De doter le pays de plan des compétences et d’y développer une culture entrepreneuriale ;

c) Réduire les coûts de l’activité économique (avec l’incidence négative des coûts élevés de services publics tels que l’électricité et du déficit d’infrastructures) ;

d) De développer les infrastructures régionales ; e) Réduire son déficit commercial ;

f) Améliorer la productivité de son agriculture, tout en transférant les travailleurs dans des emplois à plus grande valeur ajoutée.

50. Afin d’aider la communauté des entreprises, les investissements dans des infrastructures efficaces doivent permettre de surmonter les handicaps d’un pays sans littoral. Le secteur des services, qui a connu une forte croissance ces dernières années, pourrait faire du Rwanda un pôle régional des services.

VI. Sénégal: une approche libérale à l’industrialisation

51. La croissance moyenne du Sénégal a été relativement forte au cours de la période 1995–2005 (4,5 %) et a été accompagnée d’un recul important de la pauvreté (passée de 68 à 48 %). Du fait en partie d’une série de chocs exogènes (à savoir l’instabilité des cours mondiaux des produits alimentaires et des combustibles, la crise financière et économique mondiale et, plus récemment, la crise du secteur de l’électricité et la sécheresse dans le Sahel), la croissance s’est ralentie pour tomber à une moyenne de 3,3 % durant la période 2006-2011.

Le résultat en a été une pauvreté se maintenant toujours à 47 % en 2011, avec d’énormes disparités entre zones rurales et urbaines.

52. La croissance économique a atteint 4,9 % en 2014, en étant légèrement inférieure aux premières estimations, conséquence d’un démarrage tardif de la

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saison des pluies et d’une baisse du secteur du tourisme. L’inflation est restée en dessous de 2 %.

53. Le Gouvernement est déterminé à appliquer une politique budgétaire saine, avec pour objectif un déficit budgétaire de 4,7 % du PIB en 2015.

L’ambitieux Plan Sénégal Émergent (PSE) est le principal programme de développement du pays. Le PSE requiert le maintien d’un cadre économique sain et l’accélération des réformes structurelles pour améliorer la productivité et la compétitivité. Il s’agit notamment de prendre des mesures pour améliorer le climat des affaires et favoriser l’expansion du secteur financier, de même que d’engager des réformes du secteur de l’énergie pour stimuler la production d’électricité et en réduire les coûts.

54. Le Sénégal a hérité de la période coloniale d’importantes infrastructures économiques et industrielles, et était relativement privilégié par rapport à d’autres pays de sa sous-région. La disponibilité de matières premières locales avait permis le développement d’agro-industries (huile de cuisson, savon, cotonnades, etc.) pour le marché de l’ancienne Afrique occidentale française.

Après l’indépendance et à la suite de l’émergence dans la sous-région d’activités manufacturières similaires, les entreprises locales avaient eu à se tourner vers le marché intérieur, ce qui avait créé des surcapacités. L’accent a été mis de nouveau sur les exportations traditionnelles (arachide, poisson et phosphates). Le Sénégal a essayé de maintenir les industries locales en adoptant une politique de développement industriel reposant sur un système de mesures de protection tarifaires et non tarifaires.

55. En 2004, le Gouvernement a lancé une Politique de redéploiement industriel (PRI), un document qui visait à doter le Sénégal d’un tissu industriel dense, moderne, dynamique et compétitif, capable à la fois de satisfaire la demande locale et d’accéder aux marchés extérieurs. La PRI a été fondée sur une triple approche :

 Spatiale (par un rééquilibrage des installations industrielles dans le pays) ;

 Sectorielle (par une réorganisation du système de production et par une réorientation vers de nouveaux secteurs de croissance) ;

 Une approche axée sur le professionnalisme (par un renforcement des capacités de gestion des opérateurs).

56. En outre, la PRI devait permettre la mise en place d’un système industriel capable de s’adapter rapidement aux tendances changeantes de l’environnement mondial et d’accroître les revenus, les emplois industriels et le pouvoir d’achat des ménages dans les zones rurales comme urbaines, en promouvant le meilleur usage possible des ressources locales.

57. Le Sénégal a créé plusieurs institutions pour appuyer l’industrialisation en s’attaquant à des goulets d’étranglement tels qu’un environnement de s entreprises peu propice et des obstacles d’ordre financier et technique. Les faibles effets des mesures de libéralisation du commerce sur l’industrie sénégalaise soulèvent quelques questions quant à l’efficacité de la stratégie adoptée pour tenter de renverser la tendance du déclin du secteur industriel du milieu des années 70.

58. L’orientation actuelle favorise clairement une approche libérale à l’industrialisation, en mettant davantage l’accent sur les interventions horizontales. Le pays dispose de nombreuses institutions s’occupant de la politique industrielle qui œuvrent à la promotion du secteur privé en général en mettant peu l’accent sur le secteur manufacturier. Le Sénégal devrait :

a) Revoir l’organisation actuelle de sa politique industrielle et faire fusionner certaines institutions qui ont des mandats qui se chevauchent, afin d’éviter la dispersion de ressources financières et humaines déjà limitées.

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15 b) La question de la coordination doit être résolue en renforçant la

Direction de l’Industrie et en favorisant la création d’un ancrage institutionnel stable.

c) Le secteur privé devrait être associé davantage à la définition des priorités de la politique industrielle pour qu’il soit tenu compte de tous les acteurs concernés.

d) Une étroite collaboration entre les institutions publiques et l’ensemble du secteur privé s’impose pour résoudre les questions persistantes touchant au développement industriel du pays.

VII. Swaziland: surmonter les difficultés que rencontre le secteur privé

59. L’économie du Swaziland a connu une croissance de 2,1 % durant la période 2000-2013, ce qui est un taux faible comparativement à d’autres pays de la région. Cette faible croissance est due à divers facteurs, dont notamment la baisse des recettes douanières en raison des récentes crises économiques mondiales, une réduction des importations sud-africaines (60 % des échanges du Swaziland en 2012)29 et la faible compétitivité du secteur privé du pays.

60. L’économie swazie est principalement tirée par l’appartenance du pays à l’Union douanière d’Afrique australe et à la Zone monétaire commune, qui réunit l’Afrique du Sud, le Swaziland et le Lesotho dans une union monétaire.

L’incertitude entourant les tendances futures des recettes de l’Union douanière d’Afrique australe, qui sont très irrégulières en raison de l’instabilité actuelle que connaît l’économie mondiale et dépendront des possibilités de renégociation de la formule de partage des recettes douanières de l’Union douanière, constitue une source de risque majeur pour le pays 30.

61. L’entreprenariat local se heurte à des problèmes liés à un environnement peu favorable aux initiatives du secteur privé, à la pénurie des compétences, à la difficulté de trouver des emplacements adéquats pour les entreprises, à celui du financement, à l’absence d’infrastructures et d’installations efficaces, au manque de soutien des pouvoirs publics et à l’inexistence d’un régime fiscal favorable. Le cadre industriel actuel, dans lequel l’accent est mis sur les mesures visant à attirer les investisseurs étrangers, pénalise les entreprises locales. Grâce à sa situation géographique stratégique, et à un environnement des entreprises favorable, le Swaziland a attiré un montant considérable d’investissement étranger direct (IED) ; cela, toutefois, n’a pas permis de créer des liens importants avec l’économie locale du pays. Le Swaziland a besoin de faire en sorte que l’IED ait des effets positifs et durables sur la base industrielle locale.

62. Le commerce, qui revêt une importance cruciale pour le Swaziland, un petit pays sans littoral, est concentré sur un petit nombre de partenaires et est fondé sur certains accords commerciaux dont l’avenir est incertain. La perte en 2015 du bénéfice de l’AGOA (loi sur la croissance et les opportunités en Afrique) aura une forte incidence négative sur un secteur du textile déjà affaibli.

Le Swaziland exporte principalement des produits de base à faible valeur ajoutée et importe surtout des produits manufacturés. Le pays aura besoin de

29KPMG, Monographie du Swaziland, 2012. Version anglaise disponible à l’adresse : https://www.kpmg.com/Africa/en/KPMG-in-Africa/Documents/Swaziland.pdf.

30BAD, OCDE, PNUD, African Economic Outlook 2014. Version anglaise disponible à l’adresse:

http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/E Book_African_Economic_O utlook_2014.pdf.

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diversifier ses partenaires commerciaux et d’étendre ses échanges au-delà des produits de base à faible valeur ajoutée.

63. Des problèmes sociaux aussi, tels que les inégalités des revenus et les inégalités entre les sexes, les travailleurs pauvres et la pandémie du VIH/sida, font obstacle au développement du pays. Le Swaziland a plusieurs possibilités à exploiter, comme le faible coût de la main-d’œuvre, qui est important pour la production de biens tels que le sucre et les textiles qui sont déjà produits dans le pays, la position géographique stratégique du pays, la relative stabilité dont il jouit, sa forte participation à des accords commerciaux régionaux, une population relativement bien instruite avec un bon niveau de connaissance de l’anglais et des secteurs des services et manufacturier relativement importants, sur lesquels peut reposer un développement industriel.

64. Pour exploiter le potentiel du pays, le Swaziland devra :

a) Réduire la participation du secteur public dans l’économie en accroissant les mesures incitatives visant à encourager l’entreprenariat privé local ;

b) Faciliter l’accès au financement pour les PME ;

c) Améliorer la manière d’élaborer les politiques dans le pays, en particulier en associant davantage le secteur privé à la conception des politiques ;

d) Exploiter les possibilités de création de valeur ajoutée dans les secteurs existants, établir des relations entre les investisseurs étrangers et les entrepreneurs locaux ;

e) Réviser les mécanismes d’acquisition de terres en vue de faciliter l’accès à une garantie ;

f) Améliorer la qualité du système éducatif du pays en l’adaptant aux besoins de l’industrie locale ;

g) Adopter des solutions plus efficaces pour résoudre les problèmes sociaux du pays ;

h) Lutter contre la corruption et contre les procédures bureaucratiques excessives ; et

i) Renforcer les capacités des agents de l’État engagés dans la mise en œuvre de la politique industrielle, motiver ceux-ci davantage et les amener à respecter l’obligation redditionnelle.

VIII. Zambie : diversification de l’économie tout en s’attaquant aux problèmes sociaux

65. Durant la dernière décennie, la Zambie a enregistré une solide croissance économique – plus de 6,3 % par an en moyenne – sous l’impulsion de ses abondantes ressources minérales, principalement le cuivre, et d’une croissance dans le bâtiment, les transports, les communications, le secteur public, le tourisme et le commerce. Les richesses minérales ont joué un rôle fondamental dans la croissance du PIB de la Zambie, mais ont aussi retardé la diversification de l’économie : le cuivre constitue jusqu’à plus de 60 % des exportations de la Zambie et 8 % de la valeur ajoutée du PIB31. La Zambie est fortement vulnérable aux fluctuations du cours du cuivre et à l’état de l’économie mondiale.

31Africa Center for Economic Transformation, Zambia Transformation Profile [Profil de transformation de la Zambie], juillet 2014. Version anglaise disponible l’adresse :

http://africantransformation.org/wp-content/uploads/2014/02/2014-african-transformation-report.pdf.

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17 66. La contribution de l’industrie au PIB de la Zambie n’a augmenté que

modestement durant les 20 dernières années, en passant de 36 % du PIB en 1994 à 37 % en 2013. Dans l’industrie, la contribution du secteur manufacturier a diminué, en baissant de 11 % du PIB en 1994 à 8 % en 2013. Les produits alimentaires et les boissons représentent plus des deux-tiers de la valeur ajoutée manufacturière, et la Zambie exporte du sucre dans des pays africains comme le Congo, le Kenya, le Burundi et le Rwanda. L’expansion du marché des consommateurs de la RDC voisine offre des possibilités aux entreprises et aux agriculteurs zambiens d’augmenter leurs exportations de produits tels que les denrées alimentaires, le ciment et le sucre.

67. Les principaux documents sur lesquels repose la stratégie industrielle de la Zambie sont la Commerce, Trade and Industrial Policy [Politique du commerce, des échanges et de l’industrie], le Sixth National Development Plan[Sixième Plan national de développement] 2011-15 et Vision 2030. La Zambie a pour ambition de devenir « une économie prospère à revenu intermédiaire d’ici à 2030 »32 grâce à une croissance économique soutenue et à une réduction de la pauvreté.

68. Le pays a obtenu des résultats substantiels dans sa politique des investissements, en harmonisant la réglementation et en créant des parcs industriels dotés d’infrastructures de qualité dont a besoin l’activité économique. Toutefois, l’accès à des infrastructures abordables et efficaces (telles que l’eau, l’électricité, les combustibles et les terres) et au financement reste très limité. La structure des mesures incitatives qui figure dans la politique industrielle actuelle semble privilégier les grands investisseurs étrangers au détriment des PME locales ; la Zambie a besoin de réorienter ses mesures incitatives et de soutien en tenant compte des besoins de ses entreprises. Le Gouvernement devrait aider les entreprises locales à développer leur potentiel d’exportations et à tirer profit des chaînes de valeur mondiales ; un bon point de départ serait pour les entreprises locales de créer des relations plus solides avec les investisseurs étrangers opérant dans le pays, à la fois dans le secteur de l’exploitation minière et dans d’autres secteurs.

69. La richesse en ressources minérales ne devrait pas être une malédiction empêchant la diversification de l’économie du pays ; les recettes minières peuvent servir à soutenir la croissance de secteurs non traditionnels. Les réformes récentes dans le secteur de l’éducation aideront à remédier à la pénurie des compétences dont se plaignent les entreprises à la recherche une main- d’œuvre qualifiée dans le pays et à d’améliorer la qualité de l’enseignement.

70. La Zambie a besoin de :

a) Réduire sa dépendance des recettes minières ;

b) Développer une forte industrie locale tirée par les exportations ; c) Associer le secteur privé à l’élaboration de programmes d’enseignement pertinents afin que les réformes dans le secteur de l’enseignement soient efficaces ;

d) Créer plus d’emplois et d’œuvrer en faveur de l’égalité des revenus ; e) Encourager les décideurs à associer davantage le secteur privé à la conception de la politique industrielle pour créer un environnement des entreprises propice ;

f) S’assurer que les institutions publiques (chargées de la politique industrielle) suivent constamment les efforts faits et la mise en œuvre des

32Sixième Plan national de développement de la Zambie 2011-15. Lusaka, 2011. Version anglaise disponible l’adresse :

http://siteresources.worldbank.org/INTZAMBIA/ Resources/SNDP_ Final_Draft__ 20_01_2011.pdf.

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politiques ainsi que l’efficacité de celles-ci au regard des objectifs fixés, et accroissent le respect de l’obligation redditionnelle et la transparence dans le secteur public.

IX. Conclusions et recommandations concrètes

71. Le présent aperçu a montré les limites de l’industrialisation actuelle de l’Afrique. La structure actuelle de l’économie des pays africains résulte notamment de l’absence de politiques industrielles appropriées ou de la mise en œuvre jusqu’ici de politiques erronées.

72. Les cas étudiés montrent que les pays analysés se heurtent aux mêmes contraintes, que sont le déficit d’infrastructures, notamment un accès peu fiable à l’énergie et le peu d’accès au financement, le médiocre environnement des entreprises, les difficultés à recruter les talents recherchés et à trouver les compétences requises, la gouvernance, le peu de relations avec les investisseurs étrangers ou avec des secteurs à croissance rapide tels que l’exploitation minière dans les pays riches en ressources, la difficulté de trouver des emplacements adéquats pour les entreprises et la cherté des intrants.

73. Certaines des bonnes pratiques examinées pourraient être adoptées par d’autres pays africains. On peut en citer quelques-unes:

a) Création de zones économiques libres avec un accès facile aux infrastructures ;

b) Mesures incitatives pour encourager les entreprises locales à s’améliorer en mettant à profit les différentes chaînes de valeur ;

c) Instauration d’un dialogue efficace entre le gouvernement et le secteur privé ;

d) Pleine mise à profit des accords commerciaux ;

e) Élaboration de programmes de formation en vue de développer les compétences techniques et en matière de gestion qui manquent le plus ;

f) Création de poches d’efficacité, en soutenant des secteurs ou groupes de secteurs industriels stratégiques locaux par des politiques ponctuelles, la mise en place d’infrastructures et l’adoption de mesures incitatives. Les poches d’efficacité renforceront probablement la croissance dans d’autres secteurs grâce à des effets d’entraînement positifs et à la création de relations industrielles verticales.

74. Toutefois, il n’existe pas de stratégie industrielle toute faite pour l’Afrique. Les politiques du commerce, de l’éducation, de l’innovation, les politiques sectorielles et en matière de compétitivité devraient être combinées de différentes manières, en tenant compte des caractéristiques propres à chaque pays, des ressources et de la vision de chaque pays.

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