Mesures de la quantité relative de feuillage par strates dans des taillis de chêne pubescent
Claudie HOUSSARD J. ESCARRE
Centre d’Etudes
phytosociologiques
etécologiques
LouisEmberger,
C.N.R.S.Département
d’Ecologie générale,
B.P. 5051, F 34033Montpellier
CedexRésumé
Trois méthodes permettant de construire des
profils
verticaux defeuillage
en forêt sontdécrites et les résultats obtenus avec chacune d’elles sont
comparés.
Ces méthodes sont :1) la méthode des
photographies hémisphériques
pour estimer l’indice foliaire ;2)
la méthode despoints-quadrats optiques
pour évaluer laquantité
defeuillage qui exprime
un nombre moyen de contacts de feuilles avec deslignes
de visée verticalesvirtuelles ;
3) une méthoderadiométrique qui
utilise lespropriétés
sélectivesd’absorption spectrale
du rayonnement solaire par lavégétation.
Un rapport, K, de deux tensionsproportionnelles
auxintensités spectrales des radiations transmises rouges (679 nm) et
infra-rouges
(798nm)
estmesuré.
Ces méthodes ont été testées dans quatre taillis de Chêne
pubescent (Quercus pubescens
Willd.) des HautesGarrigues
duMontpelliérais.
Il en résulte que les valeurs absolues de l’indice foliaire, de la
quantité
defeuillage
oudu rapport K sont affectées par la structure de la
végétation
dans les stations ou par les protocoles de recueil des données ; mais dans une station, les trois méthodes sont corrélées et lesprofils
d’indice foliaire ou dequantité
defeuillage,
en valeurs relatives sontparfaite-
ment
comparables.
Le choix d’une méthode fait intervenir le coût de recueil des données.C’est la méthode des
points-quadrats optiques qui
est la plusrapide
etqui
fournit le plus d’informations pour obtenir desprofils
verticaux defeuillage
en forêt.1. - Introduction
L’architecture et la stratification des voûtes forestières ont une
grande
influencesur les interactions entre les
plantes
et l’environnement au travers des modifications des flux derayonnement,
de gaz, d’eau et d’éléments nutritifs(M ONSI
&S AEKI , 1953 ; C
ACHAN
, 1963 ;
KiRn etal., 1969).
Leurscaractéristiques
sont déterminantes sur les facteurs de sélection de l’habitat par les animaux. Il en est ainsi pour lesoiseaux,
par
exemple (M AC
ARTtiuR & MACA RTHUR , 1961 ;
MAC ARTHUR etal., 1966 ; Co
D
Y, 1968 ;
BLONDEL etal., 1973),
et les cervidés(W ESB , 1948 ; M OEN , 1973).
Ainsi,
que ce soit pour des études de laproduction primaire
ou pour l’étude del’organisation
des communautés animales ouvégétales,
il estimportant
de reconstituer lesprofils
verticaux de la nappe foliaire et de localiser les niveaux deplus
fortedensité de feuilles.
L’établissement de ces
profils peut
se faire par recueils de feuilles par strates(MO N S
I
&S AEKI , 1953 ;
HARCOMBE &MARKS, 1977),
ou par la méthode despoints- quadrats (W ARREN -W IL SO N , 1963 ; M ILL ER, 1967, 1969 ;
FORD &N EWBOULD , 1971). ).
Ces méthodes ont le
désavantage
d’être soitdestructives,
soit d’être très difficiles à mettre enplace (utilisation
de toursmétalliques, etc.)
etpratiquement impossible
àutiliser pour étudier des voûtes foliaires très hautes.
Par contre trois méthodes nous sont apparues d’un
emploi plus
aisé. Ce sont :1)
la méthode d’estimation de l’indice foliaire à l’aide desphotographies
hémis-phériques ;
2)
la méthode de mesure de laquantité
defeuillage
à l’aide depoints-quadrats optiques ;
3)
la méthoderadiométrique qui
utilise lespropriétés d’absorption spectrale
sélective durayonnement
solaire par lesfeuilles,
etqui permet
d’estimer indirectement laquantité
defeuillage.
Le propos de cet article est de décrire les trois méthodes et de comparer les résultats obtenus avec chacune d’elles. Elles ont été testées dans
quatre
taillis de Chênepubescent (Quercus pubescens Willd.)
des HautesGarrigues
duMontpelliérais (H
OU SS A R D
, 1979).
2. - Site
Les communautés étudiées se situent dans la
région
des HautesGarrigues
duMontpelliérais
au nord deMontpellier.
Les formations boisées de cette zone sont constituées par le Chêne vert
(Quercus
ilex
L.)
ou le Chênepubescent (Quercus pubescens Willd.)
ou par desmélanges
deces deux
espèces.
Larégion
a été décrite par lesphytosociologues
comme unerégion
de transition entre le
Quercetum
ilicisgalloprovinciale
Br.-Bl.(1915) 1936,
et leQuerceto-Buxetum
Br.-BI.(1915)
1931(B RAUN -B LANQUET , 1936 ; B RAUN -B LANQUET
et
al., 1952).
Quatre stations, qui
se situent dans les taillis de Chênepubescent,
ont été échan- tillonnées. Ce sontRouet,
La Rouvière1,
La Rouvière 2 et Murviel. Elles ont été choisies selon ungradient
de hauteur de voûte(Rouet,
voûtebasse ; Murviel,
voûteplus haute ;
La Rouvière 1 et2,
voûte à hauteurintermédiaire).
Le tableau 1présente
leurs
caractéristiques.
Dans ces
quatre stations,
les données ont été recueilliessystématiquement
lelong
d’une
ligne
horizontale de 32 mètres delongueur.
Lespoints
de récolte des mesuressont
espacés régulièrement
lelong
de laligne.
3. -
Description
des méthodes3.1. - Méthodes d’estimation de l’indice
foliaire
à l’aide de
photographies hémisphériques
3.11 Modèle W AI tx EN -W
ILSON
(1959, 1960, 1963)
estime l’indice foliaire à l’aide d’une méthode depoints-quadrats inclinés ;
la liaison entre les résultats obtenus à l’aidede cette méthode et la
probabilité
de passage d’un rayon lumineux incliné surl’horizontale à travers une couche
végétale
d’indice foliairef,
est évidente(A NDER -
SON,
1966 ; WARREN-WILSON, 1967 ; T1ILSON, 1971 ; L,EDENT, 1974, 1976).
En
particulier,
sur unephotographie hémisphérique prise
au sein d’une formationvégétale,
onpeut
mesurer pour des hauteurs devisée, 1,
au-dessus del’horizon,
lapart
de rayons lumineux(trous) qui
traverse la voûtevégétale
sansinterception (DucREY,
1975 a etb ; BONHOMME, 1974, 1976).
C
HARTIER
(1966)
montre que l’on a une relation entre lapart
de ciel vue àtravers le couvert
végétal,
sl, pour une hauteur devisée,
et l’indicefoliaire, f,
de la culturesurplombant
le niveau de mesure dutype :
ç. - P-u(1,1) . t f
avec
u. (i,I) :
fonction d’extinctionqui dépend
de la hauteur de visée(1),
desfréquences
d’inclinaison
(i)
desfeuilles,
etd’hypothèses simplificatrices
sur ladisposition
dufeuillage (pas
d’azimut et pas desuperposition privilégiée
desfeuilles).
La fonction Il
(i)
pour la hauteur de visée 1 =35°, prend
des valeurs trèsvoisines,
de l’ordre de
0,9 quels
que soient lestypes
degéométrie
du couvert(L EMEUR , 1970).
BONHOMME
(1974, 1976)
montre que l’onpeut
utiliser la relation suivante pour calculer l’indicefoliaire, f,
d’unevégétation
àpartir
de s, =350 : &dquo;f l+ 1l1 Pl 1 -
- 7 SR lnO’_. e ---
(f
est la surface de feuilles par unité de surface desol).
Dans les cas de couverts
végétaux
où leshypothèses simplificatrices
sont véri-fiées,
BONHOMME(1974)
trouve une bonne corrélation entre l’estimation de l’indice foliaire de cultures et sa mesure directe sur le terrain. Demême,
l’auteur démontresur des couverts
théoriques (de WiT, 1965 ; L EMEUR , 1970)
que l’erreur due à l’exis- tence d’azimutsprivilégiés
des feuilles restefaible,
pour les cultures.Dans le cas où il y a des
superpositions privilégiées,
il est nécessaire d’étalonner l’indice foliaire mesuré in situ, avec lelogarithme
de la surface de trouées à unehauteur
angulaire égale
à 35degrés.
3.12. Protocole de
prise
des clichéshémisphériques
sur le terrainPour éviter les taches de lumière les
photographies
sontprises
dans lajournée,
par ciel totalement nuageux, ou tôt le matin et tard le soir par ciel uniforme tant que les rayons du soleil n’éclairent pas le sommet de la voûte du Chêne
pubescent.
Elles ont été réalisées en huit
emplacements,
dans chacune des quatrestations,
le
long
de laligne
horizontale de trente-deuxmètres,
située dans l’axe central etlongitudinal
de la station(respectivement 2, 6, 10, 14, 18, 22,
26 et 30mètres)
et en5 ou 6 niveaux verticalement
(sol ; 1,5 m ou 2 m ; 3 m ; 4 m ; 4,5
m ; 6 m et 7m).
L’appareil photographique
était monté à l’extrémité d’un mâttélescopique.
L’horizon-talité de
l’objectif
était vérifiée par deux niveaux à bulleronds,
undisposé
surl’objectif,
l’autre sur unsupport
horizontal fixé sur le mât à un mètre de hauteur.3.2. - Méthodes de mesure de la
quantité
defeuillage
à l’aide de
poiuts-quadrats optiques
3.21. Modèle
Il
s’agit
de trouver une méthode serapprochant
de la méthode dupoint-quadrat
couramment utilisée dans les milieux herbacés
(L EVY
&M ADDHN , 1947 ; GOO DAT . L , 1952)
etqui
soitapplicable
dans les milieux forestiers où lessystèmes mécaniques
sont très difficiles à mettre en
place.
M A
c ARTHUR & HoRN
(1969)
ont décrit une méthode depoint-quadrat optique permettant
de reconstituer desprofils
defeuillage
dans la forêt. Unappareil photo- graphique
de type réflex muni d’un verredépoli
réticuléérigeant
deslignes
verti-cales virtuelles est utilisé. Dans les forêts à voûte
basse,
inférieure àquinze mètres,
et en
plusieurs emplacements
dans laforêt,
les auteurs effectuent des mesures de distances auxpremières
feuillesqui interceptent
lagrille
depoints.
Pour les voûtesplus hautes,
ils estiment laproportion
de ciel non obscurci sur l’écran del’objectif.
Dans cette
étude,
la méthode de MAc ARTHUR & HORN a étéreprise
en uti-lisant le
stratiscope
décrit par BLONDEL & CUVILIER(1977). L’appareil
se compose d’unobjectif
de 120 mm defocale,
d’unprisme
de renvoid’image
à 90&dquo; et d’un oculaire de 64 mm de focale.M A
c ARTHUR & HORN
(1969)
estiment laquantité
defeuillage Q(h)
entre deuxniveaux verticaux
h,
eth 2 ,
àpartir
de la distribution des distances auxpremières feuilles ;
ils en déduisent que :!.. , . , ., , .., ,, , ,
!y(hl)
est estimé par le nombre de contacts trouvés au-dessus de la hauteurh i .
y(h 2
)
est estimé par la mêmefaçon. Q(h) exprime
le nombre moyen de contacts avec des feuilles lelong
delignes
de visée verticalesimaginaires.
La démarche ma-thématique
utilisée par MAc ARTHUR &HoRN, qui
ne sera pasreprise
dans cetarticle,
suppose que l’on émet deux
hypothèses simplificatrices
sur ladisposition
des feuillesdans la voûte :
1)
Il y aindépendance
entre niveaux de contactspossibles.
C’est-à-dire que laprobabilité
de trouver un contact à une certaine hauteur sur uneligne
de visée estindépendante
des réalisationsqui pourraient
seproduire
au-dessous de ce niveau sur cetteligne
de visée(plusieurs
contacts avec des feuilles ou contact avec leciel).
2)
Iln’y
aqu’un
contact parniveau ;
cequi
est trèsimparfaitement
réalisé dansnotre cas, étant donné
l’imprécision
sur l’évaluation des distances.La voûte foliaire à
analyser
doit êtredépourvue
de clairière. Eneffet, près
desbords de la
clairière,
larépartition
des feuilles ne vérifie certainement pas ces deuxhypothèses. Pourtant,
dans une étude récente sur des forêts caducifoliéesaméricaines,
ABER
(1979)
conclut que cette méthode ne procure pas de bonnes estimations de l’indice foliairetotal,
maisqu’elle permet
d’obtenir dans une station desprofils
verticaux de distribution relative du
feuillage
bien corrélés avec la distribution ver-ticale de l’indice foliaire.
3.22. Protocole de lecture sur le terrain des contacts aux
première.s feuilles
L’objectif photographique
est étalonné de manière à estimer des distances ver-ticales aux
premières
feuilles àpartir
de deux mètres de hauteur et decinquante
centimètres en
cinquante
centimètresjusqu’à sept
mètrespuis
de mètre en mètreau-delà.
L’appareil
est muni d’un verredépoli
avec un réticulecomportant
unpoint
central. La mise au
point
del’objectif
se fait sur la feuillequi
est en contact avecce
point.
L’appareil
estpositionné
sur untripode
à un mètre du sol. Les lectures sefont en
déplaçant l’appareil
lelong
de laligne
horizontale de trente-deux mètres.Le nombre de
points
de lecturedépend
de la densité de feuilles dans la voûte et/ou de la hauteur de la voûte. Dans lepremier
cas, il est nécessaire d’obtenir unnombre suffisant de contacts à
découvert ;
dans le second cas, le nombre de niveaux où des feuillesrisquent
de se trouver étantplus élevé,
il est nécessaire d’échantillon-ner un
grand
nombre depoints.
ABER
(1979),
note que laquantité
defeuillage
est fortement influencée par le nombre depoints
de lecture mais surtout par le nombre depoints
à découvert.A la Rouvière
2,
nous avons réalisé 320points
de lecture horizontalement(tous
les dix centimètres sur laligne
de trente-deuxmètres).
Il en résulte un certainprofil
de densité de
feuillage.
De cetterépartition
des distances auxpremières feuilles,
nousn’avons retenu que les
points
distants horizontalement de 20 cmpuis
de 50 cm.D’où,
troisprofils
dequantité
dufeuillage correspondant
à320,
160 et 64 lectures(cf. figure 1 ).
En utilisant le test du
y 2 @
ces troisprofils
ne sont pasdifférents,
au seuil designification 0,05.
Pour les voûtes assez basses
(inférieures
à 10m)
nous n’avons effectué que 64points
delecture ;
àMurviel,
où la voûte atteint environ 13mètres,
nous avonslu 160
points.
Postérieurement,
nous avons réalisé 576points
de lecture dans lesquatre
sta- tions(les
données ne sont pascomparables puisqu’elles
n’ont pas été recueillies la mêmeannée).
Les résultatsprésentés
dans le tableau 2 montrent que laquantité
de
feuillage
au-dessus de 2 m de hauteur dans chacune des stations est évaluéeassez correctement avec 64
points
etqu’elle
ne varie pas de manièresignificative
avec
l’augmentation
du nombre depoints
de lecture. Cettequantité
defeuillage
estliée à la
proportion
de contacts avec des troncsqui
ne sont paspris
encompte
dansl’analyse
et à la part de contacts à découvert. Ces deuxquantités
sont sensiblement les mêmes de 64 à 576points
de lecture.3.3. - Méthode
radiométrique
3.31.
Principe
L’absorption
sélective des voûtes forestières a été démontréedepuis longtemps (S
HIRLE
Y, 1929 ; S EYBOLD , 1936 ; E GL E, 1937 ;
VEZINA &BOULTER, 1966 ;
FEDERER&
TANNER, 1966).
Cetteabsorption
sélective est liée aux variations du facteurd’absorption
des feuilles avec lalongueur d’onde ;
un minimum relatifd’absorption
seproduit
dans le vert et unegrande
diminution dansl’infra-rouge,
alors que le maxi-mum
d’absorption
seproduit
dans le rouge,bleu,
violet et ultraviolet(SnusEItEIt,
1937 ;
Moos &L OOMIS , 1952 ; C OSTES , 1960; M ETHY , 1972 ; W OOLEY , 1971 ;
STOUTJESDIJK, 1972).
De nombreuses méthodes d’évaluation de la
production primaire
utilisent cespropriétés d’absorption
sélective du rayonnement solaire par lavégétation.
TUCKERet al.
(1974),
MAC NAUGHTON(1976, 1977),
METHY(1977)
estiment la biomasse de couvertsvégétaux
àpartir
de la mesure durapport
des facteurs de réflexion relatifs à deuxlongueurs d’onde,
l’une située dans lapartie
rouge du spectre, l’autre dans lapartie infra-rouge.
JORDAN(1969) suggère
que le rapport des facteurs de trans- mission pour leslongueurs
d’onde visible etinfra-rouge
est un outil utile pour l’esti- mation de l’indice foliaire dans des forêtstropicales.
L’auteur trouve une relationlinéaire entre ce rapport et l’indice foliaire mesuré directement sur le terrain par O
DUM et al.
(1963).
NORMAN & JARVIS(1975)
ont émis descritiques
sur laprocé-
dure utilisée par JORDAN. Ces auteurs notent
qu’elle
n’est valable que pour des stations à structurehomogène
et si lerapport
des facteurs de transmission relatifsaux deux
longueurs
d’onde est calibré ifi situ avec l’indicefoliaire ;
enparticulier,
d’une
espèce
à l’autre la corrélation entre cerapport
et l’indice foliaire ne serait pas la même.Dans cette
étude,
nous avonsrepris l’approche
de JORDAN.3.32. Protocole de mesure
C’est
l’appareil
mis aupoint
par METHY(1977) qui
a été utilisé dans cette étude. Il a subiquelques
modifications relatives notamment à sonchamp
de viséerendu
égale
à 180degrés.
L’appareil
délivre des tensionsproportionnelles
à chacune desénergies
mono-chromatiques
transmisescorrespondant
auxlongueurs
d’onde 798 et 679 nanomètres.C’est le
rapport
K de ces tensionsqui
a été étudié.La sélection
spectrale
despigments
foliaires par temps serein a été vérifiée sousle couvert de chêne
pubescent,
ainsi que la constance du rapport K à découvert etpendant
unejournée
ensoleillée(H OUSSARD , 1979).
Les conditions de mesure étant très strictes - ciel
parfaitement serein, période
de mesure très courte dans la
journée (période
où la hauteur du soleildépasse
45
degrés)
- nous n’avons pu échantillonner que les stations de la Rouvière 1 et la Rouvière 2.Les mesures ont été effectuées dans ces deux stations en 64
points
lelong
dela
ligne
horizontale de trente-deux mètres et en neuf niveaux verticaux(respecti-
vement
0 ; 1 ; 2 ; 3 ; 4 ; 4,5 ; 5 ;
6 et 7mètres)
en chacun despoints, l’appareil
étaitmonté à l’extrémité d’un mât
téléscopique.
Elles ont été réalisées au cours du mois dejuillet
1977 et pour des hauteurs de soleilsupérieures
à 45degrés.
Dans cesconditions,
onpeut
supposerqu’il n’y
a pas de modificationsnotables,
en fonctionde la hauteur du
soleil,
de la distributionspectrale
del’énergie
transmise par lavégétation (cf. M ETHY ,
1974 pourQccercus iléx).
Les valeurs du
rapport
K ont étécorrigées
par le cosinus del’angle
entre lesoleil et la normale à la surface de référence pour étalonner le
rapport
K àl’épais-
seur réelle de
végétation
traversée.Les valeurs
ponctuelles
durapport
K n’ont pas étéprises
encompte
étant donné :1) l’hétérogénéité
du climatradiatif,
liée àl’hétérogénéité
de la structure dela
végétation ;
2)
les variationsd’absorption
foliaire suivant lemilieu, l’âge
desfeuilles,
leurposition
dans la voûte(C HARTIER , 1966 ;
KASANAGA &M ONSI , 1954).
Seules les valeurs moyennes de K par niveaux ont été
analysées.
4. - Résultats et discussion
L’indice foliaire estimé à l’aide des
photographies hémisphériques
a étécomparé
au
rapport
K des tensionsproportionnelles
auxénergies
transmises pour chacune deslongueurs
d’onde 679 et 798 nm, et à laquantité
defeuillage
évaluée à l’aide depoints-quadrats optiques.
Dans les deux stations où la méthode
radiométrique
a ététestée,
la corrélation est très bonne entre lerapport
K et l’indice foliaireestimé,
f :à La Rouvière 1, f = 6,81 . 10-3 e12,8 K (r = 0,97)
Ces deux corrélations sont très
proches
et la relation liant les valeurs de K à celles de l’indice foliaire en tenantcompte
des données des deux stations est(cf.
fi-gure
2) :
f = 2.2 . 10-3 el&dquo;,9K (r = 0,97)
Le
rapport
K est corrélé à laquantité
defeuillage, Q(h),
par la relation(cf.
fi-gure
3) :
O(h) = 2! 15 . 10-! e10,2 K (r = 0.89)
La bonne corrélation
existant,
dans unestation,
entre les valeurs moyennes du rapport K et l’indice foliaire ou laquantité
defeuillage, permet
d’accorder unesignification biologique
à cerapport. Cependant,
dans le cas de la relation entre le rapport K et laquantité
defeuillage (cf. figure 3),
il semble y avoir un effet dû à la station : lespoints correspondants
à La Rouvière 1 et à La Rouvière 2 sont distincts. Enparticulier,
à La Rouvière1,
lerapport
K est inférieur dans tous les niveaux à celui de La Rouvière2 ; pourtant
laquantité
defeuillage
estplus
élevéeà La Rouvière 1. Ce biais
pourrait s’expliquer
par la saturation durapport
K au-delà d’une certainequantité
defeuillage. Cependant,
l’effet de station semble moins netlorsqu’on
compare lerapport
K avec l’indice foliaire estimé(cf. figure 2).
La
généralisation
des résultats devrait être testée dans unplus grand
nombre destations de chêne
pubescent ;
si l’effet de station seconfirmait,
la méthode radio-métrique
deviendrait inutilisablepuisqu’il
faudrait étalonner lerapport
K à la quan- tité defeuillage
dans chacune des stations.Il est aussi
possible,
et nous allons le voir par lasuite,
de mettre en cause lesestimations de l’indice foliaire ou de la
quantité
defeuillage.
L’indice foliaire
estimé, f,
est lié à laquantité
defeuillage, Q(h),
par la relation(cf. figure
4 et tableau3) :
f =
1,65 Q(h) O , 68 (r
=0,95)
En ce
qui
concerne cette corrélation on est amené à faire deux observations :1)
si l’on considère que l’indice foliaire estimé doit êtreégal
à laquantité
defeuillage, puisqu’on
est censé mesurer la mêmequantité,
il y a une sous-estimation de laquantité
defeuillage
parrapport
à l’indicefoliaire,
ou inversement une sur-estimation de l’indice foliaire par
rapport
à laquantité
defeuillage (exception
faitepour
Rouet) ;
2)
lespoints correspondants
à chacune des stations sedistinguent
sur lafigure
4et semblent
appartenir
à des corrélations différentes.Le nombre de
points
de lecture avec la méthode despoints-quadrats optiques
ne semble pas influencer
significativement
la valeur de laquantité
defeuillage (cf.
tableau
2).
Par contre, on
peut
considérer avec ABER(1979)
et à la suite de WARREN WIL-SON
(1958)
quel’échantillonnage
despoints
à la verticale entraîne une sous-estima- tion de laquantité
defeuillage puisque
les feuilles ne sont pas toutesdisposées
dansle
plan horizontal,
ou parcequ’il
y a desagrégations privilégiées
de feuilles dansce
plan.
D’autre
part,
à Murviel l’indice foliaire est trèslargement supérieur
à la quan- tité defeuillage.
Onpeut
supposerqu’il
y a eu surestimation de l’indice foliaire dueau
protocole
deprise
des clichéshémisphériques.
Eneffet,
cette stationprésente
une voûte très haute
(!
12m).
La base duhouppier
de Chênepubescent
estcompri-
se entre 5 et 6 m de hauteur
(cf.
tableau1).
Le dernier niveau deprise
des clichés(7 m)
se situe à la limite de la base duhouppier
et les clichéspris
dans les niveauxinférieurs doivent
présenter
depetites
trouées étant donné la distance del’objectif
auhouppier.
Il en résulte une surestimation de l’indice foliaire(les
trouées sontpetites,
leur estimation est moins
précise).
C’est l’inverse à Rouetqui présente
une voûtetrès basse
(<
8m).
A l’aide du mâttélescopique,
la formation estexplorée
sur toutesa
hauteur,
les trouées sontplus grandes
et l’indice foliairepourrait
être sous- estimé.La Rouvière 1 et 2 ont sensiblement la même hauteur de voûte
(8
et 9m).
La Rouvière 1présente
un sous-bois très encombré par desarbustes,
alors que La Rou- vière 2 a un sous-bois herbacé. La densité detiges
estsupérieure
à La Rouvière 1(cf.
tableau1).
On devraitlogiquement
s’attendre à cequ’à
La Rouvière1,
l’indice foliaire estimé soit trèslargement supérieur
à laquantité
defeuillage (fort
encom-brement, petites trouées).
Ce devrait être l’inverse à La Rouvière 2. Or pour unemême
quantité
defeuillage,
on obtient un indice foliairesupérieur
à La Rouvière 2et
inversement,
pour un même indicefoliaire,
laquantité
defeuillage
estsupérieure
à La Rouvière 1
(cf. figure 4).
Des erreurs dans les temps
d’exposition
au moment de laprise
des clichés dansune station
pourraient
être mises en cause. Ces erreurs sontgénéralement imputa-
bles aux différences de luminosité d’un
point
à l’autre du ciel. Elles conduisent à de mauvaises estimations dupourcentage
de trouées sur lesphotographies
et doncà de mauvaises estimations de l’indice foliaire.
Si maintenant on considère non
plus
les valeurs absolues de l’indice foliaire oude la
quantité
defeuillage
mais leurs valeursrelatives,
les deuxprofils
obtenus dans chacune des stations ne sont pas différents avec un testdu x 2
au seuil designifi-
cation
0,01 (l’indice
foliaire estpris
commeréférence) (cf. figure 5).
En
résumé,
les valeurs absolues durapport K,
de laquantité
defeuillage
ou del’indice foliaire sont affectées par la structure de la
végétation
dans lesstations,
oupar les
protocoles
de recueil desdonnées ;
mais dans une station les trois méthodes sont corrélées et lesprofils
de l’indice foliaire ou de laquantité
defeuillage
envaleurs relatives sont
parfaitement comparables.
Le choix d’une méthode fera donc intervenir le coût de recueil des données.Les
photographies hémisphériques
ne peuvent êtreprises qu’en
absence de soleilet de vent, soit le soir très tard ou le matin très tôt alors que le soleil n’éclaire pas le sommet de la
voûte,
ou par ciel nuageuxhomogène. Ensuite,
les films doivent subirun contretypage pour être très
contrastés,
en ne laissantapparaître
que le blanc et le noir.Enfin,
la mesure du pourcentage de trouées par couronnespeut
se faire à l’aide d’un bras mobile muni dephototransistors (appareil
décrit par BONHOMME&
C HARTIER , 1972 ;
et parD UCREY ,
1975 a). Cettefaçon
deprocéder
est laplus rapide
mais elle nécessite unappareillage
relativementsophistiqué.
Une deuxièmeméthode -
tirage
engrand
format desfilms, découpage
par couronnes, mesure du pourcentage de trouées à J’aide d’unplanimètre
- demandebeaucoup
demanipu-
lations.
Chacune des
phases
de récolte des données à l’aide de cette méthode est donc relativement coûteuse entemps ; cependant
laphotographie
constitue un documentqu’il
estpossible d’analyser
le moment voulu.Dans des formations
végétales complexes
telles que lesforêts,
et pour desmesures de facteurs de transmission du
rayonnement,
l’utilisation de la méthode radio-métrique
n’est pas trèsaisée ;
elle nécessite des conditions de cielparfaitement serein,
l’absence de vent et la lecture des deux tensions dans les zones depénombre
est très difficile. Par contre, dans des cultures
monospécifiques
etdenses,
et pour desmesures de facteurs de réflexion du rayonnement, cette méthode s’est révélée très utile pour estimer la biomasse au cours de l’année
(M ETHY , 1977).
La méthode des
photographies hémisphériques
et celle du radiomètre pour construire desprofils
foliaires en forêt nécessitent l’utilisation d’un mâttélescopique qui permet
dedéplacer
en hauteur les instruments de mesure. Cette utilisation est rendue très fastidieuse dans des taillis où la densité detiges
estélevée,
et où doncles
houppiers
sont étroitementsimbriqués.
Bien souvent, les conditions de mesure(horizontalité
et immobilité desappareils)
ne sont pasrespectées
trèsrigoureusement.
Par contre, avec la méthode des
points-quadrats optiques, l’appareil
reste tou-jours
à la même hauteur(1 m),
lesdéplacements
se fontbeaucoup plus
facilement.Il nous a fallu environ 4 heures pour réaliser 320 lectures de la distance à la pre- mière feuille en effectuant une visée tous les 10 cm. Le
protocole peut
être amélioréen lisant
plusieurs points
àchaque déplacement. Ainsi,
avec 9points
de lecture parvisée,
on peut lire facilement 576points
en 2heures,
endéplaçant l’appareil
tousles 50 cm.
Cette méthode
n’exige
que l’absence de vent ; ellepermet
dedistinguer
lesespèces
et donc d’obtenir larépartition
dufeuillage
parespèce (ce qui
n’est paspossible
avec les deux autresméthodes)
et ce par niveaux relativement fins(50 cm).
Pour l’établissement de
profils
verticaux de nappe foliaire enforêt,
la méthode despoints-quadrats optiques
offre doncbeaucoup
derenseignements
et à un moindre coût de recueil des données.Reçu
pourpublication
en déceinbre 1980.Remerciements
Ce travail a été effectué
grâce
au contrat D.G.R.S.T. N° N567, N633, N674 : « Struc- ture,dynamique
et utilisation des formations à chênepubescent
en zonebioclimatique
méditerranéenne », et à un programme du C.N.R.S. intitulé « Chêne pubescent ».
R. BONHOMME (LN.R.A.,
Versailles)
et M. DUCREY (C.N.R.F.,Champenoux)
nous ontaidé à comprendre et à mettre en
place
sur le terrain la méthode desphotographies hémisphériques.
M. DUCREY nous a permis au C.N.R.F. de lire lesphotographies
et de traiterles résultats à l’ordinateur. M. METHY (C.E.P.E.,
Montpellier)
nous a aidé et conseilléen ce
qui
concerne la méthode radiométriquequ’il
a mise aupoint.
M. TERROUANE (Faculté des Lettres,Montpellier)
aanalysé
le modèlemathématique sous-jacent
à la méthodede MAC ARTHUR et HORN. Enfin, J. BLONDEL (Institut de
Botanique, Montpellier)
nous aprêté
lestratiscope
et donné conseil pour sonemploi.
Nous sommes très reconnaissants envers ces personnes pour l’aide
qu’elles
nous ontapportée.
Summary
Measurement
of
relativefoliage quantity by
strata inQuercus pubescens
Willd.
coppices
Three methods for
estimating
foliagequantity
byheight
in forest are described, and results obtained with it compared.These are (1) a method
using hemispherical photographs
forestimating
leaf-areaindex,
(2) anoptical point-quadrat
method forestimating foliage quantity by height,
(3) a radio- metric method which uses selectiveabsorption
of radiationby
leafpigments :
two tensionsproportional
to spectral intensities of infra-red (798 nm) and red (679 nm)light
are measuredand
expressed
as a ratio, K ; this ratio is calibrated with leaf area index orfoliage quantity.
They
have been tested in four Quercus pubescen.scoppices
in the « HautesGarrigues
du
Montpellierais
» (South of France).Estimates of leaf area index,
foliage
quantity or K value are affectedby vegetation
structure or
by
sampling methods. But in a stand, results obtained with the three methodsare correlated, and
profiles
of leaf area index or offoliage quantity
are similar.The
optical point-quadrat
method furnishes more informations than the others and is the faster method forestimating
foliagequantity by height
in forest.Références
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