LES FACTEURS DE VARIATION DU RAPPORT
CALORIES /MATIÈRES AZOTÉES TOTALES
DANS LES RÉGIMES DU POUSSIN
J. GUILLAUMEStation de Recherches avicoles,
CentYe national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise).
PLAN INTRODUCTION
I. - IMPORTANCE DU RAPPORT
CALORIES/MATIÈRES
AZOTÉES TOTALES1
° Influence du rapport Cal/M. A. T. sur le développement
pondéral
de l’animal.2
° Influence du rapport Cal/M. A. T. sur l’efficacité des aliine:its.
a) efficacité azotée ; b) efficacité
calorique;
c)
compensation
de l’efficacité azotée etcalorique
l’une par l’aut re ; d) signification de l’indice de consommation.g! Influence du rapport Cal/M. A. T. sur la
composition
corporelle.II. - LES VARIATIONS
CAI,!M.
A. T. OPTIMAL A) Facteurs liés à l’animal.1
°
l’âge ;
2’ le sexe : §
3
0
l’origine génétique.
B) Facteurs liés au
régime.
Aspect quantitatif :
W Influence de la valeur absolue des termes du rapport sur sa valeur
optimale.
a) cas de la croissance ;
b) cas de l’efficacité alimentaire ; c) cas de la composition corporelle.
2
0 Rôle direct du taux
énergétique.
a) action sur la croissance ;
b) interprétation ;
c) conclusion.
Aspect
qualitatif :
1 rôle de la nature des matières azotées ;
2
° rôle de la nature des matières énergétiques.
a) position
duproblème ;
b) incertitude des mesures de
l’énergie productive
des matières grasses.a) Facteurs
intrinsèques : Digestibilité
des graisses sensu styicto.Influence du taux de matière grasse.
Influence de la nature des matières grasses.
Influence du point de fusion.
Influence du degré d’estérification.
(3) Facteurs
extrinsèques.
c) rôle des constituants non
énergétiques
des matières grasses ;d) différences de rôle
métabolique
entre glucides etlipides.
Discussion.
CONCLUSION
INTRODUCTION
La nécessité de fournir les différents éléments du
régime
dans unrapport
définia trouvé une
application
duplus
haut intérêtdepuis
une dizaine d’années dans larelation
qui
doit exister entre lesprincipes énergétiques
et azotés.Bien que cette notion soit assez ancienne
puisque
MOELLGAARD(cité
par Hoxl,s105
8)
et LEROY définissent les besoins azotés des différentesespèces
par unité éner-gétique (unité fourragère),
elle a été remise à l’honneur chez les volailles à la suite des travaux de ScoTT et al.( 1947 ) qui soulignent
l’intérêt de l’enrichissement desrégimes
enénergie,
et de HILLet DANSKY(ig5o) qui
étudient l’influence de la quan- tité de calories durégime
sur sa consommation. Ces auteurs retrouventl’importance
de
l’équilibre énergie/matières
azotées pour l’amélioration de l’efficacité des ali- ments.Depuis
cetteépoque,
le nombre depublications
dans ce domaine est considé-rable. La
plus grande partie
d’entre elles concerne desexpériences
à caractère pra-tique
dont le but est de déterminer les modalitésd’emploi
des matières grasses dans l’alimentation des volailles. Bien peu, par contre, ont étépoursuivies
dans unesprit
de recherches fondamentales.
Dans la
plupart
des cas,l’obligation
de maintenir unrapport calories/matières
azotées convenable est mise en
évidence,
mais de nombreusesimprécisions
demeurentqui
rendent lesapplications zootechniques
souvent difficiles. Il y a lieu de considéreren effet que la variation de ce
rapport peut
être obtenue deplusieurs façons qui
n’ontpas la même
signification physiologique.
Il nous est donc apparuopportun
de fairele
point
de laquestion
en tentant dedégager
les causes de la variabilité des résultats par uneanalyse critique
des donnéesexpérimentales publiées
à cejour.
On a
proposé plusieurs
modesd’expression
de la relation entrel’énergie
et lesmatières azotées. La
plus répandue
chez les volailles consiste àrapporter
la valeurénergétique
desrégimes exprimée
en caloriesproductives (F RAPS , 194 6)
au pourcen-tage
de matières azotées totales. Ce dernier terme estégal
à l’azoteanalysé
selon laméthode de
K JELD nxI, multiplié
par le coefficient6, 25 .
Par souci decommodité,
nous utiliserons l’abréviation
Cal/M.
A. T. pourdésigner
cerapport
danslequel les
calories sont évaluées par
kilogramme
d’aliment. Dans cesconditions,
la valeur moyenne de cerapport
oscille entre 70 et 120.I. - IMPORTANCE DU RAPPORT CALORIES
,IMATI!RBS AZOTÉES
TOTALESDe nombreuses observations ont démontré l’influence du
rapport Cal/M.
A. T.sur le
développement pondéral
del’animal,
sur sacomposition corporelle
et surl’efficacité alimentaire.
1
. -
Influence
durapport Cal/M.
A. T.sur le
développement pondéral
de l’animalDONALDSON et al.
( I95 6),
étudient laréponse
de croissance depoussins
recevantdes
régimes
dont lerapport Cal/:VI.
A. T. passe de 77 à15 6.
Ils n’observent aucunevariation du
poids
de l’animal tant que lerapport
est inférieur à Ils(Courbes
deD
ONALDSON et al.
graphique i).
Au-delà de cettelimite,
la croissanceest toujours
ralentie. Ce résultat est
cependant incomplet :
Hrr.r, et DANSKY( 1950 )
avaientdéjà
àmontré que l’on
peut
obtenir unedépression
de la croissance aussi bienquand
onaugmente
le taux azoté au-delà d’une certaine valeur quel’orsqu’on
le diminueau-dessous d’une autre valeur sans diminuer le taux
calorique parallèlement ;
cequi signifie
que ladépression
de croissanceapparaît
depart
et d’autre de deux valeurs données durapport Cal/M.
A. T.Toutefois,
à l’intérieur de ceslimites,
lerapport Cal/M.
A. T.peut
varier dans unelarge
mesure sans avoir derépercussion significative
sur le taux de croissance. Cette conclusion est renforcée par de très nombreux résultats
identiques
d’auteursqui
ont travaillé avec des valeursplus
étalées. Onpeut
traduireces faits par des courbes donnant le
poids
de l’animal à unâge
donné en fonction durapport Cal/M.
A. T.(graphique 2 ).
Ces courbesprésentent
toutes une forme encloche dont le maximum n’est pas
toujours
bien défini. C’est en ce sens que VoND!!,!,et RmGROS!
( 195 8) préfèrent parler
d’une « zone o où la variation durapport
n’apas d’influence
significative
sur la croissance. Pour ces auteurs, cette « zone » se situe entre les valeurs 99 et 117.Malgré
cesimprécisions,
laplupart
des chercheurs définissentcependant
une valeuroptimale.
Il convient toutefoisd’ajouter,
comme lefait Hoiiis
( 195 8)
que l’on ne doit pas s’attendre à uneprécision supérieure
àplus
oumoins 10 pour cent.
Ces données traduisent
l’inaptitude
dupoussin
à utiliser convenablement desrégimes déséquilibrés
aussi bien par excès que par déficienced’énergie
ou de matièresazotées. Notons en
passant, qu’on
ne trouve pas un seulmaximum,
mais bien autantde maximums que les auteurs utilisent de séries de
régimes.
Nous reviendrons sur cepoint.
2
. -
In flaaence
durapport Ca!/M.
A. T. surl’efficacité
des alimentsOn a
essayé d’employer
des aliments enrichis enénergie
en vue d’améliorer la croissance et les résultats n’ont pastoujours
étépositifs.
Par contre, on s’est viteaperçu que ces
régimes pouvaient
améliorer l’indice de consommation(-V ACOWITZ , 1953
)
et c’est sans doute l’intérêtpratique
de cette constatationqui
aencouragé
les chercheurs dans cette voie.
L’augmentation
de l’efficacité de la ration est le fait d’une élévation du taux de calories durégime
car on obtient alors la même croissance avec unequantité
inférieure d’aliment. On remarque inversement que la consommation d’aliment par unité de
gain augmente lorsque
l’on enrichit lerégime
en cellulose.Toutefois,
lepoids
d’aliments consommé par unité degain corporel
n’estpas un critère suffisant de l’utilisation des
principes énergétiques
et azotés. Il ne donneen effet
qu’une
valeur de l’utilisationglobale
de la totalité de la ration. Il seraitplus
intéressant de considérer le
gain
depoids
par gramme de matières azotées totalesou par calorie
consommée,
c’est-à-dire l’efficacité azotée et l’efficacitécalorique.
a) Efficacité
azotée.BI
ELYet MARCH
( 195 6)
notent lespremiers
que l’élévation du tauxénergétique
du
régime
paradjonction
de matières grasses se traduit par une économie des autres éléments nutritifs et enpremier
lieu des matières azotées totales. Doxn!,nso! et al.(r 95 6)
ontporté
sur ungraphique (graphique i)
le nombre de grammes de matières azotées totales nécessaires à l’obtention d’un gramme degain (inverse
de l’efficacitéprotéique)
en fonction durapport Cal/NT.
A. T. La courbequ’ils
obtiennent a l’allure d’une branched’hyperbole ; plus
lerapport s’élève,
meilleure est l’efficacité azotée.On sait que l’efficacité azotée
dépend
deplusieurs
facteurs. HILLet DANSK!!,( 1 954)
M R A
Z et al.
( 195 8) puis
I,!oxG et al.(r95c!) indiquent qu’elle
diminuelorsque
le taux
protéique augmente.
Enparticulier,
ces derniers auteurs ne font que trans- poser au cas dupoulet
les résultats obtenus par BARNES et BossanRDZ( 194 6),
chezla souris. Ils fournissent par contre des indications
supplémentaires puisque
leursconclusions demeurent valables
lorsque
l’on fait varierégalement
le tauxénergétique
du
régime.
On
peut cependant exprimer
leurs résultats defaçon
différente. Nousavons
repris
les chiffres des auteursprécédents
et nous avons étudié lerapport
M, A. T, consommées
1,! A ! ! 1 <
gain corporel
en fonction durapport Cal/M. A. T.
Les courbes obtenuesgain
corporel
! ’sont
comparables
à des branchesd’hyperboles (graphique 3 )
comme celles deDo:·rar,DSO!r et al.
(1956).
!.... 1 1,.
gain corporel
(
ffi.Si nous
portons
maintenant la relation inverse :gain corporel ,__
M.A.T consommées(coefficient
d’efficacité
protidique)
en fonction durapport Cal/M.
A.T.,
nous obtenons une droite.Pour les valeurs du
rapport
inférieures à 120, il y aproportionnalité
entre l’efficacitéazotée et le
rapport calories/M.
A. T.(graphique 4 ). Au-delà
de la valeur i2o l’utili-sation des matières azotées ne
peut plus
être améliorée.I,’efficacité azotée maximale est donc observée pour des
rapports Cal/M.
A. T.voisins de 120. Ceci nous montre que pour des
régimes
où lerapport
est inférieurà 100, les
protéines
ne sont pas en mesure de manifester leurpleine efficacité,
l’animalne
disposant
pas d’assezd’énergie
pour cela.b) Efficacité calorique.
En
plus
de l’efficacitéprotéique,
les auteursprécédemment
cités ont étudiédans les mêmes conditions les variations de l’efficacité
calorique.
D
ONALDSON et al.
( 195 6)
observent que laquantité
de caloriesingérées
par gramme degain
depoids augmente
avec lerapport Cal/M.
A. T.(graphique i).
Il y a donc une variation en sens inverse des efficacités azotées et
caloriques.
Autre-ment
dit,
c’est endépensant davantage
de calories que lepoulet
utilise mieux les matières azotées durégime.
Ces résultats doiventcependant
être nuancés.Bien que LEONG et al.
( 1959 )
n’aient paspublié
leurs résultats sous la même forme que DONALDSON et al.( 195 6)
nous avons pu,d’après
leurschiffres,
tracer lescourbes de variation de l’efficacité
calorique
en fonction durapport Cal/M.
A. T.et nous les avons collationnés sur un
graphique (graphique 5 ).
Ces résultats ne sontpas entièrement
superposables.
Pour les faibles valeurs durapport Cal/M.
A.T.,
Dorrnr,DSON et al.(r9!6),
trouvent que l’efficacitécalorique
demeure constante, alors que pour LEONG et al. elleaugmente,
passe par un maximum avant de diminuer.Cette contradiction
apparente s’explique,
là encore, par le fait que les deux études n’ont pas étépoursuivies
dans la même gamme derapport Cal/M.
A. T.C’est sans
doute,
parce que Dorrnr,DSOrr et al. ne sont pas descendus en dessous des valeurscorrespondant
àl’optimum,
que les conclusions diffèrent.c) Compensation
del’efficacité
azotée etcalorique
l’uncpar
l’autre.En
résumé,
les auteurs aboutissent aux conclusions suivantes :1
° Le
poulet
utilise mieux les matières azotées totaleslorsqu’il reçoit
un tauxcalorique plus
élevé dans sonrégime.
Mais en contrepartie
ilgaspille
cetteénergie
excédentaire.
2
° Ce résultat n’est valable que dans la zone du
rapport Cal)NI.
A. T.optimale.
En fonction des variations de ce
rapport
à unâge
donné dupoussin,
nous avonsschématisé sur un même
graphique (figure 6)
les variations simultanées de l’efficacitéazotée,
de l’efficacitécalorique
et dupoids
vif. Onpeut décomposer
cegraphique
en trois zones. Pour la zone
centrale,
les efficacitéscaloriques
et azotées varient ensens inverse. I,’élévation de l’une compense la réduction de l’autre. Par contre
dans les zones
marginales, pendant
que l’unevarie,
l’autre demeure sensiblement constante. Il en résulte que, dans ces deux zones, l’un des constituants durégime
estmal utilisé.
d) Signification
de l’indice de consommation.Comme le fait remarquer HoH!,s
(i 95 ,S)
onpeut
obtenir un mêmerapport Cal/M.
A. T. deplusieurs
manièresqui
n’ont pascependant
la mêmesignification physiologique.
lorsque
HoHr,s étudie la variation de l’indice de consommation en fonction durapport Cal/M. A. T.,
il obtient deux courbesdifférentes, (graphique
7et bis),
selon
qu’il
maintient constant le tauxénergétique
et fait varier le tauxprotéique
oumaintient constant le taux
protéique
et fait varier le tauxénergétique.
Dans lepremier
cas, l’indice de consommation passe par unoptimum
alors que dans lesecond,
il diminue constamment. Ces résultats confirment ce que nous venons de dire : dupoint
de vuethéorique,
la variation de l’indice de consommation pour desrégimes isoénergétiques
se ramène en effet à laquantité
de caloriesingérées
par gramme degain
depoids.
C’est la définition de l’efficacitécalorique,
etHoH!,s, ainsi,
traduit d’uneautre manière des
phénomènes identiques
à ceux étudiés par les auteurs américains.Un même raisonnement
s’applique
au cas des matières azotées.3
. --
Influence
ditrapport Cal/M.
!.s!cr la
compositio;t corporelle
Les
régimes
à hauts niveauxénergétiques
ont étéemployés depuis longtemps
pour
l’engraissement
des animaux.L’analyse
de carcasses depoulets
nourris avecdes
régimes
àrapport Cal/M.
A. T. variable doitcependant
nouspermettre
de suivre lephénomène
avecplus
deprécision.
Dès 1943, FRAPS a noté l’incidence de ce
rapport
surl’importance
des tissusadipeux,
des tissus azotés et de l’eau. HILI, et DANSKY,( 1951 )
font des cons-tatations
analogues.
DONALDSON et al.( 195 6),
à l’aided’analyses systématiques
étudient la variation de la teneur en azote, en
lipides
et en eau de la carcasse entièreen fonction du
rapport Cal/M.
A. T.(graphique 8).
Cerapport
a peu derépercussion
sur la teneur en
protéines qui
passe de 20,3 à 18 p. 100 dupoids
dupoussin
de4
semaines. Par contre la teneur en
lipides
passe de5 ,6
à 14p. 100 et l’eau diminuede 70 à
6 4
p. IOO dans les mêmes conditions. Les chiffres obtenus par LEONG et al.(I959)!
sur despoussins
de 9 semaines dans lesexpériences
citéesplus haut,
nous ontpermis
de constater que ces résultats ont uneportée générale (graphique 9 ).
On
peut
dire que la teneur en matières azotées totales reste relativement cons-tante, tandis que la teneur en
graisse
augmente dans des limites considérables(I 5
0
p.100 ).
Les variations inverses de la teneur en eau et enlipides,
retrouvées dansces
expériences,
sont en accord avec la loigénérale qui
veutqu’un
animalqui
s’en-graisse perde
de l’eau.Ces résultats montrent une fois de
plus
que legain
depoids
est un mauvaiscritère de la croissance. Pour les
rapports
élevés alors quel’importance
des tissusprotéiques décroît,
celle des tissusadipeux augmente
et compense cette diminution.Or,
la mesure dupoids
vif ne donne pas d’indication sur lasynthèse
des différents tissus. Notons toutefois que DoNnt,DSO!r et al.( 195 6)
ont montré quequelles
que soient lessynthèses respectives,
le taux de cendres demeureinvariable,
cequi peut
être
interprété
comme une constance dudéveloppement
dusquelette
ou de la fixitéde la croissance staturale.
Avant 1947 on
prenait généralement
le taux azoté commeprincipal
critèrequantitatif
de la valeur d’un aliment. Nous avonssignalé
que ScoTT et al.( 1957 )
ont voulu
prendre
en considération le tauxcalorique.
Leurs travaux, et ceuxqui
ontsuivi cet
essai,
ont finalementdégagé l’importance primordiale
durapport
de ces deux taux.En
effet,
nous avons vu que lesprincipes
azotés eténergétiques
d’un alimentpour
poussin
doivent êtreapportés
dans desproportions
déterminées. Si l’on s’enécarte,
la nourriture est malutilisée,
ledéveloppement pondéral
est ralenti et lasynthèse
des tissus est modifiée.Cependant,
nous avonsdéjà signalé
que l’on nepeut
définir unrapport CallM.
A. T.optimal unique (graphique 2 )
- et c’est la variation de cetoptimum
que nous vous proposons d’examiner en détail.
II
. - LES VARIATIONS DU RAPPORT
Cal/M.
A. T. OPTIMAI,Tous les auteurs s’accordent pour dire
qu’il
existe une zoneoptimale
durapport Cal/.!,1.
A. T.Cependant,
ils ne sont ni d’accord sur la valeur moyenne de cerapport qu’il
convient derecommander,
ni sur les limites extrêmes au-delàdesquelles
ilconvient de ne pas tomber.
Voici par
exemple
des chiffres pourlesquels
les auteurs ont obtenu des croissancesoptimales.
La
variabilité,
dusimple
audouble,
des valeurs durapport Cal/1!I.
A. T. trouvéesou
proposées
par les auteurspeut paraître surprenante.
Enfait,
de nombreux fac- teurs ont unerépercussion
sur elle. Parmi ceux-ci on connaîtl’âge,
le sexe, ou la valeur des matières azotées durégime,
etc. D’autres tels que le moded’élevage
oul’état
pathologique
ne sont malheureusement quesoupçonnés.
Nous étudieronsles facteurs les mieux connus que nous diviserons en facteurs liés à l’animal d’une
part
et aurégime
d’autrepart.
A. - FACTEURS I,IÉS A L’ANIMAL
I
. -
L’âge
Depuis
HsusER( 1030 ),
il est recommandéd’employer
desrégimes
différentsselon
l’âge
de l’animal. Enparticulier,
il convient de diminuer le tauxprotéique
au fur et à mesure que l’animal vieillit. Sans le
savoir,
on réalisaitdéjà
desrégimes
à
rapport Cal/M.
A. T. deplus
enplus
fort de la naissance au stade adulte. Dans de nombreux cas, on acependant
utilisé une même gamme derégimes pendant
toute ladurée de
l’expérience.
Il est alors assez facile de constater que les lotsprésentant
laplus
forte croissance ne sontpresque jamais
les mêmes au début et à la fin del’expé-
rience.
Comme
précédemment,
on trouve une assezlarge
étendue des valeurs durapport Cal/M.
A. T. recommandées selonl’âge.
Voici parexemple,
les chiffres trouvés ouproposés
par divers auteurs.Les données de SCOTT
( 195 8)
citées par WAIBEL( 19 6 0 )
nous ontpermis
detracer une courbe de variation du
rapport Cal/M.
A. T.optimal
pour le dindon enfonction de
l’âge (graphique io) :
il y a une relation linéaire entre ces deux facteurs.2
. Le se.xe
Dans les
élevages avicoles,
on distribuegénéralement
les mêmes aliments aux femelles et aux mâles en croissance. Celapeut
être dû à des nécessitéspratiques,
mais cela résulte
également
d’un manqued’information,
car on a assez rarementcomparé
l’influence durapport Cal/M.
A. T. sur la croissance despoussins
des deuxsexes.
D’après
MELLEN et HIIjI,(1954)
iln’y
aurait pas de différence entre le méta- bolisme de base des mâles et desfemelles,
cequi
serait unargument
en faveur dela similitude de leurs besoins
énergétiques.
Pourtant BRU!cGMAV!r et BARTH
( 1959 ), signalent
que les mâles sontplus
sensibles que les femelles à la variation du
rapport Cal/M.
A. T. sans en déduire dedifférence de besoin. PEPPER et al.
( 1953 )
trouvent que l’enrichissement desrégimes
avec i ou 2 p. 100 d’huile de
soja
améliore la croissance et la finition des femelles alorsqu’elle
est à peuprès
sans effet sur les mâles. SHUTZE et al.( 195 8)
estiment que ceux-ci doivent avoir des besoins azotéssupérieurs.
De ces deuxétudes,
il ressortque les mâles réclameraient un
rapport Cal/M.
A. T.plus
faible que les femelles.Ce besoin se traduirait au niveau de la
composition corporelle.
DANSKY et HU<L( 1952
)
notent que les femellesdéposent davantage
degraisse
dans leur carcasseque les mâles. HEBERT et BRUrrsorr
( 1957 )
trouventégalement
une différence sem-blable entre les carcasses des animaux des deux sexes. Cette
opinion
n’est pas par-tagée
par tous. SIEDLER et SCHWEIGERT( 1953 )
trouvent que lescoquelets
WhiteRock
supportent
mieux que lespoulettes
l’addition de 8 p. 100degraisse,
à conditiontoutefois
qu’elle
soitaccompagnée d’antibiotique,
choline et vitamineB 12 .
Cettecontradiction avec les études
précédentes peut provenir
d’une différence de besoinsvitaminiques.
Mais deplus,
elle s’observe sur des mâles White Rock et non sur des NewHampshire.
3. -
Origine génétique
Les contradictions des conclusions
précédentes peuvent
doncs’expliquer
enpartie
par la diversité des souchesemployées.
Lesexpériences
decomparaison
desbesoins alimentaires de
plusieurs
souches ou croisements sont en effets très rares et il est osé de comparer les résultats des essais obtenus avec des souches différentes mais où lesprotocoles
ont étéégalement
différents.LE ON
G et al.
( 1959 )
au cours d’une même séried’expériences
sur des animaux de croisement NewHampshire
XLeghorn
blanche d’unepart,
et de souche ArborAcre X White
Rock,
d’autrepart,
ne constatent que de faibles différences dans la croissance despoussins
et concluent que le facteurgénétique
estnégligeable.
Ce résultat ne
s’applique pourtant
pas à toutes les souches. HOHLS( 19 6 0 )
utilise des Nichols
9/10 8
et desLeghorn
blanchesqu’il place
dans des conditions nutritionnelles différentes : le tauxprotéique
de ces différentsrégimes
passe de 15 à 28 p. 100 et le tauxénergétique
est modifié paradjonction
ou non de matières grasses. Il est constaté que l’amélioration decroissance,
résultant de l’élévation du tauxénergétique,
est maximale pour un tauxprotéique
de 20p. 100 chez lesLeghorn
et de 26 p. 100chez les Nichols. Il y a donc bien une différence de
comportement
vis-à-vis de
l’équilibre
matières azotées totales/énergie
chez ces deux souches.Il ressort de ces
études,
la nécessité d’élever lerapport Cal/M.
A. T. avecl’âge
del’animal. Par contre, il est difficile à l’heure actuelle de recommander des normes diffé- rentes suivant le sexe et la souche ou le croisement car les
expériences
en ces domainesdemeurent
fragmentaires
et contradictoires.Mais si les résultats sont
parfois
contradictoires et s’il est difficile de se faireune
opinion
claire de l’ensemble de ces différentesexpériences,
cela estpeut-être
dûen
partie
à la diversité des processusexpérimentaux.
Bien peu d’auteurs ont en effet utilisé desrégimes comparables
à touspoints
de vue.Étant
donné les interactionsplus
ou moins bien connuesqui
existent entre les différents élémentsnutritifs,
il faut s’attendre à des effets secondaires sur lacroissance, chaque
fois que l’on utiliseun
régime
ou un autre.B - FACTEURS LIÉS AU RÉGIME - ASPECT QUANTITATIF —
Nous avons
déjà signalé
à propos des courbes dugraphique
2 que l’on nepeut
définir unrapport Cal/M.
A. T.unique,
même pour un aliment destiné à unanimal donné.
Depuis
lespremiers
travauxqui
ont montrél’importance
del’équilibre
des M. A. T. et de
l’énergie, plusieurs
études ultérieures ont en effet attiré l’attentionsur la nécessité de tenir
compte
aussi de la valeur absolue des termes durapport Cal/M.
A. T.1
. -
Influence
de la valeur absolue des termes durapport
sur sa valeuroptimale a)
Cas de la croissance.I,!orrG et al.
(r 955 ),
SUNDE( 195 6 a)
et de nouveau LÉONGet al.(ig 5 g)
font varierà la fois le taux
énergétique
etprotéique
durégime
afin d’obtenir de nombreuxrapports Cal/M.
A. T. par toutes les combinaisonspossibles
des deux facteurs. Nousavons
déjà
eu l’occasion derapporter
leurs résultats.Toutefois,
àpartir
des chiffres de LEONGet al.
( r 959 )
nous avons construit d’abord les courbes de variation dupoids
vifà 9 semaines en fonction du
rapport
pour des tauxénergétiques
différents(graphique 2 ).
Nous obtenons ainsi une famille de courbes
qui présentent
toutes un maximumdifférent. Ce
graphique
illustre donc les conclusions des auteursqui
trouvent unopti-
mum du
rapport spécifique
dechaque
tauxénergétique.
Si maintenant noustraçons
à l’aide des mêmes valeurs les courbes
correspondant
àchaque
taux azoté(graphique
2
bis),
nous n’obtenons pas unoptimum caractéristique
de chacund’eux,
à cause dela
trop
faible gamme derapports
leurcorrespondant.
Nous l’observonscependant
pour les taux moyens ; et nous pouvons
extrapoler
les autres courbesincomplètes
sans commettre un gros
risque
d’erreur et retrouver unrapport optimal
différent deceux que nous
observons, puisque
PETERSOXet al.( 1952 )
ont démontré leur existence pourchaque
taux azoté. Ce n’estqu’une
manière différente de dire que lerapport optimal dépend
du niveauénergétique.
Voici
groupées
dans le tableau 3 les valeursoptimales
durapport Cal/M. A.
T.publiées
par divers auteurs.Ces chiffres mettent en évidence la nécessité
pratique
d’élever lerapport Cal/M.
A. T. toutes les fois que l’onaugmente
le tauxénergétique. Cependant,
cetteélévation ne devient
importante
que pour desrégimes
contenant au moins 2 ooo Cal.productives
parkg.
De telsrégimes hyperénergétiques
ne sont obtenus que paradj onc-
tion de matières grasses
qui,
à ellesseules, pourraient
être une cause au moinspartielle
de
l’augmentation
durapport optimal.
Nous reviendrons sur cepoint.
L’examen des
graphiques
2et 2 bisappelle
une remarque :Lorsque
l’onexpérimente
avec desrapports
voisins del’optimum permettant
la
plus
forte croissance(autour
de ioo sur legraphique 2 ),
ons’aperçoit
que la crois-sance est d’autant meilleure que le taux
protéique
estplus
élevé et que toute augmen- tation du tauxénergétique
se traduit par une nouvelle amélioration de la croissance.Cela
peut expliquer pourquoi plusieurs
auteurs dont PoTTER et al.( 195 6),
SHUTZEet al.
(z 95 8)
estiment que lerapport Cal/M.
A. T. a une faible influence enregard
dela valeur absolue des taux azotés et
énergétiques.
b)
Cas del’efficacité
alimentaire.Nous venons de voir que l’influence du
rapport Cal/M.
A. T. sur la croissance doitse
traduire,
non pas par unecourbe,
mais par une famille de courhes. Nous allons voirqu’il
en est de même pour les autresgrandeurs
influencées par lerapport Cal/M.
A. T.Nous avons
signalé
que HoHt,s( 195 8) publie
les courbes de variation de l’indice de consommation derégimes isocaloriques
en fonction durapport Cal/M.
A. T.(graphique
7bis).
Onpeut
en déduire les valeursoptimales
suivantesqui
sontgroupées
dans le tableau 4.
Comme pour la croissance
optimale,
l’indice de consommation minimal corres-pond
à des valeurs durapport Cal/M.
A. T. d’autantplus
élevées que le tauxénergé- tique
estplus
fort. D’une manièreplus précise
les données de I,!ovG et al. 1959, quenous avons utilisées pour la construction des
graphiques
4 et 5 nous montrent que les variations de l’efficacitécalorique
et l’efficacité azotée en fonction durapport Cal/M.
A. T. doiventégalement
êtrereprésentées
par des familles decourbes, chaque
courbe
correspondant
à un tauxénergétique.
c)
Cas de lacomposition corporelle.
I,es diverses données relatives aux
analyses
de carcasse nous ontpermis
de suivrela variation des teneurs en eau, matière grasse et matière azotée en fonction du même
rapport.
Nous voyons(graphique 9 )
que pour la teneur enlipides,
on a une famillede courbes tout à fait
comparable
auxprécédentes ;
pour les teneurs en matièresazotées seulement les résultats sont moins nets, la teneur en
protéines
étant peu influencée par lerapport CallM.
A. T. et par le tauxénergétique.
En résumé le
rapport Cal/M.
A. T. n’est pas le seul critère à considérer pour la nutritionénergétique
et azotée dupoulet.
Il faut tenircompte également
de la valeur absolue de ses termespuisque
le tauxénergétique
intervient tant sur la valeur durapport optimal,
pour la croissance et l’efficacité alimentaire que sur lacomposition corporelle.
2
. - Rôle direct du taux
énergétique a)
Action sur la cvoissance.Si l’on examine la famille des courbes du
graphique
2, onpeut
voir que les crois-sances obtenues pour les
rapports
lesplus
favorables ne sont pas les mêmes avec les trois courbes. Ce résultat ressortégalement
d’autres étudespuisque
DoNAi!DSON et al.( 195 6),
trouvent parexemple
pour des tauxénergétiques
de i8 00 ,
2 I40, 2 q2o, et 266oCal/kg
despoids
vifs maximaux àquatre semaines, respectivement
de :4 6 7 ,
475 ! 490 et 472 g.
Le taux
énergétique
n’aurait donc pas seulement un rôle dans la détermination durapport optimal,
il aurait aussi une influence en soi sur la croissance.Quelque
par- fait que soitl’équilibre protéines
-énergie,
il semblequ’une
élévationdu
taux éner-gétique
se traduise par une amélioration de lacroissance, jusqu’à
une certaine valeurqui
serait le tauxénergétique optimal.
Ainsipeut s’expliquer
le succès actuel des aliments enrichis en matières grasses : lesrégimes
courants utilisésjusqu’aux
travauxde SCOTT et al.
( 1947 )
étaient établis sans tenircompte
de leur niveauénergétique.
Celui-ci se situait vers i 600 à i 800
Cal/kg
et étaittrop
faible pour assurer la meilleure croissance.L’existence d’un taux
énergétique optimal
ressortégalement
des études de MPAzet al.
( 1957 ) qui
définissent un tauxexprimé
en calories par unité de volume de l’ali- ment. Ils trouvent ainsi que cerapport
ne doit pas s’écarter de la valeur de o,75 à 0,79Cal/cm 3
,
si l’on veut que la meilleure croissance soit maintenue.b) Interprétation.
Nous venons de voir que le
rapport Cal/M.
A. T. nepeut
suffire à définirl’équilibre qui
doit exister entre les éléments azotés eténergétiques
d’unrégime, puisque
lerapport Cal/M.
A. T. doit être d’autantplus
élevé que le tauxcalorique
del’aliment est
plus
fort.Cependant,
nous avonségalement
vu que les animaux recevant des aliments de mêmerapport Cal/M.
A.T.,
mais de tauxénergétique
deplus
enplus fort,
avaientles carcasses les
plus
grasses. De même si l’onconsidère, parmi
les animaux ayant reçu cesaliments,
ceuxqui atteignent
le mêmepoids
à unâge donné,
ce seront ceuxqui
ont reçu à la fois lesplus
forts tauxénergétiques
et lesplus
fortsrapports Cal/M.
A.T., qui
seront lesplus
gras.Nous pouvons donc dire que des aliments, même s’ils ne diffèrent pas par leur effet sur le
développement global,
diffèrent par leur action sur la croissance dechaque
tissu.
Chaque
tauxcalorique
nécessite unajustement
déterminé au taux azoté pour que la meilleure efficacité alimentaire soitassurée,
mais il entraîne aussi unesynthèse
tissulaire déterminée.Nous avons
rapproché
ces résultats des travaux de HILLet DANSKY( 1954 )
surles mécanismes