Note
Influences
surla puberté de la truie de
sapériode de naissance
et de
sa durée d’allaitement
Sylvaine CARREZ, F. TREIL, P.-H. DUÉE A. AUMAITRE Station de Recherches sur
l’Élevage
des PorcsCentre national de Recherches zootechniques, I.N.R.A., 7835
0
Jouy en Josas (France)
Résumé
Une étude statistique a été entreprise sur 362 porcelets femelles qui diffèrent par l’âge au sevrage (10, zi, 35jours) et par la période de naissance. La réduction de la durée d’allaitement
ne modifie pas
l’apparition
du premier oestrus. Il existe une relation linéaire entie le poids à deuxmois d’une part, la vitesse de croissance après deux mois d’autre part, et l’âge à la puberté (res- pectivement, r = - o,z3; v = - 0,4!). Par ailleurs, les animaux qui naissent entre mai et octobre ont une puberté plus précoce (z43jours) que ceux nés durant l’autre période de l’année (z53jours).
Cet effet n’est cependant pas expliqué par le
poids
à deux mois ou la vitesse de croissance pré- pubertaire.Introduction
I,a
productivité
de la truie est conditionnée enpartie
parl’âge auquel apparaît
la fonction de
reproduction. Or, l’apparition
de lapuberté
faitl’objet
d’estimationsgénéralement
trèsvariables;
de nombreux facteurs(génotype,
nutrition oumilieu) peuvent expliquer
cettehétérogénéité
del’âge
aupremier
oestrus(R!xaT
etD U É E ,
i 97
6),
mais leurs effets sont souvent contradictoires.Dans le domaine
nutritionnel,
on acependant remarqué
que certains cas decarence
globale
ouspécifique, pendant
lapériode
decroissance,
retardaient lapuberté (ÉT I E NN E et DuÉE,
i973; CuNr;mGHnM et at., zg 74 ) ;
on peut
alors se deman-
der si la vitesse de croissance,
modifiée dans le cas présent
par le niveau des apports nutritionnels,
ne peut
être un des facteurs affectant l’apparition
de la maturité
sexuelle.
Dans cette
étude,
il seraenvisagé
l’effet des conditionspost-natales (période
de
naissance;
duréed’allaitement)
surl’apparition
de lapuberté, compte
tenu desperformances
de croissance des animaux.Matériel et méthodes
Une étude
statistique
a étéentreprise
sur3 6 2 porcelets
femelles de raceLarge
Whitequi
diffèrent parl’âge
au sevrage( 10 ,
2r ou 35jours)
ainsi que par le mois denaissance, réparti
uniformément sur l’année. Les conditions delogement
et d’alimentation sont
identiques
pour tous les animauxaprès
leur sevrage et la détection dupremier
oestrus est effectuée àpartir
de 70kg
depoids
vif parprésen-
tation
quotidienne
au verrat.Les effets de la durée d’allaitement et de la
période
denaissance, après
regrou-pement
des naissances en deuxpériodes
de six mois ,« froide» (de
novembre àavril)
et « chaude» (de
mai àoctobre),
surl’apparition
de lapuberté
ont été étudiésen
comparant
les valeurs moyennes paranalyse
de variance.L’étude
desfréquences
de distribution de
l’âge
et dupoids
à lapuberté
a été effectuée par le test 2î(A RBON -
NIER,
ig66). Enfin,
on aprocédé
au calcul des corrélations linéaires entre lepoids
à
âges
fixes(naissance,
21, 35 ou 60jours)
ou la vitesse de croissance de deux mois à lapuberté
etl’âge
aupremier
oestrus.Résultats
1
. -
Influence de
la durée d’allaitement surl’âge et
lepoids
à lapuberté I,’étude porte
sur un effectif de 334 cochettescontemporaines, réparties inéga-
lement suivant 3durées d’allaitement : 10
jours (57 animaux);
2ijours (7 9 animaux)
35
jours ( 19 8 animaux).
Les valeurs moyennes del’âge
et dupoids
à lapuberté, comparées
paranalyse
de variance ne font ressortir aucune différencesignificative
entre les trois durées d’allaitement. On
peut
toutefois remarquerl’âge
élevé desanimaux à la maturité sexuelle.
L’analyse
de la distribution desfréquences (fig. I) souligne
unetendance,
pour les femelles sevrées à 10jours,
à atteindre lapuberté plus
tardivement : lafréquence
maximale se situe entre 260 et 280jours
contre240et 26o
jours
pour une durée d’allaitementplus longue ( 2 z
ou 35jours).
Lepoids
moyen à la
puberté
est alorsplus
faible(g5
à zo5kg)
que celui des animaux sevrés à 2r ou 35jours ( 105
à 115kg). Or,
onpeut
noter que lesporcelets
sevrés trèspré-
cocément
( 10 jours)
accusent un retard de croissanceimmédiat, partiellement compensé
à deux moisd’âge, qui
toutefoispersiste
encore à lapuberté
etpourrait expliquer
unâge légèrement plus
élevé aupremier
oestrus.2
. - Relations entre le
poids à âges fixes
ou la vitesse de croissanceprépubertaire
et
l’âge
à lapuberté
Dans
chaque
classed’âge
au sevrage, il n’a pas été établi de corrélation linéairesignificative
entre lepoids
à la naissance des animaux et leurâge
à lapuberté.
Par contre, de telles liaisons
existent,
dans la classecorrespondant
au sevragele
plus précoce,
entre lepoids
à 21 ou 35jours
etl’âge
aupremier
oestrus(à
21jours :
r = - 0,30; à 35jours :
r= - o,28
P <0 , 05 ).
Ceci
soulignerait
un effetprécoce
des conditions nutritionnelles surl’âge
àla
puberté, qui
est mis en évidence lors d’une durée d’allaitement réduite.Quoi qu’il
ensoit,
pour l’ensemble des animaux( 3 6 2 ),
il existe une corrélationlinéaire,
faible il est
vrai,
entre lepoids
à deux mois etl’âge
à lapuberté (r
= - o,i3 ; P< 0,01).
Par
ailleurs,
la vitesse de croissance des animaux entre deux mois etl’âge
aupremier
oestrus détecté(x,
en grammes parjour),
est reliée linéairement àl’âge
àla
puberté (y,
enjours).
Ainsi, plus
la vitesse de croissance estélevée, plus
l’animalest jeune àlapuberté.
L’intensité de croissance
prépubertaire
semble donc un facteur nonnégligeable
dans le déclenchement de la maturité sexuelle.
3
. -
In flueuce de La période
de naissance surl’âge
et le
poids
à lapuberté
I,es données
consignées
dans le tableau iindiquent
que, dans le cas d’une naissance enpériode
chaude(de
mai àoctobre),
la maturité sexuelle estplus pré-
coce, d’environ io
jours.
Pour cequi
concerne l’effet de la saison de naissance surla
puberté,
les résultatsbibliographiques
sont contradictoires(RE RAT
etD U É E , 197
6).
Il estcependant
établi que l’intensité d’éclairementpeut
modifierl’appa-
rition de la
puberté (H ACKER et al.,
zg74;197 6)
etprincipalement pendant
lejeune âge (M ARTINA T et al., 1970).
On ne
peut
toutefoisexpliquer
l’écart de dixjours
aupremier
oestrus entre les femelles des deuxpériodes
denaissance,
ni par une différence dans lepoids
desanimaux à deux
mois,
ni par une différence d’intensité de croissance entre deux mois et lapuberté, qui
estcomparable
dans les deux groupes d’animaux( 510
à51
5
g !Jour).
Conclusion
Cette étude montre que la réduction de la durée d’allaitement
(de
35à 10jours)
n’est pas
préjudiciable
àl’apparition
de la maturité sexuelle. Parailleurs,
la vitessede croissance de deux mois à la
puberté
est liéenégativement
avecl’âge
aupremier
oestrus, confirmant par là mêmel’importance
des conditions nutritionnelles durant cettepériode.
De
plus,
les conditionsd’élevage pourraient
intervenirprécocement (avant
2 mois
d’âge),
si l’on considère les corrélations établies dans le groupe d’animauxsevrés à 10
jours. Toutefois,
cesparamètres
liés à la vitesse dedéveloppement
des
jeunes
femelles sont insuffisants pourexpliquer
l’effet de lapériode
de naissanceconstaté dans cette
étude,
cequi souligne
lacomplexité
desphénomènes
induisantla maturité sexuelle.
Acce!té pouv publication en septembve 1977.
Summary
Effects of
birthperiod
andsuckling length
on the onsetof puberty
ingilts
A statistical study was made with 362 female piglets differing by the age at weaning (10,
21
, 35 days) and the birth period. Reduction of the suckling length did not modify the onset
of Tst oestrus. Weight at two months, on the one hand and growth rate between the age of two months and puberty, on the other, were negatively correlated with the age at puberty (r = -o,i3; y
== —o, 47
, respectively). Furthermore, animals, which were born between May and October exhibited earlier puberty (243 days) than those born during the other months of the year (253 days). However, this effect is not explained either by the weight at two months or by the pre-
puberal growth rate.
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