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Prières pourêtre dansla vérité

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Prières pour être dans la vérité

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KARL RAHNER ET HENRI NIEL, S. J.

P R I E R E S pOUR ETRE

DANS LA VERITE

ÉDITIONS SPES - PARIS

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Nihil obstat : Lugduni, die 13 Novembris 1951

Andreas RAVIER, S. J., Praep. Prov. Lugdun.

Imprimatur : Parisiis, die 8a januarii 1953

Michel POTEVIN, Vic. gén.

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DIEU DE MES FRERES

Tu m'as envoyé aux hommes. Tu as posé sur mes épaules la lourde charge de tes pleins pou- voirs et de tes puissances de grâce, et, au sens strict, presque violent du mot, Tu m'as ordonné

« d'aller », Tu m'as envoyé loin de Toi, vers tes créatures que Tu veux sauver, vers les hommes. Bien sûr, j'étais avec eux depuis toujours, avant même que Tu ne m'aies confié cette mission sacrée. Il me plaisait d'aimer et d'être aimé, d'être un bon ami et d'avoir de bons amis. S'entretenir ainsi avec les hommes est chose facile et agréable. On ne va guère en effet qu'à ceux que l'on s'est soi-même choisis et on reste aussi longtemps que le plaisir dure. Mais maintenant, c'est autre chose : les hommes aux- quels je suis envoyé, c'est Toi qui les as choisis, pas moi. Je ne dois plus être leur ami, mais leur esclave.

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Lorsqu'ils commencent à me dégoûter, ce n'est plus comme autrefois le signal de la déro- bade, mais ton ordre formel de rester. 0 Dieu, ces hommes vers qui Tu m'as chassé loin de Toi, la plupart du temps ils ne me reçoivent même pas, moi ton messager. Ils ne veulent absolument pas de tes dons, de ta grâce et de ta vérité, avec les- quels Tu m'as envoyé vers eux. Et pourtant, comme un voyageur de commerce importun, je dois toujours recommencer à frapper à leur porte.

Si seulement j'étais sûr que c'est Toi qu'ils veu- lent éconduire, lorsqu'ils ne me reçoivent pas, cela me consolerait ! Mais peut-être moi aussi tiendrais-je fermée tranquillement et tout natu- rellement la porte qui donne accès au secret de ma vie, si quelqu'un y frappait avec la prétention d'être envoyé par Toi.

Ceux qui me laissent pénétrer dans le secret de leur vie, ah ! ils veulent d'ordinaire tout autre chose que ce que je leur apporte en ton nom. Ils veulent me raconter leurs misérables petits soucis.

Ils veulent épancher leur cœur. Mais qu'en sort- il alors ? Un effroyable mélange de choses tou- chantes et de choses ridicules, de petites vérités et de grands mensonges, de petites souffrances qui sont prises au sérieux et de grands péchés qui sont excusés. Que veulent-ils donc de moi, ces hommes ? Si ce qu'ils cherchent auprès de moi n'est pas avant tout de l'argent, une aide matérielle ou la petite consolation d'un cœur

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compatissant, ils me prennent la plupart du temps pour un agent d'assurance. Ils voudraient obtenir du ciel un contrat sur la vie, afin que Tu ne puisses pas faire irruption dans leur des- tinée avec la toute-puissance de ta sainteté et de ta justice, afin que Tu ne les déranges pas de leurs petits soucis de la semaine et de leurs plaisirs mesquins du dimanche. Ils cherchent la tranquillité pour cette vie et pour l'autre.

Comme il est rare qu'on dise : que veux-Tu que je fasse ? Comme il est rare qu'on écoute réellement, tout entier et franchement, cette éton- nante nouvelle, qu'il faut T'aimer avec passion, Toi et pas seulement soi ; Toi pour l'amour de Toi-même ; aimer et pas seulement T'honorer ou se garer de ta justice. Comme il est rare qu'on reçoive ta grâce telle qu'elle est en réalité : âpre et claire, chaste et pure, discrète et pleine d'audace, pour ton honneur et pas seulement pour notre consolation.

Tels sont les hommes à qui Tu m'as envoyé ! Je ne puis pas fuir. Lorsque je les trouve ainsi que je Te l'ai dit, c'est le signe, non pas que je dois fuir ce pays du trop humain, mais au con- traire, que j'ai rencontré, avec toutes ses pierres, ses buissons d'épines et ses chemins durcis sous les pas, ce champ où ta volonté, ô Dieu incom- préhensible et prodigue, est que je répande la semence de ta vérité et de ta grâce. Je dois alors considérer comme elle tombe sur les chemins et

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les pierres et les buissons d'épines, comment elle est mangée par les oiseaux du ciel avant que de porter des fruits. Même là où apparemment elle tombe dans une bonne terre, elle paraît, quand elle croît, se confondre mystérieusement avec la pauvre humanité où elle a été semée. Le fruit réel qu'elle porte, trente, soixante, cent pour un, il semble que Toi seul le vois. Lorsque je crois le voir, il faut que je me défie. N'as-Tu pas dit Toi-même que personne ne sait s'il est digne de ton royaume ?

Lorsque je me plains à Toi, je me plains des autres auxquels Tu m'as envoyé. Je ne veux pas dire que je sois meilleur que mes frères. Je con- nais mon cœur — Tu le connais encore mieux; — il n'est pas différent de celui des hommes à qui je vais sur ton ordre. Lorsque je me plains à Toi du poids de ta mission, je sais que je deviens comme ceux dont je me plains : un petit homme, qui cherche à se faire consoler, qui pense tou- jours à ses douleurs. La grandeur d'un service désintéressé ne peut m'amener pour une heure à oublier mes propres soucis et mon propre confort.

Mais, justement, n'ai-je pas assez de moi à por- ter ? Mon cœur n'est-il pas déjà trop pauvre et trop faible pour que d'autres cœurs puissent s'y déverser ?

Ou bien mon cœur guérit-il de sa propre pau- vreté lorsque, sans plainte aucune, il se donne dans le silence et la patience, lorsqu'il se dévoue

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courageusement au service de ses frères, et devient ainsi dans ce monde le témoin que ton cœur est plus grand que le nôtre, que Tu es patient et doux, que ta pitié ne nous méprise pas et que ton amour n'est pas vaincu par notre misère ? Est-ce agir au mieux pour moi que de m'oublier dans un souci désintéressé des autres ? Mon cœur devient-il plus léger lorsque, jour après jour, dans le silence et la patience, il porte le fardeau des autres ? Si la mission que Tu m'as confiée est un effet de la pitié que Tu as pour moi — com- ment pourrais-je en douter ? — il doit en être ainsi. Tu veux que ce soit en portant patiemment l'âme de mes frères que j'apprenne à garder la mienne dans la paix.

Mais vois, ô Dieu : lorsqu'avec ta vérité et ta grâce, je vais aux hommes comme à la recherche de la brebis perdue et que je frappe à la porte de leur intérieur, s'ils m'ouvrent, c'est généra- lement pour me conduire dans la pièce où ils vivent leur vie de tous les jours. Ils se racontent, eux et leurs affaires terrestres, ils montrent leurs provisions terrestres, ils parlent beaucoup pour se taire sur l'essentiel, afin de me faire oublier ce pour quoi je suis venu : T'apporter Toi, ô mon Dieu, comme le Très Saint Sacrement, dans la pièce la plus reculée de leur cœur, où ce qu'il y a d'éternel en eux est malade jusqu'à la mort, afin d'y dresser un autel sur lequel brûleront les lumières de la foi, de l'espérance et de l'amour.

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Imprimé en France 170 Francs

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