rtwi USŸf
DISCOURS
/>IMPRIMÉ PAR ORDRE
DE IA
SOCIÉTÉ POPULAIRE
DES AMIS DE LA CONSTITUTION,
En
réponse àV
Avertissement Pastoral deM, Yves- Alexandre de Mare eue.
A LY 0 N
, De l'Imprimerie deLOUIS CUTTY,
Place et Maison de
U
Charité.THENE^BERRY UBRARY
/
DISCOURS
Prononcé
le jeudi jjMars
17915 etVan
Second de la Liberté Françoise y dans la Seance publique
du Comité
Central des Si Clubs deLyon
,par
le CitoyenJean
-Baptiste PÈRES
y de VOratoire ^Membre du
Cluby Section de rueNeuve
.Mes chers Concitoyens
,J’AI
demandé
la parolepour
vous entre-*1
tenir
un moment
d’un Libelle qui a paru cette semaine , sous le titre d'Avertissement pastoral deM. Yves
Alexandre deMarbeuf
,
qui se dit
Archevêque
deLyon
et Primat des Gaules.L’Auteur de cette production aussi inepte qu’incendiaire , à lafaveur d’un langagereli- gieux qu’il affecte , et de quelques termes obscurs , dont nous ne
sommes
redevablesqu
ala barbarie del’école, cherche àremuer
les consciences, àleurdonner defaussesalar-
mes
, à leurcommuniquer
la rage dont il estanimé
,et à renouveller ces temps à jamais déplorables, 011des Chrétiens, égarés pardesA
U
) .Pasteurs fanatiques
ou
ambitieux , croyoient gagner le Ciel , en s’égorgeant les uns les autres.S’il est vraicependant,chers Concitoyens, qu’on ne puisse accepter la nouvelleConsti- tution , sans abjurer les dogmes de
V
Eglise;s’ilestvrai qu’onveuillenousenleverle dépôt sacrédela foi,
comme
le prétendM.
deMar-
beuf; il adroitde nous avertir, il a droit de tonner contre les ravisseurs ; et je dis plus ,,
s’il est notre Pasteur , il doit voler
au
milieu de nous y pour éloigner par sa voix, par sa présence, lesloups qui cherchent a nous dé- vorer ;ou du
moinspour
avoirla consolation dene pas survivre hla ruinedeson troupeau,
et de gagner ainsi la couronne
du
martyre.Le
boa Pasteur y dit Jesus-Christ, donne sa viepourses brebis y mais le mercenaireprend
lafuite. Si donc
M.
deMarbeuf
estun
vrai Pasteur, s’il n’est pasun
mercenaire qui fuità l’aspect
du
danger , il s’acquittera d’un devoirque
son ministère lui rend indispem- sable ; et c’està
cettemarque
que nous le reconnoîtrons.Mais
seroit-il vrai , chers Concitoyens ,qu’on songeât ànous enleverla religiondenos peres?
Oh
! s’ilest deshommes
assez perfides,
pour vouloir , sousleprétexte
du
bien public,
C 3 )
porter
un
coup si fatal à l’Etat, regardez-les
comme
destraitres,comme
destyrans, déguisés en patriotes,comme
les plus grands ennemis de la société. Ils le sont, puisqu’ils veulent briser le lien le plus fort, le plus sacré qui puisseunir les
hommes
lesuns avecles autres.Eh
!que
deviendrions-nous , sans religion,
au
milieu de cette chaîne de douleurs , de peines, d’infortunes, qui,
comme un
cercle,
environnent de toutes parts notre mortalité.
Sans la religion
que
deviendroit le pauvre>sur-tout
quand
ses infirmités ne lui permet- tent plus de se présenter au-devant de no$pas, pour
émouvoir
la sensibilité de la na- ture, par l’aspect desa misere?que
devien- droit-ilalors?—
Enchaîné parladouleur dans sa tristedemeure
, pressé par des besoins de toute espece, déchiréparle sentimentdu
pré- sent,etglacé parlescraintes, lesterreursd’un avenirencore plus affreux,ilnelui resteroitde ressourceque dansledésespoir,que danscefer quine pouvant
rompre
àcetinfortunéun
painqu’iln’aplus,pourroit
au
moinsluipercerlesein.C’est dans ces cruelles extrémités
que
la religion se présente d’un air compâtissant , mais serein : elle prend l’infortuné sous sa puissante protection ; elle attendrit en sa faveur lesâmes
qu’elleanime
, et la pitiéA
22
U)
la charité qu’elle leur inspire , transforment' ce séjour de larmes et d’indigence , en
un
séjour d’abondance et de joie.
Et si des soins de toute espece ne peuvent l’arracher
au
trépas , si lanature épuisee lui rend lamort
inévitable, la religion changeles horreurs
du tombeau
qui s’ouvre devantlui , en
un
lieu de repos ; elle le soutient,
l’y fait descendre
doucement
, ety
place ases côtés , la certitude de sa résurrection et l’espéranced’unesecondevie, dontlebonheur
etladurée n’auront d’autres bornes
que
l’im- mensité deDieu
et son éternité.La
religion est donc la derniere ressource,
le dernier espoir de la vie
humaine
, elle est notre bienfaitriceparexcellence.Eh
!on
vou- droit la bannir de nos climats!O mes
chers Concitoyens , sinosyeux
sont destinés àvoirun
événement si funeste , nos mains ne prendront-elles pas les armes pour défendre notre sainte religion?Non
,mes
chersConcitoyens, notrereligion nousl’interdit elle-même.Le Dieu
de lanou-
velle alliancen’estpasle
Dieu
des armees , il est leDieu
de paix: etla religionfondée sur sa paroleimmuable
, ne veut être défendueque
parleglaivedela parole.Mais
simaigre pos larmes,nosplaintes,nos réclamations,on
(
5
)l’exiledelaFrance, suivons-la clans sonexil; exilons-nous avec elle , de notre chere Patrie qui
va
deveniruneterremaudite;suivons notre sainte , notre aimablereligionjusqu’aux der- nières bornes de l’univers. Elle seule nous tiendra lieu detout.Au
milieu des plus grands dangers,des plusterriblesécueils;tellequ’unemere
tendre et toute puissante , elle nous portera dans ses bras jusques dans le seindel’Eternel.
Mais
est-il vrai , peuple François, qu’on veuille vous dépouiller d’un bien aussi pré- cieuxque la religion?Non.
Et ceux qui vousle disent sont desimposteurs , deshypo-
crites qui ne cherchent qu’à vous égarer.
Eh
! quel but en effet pourroitseproposer l’Assemblée Nationale en détruisant la reli- gion?Son
grand but n’est-il pas de mettreune
sage égalité entre leshommes
? Et ladestruction de notre divin culte seroit-elle nécessaire pourétablir cette égalité ?
Oh
!si cette égalité étoitincompatible avecla reli- gion,silareligion la proscrivoit,nousaurions peut-être quelque sujet de craindre qu’on ne proscrivît la religion.
Mais que
nous ditcette religion impartiale, sur la différencedes conditions humaines ? Elle nous dit ce
que
la grande Assemblée Nationale ne cesse de nousA
3m
dire. Elle nous dit
que
tous leshommes
sont freres , que tousleshommes
sontégaux ,que
le sceptre
du
Roi et la houlettedu
Berger seconfondent a 9es yeux.
Ouvrons
, niesFreres, ouvronsnos saintes annales , etnousy
verronsque
le divin fon- dateur de notrereligion , dédaignantlesgran- deursdu
siecle, achoisi pourmere
ynon
lafemme
de quelque puissantMonarque
>maiscelle d’un Artisan; qu’il n’a voulu prendre
pour
ses premiers disciplesque
des gensdu
peuple,desgens quine vivoientque
depêche ,et dont toutes les richesses consistoient dans
•une barque et des filets.
—
*Tels furent les prédécesseurs deM.
deMarbeuf
et de ses collègues dans l’Episcopat.( Et après cela
comment une
distinction d’ordre, de rang , a-t-ellepu
subsister ,a-
t-elle
pu
s’introduireparmi
des Chrétiens?)Mais
écoutez sur-tout attentivement , etméditez l’avertissement pastoral
que
S. Jac- ques,un
desApôtresde Jesus-Christ,donnoitaux
Chrétiens de son temps, sur les diffé- rencesqu’ilsmettoient,dansleursassemblées,
entre les grands et les petits
\ et vous serez pleinement convaincus que le.
vœu
de la religion est d’établirune
sage égalité entre leshommes.
'T 7 )
Mes
Freres, leur disoit ce saint Apôtre , n’ayez point de respecthumain
pour la con- dition des personnes.Quand
il entredansvotre assemblée un richeetun pauvre(
le riche avecun
anneau d'or y ou un habit magnifiquey et lepauvreavec unméchant
habit',)
si, arrêtant votre vue sur celui qui est magnifiquement vêtuy vous lui dites ,(
en lui présentant une*place honorable
)
: Asseyez-vous ici ; et que vous disiez au pauvre : Tenez-vouslàdebout;tl est-ce pas mettre en vous-même une diffé- rence entre l’un et Vautre ?
N
yest-ce pas-là suivre des pensées injustes dans le jugement.que vous enportez ? N’est-ce pas déshonorer lepauvre ? ....
Si
vousaccomplissez y ajoute- t-il , la loi royale:(
vous aimerez votrepro- chaincomme vous-même
y)
vousfaites bien.Mais
sifvous avez égard àLA condition
des personnes ,
vous commettez un PÉCHÉ
yET VOUS ÊTES CONDAMNÉS PAR LA Loi
yCOMME EN ÉTANT LES VIOLATEURS.
Réglez donc vos paroles et vos actionsy
comme
devant être jugéspar
la Loi de la libertéÇ*
).Est-ce là prêcher l’aristocratie ,
mes
chers Concitoyens?(*) Epître de S. Jacques, chap. 1.
A
4( 8 )
Tels sont pourtant les propres termes de la Sainte-Ecriture ,
que
des guidesintéressés à vous entretenir dans l’ignorance, vousont scellée trop long-temps. Par-tout elle nous présente leshommes comme égaux
, parce qu’ils ontune même
origine , et qu’unmême
prix les a tous rachetés.
Rien n’est donc plus favorable à l’égalité et par conséquent à la liberté, que le code sacré des'loix chrétiennes. Rien n’est plus opposé
aux
odieuses distinctions que l’aris- tocratie révendique.Donc
s’il étoit deshom- mes
qu’on pût soupçonner devouloir l’anéan-tir,
ou
l’altérer, ce seroient les aristocrates.Ils ontintérêt à le faire , puisqu'ils
y
voientleur condamnation.
Mais
pour nos augustes Représentans , iissont à l’abri de tels soupçons , par l’intérêt
même
qu’ils ont à maintenir une religion , qui favorise sipuissamment
leur cause\
une
religion qui , répandue dans toutes les con- trées
que
le soleil éclaire , sera en tous lieux l’apologiste de l’AssembléeNationale,
comme
l’Assemblée Nationale est ici la restauratrice
de
la religion.Eh
! cetterestaurationsinécessaire ,M.
deMarbeuf
la traite d* entreprise digne de ses gémissements) d’entreprise qui porte atteinteà V
intégrité de la doctrine catholique.( 9 )
Imputation
vague
et calomnieuse.'Que M.
deMarbeuf
parcouretouslespoints, touteslesvéritésde cettedoctrine sainte; (ce seravraisemblablementla première fois de sa vie ); qu’il lesparcoure et qu’ilnousdiseclai-rementy quelle est de ces vérités, celle
que
nos augustes Représentants ont altérée.Toute
la doctrine catholique se divise en*
deux
grandes et uniques branches , qui sont ledogme
et la morale.Tout
ce qui n’est pas l’unou
l’autre ne peut appartenir àl’essence de la religion.Qu’on
nous dise donc quelle atteintenos Représentants ont portéau dogme, ou
à la morale.Nous
voyons bien qu’ils ont déchargé les Ministres de la religiondu
poids de leurs richesses, d’un poids qui les courbantvers la terre , les empêchoit d’élever leurs mainsau
cielpourlesalutdes
hommes
et la prospérité del’Empire.Nous voyons que
nos Représentants onttari ces sources impures, d’oîi couloient en torrent , les passions detoute espece , et tous les désordres qui ont inondéle Clergé.
Nous voyons que
la simonie est frappée dans sa racine ,que
leTemple
deDieu
ne sera plus unemaison
de trafic.Mais
nous nevoyons
pasque
ledogme
ou
la morale soient altérés,U
estKen
de foique
la Clergé doit être Vertueux, mais il ne l’estpas qu’ildoiveêtre riche
; et puisque les richesses corrompoient .évidemment sa vertu
, nos augustes
Repré-
•sentans ont bien fait doter
au
Clergé ses ricnesses. Us auraientdû
le faire,quand
les besoins de l’Etat ne l’auroient point exigé;lis 1auroient
dû
, parce que des besoins de
l'faghse le demandoient à grands cris. C’étoit -le seul
moyen
de faire passer la religion,de étatd
infirmitéoù
elle gémissoit, àune
heureuse convalescence. Ils l’ont fait ; ils sont donc les bienfaiteurs de la religion; et le Clergé qui devroit êtreà
leur égard lesorganes de sa reconnoissance
, leur fait
un
crime d’une réforme que le ciel et la terre désiroient depuis long-temps
, et qui en fera
la joie.«
Voilà,
mes
chers concitoyens, voilà la véritable cause de l’aversion
du
Clergé pour l’Assemblée Nationale; mais en voicilepré- texte
, qui est l’objet surlequel
M.
deMar-
beuf appuie de tout son poids, dans l’Aver- tissement pastoral qu’il vient
de nous donner.
Il prétend que la constitution civile
du
Clergé
y décrétéeparl’Assemblé Nationale et acceptée par le Roi , est hérétique
; et la
principale ou.
même
la seule raison qu’il enf
h
ÿSonne
, est que les élections des Pasteurs del’Eglise, ne doivent pas être faites par des Laïques.
Mais
l’ancienne constitution étoit-ellesurce point plus catholique que la nouvellef Ci- devant, n’étoit-ce pas le Roi , la Reine, les Seigneurs, lesDames
de laCour
, souventles valetsetfemmes
dechambre
, ( tous laïques ) qui donnoient les évêchés, les abbayes, les prieurés, etc. et l’Épiscopat qui n’a pas ré-clamé
contre de tels abus , ose aujourd’hui faire entendre sa voix contreune
constitu- tion qui vient de les proscrire?Quoi
!une
constitution qui anéantit desigrands désor- dres, est, sur ce point
même
, hérétique !Oui
, niés chers Concitoyens , et je ne vois qu’unmoyen
de la rendre catholique, c’estde rétablir le Clergé
dans
tous ses biens.Mais
s’il est de foique
des laïques ne puissent choisir les ministres de la religion,
nosseigneurs les
Évêques
, qui se donnoientsi aisément la liberté de changer , de
bou-
leverses les catéchismes, .auraient bien
dû y
insérer cette vérité , qu’ils regardent aujour- d’hui connue si importante
; et s’ils ne l’ont
pas fait
, ils répondront de notre ignorancè et de toutes ses suites.
Or
, depuisun
bout de l’univers chrétien jusqu’à l’autre , pasun
catéchisme , grâces àDieu
, ne renferme cedogme
prétendu.Mais
discutonsun moment
avecM.
deMarbeuf
la matière des élections.C’est
un
principe de droitcanon
,que
Celui à qui tous doivent obéir, doit être choisi par tous.
Or
, tous les fideles doivent obéirau
pasteur , donc le pasteur doit être choisi par tous les fideles.Et
quand
le droitcanon
se tairoit sur cet objet, lebon
sens parleroit assez.Il m’appartient de droit naturel de choisir celui à qui je dois donner
ma
confiance ,qui doit être
mon
guide , k qui je dois découvrirmes
pensées les plus sécrétés (*).iVoudroit-on
me
donnerun
avocat ,un
con- seiller,un ami
,un médecin
, malgrémoi
? (Or un
pasteur est tout cela ).Vous
ne voudriezpas , dit a ce sujetun
habilecano-
niste , vous ne voudriez pas recevoir un
mé-
decin qu’on vous donneroit,malgrévous,pour voschevaux.
Eh
! àcombien
plusforteraison,
(*) Quand on dépouilla lepeuple du droit de nommer
Ses pasteurs, chacun futautorisé àchoisir son guide parti- culier;parce qu’il n’étoitpas obligé demettre sa confiance en un pasteur qu’il n’avoit pas choisi lui-même. Mais
,
selon l’esprit de l’Église
, le pasteurest le guideimmédiat et unique de tous les fideles confiés à ses soins
j et c’est dans l’esprit de l’Église queje parle.
(
( i3 )
mes
chers Concitoyens , êtes-vousdoncauto-risés à rejeter
un
médecin qu’on youdroit donner malgré vous à votre ame.En deux
mots ;chacun
a droit de choisir sonhomme
de confiance; or, le pasteur doit êtrel’homme
de confiance de tout letroupeau;
donc
tout le troupeaua
droitde choisir son pasteur. C’est démontré.Mais
, répliqueraM.
deMarbeuf
, l’Évê-que
étant établi sur le Clergécomme
sur le Peuple, le Clergéa au
moins autant dedroitque
lePeuple , decontribuerhl’élec- tionde l’Évêque;etendépouillantleClergéde ce droit , oncommet une
injustice criantequi frappedenullité cetteélection illégale.Je présente l’objection dans toute sa force
,
mais voici la réponse.
Nous commençons
par convenirque
, si leClergé est exclu de toute influence dansl’élection de l’Évêque , à qui il doit obéir, en qui il doit avoir confiance ,
comme
lePeuple , c’est
une
injusticemanifeste, d’après les principesdu
droit canonique et de la raison.Mais
cette exclusion, a-t-elle de la réalité?Vous
allez en juger vous-mêmes.Le
Clergé est-il exclude
nos assemblées primaires ?N’a
-1-il pas droit d’y assister* et d’y contribuerau
choix des Électeurs î( i4 )
On
ne peut pas le nier.Hé
bien ! lesÉleo
teurs sont donc les représentants
du
Clergé, autantque
les représentaisdu
Peuple; etpar conséquent le Clergé ,
nomme
lePeuple,
est censé faire ce
que
font les Électeurs , parceque
les représentants n’agissent qu’aunom
, qu’à la place des représentés,etqu’on doit regarder
comme
représenté, quiconquea
eu droit de suffrage dans l’élection des représentants.., Ilest
même un
certainnombre
d’Électeurs ecclésiastiques dans ce département ; et s’iln’y en a pas davantage dans celui-ci,
ou
dans les autres , il faut s’enprendreau
Clergélui-même
qui n’a pas assez mérité la con- fiance publique par son intégrité et son patriotisme.Mais M.
deMarbeuf
voudroit queleClergé fût électeur immédiat et unique.; il prétend que tel est son droit; etil appellèenpreuve
les Actes desApôtres > les conciles de Nicéa
et de Constantinople.
D’abord
, quantaux
Actes des Apôtres*M.
deMarbeuf
nous citel’exempledel’élec- tion de S. Matthias à la placede Judas.Le
cas estassez semblable, nous ne
pou-
vons pas en disconvenir.Mais
cette électionde S.Matthias> parqui(i5)
fut-ellefaite ? C’estcequ’il est questiondesa- voir.
Ouvrons dor#
lesActesdes Apôtres , etnous
y
verrons(ch. i.v. i5. ) quelesElecteurs furentau nombre
de 120.Or
, tout lemonde
saitqu’àcetteépoque,lesApôtresn’étoient
que
onze; doncsur 120 Electeurs , ily
eneut 109qui n’étoient point Apôtres. C’étoit là toutle
peuple chrétiendeJérusalem, sansenexcepter
même
lesfemmes
, qui eurent partàl’élec- tion,comme on
le voitau
verset quator- zièmedu même
chapitre. Et siM.
deMar-
beufditlecontraire, c’estqu’iln’apas bien lu lesvraisActesdes Apôtres.— Eh
! pourquoi.
serions-nousobligés decroire qu’il aitétéplus clairvoyantdanslescanonsdesConciles?
Mais quand
ces canons seroient tels qu’il le prétend, il ne s’ensuivroit rien contre la catholicité de notre Constitution. Il est évi- dentque cescanons ne peuvent êtreprésentésque comme
des réglés de disciplineou
de police ecclésiastique.Or
, la discipline n’est pascomme
ledogme.Elle n’estpasdel’essence de la religion. Elle n’estpasinvariable ; car elle abeaucoup
varié dans les différents siècles de l’Eglise; et l’Eglise, malgré ces variations, a toujours été catholique.
Autrefois , par exemple , c’étoit
un
pointde
discipline
, qu’on devoit déposer
un Evêque
( te
y
qui s’étoit absenté de son diocese pendant plusde six mois.
Le
premierConcilede Cons- tantinople l’avoit ainsi décidé. ( Can. 16. )Si
unEvêque
s'absente plus de six mois, le saintConcile ordonnequ'il soitdéposé,etqu'on en mette un autre à sa placeÇ*
).Mais
dans ces derniers siècles les abus ayant prévalu , le Concile général deCons-
tance,forcé àêtre plus indulgent , a décrété qu’unEvêque
n’encourroit la dépositionque
parune
absence dedeux
ans.Nous
ordonnonsy disent les Peres de ce Concileécuménique,
qu'unEvêque
qui aura été deux ans hors de son Diocese , soit privé de sonsiège(**
).Ainsi d'après le premier Concile de
Cons-
tantinople,
M.
deMarbeuf
auroit mérité six fois d’être déposé, et d’après celui deCons-
tance ,il devoitl’êtreune bonne
fois ,comme
il l’a été.
Ce
n’est qu’en passantque
je rappelle cet exemple de variation dans la disci- pline; et sans peine , je pourroisenrappeller(*) Qui in alio loco supra semestre tempus degit
,
statuit sanctaSynodus ut à sacerdoti® alienus omnino cons- tituatur, et alius pro ipso promoveatur.
(**
) Si(Episcopi)perbienniumabfuerint,ip«is ecc’esïis decernimus esseprWaados. (Con.g«n.Tom, XII. p.1454»
caa. 12.)
mille
( 17 )
mille autres.
Mais M.
deMarbeuf
, je croîs,
m’en
dispensera ; et peut-êtremême
,m’au-
roit-il fait grâce de celui
que
je viens deciter.
Car
, il suffit , d’avoir luun volume
de l’Histoire Ecclésiastique , pour être pleine-ment
convaincuque
la discipline est sujette à de grands changements.Mais
en est-ildu
point de discipline dontil s’agit particuliérement ici
, (de celui qui concerne la nomination des Pasteurs) en est-
il
comme
dès autres?Ce
point a-t-il subi desvariations dans les différents siècles?S’il ne l’a pas fait
,
du moins
pouvoit-ille faire, sans nuireà V
intégrité de la foi.Car
cen’estqu’unpointde discipline
,
émané
delamême
autorité que les autres; et quant à son.objet,iln’estpasplussacré
que
celuique
jeviens deciter; puisque dansl’unils’agitdel’élection des Pasteurs, et dans l’autre de leurdéposi- tion. Cesdeux
objets ayantlamême impor-
tance, on a droitd’en conclureque
la disci- plinene doit pas être plus invariable surl’unque
sur l’autre.D’ou
il suit quela discipline, surlamatière desélections, peutaussi varier, et que par conséquent , ce ne peut-être là
,
matière d’hérésie.
Car
l’hérésie n’a jamaispu
consisterque
dansl’altération de quelquepoint invariableyB
( 18 )
appartenant
au dogme ou
k la morale ; de ces points qui font partiedu
dépôt sacré de la foi,
que
Jésus-Christ confia à son Eglise r pendant qu’il étoitsur la terre; de ces points qui ne dépendent en rien de la volonté del’Eglise, et auxquels elle ne pourroit elle-
même
porteratteinte , sansdevenirelle-même hérétique.Or
, le point qui concerne la forme des élections, n’est pas de ce genre.Ce
n’est ( jelerépété) qu’un point de discipline ,va-
riable
comme
les autres ; et par conséquent notre Constitutionnepeut pas être hérétique,pour
avoir changé la forme des élections.Notre cause est
donc
gagnée ; et nous pourrions nous arrêter ici.Mais
allons plus loin, etvoyons
si notre Constitutionne seroit pasau
moins répréhen- sible, pour avoirlaissé
au
Peuple le choixdesesPasteurs.
Quand
elle le seroit , il ne faudroit paspour
cela l’anathématiser.Mais
elle n’estpas
même
repréhensible , si elle n’a faitque
rendreau
Peuple des droits qu’il avoit primitivement.Or
,au commencement
,mes
chersConci- toyens , tous lesFidelesréunis élisoient leurs Pasteurs. C’estattestépar les premiers nionu-( 19 )
ments de l’Eglise. Et cet usage, si conforme
au
droit naturel, étoit encore en vigueurau
septième siecleycomme on
le voit à toutes les pages de S. Grégoire le Grand. Il l’étoitencore dansledixième et
même
dansleonziè- me.Car un
Concile, tenu àRome
l’an 990 ,déclare nulle la promotiond’Etienne à l’Evê- ché
du Puy
, parce qu'elle avoit été faite sansle concours
du
peuple ; etun
autre Concile,
tenu à
Rheims
en 1049 > faisant mention de cette Loi, l’applique, sans exception , à tous les Fonctionnaires Ecclésiastiques.Mais quand
l’ignorance et la barbarie des siècles suivants, auroientfaitoublierune
Loisi sage ,
une
Loi si vénérable par l’antiquité etla presque-divinité de son origine;
quand même
elle auroitété abrogée dans ces temps,
qui , ayant
donné
naissanceau
monstre dela féodalité
, avoientétouffé tous les droitsde
l’homme
; dans ces tempsou
la nature et la religion étoientégalement outragées;ehf
que
s’ensuivroit-il contre cette Loi
,
quand
elle auroit ete proscritedansdestempssifunestes } Devroit-elîe nous être moins chere?Bevroit-elle paroître moins précieuse à nos
yeux
? Jugez-envous-même, mes
chersConcitoyens ,etjugez
du
cas que nousdevrions faire d’uneloi nouvelle, qui
, à la faveur des ténèbres 3
R
2)
{ 20 )
répanduesalors sur toutela facedel’univeré seseroit ingérée à la place de l’ancienne , et auroit arraché
au
Peupleledroit qu’il avoiteu
pendant plus de mille ans , denommer
ses Pasteurs.
Nous
devrions faire de cette Loi intruse, le
même
casque nous
faisons des temps qui l’auroientvu
naître ; de ces temps qui feront à jamais la honte del’esprit etdu cœur
humain.Mais M.
deMarbeuf
fait remonter plus haut cette prétendue Loi , qui défendaux
Laïques de s’ingérer dans le choix desPas- teurs. Il la trouve , dit-il , dans le Concilede
Nicée et dans celui de Constantinople.Mais que
penseriez-vous,mes
chersCon-
citoyens , d’unhomme
qui donneroit pour nouvelleque dans le Club deLyon
,un Ora-
toriena fait
un
Discours,enfaveur de l’Aver- tissement pastoraldeM.
deMarbeuf
?La
pre- mière idée qui se présenteroit à votre esprit,
seroit
que
ce Nouvelliste ignore sansdoute , qu’ily
ait plusieurs Clubs dans cette Ville ;puisqu’il parle
du
Club deLyon,
sans dire quel,comme
s’il n’y en avoit qu’un.Or
,
telle estla première
bévue
deM.
de Marbeuf.Il nous cite le Concile de Nicéeet le Concile de Constantinople. Il croit donc qu’il n’y ait;
eu qu’un Concile à Nicée , qu’un Concile à
( 21 )
Constantinople?
Cependant
ily
en a eudeux
dans la première de ces Villes, et quatredans la seconde.Une
telle ignorance n’est gueres pardonnable àun Primat
des Gaules.Mais
pourquoi m’arrêter à ces petits reproches 9quand
j’en ai de si grands à lui faire.Je savois bien , depuis long-temps ,
que M.
deMarbeuf
étoitentouré d’ignorants fana- tiques; mais je ne savois pas que des faus- saires eussent sa confiance. Aujourd’hui la chose est évidente.
Des
Théologiens viennent de le prouver, et la preuve estsans répliqué.Oui
, ces canons , cités par le Prélat avec Ostentation, n’ontjamais existéque
dans son Avertissement pastoral. Ils ontpris naissance dans l’imagination de ceshommes
vils qui dirigent toute sa conduite.Eh
! que penser d’une cause qui a de tek défenseurs ,ou
qu’on est réduit à défendre par de telles impostures?Quel
triomphequë
le nôtre !
Mais quand
ces canonsseroientaussi vrais qu’ils sontfaux, il ne s’ensuivroit riencontre notre Constitution.A
cescanons, nouspour-
rionsenopposerd’autres
, qui ne
recomman-
dent rien tant que les élections libres et
unanimes. Nous, pourrions leur opposer le Concilede Chalcédoine ,
(Action
12.) celuiB
3( 22 )
d
5Auvergne
,(Can.
2. ) le Concile deChâ-~
Ions, ( Can. 10. ) le
Synode
de Paris ,( Can. 16. ) etc. etc. etc. Et si la citation de
M.
deMarbeuf
étoitaussifidellequelamienne,;1 s’ensuivroit simplement que ,/sur l’article desélections
, il estdes canons pouretcontre
,
et que la discipline sur cet objet , a varié depuis bien des siècles.
Mais parmi
ces carions contradictoires , tousémanés
de l’autorité de l’Eglise ,nos augustes Représentants ne pouvoient-
ils pas choisir
, pour première base de la -Constitution civile
du
Clergé , des canons qui nous rapprochassent desusagesprimitifs;
des canons qui rendissent
au
Peuple le droit qu’il avoit autrefois , d’élire ses Pasteurs?•
Eh
! sansdoute, ilslepouvoient; àmoins que
les canons les plus modernes , les plus injustes à l’égarddu
Peuple , les plus favo- rables à l’ambitieuse intriguedu
Clergé , ne fussent plus obligatoiresque
lesautres.—
^Mais On sait bien que cela n’est pas.On
sait bien qu’aucontrairelescanonslesplusanciens, les plusjustes, sontles plussacrés;qu’ilsonttou- joursété lesplus chersàl’Eglise (*).Etcomme
(*) Par ce mot ù’Eglise j’entends, comme on doit l’en- tendre, la société "des Fideles , tant Ecclésiastiques qua Laïques.
r 23 ')
cesontde telscanons qui servent defondement à la Constitution actuelle
du
Clergé , cette Constitution est incontestablement canonique.
Eh
! oii seradonc
le mépris des Loix'deV
Eglise?Où
seraV
atteinte portée à l'inté- grité de la doctrine catholique? Je n’en vois,d’atteinteportée,que par
M.
deMarbeuf
et les siens, sinon à la foi,
du moins
à la sincérité , àladroiture, àla véritéenmatière essentielle.— Pour
soutenirune causedésespé- rée,ilsontmentiimpudemment
contrelessaints Conciles,enleurattribuant descanons opposés à l’esprit de l’Eglise.Mais
laissons-là ces canonscontrouvés ; laissons-ïes au, milieu de cesignorantes rapsodies, bien dignes des
Au-
teurs de l’Avertissement pastoral
; et tenons- uo.us-en
aux
Actes des Apôtres.D’après ce
que
nousy voyons
pratiqué,c’està tous les Chrétiens à choisir leurs Pas- teurs
(*
). L’antiquité a suiviconstamment
cetteinstitution ;et
pour
toutcequi a,rapport a la religion > la vénérable antiquité doit être» , , M
—
(*) D’abord châque Fidele concourut immédiatement au choix de son Pasteur.Mais, dans la suite
,quandlePeuple chrétienfutdevenuplusnombreux., souventpourfaciliter les élections,onemployal’organedequelques personneschoisies.
tVoilànosélecteurs
;') et cette forme d’élections’appelloit compromis.
B
4T 24 )
notreïregle. C’est danscette source bénie qu’il faut aller puiser.
Là
leseaux
sont bien plus pures, bien plus saines
, qu’elles ne peuvent
l’être
, après avoir traversé le limon d’une longuesuite de siècles corrompus. Et puisque
c’est là
que
nosLégislateurs ont puisé;puisque dansl’élection des Pasteurs^ ils n’ontfait
que
rétablir l’usage de l’antiquité
, qu’on rougisse
donc
d’avoir accusé notre sage Constitution, de porter atteinteau
dépôt de la foi.Si notre Constitution est hétérodoxe> elle l’estavec ^antiquité chrétienne; ellel’est avec ces siècles heureux
ou un
Prêtre étoitun Ange (*)
; oîi l’Episcopat faisoit,
non
lahonte
comme
aujourd’hui , mais le plus belornement
de l’Eglise. Si avec ces temps , à jamais dignesde nos regrets , temps qui ont fait la gloiredu nom
Chrétien, notre Consti- tutions’égare dansles labyrinthesdel’erreur
;
aimons
,mes
chers Concitoyens , aimons:ànous
égareravec
elle.Heureuse erreur, si ellepouvoitrappeller les temps quil’ont
vu
naître..Vivons,
mes
Freres, malgré les clameurs de l’Episcopat détrôné, vivons tranquilles dqns cette erreur,ou
tous les Saintsdel’antiquité chrétienne,oîx lesApôtreseux-mêmes
,instruits(*) Pieraiere Epître aux Coriuth,Ch. II. v.io« i
t =>-5 )
3e toute vérité par leur divin Maître , ont vécu lespremiers.
Mais
queveutdoncleClergé?Que
prétend-il encore?
Quel
est l’objet de ses plaintes ?Ne
demande-t-il qu’une influenceimmédiate dans le choix des Ministresdu
culte?Eh
!il^ / ... ! .r
ne l’a
que
trop cette influence.'
Qui
est-ce ,mes
chers Concitoyens , qui choisitparmi
les Laïques des sujets pour les élever à la Cléricature et ensuiteau
Sacer- doce? N’est-ce pas le Clergé?Sommes-nous
consultés dans ce choix, qui peut avoir
pour
nous de si grandes conséquences?Non
, enaucune
maniéré: c’est le Clergé et le Clergé seulqui le fait. C’estdoncle Clergé qui , par ce choixetpar '’Ordinationquile suit,déclatetels sujets dignes des fonctions sacerdotales' et par conséquentpastorales: car Prêtre
ou
Pas- teurestlamême
chosedansl’espritdel’Eglise,
et ce n’est que par
un
abus qu’elle réprouve,qu’il existe des Prêtres: sans troupeau. Il est
donc
vrai que leClergéfait lepremier choix enélevantau
Sacerdoce les sujets qu’il agrée.Par-là, il désigne les éligibles
aux
places-de Pasteur;etcen’estque parmi ceux queleClergéa
ainsidésignésquenos Electeurs peuvent.faire leur çhoix.Comment
donc revendique-1-ilun
prétendu droit de présentationaux
placesf 26 )
de
Curé ou
d’Evêque ?Comment
ne voit-ilpas qu’on lui
donne
encoredavantage >
C’est le Clergé
,
comme
nous venons de leremarquer
,quichoisitles éligibles
,etcela seul est
une
vraie présentation. C’est le Clergé qui les colloque dans telleou
telle place par la Voix de nos Electeurs, qui sont ses Repré- sentants aussi-bien que les nôtres. C’est le Clergé qui confirme l’élection
, en donnant
l’institutioncanonique.
Eh
!que
veut-ilencore, le Clergé, à moins qu’il ne veuille tout?
O mes
chers Concitoyens ! si, pendant qu’on respecte les Loix dans la pratique,
on
peut s’ériger en censeur de cesmêmes
Loix dans la théorie, Je dirai
que
l’Assemblée Nationale auroitdû
nous permettre, selon l’usage des premiers temps, de choisir nos Pasteurs
parmi
les Laïquesmêmes.
SaintAmbroise
n’étoitque
laïquequand
tout lePeuple de
Milan
lechoisitpoursonEvêque
(*).Telssontnos droits:
on
npus en frustre, onnous
en dépouille à l’avantage du. Clergé , et Je Clergé se plaint encore ! Il gémit sur la nouvelle Constitution, il regrettel’ançienne!’
—
-(1) Note de Véditeur. S. Ambroise n’étoit pas même
baptisé
, quand les Catholiques et les Ariens réunis
, le,
proclamèrentEvêque- etenconséquence de cette élection} il fut baptisé et bidonné.par le .Clergé,. ..
V