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Les massifs cristallins de Beaufort et Cevins: étude pétrographique

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Les massifs cristallins de Beaufort et Cevins: étude pétrographique

DUPARC, Louis, RITTER, Etienne

DUPARC, Louis, RITTER, Etienne. Les massifs cristallins de Beaufort et Cevins: étude

pétrographique. Archives des sciences physiques et naturelles, 1893, vol. 3e période, t.

30, p. 5-34,pl.I

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:109126

Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.

1 / 1

(2)

Troisième période, t. XXX. - Juillet 1893.

LES

MASSIFS ORIST ALLINS

DE

BEAUFORT ET CEVINS

. PAR

.~:f"J'C:;

(Avec la planche I.)

INTRODUCTION.

Introduction. - On sait que, d'après les récentes recherches de MM. Diener et Kilian, l'on pèut subdiviser théoriquement les chaînes centrales des Alpes occiden- tales en trois zones concentriques qui sont, e11 allant du

S.-E. au N.-W; .

1. La zone du Mont-Rose. ou zone cristalline interne, continue, avec la zone secondaire qui comprend les massifs isolés du Grand Combin, de la Vanoise et du Mont Ambin ; formée des terrains les plus anciens, cette zone offre une structure très simple, caractérisée par des voûtes régulières séparées par des synclinaux.

·II. La zone du Briançonnais, qui part du golfe de Gênes pour se terminer dans les Grisons à l'W. de Coire.

- to

(3)

LES MASSIFS CRISTALLINS

Beaucoup plus bouleversée que la précédente, elle forme une bande de terrains sédimentaires, qui, tantôt s'élargissant et tantôt se resserrant, sépare la zone du Mont-Rose de celle du Mont-Blanc. Essentiellement caractérisée par le développement considérable des schis- tes lustrés calcaréo-talqueux, elle présente une extension remarquable entre le massif de Beaufort et celui de la Vanoise

III. La zone du Mont-Blanc, ou zone cristalline .externe, qui, contrairement à celle du Mont-Rose, ne forme point une ceinture continue, mais une série de massifs qui font suite les uns aux autres.

C'est à cette troisième zone qu'appartient le massif de Beaufort, qui fait l'objet de nos recherches.

Notre travail a porté spécialement sur l'étudie pétro- graphique des roches cristallines et surtout éruptives qui constituent ce massif; nous nous sommes particulière- ment attachés à l'étude des granits qui percent dans trois localités principales, à Outray, à Beaubois et à Saint- Guérin; nous avons réservé un paragraphe spécial aux porphyres du Grand-Mont.

Quant au pointement de Cevins, nous en avons fait l'objet d'une étude à, part. En dernier lieu nous avons comparé les résultats de cette étude avec ceux qui ont été obtenus par nos devanciers sur les massifs voisins en cherchant à montrer les conséquences théoriques que l'on peut tirer de cette comparaison. Nous reviendrons plus tard sur la géologie de cette contrée qui fera l'objet de travaux ultérieurs.

La zone du Mont··Blanc comprend les Alpes Bernoises et les massifs du Mont-Blanc, de Belledonne, des Rousses et du Pelvoux.

(4)

On peut la subdiviser en deux zones secondaires : La plus importante, interne, essentiellement consti- tuée par des massifs de protogine, présente une structure en éventail; on peut la suivre du Gothard an Pelvoux.

La seconde, externe et concentrique, qui fut peut-être jadis la ligne de faîte, n'atteint actuellement que des alti- tudes moyennes; elle est formée par une série d'îlots cristallins au milieu desquels le granit perce sous forme de boutonnière~\.

Cette ceinture granitique se poursuit de Gasteren par Valorcine jusqu'à Beaufort.

C'est au nord de ces massifs que l'on rencontre la zone des Hautes Alpes calcaires, qui se continue sans interrup- tion du Dauphiné jusqu'à J'extrémité orientale de la Suisse.

MASSIF DE BEAUFORT 1

Le massif de Beaufort est situé entre les 4mo et .C)me de- grés de longitude E. de Paris et les 45m• et 46me degrés de latitude N.

Comme nous l'avons dit, le granit s'y montre à Outra y, à Beaubois et à Saint-Guérin.

Les granits de ces différents pointements sont en géné- ral de couleur claire et à grain moyen. Exceptionnelle- ment les feldspaths y sont légèrement rosés; ils ressem-

1 Voir: Carte française d'État-Major au 1/soooo feuille no 169 bis Albertville; carte d'État-Major sarde 1/soooo, no 28, Albertville.

Carte géologique d'Alphonse Favre, les parties de la Suisse et de la Savoie et du Piémont voisines du Mont-Blanc. - Carte géolo- gique du département de la Savoie, par Ch. Lory, L. Pillet et l'abbé P. Vallet. Carte vicinale dressée par ordre du ministre de l'intérieur 1/tooooo, feuille XXV-XXVI, Albertville. Carte de la frontière des Alpes 1/soooo, feuilles Albertville, Beaufort, Moutiers.

(5)

4 LES MASSIFS CRISTALLINS

blent beaucoup aux granits de Valorcine; souvent la roche devient porphyroïde et montre de gros cristaux de feldspath qui peuvent atteindre jusqu'à 3 et 4 cm. de longueur; le mica noir y est distribué d'une manière très régulière.

Sous le microscope c.e granit montre une biotite poly- chroïque avec inclusions d'apatite et de zircon, quelques grains de sphène, de nombreux cristaux d'oligoclase et d'orthose, du quartz abondant, granitique, quelquefois même granulitique.

Comme produits secondaires, on trouve la chlorite qui épigénise généralement la biotite, la damourite, la magnétite et la calcitti. La formule de ces granits est :

ra (

P\.5.6.7) Mt1 a1 a'1 q

Au point de vue chimique, leur co"'lposition moyenne est la suivante :

SiO,

-

64,8f Al,03

-

17,98

FeO

-

3,05

iCaO

-

2,25 :MgO - '1,62 Na,O - 5,70 K,O

-

2,98

Perte au feu - f,60 99,99

En outre traces èle manganèse, de chrome et d'acide phosphorique.

Le détail de la structure de ces granits montre qu'ils ont subi des phénomènes intenses de compression ; les quartz y sont souvent à extinctions roulantes,

(6)

frangés sur les bords d'esquilles anguleuses; les plagio- clases sont tronçonnés, les fragments déplacés de leur position primitive, puis 1·essoudés par du quartz secon- daire ; la séricite est abondante.

POINTEMENT n'ÜUTRAY.

Celui-ci, de beaucoup le plus important des trois pr·é- cités, s'avance au N.-E. moins loin qu'Alphonse Favre ne l'a figuré sm· sa carte.

II semble formé par deux boutonnières séparées par des micaschistes qu'on voit affleurer au Cernix. Ces gra- nits sont disposés en bancs. Sur les joints de ces derniers, ils sont chargés de séricite verdâtre et se délitent beau- coup plus facilement. Nous avons examiné une série d'échantillons de ce pointement.

I. Granit proy.,Prnant de l'extrémité N.-E. du pointe- ment, près du col d'Outray, cote 2000 m. (en place).

La roche est à grain moyen, riche en biotite hexago- nale avec développement porphyroïde de quelques grands cristaux d'orthose.

Au microscope. Biotite peu chloritisée, avec poly- chroïsme intense, ng brun foncé, nm brun, np brun très pâle ; sphènes en petites plages, oligoclase abondant, saturé de séricite; orthose pl ua rare, kaolinisé; quartz granitoïde abondant.

La roche accuse des phénomènes dynamiques intenses.

Les quartz sont frangéa d'esquilles et à extinctions roulantes.

Analyse : SiO,

=

65,65

Al,03 = 19,42

(7)

6 LES MASSIFS CRISTALLINS

FeO

-

2,10

MnO

-

traces

CaO

-

2,15

MgO

-

1,55

K,O

- 3,28

Na,O - 6,30 Perte au feu - 0,70 101,15

JI. Granit pris sur la route de Beaufort an Cernix. Le granit est fin, le feldspath légèrement rosé, la biotite rat·e paraît altérée. Quelques grands cristaux porphyroïdes d'orthose.

Au microscope. La biotite est presque complètement épigénisée en chlorite selon p. (OO'l); cette dernière, très peu biréfringente, polarisant dans le gris bleu, doit pro- bablement être rattachée à la ripidolite; elle garde un léger polychroïsme dans les teintes vertes, l'oligoclase est abondant, très altéré; sur quelques rares indiYidus on voit encore les macleB de l'albite et de la péricline il est ehargé de produits secondaires; l'orthose, en grandes plages, de consolidation postérieure montre çà et là, dans son intérieur du quartz secondaire; le quartz granitoïde moule le tout.

III. Granit pris à 1300 m. de Beaufort, sur la route de Beaufort au Cernt"x, cote 698m (en place). -Roche à.

grain moyen, avec cristaux porphyroïdes d'orthose aplatis selon g, (010).

Au microscope. Biotite, presque complètement chlori- tisée, avec quelques inclusions de jolis zircons à auréoles polychroïques; ces a.uréoles sont beaucoup plus vives quand la biotite est restée intacte que lorsqu'elle est

(8)

chloritisée; cependant elles sont encore visibles dans ce demier cas.

Dans la biotite fraîche, ng est d'un beau rouge brun, np brun très pàle. Il est curieux d'observer simultané- ment dans la roche des lamelles de biotite absolument fraîches, d'autres complètement épigénisées.

Apatite abondante, en cristaux hexagonaux inclus dans les micas ou libres dans la roche. Sphène, en plages plus ou moins filiformes, grisâtres, douées d'un fort relief et d'une forte biréfringence.

L'oligoclase, en nombreux cristaux, fortement décom- posé, chargé de damourite, présente les macles de l'albite et de Carlsbad.

Les grands cristaux d'orthose présentent sur

z,

(OW) des clivages p (0,01) très nets avec extinctions à 4 '/. de la trace du clivage. ·

Ils montrent des veines d'albite et de quartz à struc- ture microperthitique et renfer·ment à l'état d'inclusions les éléments du gr·anit, moins le quartz.

Quartz granitoïde.

Analyse : SiO, - 65,30 Al,03 - {8,14

FeO - 2,22

MnO

-

traces

CaO - 2,55

MgO

-

'Î,i5

K,O

-

2,76

Na,O

-

5,30

P,O,

-

traces

Perte au feu

-

2,44 99,86

(9)

8 LES MASSIFS CRISTALLINS

IV. Granit pris à Beaufort même (en place). Granit à grain fin, à feldspath rosé.

Au microscope. Mica verdi, complètement chloritisé, avec inclusions d'apatite et grains de magnétite. La chio- rite garde un polychro'isme marqué, verte en long, jaune très pâle en tt·avers.

Oligoclase abondant, très altéré, chargé de séricite avec macles de l'albite, de Carlsbad et de la péricline. L'orthose en grands cristaux, à contours presque réguliers, montre de belles macles de Carlsbad; à l'intérieur il est rempli de grains de calcite. Celle-ci provient de la décomposition d'oligoclase empâté dans J'orthose; car on trouve encore quelques cristaux frais d' oligoclase accompagnés de lamellés de biotite chloritisée et de quartz secondaire, également inclus dans orthose.

Le quartz granitoïde est peu abondant; il prend par- fois des formes pegmatoïdes.

v.

Analyse:

SiO, - 64,45 Al,O,

=

16,92

FeO - 3,77

:MnO

-

traces

CaO - 1,35

MgO

-

2,81

K,O - 2,95

Na.,O 5,54

P,O,

-

traces

Perte au feu

-

2,08 99,87

Granit pris à Ville dessus, cote 1070 en place

(10)

Granit à grain moyen, à feldspath rose, très peu de biotite à l'œil nu.

Au microscope. Biotite chloritisée, accompagnée de nom- breux amas de magnétite à formes géométriques et de quelques cristaux hexagonaux d'apatite, oligoclase abon- dant, saturé de calcite et de séricite, orthose et quartz granitoïde, très frais, ce dernier tend vers les formes pegmatoïdes.

VI. Granit pris sur la route de Beaufort au Cernix, à 100 m. de Beaufort (en place).

Au microscope. Biotite rat·e, fortement chloritisée. Oli- goclase abondant en cristaux, cassés, déplacés et ressoudés par d'abondantes traînées de séricite, orthose en grandes plages, à structure microperthitique fine, empâtant sou- vent les plagioclases.

Quartz granitoïde abondant, à extinctions onduleuses, souvent brisé.

La roche paraît avoir supporté de fortes actions dyna- miques.

GRANIT DE FoNTANES.

Les deux granits qui suivent ont été récoltés à l'W.

des micaschistes qu'on observe au village du Cemix.

VI. Granit entre le Cernix et Fontanes. Granit à grain fin, porphyroïde, avec mica abondant.

Au microscope. - Biotite en larges lamelles très poly- chroïqfles et très fraîches; ng brun rougeâtre, np brun jaunâtre très pâle; on y trouve des inclusions d'apatite;

les sections p (00 1) donnent une croix noire, légèrement disloquée par rotation. Quelques zircons auréolés.

Apatite, en prismes disséminés dans toute la roche;

oligoclase fortement altéré; orthose beaucoup plus rare.

(11)

iO LES MASSIFS CRISTALLINS

Le quartz dans cette roche est presque exclusivement granulitique, parfois franchement hexagonal, de dimen- sions sensiblement inférieures à celles des antres éléments;

actions dynamiques manifestes.

VII. Granit pris entre le Cernix et Fontanes. Même type macroscopique que le précédent.

Au microscope. -Belle biotite, très fraîche, abondante, brune, avec quelques inclusions de zircons. Rares cristaux d'apatite; quelques lame:lles de mica blanc. Orthose et oligoclase altérés.

Ici encore le quartz est presque exclusivement granu- litique. Les actions dynamiques internes ont brisé la plupart des cristaux.

Analyse.

Siü,

=

64,85

AI,O.

=

17,47

Feü

=

4,13

MnO =traces

CaO - 2,95

MgO 0,97

K,O - 2,93

Na,O - 5,67 P,05 = traces Perte au feu = 1,60

100,57

XI. Granit à amphibole. - Près du pont des Iles, en amont de Beaufort, on trouve un filon de granit à amphi- bole qui a été déjà signa.lé par MM. Pillet et Révil.

C'est une roche de teinte ve1·dâtre, à grain fin, à feldspath rose, pauvre en quartz.

Au microscope.-Le8 éléments constituants sont, dans 1•ordre de consolidation :

(12)

Magnétite rare, en petits amas; sphène rare également, en petites plages; hornblende verte en grands cristaux, avec les faces m (HO) et g, (010); les clivage3 m (HO) sont marqués, l'allongement est positif, l'extinction maxi- mum se fait à 20° de h, g,, les macles h, sont rares et sans répétition, le polychroïsme est sensible, ng vert pâle, np vert grisâtre très pâle, nm Yert jaunâtre, ng-np légère- ment au-dessous de 0,024.

Biotite brune, en lamelles généralement plus petites que celles de l'amphibole, paraît plus abondante que la hornblende; très polychroïque, dans les tons bruns, elle est verdie par une chloritisation secondaire. Il est à remar- quer que certaines lamelles sont très fraîches, tandis que d'autres sont complètement chloritisées. L'oligoclase abon- dant est fortement altéré et saturé de produits secondai- res. L'orthose, en grandes plages, mieux conservé moule 1' oligoclase; le quartz granitoïde peu abondant tend vers des formes nettement pegmatoïdes. La roche montre des froissements dynamiques.

Analyse.

SiO,

=

58,00 Al,03 = '18,47 Fe,03

=

3,26

Feû

=

3,45 MnO

=

traces

Cr,Û3

=

traces

CaO

-

3,85

MgO

-

2,93

K,O

-

2,'17

Na,O

-

4,85

Perte au feu

-

3,3:2

'100,19

(13)

12 LES MASSIFS CRISTALLINS

Comme nous l'avons dit, les granits de Beaufort percent au milieu des schistes cristallins; nous avons pensé qu'il y avait intérêt à étudier lies principaux de ces derniers, d'autant plus qu'ils présentent quelquefois des phéno- mènes de contact intéressants. -

SCHISTES CRISTALLINS AU VOISINAGE DU GRANIT.

An Cernix on trouve entre le pointement d'Out1·ay et celui de Fontanes des sehistes verdâtres, à éclat soyeux, qui se délitent en plaquettes. Ce sont des micaschistes qui, sous le microscope, présentent les éléments constituants suivants: mica blanc, magnétite, chlorite, quartz.

Le grain de la roche est très fin, le quartz en petits grains est très abondant;; il est entouré par un tissu feutré de lamelles alignées de mica blanc et de chlorite, le tout entremêlé de nombreux fragments de magnétite.

Dans la roche des couches riches en quartz et d'autres riches en mica alternent.

Analyse.

SiO.

=-

54,90 Al,03 = 21,73 Fe,03

=

5,72

FeO

=

3,60 MnO =traces CaO - 1,50 MgO - 0,77

K,O - 3,52

Na.o - 4,25 Perte au feu

=

4,63 100,52

(14)

Près du col d'Outray et par conséquent sur le pro- longement au N-E de la zone des schistes du Cernix, à une altitude de 1600 m., nous avons trouvé des schistes ver- dâtres, d'aspect séricitique, un peu durs.

Sous le microscope. - Nombreux grains de quartz, quelques grands cristaux d'orthose; muscovite en pail- lettes, chlorite.

Analyse.

SiO,

=

56,70

AI,O,

=

20,32

Fe,O, = 3,80 FeO

=

t1-,2n MnO =traces CaO - i,-15 MgO - 4,89 K20 - 1,21 Na2Û - 5,7'1 Perte au feu

=

2,60

100,64

Le massif d'Outray se prolonge vers le sud par celui du Mirantin, essentiellement cristallin. En en suivant la base d'Albertville à Beaufort on rencontre des schistes d'tm type assez uniforme.

A Quiège, village situé à mi-distance de ces deux loca- lités, nous avons recueilli un échantillon compact et d'aspect corné.

Sous le microscope, il s'est montré être un micaschiste à grain très fin, pauvre en mica, constitué par de petits grains de quartz, de feldspath, de magnétite et de chlorite;

il est essentiellement quartzeux et granulitisé. On y trouve en effet, dans la masse, des plages de quartz granulitique

(15)

14 LES MASSIFS CRISTALLINS

très beau, souvent hexagonal, disséminé capricieusement dans la roche et de dimensions t1·ès supérieures à celles du grain de celle-ci; la très grande acidité de ce schiste, donnée par J'analyse ci-jointe, y montre fort bien la granulitisation.

Analyse.

SiO,

=

70,10

AI,O, - 13,72 Fe,O,

-

3,57

FeO - 2,62

CaO - 0,95

MgO

-

1,24

K,O - 2,73 Na,O

-

4,08

Perte an feu

=

1,90

1 00,9'1

ScHISTES GRANlTISÉS DE BEAUBOIS.

A Fontanes, l'on quitte le pointement granitique décrit précédemment et, en suivant la route qui conduit à Roselend, l'on rencontre des schistes noirs à mica blanc.

Ceux-ci, sur le flanc de la pointe de Meraillet, sont coupés par des bancs très nets de schistes injectés à fond et pas- sant au type du granit.

Un premier individu nous montre sons Je microscope une biotite rare, chloritisée en pennine, de belles lamelles de muscovite, de l'orthose et de l' oligoclase en grands cristaux fortement décomposés, du quartz abondant, quel- ques grains de calcite et d'épidote secondaires; la roche accuse des phénomènes dynamiques marqués; les cristaux

(16)

sont brisés et transformé~ par endroits en une véritable brèche dans laquelle gisent pêle-mêle les éléments consti- tuants.

Un autre spécimen très granitirtue présente les mêmes caractères et une stmcture identique.

POINTEMENT DE SAINT-GUÉRIN.

Alphonse Favre avait déjà remarqué qu'en remontant le val de Poncellamont, un pen avant l'oratoit·e de Ste-Barbe, l'on trouvait un gr·anit à petit grain traversant les schistes cristallins sous forme de filons. A St-Guérin ce granit mieux développé est accompagné de faux gneiss.

Ces filons graniiiques ne sont que des bancs de schistes granitisés à fond qui, comme à Beaubois, tranchent nette- ment avec les schistes cristallins du voisinage.

Près de l'oratoire de Ste-Barbe nous avons recueilli un de ces schistes au milieu desquels apparaissent les bancs granitisés.

Au microscope.-Muscovite en belles lamelles de gran- des dimensions, très biréfringentes; magnétite en petits grains opaques plutôt rare; chlorite sous forme de la- melles rares, accompagnant généralement la magnétite et résultant peut-être de la décomposition d'une biotite préexistante; orthose en grands cristaux, plus ou moins altérés; o!igoclase plus rare; quartz extrêmement abon- dant, quelques grains d'apatite disséminés. Le quartz a des extinctions onduleuses.

(17)

16 LES MASSIFS CRISTALLINS

Analyse.

SiO, = 62,20 Al,O.

=

19,14

Fe.

o. -

3,51

FeO

-

3,60

CaO - 1,55

MgO

-

0,82

K,O - 3,50

Na,O

-

2,64

c -

0,35

Perte au feu

-

3,08 100,39

Nous signalons la présence du charbon dans ce schiste relativement cristallin.

Le granit de Ste-Barbe, en banc~, est une roche à grain fin, légèrement schisteuse, avec biotite noire.

Au microscope, apatite très abondante, en gros cristaux inclus dans les feldspaths, biotite presque complète- ment t1·ansformée en chlorite d'un beau vert, sauf quel- ques traînées filamenteuses à polychroïsme appréciable ; oligoclase kaolinisé, orthose au contraire très frais avec quelques petits filonnets d'albite; un peu de microcline, quartz granitique abondant; dans certaines régions le quartz forme des agrégats pegmatoïdes, épidote secondaire.

Un second spécimen nous a montré un schiste complè- tement granulitisé, à masse séricitique, avec magnétite en gros grains opaques renfermant des inclusions d'apatite;

ce minéral, très abondant dans la roche, forme de nom- breux prismes hexagonaux, incolores, de 0,014 mm. de longueur.

La biotite brune, peu chloritisée, forme de lon-

(18)

gues traînées plus ou moins parallèles de belles lamel- les brunes polychroïques. Quelques gros cristaux de sphène isolés; oligoclase rare, maclé; quartz granulitique à for- mes hexagonales abondant, imprégnant toute la roche.

Alphonse Favre considère les bancs granitiques de Saint-Guérin comme le prolongement au N du pointement de Cevins; nous les rattacherions plus volontiers au type des schistes injectés de Beaubois. Les gneiss signalés par A. Favre comme accompagnant le g1·anit de Saint-Guérin ne sont que des facies d'injection.

PoRPHYRES DU GRAND-MONT.

Dans sa coupe du Grand-Mont, Alph. Favre signale au N- W du col de la Louze des roches porphyriques faisant wite à des schistes noirs et qu'il caractérise de la manière suivante : «Roche singulière, d'un gris jaunâtre, qu'on prendrait au premier coup d'œil pour une brèche formée d'éléments cristallins. La base est composée de quartz grisâtre et de feldspath blanchâtre; elle renferme de peti- tes masses anguleuses de matières chloriteuses ou mica- cées; mais le quartz présente souvent dans sa cassure une forme hexagonale, ce qui est un caractère des porphyres.

Je n'ai pu me former une opinion bien arrêtée sur cette roche qui est asssociée à du grès, à des cargneules et peut-être à des protogines.»

Nous avons pu, grâce à la collection léguée par Alph.

Favre à la ville de: Genève, examiner sur deux échantillons recueillis par !ni la nature de ces roches et reconnaître que c'étaient des microgranulites analogues à celles de Valorcine et à celles du Val Ferret suisse.

Au microscope. La roche est à deux temps distincts.

2

(19)

i8 LES MASSIFS CRISTALLINS

Le Jer, représenté par de la biotite en lamelles déchi- quetées et chloritisées; quelques lamelles sont polychroï- ques et renferment des zircons. Muscovite en jolies lamelles, magnétite rare, en petits amas.

Sphène en plages quadrillées rares et en grains dissé- minés; oligoclase en grands cristaux, maclé et décomposé, orthose de plus petites dimensions, moins abondant, quelques cristaux sont très frais, maclés selon la loi de Carlsbad, d'autres altérés; dans les cristaux frais on remarque des filonnets d'albite; quelques rare~ et petits cristaux de microcline. Quartz en beaux grains, bipyra- midé, brisé et sillonné de cassures par lesquelles le magma granulitique a pénétré, de sorte que ce dernier se trouve parfois emprisonné dans les grands cristaux. On observe des cassures de deux natures : les unes sont originelles, les autres proviennent des actions dynamiques, car plusieurs cristaux ont des extinctions roulantes, accu- sant de fortes compressions. Résorption magmatique évi- dente dans la première consolidation.

2me temps. Pâte microgranulitique, essentiellement quartzeuse, avec quelques grains de magnétite et des lamelles de biotite, chloritisf;es et localisées. Un peu de calcite provenant de la décomposition des plagioclases.

Analyse:

Siü,

=

67,70 Al,03 = 15,48 Fe,03

=

2,60

Feü 2,9!~,

Mnü - traces

CaO 2,20

MgO - 0,93

(20)

K,O -

'1,77

Na20

=

4,48

Perte au feu

-

'1,96

100,07

Un second échantillon nous a montré un type absolu- ment identique au précédent.

PoiNTEMENT DE CEVINS.

En allant de Notre-Dame de Briançon à Cevins, on trouve d'abord des schistes chargés de mica blanc qui, sons le microscope, se montrent formés d'un mélange intime et microschisteux de muscovite, de biotite et de petits grains de quartz; la muscovite est en grandes lamel- les, la biotite en petites écailles polychroïques; dans ta masse du schiste quelques grands cristaux d'oligoclase et quelques lentilles granulitiques plus ou moins brisées.

Plus loin, à Fessons, on ti'Ouve des t'oches très méta- morphosées, schisteuses, formées par de fines lamelles de séricite, avec des cristaux de quar·tz, d'orthose et d'oli- goc!ase; ces roches, dans leur ensemble, sont moins cris- tallines que les précédentes et caractérisées par une mul- titude de grains de sphène.

En continuant à avancer vers Cevins, on trouve des micaschistes qui s'injectent de plus en plus, deviennent des schistes, granulitiques puis des gneiss glanduleux et passent enfin à des bancs d'une roche granitoïde, mais qui garde cependant une allure générale plus ou moins gneissique.

Nous considérons cette roche comme étant l'équivalent de la protogine du type pegmatoïde. Le type le plus franc que nous ayons étudié et qui rappelle étonnamment cer- taines variétés du Mont- Blanc provient d'une carrièr·e

(21)

20 LES MASSIFS CRISTALLINS

située à quelques cent mètres au S du torrent de la Gr·a- vax.

Sous le microscope. La structure de cette roche est celle d'une protogine. On y trouve de jolis cristaux de sphène, abondants, à contours nets, gris brunâtre; de l'apatite en prismes hexagonaux; la biotite en lamelles très po- lychroïques, ng vert brunâtre foncé, np jaune très pâle;

dans la biotite quelques inclusions d'apatite, de sphène et quelques rares zircons auréolés.

A côté de la biotite franche en lamelles, on trouve un mica filamenteux, fortement chloritisé, analogue à celui de certaines protogines du Mont-Blanc. Oligoclase en grands cristaux kaolinisés; plages d'orthose avec filonnets d'albite, quartz granitoïde, un peu de microcline accom·

pagné d'un quartz granulitique s'injectant dans les cas- sures.

Comme produits secondaires, quelques grains isolés de calcite et d'épidote. _La roche a subi d'énergiques phéno- mènes de compression. Le quartz y est écrasé, frangé d'esquilles sur les bords et prend parfois une structure bréchiforme (quartz d'écrasement).

Deux autres échantillons, récoltés dans la même car- rière, mais d'un type plus gneissique ont montré une structure analogue. L'un d'entre eux passe à un véritable schiste protoginisé; on observe dans la coupe des restes de micaschistes imprégnés et disloqués par les éléments de la roche éruptive.

Nous avons analysé deux de ces pt·otogines, l'une pré- sentant le type le plus massif, l'autre au contraire un facies gneissique marqué.

La composition chimique corrobore l'analyse micros- copique. On y retrouve une acidité supérieure à celle des

(22)

2t

:granits et un ensemble de caractères identiques à ceux de la protogine du Mont-Blanc', que nous donnons comme type de comparaison :

I. Protogine de Cevins II. Protogine de Cevins III. Protogine dn Mt-Blanc

Type granitoïde Type gneissiqne

Siû2

=

68,60 Siû2 = 70,10 Si02

=

7i,04 Al2Ü3

=

16,15 Al203 = f6,56 Al2Û3 = 15,00

FeO

=

2,93 FeO - i,66 FeO - 2,93

l\fnû

=

traces MnO = 1races Mnû = traces

CaO 2,35 CaO 1,85 CaO = 1,90

l\JgO 0,66 .MgO 0,61. MgO 0,39

K20 3.3f K20 3,69 K20 4,59

Na20 = 5,54 Na20 5,58 Na20 3,99 Perte anfen = 1,04 Perte an fen = 0,97 Perte an f~n = 0,48

100,58 101,58 100,22

On sait qu'un des caractèt·es typique.s de la pt·otogine et spécialement de celle de rebrassement est la présence d'englobements de dimensions variées qu'on rapporte à des micaschistes; nous les avons retrouvés avec des carac- tères parfaitement identiques dans la protogine de Cevins.

Ces fragments, qui ont au maximum 20 cm. de diamètre, sont de couleur foncée, compacts ou encore schisteux;

cette schistosité reste toujours évidente sous le micros- -cope. On y trouve de la biotite et de la chlorite; de J'or- those en grands cristaux sans contours nets, de l' oligo- dase, du quartz des deux venues. Le sphène, en petits

1 L. Duparc et L. Mrazec. Recherches sur les roches étrangè- res enfermées dans la protogine erratique du Mont-Blanc (Arch.

des Sc. phys. et nat., sm• période, t. XXV, p. 655).

L. Duparc et L. Mrazec. Recherches sur la protogine du Mont·

:Blanc et sur quelques granulites filoniennes qui la traversent (Arch. des Sc. phys. et nat., sm• période, t. XXVII, p. 659).

L. Mrazec. La protogine du Mont-Blanc et les roches éruptives {).ui l'accompagnent; thèse de doctorat. Genève, 1892.

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22 LES MASSIFS CRISTALLINS

grains, est répandu dans tonte la masse; ce sont là, à n'en pas douter, des micaschistes modifiés par granuli- tisation.

Analyses des englobements

de Cevins du Mont-Blanc.

SiO, - 60,65 SiO, 61,27

Al,O. = 18,57 Al,O.

-

16,35

Fe,o. = 1,25 Fe,o.

-

3,02

FeO

-

4,25 FeO

-

6,00

MnO

-

traces MnO - 0,48

CaO - 3,20 CaO

--

4,57

MgO 2,00 MgO

-

1,6~

K,O

-

4,28 K,O 7,26

Na,O - 4,98 Na,O - 1,94

Perte au feu

-

1,80 Perte au feu 0,4-5

100,99 102,03

Comme nous l'avons dit, au voisinage de la protogine de Cevins, on trouve des schistes injectés d'une manière remarquable. Ces derniers, à facias glanduleux, se trou- vent particulièrement bien développés sur le sentier qui conduit de Chauvet à Cevins, à la cote de 700 à 800 m.

Sous le microscope. Le schiste micacé est formé par un agrégat très fin de quartz et de mica, ce dernier en traî- nées filamenteuses. Entre les feuillets s'intercalent d'abord des lentilles exclusivement quartzeuses, visibles seulement.

sous le microscope et formées par de superbes cristaux de quartz granulitique à formes hexagonales; en second lieu par des glandules feldspathiques de grandes dimen- sions, formées par plusieurs tronçons d'orthose maclé- selon la loi de Carlsbad et sépal'és les uns des autres par

(24)

23 de véritables filons de quartz secondaire et des lamelles serrées de mica.

Dans les grands cristaux d'orthose on trouve quelques lamelles de biotite chloritisée, cristaux d'oligoclase, et quelques grains de calcite.

Nous avons examiné plusieurs antres types de ces schistes. Tantôt c'est l'injection lenticulaire, tantôt la modification par empâtement qu'on y rencontre. Un autre échantillon recueilli non loin du précédent s'est montré très riche en microcline.

Près de la protogine et des schistes injectés, sur la droite du torrent de la Gravax, on trouve des schistes verts, à éclat soyeux, d'aspect séricitique, formés par des couches verdâtres avec lentilles blanches.

Au microscope. Les éléments constituants sont l'amphi- bole, le quartz, le feldspath, la séricite et la calcite.

L'amphibole forme un tissu feutré et serré de petits cristaux bacillaires parmi lesquels se trouvent quelques cristaux de plus grande taille, brisés et déchiquetés ; sur les petits prismes, les extinctions se font de 20° à 25° de l'allongement toujom·s positif; le polychroïsme, relative- ment faible, est cependant visible, ng vert pâle, np jaune très pâle, la biréfringence atteint 0,022.

Dans les grands cristaux, le polychroïsme est plus intense et la biréfringence plus élevée; ce tissu amphibo- lique alterne avec des zones riches en quartz et en felds- path; ce dernier est tellement altéré que sa détermination est impossible; il y a en outre quelques cristaux d'amphi- bole épars dans les régions feldspathiques, mais en géné- ral les deux éléments sont bien séparés.

Le sphène est abondant, en petits grains parfaitement transparents et doués d'un fort relief; plusieurs d'entr&

(25)

LES MASSIFS CRISTALLINS

eux montrent une bissectrice positive; l'angle des axes y atteint à peine ;wo; ce sphène est surtout concentré dans le tissu amphibolique. La calcite forme quelques gros grains épars dans le tout.

C'est après ces schistes qu'on trouve la cargneule, bien- tôt suivie par des schistes qu'Alph. Favre place dans le lias.

Ces derniers au microscope se montrent très riche;;; en grains de magnétite à contours géométriques, en chlorite en fines lamelles ainsi qu'en mica blanc oligoclase. Le quartz en grains irréguliers constitue la masse principale de la roche. Ces schistes ne paraissent pas se distinguer des autres schistes cristallins que nous avons décrits.

RÉSUMÉ ET CONCLUSIONS.

Les résultats principaux qui se dégagent de ce travail sont les suivants :

Des deux traits caractéristiques des granits de Beau- fort, Je premier est la constance parfaite de leur acidité ; en effet, la teneur en silice d'une série de types s'éche- lonnant des variétés à grain fin aux variétés porphy- roïdes ne présente qu'un écart de 2,20

a;..

Le second trait est leur richesse en oligoclase; l'étude microscopique aussi bien que l'analyse chimique le prou- vent et on peut qualifier ces granits de plagioclasiques.

En effet, dans tous les échantillons étudiés, la soude pré- domine sm la potasse et cette prédominance peut atteindre jusqu'à 3,02 °/0

Cette uniformité dans la composition chimique n'en- traîne point celle de leur structure microscoqique; tout en

(26)

gardant en général le type granitoïde, le granit peut de- venir granulitique. Nous citerons à l'appui celui qu'on trouve entre Fontanes et le Cernix, où le quartz a une tendance très nette à s'individualiser.

Du reste les granits de Beaufort démontrent à l'évi- dence les stades qui président à l'édification de la struc- ture granitique et l'erreur qu'on commettrait en ne leur assignant qu'un seul temps de consolidation. Ainsi, par exemple, dans le granit pris entre Beaufort et le Cernix, côte 698 m., du type porphyroïde, l'orthose s'est exclu- sivement ségrégé en grands cristaux; le fait que ces der- niers englobent tous les éléments du granü à l'exception du quartz et que le quartz moule le tout prouve, d'une manière évidente, les différents stades qui se sont succédé dans l'édification de la roche et le fait que les grands cris- taux ne sont point toujours de première consolidation.

Les granits de Beaufort percent au milieu des schistes micacés; or, il est incontestable qu'ils y présentent un caractère nettement intrusif, ainsi que l'attestent les phé- nomènes de granulisation, l'injection lit par lit et la gra- nitisation complète et alternante de certains bancs, comme à Beaubois et St-Guérîn, simulant de véritables granits. Il est difficile de se faire une idée exacte du type originel dn schiste micacé. Il est probable toutefois que ce dernier, dans la région, offre un caractère relativement peu cristallin, et nous sommes tentés de considérer en bloc les schistes de Beaufort comme rentrant dans le type x de la cat'te géo- logique de France; le type de z' semble faire défaut.

Peut-être le type primitif du schiste micacé se trou- ve-t-il au Cernix; sa faible acidité opposée à la richesse en silice d'autres variétés permettr·ait de rattacher ces der- niet·s au type primitif complètement granulitisé.

(27)

26 LES MASSIFS CRISTALLINS

Une communication inédite de. M. Duparc nous annonce un phénomène analogue au Mont-Blanc; il y a trouvé un schiste peu riche en silice, qui devient de plus en plus acide par les modifications subséquentes.

Les granulites du Grand-Mont paraissent être en rela- tions étroites avec les granits de Beaufort. Elles en repré- sentent peut-être un facies plus acide et plus récent; leur connaissance est, du reste, encore incomplète, mais il est intéressant d'en constater la présence et l'analogie avec d'autres microgranuliques qui, dans des conditions iden- tiques, accompagnent les granits voisins de Valorcine et de Gasteren.

L'analogie entre ces trois massifs ne se restt·eint pas aux granulites, mais se présente d'une manière bien plus complète, quand on examine les conditions dans lesquelles se présentent les gr·anits de ces trois localités.

Le granit de V alorcine, récemment étudié par M. Michel Lévy perce en boutonnières au milieu tles micaschistes ; voici sa diagnose « Le granit de la Poya rappelle les variétés de granit gris, porphyroïdes à grain moyen, du Plateau central, ou encore les types de granit cambrien de Bretagne. Il est beaucoup plus riche en mica noir que la protogine.

« Au microscope, le mica noir a conservé intactes ses auréoles polychroïques autour des zircons ; il existe un peu de sphène. L'oligoclase abondant, l'orthose et quel- ques grains rares de quartz ancien se montrent englobés en débris dans de grandes plages d'anorthose à filonnets siliceux, jouant avec le quartz le rôle d'éléments de seconde consolidation. Les actions dynamiques ont eu pour résultat, comme toujours, de courber les lamelles hémitropes de certains feldspaths, de froisser les grandes

(28)

plages de quartz qui présentent des mozaïques multiples à sutures compliquées; on peut en outre leur rapporter le remplissage en quartz et séricite de certaines fissures. » Cette diagnose correspond d'une manière frappante avec celle que nous avons donnée pour les granits de Beaufort; l'analyse suivante, faite par l'un de nous, mont1·e leur richesse en oligoclase, qui est leur caractère domi- nant:

SiO,

=

66,22

Al,O"

=

f8,59

FeO - 2,78

MnO- CaO - MgO - K20 - Na,O

=

traces 2,28 0,95 5,21 3,65

Comme à Beaubois, le granit injecte et modifie les micachistes encaissants; ici encore le caractère intrusif du granit est manifeste; il n'a, du reste, jamais été contesté.

Enfin plus au N. nous avons le massif de Gasteren dans les Alpes bernoises, étudié d'une manière détaillée par MM. de Fellenberg et Schmidt. M. Schmidt signale l'antériorité du plagioclase, qui est allotriomorphe vis-à- vis de la biotite et idiomorphe vis-à-vis de l'orthose, l'or- those y est postérieur et toujours mieux conservé. Comme pour les granits des deux massifs précédents, le trait carac- téristique est la richesse en plagioclase. L'analyse suivante .•

due à l'un de nous, confirme cette manière de voir.

(29)

28 LES MASSIFS CRISTALLINS

SiO, - 69,87 Al,O,

=

15,96

Fe,O,

=

1,65

FeO - 3,02 CaO - 1,73 MgO

-

1,40

K,O - 4,,26 Na,O - 3,72 Perte au feu

=

'1,68 102,09

Ici, toutefois, le caractère plagioclasique du granit tend à s'atténuer, tandis que, comme conséquence, la teneur en silice augmente.

Des émissions secondaires accompagnent le granit comme à Beaufort et Valorcine; elles comprennent des microgranulites et de véritables porphyres. Les rapports des schistes avec les granits du voisinage semblent, d'après la description des auteurs, rentrer dans le genre de phé- nomènes que nous avons décrit. Un fait cependant est à noter: le granit y est massif; on n'y distingue pas de struc- ture parallèle secondaire. Au microscope les phénomènes dynamiques s'y montrent seulement dans les extinctions onduleuses du quartz. A Valorcine et surtout à Beaufort la compression paraît avoir été plus énergique, comme le montre la disposition en bancs et les froissements micros- copiques bien plus intenses.

Il y a, comme on le voit, une analogie complète entre ces tl'ois point.ements; il paraît donc logique d'admettre l'homogénéité parfaite de la ceinture granitique qui, par des pointements discontinus, s'étend des Alpes bernoises jusqu'en Tal'entaise et peut-être au delà. C'est à peine si

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la différence entre ces granits consiste en une diminution de l'acidité du nord au sud et dans la régression pro- gressive de l'orthose dans le granit.

Ici se poserait naturellement la question de savoir :3i tous ces pointements sont contemporains et si ces granits sont antérieurs ou postérieurs à la protogine. La question ne peut guère être résolue. Nous n'avons en effet pas de données sur l'âge de ces deux roches; nous n'en avons pas même d'exactes sur le manteau cristallin qui les enve-

loppe. En outre les phénomènes d'injection viennent en- core compliquer la question.

Quelques auteurs ont cru pouvoir assigner un âge plus ancien à la protogine, en se basant sur son élévation et sur le fait qu'elle a subi des phénomènes dynamiques plus intenses que le granit. Or les granits de Beaufort ont subi des pressions aussi formidables que celles supportées par la protogine et tout près d'eux, à Cevins, cette roche n'apparaît qu'à une altitude de 1000 mètres inférieure à celle qu'ils atteignent au col d'Outray. C'est à peine si la plus grande acidité de la protogine permettrait de la rap- porter· à une venue antérieure. Les poudingues de Valor- cine et des Ajoux renfermant des fragments des deux roches n'ont pas d'influence sur la solution de la question.

Une preme nouvelle que la différence entre la proto- gine et le ~ranit n'est pas due uniquement à des phéno- mènes dynamiques nous est fournie par la protogine du pointement de Cevins; celle-ci présente les mêmes phé- nomènes de contact et d'injection que le granit de Beau- fort; cependant la composition de ces deux roches les sépare nettement. Le pointement de Cevü1s n'est donc pas la continuation de celui de Beaufort; nous y verrions plus volontiers le prolongement du Mont-Blanc au sud.

(31)

30 LES MASSIFS CRISTALLINS DE BEAUFORT ET CEVINS.

Comme on le voit, il paraît y avoir, dans la zone dn Mont-Blanc, deux ceintures éruptives distinctes, peut-être contemporaines, peut-être d'âge différent, toutes deux nettement intrusives.

Elles ont servi de point solide contre lequel sont venues buter les formations sédimentaires, refoulées latéralement au nord et au sud et ainsi ont dû jouer un rôle consi- dérable dans les différ·entes péripéties qui se sont succé- dées pour l'édification du relief alpin.

Genève, laboratoire de minéralogie.

(32)

EXPLICATION DES FIGURES

Fig. i. Granit de Fontannes.

Fig. 2. Granit à Amphibole de Beaufort.

Fig. 3. Microgranulite du Grand Mont.

Fig. 4. Protogine de Cevins.

No L Amphibole. - No 2. \.iotite. -6'- No 3. Oligoclase. -

No 4. Orthose. - No 5. Quartz granitoïde. - No 6. Qual'!z à tendance granulitique. - No 7. Quartz d'écrasement. - No 8.

Microgranulite.

Fig. 1. Fig. 2.

Fig. 4.

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