Gros, Charles
La vision
du
grand canal royal des deux mers2211 ^
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La Vision
du grand canal royal des
deux mers
par
Charles Gros
^ PARIS
Chez Alphonse Lemerre
Passage Choiseul, 2j-^i
i888
Prix : I fr. 25
La Vision
du grand canal royal des
deux mers
par
Charles Gros
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22.(i,
56
2111
La vision du grand canal royal des deux mers.
Envole-toi chanson,
va
direau Roi
deFrance
Mon
rêve lumineux,ma suprême
espérance!Je chante, 6
ma
Patrie, en des versdoux
et lentsLa
ceinture d'azur attachéeà
tesflancs,Le
liquidechemin
deBordeaux à Narbonne
Qu'abreuvent tour
à
tour et l'Aude et laGaronne.
L
'aurore étendses bras rosesautourdu
ciel.On
sent la rose,on
sent lethym,on
sent le miel,La
brisechaude,humide
avec desodeurs vagues, Souffle de lamer
bleueoh moutonnent
lesvagues.Et
lamer
bleue arriveau
milieu des coteaux;Son
flot soumisamené
ici mille bateaux:Vaisseaux de l'Orient, surchargésd'aromates,
Chalands
pleinsde mais, decitrons, de tomates,Felouques apportant lesballots de Cachmir,
Tartanes
où l'on voitdes levantinsdormir.Les
trésors scintillants de l'Indeet dela Chine Passent, voiléspar
lavapeur
delamachine
:C'est la nacre,
V
ivoire, et la soieet le tJié,Le
thé nectarsuave etchaste volupté.Nacre, ivoire fouillésenforets de la lune, Saules,p)èchers enfl-e-ursurfaille bleueetbrune.
Le
tabac, lehachich, l'opium,poisonscharniants,
Tromjyent tous les douaniersettousles r'èglements
Dans
lecanalprofond
, exemptdes ventsdu
largeCe
bâtiments'avance, allègre de sa charge.C'est
un
Russe, quivieîitdu grand pays
des blés, C'estVAmil Nous
auronsdu pain aux
temps troublés.Sous
ce beauciel, sous des lueursà
l'orpareilles, Cesnavires pressés vont, richeessaim d'abeilles.Jechante, ô
ma
Patrie, en des versdoux
et lents,La
ceinture d'azur attachéeà
tesflancs.Le
liquidechemin
deBordeaux à Narbonne,
Qu'ah'euvent tourà
touret l'Aude etlaGaronne.
Voici, blanches,
aux
boî'ds s'aligner lesmaisons, Ilettreuses, sans souci desmauvaises saisons.Car
les apportsdu monde
et la scienceinsigneOnt
faitrevivreiciV
olivieret lavigne.L'olivier, c'estla
paix;
lebonheur, c'est levin.Tout
estjoie àprésent,dans
cepays
divin.Les
fillesontdans
leurs cheveux,aux
pn^omenades,Les
bleuets, lesjasmins
et lafleur des grenades.Ellespassent, tandisque là-bas, les garçons
Bythment
la langue d'ocen declaires chansons.Toulousel villeantique
où
fleurissentencorePour
lespoètes, vosfleursd'or, Clémence Isaure,Toidouse triomphale hébergeruuioers
Sous
sespalais debr^ique etsespeupliers veits.Et
laflûte soupireet la harpe résonneSur
les bordsdu
canal deBordeaux
h JVarbonne.Je
chante^ ôma
Patrie, en des versdoux
et lents,La
ceintured'azur attachée à tesflancs.De
l'Océan, voici venir en sens inverseCes vaisseauxnoirs,cesblésque surlesquais
on
verse,Et
Vor,r
argent, le cuivre, objetsd'un
trocperversDont
serepaît le crime, etdontpleurentmes
vers,Les bœufs
aux grands
Tjeuxdoux
quelamer
effarouche Cotésen mots cruels, «provisions de bouche».C'est l'Amérique, c'est de la viandeet
du
pain.Laissons passer.
A
l'Est, tant depauvres
ontfaim
îLa
consigne est avec lesgens del'Angleterre:Du
charbon,du
coton,payer,passer, se taire.C'est fini de
V
Anglais, ancien épouvantail,Mer
bleue,ou
luit la nacre,où
rougit le corail!Sous
lesyeux
dela nuit, dors Méditerranée,Et
sourisau
matin,mor oh
Vf'nufi estnée,Et
sourisà
l'Afriqueoh
l'orgueilindomptéDe
nos roisfit fleurir lasainte liberté!Flot d'azur et d'hermine,
aux
rochersque tu lavesLa France
a défendu d'enchaîner des esclaves!Je chante, o
ma
Patrie, endes versdoux
et lents,La
ceinture d'azurattachéeà
tesflancs.Normands,
Bretons, Gascons,Languedoc
etProvence Buvons
ensembleà
la santéditBoi
de France.Passez ici, chantonset serrons-nous les mains.
Loin
des tempêtes, loindes désastreuxchemins,Le
golfedeGascogne
etlamer
des Sargasses, Gibraltar sansprofitpour
lesAnglais
rapaces.Scandinave à
tongré,marin
universel.Apporte-nous tapêche, emporte notre seL
Et qu
'avecnotre vin tonaudace
s'abreuveEn
Lslandeetdans
lesbrouillardsde Terre-Neuve,Je chante, 6
ma
Patrie, en des versdoux
etlents,La
ceintured'azur attachée-à
tesflancs.Le chemin qu a
rêvéla science idéaleLe
canal creusépar
la Puissanceroyale.Lci, calmes,
au cœur du
pays,des bassinsBercentles nefs d'acier, ces guêpes en essaims.
Ellesdorment,
pouvant prendre
toutes lesroutes.Des Français
sontà
bord, laMort
estdans
lessoutes.Et V
Orient malsain, etl'Occident vénalNe
saventpas
d'oùnous
sortironsdu
canal.Envole-toi, chanson,
va
direau Boi
deFrance
Mon
rêvelumineux,ma suprême
espérance.Maintenant
lescanaux forment comme un
lacis,Comme un
tapisbrodé recouvrant lepays.Et
lePays du
vinvermeil, des moissonsblondes,La
France, adans
soncœur
lechemin
desdeuxmondes.
Le
liquidechemin
^ bleu, bordéd'arbresverts^
Que
Biquet dut rêveretque chantentmes
vers.Les
bons monstres defer, excavateurs et dragues.Firentcefleuve
où
lesdeux mers
joignentleursvagués.Et
la terre livradu fond
desesreplisDes
sous gaidoisfrappésd'un
coq,frappésd'un
lys.Les
sous gauloisqu'on trouve en Alsace, en Lorraine,Remparts
que montrea
l'Est laFrance
souveraine,La France
que le Ltldn etsesgrands
peupliers Limitent,fiers témoinsdes temps inoubliés.Car
leRhin
est gaulois,comme
est gaulois leBhône,
Comme
est la Seine qui baigne lespiedsdu
Trône,Comme
est la Loireoù Jeanne
etses guerriersgéants ChassèrentlesAnglais au
siège d'Orléans,Comme
est le bleuchemin
dontl'univers s'étonneLe grand canal royal de Bordea ux a Narbonne.
Le Roi
deFrance
està
Parisdans
sonpalais, Llreçoittout lemonde,
etmême
lesAnglais.Ll
n
'est riend'aussibeau que Paris sur la terreEt
toute haineettouteenvie ontdu
se taire.Partout règne l'honneur, partout règne la loi,
On
voitcombien sontforts, et laFrance
et le Roi.Le Roi
fierau
dehors, leRoi pour nous
si tendre!On
sait tous lespardons
que samain
dut répandre.Et
lesmauvais
combats et lesmauvais
procèsN'ont
plustroublélescœurs du grand
peuplefrançais.La
nation, jadis saccagée et meurtrie^Offre à son jRoi lapaix, son
sang
à la Patrie.Mais
la gloiredu Roi
deFrance
va plus hautQue
la terre.A
présentc'est le cielqu'illuifaut.Car
lecielestpeuplé
de sphères amoureuses,Comme
nous, de lumièreetde forêtsombreuses;Car
lessavants ontvu
depuisplus decentans
Des signaux
faits en vain.On
n'avaitj^as letemps!MarSy
laplanète austèreoù
règne la scienceyNous
salue. Ils ontvu
le trait bleusur la France,Un
pointbrillant, rythmé,par un
vouloir secretDans
ceinonde lointain, apparaît, disparaît.Devine, géomètre et réponds, astronome!
Qu'ilssachentque chez
nous
leVerbes'estfaithomme.
Leur
génieencanaux
sinombreux
est inscrit!Ils se sontdit : «
Sur
terre aussi règne l'esprit. »Ilsenont
vu
lesigneau
puissant télescope.Leurs
éclairssont l'appelà
laterre,à
l'Europe.Et
la France,ou
lemal
ancien dut s'apaiser.Reçoit leplanétaire etfraternelbaiser
.
Aussi
laFrance
fut^ sur terre, lapremière
Qui
réponditpar
la lumièreà
la lumière.J'aiclmntéf
ma
Patrie, endes versdoux
et lents,La
ceinture d'azurattachseà
tesflancs.Envole-toi, chanson,
va
direau Roi
deFrance
Mon
rêve lumineux,ma suprême
espérance.PM:S,lu». A.LANfER,14,RUE SÈOuiE»
PABie, tMP.A.LANIER,K.
Gros, Charles
La vision
du
grand canalroyal
des deux mersPLEASE
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