FACULTÉ
DEMÉDECINE ET DE PHARMACIE
DEBORDEAUX
ANNEE 1899-1900 M" 14
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
Liai et Je F.
DES GLANDES StIDORIPARES
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenue publiquement
le 24 Novembre 1899
PAR
Louis-Eugène-Benoît-Léon GOUVY
Né à Aiigoulême (Charente), le 2 Janvier 1878
Élève du Service de Santé de la Marine
/ MM. PICOT professeur Président.
Examinateurs de la Thèse:<) \ILLAR
\YrYTr>. professeur
agrege..i
) Juges.SABRAZES agrégé.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les
diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI, P. CASSIGNOL
91 — RUE P0RTE-D1JEAUX — 91 1899
Faculté
M. DEde Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
NABIAS, doyen — M.
PITRES,
doyen honoraire.PROFESSEURS
MM. MIGÉ
AZAM ï DUPIÎY MOUSSOUS
Professeurs honoraires.
Clinique interne
MM.
PICOT.
PITRES.
DEMONS.
LANELONGUE.
Cliniqueexterne
Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique
ARNOZAN.Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments
LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie CANNIEU
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie
JOLYET.Hygiène LAYET.
A 4» RÉGB«1S EU SKCTIONMM.DE MÉDECINE
(Patholog
CASSAET.
AUCHÉ.
SABRAZÈS
Médecinelégale Physique Chimie
Histoire naturelle Pharmacie ...
Matièremédicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo-
^
gique
Cliniquedes maladies
chirurgicales des en¬
fants
Clinique gynécologique Cliniquemédicaledes maladiesdesenfants Chimie
biologique...
EXERCICE :
ie interne etMédecine MM. LE DANTEC,
HOBBS.
MM.
MORACHE.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NABIAS.
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS.
DENIGÈS.
légale.)
SECTION I)E CHIRURGIE ET
ACCOUCHEMENTS (MM. DENUCÉ. I
Pathologieexterne:
VILLAR BRAQUEHAYE CHAVANNAZ.
Accouchements.\MM. CHAMBRELENT ) FIEUX.
Anatomie..
SECTIONDESSCIENCES ANATOMIQUES ET
PIIYSIOI.OGIQUES
|MM.
N.PRINCETEAU |Physiologie
MM. PACHON,I Histoire naturelle
BE1LLE.
SECTION DES SCIENCES PHYSIQUES
Physique MM. SIGALAS.
| Pharmacie M.
BARTHE.
COURS
COUPUi:illL\
B l IR E1S :Clinique des maladiescutanées et
syphilitiques MM Clinique des maladies des voies urinaires
Maladies du larynx, des oreilles et du nez
Maladies mentales
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interne Pathologie externeAccouchements Chimie
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Le Secrétairede laFaculté:
DUBREUILH.
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MOURE.
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CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
N.
LAGRANGE.
ÇARLES.
LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thèses qui luisontprésentées doivent être considérées comme
propres à leursauteurs,et qu'elle n'entendleur donner niapprobationni improbation.
A MONSIEUR LE DOCTEUR SABRAZÈS
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX MÉDECIN DES HOPITAUX
CHEF DU LABORATOIRE DES CLINIQUES OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
PICOT
PROFESSEUR DE CLINIQUE MÉDICALE A LA
FACULTÉ]
DEMÉDECINE
DE pORDEAUX
MEMBRECORRESPONDANTDEL'ACADÉMIEDEMÉDECINE
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
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C'està M. le
prof, agrégé Sabrazès que nous devons l'idée
du sujet
de
cetravail, de même que l'examen histologique
d'une denos
observations.
*
Qu'il nous
soit permis de lui exprimer ici toute notre
gratitude et de lui adresser nos plus sincères remerciements.
Toujours
plein de bienveillance, il ne nous a jamais épargné
ni son temps,
ni
sesconseils.
Nous remercions également
M. le prof. Picot du très grand
honneur qu'il nous
fait
envoulant bien accepter la prési¬
dence de notre thèse.
-- • -, - ' • -■■J-'7
K" M ■ '• - 2S
I
.
I
'
INTRODUCTION
11 y a
quelques années à peine, MM. Jacquet et Darier écri¬
vaientdans les
Annales de dermatologie que « la pathologie
de
l'appareil sudoripare était encore complètement hypothé¬
tique».
Kaposi, il
y amoins de temps encore, émettait la
même affirmation.
Aussi,en
abordant le sujet qui fait l'objet de notre thèse,
nesaurions-nous
avoir d'autre prétention que de tenter une
simple
mise
aupoint de la question.
Nousavons eusous
les
yeux,lu et étudié le plus grand
nombre
possible d'observations parues sur ce sujet. Nous
n'en avons retenupour
les publier à notre chapitre « Obser¬
vations » que
celles qui
nousont paru réellement authenti¬
ques. Des
autres, dont la plupart sont plus que douteuses,
nousn'en disons que
quelques mots, en .bloc, à propos de
l'historique.
Ala suite de ces
observations,
nousenpublions une, nou¬
velle, dont la
partie clinique est due à la très grande obli¬
geance
de M. le prof, agrégé Villar, qui voulut bien, après
ablation de la tumeur qui en
fait le sujet, abandonner cette
dernièreau Laboratoiredes
Cliniques, où M. le prof, agrégé
Sabrazès en fit un
très grand nombre de coupes qu'il eut
l'extrême bontéde nous
communiquer.
. _ •
( - -...
T
HISTORIQUE
Jusqu'en
1845,
onn'avait pas encore soupçonné que les
glandes
puissent concourir à la formation des épithéliomas.
Maisencore faut-il aller jusqu'en
1854
pourentendre parler
de tumeur
glandulaire à origine sudoripare, car tous les tra¬
vaux parus
entre
cesdeux dates, et publiés par Lebert,
Fuhrer, Robin,
Porta n'avaient guère
envue que les glandes
sébacées; aussi n'est-ce
qu'avec les publications de Remack
et deVerneuil que commence
réellement l'historique de l'é-
pithélioma des glandes sudoripares.
Remack, en 1854, dans son «
Etude
surles néoformations
glandulaires
de l'Epiderme
»,établit que toute tumeur épi-
tliéliale
profonde de la
peau,formée de cylindres renflés et
de
cylindres anastomosés, est probablement originaire non
seulement des
glandes sébacées,
commele prétendait Fuh¬
rer, maisencoreet
surtout des glandes sudoripares.
Au coursde la morne année
parurent les remarquables
travaux deVerneuil sur la
pathologie de l'appareil sudori¬
pare.
Verneuil partage l'opinion de Remack ; il va même
jusqu'à regarder
commeglande sudoripare modifiée et bour¬
geonnante
tout cylindre épithélial vermil'orme muni de
bourgeonslatéraux ou
de ramifications, tout noyau bosselé
quise
rencontre dans les tumeurs de la peau. Pour lui, tout
épithélioma tubulé aurait
sonorigine dans les glandes su¬
doripares.
Mais Verneuil ignorait encore
la fine histologie de ces
glandes.Certains détails de leur structure, tels que l'exis-
— 12 —
tence de fibres musculaires lisses dans le tube
sécréteur,
et de la cuticule dans le canal excréteur, n'étaient pas encore soupçonnés de sontemps. 'Aussi
Verneuil, ainsi d'ailleurs que ses élèveslïtmibert,
.lourdan.Gambier, Rigaud,
etc, n'a pu guèreinvoquer
pour affirmerl'origine sudoripare
des tumeurs qu'il nous présente d'autres caractères que leur forme générale seule.Les cas qu'il rapporte sont très
nombreux;
on retrouve biendans laplupart
un certain nombre de caractères com¬muns qui ont été considérés comme
patliognomoniques
:tumeur dure,
bosselée,
bienlimitée,
faisant corps avec la peau tout en restant mobile sur les parties sous-jacentes, indolore, àdéveloppement
essentiellementchronique,
etc.Mais ces tumeurs présententd'autres caractères qui les font différer les unes des autres : tantôt il s'agit de tumeurs mul¬
tiples siégeant à la face, offrant
l'aspect
de petits boutons surmontés d'une croûte se reproduisant sanscesse-ets'ulcé¬rant ensuite. Ces cas ressemblent fort à de l'acné sébacée partielle. D'autres fois il s'agit decancroïdes ordinaires dans lesquels l'examen
microscopique
décèle la structure del'épi-
thélioma lobulé vulgaire. Ou bien ce sontdes carcinomes al¬véolaires parfaitementnets avecgénéralisation aux séreuses et aux viscères.
Les auteurs qui ontpublié ces observations ont toujours
invoqué,
commepreuve del'origine sudoripare
des tumeurs dont ils parlent, la lenteur de l'évolutionclinique
et la pré¬sence de boyaux
épithéliaux
rappelant vaguement la forme de tubes glandulairesdéformés. Maiscomme preuve scienti¬fiquececi ne peut être
suffisant,
et l'on désirerait voir un examenhistologique
plussérieux,
plus complet.Sous l'influencé des idées de
Verneuil,
un assez grand nombre d'auteurs ontégalement
publié, sous le nom de tu- '||" "
meurs épithéliomateuses desglandes
sudoripares,
de nom¬breuses observations. Dans la
plupart
descas cités par eux,lesquels, d'ailleurs,
diffèrent par une foule de détails clini¬ques et
histologiques,
rien ne nous prouve que les tumeursr
v
-
dontily
est question aient eu leur point de départ dans les
glandes sudôri pares, car les auteurs n'ont pas vu les glandes
subird'altération
typique, et, sauf quelques rares tumeurs
sur
lesquelles
nousreviendrons au chapitre «Observations»,
aucun ne nous a
montré le passage de la glande normale
à l'adénome et
à l'épithéliome.
De toutes les
observations publiées à tort comme étant
d'origine
sudoriparo nous ne voulons dire que quelques
mots très courts :
Cornil.en 1865,
parle d'une tumeur ulcérée des bourses,
datantdesixmois,
chez
unhomme de cinquante-six ans;
une légère
augmentation de volume, telle est la seule lésion
des
glandes sudoripares constatée par l'auteur dans les en¬
vironsde la tumeur.
Or, outre
quecette lésion peut n'être
due
qu'à
unesimple inflammation de voisinage, elle n'est
réellement pas
suffisante
pourpermettre d'affirmer que
l'épithélioma
enquestion a pris naissance dans l'appareil
sudoripare;
d'ailleurs, la cuticule des canaux excréteurs est
constamment conservée
intacte.
Molinier, en 186G,cite une
tumeur de l'aisselle avec nodu¬
les
d'épithéliqma profond et globes épidermiqucs. Examen
histologique peu
concluant.
A la même époque,
Hénocque et Souchon, chez un homme
de
trente-quatre
ans,et Christot, chez une femme de trente-
trois ans,
publient des observations d'adéno-épithéliomas
trèsnets, mais
dont l'examen microscopique ne démontre
nullement l'origine
sudoripare.
L'annéesuivante,
Leteinturier et Leroy, sans cependant
être bien affirmatifs sur son
origine, citent l'observation
d'une tumeur de la nuque
composée d'aréoles remplies
d'un
épitliélium polygonal
aumilieu duquel on reconnaît
un grand
nombre de globes épidermiques ; de même dans
l'Observation II de
Demouchy qui semble être celle d'un épi-
thélioma sébacé.
Vers la même époque,
Ovion publie l'observation d'une
tumeurqui
ressemble fort à de l'épithélioma calcifié.
Citons encore, pour
mémoire,
le cas deThierfelder,
de Lotzbeck,d'Hoggan.
Domec, en 1880, cite sous le nom
d'épithélioma sudoripare
une énorme tumeur qui, après
récidive,
se généralisa et amena rapidementla mort. D'après l'examenhistologique (grande
quantité de petites cellules arrondies avec noyaux etnucléoles,
granulationspigmentaires, disposition
du tissuconjonctif), d'après
l'évolution de latumeur,
il nous semble bien que nous devons avoir affaire ici à un sarcome, mais rien ne démontre que nous soyons enprésence d'un épithé- lioma
d'origine sudoripare.
En 1881, Mathieu publie un cas dans
lequel,
pour toute preuve del'origine sudoripare
de sa tumeur, il a trouvésurles contins du néoplasme
quelques
glandessudoripares
un peu plus volumineuses qu'à l'état normal. Cecine'semble pas suffisant, car, commele dit l'auteur
lui-même,
ces légè¬res altérations des glandes voisines de la tumeur pourraient être de l'inflammation et rien de plus.
La même objection pourrait être faite à l'observation citée par Malherbe en 1885, et dans
laquelle
il trouvecommetoute lésion des glandessudoripares,
très abondantes au voisi¬nage de sa tumeur, une
légère
irritation. L'auteur ajoute bien qu'il croit avoir vuquelques-uns
de ces tubes sudori¬paresau milieu du tissu
épithél.iomateux,
mais il n'est pas très affirmatifsur ce point.En 188/, Jacquetet Darier parlent de petites tumeurs dont l'examen
histologique
montre bien quelques altérations indéniables des tubes excréteurssudoripares,
mais n'est pas aussi concluant qu'on pourrait ledésirer,
et ne nous fait pas prendre sur le fait laparticipation
de la glande à la formation des travées épithéliales de la tumeur.Trois ans plus tard, Unna publie sous le nom de syringo- cystadénome des glandes
sudoripares
une observation ana¬logue à la précédente. Il n'a d'ailleurs pas
trouvé,
pas plusque lorok, 1 année d a\ont, sur des tumeurs
identiques,
de relations nettes entre les glandes et latumeur,
ce qui leforce à admettre que ces
cystadénomês
sontdus
audéve¬
loppement
anormal des formes embryonnaires de glandes
sudoripares.
Enfin, en 1890, Perrycite sous
le
nomd'adénome sudori-
pare le cas
d'une affection cutanée papuleuse
quel'examen
histologiquenous asemblé devoir être de simples kystes
par rétention développésà l'intérieur de
cesglandes.
Comme on le voit, nombreux sont les cas de tumeurs con¬
sidérées à tortcomme épithéliomeou
adénome sudoripares.
Qu'il nous soit maintenant
permis
dedire
unmot d'une
tumeurqui a étéconsidérée
également à
tortpendant long¬
temps commeprenantnaissance dans les
glandes sudoripa¬
res. Nous voulons parler de l'« ulcus rodens » que
Verneuil
considéraiten 1864 comme un poly-adénome
sudoripare et
queGeorgeTliin, en1879, puis en1886 dans son «
Traité
surles
affections cancéreusesde la peau », identifiait
à l'épithélioma
sudoripare des auteursfrançais.
Pourdétruirecette affirma¬
tion, nous ne citeronspoint
l'opinion
deTliiersch qui voyait
l'origine du«rodent ulcer»dans les glandessébacées,
nicelle
deFox, de Sangster, de Ilume qui le font naître
de la gaine
externe des follicules pileux, car il semble à peu
près dé¬
montré que l'on doit regarder le « rodent ulcer » comme un mot ayant une simple signification clinique,
désignant tout
unensemble de tumeursépithélialesayant des
origines mul¬
tiples et non pas exclusivement dans les glandes
sudori¬
pares.
Pour faire un historique complet du
néoplasme qui
nous occupe, il faudrait passer successivement en revue, ce quenous ne pouvons faire ici, toutes les théories proposées tour à tour pourexpliquer le mode de formation et la
pathogénie
de toutes les tumeursen général. Nous nous proposons de
ne parlerde ces théories que si ellesont été émises
à
propos des tumeurs sudoriparesspécialement,
ou lorsqu'elles tou¬cheront plus particulièrement le sujet qui nous intéresse.
C'est ainsi que des diverses théories sur l'origine des
— 16 -
tumeurs nous extrairons ce qui se rapporte aux
tumeurs glandulaires
:En
Allemagne,
sousl'influence
des idées deVirchow,
on neconnaissait,
en1865,
encore aucun mémoire où l'on mîten cause les acini des glandes dans la production des tu¬
meurs
malignes; ainsi,
en 1863, Fœrsterécrivaitque « dans le cancer les acini se
détruisent
rapidement; quant au tissu nouveau, il
provient,
sans aucundoute,
d'unenéoplasie
du tissucônjonctif
qui, ainsique ses
cellules,
est, dans le plus grand nombre des cas, sinontoujours,
le lieu deformation
des acini
glandulaires
nouveaux. »C'est à
Robin,
enFrance,
que revientl'honneur
d'avoir le premieraffirmé,
dans leJournal
deVAnatomie
et de laPhy¬
siologie
de1865,
(jue toute tumeurglandulaire
est due forcé¬ment à une
modification
duparenchyme
de laglande,
corla
production
detumeurs
peut être ramenée pour lui à unegénération
en excès deséléments anatomiques.
Xous ne voulons pas revenir ici sur les
discussions
multi¬ples qui
éclatèrent
à propos des théories sur la spécificité cellulaire. Il est admisaujourd'hui
presque sansconteste que les éléments constitutifs d'une tumeur reproduisent for¬
cément le
type
des cellules del'organe
où cette tumeur apris naissance.
Cependant,
il y a peud'années
encore Dariermontrait une série de coupes provenant
d'épithéliomas
des glandes séba¬cées et des follicules pileux. Or, dans ces coupes on voyait
sans aucun doute les éléments nouveaux
reproduire fidèle¬
ment les cellules
épineuses
du corpsmuqueux de
Malpighi
et former devéritables perles
épithéliales. L'exemple
sem¬blait
concluant;
il paraissait que l'on pùten déduire que les éléments d'une tumeur pouvaientchanger
detype
et que dans unépithélioma glandulaire
on pouvait parfaitement trouver la forme lobulée.Aussi
Darier,
se basantsurcetteobservation
et sur des cascités par Cornil et
Mathieu, affirmait,
à propos des épithé- liomas des glandessudoripares,
qu'iln'y
avait rien de plus— 17 —
faux que
l'uniformité de type pour de telles tumeurs, qui
pouvaient parfaitement prendre le type des cellules épithé-
1 iales de
Malpighi
etdonner naissance à la formation d'épi-
tliéliomas perlés,
de même
queles tumeurs d'origine sé¬
bacée.
Sans citer les travaux
de Durante, de Reverdin
surl'iden¬
tification du cancer, de
Bard
surla spécificité cellulaire,
nous dirons seulementque la
kératinisation,
avecformation
decellules
malpighiennes, s'explique dans un épithélioma
des follicules pileux par
suite de l'histologie même de ces
organes ;
leur gaine épithéliale externe
neprovient-elle pas
en effet de la couche des cellules de
Malpighi, qui, même à
l'état adulte, y ont
conservé leur type malpighien. Il n'y a
donc rien d'étonnant à ce que des tumeurs
prenant nais¬
sance au niveau de cette gaine
épitliéliale externe présentent
la même constitution histologique que
celles provenant des
couches
profondes de l'épiderme.
Maisce fait n"a plus les
mêmes raisons anatomiques de
se produire dans
les tumeurs d'origine sudoripare.
Fabre-Domérgue,
d'ailleurs, tout
enadmettant
queles élé¬
ments des glandes sudoripares
pouvaient,
parsuite de l'ulcé¬
ration des tissussus-jacents,
venir
encontact
avecl'extérieur,
et là se transformer en éléments cornés, affirme
n'avoir
jamais vu cettekératinisation des éléments épithéliaux
atteindre le type des
cellules épineuses du
corpsmuqueux
deMalpighi.
Si, du reste, Darier a relevé, dans
des observations qu'il
regardecomme non douteusesde
tumeursd'origine sudori¬
pare, la présence de
blocs d'épithélioma lobulé, ceci no
pourrait-il pass'expliquer
par unedouble origine de la
tumeur?
Il ne nous semble pas
impossible
quele néoplasme,
primitivement développé dansles couches profondes du
corps muqueux de
Malpighi, ait envahi de là les parties
sous-jacentes en étranglant les
tubes excréteurs des glandes,
si bien que ceux-ci, irritéspar
la présence à l'intérieur de
Cou 2
leurlumière d'un excès de
sécrétion,
auraientréagi,
proli¬féré,
augmenté de nombre et produit à leur tour un épithé- lioma tubulé.Il estd'ailleurs fort difficile de reconnaître où commence l'une de ces productions épitliéliales et où finit
l'autre,
àcause de la zone de réaction qui avoisine toujours la tumeur.
II
OBSERVATIONS
Nouspublions dans ce
chapitre,
pourla plupart
tout au long, les quelques rares observations qui, citées sousle
nom d'adénome ou d'épitliéliome
sudoripare,
nous ontsemblé avoir réellementleur origine dansces glandes.
Nous avons étudié avec soin tous les examens histologi-
ques des affections nombreuses qui avaient été prises par leurs auteurs et citées môme par
d'autres après
eux, comme tumeur sudoripare. Nous les avonséliminées très vite,
enquelques lignes, dans notre
précédent
chapitre,pour conser¬ver les quelques seulscas dont l'origine nefait aucun doute.
Sans doute, nous avons éliminé ainsi quelques tumeurs » vraies des glandes sudoripares, dont, par suite delésions trop avancées, les cellules étaient devenues atypiques, ou dont, pour une cause quelconque, les lésions primitives glandulaires n'étaient plus visibles nettement. Mais dans tousces cas l'examen
histologique
ne pouvaitpermettreque des suppositionssur l'origineexacte de ces tumeurs.Tliiersch, le premier, en 1865, donne un dessin d'une pré¬
paration dans laquelle se voient les glandes sudoripares dilatées, envoyant des prolongements qui s'anastomosent et
se transforment en cylindres épithéliaux par oblitération de leur lumière centrale avec dilacération de leur membrane propre. Il a représenté dans une de ses planches les glandes
sudoripares hypertrophiées
se transformant en alvéoles pleins de cellulesaprès
avoir perdu leur membrane giaii-- 20 —
dulaire propre. Il est le premier à avoir montré le mode de passage et l'évolution des glandes
sudoripares
en tumeurs.Observation (Cornil et
Ranvier)
(Journalde l'Anatomieet de la Physiologie, 1886.)
Le nommé I)..., âgé de
trente-cinq
ans, teneur de livres, entre, le 29 avril 1865, àl'hôpital
d'où il est sorti guéri le 28 juillet. Il fait remonter à trois ans le début deses tumeurs.Sur lajambe,au-dessus de la malléole externe et sur la peau du pied, existe une ulcération à bords calleux dans quelques points,
fongueux
dans
d'autres,
très vascularisés. Le fond des ulcères est pulpeux, fon¬gueux; un stylet introduitdansces ulcèresypénètreassezprofondément de tellesorte qu'on aurait pules prendre pour des ulcères scrofuleux ayant pour point de départ des altérations du tissu osseux. Au niveau des orteils ilsrevêtaient le caractère serpigineux, et toute la peau du gros orteil était envahie par l'ulcération
bourgeonnante.
Au niveau de la malléole externe on trouvaitune ulcérationcirculaire,
de l'étendue d'unepièce de5francs,
à bords saillants etfongueux.
Après
l'amputation
de lajambe, faite le 30 Mai, au lieud'élection,
les sections pratiquées sur les ulcères montrent à leurs bords et à leur baseuntissu blanchâtre
semi-transparent,
peuvasculaire,
granuleux, offrant à l'œilnu les caractères des productionsépithéliales,
c'est à dire des grumeauxgrisâtres, cohérents,et l'absence de suc laiteux.Examen
microscopique.
—A l'état frais, on observe,par le raclagede lasurface de section, des cellulespavimenteuses très
volumineuses,
munies d'unpetit noyau, libresouagglomérées en masses
sphériques.
Après le durcissementde lapiècedans l'acide
chromique,
et sur des coupescomprenant à la fois lesparties saines etlesportions malades,onpeut suivre pas à pas les modifications que subissent les
éléments
normaux pour arriver à donner les lobules
caractéristiques
du can- croïde qu'on trouve aucentre de l'ulcération.Lapeau s'épaissitprogressivement à mesure,qu'on l'étudié plus près du bourrelet quilimitel'ulcération. Cet épaississement est causé par
l'hypertrophie
des papilles : celles-ci deviennent pluslongues,
se rami-fient, etle corpsmuqueux se
prolonge dans les intestins plus profonds
qui lesséparent,
mais
enrestant toujours bien limité a sa partie pro¬
fonde.
Au-dessous despapilles on trouve
le derme normal. Mais dans les
couchesinférieures du derme, au niveau
des glomérules sudoripares,
se passent
les modifications les plus intéressantes du fait que nous rela¬
tons. A laplace des
glomérules. des glandes, et autour de tubes conser¬
vés normaux, on rencontre un
réseau anastomotique de cylindres épi-
théliaux droits,ondulés, très variables
dans leur configuration générale,
maisayanttous, à
peude chose près, le même diamètre de 0mm06 à 0inml.
Dans cette couche, à côté de
sections de tubes complètement nor¬
maux, c'est à dire possédant une
membrane d'enveloppe hyaline et
épaisse, revêtue
d'un épithélium pariétal et montrant une lumière cen¬
trale, on en trouve d'autres dont la
membrane
adisparu et dont la
lumière est comblée. Ceux-ci présentént
des cellules pavimenteuses
beaucoup plus grandes et
mieux accusées
queles boyaux de petites
cellules desglandes normales. En outre, ces
cellules n'ont plus de dispo¬
sition régulière par rapportà
la paroi. Sur certaines préparations bien
réussies quicomprenaient un
tube dans
salongueur,
nous avonsvu le
passage
progressif de la
structurenormale à celle
que nousvenons de
signaler. Ainsi
les productions épithéliales disposées
sousforme de
cylindres anastomosés
résultaient de la disposition de la membrane
propredes glandes sudoripares et
de Fhypergenèse excessive de leur
épithélium
transformé
engrandes cellules pavimenteuses. Il
yavait
aussiune multiplication trèsabondante
des éléments du tissu conjonctif
autourdes massesépithéliales.
Au niveau del'ulcération, onne retrouve plus ni
papilles ni derme,
rienqui rappelle la structure de la peau,
mais seulement des lobules
arrondis,plus ou moins étendus. Ceux-ci sont
constitués à leur centre
par de grandes cellules pavimenteuses,
disposées le plus souvent
sous formeconcentrique, et àleurpériphériepar depetites cellules pavimen¬
teusessemblablesà celles du corps muqueux de
Malpighi. Ces lobules
sontséparésentre euxpar un tissu
conjonctif
mince etdes vaisseaux.
C'est auniveaudes bourreletsqui bordent
l'ulcération qu'on assiste
aux modifications des cylindres épithéliaux
décrits plus haut
pour former leslobulesprécédents. Ces tubes, en effet, serenflent de distance
en distance, à mesurequeleurépithélium s'accumuleet
s'hypertrophie,
de tellesorte qu'à la placede cylindres on voit des figures régulièresqui finissent pars'isoler après être devenues sphériques.
Cette tumeur dont la marche etl'extensionontété assez rapides s'est
développée
aux dépens des glandessudoripares.
Les parties anciennes présentaient la structure du cancroïde ; les portionsnouvellement formées montraient tous les intermédiaires entre cettestructure etle début des altérations des glandes
sudoripares.
Ces altérations consistaientdans une multiplication avechypertrophie
de leur épithélium, oblitération de leurlumière centrale, dilatation irrégu¬lière des tubes,
disparition
de leur membrane propre, etbourgeonne¬
mentdes masses épithéliales sous forme de cylindrespleins qui s'anas¬
tomosent entre eux.
Observation
(Chandeeux)
(I)cstubercules sous-cutanés
douloureux,
Archives dephysiologie, 1882.)M11'' X..., âgée de quarante-trois ans, d'une assez bonne santé habi¬
tuelle, mais présentant des phénomènes de susceptibilité et
d'impres-
sionnabiliténerveuse assezgrande, portait depuis sixans, àdeuxtravers dedoigt au-dessous du pli du coude, à droite, une petite tumeur de la grosseur d'unpois. Cette tumeur agrossi lentement. Déjà lorsqu'elle
était fort peu
développée,
elle devenaitle point de départ de douleurs vives, locales etirradiées aussitôt qu'elle était soumise à despressions légères. Ces douleurs n'ont fait ques'accroître à mesure que la tumeuraaugmenté de volume. Aujourd'huielles sont
fréquemment
très inten¬ses, etse montrent spontanément par crises,en dehors de toute pression exercée sur la région.
Lorsqu'on
veut saisir la tumeurentre les doigtspour établir ses connexionsprofondes, la douleur est si forteque l'on doitrenoncer à cet examen. Ilest
nécessaire,
pour arriver à le prati¬quer, d'anesthésierla malade. On peut aussi constater que la tumeur glissesur les parties profondes, aussi bien pendant le relâchement que pendantla contraction des muscles de l'avant-bras. Elle est donc sus-
aponévrotique.
Ducôté de lapeau la tumeur est moins libre ; on sentmanifestementqu'elle
lui adhère
par unmince prolongement ou cordon.
La peau a une
coloration vineuse; elle est lisse, non ulcérée.
Latumeur, enlevéele 3
novembre 1880, fut disséquée avant d'être
plongée
dans les réactifs durcissants ou réducteurs. On reconnut ainsi
qu'elle
comprenait deux portions
:1° une portion superficielle formée
par du
tissu conjonctif, delà graisse et un très grand nombre de vais¬
seaux dilatés, volumineux,
bosselés. Ces vaisseaux constituaient par
leur réunionun lacis à mailles très
serrées
;2°
unepartie profonde ar¬
rondie, dure au
toucher, d'aspect gris jaunâtre, offrant sur une surface
de section uneapparence grenue.
Cette portion, qui ressemblait beau¬
coup àun
pois, envoyait jusqu'à la partie profonde de la peau un petit
cordon duvolume d'une
épingle,
et,grâce à lui, adhérait à l'enveloppe
cutanée.
La tumeurest constituée par une
agglomération de cordons cellulai¬
resenroulés et pelotonnés.
Ces cordons ont été coupés les uns transver¬
salement, les autres
longitudinalement, d'autres enfin obliquement sous
des incidences diverses. Chaque
traînée cellulaire est entourée d'une
membranepropre, mince,
homogène,
surlaquelle viennent s'implanter
lescellules les plus externes.
Cette membrane circonscrit les éléments
cellulaires. Elle les engaine et
produit ainsi de longues traînées de cel¬
lules en forme deboyaux ou de
cylindres, plus
oumoins bosselés, plus
oumoins irréguliers et
contournés.
Les intervallesqui séparentles
différents cordons cellulaires sont
oc¬cupés pardes faisceaux
conjonctifs minces et délicats, écartés les uns des
autres, laissant entre euxdes espaces vides
occupés
parla lymphe. Au
milieu du liquidelymphatique qui
baigne les mailles de
cetissu, il est
facile de voir enplusieurs points des
cellules lymphatiques à contours
arrondisse colorantassezvivément en rose par le
carmin. Outre les
celluleslymphatiques, quelques
cellules connectives existent entre les
faisceauxconjonctifs. On les remarque
surtout
auniveau de la face
externe delaparoi propre des cylindres ou
tubes cellulaires, point où
elles sont refoulées par les faisceaux
conjonctifs plus développés et plus
serréslà quepartout ailleurs.
Lorsqu'on examine la forme et la
disposition des cellules contenues
dansle tube cylindrique, on est
frappé de la similitude très grande
qu'elles offrent lesunes parrapportaux autres.
Toutes
cescellules ont
uneforme
polyédrique
et des contours anguleux ; elles sont pressées fortementles unes contre lesautres et à peine séparées par une petite quantité de matière inter-cellulaire. Cependant, lescellules, qui sont im¬médiatement adjacentes à la paroi d'utubeet implantéessurelle, ont une
forme plutôt
cylindrique
quepolyédrique,
car leur hauteur est plus grande quen'importe
quel autre des diamètres. De plus, elles sont dis¬posées en unecouche unique etrégulière de revêtement ; un noyau se
distingue
dans chaque élément.Les cellules qui remplissent la lumière du tube n'offrent au contraire aucun arrangementrégulier;
elles sont toutes de formepolyédrique,
accumulées et comprimées sans affecteraucunedisposition à s'ordonnerles unes par rapport aux, autres. Dans quelques pointscependant, on les voitparfois se réunir et circonscrire
un orificearrondi; mais alors il s'agit de l'anastomose oude
l'origine
d'un nouveau tube cellulaire plus petit, sur les parois de celui qu'on considérait.
Tandis quetoutes les cellules de laligne de revêtement de laparoi propre se colorent à peu près uniformémentpar le carmin, il n'en est pas de même des cellules quiremplissentla lumièredu tube. Parmi ces
dernières, il estvrai, un certain nombre prennent une coloration iden¬
tique à celle des cellules
cylindriques
et montrentun noyau à leur cen¬tre; mais la
plupart
se colorentdifficilement, et se présentent à l'œilavec uneteinte blanc grisâtre ou blanp jaunâtre, sans noyau central
nettement reconnaissable. Leur
protoplasma,
cependant, n'est pas gra¬nuleux.
Latumeurest peuvasculaire ;c'estàpeine s'ilestpossiblede découvrir quelquescapillaires grêles etdélicatsdans l'intervalledes tubes cellulai¬
res, au milieu du tissuconjonctif qui lesunit et les sépare. Il estim¬
portant dedire quenulle part ces vaisseauxnepénètrentdans l'intérieur des tubesou cordons cellulaires en perforant la paroi propre qui les
entoure. Lescellules sontdonc absolument privéesde vaisseaux.
Aucun filament nerveuxdans l'intervalle des cordons cellulaires.
Lapartie profonde, dure, de la tumeur, nous étant ainsi connue, il"
nous reste à examinerla couche vasculaire etgraisseuse qui se trouvait au-devant d'elle. Celle-ciest sillonnéede nerfs nombreuxet volumineux,
si bien que la couchesituée au-devant de la tumeur présente dansson
épaisseurunplexus nerveux d'une extrême richesse,composé par l'en-
chevètrement d'un
réseau de fibres de Remaclc et d un réseau de fibres
àmyéline.
Denombreux vaisseauxse
trouvent également mélangés aux nerfs,
s'anastomosantentreeux et
formant
unesérie; de mailles vasculaires de
dimensionsvariables. Un
très grand nombre de ces vaisseaux, des arté-
rioles pour
la plupart, prennent une apparence moniliforme, avec,
succédant à uneportion
régulièrement cylindrique, des dilatations nom¬
breusessacciformes,
fusiformes
oaiampullaires. Au niveau de chaque
dilatation les parois
du vaisseau sont épaissies et la lésion semble affec¬
terde préférence
la tunique moyenne.
Danslevoisinage de latumeur,
la dilacération des tissus n'a point
permis
de constater la présence des nerfs. Ceux-ci étaient exclusivement
situésentrelasurfacede latumeur
et la face profonde de la peau.,
Maissur lesportions
ainsi privées de nerfs, on pouvait distinguer de
nombreux
glomérules sudoripares hypertrophiés, montrant dans l'infé¬
rieurdeleurs tubes une
prolifération des éléments cellulaires. Les cel¬
lules
épithéliales accumulées dans l'intérieur du tube offraient des carac¬
tèresanalogues àceux que nous avons
notés sur les préparations de la
tumeur.
Aussi nous pensons
pouvoir localiser le point de départ du néoplasme
dans uneglande
sudoripare. La disposition des cellules en traînées et en
cordonsreproduisant
absolument l'aspect caractéristique des tumeurs
appelées
épithéliomes tubulés,
nousavons en conséquence donné à la
production
pathologique le
nomd'épithéliome tubulé douloureux d'une
glande
sudoripare.
Liénaux, en 1888,
publiait, dons les Annales de médecine
vétérinaire, une
observation dans laquelle il s'agit d'une
tumeur à évolution lente,
trouvée
sousla
peaudu dos d'un
chien.
Cettetumeur,de la grosseur
d'un œuf, adhérente à la peau et mobile
sur les parties sous-jacentos,
était entourée d'une épaisse coque conjonc¬
tivequi envoyaitdes
cloisons dans
sonintérieur. Au milieu de ces cloi¬
sonsquila divisaient en
lobules de 1 à 3 millimètres de diamètre, on
remarquaitun
grand nombre de tubes enroulés, quelques-uns monili-
- 20 —
formes, parfois anastomosés. Lastructure de cestubes étaitabsolument
identique
à celle des canaux excréteurs des glandessudoripares
: enve¬loppe
conjonctive, membrane propre où s'implantent deuxrangs de cel¬lules
épithéliales,
et, à l'intérieur, cuticuleépaisse.Observation
(Darier)
(Del'épithélioma sudoripare, Archives de médecine expérimentale, 1889.)
Un homme de soixante-onze ans, professeur de danse, d'apparence
cliétiveet souffreteuse, entre à
l'hôpital
Saint-Louis, salle Cazenave,n° 53. le 10janvier 1888. Il vient réclamer des soinsà la foispour une altérationgénéraledesa santé, une toux opiniâtreet une affection de la peau localiséeà la région mentonnièreet dont le débutremonte au mois de novembre 1887.
Il ad'abord remarqué « un petit bouton »,
développé
dans la région sus-hyoïdienne, qui, malgré divers topiques employés, s'est étalé au pointoù ilest actuellement. C'est une sorte de plaque occupant toute la région qui s'étend du rebord mentonnier du maxillaire inférieur à l'es¬pace
sus-hyoïdien,
cordiforme, rouge pâle, finement et régulièrement sycosiformeau sens vrai du mot ; elle est d'une extrême dureté, se dé¬tachant de la peau voisine sans aucune atmosphère d'induration. A ce
niveau, la barbe avait complètement
disparu,
etdans une zone assezétendue à la périphérie les poils s'arrachaienttrès facilement. L'aspect
était voisin de celui d'un sycosis en plaque ou d'une folliculite agminée.
mais on ne relevait niles caractères propres de la
tricophytie
sycosique,ni laconsistance, pas plusque les symptômes fournis par la pression dans ces deuxlésions, aucun exsudâtn'apparaissant ausommet des ma¬
melons. Dans larégion cervicale, surtout en arrière, quelques petits ganglions
aphlegmasiques.
Aucun des nombreuxmédecins qui examinèrent le patient ne put donner de diagnostic objectif extemporané, c'est à dire que personne n'avaitle souvenird'une lésion semblalble. Le diagnosticdeprobabilité fut celui de néoplasiecutanée de mauvaise nature.
Maisl'attention fut bientôt attiréesur d'autres points aussi énigmati"
ques : le patient rapportait quele 1er
décembre,
ily adeux mois, à laf
j — 27 —
suite d'unevive
contrariété, il avait
eudes
«accidents nerveux » et
depuiscette
époque il éprouvait une exagération de la sensibilité cuta¬
née telle quele
poids de
sescouvertures lui était fort pénible. Depuis
} cette époque
il toussait, et c'étaient surtout ces derniers accidents qui
l'avaientamené à l'hôpital.
Aupremier examen,
rien
neparut justifier les appréhensions du sujet,
car aucun viscèrenemontra
d'altération appréciable. Il n'y avait dans
lesurines nisucre, nialbumine.
Dèslespremiers temps
de
sonséjour à l'hôpital, le malade accuse une
vive douleur àl'épigastre.
On
netarda
pasà assister au développement
rapide, en ce
point, d'un empâtement profond, sans aucune saillie à la
peau, très
dur et trè,s douloureux, sans aucun caractère phlegmasique,
mallimitédansses contours, mais
manifestement pariétal et
nonintra-
abdominai.
D'emblée, étatgénéral grave :
muguet, toux opiniâtre sans localisa¬
tionprécise.
Enmêmetempson vit
apparaître
en peude jours, dans l'épaisseur de la
peaudu tronc, une
multitude de petites saillies du volume d'un grain do
chènevis à celui d'unpois,bien
visibles à l'éclairage oblique, plus appré¬
ciablesautoucher,sans changement de
couleur à la
peau,plongeant dans
l'hypoderme,
mais inséparable du chorion. C'est, au toucher, comme si une
multitude degrains de
plomb étaient enchâssés dans la peau. Quelques
tumeurs,laminorité,prirent,
dans les derniers jours de la vie du malade,
uneteinte légèrementrosée;
mais leur consistance resta invariablement
ferme: toutesétaientdouloureuses à la pression.
Les
creuxaxillaires
en étaient criblés, etsi l'onprenait entre
les doigts
unpli de la peau de
cetterégion, on avait
la notion
que cesgrains occupaient les glomé-
rules,tantleur siègecoïncidait avec
celui des pelotons sudoripares de
l'hypoderme.
En mêmetemps,la plaque
épigastrique s'étalait, s'indurait, toujours
sansfaireaucune saillie au-dessus duniveau de
la
peau.Rienen aucunpointdu
tégument, notamment rien aux membres.
" ' •
Le 24 février l'état général s'est
aggravé; il
sedéclare une pleuresie
àdroite, etle maladesuccombe
le 1er
mars,quatre mois seulement après
l'apparition de la
première
tumeur.;
, Les antécédents héréditaires etles
antécédents personnels ne donnent
que desrenseignements