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ESQUISSE D'UNE HISTOIRE DES FABLES A ROME

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(1)

P H O l B O S

Rédaction; 63, rue Zeecrabbe. BRUXELLES

ESQUISSE D'UNE HISTOIRE DES FABLES A ROME

1. Sujet. Il nous a semblé utile d'esquisser l'histoire des fables latines des origines à la fin de l'empire romain. On se fait une idée plus exacte d'un genre littéraire en le suivant à travers les siècles qu'en l'étudiant dans chaque période avec d'autres genres et on se donne l'avantage de fixer avec plus de précision les filiations, tout en évitant de se noyer dans d'inutiles détails biographiques. En isolant ainsi un genre pour l'étudier, on aperçoit mieux aussi les lacunes de notre documentation. Il serait donc imprudent de considérer cette esquisse comme autre chose qu'un bilan provisoire.

2. Bibliographie. La bibliographie de notre sujet est assez res­

treinte. En dehors des grandes histoires de la Httérature romaine (Teuffell­Kroll­Skutsch«, Berlin, 1916, I, § 27, p. 46 — Schanz­

Hosius, Munich, 1935, II, p. 448), des articles de la R. E. de Pauly­

Wissowa, Fabel, VI, c. 1731 ; Phaedrus, XIX, c. 1486 et 1493, on peut citer :

E. DU MERIL, Poésies inédites du moyen âge précédées d'une histoire de la fable ésopique^, Paris, 1854.

J. JACOBS, The Fables o[ Aesopus... History o[ the Aesopic Fable, Londres, 1889.

D. BIEBER, Sttidien zur Geschichte der Fabel in der crsten ]ahrhitnderte der Kaiserzeit. Munich, 1906.

L. HERVIEUX, Les fabulistes latins depuis le siècle d'Auguste jusqu'à la fin du moyen âge-, Paris, 1893.

A. DI GENNARO-FERRAGNI, Sull' uso dell' apologo nella letteratara latina.

Atti délia Reale Acad. Pontaniana, 29, 1899.

O. CRUSIUS, Fragm. aus der Geschichte der Fabel, dans G. H. KLEUKENS, Buch der Pabeln-, Leipzig, 1920.

Des indications utiles sont à trouver dans Veditio maior des Satires d'Horace de P. Lejay, Paris, 1911, p. XXIX, etc. et dans N. Terzaghi, Per la storia délia Satira, Turin, 1939. Nous comptons donner une bibliographie assez étendue dans Phèdre et ses fables

(sous presse). (1)

(1) Bien entendu, on se reportera à la bibliographie spéciale de chaque auteur cité ici et que nous ne pouvons reproduire en détail.

par

Léon H E R R M A N N

Professeur à l'Université libre de Bruxelles

I. G E N E R A L I T E S

(2)

3. Défînitions. Avant tout, que faut-il entendre par fables et par fabulistes ? Au sens strict, Rome n'a eu comme fabulistes que Phèdre, Titianus et Avianus. Seuls ils ont publié des recueils exclu- sivement composés de fables. Qui niera pourtant qu'Horace ait éga- lement un droit au titre de fabuliste ? Avianus l'a reconnu comme son précurseur dans sa préface. Tous les écrivains latins qui, en vers ou en prose, ont écrit des fables, fût-ce exceptionnellement, doivent figurer dans notre étude. Quant au mot [able, qui dérive pourtant de fabula, il a en français une signification différente du mot latin qui pouvait désigner ou une histoire mythologique comme les fables d'Hygin, ou un sujet de pièce de théâtre ou même —, comme le dimi- nutif fabella — une simple conversation. Apologus désigne une fable d'animaux dans Aulu-Gelle (Nuits attiques, II, 29, 20) et apologi les fables Esopiques dans Apulée (de deo Socratis, 108) (1). Mais les mots employés par Sénèque dans la Consolation à Polybe (VIII, 3) sont fabellae et Aesopei logi. Quintilien emploie fabellas, fabula et un néologisme apologatio. Phèdre emploie fabula, fabella ou encore iocus et c'est loci qui reparaît dans Martial : quant à narratio, il ne s'applique dans Phèdre qu'à des histoires considérées comme véri- diques ou au moins vraisemblables parce qu'elles représentent des personnages humains et non des animaux ou des plantes.

Tout cela indique un grand flottement et n'aide pas à définir les fables. Nous considérons comme étant de leur domaine les récits d'animaux ou de végétaux ou les histoires d'hommes, de femmes ou de dieux qui présentent le caractère commun de mettre en relief une vérité d'observation ou un principe moral. On a essayé de définir la fable par opposition au proverbe : celui-ci, très bref, manque d'action et se réduit à une morale ; celle-là, plus longue, comporte, outre la morale, une action (2). On peut aussi distinguer la fable de la para- bole parce qu'elle est destinée aux enfants et aux simples et parce qu'elle est plus explicite. Nous dirons simplement que les fables sont des récits d'actes ou de propos imaginaires ayant pour but explicite ou implicite une morale.

Les anciens ont-ils considéré la fable ainsi définie comme un genre littéraire ? A peine, mais tout de même un peu plus que le pro- verbe. On semble surtout avoir apprécié à Rome les fables dites Esopiques, à l'exclusion des Sybaritiques. qui étaient de simples naï- vetés ou bourdes (3), les Libyennes ou Libystiques, ne différant des

(1) Voir aussi Fortun., Rhet., II, 13; Marius Victor, Rhet., p. 199, 39 (de mure et leone).

(2( Ausone, ep. XIII. « apologos Titiani », Mart-Capella, Nupt., V, 558.

(3) Nous ne pouvons en avoir une idée par Aristophane, Guêpes, v. 1446 etc. qui cite Esope, mais par Elien, Var. hist., XIV, 10 (l'enfant aux figues) et par une scholie au vers 808 des Oiseaux (fragm. des Myrmidons d'Eschyle).

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Esopiques d'Esope le Phrygien que par l'origine et non par la natu- re ( 1 ). Rechercher l'origine des fables Esopiques dépasse les Hmites de notre recherche, car les fables, sous leur forme littéraire, ne sem- blent être apparues à Rome qu'assez tard grâce à l'hellénisation de la littérature.

En effet, si Tite Live (II, 32) et Denys d'Halicarnasse (VI, 86) font remonter jusqu'à 361 UC. — 393 av. J.C. la première fable latine connue — les Membres et l'Estomac, que Menenius Agrippa aurait racontée à la plèbe après sa sécession, il n'est pas impossible que ce tribun ou les annahstes aient simplement utilisé une fable déjà connue dès le V™" siècle, peut-être dès le XI™* siècle av. J.-C. (2). Comme Démosthène passe pour avoir utilisé la fable des loups et des brebis, l'orateur populaire a pu se servir d'une fable entrée dans le domaine public. Mais, de toute façon, elle n'a été mise par écrit que bien plus tard (3).

II. DES D E B U T S A H O R A C E

1. Ennhis. Le premier fabuliste cité sera donc le vieil Ennius qui, dans ses Satires, avait raconté en tétramètres trochaïques (vers carrés) la fable L'Alouette et ses petits, reprise plus tard par Avianus en distiques élégiaques d'après Babrius. De cette fable d'Ennius Aulu- Gelle nous a laissé une paraphrase en prose plus les deux derniers vers de l'original (4). On a cru que la fable Le souci, qui est dans les Pabulae d'Hygin, pourrait aussi dériver d'Ennius, mais ce n'est là qu'une hypothèse (5). Si nous ne sommes pas stirs non plus que le dialogue de La mort et la vie, qui se trouvait dans les Satires, puisse être considéré comme une fable (6), il n'en est pas de même du fragment Trompeurs, attendez-vous à la pareille cité par Aulu-Gelle

(XIX, 2, 7). Et il est certain que le vers Un flûtiste se tenait jadis

{1 ) Encore y a-t-il lieu de remarquer que certaines traditions faisaient d'Esope le mari de la courtisane Rhodope, Thrace d'origine, mais ayant séjourné en Egypte ou même en Ethiopie ; Esope lui-même passait parfois pour Ethiopien (voir Eustathe, Ad. Od., I, 17). Voir G. Thiele, Zur Libyschen Fabel, PhUologus, 75, p. 227.

(2) Voir W . Nestlé Die Fabel des Menenius Agrippa, Klio. 21, 1927, p. 350.

E. Ebeling, Die Babyl. Fabel und ihre Bedeatung / . d. Literaturgesch., Mitt. Or.

Ces., II, 1927 (Leipzig).

(3) Elle est dans Valère-Maxime, Florus, Quintilien, Plutarque (Coriolan, (4) Elle a été refaite en 49 vers par O. Ribbeck, Bemerkungen zu Ennius, Rh. Mus., 10, 1856, p. 289. — Voir déjà B. ten Brink, M. Ter. Varro... etc., Utrecht, 1855.

(5) Voir plus loin VI - § 1.

(6) Quintilien, Inst. Or., IX, 2, 36 le compare à celui de La volupté et la vertu.

(4)

près de la mer était le début de la fable Le flûtiste et les petits pois- sons ( 1 ). De même la phrase sur une statue élevée à Athènes pour- rait appartenir à une pièce sur la statue d'Esope (2), analogue à celle de Phèdre. D'autre part, Ennius a conté les Lièvres et les Grenouil- les (3). Un fragment sur le singe provient peut-être d'une fable (4).

Celui sur les pierres précieuses des monts Riphées (5) n'est pas sans rappeler les fallacieuses promesses de la tortue à l'aigle dans Avia- nus (6). Ennius a certainement puisé dans un recueil ésopique ^—

analogue à celui de Démétrius de Phalère — et il a mêlé à ses satires un certain nombre de fables dans le but de divertir et de moraliser.

Il est vraiment le père de la fable latine.

2. Caton. Le fougueux adversaire de l'hellénisme qu'était M. Porcins Cato semble bien, dans ses Origines, avoir fait allusion à la fable Le cheval et le cerf ou Le cheval et le sanglier par la phrase : Oreas mihi inde, tibi cape flagellum. La première version, celle de Stésichore (et celle d'Horace), aurait, selon Aristote {Rhét., II, 20), visé le tyran Phalaris. Caton l'a sans doute adaptée pour la placer dans son histoire romaine, en suivant l'exemple d'Hérodote et celui des annaUstes latins.

3. Plaute. Dans les comédies de Plaute les allusions à des fables sont aussi fugitives que celles à des proverbes et les propos d'Anti- phon dans le Stichus (7) ne rappellent les fables (ou les contes) que par leur forme : « Il y avait une fois un vieillard comme moi ».

4. Térence. De même, dans Térence, c'est surtout par la forme que les propos du Criton de ïAndrienne rappellent les fables (8).

5. Lucilius. Au contraire le satirique Lucilius a fait, comme En-

( 1 ) Comparer le vers subulo quondam marinas proptcr adsfabat plagas (F.P.R.. Baehrens, 482, p. 121) à cet autre vers (F.P.R., Baehrens, 492, p. 122) propter stagna ubi lanigerum pecus piscibus pascifur.

(2) Texte altéré dans Consentius (G.L. de Keil, V, p. 400, 1. 10) hanc statuam statut maiorum obata Athenis.

(3) Voir n. 5 propter stagna...

(4) P.R.P. p. 122, n" 490. Cf. Cicéron, de nat. deor., I, 35, 97.

(5) P.R.P., p. 122, n" 491. decem coclites quas montibus summis Riphaeis [odere.

(6) Voir Avianus, f. 2. A. Gennaro-Ferragni cite aussi Aulularia II, 2, vv.

51-58 (bos asellus).

(7) w . 541, etc.

(8) vv. 220-224. Peut-être Heautontimorownenos u. 222 surdo nanet fabula (à rapprocher d'Horace, Epitres, II, 1, 199, narrare... asello fabellatn surdo) est-il seulement l'écho d'un proverbe.

(5)

nius, un large usage des anecdotes et des apologues ( 1 ). Au livre XIX deux ou trois vers, voisins de déclarations contre l'avarice, semblent faire partie d'une fable sur la fourmi. Mais c'est surtout le livre X X X qui contenait des fables. Là se trouvait l'anecdote du guerrier assez mou que son appétit obligea à triompher d'un ennemi aguerri (vv.

972-977, Marx), vrai prototype du soldat de Lucullus et du soldat de Pompée, célébrés respectivement par Horace et par Phèdre. Là se trouvait aussi la fable du renard devant l'antre du lion (vv. 980-989.

M.), contée avec beaucoup d'enjouement. Peut-être le fragment 1021 Marx : quod tu... laudes culpes non pro[icis hilum appartient-il à quelque fable analogue à celle de Phèdre sur Esope et le mauvais écrivain ou La fourmi et la mouche et le fragment 137 M. Sisyphus versât / saxum sudans nitendo neque proficit hilum à quelque expli- cation allégorique des supplices infernaux correspondant à celle de Phèdre. Lucilius est, en tout cas, le second poète latin qui ait enjolivé ses satires à l'aide de fables, continuant ainsi Ennius et annonçant Horace.

6. Vairon de Réate. L'autre grand devancier d'Horace est Varron qui, dans ses Ménippées, a utilisé de nombreux apologues.

Dans Agatho (fr. 8 Buecheler) (2) : Bref, je suis devenu chauve- souris et ne suis ni tout à fait souris ni tout à fait oiseau contient en germe la fable étiologique de Phèdre La chauve-souris. La satire L'âne à la lyre, issue d'un proverbe grec, annonce aussi une fable de Phèdre. Dans Parmeno il y avait des anecdotes (fr. 4 et 8 Bue- cheler). Dans Pransus Paratus (fr. 2 Buecheler) il y avait peut-être une fable du Cerf à la source. Dans Le Tombeau de Ménippe, le fragm. 11 ut hirundines culmis oblitis luto tegulas iungebant dont je rapprocherai le fragment non localisé 579 Buecheler p. 248 uer blan- dum uiget aruis et adest hospes hirundo, nous tenons peut-être les vestiges d'une fable L'hirondelle et ses petits intermédiaire entre celle d'Ennius et la paraphrase d'Aulu-Gelle. L'état du texte de Varron ne nous permet pas de juger ses fables. Mais Phèdre leur doit sans doute beaucoup.

7. Catulle. Dans le poème XXII sur Suffenus, Catulle a fait une allusion fort bien venue à la fable des Besaces, ce qui indique que cette fable était populaire de son temps. Il semble donc que dès le premier siècle avant J.-C, le genre ait déjà été fort apprécié. Cicéron

(1) Voir N. Terzaghi, Lucilio. Turin, 1934, p. 391 : Hausrath, R.E., XIX.

c. 1487, édit. de Lucilius par Marx.

(2) Voir édit. Buecheler-Heraeus, Petroni Saturae et Liber Priapeocairfi, Berlin. 1922.

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n'hésite pas à le recommander à l'orateur ( 1 ). De grands écrivains comme Varron l'illustrent. La voie est préparée pour le premier grand maître de la fable romaine, Horace.

IIL H O R A C E

Le souci des proportions et le fait qu'on a déjà souvent étudié les fables d'Horace nous interdisent de nous arrêter trop longtemps à un aspect, somme tout secondaire, de l'auteur des Satires et des Epitces. Nous n'avons pas l'intention de relever tous les passages où certains ont reconnu des traces de fables — d'autres de simples com- paraisons ou des proverbes sur les animaux (2). Tantôt Horace pro- cède par simple allusion comme dans Sat., I, 6, v. 22 quoniam in pro- pria non pelle quiessem — qui rappelle la fable de L'âne vêtu de la peau du lion (3) contée par Lucilius, ou comme dans Sat.. H, 3, 186 astuta ingenuum uolpes imitata leonem. Tantôt, au contraire, Horace nous conte tout au long des fables comme La grenouille et le bœuf (Sat. II, 3, vv. 314-326) (4) ou surtout Le rat des villes et le rat des champs (Sat.. II, 6, 77) qui est son chef d'oeuvre. Et il conte de nombreuses anecdotes comme celle du soldat de Lucullus (Epitres.

II, 2, vv. 26 etc.) ou celle du crieur Vultenus Mena et de l'avocat L.

Marcius Philippus (Sat.. I, 7, v. 45) aïeule de Le Savetier et le finan- cier de La Fontaine. C'est à Horace que nous devons peut-être aussi la célèbre fable des Deux Pigeons de La Fontaine, grâce au début de l'épitre. I, 10 à Aristius Fuscus (vv. 5-8) (5). Horace était vraiment doué pour la fable. Il n'est que de comparer son récit Le rat des villes et le rat des champs à la sèche paraphrase qui nous est parvenue de la fable de Phèdre pour se rendre compte de la supériorité de l'art d'Horace. Dons d'observateur, sens du dialogue, technique impecca- ble de l'hexamètre dactyUque, il avait tout ce qu'il fallait pour être le plus grand fabuliste de l'antiquité. Mais, chez lui, les fables ne jouent qu'un second rôle, comme chez Ennius, Lucilius, Varron. L'es- sentiel reste la satire et c'est aux hommes, sans déguisement d'ani- maux, qu'Horace s'en prend, comme ses devanciers. Il use tradition- nellement de l'apologue, mais à la perfection.

( 1 ) Voir Catilinaires, IV, praesto esset ille qui et fugientes exciperet proche de Le lion et l'âne chassant de Phèdre. Voir surtout De Inuenf., I, 17.

(2) Voir P. Lejay, l.c, n. 3 sur Sat., I, 1, 33 — II, 1, 20 — II, 1, 52 — II, 1, 55 — II, 5, 83 — II, 7, 70 — II, 3, 299 (pourtant il y a là une affirmation de Porphyrion et du ps. Acron) — II, 5, 86.

(3) Voir aussi II, 1, vv. 64/65 detrahere et pellem, nitidus qua quisque per ora / cederet, introrsum turpis. Il s'agit peut-être du geai paré des plumes du paon dans Sat., I, 6, 26 et II, 1, 64/65. — Epitres. I, 16, 50 Le corbeau et te renard.

(4) Voir aussi Epitres, I, 7, 29 Le renard dans le grenier.

(5) Ne pas oublier non plus la fable-express de La montagne qui accouche d'une souris. (Art poétique, v. 139 : parturiunt montes; nascitur tidiculus mus.)

(7)

IV. D ' H O R A C E A P H E D R E

1. Ovide. Ovide nous a conté au moins une fable. C'est celle du renard de Carséoles (Fastes, IV, vv. 679-702) qui viendrait d'un villageois comme Le rat des villes et le rat des champs d'un voisin de campagne d'Horace. Cette anecdote étiologique présente dans son vers final : quoque modo segetes perdidit ipse périt, une opposition entre perdere et perire qui se retrouve plusieurs fois dans Phèdre ( I ).

La présence de fables dans les œuvres d'Ovide n'a rien d'étonnant : le poète n'a cessé de conter des anecdotes, des légendes et ses Méta- morphoses assimilent continuellement des êtres humains aux animaux

(voir ainsi la métamorphose de Galanthis en belette, V. 306 etc.).

Avec sa prodigieuse facilité, Ovide eût pu, lui aussi, être un fabuliste de premier ordre, s'il n'avait préféré les sujets érotiques aux apolo- gues moraux (2).

2. Sénèque le Rhéteur. Un calembour de Sénèque le Père sur le rhéteur Coruus (Suasoriae, II, 21. Coruo rhetori testimonium stu- poris reddendum est) est certainement basé sur la fable Le corbeau et le renard (voir Phèdre, I, 12, v. 10. Tum demum ingemuit corui decep- tus stupor). Cette familiarité de Sénèque le Rhéteur avec les fables a quelque importance, car elle explique en partie le rôle prépondérant joué par Sénèque le philosophe dans l'évolution du genre.

3. Trogue Pompée. Comme Tite-Live, l'historien Trogue Pom- pée a utilisé l'apologue. L'abrégé de Justin (XLIII, 4, 4) nous a trans- mis en effet la fable La lice et le pâtre fortement résumée et attribuée au Gaulois Comanus, fils du roi des Ségobriges, à propos des Pho- céens de Marseille.

4. Valère Maxime. Valère Maxime a, lui aussi, mêlé les fables à ses anecdotes historiques. L'historiette de la vieille priant pour Denys le Tyran {Ex., VI, 2, ext. 3) n'est pas sans rapports avec la fable Les grenouilles qui demandent un roi et celle sur la morf d'Es- chyle sur le crâne chauve de qui un aigle aurait jeté, comme sur un rocher, une tortue dont il voulait briser la carapace (IX, 2, ext. 2) est apparentée à la fable L'aigle et la tortue.

Sur les fables d'Horace, voir surtout Terzaghi, Per la sforia..., l.c, p. 67 etc., 80 etc., 90 et Orazio satiro, Civilta Moderna. XIV, 1935, pp. 16-17.

(1) Voir notamment Mus et Rana : quae perdiderat... périt et Gladius ; v. 1.

périt, v. 3 perdidit.

(2) L'histoire de Faunus, dans Fastes, II, 303/4, se présente comme une vraie fable : traditur antiqui fabula plena ioci. La fable d'Ovide sur Le renard et la récolte (Fastes, IV, v. 679 etc.) a peut-être inspiré la fable 186 de Babrius.

Pourtant W . G. Rutherford, éditeur de Babrius. Londres, 1&&3, préface p. XLVIII

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5. Sénèque le philosophe. Mais c'est à Sénèque le philosophe que revient l'honneur d'avoir conçu la nouvelle formule littéraire que Phèdre devait appliquer. En effet, non content d'avoir conté lui-même une fable introduite par les mots Hic locus fabulas poscit dans le livre VII du De Beneficiis, ch. 21, 2, Sénèque aurait voulu qu'à Rome un écrivain composât un recueil d'apologues ésopiques cousus entre eux. Il avait lancé cette idée dès 43 dans le chapitre VIII de la Con- solation à Polybe, mais sans succès immédiat. Il s'agissait de substi- tuer à l'emploi des fables comme ornement des satires, des histoires ou des plaidoyers, leur emploi comme matériaux autonomes. Mieux encore : à une simple collection comme celle de Démétrius de Phalère, il fallait substituer un ouvrage organisé où les apologues seraient re- liés l'un à l'autre comme les métamorphoses dans Les Métamorphoses d'Ovide. Ainsi seraient inversés les rapports existant entre fables et satires, les propos de l'auteur ne servant plus que de morale et de liaison entre les apologues. C'était là une véritable révolution dont Phèdre comprit quelques années plus tard toute la portée.

6. Perse. Il faut dire un mot de l'attitude de Perse, épigone stoïcien d'Horace, à l'égard des fables. Il les a utilisées plus parcimo- nieusement que son devancier. On saisit deci-delà des allusions à des fables (Choliambes, 11-14, sur la faim et le chant des corbeaux — voir L'ours et les crevettes et Le Corbeau et le renard de Phèdre).

Ainsi les vers 115-117 de la satire V impliquent la connaissance du renard enfariné (voir La belette et les rats de Phèdre), les vers 157-

160 de Le loup et le chien, les vers 58-62 de la satire I de Les besaces.

Dans la satire III le dialogue des vers 94 etc. avec son Nihil est rap- pelle le dialogue Phédrien de Le loup et le chien. Mais, au total.

Perse s'est assez peu servi des histoires d'animaux et le grand fabu- liste satirique de l'époque Néronienne ne sera pas Perse le stoïcien, mais Phèdre le cynique.

V. P H E D R E

Il ne nous est pas possible de traiter en quelques lignes du plus grand des fabulistes latins (1). Il nous suffira d'indiquer qu'apparte- nant à l'époque de Néron et à celle des Flaviens en ce qui concerne ses fables, Phèdre a moins utilisé celles-ci pour divertir et moraliser que pour remplacer la satire par un genre plus secret et plus sûr (2).

etc. croit plutôt à l'influence de la Bible (Juges X V ) d'où dériverait aussi un passage de L'àne de Lucien (§ 31).

(1) Pour le détail, voir Phèdre et ses fables (sous presse), (2) 'Voir Terzagbi, Le.

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Styliste correct, versificateur ingénieux plutôt que poète inspiré, penseur cynico-stoïcien sans grande originalité, Phèdre a de très grands mérites. D'abord celui d'avoir inversé les rapports de la fable et de la satire en composant quatre livres de fables et de nouvelles liées entre elles par des liens logiques ou par des propos de l'auteur.

Ensuite, celui d'avoir inventé de nouvelles fables ou renouvelé les anciennes. Un autre mérite est d'avoir su peindre les caractères et faire parler les personnages en adaptant leur langage à leur condition ou à leur situation. Pessimiste par nature et en raison de ses malheurs mé- rités ou immérités, Phèdre a écrit des fables amères et en général assez peu propres à faire rire. Mais il montre une culture très éten- due, un goîit littéraire et artistique assez siir, encore qu'il ne recule pas devant les histoires obscènes ou scatologiques. Il a un désir éper- du de gloire, avec la conviction qu'en écrivant il remplit une mission sacrée, importante pour la société. Les fables ont pour prolongements non seulement leurs morales, mais tout un livre de maximes dont une au moins est une fable en miniature (Les oiseaux et l'oiseleur) et qui sont aux œuvres de Caton l'Ancien ce que ses fables sont aux apolo- gues Esopiques. Comme artiste, Phèdre est certainement inférieur à Horace et il suffit de comparer la paraphrase de sa fable des Deux rats à la fable d'Horace pour en être convaincu. Une comparaison de la fable La veuve et le soldat avec le récit de Pétrone sur la Matrone d'Ephèse n'est pas non plus favorable à Phèdre. Et que de fois on a écrasé celui-ci sous le poids d'une comparaison avec La Fontaine 1 Mais, si l'on veut bien admettre que Phèdre est, au fond, un satirique qui use de l'apologue comme d'une arme au lieu de la fignoler comme un ornement et de s'attarder à la peinture des animaux et de la nature, on sera plus équitable envers ce grand écrivain. Au moment oii il venait de publier son second livre et préparait le troisième, un autre fabuliste, gréco-romain comme lui, mais écrivant en choliambes grecs, composa dans un esprit fort différent du sien deux volumes de fables ésopiques. C'est à ces productions de Babrius qu'il convient de com- parer celles de Phèdre si l'on veut apprécier avec justice la valeur de ce dernier. Si L'homme entre deux âges, la vieille et la jeune ou Les Noces du soleil sont à peu près équivalents chez les deux auteurs, com- bien Phèdre n'est-il pas supérieur à son émule dans La belette et l'homme. La bataille des rats et belettes, et surtout Le renard, le bou- vier et le chasseur (dans Babrius, Le renard, le bûcheron et le chas- seur). En général, Babrius, se conformant au programme de l'un de ses prologues, a émoussé les points de ses apologues et de satiriques les a rendus doux et inoffensifs ; il a rompu leur cohésion et, au lieu de quatre blocs fortement cimentés à la romaine, nous offre une pous- sière de pièces isolées qui ne sont pas sans mérite et qui ont eu une

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influence très grande sur les fables latines, mais qui n'ont ni la puis- sance incisive ni la brièveté saisissante des fables de Phèdre. A celui- ci la Fontaine, qui était bon juge, a rendu un éclatant hommage et il est grand temps de reviser les jugements dédaigneux qu'à la suite du partial Lessing les modernes trop moutonniers ont prononcé contre Phèdre du haut de leurs préjugés.

VI. DE P H E D R E A A V I A N U S

1. Canius Rufus, Hygin et autres. La fable Horatienne du renardeau dans le grenier (Epitres, l, 7, 29), devenue dans les Satires de Juvénal (VI, 431-432) Le serpent dans la jarre, la fable du coq et du renard, attestée par une stèle de Crémone, nous indiquent qu'il y a eu, en dehors de Phèdre et de Babrius, un fabuliste important et réputé à la même époque ( 1 ). Peut-être était-ce Canius Rufus de Ca- dix dont Martial se demande dans une épigramme s'il rivalise avec les plaisanteries du malhonnête Phèdre (Epigr., III, 20). D'ailleurs Phèdre et Babrius se plaignent tous deux de leurs rivaux pla- giaires (2). Leur succès dut mettre les fables à la mode. Il est signi- ficatif que Pline l'Ancien en ait racontées (3), non moins significatif que Flavius-Josèphe ait cru devoir conter deux fables et traiter comme une nouvelle l'aventure de Paulina et Mundus. On sait que Pétrone a farci son roman d'historiettes et même d'allusions à des fables (Le rat et la grenouille; mus rana = murena, ch. 56). On sait qu'il a fourni à Phèdre le modèle de la fable La veuve et le soldat dans son fameux récit de la Matrone d'Ephèse (ch. III) (4). D'autre part, si les monuments figurés représentant des fables sont relativement peu nombreux en ce qui concerne les œuvres latines, un témoignage irré- cusable de la popularité du genre nous est fourni par les inscriptions Pompéiennes.

A côté de Canius Rufus, un ami ou un disciple de Quintilien, nommé Hygin comme le contemporain d'Auguste, nous a laissé un recueil de fables mythologiques dont l'une est un apologue étiologi- que sur la création de l'homme. Cette fable, intitulée Cura, ne dérive pas d'Ennius ; elle est influencée par les fables de Phèdre sur Pro- méthée qu'elle contredit à dessein (5).

(1) Voir Autour des fables de Phèdre (à paraître dans Latomus).

(2) Phèdre, Pro/., IV, v. 16 — Babrius, Prol. 2.

(3) Voir Pline l'Ancien VIII, 16 (21) Le lion reconnaissant — VIII, 40 (61), 148 Les chiens du Nil — VIII, 30 (46), 109 Les castors du Pont ^ X, 43 (60) 125 La corneille à l'hydrie.

(4) Voir mon article : La Matrone d'Ephèse dans Pétrone et dans Phèdre, dans Bull. G. Budé, 1927.

(5) Voir Autour de Phèdre (à paraître) — F. Buecheler, Conictanea, Rh.M., 41 (1886), pp. 5-6, a reconstitué la fable en 14 vers « quadrati » d'Ennius. Le débat du cuisinier et du boulanger avec jugement de Vespa, P.L.M., IV, pp. 32-6, semble s'inspirer à'Apes et fuci de Phèdre (où le Juge est une guêpe).

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En effet, Quintilien semble avoir eu une antipathie personnelle aussi grande contre Phèdre que contre Sénèque. Il affecte un grand mépris des apologues, ravalés par lui au rang des contes de nourri- ces ( 1 ). Il est probable qu'à la longue son crédit a triomphé et que la fable a cessé d'être considérée comme un genre littéraire au moins pour un certain temps. Le fait est que Juvénal ne fait aux fables d'ani- maux que peu d'allusions et que l'apologue joue dans ses Satires un rôle encore plus insignifiant que dans Perse. Il en est de même des anecdotes, sauf quand elles sont historiques (Le turbot de Domi- tien) (2).

2. Apulée. Il faut arriver jusqu'à Apulée pour retrouver une fable littéraire. Du plan scolaire, où les fables se sont maintenues de- puis Phèdre et Babrius sous forme de « choix » ou d' « anthologie », elles remontent au plan mondain. Apulée conte Le renard et le cor' beau dans une prose artistique d'une grande préciosité (prol. du De deo Socratis) et en s'attachant plus à la perfection de la forme qu'à la leçon morale.

3. Aulu-Gelle. De même, Aulu-Gelle refait dans ses Nuits Atti- ques (II, 4) L'alouette et ses petits d'Ennius et il se borne à citer la morale du vieux poète à la fin de sa parphrase fort élégante. Il y a là encore un indice de la nouvelle forme prise par le genre, une fois oubliés les dogmes de Quintilien.

4. Iulius Utianus. C'est pourquoi, vers la fin du siècle, l'ora- teur Iulius Titianus, père du précepteur de Maximin, choisit dans les quatre livres de fables de Phèdre quatre-vingt dix-neuf pièces, aux- quelles il en joignait une tirée d'ailleurs. Les oiseaux et l'oiseleur, plus un prologue tiré des prologues de Phèdre, et peut-être un épilo- gue, La statue d'Esope (II* épilogue de Phèdre). Sa collection de cent paraphrases fut le Phèdre en prose qui, grâce à ses quahtés lit- téraires, connut un succès durable.

5. Pseudo-Dosithée et Romulus. C'est dans ce recueil, en mê- me temps que dans les fables de Babrius, qu'a puisé à son tour le compilateur inconnu qui, au début du troisième siècle, conçut ce qu'on appelle le pseudo Dosithée, lorsqu'il voulut utiliser pour son manuel de langue et de conversation gréco-latin des fables latines analogues aux fables grecques de Babrius. Et c'est encore à ce recueil de Titia-

(1) Inst. Or. I, 9, 2 — voir aussi V, 11, 19-20.

(2) Dans Martial (lecteur de fables), on ne trouve que quelques réminiscen- ces de Phèdre ; voir Ep., XI, 69.

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nus plus ou moins altéré que remonte, en dernière analyse, l'Esope à Ru[us et Tiberinus, compilation de date incertaine plus connue sous le nom de Romulus. Là encore, il s'agit d'un Hécatomythion dont les fables dérivent, à quelques exceptions près, de Phèdre à travers Titianus.

6. Ausone. Le succès de Titianus durait encore à l'époque d'Au- sone, qui envoyait ses apologues, en même temps que le roman de Darès le Phrygien, en cadeau à ses amis [Epist. XVL praef. et XVL 78), tout en imitant dans ses Césars (XXI) un prologue de Phè- dre ( 1 ) et en adaptant lui-même en distiques élégiaques la fable L X X V de Babrius (Epigramme LXXV) avec plus d'exactitude que de génie. Le poète chrétien Prudence (2) et St Jérôme (3) connais- saient les fables de Phèdre. Mais c'est dans l'entourage du païen Macrobe (4) que surgit alors le dernier des fabuhstes latins anti- ques, Avianus.

VIL A V I A N U S

Une étude des questions biographiques qui se posent au sujet d'Avianus (5) nous conduit à la conviction que c'était, au moment où il composa ses fables, un jeune homme du cercle de Macrobe, in- terlocuteur des Saturnales. C'est à Macrobe qu'Avianus a dédié son livre de quarante-deux fables en distiques élégiaques adaptées de Babrius par l'intermédiaire de quelque paraphrase latine grossière destinée aux écoliers (6). Ces fables de Babrius, choisies parmi celles qui conviennent à l'enfance ou à l'adolescence, ont été développées par Avianus dans un mètre mal choisi ; sa prosodie est licencieuse, le style souvent obscur et parfois plat, surtout dans les morales. Pour- tant, l'œuvre n'est pas sans agrément. Avianus a des dons de poète ; il décrit avec justesse et sobriété les personnages et les paysages.

C'est un esprit cultivé. Il connaît fort bien Horace et Phèdre, ses devanciers, et aussi et surtout Virgile et les autres bucoliques. De plus, il a le don du dialogue. Enfin, c'est un homme pondéré et sage,

( 1 ) Qui virtiite probant non obstare locum cum ualet ingenium, Phèdre, Epil., II, 4, 4 nec generi tribai sed uirtuti gloriam [I, 12] vv. 13-14, quantum ingenium ualet, Virtute...

(2) Decrepiti leonis (le lion vieux) Hamartigenia, v. 559, alui capacis...

specu ; Cathemerinon. VII, 115 et Phèdre, IV, 6, 10, capacis alui Tartareo specu.

(3) Lettre 29, La proie lâchée pour l'ombre, Phèdre, I, 4 et 108, 15. Cor- nicem Aesopi. D'autres auteurs chrétiens (Saint-Augustin, Cassien, etc.) connais- sent les fables.

(4) Où hante Servius (voir ad Aen., X, 388).

(5) Voir O. Crusius, article Avianus, P.W., R.E., II, c. 2373 etc.

(6) Préface : rudi latinitate compositas.

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d'un tempérament optimiste qui conquiert la sympathie du lecteur par sa modestie et sa simplicité. Aussi le succès de ses œuvres a-t-il été très grand, non seulement de son temps, mais encore au moyen âge.

Le nombre des manuscrits de ses fables, les multiples suites, imita- tions, traductions de ses œuvres sont là pour l'attester. Alors que la vogue des collections Romuliennes a longtemps rejeté dans l'ombre le nom de Phèdre au profit de celui d'Esope (Ysopet), le nom

d'Avianus a été populaire, à telle enseigne que le fabuliste Alexan- dre Neckham écrit un Nouus Auianus et que les Avionnets font par- tie intégrante, avec les Ysopets et les Catonnets, du bagage des éco- les élémentaires.

VIII. C O N C L U S I O N

Ainsi la fable a été cultivée à Rome depuis l'hellénisation jus- qu'aux invasions barbares, avec des fortunes diverses, des éclipses et des retours de faveur. Autour des trois grands noms d'Horace, Phè- dre et Avianus, beaucoup d'autres ont été cités qui montrent combien le genre littéraire de l'apologue a eu de succès dans les lettres latines antiques. L'autorité de Quintilien n'a réussi qu'un moment à rejeter la fable hors de la littérature. Bientôt on a réagi contre cette injus- tice. Mais, à partir de Quintilien, la fable, liée auparavant à la satire ou substituée à elle (par Phèdre), reprend son autonomie. Elle de- vient plus générale, plus sereine, mais plus naïve et plus terne. Moins latine, elle subit davantage l'influence lénifiante des choliambes de Babrius enrobés de miel. Le moment où elle a été la plus originale et la plus romaine a été l'époque de Phèdre et de ses émules. Celui où elle a été la plus artistique, celle d'Horace. Celui où elle a été le plus propre à instruire et à moraliser, celle d'Avianus. Du vieil Ennius à celui-ci à travers plus de six siècles, son évolution s'est poursuivie irrégulièrement. Des tétramètres trochaïques on est passé aux disti- ques élégiaques à travers les hexamètres dactyhques et les sénaires iambiques ou la prose d'art ou la prose vulgaire. Les intentions et le but ont changé bien souvent et aussi la place du genre dans la litté- rature. Mais la fable est toujours restée si vivante à Rome qu'au moyen âge le genre a connu un immense épanouissement dont témoi- gnent les monuments archéologiques aussi bien que les œuvres litté- raires qui ont survécu. On pourrait dire de la fable latine ce que Quin- tilien a dit de l'élégie latine : (Inst. or., X, 1, 93) : « Fabula » Graecos quoque prouocamus.

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