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Journée « Orient-Occident » : « la forêt » (5 février 1990)

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Texte intégral

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Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques

Archives 6 | 1990 Varia

Journée « Orient-Occident » : « la forêt » (5 février 1990)

Denis Woronoff

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/ccrh/2857 DOI : 10.4000/ccrh.2857

ISSN : 1760-7906 Éditeur

Centre de recherches historiques - EHESS Édition imprimée

Date de publication : 15 octobre 1990 ISSN : 0990-9141

Référence électronique

Denis Woronoff, « Journée « Orient-Occident » : « la forêt » (5 février 1990) », Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques [En ligne], 6 | 1990, mis en ligne le 20 mars 2009, consulté le 01 mai 2019.

URL : http://journals.openedition.org/ccrh/2857 ; DOI : 10.4000/ccrh.2857

Ce document a été généré automatiquement le 1 mai 2019.

Article L.111-1 du Code de la propriété intellectuelle.

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Journée « Orient-Occident » : « la forêt » (5 février 1990)

Denis Woronoff

1 La journée « Orient-Occident » s'était donnée en 1990 plus qu'un sujet, un terrain : la forêt. A première vue, la rencontre était improbable. Entre forêts tempérées et forêts tropicales, entre administration colbertienne et sociétés africaines sans Etat, quelle convergence espérer ? Pourtant, les textes qu'on lira – où voisinent l'Europe, l'Afrique, l'Asie, le Moyen Age occidental et le temps présent – ont dégagé quelques interrogations communes qu'il est sans doute utile d'énoncer ici.

2 La forêt – terme générique qui regroupe les formations arbustives très variées – est un espace contesté dont l'appropriation n'est jamais totalement acquise mais où cohabitent des « propriétaires », des ayant-droits, des usagers. Le statut de la forêt, quelles que soient les périodes et les aires culturelles, est le reflet du système politique, de son efficacité et de ses tensions. Un pouvoir fort délimite, réglemente les espaces boisés, impose un domaine public. A l'inverse, comme on le voit dans l'ancienne Chine, les moments d'anarchie sont propices à des formes d'appropriation sauvage, allant jusqu'à la déforestation. La forêt est un lieu politique, en ce sens aussi qu'elle sert de refuge ou constitue un enjeu, une frontière.

3 La propriété importe moins que les usages, superposés ou juxtaposés, qui exploitent mais aussi modèlent la forêt. C'est ouvrir le dossier, dont l'actualité demeure, des rapports entre le paysan et l'arbre, du défrichement comme de la cueillette, des clairières de culture et de la pâture en sous-bois. C'est également évaluer les antagonismes de la chasse et de l'agriculture, des besoins de chauffage domestique et de la demande des foyers proto-industriels. Mais toutes ces formes de prélèvement conduisent, consciemment ou pas, à des types de gestion. Des produits attendus, recherchés, découlent des paysages, faits d'équilibres instables entre les essences, de peuplements à densités variables, d'aménagements divers.

4 Mettre la forêt en culture revient à traiter les arbres comme une récolte, à consommer un revenu. Encore faut-il s'assurer que, ce faisant, on ne met pas en péril le capital forestier.

Journée « Orient-Occident » : « la forêt » (5 février 1990)

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 6 | 2009

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Il s'agit, souvent, d'éco-systèmes fragiles et donc menacés de disparition. Ici l'État – France, XVIIe siècle – là le mouvement paysan – Inde, XXe siècle –, luttent pour conjurer la catastrophe. N'entre-t-il pas une part de phantasme dans cette mobilisation ? Au dictionnaire des idées reçues, à l'article « bois », on lirait sans doute : « on va en manquer ».

5 Ce qu'on a pris en Occident pour un recul cataclysmique des forêts n'était souvent qu'une reconquête, qu'une respiration des terroirs. Combien de nos contemporains s'imaginent que la forêt française est en perdition alors qu'elle a retrouvé – et dans de bien meilleures conditions – la superficie probable qu'elle occupait à la fin du XIVe siècle ! Au fond nos rapports à la forêt sont tissés de subjectivité, de préjugés. Répulsive et protectrice, lieu menaçant et source de vie, la forêt est un signe de contradiction. Elle brouille les pistes et détruit nos certitudes classificatoires. Elle nous force à conjuguer histoire matérielle et histoire culturelle, droit et biogéographie, aménagement et folklore. Promenons-nous dans les bois ; nous ne le regretterons pas.

Journée « Orient-Occident » : « la forêt » (5 février 1990)

Les Cahiers du Centre de Recherches Historiques, 6 | 2009

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