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L'obésité, une maladie complexe

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Academic year: 2022

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L'obésité, une maladie complexe

GOLAY, Alain, FAVRE, Lucie

GOLAY, Alain, FAVRE, Lucie. L'obésité, une maladie complexe. Revue médicale suisse , 2018, vol. 14, Nutrition-Obésité, p. 603

PMID : 29561566

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:115539

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ÉDITORIAL

WWW.REVMED.CH

21 mars 2018

603

L’obésité,

une maladie complexe

Pr ALAIN GOLAY et Dr LUCIE FAVRE Combien de fois avons-nous vu un patient

souffrant d’une maladie psychique arrêter son traitement psychotrope en raison d’une prise de poids ? Cela implique que nous devons être particulièrement attentifs pour aider nos patients obèses atteints de maladies psychiques non seulement à prendre leurs psychotropes, mais aussi à perdre du poids.

Par ailleurs, comme tous les psychotropes n’induisent pas une même prise de poids, il est indispensable de bien connaître leurs caractéristiques.

Nos patients obèses peuvent aussi avoir une deuxième maladie. Les mécanismes physio- pathologiques révèlent aujourd’hui que plus d’un tiers des patients obèses souffrent d’addiction à la nourriture, ceci

du fait que les mêmes circuits de la récompense sont partagés par l’alcoolisme, la toxicomanie et l’addiction alimentaire.

D’autre part, l’excès pondéral durant l’enfance persiste le plus souvent à l’âge adulte. Un défi particulier est celui d’accompa- gner l’adolescent ou « l’adulte

émergent » dans un projet de soin qui res- pecte son vécu et son développement propre.

L’adolescent obèse devrait faire l’objet d’une transition de soins individualisée et adaptée.

Autre difficulté. Le patient obèse, à force de régimes, perd sa masse musculaire et la ten- tation de prescrire de la testostérone peut alors être grande pour tenter d’inverser le phénomène, cela d’autant plus que l’obésité peut induire un hypogonadisme. Par ailleurs, le tissu adipeux lui-même transforme la tes- tostérone en œstrogènes et le foie stéato- sique synthétise moins le transporteur de la testostérone (SHBG), ce qui aggrave encore l’hypogonadisme. Tout cela complique le diagnostic de l’hypogonadisme secondaire, dont le traitement doit être envisagé seule- ment s’il est confirmé. Mais la prise en charge de l’obésité vaut la peine : une perte de poids associée à une activité physique permet d’améliorer les taux de testostérone et les symptômes d’hypogonadisme secondaire.

L’association obésité-dyslipidémie est un grand classique du syndrome métabolique. Les don- nées de la littérature scientifique convergent toutes pour recommander une alimentation pauvre en graisses (20-35 %), en privilégiant les acides gras insaturés. De plus, une atten- tion particulière devrait être portée aux sucres ajoutés, qu’il faudrait diminuer au profit des fibres provenant des légumes, légumineuses et fruits. Ces recommandations ne sont pas nouvelles… mais leur application est difficile pour tous et encore plus pour des patients présentant une obésité et un possible trouble du comportement alimentaire. Ainsi, une prise en charge par des diététiciennes associées à une équipe multidisciplinaire est un élément crucial pour accompagner les patients dans

ces changements.

La chirurgie bariatrique s’est im- posée comme un outil efficace de prise en charge de l’obésité et le recul que nous avons mainte- nant nous donne des indications cliniques précieuses. Après 10 ans, la perte de poids est d’environ 30 % après bypass, 8 à 26 % après cerclage, 35 à 40 % après di ver- sion biliopancréatique et 21 à 26 % après gastrectomie en manchon (sleeve). Le risque de décès à long terme est globalement dimi- nué de 30 à 40 % après chirurgie bariatrique.

Il est important de souligner que nous ne disposons à ce jour que de peu de données sur les résultats à long terme (≥ 10 ans) de la gastrectomie en manchon alors que cette intervention s’est largement popularisée au cours des dernières années.

En conclusion, l’obésité est une maladie chronique dont l’origine et les conséquences biopsychosociales sont complexes et mul- tiples. La prise en charge précoce de l’excès de poids est un enjeu fondamental dans lequel le médecin de premier recours a un rôle crucial. Il est essentiel qu’il puisse ensuite disposer du soutien d’équipes multidisci- plinaires spécialisées dans le traitement de l’obésité lorsque les situations se complexi- fient et demandent l’intervention de diffé- rents professionnels de la santé.

Articles publiés sous la direction de

ALAIN GOLAY Médecin-chef Service d’enseignement thérapeutique pour maladies chroniques, Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences, HUG, Genève

LUCIE FAVRE Responsable de la consultation de prévention et traitement de l’obésité Service d’endocrinologie, diabétologie et métabolisme, CHUV, Lausanne

LES MÊMES CIRCUITS DE LA RÉCOMPENSE SONT PARTAGÉS PAR L’ALCOOLISME,

LA TOXICOMANIE ET L’ADDICTION

ALIMENTAIRE

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