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La vie culturelle dans l'Ouest de la France au temps de Baudri de Bourgueil

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La vie culturelle dans l'Ouest de la France au temps de Baudri de Bourgueil

TILLIETTE, Jean-Yves

TILLIETTE, Jean-Yves. La vie culturelle dans l'Ouest de la France au temps de Baudri de Bourgueil. In: Jacques Delarun. Robert d'Arbrissel et la vie religieuse dans l'Ouest de la France. 2004. p. 71-86

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:14481

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Au moment d’aborder le sujet qui m’a été assigné, je ne peux me défendre d’un certain embarras. La "vie culturelle"…. dans quelle mesure cette expression, vieille d’une petite trentaine d’années, peut-elle être référée de façon adéquate à des réalités médiévales ? Si la culture désigne l’ensemble des productions de l’esprit et de l’invention humaines, l’idée, aujourd'hui dénotée par le syntagme de "vie culturelle", d'après laquelle des groupes ou des institutions en régleraient les manifestations selon les modes d'un fonctionnement quasi-organique est neuve. On la doit, si j’en crois un illustre académicien, au Front populaire, relayé par la république gaullienne. Pourtant docile à l'injonction des organisateurs du colloque, j’essayerai vaille que vaille de répondre au défi qu'ils me lancent, et donc de caractériser la "vie culturelle" aux alentours de 1101 en me limitant toutefois, faute de compétences autres, aux productions écrites, et plus spécialement littéraires.

Mais dans quel espace géographique ? vues de Fontevraud, où passent les limites de l’Ouest de la France ? englobe-t-il l’Aquitaine ? s’étend-il vers l’Est jusqu’au comté de Blois et Chartres, voire au domaine royal ? doit-on y inclure le duché de Normandie politiquement associé à l’Angleterre ? et la Bretagne, décrite comme fruste et barbare par tous les contemporains ?1 A quoi j’ajouterai qu’il n’est peut-être pas pertinent, dans le cadre problématique que je vais fixer, d’être tout à fait silencieux sur des contrées plus orientales, où des phénomènes comparables à ceux qui seront décrits se manifestent aussi.

Pour essayer d’y voir plus clair, une démarche positive semblait s’imposer, faire l’inventaire des connaissances aujourd’hui accessibles sur ces centres de culture que l’historiographie dit précocement florissants, les écoles cathédrales d’Angers, du Mans, de Tours, d’Orléans – sans non plus oublier Chartres, d’où tout ou presque, grâce à Fulbert, est venu2 ; recenser les acteurs de cette vie scolaire, leurs mouvements, leurs échanges, leurs écrits, leurs doctrines ; identifier les livres qu’ils ont lus et copiés… J’y ai renoncé : outre que fastidieux, un tel catalogue me paraissait inutile. La maigre documentation a déjà été largement exploitée : à la somme de Mgr Lesne3 sont venus s’ajouter les travaux de Jean Vezin sur Angers4, ceux de Charles

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Vulliez sur Orléans5, pour ne pas parler des flots d’encre qu’a fait couler la controverse sur l’école de Chartres6. Sans doute l’exploration méticuleuse des documents d’archives réserve-t-elle encore à la recherche quelques trouvailles. Mais, ne revendiquant pas la qualité d’historien, je n’en ai guère la pratique. L’issue d’une telle démarche m’apparaissait ainsi comme incertaine.

Affronté à ce constat de carence, je trouve heureusement quelque secours dans le troisième terme du titre de cet exposé, Baudri de Bourgueil, un objet sur lequel je crois avoir une prise un peu plus ferme que les deux précédents. Plutôt que sous l’angle panoramique de la synthèse, je me propose donc de découvrir la vie culturelle de la France de l’Ouest au début du XIIe siècle à travers le regard singulier de cet homme, abbé de Saint-Pierre de Bourgueil de 1080 environ7 à 1107, puis archevêque de Dol, premier biographe de Robert d’Arbrissel, historien, hagiographe et poète.

Contrairement à ce qu’une telle restriction de champ pourrait faire craindre, il me semble que son œuvre abondante et multiforme fournit bien des indices utiles au déchiffrement de l’intrigue que je suis chargé d’élucider. Ce que je m’efforcerai de faire, en bonne rhétorique, en répondant successivement aux questions : qui ? quoi ? où ? comment ?

Qui ?

Puisque c’est de vie qu’il s’agit, il convient en tout premier lieu d’identifier les hommes qui l’animent. A cet égard, l’œuvre de Baudri nous fournit un matériel prosopographique des plus copieux. La collection de ses poèmes compte 256 items ; les genres les plus représentés y sont l’épître en vers et l’épitaphe. Si l’on additionne les destinataires des premières aux dédicataires des secondes, on obtient une liste de 126 personnages, en majorité identifiables8. Le chiffre reste sans doute un peu mince pour fonder une analyse sociologique sérieuse des milieux lettrés dans les lieux et à l’époque considérés, pour constituer ce que les statisticiens appellent un échantillon représentatif. On observera toutefois – et je crois que cette réserve préalable a une certaine importance - que le nombre des individus aptes à goûter, ou seulement à comprendre, la poésie savante et raffinée de Baudri, ou aussi bien de ses contemporains et confrères en poésie Marbode, Hildebert, Raoul le Tourtier et Hilaire d’Orléans, devait être plutôt restreint. Pour donner un ordre de grandeur, Fulbert, que

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les chroniques du temps s’accordent à considérer comme l’instituteur du XIe siècle - et la recherche moderne ne les a pas démenties – et dont le rayonnement s’étend bien au-delà de la région qui nous intéresse, est resté trente ans à la tête de la première école de Chartres ; or, le célèbre poème rythmique de son disciple Adelman de Liège qui tire en 1048 le bilan de cet enseignement9 énumère en tout et pour tout douze élèves ; sans doute se limite-t-il aux plus notoires. L’examen des sources documentaires nous permet d’augmenter ce chiffre d’une vingtaine d’unités. Mais on est encore loin des soixante-dix élèves et plus que l’abbé Clerval attribue trop généreusement à Fulbert10. A la génération suivante, lors de la seconde moitié du XIe siècle, qui nous intéresse ici, il y a lieu de penser qu’avec l’essor énergique des écoles urbaines, ces effectifs ont cru selon le rythme d’une progression géométrique : c’est ce que signale le topos, récurrent dans les sources de l’époque, qui veut que les maîtres célèbres aient attiré à eux des cohortes (turmae), voire des essaims (examina), de disciples. On n’ira pas pour autant penser en termes d’"enseignement de masse" un tel afflux. Même si aucune évaluation numérique précise n’est possible, les acteurs de la "vie culturelle" sont, selon moi, tout au plus quelques milliers – une proportion insignifiante de la population.

Aussi l’étude du groupe des interlocuteurs de Baudri n’est-elle pas dépourvue d’intérêt. On ne peut pas évidemment mettre sur le même plan les correspondants et les défunts à qui est dédiée une épitaphe. Il est raisonnable de penser que les uns étaient en mesure de comprendre et d’apprécier les épîtres qui leur étaient adressées ; les seconds – les malheureux ! – auraient éprouvé quelque difficulté à goûter l’élégance littéraire de l’éloge qui était fait d’eux. Le corpus des épitaphes ne doit pas pour autant être éliminé. Tout d'abord parce que, lorsqu'elles sont dédiées à des maîtres ou à des étudiants, elles offrent, comme on le verra, des renseignements précieux sur ce milieu social. Mais, au-delà de ces cas spécifiques, il y a lieu d’imaginer que certains de ces exercices répondaient à une commande émanant de groupes assez cultivés pour faire appel à une plume célèbre. On a ainsi conservé la trace, gravée dans la pierre, de deux épitaphes composées par Baudri, celle d’Eudes, abbé de Saint-Jean-d’Angély, et celle de Simon, évêque d’Agen, une ville pourtant bien lointaine de Bourgueil11. Notre abbé a en outre destiné des pièces de vers à des

"rouleaux des morts" venus des églises d’Angers, de Reims, du Mans, de Bourges et

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du monastère de Saint-Maixent12. On aimerait enfin connaître les motifs et la destination des textes funéraires consacrés à des nobles laïcs, le duc d’Aquitaine Guillaume VIII, le roi d’Angleterre Guillaume le Roux, le comte d’Anjou Geoffroy Martel le Jeune, les chevaliers Guillaume de Montsoreau, Bouchard de Montrésor, Clarembaud de Rochefort13. Hommage gratuit à des protecteurs de l’abbaye ?14 La vie culturelle des moines du XIe siècle, c’est aussi le culte des morts - même s'il prend ici une forme très "Anthologie latine"...

Les noms de lieux et de personnes que je viens d’énumérer suggèrent que la renommée de notre auteur ne se limite pas aux frontières incertaines de l’Ouest de la France. Le fait mérite d’être souligné : l’histoire littéraire a longtemps eu tendance à faire du "cercle d’Angers", de l’"école de la Loire" le creuset unique de la grande renaissance poétique du XIIe siècle15. Certes, la conjonction de trois talents aussi éminents que ceux de Marbode, écolâtre et archidiacre d'Angers, puis évêque de Rennes, Hildebert, archidiacre puis évêque du Mans, et enfin archevêque de Tours, et Baudri impressionne. Mais ils se nourrissent aussi d’échanges avec des confrères plus lointains16. Parmi les destinataires des poèmes de l’abbé de Bourgueil dont on peut identifier l’origine, on trouve assurément une majorité d’Angevins, de Manceaux et de Tourangeaux (25)17, suivis d’assez près par les habitants du duché d’Aquitaine (18), en particulier du comté de Poitiers18. Il n’y a là rien que de très compréhensible : Saint-Pierre de Bourgueil, situé au diocèse d’Angers, est une fondation d’Emma, épouse du duc d’Aquitaine et comte de Poitiers Guillaume IV Fier-à-Bras, et tient de nombreux fiefs en Haut et Bas Poitou19; vu de Bourgueil, il n'y a donc pas vraiment de frontière entre les deux régions, entre les deux rives de la Loire. Mais on voit aussi Baudri en rapport avec plusieurs Normands, quelques Blésois, peu d’Orléanais en revanche, ce qui peut étonner, dans la mesure où il est lui-même originaire de Meung- sur-Loire20. Si, en revanche, l'on se place sur un plan qualitatif, on constate que les hommes avec qui notre auteur entretient la complicité littéraire la plus étroite sont Godefroid, écolâtre de Reims21, et Galon, évêque de Léon en Bretagne22. On voit là que la diffusion des thèmes et des genres humanistes, que je décrirai bientôt, passe par des réseaux étendus, indifférents aux limites géographiques et politiques.

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Quelle est l’appartenance sociale de ceux qui les composent ? Il n’est pas très facile de le déterminer, Baudri n’étant pas toujours explicite sur la qualité de ses correspondants. On peut grosso modo les répartir en quatre groupes.

1. Le premier et, ce qui ne surprendra pas, le plus nombreux est celui des moines. Une douzaine de correspondants de Baudri (chiffre sans doute sous- évalué), auxquels on peut ajouter les abbés Pierre de Maillezais et Ours de Jumièges, commanditaires respectifs de l’histoire de la croisade et de la vie de saint Hugues de Rouen, sont désignés comme tels23. Les billets amicaux qui leur sont adressés déclinent, dans la lignée de Paulin de Nole ou de Venance Fortunat, les thèmes de l'amitié : mélancolie de l'absence et espérance des retrouvailles, fâcheries passagères et réconciliations; souvent, ils servent à accompagner l’envoi de livres ou de menus cadeaux comme des tablettes à écrire, ou à en accuser réception. Le climat social et moral de ces échanges monastiques reste donc à peu près celui dans lequel baigne, un siècle plus tôt, le recueil d’épîtres en prose et en vers du moine Fromond de Tegernsee, en Bavière24. On demeure là dans la tradition du vieux monachisme de culture bénédictin.

2. Le deuxième groupe est celui des maîtres et des étudiants. Il comprend les grands écolâtres poètes, Marbode, Hildebert et Godefroid de Reims, mais aussi des personnages moins connus, comme un certain Renouf de Bazas, que Baudri sermonne à propos du bon usage des lettres profanes25, Siméon, responsable d’une école épiscopale26, et Gérard, maître de celle de Loudun27, qu’il entreprend de convaincre d’abandonner leurs chères études pour se consacrer à l’otium monastique, ou encore le jeune Robert, tout fier (trop peut-être) de ses talents de logicien28.

3. En troisième lieu – et c’est peut-être plus neuf – quelques nobles laïcs, des grands personnages comme Roger Borsa, duc de Pouille et renommé protecteur des églises29, ou Philippe, frère du comte de Blois, destiné à la cléricature30. Mais il s’agit plus souvent de jeunes gens que l’illustration de leur lignage, leur beauté, leur intelligence ou leur talent a recommandés à l’attention de notre auteur et dont il s’efforce d’orienter les progrès avec une

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condescendance paternelle, parfois gentiment moqueuse31. On en retiendra que le clerc conserve le sentiment de sa supériorité morale et intellectuelle sur les laïcs, mais aussi que les plus doués d’entre ceux-ci commencent à être accessibles à la culture cléricale. Ainsi, le comte d'Anjou, Foulques le Réchin, met-il personnellement la main à la chronique de sa principauté32.

4. Il faut enfin faire une place à part aux correspondantes femmes de Baudri, presque toutes des moniales. Cécile, fille de Guillaume le Conquérant, abbesse de La Trinité de Caen33, Muriel, poétesse célèbre en son temps (Hildebert et Serlon chantent aussi son talent), nonne au couvent anglais de Wilton34 – et surtout les pensionnaires de l’abbaye Notre-Dame du Ronceray à Angers, comme Emma, la maîtresse de l’école claustrale, et sa jeune élève Constance, à qui notre auteur dédie son seul poème d’amour35. Il ne faut pas - surtout à Fontevraud !- éluder la question de la culture féminine. Le fait que les moniales du Ronceray se soient vu adresser des vers par Baudri, mais aussi par Marbode et, un peu plus tard, par Hilaire d’Orléans fait-il de cet établissement une pépinière de poétesses, comme on l’a naguère écrit ?36 J’hésiterais à l’affirmer.

On n’a pas la preuve textuelle que ces jeunes femmes aient pris une part active aux jeux poétiques de leurs savants et parfois audacieux correspondants37. Il reste que le simple fait de se voir destiner des vers, qui sollicitent parfois une réponse, suppose de leur part au moins une compétence passive, due peut-être à l’enseignement d’Emma, voire (mais comment le prouver ?) une certaine sensibilité à des thèmes profanes. Le fait que Notre-Dame du Ronceray soit dans la région le seul monastère féminin de quelque importance, comme le montre ici même Michel Parisse, suffit peut-être à expliquer qu'il ait polarisé les attentions, les talents... et les fantasmes. Cesremarques valent sans doute aussi pour l’unique correspondante laïque de Baudri, la comtesse Adèle de Blois. Il lui dédie son chef d’œuvre, un immense poème encyclopédique d’une érudition époustouflante et d’une facture très élégante38. Le monde de la cour - de certainescours de l'Ouest -, comme l'ont fait, ausiècle précédent, celles du duc de Normandie Richard II et de l'empereur Henri III, commence donc à s'éveiller aux choses de l'esprit. Sous bénéfice d’inventaire, je ne jurerais pas qu’Adèle ait été en mesure de saisir, au moment où on lui lisait ce texte à haute voix,

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l’exposé fort complexe de la doctrine des arts libéraux, mais elle en comprenait l’intention, qui était d’exalter sa culture et sa puissance, sans quoi l’exercice n’aurait eu aucun sens. Parlera-t-on dès lors de mécénat ? Baudri, comme Hildebert, autre correspondant assidu de la comtesse, lui réclame pour prix de son offrande textuelle un riche ornement d’église39. Je ne crois pas pour autant que nos puissants prélats se situent dans une position de dépendance vis-à-vis de la généreuse donatrice. Adèle n'est pas Aliénor d'Aquitaine. C’est un échange équilibré qu’ils sollicitent de sa part, les produits de la richesse et de la puissance contre ceux du talent et de la science.

Quoi ?

L’évocation du poème de Baudri de Bourgueil à la comtesse Adèle nous amène à la deuxième question, celle des contenus intellectuels qui imprègnent cette "vie culturelle". Il serait trop long de dresser ici le catalogue des œuvres littéraires produites vers 1100 dans la France de l’Ouest. On se bornera à les caractériser sommairement en opposant celles qui demeurent à celles qui circulent, celles qui relèvent de genres et de formes traditionnels à celles qui témoignent d’un esprit plus nouveau, les deux systèmes d’oppositions ne coïncidant pas nécessairement.

Celles qui demeurent, ce sont d’abord les chroniques locales, comme celles de Saint-Maixent et de Maillezais40, les diverses annales angevines et vendômoises publiées voilà un siècle par Louis Halphen41, transmises par peu de manuscrits et destinées à attester les droits patrimoniaux et spirituels d’un établissement ou d’une institution. La même remarque vaut pour l’hagiographie des saints locaux, la vie de saint Maurille d’Angers composée par Marbode42 ou celle que Baudri, devenu archevêque, dédiera à saint Sanson de Dol43. On trouve ici la reproduction d’un schéma tout à fait traditionnel, conforme au modèle suivi par les siècles précédents44.

Dans le domaine de l’hagiographie, il faut cependant distinguer d’autres cas de figure que celui auquel je viens de faire allusion. La fin du XIe siècle occidental est très grand producteur de vies de saints. Or, plusieurs d’entre elles connaissent une diffusion spectaculaire, à laquelle je vois deux raisons, parfois concomitantes. La

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première tient à leur objet même : certains modèles de sainteté sont à la mode, comme celui des saintes pénitentes; ainsi les vies en vers de Thaïs par Marbode et de Marie l’Égyptienne par Hildebert connaissent-elles un grand succès, pour des motifs qu’a pleinement éclairés naguère Jacques Dalarun45. Il en va de même pour la vie des réformateurs contemporains, tel Robert de La Chaise-Dieu, dont Marbode relate l’existence en prose46. Et si les vies de Robert d’Arbrissel par Baudri et par le frère André n’ont pas rencontré la même popularité, on en connaît désormais la cause47. L’esprit réformateur, peut-être la nécessité de faire pièce à la prédication enflammée, mais pas toujours orthodoxe, des ermites itinérants expliquent aussi le renouveau du genre homilétique, illustré notamment par Hildebert au Mans et par Geoffroy Babion à Angers48.

La seconde raison du bon accueil réservé à nombre de productions historiographiques et hagiographiques de l’époque sont d’ordre formel – et à ce titre nous intéressent au premier chef. Le public que je viens d’essayer de définir ne se satisfait plus des récits transmis dans une langue souvent médiocre par les époques précédentes. Ainsi, une bonne partie de l’œuvre hagiographique de Baudri répond-elle à une sollicitation précise, celle d’honorer par les accents d’une plume réputée cicéronienne le saint que l’on vénère. Peut-être, si j’en crois la lettre de Pierre de Maillezais, le récit de la croisade réclamé à l’archevêque de Dol, qui n’y a pas participé, répond-il entre autres à une telle exigence49. Cela paraît prouver que, dans notre région, le souci de la correction, voire de l’élégance stylistique - c'est ainsi que le continuateur des Actes des évêques du Mans pour la période 1065-1100 écrit en prose rythmée50, que les chartes angevines contemporaines sont, d'après Olivier Guillot, de bon niveau linguistique51 - renvoie à une requête forte des lecteurs.

J’en vois un indice concordant dans le développement remarquable du genre épistolographique – genre humaniste s’il en fut. La première manifestation d'un maniement original des règles de la rhétorique classique, signe avant-coureur de la renaissance littéraire du XIIe siècle, est constituée, comme on le sait sans doute, par la production des artes dictaminis, ces manuels de composition écrite destinés à fournir les règles de l’art épistolaire et dont l'essor est lié par ailleurs à celui des libelles suscités par la réforme, qui adoptent souvent la forme de "lettres ouvertes"52. Notre région n’en produit pas encore, même si le traité de Marbode sur les couleurs

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de rhétorique, premier modèle du genre au moyen âge, fournit les instruments d’une écriture ornée, en vers comme en prose53. En revanche, les collections de lettres rassemblées par Hildebert pour la prose, Baudri et Raoul le Tourtier, moine de Fleury, pour la poésie rejoignent, sans le savoir sans doute, la haute ambition cicéronienne de marier la beauté du style à l’expression sensible des relations interpersonnelles. On pourrait consacrer de longs développements à la résurgence du beau thème de l’amitié dans la production littéraire ligérienne du tournant du XIIe siècle54. Si je m’en tiens au point de vue subjectif que j’ai choisi d’adopter, celui de Baudri, il constitue vraiment alors le moteur de la "vie culturelle". Il y aurait également lieu de rappeler qu’il se nourrit de la redécouverte de classiques profanes presque oubliés, Sénèque pour Hildebert, Ovide pour Baudri, Valère Maxime pour Raoul le Tourtier. Les études sur cette question sont assez nombreuses et complètes pour que je m’accorde la licence de la laisser presque entièrement entre parenthèses.

Les trois auctores dont je viens de citer le nom m'inspireront cependant quelques brèves remarques. Le corpus des Lettres à Lucilius est peu copié avant le XIIe siècle55. Il connaîtra ensuite une diffusion considérable, dans son intégralité ou sous forme d'extraits, notamment à partir de l'Anjou et de la Normandie. Sans doute la morale du philosophe latin, réputé correspondant de saint Paul (Seneca saepe noster, disait même le sévère Tertullien), est-elle adaptable à la pensée chrétienne. Les lettres d'Hildebert, renonçant à la vieille injonction trop simple du contemptus mundi, n'en restent pas moins les premières à emprunter à l'auteur païen les outils psychologiques adaptés à la direction et à l'examen des consciences56. Le recueil d'exempla de Valère Maxime, fort populaire dans l'Antiquité et appelé à le redevenir au cours des derniers siècles médiévaux, avait sombré dans un oubli complet. La paraphrase en vers qu'en fait le moine fleurisien Raoul le Tourtier57 marque sa réapparition sur la scène intellectuelle ainsi, peut-être, que l'avènement d'une morale qui ne dédaigne pas de tirer de l'univers laïc ses instruments de persuasion. Quelques décennies plus tard, la lecture de Sénèque et de Valère Maxime alimentera généreusement la réflexion humaniste de Jean de Salisbury sur l'univers social. Avec Ovide, encore sulfureux à l'époque, c'est une autre affaire : ce qu'il enseigne à Baudri, c'est d'abord le sens de la gratuité du jeu littéraire, le plaisir savoureux des mots, la virtuosité poétique qui ne trouve sa fin qu'en elle-même. S'il existe au moyen âge une littérature de

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divertissement, non subordonnée à des objectifs moraux ou spirituels, c'est ici et alors qu'elle prend sa source58... mais avec le succès médiocre que je vais bientôt dire.

Où ?

L’accession de quelques laïcs à la culture savante, l’exigence plus grande en matière de correction linguistique, le recours plus fréquent aux modèles d’écriture et de pensée fournis par l’antiquité païenne, tout cela présuppose une plus grande diffusion de l’écrit. On en arrive donc à la troisième question, celle qui concerne les lieux de la vie culturelle. Comme je l’ai annoncé en commençant, je ne vais pas faire l’inventaire des centres d’apprentissage. J’extrapole une fois encore des propos de Baudri quelques remarques qui me semblent avoir une portée plus générale.

La première concerne la diversification des lieux de l’enseignement. Certes, la prééminence de quelques grandes écoles, que la présence de maîtres illustres fait rayonner, s’affirme : les épitaphes louangeuses retraçant la carrière des maîtres angevins Rainaud et Frodon59, l’éloge constant de Marbode, parangon des lettrés60, témoignent de l’éclat d’Angers. Mais Reims, pourtant bien plus lointaine, a aussi attiré les regards de notre abbé : l’essentiel de ce que nous savons du prestige de l’école champenoise et de ses maîtres au XIe siècle vient de la lettre à Godefroid61. Point n’est besoin pourtant de fréquenter des établissements aussi illustres pour acquérir les premiers rudiments. De petites cités apparaissent dotées de structures scolaires, si le terme n’est pas trop ambitieux : notre auteur lui-même a appris les arts du trivium dans sa ville natale de Meung-sur-Loire, sous la férule d’un certain Hubert, peut-être un ancien élève de Fulbert, à qui il dédie un planctus plein d’émotion62. Son ami Gérard, avant de prendre à Bourgueil l’habit monastique, a été maître d’école à Loudun; il y a eu à subir, le taquine Baudri, les vicissitudes pénibles du métier d’enseignant, contraint de prostituer ses paroles à des étudiants rétifs63. Au bas de l’échelle intellectuelle, le médiocre pédagogue Thibaud (qui nous fait un peu penser au maître du jeune Guibert de Nogent) en est réduit à envoyer mendier un jeune élève joli et effronté pour obtenir les quelques sous que ses allures rustaudes et rechignées et son pauvre talent lui interdisent d’acquérir par lui-même64. Sous la réserve formulée tout à l’heure, à savoir que l’enseignement scolaire, même élémentaire, ne s’adresse

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qu’à une minorité d’individus, il nous semble discerner, à travers ces notations hétéroclites, l’essor d’une véritable circulation des savoirs, à laquelle l’école monastique n’apporte curieusement qu'une faible contribution - phénomène d'autant plus remarquable que les plus riches bibliothèques de la région paraissent bien être alors celles des monastères65, si notre perspective n'est pas faussée par la nature de la documentation.

De cette fluidité du monde intellectuel, on trouve un deuxième indice, à mes yeux très révélateur, dans la mention fréquente qui est faite des maîtres et d’étudiants itinérants : le savant Gui de Tours est décédé à Reims, où il était parti "à la chasse des livres" qu’il ne trouvait pas dans sa ville66 ; Frodon d’Angers est allé vendre en Angleterre, où il a trouvé la mort, ses connaissances supérieures dans les sciences du trivium67 ; Gérard de Loudun s’est formé à l’école du grand Manegold de Lautenbach, lorsque celui-ci enseignait à Paris68 ; Baudri lui-même accueille avec compassion à Bourgueil un jeune normand, nommé Guillaume, dont le pied poussiéreux, la tunique déchirée, le maigre bagage de livres signalent la qualité d’étudiant vagabond69. On notera que c’est dans les mêmes termes, ou presque, qu’il évoque, dans la Vie de Robert d’Arbrissel, les années d’apprentissage de son héros70. Et vers les mêmes années, Abélard abandonne sa Bretagne natale en vue de parcourir les chemins du grand savoir – ou les grands chemins du savoir… Sans doute ces itinérances studieuses ne sont-elles pas encore massives. Mais la poésie de Baudri, corroborée par d’autres sources71, témoigne de l’apparition d’une catégorie d’hommes prêts à risquer l’aventure de l’exil pour suivre une carrière de savants, en- dehors des sentiers balisés de la promotion locale. Faut-il anticiper de quelques décennies la naissance de l’intellectuel, que Jacques Le Goff assigne au XIIe siècle ?

Si c’est le cas, notre auteur y aura sans doute été réticent. Car son œuvre apporte une troisième réponse, plus spécifique peut-être, à la question "où situer le lieu de la vie culturelle ?" On y voit en effet se manifester de façon insistante une opposition entre ville et campagne un peu plus que topique, même si le thème est également orchestré alors par Marbode, Godefroid de Reims, et le moine de Cantorbéry Reginald, natif du Poitou72. La ville, siège de l’école cathédrale, est aussi l’espace de l’innovation intellectuelle : Siméon, près de son évêque, maîtrise l’art du syllogisme73 ; au jeune citadin Robert, qui le défie à grand renfort de citations d’Aristote, Baudri ne

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sait opposer que les harmonies de sa muse rustique74. Nul doute cependant, malgré la fausse modestie, que celle-ci n’ait sa préférence. La campagne, décrite par lui sous les couleurs traditionnelles du "lieu de plaisance" (locus amoenus), s’identifie à la chère retraite monastique, mais aussi à la douceur du chant inspiré par la beauté de la nature et le calme studieux de la bibliothèque abbatiale. En quoi il fait déjà figure de combattant d’arrière-garde. Le triste destin de son œuvre poétique en apporte la sanction : amoureusement copiée, sous sa direction vigilante, dans le scriptorium de Bourgueil75, elle n’en sortira point – non plus que celle, assez comparable, de Raoul le Tourtier ne quittera Fleury-sur-Loire76. Les poèmes composés par ces urbains que sont Marbode et Hildebert peupleront en revanche les anthologies et passeront entre les mains de générations d’écoliers.

Comment ?

Reste enfin à répondre à la question "comment ?" – c’est-à-dire, après les acteurs divers qui l’animent, les faces variées qu’elle revêt, les lieux multiples où elle s’exerce, celle du fonctionnement de la "vie culturelle". Et pour le coup, j’ai envie de reprendre à mon compte cette expression à propos de laquelle j’avais en commençant un peu ironisé. On voudra seulement l’entendre non pas au sens institutionnel que peuvent lui donner André Malraux ou Jack Lang, mais dans celui d'élan, d’échanges métaboliques, de désordres féconds. Car je suis convaincu que, dans le cadre chronologique et géographique que j’ai exploré, ce ne sont pas les structures qui soutiennent la vie culturelle, ce sont les hommes qui la nourrissent. Dans la belle et miséricordieuse épitaphe qu’il dédie à Béranger de Tours77, Baudri souligne que le savoir a fleuri dans sa ville comme jamais auparavant du temps de son magistère, pour se faner avec sa mort. Hyperbole rhétorique peut-être, mais que confirment les données positives recueillies par Mgr Lesne78. Il faut attendre les années 1130-1140, et le grand Bernard Silvestre, pour que Tours redevienne un pôle d'attraction. Après l'enseignement d'Engelbert, élève de Fulbert de Chartres, auquel Adelman de Liège fait une allusion assez peu flatteuse dans son poème de 1048, on ne sait pas grand chose de la situation scolaire à Orléans, qui ne deviendra que beaucoup plus tard la capitale de l'enseignement des belles-lettres79 : il est significatif que Baudri, pour autant qu'on puisse le savoir, ait fait ses études à Angers, bien plus distante de son lieu

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de naissance. Quant à Bourgueil, il disparaît, jusqu'à Ronsard, du paysage culturel avec le départ de notre abbé.

Il ne faut donc vraiment pas concevoir la "vie culturelle" comme résultant de l'action concertée de cénacles organisés. Le prétendu "cercle d'Angers" (Marbode, Hildebert, Baudri) n'a rien à voir avec une quelconque Pléiade. C'est le hasard des sympathies, l'heureuse fortune des rencontres qui dessinent le décor intellectuel dont j'ai essayé d'esquisser les grands traits. Il n'y a pas, ou pas encore vraiment - et c'est par là que j'aurais dû commencer -, de professionnels de la culture. Nos hommes sont d'abord prêtres ou moines, archidiacres ou abbés. Ils écrivent par surcroît, noctibus aut equitans, "de nuit ou à cheval", selon une formule de Baudri80.

La dimension d’abord personnelle des relations qu'ils entretiennent explique ce qui apparaîtrait à une approche trop théorique comme un tissus d’étranges contradictions.

Marbode est fort sévère à l’encontre de l’entreprise fontevriste81 ; il est pourtant l’ami de Baudri qui s’enthousiasme pour l’œuvre de Robert d’Arbrissel ; de Baudri qui, cependant, décourage avec une ironie mordante, dans un de ses poèmes, les espoirs d’un jeune dévot disposé à marcher sur les traces ascétiques de Robert82… Nous n’avons plus que les textes ; la vérité des êtres, quant à elle, nous échappe.

Je voudrais l’illustrer pour finir au moyen d’une œuvre mince, mais étonnante, parce qu’elle réunit en elle presque tous les aspects de ce monde culturel que j’ai effleurés au galop – et d’autres encore -, celle d’Hilaire d’Angers (ou d’Orléans – il a enseigné dans les deux écoles cathédrales, on ne sait pas bien dans quel ordre)83. Son floruit se situe vers 1125 ; il est donc un peu plus jeune que les personnages que j’ai jusqu’alors mentionnés. Il est lié au mouvement érémitique pour avoir chanté en vers rythmiques la sainte existence de la recluse Ève et de son compagnon Hervé, établis sur les bords de la Loire où ils vivent selon le mode périlleux du syneisactisme84 (notons au passage qu’Ève vient du couvent anglais de Wilton, où elle a peut-être connu Muriel, l’une des savantes correspondantes de Baudri et d’Hildebert). Mais Hilaire adresse aussi des épigrammes fort galantes aux nonnes de Ronceray85, ainsi que des chansons, autrement plus lestes, à de jeunes garçons86 : ce n’est pas pour rien, sans doute, qu’il est à Orléans le collègue d’Hugues Primat, le plus truand et le plus grand des poètes goliards87. Hilaire a en outre suivi les leçons d’Abélard, le premier

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intellectuel médiéval88. Son recueil d’épîtres passe à juste raison aux yeux de Charles Vulliez pour la première manifestation française de l’ars dictaminis89. Il est enfin l’auteur de l’un des plus anciens mystères liturgiques et théâtraux90. Assemble qui pourra les pièces de ce puzzle. Je m’en reconnais incapable. Mais je considère qu’Hilaire incarne, entre cloître et école, entre jeu sacré et divertissement profane, les caractères d'une culture qui s'ouvre à de nouveaux horizons, le temps d'une élaboration, le moment d'un passage.

En conclusion, on aurait pu songer à poser la question : "pourquoi ?", si les réponses qu'elle appelle n'étaient pas d'avance bien connues. Aux causes matérielles (l'essor démographique et économique qui entraîne le développement des échanges et de l'urbanisation) s'entrelacent des causes idéologiques (la réforme et l'exigence intellectuelle qu'elle impose aux ministres du sacré, l'intériorisation des consciences dont elle est à la fois conséquence et origine). A cet égard, il convient de marquer les limites du propos que j'ai développé. Par manque total de compétence, je n’ai pas dit un mot des arts figurés, porteurs d'un message doctrinal fort et cohérent, bien que Baudri consacre un nombre substantiel de tituli à des oeuvres d'art91, mais les fresques vendômoises analysées par Hélène Toubert, pour ne citer qu’elles, auraient dû trouver leur place dans le tableau92. J'ai trop peu insisté, au risque de sembler insinuer qu'il existe dorénavant une coupure marquée entre spirituel et séculier - proposition vraiment absurde -, sur les composantes proprement religieuses de la vie culturelle.

Mais bien d'autres articles leur font, dans le présent volume, la part qui leur revient, et j'avais d'autre part à cœur de suggérer que toute entreprise d'écriture n'est plus désormais orientée par la seule perspective eschatologique. Plus surprenant et plus coupable encore, mon silence sur la courtoisie et sur le premier de ses représentants, Guillaume IX d’Aquitaine. La figure singulière de ce génie isolé m’a obsédé pendant la rédaction de cet essai, mais je n’ai su où la dessiner. A vrai dire, je ne crois pas trop à l’espèce de relation transitive qu’établit Reto Bezzola entre Marbode, auteur de poèmes galants, son amie la duchesse Ermengarde, retirée à Fontevraud, et l’inspiration contrastée du comte de Poitiers93. Celle-ci, je crois, vient du Sud plutôt que de l’Ouest, mais, comme on sait, la question est encore en débat.

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Cette lacune fâcheuse – l’omission du seul génie littéraire de l’époque – circonscrit aussi les limites du sujet même que j’ai essayé de traiter. Autour de 1100, la culture, assurément, est vivante dans l’Ouest de la France. Elle n’y est peut-être pas très originale. La reconquête de l’élégance formelle, le culte humaniste de l’amitié sont de bien beaux idéaux. Je ne suis pas certain qu’on ne les partage pas à la même époque de la même façon dans d’autres régions, celle des bords de la Meuse par exemple94. Sans doute le paysage du val de Loire est-il plus riant et c’est la raison pour laquelle on le constitue en "lieu de mémoire", berceau nécessaire de toute renaissance. Le véritable démarrage culturel du "moyen âge classique", il s’effectuera peu après à Paris, avec la dialectique, et dans le monde anglo-normand, avec le roman. Tel sera, décevant et sans doute provocant, vu le lieu où il est énoncé, mon mot de la fin.

Jean-Yves Tilliette Université de Genève

1 Selon, entre autres, les témoignages concordants de Guillaume de Poitiers (Gesta Guillelmi ducis Normannorum et regis Anglorum 1, 44 - éd. R. Foreville, Paris, 1952, p. 108-110), de Marbode de Rennes (c. 2, 37 Vrbs Redonis, spoliata bonis... - PL 171, 1726-27), de Baudri de Bourgueil

(Itinerarium sive epistula ad Fiscannenses 1 - PL 166, 1173), d'Orderic Vital (Historia ecclesiastica 9, 18 - éd. M. Chibnall, Oxford, 1975, p. 188) et de Pierre Abélard (Historia calamitatum, éd. J.

Monfrin, Paris, 1959, p. 98-99).

2 Sur la "première école de Chartres", voir l'ouvrage collectif Le temps de Fulbert. Actes de l'Université d'été du 8 au 10 juillet 1996, Chartres, 1996.

3 É. LESNE, Histoire de la propriété ecclésiastique en France, tome 4 : Les livres. "Scriptoria" et bibliothèques du commencement du VIIIe à la fin du XIe siècle, Lille, 1938 (sur l'Ouest de la France, p. 129-202 et 548-586); tome 5 : Les écoles de la fin du VIIIe siècle à la fin du XIIe siècle, Lille, 1940 (p. 58-79 et 105-196).

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4 J. VEZIN, Les scriptoria d'Angers au XIe siècle, Paris, 1974.

5 C. VULLIEZ, Des écoles de l'Orléanais à l'université d'Orléans (Xe - début XIVe siècle), Thèse dactyl. inédite (Université de Paris X - Nanterre, 1994).

6 Un état récent de la question par les tenants des deux thèses opposées : É. JEAUNEAU, "L'école de Chartres : mythe ou réalité ?", dans L'âge d'or des écoles de Chartres, Chartres, 1995, p. 15-24 (pro); R.W. SOUTHERN, "Chartrian Humanism : a Romantic Misconception", dans Scholastic Humanism and the Unification of Europe, Oxford - Cambridge (Mass.), 1995, p. 57-101 (contra).

7 Sur la date controversée de l'accession de Baudri à la charge abbatiale, voir O. GUILLOT, Le comte d'Anjou et son entourage au XIe siècle, Paris, 1972, t. 2, p. 212.

8 Je me référerai désormais à mon édition, avec traduction française et commentaire, des poèmes de Baudri de Bourgueil (Paris, 1998-2002, 2 vol. - désormais citée : Carmina, suivi du n° d'ordre du poème). On trouvera l'index nominum coetanorum Baldrici aux p. 333-337 du tome 2.

9 Éd. J. HAVET, "Poème rythmique d'Adelman de Liège sur plusieurs savants du XIe siècle (1028- 1033)", dans Notices et documents publiés pour la Société de l'histoire de France à l'occasion du cinquantième anniversaire de sa fondation, Paris, 1884, p. 71-92 [réimpr. : Oeuvres de Julien Havet, Paris, 1896, t. 2, p. 89-107] .

10 A. CLERVAL, Les écoles de Chartres au Moyen-Âge du Ve au XVIe siècle, Paris, 1895, p. 58.

11 Carmina 48 (cf. R. FAVREAU et alii, Corpus des inscriptions de la France médiévale [CIFM], t.

3, Poitiers, 1977, p. 105-106) et 21 (cf. CIFM, t. 3, p. 25 n.2).

12 Carmina 14 (Angers), 17 (Reims), 18 (Le Mans) 22 (Bourges) et 73 (Saint-Maixent).

13 Carmina 52 (Guillaume VIII), 175-177 (Guillaume le Roux), 211-212 (Geoffroy Martel le Jeune), 26 (Guillaume de Montsoreau), 56-58 et 69 (Bouchard de Montrésor), 172 (Clarembaud de

Rochefort). Sur l'identification, pas tout à fait certaine, mais hautement probable, de ce dernier personnage, voir les notes de notre édition, ad loc.

14 Guillaume de Montsoreau, après avoir été en litige avec les moines de Bourgueil à la fin des années 1050 (ms. Tours, Bibliothèque municipale, 1338 [copie par André Salmon du cartulaire de Bourgueil], f. 300), se montre beaucoup plus généreux avec les établissements religieux vers la fin de sa vie (il meurt avant juin 1087); Bouchard de Montrésor, avant de partir en Italie où il trouvera la mort, donne en 1079 à Bourgueil l'église Sainte-Croix de Tours ainsi que d'autres biens (ms. Tours 1338, f. 322).

15 Cf. par ex. H. BRINKMANN, Entstehungsgeschichte des Minnesangs, Halle a. Saale, 1926, p. 18- 20; R.R. BEZZOLA, Les origines et la formation de la littérature courtoise en Occident (500-1200).

Deuxième partie : La société féodale et la transformation de la littérature de cour, Paris (Bibliothèque de l'École des Hautes Études, 313), 1966, p. 30 et passim.

16 Au début du poème qu'il adresse à un certain Guillaume de Lisieux, le premier Normand qu'il prétend inclure dans ses relations, Baudri déclare avec une emphase non tout à fait dépourvue d'humour : "Moi qui suis angevin, je connaissais bien Angevins et Chartrains, Tourangeaux et Poitevins, Orléanais, Bretons et Limousins; l'habitant de Bourges et celui de Saintes, l'Auvergnat, le Parisien, tous ces gens-là m'étaient connus - sans oublier le Bordelais" (Carmina 202, v. 7-11).

17 Alexandre, chanoine de Tours (Carmina 40-43), Bénédicte, recluse des environs d'Angers (171), Béranger, écolâtre de Tours et archidiacre d'Angers (27), Bouchard de Montrésor (cf. supra n. 13), Clarembaud de Rochefort (ibid.), Constance, Emma, Godehide et Orielde, moniales à Notre-Dame du Ronceray (139, 142, 153, 200, 213), Frodon, maître angevin (28-30), Gérard de Tours, scribe (1, 9), Geoffroy Martel le jeune (cf. supra, n. 13), Gui, chevalier angevin (164), Gui, étudiant

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tourangeau (66), Guillaume de Montsoreau (cf. supra, n. 13), Hildebert de Lavardin, archidiacre du Mans (87), Hoël, évêque du Mans (18-20 et 22), Joël, abbé du monastère de La Coutûre, au Mans (18, 22), Lambert d'Angers, fabricant de calames (12), Marbode, écolâtre et archidiacre d'Angers (86 et passim), Noël, abbé de Saint-Nicolas d'Angers (14-16), Payen, poète angevin (223), Raoul du Mans (205), Raoul, riche citoyen d'Angers (165-167), Rainaud, maître angevin (161-163).

18 Adam, abbé de Saint-Maixent (Carmina 73), Amat d'Oloron, archevêque de Bordeaux, légat du pape (146-147), Audebert, abbé de Déols, archevêque de Bourges (22-23 et 155-160), Eudes, abbé de Saint-Jean d'Angély (48), Gérard, abbé de Montierneuf de Poitiers (22), Gérard, fondateur et abbé de La Sauve Majeure (79-83), Gérard, maître à Loudun, puis moine à Bourgueil (75-77), Guillaume VIII de Poitiers (52), Guillaume, évêque d'Angoulême (44), Guillaume de Saintes (132), Jean, riche citoyen de Poitiers (168-169), Pierre, prieur de Déols (31-33 et 46), Rainaud, abbé de Saint-Cyprien de Poitiers (170), Rainaud, chanoine de Poitiers (34), Raoul, archidiacre de Poitiers (49), Renouf de Bazas (91), Richard, archevêque de Bourges (32-33), Simon, évêque d'Agen (21).

19 Cf. M. DUPONT, Monographie du cartulaire de Bourgueil, Tours (Mémoires de la Société archéologique de Touraine, LVI), 1962, p. 7-32.

20 Normands : Cécile, fille de Guillaume le Conquérant, abbesse de La Trinité de Caen (Carmina 136), Guillaume II le Roux (175-177), Guillaume de Lisieux (202), Guillaume "le Normand" (150), Richard "le Normand" (149), le destinataire anonyme du c. 217 et, si l'on veut, Roger Borsa, duc de Pouille (192); Blésois : Adèle, comtesse de Blois et Chartres (134-135 - comme fille de Guillaume le Conquérant, elle appartient aussi à la liste précédente), Philippe, jeune frère du comte Étienne de Blois, futur évêque de Châlons (93); Orléanais : Gérard, écolâtre (?) d'Orléans (47), Hubert, maître de Baudri à Meung-sur-Loire (74; cf. 191, v. 33-48), Jean, évêque d'Orléans (22).

21 Sur la carrière de ce personnage, voir J.R. WILLIAMS, "Godfrey of Rheims, a Humanist of the Eleventh Century", dans Speculum 22, 1947, p. 29-45; sur son œuvre poétique, dont Mme Elena De Carlos Villamarin est sur le point de publier l'édition critique, A. BOUTEMY, "Autour de Godefroid de Reims", dans Latomus 6, 1947, p. 231-255; ID., "Trois oeuvres inédites de Godefroid de Reims", dans Revue du Moyen Âge Latin 3, 1947, p. 335-366; J.-Y. TILLIETTE, "Troiae ab oris. Aspects de la révolution poétique de la seconde moitié du XIe siècle", dans Latomus 58, 1999, p. 405-431.

Baudri lui adresse l'important carmen 99 ainsi que le c. 100, lui dédie cinq épitaphes (Carmina 35- 39), et le cite avec éloge dans les cc. 126 et 223.

22 Sur l'identification incertaine, mais probable, du destinataire des importants carmina 193 et 252 avec le poète satirique Galon, d'abord moine (à Saint-Florent de Saumur ?), puis évêque de Léon, voir Carmina, t. 2, p. 275 n.1.

23 A savoir : Bernier (Carmina 114), Blain, Chotard, Hugues et Maieul, qui appartiennent au même monastère (117), Étienne (90, 107 et 131), Létaud (101), Raoul (13) et le destinataire anonyme du c.

127, auxquels on ajoutera les scribes du scriptorium de Bourgueil, Gérard de Tours (1 et 9) et Hugues (84), ainsi que le savant Gérard de Loudun, qui y rejoint l'abbé Baudri (75-76). Rien n'interdit de penser que les destinataires de courtes lettres amicales de ton très voisin (e.g. les cc. 11, 89, 102-106, 108, 110-111,115-116, 128, 132, 144, 148-149,...), ou au moins certains d'entre eux, aient appartenu à l'ordre bénédictin.

24 Éd. K. STRECKER, Die Tegernseer Briefsammlung, Berlin (Monumenta Germaniae Historica, Epistolae selectae, 3), 1925. Sur le contenu et le ton de cette correspondance, voir F. BRUNHÖLZL, Histoire de la littérature latine du moyen âge. II : De l'époque carolingienne au milieu du XIe siècle (trad. fr.), Turnhout, 1996, p. 405-407.

25 Carmina 91.

26 Carmina 88.

27 Carmina 77.

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28 Carmina 191.

29 Carmina 192.

30 Carmina 93.

31 Par ex., les carmina 3 ("A un jeune homme trop orgueilleux"), 4 ("A Avit, alias Alexandre"), 5 ("A Avit le riche"), 113 ("A un jeune garçon d'une intelligence admirable"), 145 ("Au très noble Pierre") ...

32 Éd. L. HALPHEN et R. POUPARDIN, Chronique des comtes d'Anjou et des seigneurs d'Amboise, Paris, 1913, p. 232-238.

33 Carmina 136.

34 Carmina 137 - on trouvera la bibliographie, assez abondante, dédiée à la figure pourtant bien mystérieuse de "la première poétesse anglaise" à la note 1 des p. 218-219 du tome 2 de notre édition.

35 Carmina 139 (à Emma), 142 et 200 (à Constance) - sur l'appartenance plus que probable de ces deux femmes au couvent angevin, t. 2, p. 221-222 n. 1 et 223 n. 1.

36 W. BULST, "Liebesbriefgedichte Marbods", dans Liber floridus [Mélanges Paul Lehmann], St.

Ottilien, 1950, p. 287-301 (300-301); D. SCHALLER, "Probleme der Überlieferung und

Verfasserschaft lateinischer Liebesbriefe des hohen Mittelalters", dans Mittellateinisches Jahrbuch 3, 1966, p. 25-36 (31-32). Cette hypothèse a vigoureusement été défendue par P. DRONKE, Women Writers of the Middle Ages. A critical Study of Texts from Perpetua (+ 203) to Margeurite Porete (+

1320), Cambridge, 1984, p. 84-91.

37 Ainsi que je crois l'avoir démontré sur des bases philologiques et historiques solides ("Hermès amoureux ou les métamorphoses de la Chimère. Réflexions sur les carmina 200 et 201 de Baudri de Bourgueil", dans Mélanges de l'École française de Rome. Moyen âge, 104, 1992, p. 121-161), la réponse passionnée que "Constance" adresse à la lettre d'amour que lui avait envoyée Baudri est en fait l'œuvre de notre auteur lui-même.

38 On trouvera un commentaire détaillé et une bibliographie de ce poème (à laquelle il faut aujourd'hui ajouter : M. Otter, "Baudri of Bourgueil, 'To Countess Adela'", dans The Journal of Medieval Latin 11, 2001, p. 60-141) dans Carmina, t. 2, p. 163-217.

39 Carmina 135; cf. Hildebert, ep. 3, 2 (Patrologia latina, 171, col. 284).

40 Éd. J. VERDON, Chronique de Saint-Maixent, Paris (Classiques de l'histoire de France au moyen âge, 33), 1979; Y. CHAUVIN et G. PON, La fondation de l'abbaye de Maillezais. Récit du moine Pierre, La Roche-sur-Yon, 2001.

41 L. HALPHEN, Recueil d'annales angevines et vendômoises, Paris, 1903.

42 Patrologia latina 171, col. 1635-1648. Sur sa tradition manuscrite, voir A. DEGL' INNOCENTI, L'opera agiografica di Marbodo di Rennes, Spolète (Biblioteca di "Medioevo latino", 3), 1990, p. 63 et 131-145.

43 Éd. A. LE HUËROU, Baudri de Bourgueil. La Vie de saint Sanson (Commentaire, édition et traduction du ms. BN lat. 5350), mémoire de DEA dactyl. (Université de Rennes 2 - Haute Bretagne, 2000).

44 Cf. J.-Y. TILLIETTE, "Les modèles de sainteté du IXe au XIe siècle, d'après le témoignage des récits hagiographiques en vers métriques", dans Santi e demoni nell'alto medioevo occidentale

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(secoli V-XI), Spolète (Settimane di studio del Centro italiano di studi sull'alto medioevo, 36), 1989, p. 381-409.

45 "La Madeleine dans l'Ouest de la France au tournant des XIe-XIIe siècles", dans Mélanges de l'École française de Rome. Moyen âge, 104, 1992, p. 71-119.

46 Éd. A. DEGL'INNOCENTI, Marbodo di Rennes. Vita beati Roberti, Florence, 1995.

47 J. DALARUN, L'impossible sainteté. La vie retrouvée de Robert d'Arbrissel (v. 1045-1116), fondateur de Fontevraud, Paris, 1985.

48 Le P. Jean Longère analyse en détail ci-dessous les caractères propres à l'éloquence de Robert d'Arbrissel. Dans le domaine de la prédication "savante", il nous semble bien (mais l'hypothèse demanderait à être approfondie) que les deux écolâtres soient les premiers dans le temps à rompre avec la tradition de l'homélie carolingienne, commentaire du texte sacré fondé sur le principe du centon de citations patristiques, pour donner à leur propos un tour plus pragmatique, c'est-à-dire pastoral, annonçant par là la prédication universitaire notamment parisienne des XIIe et XIIIe siècles.

49 Patrologia latina, 166, col. 1059-1062.

50 R. LATOUCHE, Histoire du comté du Maine pendant le Xe et le XIe siècle, Paris Bibliothèque de l'École des Hautes Études, 183), 1910, p. 2.

51 "A propos de la qualité littéraire de certaines chartes angevines au XIe siècle", dans La littérature angevine médiévale. Actes du colloque du samedi 22 mars 1980, Maulévrier, 1981, p. 25-39.

52 Présentation et histoire du genre par M. CAMARGO, Ars dictaminis. Ars dictandi, Turnhout (Typologie des sources du moyen âge occidental, 60), 1991 (voir notamment les p. 31-32).

53 Éd. R. LEOTTA, Marbodo di Rennes, De ornamentis veborum. Liber decem capitulorum.

Retorica, mitologia e moralità di un vescovo poeta (secc. XI-XII), Florence (Per Verba, 10), 1998, p.

1-25.

54 A cet égard, est particulièrement digne d'intérêt la longue épître 2 de Raoul le Tourtier (éd. M.B.

OGLE et D.M. SCHULLIAN, Rodulfi Tortarii carmina, Rome [Papers and Monographs of the American Academy in Rome, 8], 1933, p. 256-267), qui associe à des exempla classiques (Nisus et Euryale, Pythias et Damon, ...) celui, pour la première fois attesté en littérature, des chevaliers Ami et Amile.

55 Cf. L.D. REYNOLDS et alii, Texts and Transmission. A Survey of the Latin Classics, Oxford, p.

359 : "The text (sc. celui des lettres de Sénèque) had moved to northern Europe by the middle of the ninth century, but it remained dormant until the late eleventh and only blossomed in the twelfth".

56 Cf. P. von MOOS, Hildebert von Lavardin 1056-1133. Humanitas an der Schwelle des höfischen Zeitalters, Stuttgart (Pariser historische Studien, 3), 1965, p. 57-59 et passim.

57 OGLE - SCHULLIAN, Rodulfi... carmina, p. 5-245.

58 Cf. G.A. BOND, "Iocus amoris : The Poetry of Baudry of Bourgueil and the Formation of the Ovidian Subculture", dans Traditio 42, 1986, p. 143-193; J.-Y. TILLIETTE, "Savants et poètes du moyen âge face à Ovide : les débuts de l'aetas ovidiana (v. 1050 - v. 1200)", dans M. PICONE - B.

ZIMMERMANN (éd.) Ovidius redivivus. Von Ovid zu Dante, Stuttgart, 1995, p. 63-104.

59 Carmina 161-163 (Rainaud); 28-30 (Frodon).

60 Carmina 86, 126 v. 7, 153 v. 59-60, 223 v. 19.

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61 J.R. WILLIAMS, "The Cathedral School of Rheims in the Eleventh Century", dans Speculum 19, 1954, p. 661-677.

62 Carmina 74. C'est à Clerval (Les écoles de Chartres..., p. 73) que l'on doit l'hypothèse, assez fragile, selon laquelle Hubert de Meung aurait été un des élèves de Fulbert.

63 Carmina 77, v. 137-146.

64 Carmina 112.

65 LESNE, Les livres... , p. 548-586.

66 Carmina 66, v. 1-2.

67 Carmina 29 v. 7, 30 v. 5.

68 Carmina 76 v. 1 et note ad loc.

69 Carmina 150.

70 Patrologia latina, 162, col. 1047.

71 Ainsi, dans un passage célèbre du De vita sua, Guibert de Nogent oppose-t-il la pénurie de maîtres qui régnait lors de ses années d'apprentissage à la prolifération des moderni temporis clericul(i) vagant(es) (1, 4 - E.-R. LABANDE (éd.) Guibert de Nogent. Autobiographie, Paris [Classiques de l'histoire de France au moyen âge, 34], 1981, p. 26).

72 TILLIETTE, "Troiae ab oris...", p. 424-425.

73 Carmina 88 et notes ad loc. (t. 1, p. 198-199).

74 Carmina 191.

75 J.-Y. TILLIETTE, "Note sur le manuscrit des poèmes de Baudri de Bourgueil (Vatican, Reg. lat.

1351)", dans Scriptorium 37, 1983, p. 241-245.

76 Elle est toute entière transmise par le seul manuscrit Vatican, Reg. lat. 1357 (saec. XII), très vraisemblablement copié à Fleury.

77 Carmina 27.

78 LESNE, Les écoles..., p. 140-142.

79 Les tèmoignages sur la vie intellectuelle à Orléans au XIe siècle recueillis et minutieusement critiqués par CharlesVulliez (Des écoles de l'Orléanais..., p. 303-323) se caractérisent par leur maigreur et leur incertitude, au regard de l'illustration future.

80 Carmina 1, v. 64.

81 DALARUN, Robert d'Arbrissel fondateur de Fontevraud, Paris, 1986, p. 56-66.

82 Carmina 94.

83 Sur la carrière de ce personnage, voir en dernier lieu VULLIEZ, Des écoles de l'Orléanais..., p.

397-417 et L.-M. CESBRON, Traduction, introduction, annotation de douze Epistulae du "recueil hilarien" (XIIème siècle), mémoire de DEA dactyl. (Université d'Angers, 1997). Son œuvre a été éditée d'une part par N.M. HÄRING, "Hilary of Orléans and his Letter Collection", dans Studi

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Medievali 14, 1973, p. 1069-1122, et "Die Gedichte und Mysterienspiele des Hilarius von Orléans", ibid., 17, 1976, p. 925-968, de l'autre par W. BULST et M.-L. BULST-THIELE, Hilarii Aurelianensis versus et ludi. Epistolae. Ludus Danielis Bellovacensis, Leyde - New York - Copenhague - Cologne (Mittellateinische Studien und Texte, 16), 1989. Voir en outre les études de Th. LATZKE, "Abelard, Hilarius und das Gedicht 22 der Ripollsammlung", dans Mittellateinisches Jahrbuch 8, 1973, p. 70- 89; "Das Verwahrungsgedicht mit besonderer Berücksichtigung der Carmina Burana 95 und 117", ibid., 11, 1976, p. 150-176; "Zum Gedicht 'De papa scholastico' des Abelardschülers Hilarius", ibid., 13, 1978, p. 86-99; "Zum Iudicium de calumnia molendini Brisesarte und zu den vier

Nonnenepisteln des Hilarius", ibid., 16, 1981, p. 73-96; "Die Ganymed-Episteln des Hilarius", ibid., 18, 1983, p. 131-159; "Robert von Arbrissel, Ermengard und Eva", ibid., 19, 1984, p. 116-154.

84 LATZKE, "Robert von Arbrissel..."

85 LATZKE, "Zum Iudicium..."

86 LATZKE, "Die Ganymed-Episteln..."

87 Si ce dernier est bien l'auteur de la lettre 2 et le destinataire de la lettre 3 de la collection

hilarienne, ce qui semble assez vraisemblable, malgré l'obscurité qui enveloppe la chronologie de la carrière du Primat.

88 Ce lien est suffisamment documenté par le célèbre poème macaronique Lingua servi (éd. Häring, p. 936; éd. Bulst - Bulst-Thiele, p. 30-31). Cf. LATZKE, "Abelard, Hilarius..."

89 VULLIEZ, Des écoles de l'Orléanais..., p. 399. On notera qu'Hilaire a eu pour élève l'un des meilleurs philologues de la seconde moitié du XIIe siècle, l'un de ceux qui vaudront à Orléans le renom durable de capitale de l'enseignement des belles-lettres, Arnoul de Saint-Euverte,

commentateur d'Ovide et de Lucain (cf. B. ROY et H. SHOONER, "Querelles de maîtres au XIIe siècle : Arnoul d'Orléans et son milieu", dans Sandalion 8-9, 1985-1986, p. 315-341).

90 Le Jeu de Daniel (éd. du texte et de la musique par Bulst - Bulst-Thiele, Hilarii Aurelianensis..., p.

97-119). Cf. P. DRONKE, Nine medieval Latin plays, Cambridge (Cambridge Medieval Classics, 1), 1994, p. 110-146.

91 Carmina 125 et 224-249.

92 "Dogme et pouvoir dans l'iconographie chrétienne. Les peintures de la Trinité de Vendôme", dans Un art dirigé. Réforme grégorienne et iconographie, Paris, 1990, p. 365-402.

93 BEZZOLA, Les origines et la formation... Deuxième partie..., p. 262-316.

94 Ainsi, le bel ouvrage de C.S. JAEGER, The Envy of Angels. Cathedral Schools and Social Ideals in Medieval Europe, 950-1200, Philadelphie, 1994, replace les phénomènes culturels dont nous nous sommes efforcé de décrire les principaux aspects dans un cadre géographique beaucoup plus large.

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