Article
Reference
Presse suisse : le déclin annoncé masque la vitalité des titres
AMEZ-DROZ, Philippe René
AMEZ-DROZ, Philippe René. Presse suisse : le déclin annoncé masque la vitalité des titres.
Publimento
, 2015
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:91802
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
1 / 1
PUBLIMENTO – Edito Presse
Presse suisse : le déclin annoncé masque la vitalité des titres
Dr Philippe Amez- Droz*, Université de Genève et membre USAP
Les chiffres de l’Institut de Recherche et Etudes des Médias Publicitaires (REMP, enquête MACH-Basic 2014-2) publiés au mois de septembre soulignent, en dépit de la morosité ambiante, la vitalité de la presse d’information et le goût encore prononcé des Suisses pour la presse papier. Malgré le tassement constaté de sa diffusion, avec 1,5 million de lecteurs en Suisse alémanique et plus de 540'000 en Suisse romande, le titre 20 Minutes prouve l’attractivité du support papier, tant auprès du public qu’auprès des annonceurs.
En Suisse romande, des quotidiens régionaux comme La Liberté (+2000/102’000), Le Nouvelliste (+4000/116’000), L’Impartial (+2000/34’000) gagnent en audience. Des régionaux tels que La Tribune de Genève (- 6’000/114'000) et 24heures ( - 8000 / 183'000) connaissent certes un effritement de leur lectorat, de même que le quotidien Le Temps qui dénombre 99'000 lecteurs ( - 10'000). Mais, soulignons-le, le lectorat en ligne progresse et il faut en tenir compte.
La qualité de la mesure des audiences cumulées « papier » et « en ligne » constitue l’un des enjeux majeurs de la presse écrite, à la recherche d’un modèle économique sur Internet qui passe nécessairement par la capacité à « faire payer » au meilleur prix, contenus informationnels et publicité, dans des formats renouvelés, en particulier sur support mobile.
De nouvelles alliances s’annoncent aussi pour lutter contre le pillage des contenus par les moteurs de recherche, qui s’en servent sans en rémunérer la production.
Si le déclin de la presse écrite imprimée, en raison de son basculement vers les supports numériques et la migration de ses annonces vers des sites dédiés, fait tant débat, c’est qu’il s’agit d’un enjeu démocratique de la première importance. Dans son rapport livré en septembre 2014 au Conseil fédéral, la Commission des médias le reconnaît expressément tout en se prononçant pour la suppression des aides postales à la presse, les seules formes d’aides indirectes à la presse écrite imprimée. Il est vrai que les éditeurs suisses, en rejetant fermement toute intervention étatique directe, favorisent l’émergence d’un marché de
« fournisseurs de contenus » qui s’apparente tantôt à un eldorado, tantôt à un cauchemar.
Le débat, clairement, n’est pas clos.
Il faut donc plutôt se réjouir, dans un contexte de concentration de la propriété des médias, de rachat, voire de disparition de titres, que les Suisses accordent toujours une grande importance à la lecture des journaux d’information. Que le support soit « papier » ou
« numérique » importe peu dès lors que le modèle payant sur Internet prend son envol. La qualité de l’information, la pluralité des opinions et, pour la presse régionale, la proximité couplée à une vision généraliste de l’actualité, autant de critères qui permettent à la presse suisse de se porter mieux qu’ailleurs.
Dr Philippe Amez-Droz
*Auteur d’une thèse de doctorat soutenue mai 2013 et consacrée à la presse écrite à l`ère numérique.
Prix de Thèse Exceptionnelle 2014, Faculté SES, Université de Genève.