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Les mécanismes de l'économie de marché

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Les mécanismes de l'économie de marché

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COLLECTION DIRIGÉE PAR PIERRE TABATONI

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L'ÉCONOMISTE

Les mécanismes de l'économie

de marché

PIERRE AZOULAY Diplômé de l'Ecole Centrale de Paris et de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris

Chef de Département à l'Ecole Supérieure de Commerce de Paris

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE

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Dépôt légal. — Ire édition : 28 trimestre 1977

@ 1977, Presses Universitaires de France Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation

réservés pour tous pays

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SOMMAIRE

INTRODUCTION 9

CHAPITRE PREMIER. — De l'économie pastorale aux sociétés

multinationales 13

1. La naissance de l'entreprise moderne : la révolution

industrielle 13

2. Le triomphe du capitalisme libéral : 1870-1929... 18 3. Le capitalisme moderne : l'intervention des Etats, du

New Deal aux Etats-Unis au plan français FI-FI.. 22

4. La voie socialiste . 23

5. L'émergence du Tiers-Monde : de Bandoung à la

Conférence de l'Energie 26

6. Les systèmes politico-économiques actuels 30 CHAPITRE II. — Première approche du circuit économique :

les acteurs de la vie économique 33

1. Le circuit économique élémentaire 33 2. L'objet des échanges économiques : biens et services

et notions de marché 36

3. Le comportement du consommateur 40

CHAPITRE III. — La production de biens et services : les

entreprises 44

1. La catégorie des « entreprises non financières » . . . . 44 2. Les facteurs de production : travail, capital, savoir-

faire et patrimoine naturel 45

3. Le facteur travail — les secteurs d'activité 47 4. Le facteur capital — investissements et amortisse-

ments 51

5. Le facteur savoir-faire 55

6. Classification des entreprises en secteurs et branches 58

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7. Diversité et évolution des entreprises : des PME aux multinationales 60 8. Organisation et pouvoir de décision dans l'entreprise 63 9. Un exemple de groupe multinational : Rhône-Poulenc 68 CHAPITRE IV. — La consommation. Les modes de vie.... 73 1. Consommation intermédiaire et consommation finale 73

2. La notion de besoin 74

3. Les catégories socio-professionnelles 76

4. Consommation et épargne 77

5. La structure de la consommation 80

6. La distribution 81

7. Consommation et comportement social 83 8. Disparité des revenus dans les pays à économie de marché 86 CHAPITRE V. — Les échanges et leurs règlements : la monnaie,

le crédit 90

1. La monnaie 90

2. Le crédit 95

3. La masse monétaire 100

CHAPITRE VI. — Mesure et formation des prix : l'inflation 107 1. La mesure des prix : les indices INSEE et CGT 107 2. Formation des prix en concurrence parfaite 112 3. Relations entre l'offre et les coûts de production.. 118 4. Formation des prix en concurrence imparfaite... 123 5. Niveau des prix et masse monétaire : la théorie

quantitative 126

6. L'inflation 126

CHAPITRE VII. — Comptabilités nationales et mesures des

disparités internationales 13 9

1. L'objet de la comptabilité nationale 139 2. Les principaux agrégats de la comptabilité nationale

française 140

3. Le circuit économique complet 142 4. Le tableau des échanges interindustriels ... 145

(8)

5. Les limites de la comptabilité nationale 147 6. Les écarts de ressources entre pays mesurés par

leur PNB 149

7. Le pilotage de l'économie nationale : le budget et les

plans 153

CHAPITRE VIII. - Les relations internationales économiques

et financières 158

1. Le commerce international et la division mondiale

du travail 158

2. Les règlements monétaires internationaux 163 3. Les organismes internationaux de coopération éco-

nomique et financière : GATT, Banque mondiale,

FMI, CNUCED 169

4. Les organisations économiques régionales : OCDE,

CEE, COMECON 173

CHAPITRE IX. — La croissance et les crises : la théorie de Keynes et la période post-keynésienne 183 1. Les cycles économiques et la théorie classique.... 183 2. La crise de 1929 et la théorie de Keynes 187 3. Les critiques de la théorie keynésienne 193 CHAPITRE X. - L a crise économique 1973-1975 et la remise en

cause des doctrines keynésiennes 196

1. Le constat : la plus forte crise depuis 1929 196 2. La recherche des responsables : crise de croissance

ou crise de système ? 200

3. 1976 : la sortie du tunnel : r é ' . a ou guérison ? 205 BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE . . . fe h . Y. h 1^1 211

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Introduction

« L'étude de la Science économique ne semble pas requérir de dons particuliers très poussés ; n'est-elle pas très facile comparée aux cimes de la philosophie ? C'est une matière facile mais où peu excellent. » John Maynard KEYNES.

« Chaque économiste, pris séparément, était habile dans sa démonstration, catégorique dans sa conclusion, convain- cant dans sa description. Mais prises ensemble les thèses des économistes se révélaient incompatibles les unes avec les autres », écrit Jean-François Revel dans La tentation totalitaire1, évoquant les colloques d'économistes qui se multipliaient lors de la crise de 1973-1975.

Ainsi, après des siècles de développements économiques sans précédents dans l'histoire de l'humanité, l'Economie pouvait encore faire penser à la Médecine que décrivait Molière dans Le malade imaginaire.

Pourtant, depuis le XVIIIe siècle, l'analyse économique a connu des progrès considérables grâce aux travaux des économistes « classiques » Adam Smith, David Ricardo, John Stuart Mill, Alfred Marshall, des économistes socia- listes Charles Fourier, Marx, Lénine et, entre les deux guerres, de Keynes et Schumpeter.

Après la seconde guerre mondiale, les progrès se sont accélérés sous l'impulsion de chercheurs comme Leontief, Timbergen, Galbraith, Samuelson, Friedman qui ont pu bénéficier de l'impressionnant appareil statistique mis en place depuis 1945 et de la puissance de calcul des ordinateurs.

L'absence de crise de dimension mondiale depuis celle

I. Robert LAFFONT édit. (1976).

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de 1929 jusqu'à 1973 avait permis à certains de parler de

« science économique », c'est-à-dire de penser que les principales variables économiques, comme l'investissement, l'épargne, le revenu, le taux de chômage, le niveau des prix, la masse monétaire, etc., pouvaient être reliées au moyen de relations à caractère mathématique. Ainsi semblait-il possible de concevoir des modèles économiques permettant de déterminer rationnellement les mesures conduisant à la réalisation optimale des objectifs économiques que l'on s'était fixés.

La crise de 1973 a démontré que malgré les progrès réa- lisés le pilotage de l'économie restait un exercice périlleux.

En effet, les difficultés d'établir le diagnostic d'une situation économique et de déterminer les actions à entre- prendre résultent d'une part du fait que l'économie est au cœur du débat politique, d'autre part de la nature même des

« lois économiques » qui découlent du comportement de

« l'homme économique », à la fois producteur et consomma- teur, dont les sociologues et les spécialistes de marketing ont montré la complexité et l'aspect évolutif. Dans un monde en mutation, les besoins, les motivations, les attitudes, qui constituent le ressort du comportement social, restent sou- vent difficiles à cerner.

Toutefois, en dépit de ces difficultés, les phénomènes économiques sont à présent beaucoup mieux connus, et leur analyse, si elle laisse subsister certaines divergences, permet généralement de dégager un certain nombre de faits et relations fondamentaux pour lesquels les appréciations sont concordantes. L'analyse est complexe car la situation économique résulte de l'interférence de nombreux facteurs structurels (richesse naturelle, démographie, organisation sociale, infrastructures...) et conjoncturels (politique, climat, formation, etc.). L'étude en profondeur de ces facteurs, de leurs corrélations et de leurs influences sur les équilibres économiques semble difficile sans avoir au préalable une appréhension synthétique du mécanisme économique dans son ensemble.

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Tel est l'objectif de cet ouvrage qui se propose de pré- senter aux étudiants abordant un enseignement économique spécialisé (facultés de sciences économiques, grandes écoles commerciales, instituts d'études politiques) une première approche des mécanismes de l'économie de marché, et de leur fournir les faits et chiffres les plus significatifs qui leur permettront de nourrir leur réflexion et d'aborder les ouvrages spécialisés. Les mécanismes de l'économie de marché s'adresse également aux non-économistes, étudiants pour lesquels l'économie ne constitue pas la spécialité, et plus généralement à ceux qui souhaitent comprendre le fonc- tionnement du système économique, parce qu'ils savent à quel point il oriente les valeurs de notre société et façonne notre existence quotidienne.

Cette double exigence nous a conduit à réaliser un ouvrage bref et synthétique, définissant au préalable les termes économiques utilisés, et dégageant les faits et rai- sonnements essentiels à la compréhension, à la lumière des éclairages apportés par des disciplines connexes comme les sciences sociales et le marketing.

Après un tour d'horizon historique, politique, écono- mique et social depuis l'époque pastorale jusqu'à la consti- tution des sociétés multinationales que nous connaissons aujourd'hui, sont présentés les acteurs de la vie économique, et analysés les échanges et leurs règlements, aux plans nationaux et internationaux, et les équilibres économiques et sociaux qui en résultent. Les derniers chapitres traitent de l'évolution économique, croissances et crises, à la lumière de la théorie keynésienne et des enseignements de la crise de 1973. Et puisque le rationalisme cartésien auquel nous sommes habitués réclame des définitions bien « carrées », nous définirons l'économie de marché comme un système dans lequel chacun est libre d'entreprendre et de posséder, où les produits et les services échangés, les niveaux de production et les prix résultent du libre jeu de l'offre et de la demande, un système dans lequel l'objectif le plus fréquent de l'entrepreneur est le profit. (On rencontre

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parfois d'autres objectifs tels que le souhait de conserver un patrimoine familial, le désir de puissance, la volonté de jouer un rôle politique ou social, etc.)

En économie de marché, le profit est considéré comme la sanction d'une bonne gestion (décisions d'investissement, de lancement de produits nouveaux, d'organisation industrielle et administrative, etc.) qui bénéficie à la collectivité en général et à l'entreprise en particulier, dans la mesure où il correspond à un accroissement du « gâteau » à se partager.

La répartition du profit, d'une part entre les partenaires de l'entreprise, salariés et détenteurs du capital, d'autre part entre ces partenaires et la collectivité nationale, voire internationale, constitue un problème essentiel auquel se rattache celui du pouvoir dans l'entreprise et plus généra- lement dans la cité.

A ces questions, dont les implications morales sont évi- dentes, répondent de multiples réglementations économiques et sociales qui limitent plus ou moins fortement le pouvoir de décision des entreprises et les disparités des revenus et de responsabilité des citoyens : aussi les pays à économie de marché présentent-ils des aspects aussi variés que celui de la société suédoise, la moins inégalitaire, celui des sociétés d'Europe occidentale et des Etats-Unis dans lesquelles la majorité des habitants déclarent appartenir à la classe moyenne, ou encore des sociétés brésilienne et iranienne dirigées par une petite classe possédante dont les revenus et les droits sont sans aucune mesure avec ceux de la grande masse des citoyens.

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CHAPITRE PREMIER

De l'économie pastorale aux sociétés multinationales

« Il peut y avoir de la honte à être heureux tout seul. »

Albert CAMUS, La peste, IV.

I. LA NAISSANCE DE L'ENTREPRISE MODERNE : LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE

A) La révolution industrielle : une profonde mutation qui a façonné le visage du monde contemporain On a coutume d'appeler révolution industrielle la pro- fonde mutation qu'ont connue les pays européens, à la suite de la Grande-Bretagne et de la France au début du xixe siècle. En fait, cette mutation s'est accomplie sur plus d'un siècle, en un mouvement accéléré qui a bou- leversé les modes de vie, modifié l'équilibre sociologique de tous les pays, orienté le cours de l'histoire en donnant naissance au capitalisme, au colonialisme et au socialisme. L'histoire de la révolution industrielle est bien connue.

Nous nous contenterons donc d'en rappeler les causes essentielles et de souligner les conséquences profondes qui ont modelé le visage de la société contemporaine : le capi- talisme libéral, le néo-capitalisme, la voie socialiste, le « Tiers-Monde ».

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B) Le dix-huitième siècle en Europe : des facteurs de changement convergeant en un mouvement irrésistible I. Naissance du culte de la science et explosion démo- graphique. — Avec la Renaissance, les mentalités commen- cent à évoluer, la connaissance devient vertu. La philosophie scientiste prend corps, renforcée par les premières décou- vertes techniques et médicales. L'idée de l'homme dominant et maîtrisant le monde se répand. Les progrès de l'hygiène et de la médecine réduisent les risques d'épidémie et font rapidement décroître la mortalité.

L'Europe connaît alors une véritable explosion démo- graphique qui va l'obliger à remettre en question ses tech- niques agricoles dans un premier temps, et de proche en proche l'ensemble de ses structures.

2. Abandon de la jachère, enrichissement des propriétaires terriens et paupérisation des paysans sans terre. — L'accrois- sement rapide de la population rend nécessaire une amé- lioration radicale de la production agricole. La culture extensive, fondée sur le principe de la jachère triennale, est abandonnée au profit de l'agriculture intensive caractérisée par des cultures permanentes. De même l'élevage s'améliore grâce à la culture de plantes fourragères. La suppression des terres en jachère a des conséquences indirectes consi- dérables : les propriétaires terriens entourent leurs terres de clôtures (grâce à la loi des « enclosures » en Grande- Bretagne et au partage des terres de l'Eglise après la Révo- lution en France), ce qui favorise les attitudes individualistes au détriment de l'esprit communautaire, mais surtout prive de terrain de pacage les paysans sans terre. Ces derniers sont donc contraints de vendre leurs bêtes et de quitter leur terroir pour les villes où ils vont constituer un réservoir de main-d'œuvre inemployée et bon marché. Les proprié- taires terriens s'enrichissent et constituent une épargne qui facilitera le démarrage du processus d'industrialisation.

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3. Début du machinisme et éclatement des corporations. — Le XVIIIe siècle est marqué par des innovations techno- logiques de première grandeur qui vont progressivement transformer les manufactures traditionnelles en usines mécanisées.

C'est d'abord l'utilisation généralisée du coton qui se développe avec l'invention du métier à tisser mécanique, puis la naissance de l'industrie sidérurgique (en particulier en Grande-Bretagne qui dispose de très importantes réserves de houille) et les premières applications industrielles de la machine à vapeur aux locomotives.

Le XIXe siècle verra les véritables débuts du machinisme, en particulier les industries mécaniques, la mise en place des réseaux de chemin de fer, le remplacement de la marine à voile par les paquebots, la naissance des télécommuni- cations et de l'électricité.

Toutes ces innovations provoquent des déséquilibres croissants et conduisent à la remise en cause des structures sociales. Les organisations de travailleurs, les « corpora- tions », attachées à leurs traditions, leurs méthodes, leurs privilèges, constituent un frein à l'industrialisation. Leur résistance sera brisée, parfois avec violence.

Tout au long du XVIIIe siècle et dans la première partie du xixe siècle, les règlements très stricts qui en Grande- Bretagne comme en France définissaient la qualité d'artisan ou de compagnon, les conditions de travail, les droits et devoirs des travailleurs, et les normes de qualité des produits, sont progressivement abolis. Il faudra attendre la fin du xixe siècle pour que se reconstituent des organisations ouvrières capables de prendre en charge la défense des travailleurs.

4. L'urbanisation et l'avènement de la bourgeoisie. — Conséquence de l'augmentation des rendements agricoles provoquée par la mécanisation de la culture, les campagnes se dépeuplent au profit des villes. Les paysans se font ouvriers. Les bourgeois se font entrepreneurs industriels

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et constituent la classe dirigeante (la population paysanne représentait plus de 90 % de la population au XVIIIe siècle.

De nos jours, elle représente moins de 20 % dans les pays industrialisés).

C) Le nouvel équilibre social au dix-neuvième siècle : la bourgeoisie triomphante et l'aliénation ouvrière 1. La bourgeoisie détentrice du pouvoir économique et politique. — Les bouleversements entraînés par la révolution industrielle peuvent être résumés par quelques chiffres : entre le début et la fin du xixe siècle, la population des pays industriels triple. Durant la seconde moitié du xixe siècle, la production industrielle quintuple, le commerce mondial décuple et les revenus réels moyens doublent presque.

La source de richesse n'est plus seulement la propriété des terres, mais avant tout l'industrie, la banque, le négoce.

La bourgeoisie qui détient le savoir et l'argent triomphe face à une classe ouvrière désorganisée. Après le pouvoir économique, elle détient aussi le pouvoir politique et gou- verne directement ou par personnes interposées — ce sont les deux cents familles en France, les maîtres des forges en Allemagne, les rois des chemins de fer et du pétrole aux Etats-Unis.

2. La doctrine libérale : « Laisser faire, laisser passer ».

— La bourgeoisie, nouvelle classe dominante, fait prévaloir ses principes. C'est la doctrine libérale qui peut être résumée par la formule célèbre : « Laisser faire, laisser passer. » Laisser faire, cela signifie liberté d'entreprendre et de pro- duire ce qui est le plus générateur de profit, en n'acceptant d'autre loi que la loi du marché.

En d'autres termes, les réglementations étatiques ne doivent pas orienter l'économie en fonction de priorités nationales, ou à partir de conceptions morales de ce qui serait souhaitable pour l'homme. Le libre jeu du marché doit permettre d'arriver automatiquement au meilleur équilibre.

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Cet équilibre se traduira dans les faits par un enrichissement continu de la classe bourgeoise alors que subsistent misère, chômage et journées de travail de douze heures. Laisser passer signifie l'abolition de toutes les réglementations qui empêchaient les transferts de céréales d'une région à l'autre et taxaient lourdement les échanges internationaux. C'est la doctrine libre-échangiste dont la Grande-Bretagne se fera le champion et que les autres pays finiront par adopter avec plus ou moins de bonne volonté. Cette doctrine marquera l'essor du commerce international et permettra de produire massivement pour des marchés mondiaux. Elle engendrera en particulier la division mondiale du travail, chaque pays devant produire en priorité les biens pour lesquels il est le plus doué (ou le moins défavorisé). La Grande-Bretagne sera à la fin du xixe siècle le pourvoyeur industriel d'une grande partie du monde alors que son agriculture ne lui permettra plus de nourrir que la moitié de sa population.

Aussi les pays industriellement en avance, en vendant très cher les produits manufacturés et en payant mal les matières premières, accumuleront une richesse considérable.

3. La nouvelle morale sociale : « Enrichissez-vous ». — La nouvelle morale met en valeur la propriété et exalte les vertus du travail et de la famille. C'est l'époque du slogan de Guizot : « Enrichissez-vous. » La richesse est consi- dérée comme un don du ciel, la récompense des efforts, la reconnaissance de ses droits et de ses succès.

Le droit se fonde sur la propriété, pierre de touche du système, le travail étant considéré comme un facteur de production et non comme donnant droit à participer aux décisions.

4. La désorganisation et l'aliénation de la classe ouvrière.

— L'essor économique se traduit pour la plupart des ouvriers par des conditions de travail extrêmement pénibles et des salaires proches du seuil de subsistance, mais qui représentent malgré tout une amélioration sensible de leur niveau de vie.

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Sur le plan social et politique, la classe ouvrière, déso- rientée par la rapidité des progrès et l'éclatement des structures traditionnelles de travail, n'a pas encore réussi à s'organiser afin de lutter contre la toute-puissance des patrons et de jouer sur le plan politique le rôle correspondant à son importance.

Le syndicalisme ne commencera à s'organiser que vers 1850. Il regroupe 200 ooo adhérents en France vers la fin du siècle et devient alors une force significative. A la veille de la première guerre mondiale, la France compte plus de 1,5 million d'ouvriers syndiqués. Un mouvement semblable se dessine en Grande-Bretagne, en Allemagne et aux Etats-Unis.

2. LE TRIOMPHE DU CAPITALISME LIBÉRAL : 1870-1929

Après 1870 et l'écrasement de l'insurrection de la Commune de Paris (juin 1871), la doctrine du capitalisme libéral triomphe en Europe et aux Etats-Unis et par le biais des colonies se répand dans le monde entier.

A) L'industrialisation en Europe et aux Etats-Unis : chemin de fer et électricité

La mise en œuvre des inventions. — Après 1870, les progrès techniques s'accélèrent. Les inventions passent au stade industriel, les grands ensembles économiques se constituent.

Les inventions se multiplient et leur mise en œuvre se développe pour atteindre la dimension industrielle. Les chemins de fei, l'électricité, l'automobile, le téléphone, la radio bouleversent les modes de vie et jettent les bases de la société industrielle du xxe siècle.

Le développement économique est particulièrement spectaculaire en Europe occidentale et aux Etats-Unis. Le chemin de fer relie toutes les grandes villes d'Europe.

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Le transsibérien et les trains joignant les côtes est et ouest des Etats-Unis entrent dans la légende.

Les grandes sociétés atteignent la dimension interna- tionale et la bourse de New York commence à concurrencer celle de Londres.

Les paquebots qui ont définitivement supplanté la marine à voile sillonnent les mers du globe et permettent de décupler le commerce international.

B) Le colonialisme politique

En Europe, la production de masse nécessite rapidement, pour poursuivre son extension, de nouvelles sources de matières premières et de nouveaux débouchés. Les terri- toires nationaux étant relativement exigus, c'est la course aux colonies qui fera passer sous la domination européenne la quasi-totalité des pays d'Afrique et d'Asie. La Grande- Bretagne et la France se taillent la part du lion, suivies par la Belgique, la Hollande, etc. Les colonies vont subir brutalement les effets de la révo- lution industrielle. Leur mise en valeur et leur exploitation commencent. Elles profiteront certes de l'avance techno- logique des colonisateurs, ce qui leur permettra de rattraper une partie de leur retard mais la mise en valeur du pays profite essentiellement aux colonisateurs et à une élite locale.

C) Le colonialisme économique

Par contre, les Etats-Unis disposent de vastes marchés intérieurs alimentés par la forte immigration. Le problème des débouchés se pose donc plus tard qu'en Europe. Il n'y a plus guère de colonies disponibles. Mais les Etats d'Amérique centrale et d'Amérique du Sud, divisés, ont pris un retard technologique considérable. Ils constitueront les colonies économiques des grandes sociétés des Etats- Unis, dont le gouvernement fédéral encourage les initiatives, sans trop intervenir directement, ce qui serait contraire à la doctrine des pères fondateurs de la nation (Jefferson,

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Washington) auxquels les Américains sont très attachés.

Les grandes sociétés américaines feront de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud leur « chasse gardée », leur pouvoir étant parfois supérieur à celui des gouver- nements des Etats de ces pays. Elles contrôlent ainsi l'exploi- tation des fruits, du pétrole, du cuivre, etc. Politiquement ces Etats restent indépendants, mais leurs gouvernements doivent avoir l'agrément implicite des Etats-Unis. C'est ce qu'exprime le président Monroe par son slogan : « L'Amé- rique aux Américains. »

Il faudra attendre les années 1960 pour qu'un régime hostile aux Etats-Unis parvienne à s'imposer : le régime socialiste cubain dirigé par Fidel Castro. Depuis, certains régimes cherchent à échapper à l'influence des Etats-Unis, en particulier depuis 1973 (cas du Mexique), mais ces ten- tatives sont vouées à l'échec (Salvador Allende, président du Chili, est assassiné en 1973 et son régime renversé) ou encore assez timides.

D) Le capitalisme sauvage

1. La constitution de la puissance américaine. — L'afflux des immigrants a fait doubler en un siècle la population des Etats-Unis.

La mécanisation de l'agriculture et la mise en valeur des immenses richesses minières du territoire (houille, fer, pétrole) en font dès 1918 la première puissance mondiale.

Cette croissance formidable et anarchique est accom- pagnée de spéculations boursières et immobilières excep- tionnelles — elle ne conçoit d'autre loi que celle du profit.

Elle permet à quelques hommes clairvoyants, habiles, entre- prenants, et sans scrupules excessifs, de devenir millionnaires en dollars au xixe siècle. Le roi des chemins de fer Cornelius Van der Bilt, parti de rien, avait à sa mort en 1877 plus de 100 millions de dollars (à une époque où un ouvrier gagnait environ 400 $ par an). Au xxe siècle, les grandes for- tunes ont nom Rockefeller, Getty, Onassis, etc.

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2. Les raisins de la colère. — Pendant que se constituent ces fortunes grandioses, les classes ouvrière et agricole ne recueillent que les miettes du festin. Les conditions de travail restent très pénibles, les salaires, malgré leur aug- mentation, sont encore très faibles. La spéculation, l'arrivée irrégulière d'immigrants, l'absence de lois sociales efficaces ont pour conséquence un marché de l'emploi perturbé où manque de main-d'œuvre et chômage se succèdent. La classe ouvrière, qui se renforce, s'organise. Le début du xxe siècle (parfois la fin du xixe siècle) marque la naissance de puissants mouvements syndicaux en Europe et aux Etats-Unis dont certains constituent encore de nos jours de puissantes forces (CGT en France, AFL-CIO aux Etats- Unis, etc.).

E) La crise de 192g

La croissance désordonnée des économies occidentales, orientée essentiellement vers les activités génératrices de profit, s'accélère au début du xxe siècle, alors que le pouvoir d'achat de la masse des salariés reste trop faible pour acquérir ces biens produits en masse. Dans de nombreux domaines industriels et agricoles, les Etats-Unis et à leur suite les pays d'Europe occidentale connaissent des crises de surproduction, alors que subsiste une large pénurie.

Ces crises trouvent un remède provisoire dans la guerre de 1914-1918. Une fois la reconstruction des économies atteintes par la guerre achevée, la crise s'amplifie et atteint en 1929 l'ampleur d'une catastrophe internationale. Elle se traduit par une chute massive de la production et du niveau des revenus et une montée en flèche du chômage. Elle ne prendra fin qu'en 1934, après la liquidation des stocks, la disparition de nombreuses entreprises, la restructuration des économies occidentales et l'adoption d'une nouvelle politique économique connue aux Etats-Unis sous le nom de New Deal.

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La crise de 1973-1975 a marqué la fin de la période de - croissance exceptionnelle d'après-guerre. Comme en 1929, chacun s'interroge. La théorie de Keynes semble impuissante à expliquer la situation actuelle, alors que la multiplication de théories contradictoires et l'avalanche d'informations éco- nomiques et sociales diffusées par les mass-media ne facilitent pas l'appréhension globale des phénomènes économiques.

Les mécanismes de l'Economie de Marché, ouvrage d'un enseignant qui est aussi un praticien de la gestion des entre- prises, se propose de présenter de manière synthétique les faits et chiffres essentiels et les mécanismes fondamentaux qui régissent les économies de marché. L'approche retenue, s'inspirant des données récentes du marketing et des sciences sociales, doit permettre aux étudiants et cadres d'entreprises d'aborder de manière pratique les phénomènes économiques et de jeter les bases de futurs développements théoriques.

Pierre Azoulay est chef de département à l'Ecole supé- rieure de Commerce de Paris et ingénieur conseil. Il a publié aux Presses Universitaires de France : Les modèles de déci- sion dans l'entreprise, avec P. Ponthus, et Recherche opéra- tionnelle de gestion, avec P. Dassonville.

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