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Les pays post-communistes en mal de développement

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Academic year: 2022

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REVUE FRANÇAISE DE SOCIO-ÉCONOMIE

Revue française de socio-économie

Appel à contribution

Les pays post-communistes en mal de développement

Les réflexions sur le développement ont été mises à rude épreuve par les évolutions ayant ponctué les dernières décennies du XXe siècle : émergence de nouvelles puissances économiques, crises financières en Asie du Sud-est, quasi-échec des politiques d’ajustement structurels, stagnation économique dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne et d’Amérique latine, etc. Mais c’est sans aucun doute l’effondrement de l’Empire soviétique et de ses pays satellites qui constitue le défi le plus marquant pour ceux qui s’interrogent sur le développement : le passage de ces pays à l’économie de marché n’a pas été anticipé, la théorisation des transformations en cours semble marquer le pas.

Les théories du développement sont arrivées à un tournant décisif. Avec la fin de la guerre froide, l’opposition entre centre et périphérie perd de son sens, celle entre un Nord riche et un Sud soucieux de sortir du « sous-développement » est remise en question. La globalisation, elle, brouille encore davantage les repères et rend caduques les catégories d’analyse traditionnelles. Des poches de pauvreté se créent dans les pays riches, tandis que des opportunités d’enrichissement sans précédent émergent dans les pays pauvres. Les questions posées par les théories du développement — dualisme, segmentation des marchés, pratiques informelles, exclusion, etc. — sont d’actualité dans les pays dits riches, et elles le sont tout autant, sinon plus, dans les pays post-communistes. Le développement n’est plus pensé en termes de rattrapage où la croissance est supposée déterminante. Il renvoie, d’une part, à des questions requérant des solutions globales, tels que les « maladies sans frontières », les migrations, la pollution, le réchauffement climatique, etc. Il questionne, d’autre part et au niveau local, des paramètres tels que les « capabilités » et la garantie des droits individuels (de propriété notamment). Pour mesurer les avancées, les analyses tiennent de plus en plus compte de la perception qu’ont les populations de leurs conditions de vie.

Or, dans les pays post-communistes, cette perception se situe en deçà des attentes que pouvait éveiller l’effondrement de l’URSS. Certes, après les chocs multiples des années quatre-vingt- dix, les « taux de croissance » sont souvent remarquables et des domaines tels que l’éducation, la santé, la protection sociale, le logement ont pu connaître certaines améliorations. Mais le développement — dans le sens d’une réduction des inégalités et d’un mieux-aller pour toutes les couches sociales, notamment grâce à des créations d’emplois

« décents » — semble en panne. Indépendamment de la divergence des trajectoires nationales, se perpétuent des comportements consistant à réinterpréter des pratiques ayant fait leurs

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preuves sous le régime précédent. Patrimonialisation, clientélisme, logiques rentières, agissements en marge de la légalité, en sont les traits saillants, rappelant que pratiques économiques et sociales sont étroitement imbriquées. Misant, à des degrés variables, sur le marché et l’intégration de l’économie dans des réseaux globalisés, promouvant pour cela des normes qui se veulent universelles, les décideurs semblent avoir sous-estimé la difficulté de mener de front le passage à l’économie de marché et l’introduction de principes démocratiques.

Dans les contributions attendues, il s’agira d’interroger le développement à l’aune des événements qui se sont produits, dans les pays post-communistes, au cours des deux dernières décennies. Les analyses concerneront les pays de la Communauté des Etats indépendants et ceux de l’Europe du Sud-est (dont la Bulgarie et la Roumanie). Sont exclus les pays d’Europe centrale et les pays baltes.

Plusieurs entrées peuvent être envisagées :

On peut s’interroger tout d’abord sur la manière avec laquelle les décideurs nationaux modulent les réformes néo-libérales en fonction des spécificités de leur pays, en tenant compte des aspirations des populations, ou en en faisant fi, au risque de déclencher des mouvements de contestation. Comment s’articulent et sont dosés réformes néo-libérales et processus de démocratisation ?

Cette première entrée, macro-économique, sera complétée par une approche au niveau micro, qui examinera la manière dont les acteurs — individus, familles — s’adaptent à la nouvelle donne de l’économie de marché. Quelles stratégies déploient-ils pour reproduire la cellule familiale et pour lutter contre le déclassement social, comment résistent-ils à des normes largement allogènes auxquelles ils ne sont pas toujours préparés, comment composent-ils avec elles ? Quels liens sont mobilisés pour arriver à des compromis acceptables ? Quelles résistances les acteurs opposent-ils aux tendances autoritaires des pouvoirs publics, de quelle manière font-ils valoir les droits qui leur sont concédés formellement ?

Une dernière entrée consistera en l’analyse des intermédiations, collectives ou individuelles, entre les décideurs et les populations. Il s’agira de décrypter le rôle des « experts » dans la transmission des normes nouvelles et l’adaptation de celles-ci au contexte local, de s’interroger sur la portée des organisations professionnelles, des syndicats et partis politiques par rapport à ce nouveau « développement » dont les contours sont largement conçus par l’extérieur et qui est susceptible d’engendrer des tensions lourdes de conséquences.

Les contributions sont attendues pour le 30 juin 2009.

Consignes aux auteurs : http://rfse.univ-lille1.fr/consignes/consignes.htm

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