SESSION 2007
CONCOURS COMMUN POLYTECHNIQUE
EPREUVE SPECIFIQUE-FILIERE PSI
MATHEMATIQUES 1
I Les suites α et β
I.1 Etude de la suiteα
I.1.1α0=1,α1=α0−1=0,α2=2α1+1=1, α3=3α2−1=2et α4=4α3+1=9.
α0=1,α1=0,α2=1 α3=2 etα4=9.
I.1.2α0etα1 sont des entiers naturels. Montrons par récurrence que∀n≥2,αn est un entier naturel non nul.
• Le résultat est vrai pourn=2.
• Soitn≥2. Supposons queαn≥1. Déjàαn+1= (n+1)αn+ (−1)n+1∈Z. De plus, αn+1≥(2+1)×1−1=2≥1.
On a montré par récurrence que
∀n∈N, αn∈N.
I.2 Etude de la suiteβ
I.2.1β0=1,β1=1!×(1−1) =0,β2=2!(1−1+1
2 =1,β3=3!(1−1+1 2−1
6) =2etβ4=4!(1−1+1 2−1
6+ 1 24) =9.
β0=1,β1=0,β2=1 β3=2 etβ4=9.
I.2.2Soitn∈N.
βn= (−1)n+(−1)n−1n+(−1)n−2n(n−1)+. . .+(−1)2n(n−1)×. . .×3+(−1)1n(n−1)×. . .×2+(−1)0n(n−1)×. . .×1∈Z.
∀n∈N, βn ∈Z. I.2.3Soitn∈N.
βn+1− (n+1)βn= (n+1)!
n+1X
k=0
(−1)k
k! − (n+1)!
Xn
k=0
(−1)k
k! = (n+1)!×(−1)n+1
(n+1)! = (−1)n+1. β0=1et∀n∈N, βn+1= (n+1)βn+ (−1)n+1.
I.2.4Les suitesαet βont même premier terme et vérifient une même relation de récurrence. Donc les suitesαetβsont égales.
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I.3 Etude deρn
I.3.1Soitn∈N. La suite(1
k!)est positive, décroissante, de limite nulle. Donc la série de terme général(−1)k
k! est alternée.
ρn est le reste à l’ordrende cette série et on sait que le signe de la somme X+∞
k=n+1
(−1)k
k! est le signe de son premier terme (−1)n+1
(n+1)!. Donc
∀n∈N, le signe deρn est(−1)n+1.
I.3.2 Soitn∈N. On sait de plus que la valeur absolue de la somme
+∞X
k=n+1
(−1)k
k! est majorée par la valeur absolue de son premier terme. Ceci s’écrit|ρn|≤
(−1)n+1 (n+1)!
ou encoren!|ρn|≤ 1 n+1.
Soit n ∈ N. Si par l’absurde on a l’égalité, alors ρn est un rationnel. Mais alors e−1 = Xn
k=0
(−1)k
k! +ρn est aussi rationnel ce qui n’est pas. Donc
∀n∈N, |ρn|< 1 n+1. 1.3.3Soitn∈N∗.
|n!e−1−βn|=
n!
+∞X
k=0
(−1)k k! −n!
Xn
k=0
(−1)k k!
=
n!
X+∞
k=n+1
(−1)k k!
=n!|ρn|< 1 n+1 ≤ 1
2. Donc
∀n∈N∗, |n!e−1−βn|< 1 2.
Comme d’autre partβn est un entier relatif d’après la question I.2.2, on a montré que
∀n∈N∗,βn est l’entier le plus proche dee−1n!.
I.4 Etude d’une fonction
I.4.1 Sur ] −1, 1[, l’équation différentielle proposée est équivalente à l’équation différentielle y′− x
1−xy = 0. Puisque la fonctionx7→ x
1−x est continue sur ] −1, 1[, le théorème deCauchy permet d’affirmer qu’il existe une et une seule fonctionfdéfinie et dérivable sur ] −1, 1[, solution sur ] −1, 1[ de l’équation(1−x)y′−xy=0 et vérifiant la condition initialef(0) =1.
Déterminons alors la fonctionf. Pourx∈] −1, 1[, posonsa(x) = − x
1−x. On aa(x) = −x+1−1
1−x =1− 1
1−x. Par suite, une primitive deasur] −1, 1[ est la fonctionA : x7→x+ln(1−x). Mais alors
fsolution⇒∀x∈] −1, 1[, f′(x) +a(x)f(x) =0⇒∀x∈] −1, 1[, eA(x)f′(x) +a(x)eA(x)f(x) =0
⇒∀x∈] −1, 1[, (eAf)′(x) =0⇒∀x∈] −1, 1[, eA(x)f(x) =eA(0)f(0)
⇒∀x∈] −1, 1[, (1−x)exf(x) =1⇒∀x∈] −1, 1[, f(x) = e−x 1−x.
∀x∈] −1, 1[, f(x) = e−x 1−x.
I.4.2fest de classeC∞ sur] −1, 1[en tant que quotient de fonctions de classeC∞ sur ] −1, 1[dont le dénominateur ne s’annule pas sur] −1, 1[.
1.4.3Soitn∈N. Pour toutxde] −1, 1[, on a(1−x)f(x) =e−x. En dérivantn+1 fois cette égalité grâce à la formule deLeibniz, on obtient
(1−x)f(n+1)(x) − (n+1)f(n)(x) = (−1)n+1e−x.
1.4.4Soit n∈N. En évaluant en0, on obtientf(n+1)(0) = (n+1)f(n)(0) + (−1)n+1. En tenant compte def(0)(0) =1, la suite(f(n)(0))est donc la suite (αn)ou encore la suite(βn)d”après la question I.2.4.
∀n∈N, f(n)(0) =βn.
II La suite γ
II.1 S1 ne contient que l’identité du singleton {1} et donc pas de permutation sans point fixe. Donc γ1 = 0. S2 est constitué de l’identité de la paire{1, 2}et de la transpositionτ1,2.τ1,2 est sans point fixe et doncγ2=1.
γ1=0 etγ2=1.
II.2 S3 est composé de l’identité de {1, 2, 3} qui a trois points fixes, des trois transpositions τ1,2, τ1,3 et τ2,3 qui ont exactement un point fixe et des deux permutations circulaires(2 3 1)et(3 1 2)qui n’ont pas de point fixe. Ainsi,
γ3=2.
II.3
II.3.1Soitσune permutation de{1, 2, 3, 4}. σa exactement deux points fixes si et seulement si σfixe deux élémentsaet bde{1, 2, 3, 4} et la restriction deσà {1, 2, 3, 4} \ {a, b}est une permutation sans point fixe de{1, 2, 3, 4} \ {a, b}. Comme il y a
4 2
=6choix des deux points fixes et queγ2=1, le nombre de permutations de{1, 2, 3, 4}ayant exactement deux points fixes est
4 2
×γ2=6.
S4contient6 permutations ayant exactement deux points fixes.
II.3.2 Soit σ une permutation de {1, 2, 3, 4}. σ a exactement un point fixe si et seulement si σ fixe un éléments a de {1, 2, 3, 4} et la restriction de σ à {1, 2, 3, 4} \ {a} est une permutation sans point fixe de {1, 2, 3, 4} \ {a}. Comme il y a 4
1
=4 choix du point fixe et que γ3= 2, le nombre de permutations de {1, 2, 3, 4}ayant exactement un point fixe est 4
1
×γ3=8.
S4contient 8permutations ayant exactement un point fixe.
II.3.3 Il y a 4! = 24 permutations de {1, 2, 3, 4}. Une permutation a 4 points fixes. Aucune n’a exactement trois points fixes (car le point restant est obligatoirement fixe).6 ont exactement deux points fixes et 8 en ont exactement1. Donc γ4=24−6−8−1=9.
γ4=9.
II.4 Relation entre lesγk
II.4.1∀n∈N, card(Sn) =n!.
II.4.2Soitσ∈ Sn. Soitk∈J1, nK.σa exactementkpoints fixes si et seulement siσfixe k éléments a1, . . . ,akdeJ1, nK et la restriction deσàJ1, nK\ {a1, . . . , ak}est une permutation sans point fixe deJ1, nK\ {a1, . . . , ak}. Comme il y a
n k
choix deskpoints fixes, le nombre de permutations deJ1, nKayant exactementkpoints fixes est n
k
×γk. II.4.3 En classant les permutations de J1, nK en fonction du nombre de leurs points fixes, on a alors
Xn
k=0
n k
γk = card(Sn) =n!.
∀n∈N, Xn
k=0
n k
γk=n!.
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II.5
II.5.1Soitn∈N. 0≤γn ≤ Xn
k=0
n k
γk =n!et donc 0≤ γn
n! ≤1. Ceci montre que le rayon de convergence de la série entière
+∞
X
n=0
γn
n!xn est supérieur ou égal à 1.
II.5.2h est développable en série entière sur] −1, 1[en tant que produit de fonctions développables en série entière sur ] −1, 1[. Effectuons alors le produit de Cauchydes deux séries entières de l’énoncé. Pourx∈] −1, 1[, on obtient
h(x) =exg(x) =
+∞X
n=0
1 n!xn×
+∞X
n=0
γn
n!xn = X+∞
n=0
Xn
k=0
1 (n−k)!
γk
k!
! xn=
+∞X
n=0
1 n!
Xn
k=0
n k
γk
! xn
= X+∞
n=0
xn.
II.5.3Pourx∈] −1, 1[, on a doncexg(x) = 1
1−x puisg(x) = e−x 1−x.
∀x∈] −1, 1[, g(x) = e−x
1−x =f(x).
On sait déjà que le rayonRde la série de somme gest supérieur ou égal à 1. Mais lim
x→1 x<1
g(x) = lim
x→1 x<1
e−x
1−x = +∞et on a aussiR≤1. Finalement
R=1.
II.5.4Soitn∈N. D’après la question I.4.4, on a γn
n! = g(n)(0)
n! = f(n)(0) n! = βn
n!, et donc
∀n∈N, γn=βn =n!
Xn
k=0
(−1)k k! .
II.5.5Quandntend vers+∞,γn
n! = βn
n! tend vers1
e 6=0. La série de terme généralγn
n! est donc grossièrement divergente.
La fonctiongn’est pas définie en1.
II.5.6De même
(−1)nγn
n!
ne tend pas vers0et la série de terme général (−1)nγn
n! est grossièrement divergente.
La fonctiongn’est pas définie en−1.
II.5.7γ5=α5=5α4−1=44,γ6=6γ5+1=265, γ7=7γ6−1=1854puisγ8=8γ7+1=14833.
γ8=14833.
III Sur δ
n= e
−1n! − β
nIII.1 La série X
n≥0
vn
III.1.1Soitn∈N.0≤Jn = Z1
0
xnexdx≤ Z1
0
xne dx= e
n+1. Comme e
n+1 tend vers0 quandntend vers+∞,
n→lim+∞Jn=0.
III.1.2Soitn∈N. Pour tout réelxde[0, 1], on axn+1ex≤xnex et donc par croissance de l’intégraleJn+1≤Jn. Ainsi, la suite(Jn) = ((−1)n+1vn)est une suite positive décroissante de limite nulle. On en déduit que la série de terme général vn = (−1)n+1Jn converge en vertu du critère spécial aux séries alternées.
III.2 Estimation intégrale de δn
III.2.1La formule deTaylor-Laplaceappliquée àa=0,b=xet la fonctiont7→etfournit
∀n∈N, ∀x∈R, ex= Xn
k=0
xk k! +
Zx 0
(x−t)n n! etdt.
III.2.2En évaluant en−1 on obtient
e−1= Xn
k=0
(−1)k k! +
Z−1 0
(−1−t)n
n! etdt= βn
n! −(−1)n n!
Z0
−1
(1+t)n n! etdt
= βn
n! −(−1)n n!
Z1 0
xn
n!ex−1dx(en posantx=1+t)
= βn
n! −(−1)n
en! Jn= βn
n! + vn
en!, et donc
δn=n!e−1−βn= vn
e .
∀n∈N, δn = vn
e .
III.3 Sur la série X
n≥0
δn Puisque la série de terme généralvn est convergente, il en est de même de la série de terme généralδn.
Déterminons un équivalent deJn quand ntend vers+∞. Une intégration parties fournit Jn+1=
xn+1ex1
0− (n+1) Z1
0
xnexdx=e− (n+1)Jn. CommeJn+1tend vers0,(n+1)Jn tend verse quandntend vers+∞. Par suite
|vn|=Jn ∼
n→+∞
e n+1 ∼
n→+∞
e n.
On en déduit que la série de terme général|vn| diverge ou encore que la série de terme généralvn n’est pas absolument convergente. Il en est de même de la série de terme généralδn.
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III.4 Sur la série X
n≥0
|δn| n
III.4.1Quandntend vers+∞, |δn| n = |vn|
en ∼ 1
n2. Par suite la série de terme général |δn|
n converge.
III.4.2
III.4.2.1La fonctionx7→exln(1−x)est continue sur[0, 1[ et quandxtend vers1 par valeurs inférieures, exln(1−x) =O
1
√1−x
. On en déduit l’existence de l’intégrale impropreA.
III.4.2.2Pour tout réelxde[0, 1[, on a
−exln(1−x) =
+∞
X
n=1
xnex n . Pourx∈[0, 1[et n∈N∗posons alorsfn(x) = xnex
n .
• chaque fonctionfn est continue et intégrable sur[0, 1[(car prolongeable par continuité en1)
• Puisque Z1
0
|fn(x)|dx= 1 n
Z1 0
xnexdx= Jn
n = e|δn|
n , la série de terme général Z1
0
|fn(x)|dxest convergente. D’après un thèorème d’intégration terme à terme, on peut alors écrire
A= X+∞
n=1
Z1 0
fn(x)dx=
+∞X
n=1
Jn
n =e
+∞X
n=1
|δn| n , et donc
+∞X
n=1
|δn| n = A
e = −1 e
Z1 0
exln(1−x)dx.
III.4.3Puisque (−1)n
n!(n+1)2 =o( 1
n2), la série de terme général (−1)n
n!(n+1)2est absolument convergente et donc convergente.
En posantt=1−x, on obtient déjà A= −
Z1 0
exln(1−x)dx= − Z0
1
e1−tlnt ×−dt= −e Z1
0
e−tlnt dt.
Pour tout réeltde]0, 1], on a
−e−tlnt=
+∞
X
n=0
−(−t)nlnt n! . Pourt∈]0, 1]et n∈Nposons alorsgn(t) = −(−1)ntnlnt
n! .
• Chaque fonctiongn est continue et intégrable sur]0, 1](car dominée par 1
√t en0).
• Calculons alorsKn=n!
Z1 0
|gn(t)|dt= Z1
0
−tnlnt dt.
Soitεun réel de]0, 1[. Une intégration par parties fournit
− Z1
ε
tnlnt dt=
−tn+1 n+1lnt
1
ε
+ 1 n+1
Z1 ε
tndt
= (ε)n+1
n+1 ln(ε) + 1
(n+1)2 1−εn+1 .
Quandεtend vers0, on obtient− Z1
0
tnlnt dt= 1
(n+1)2 et finalement Z1
0
|gn(t)|dt= 1
n!(n+1)2. Ainsi
+∞
X
n=0
Z1 0
|gn(t)|dt <+∞et d’après un théorème d’intégration terme à terme, on a
A=e
+∞
X
n=0
Z1 0
gn(t)dt=e
+∞
X
n=0
(−1)n n!(n+1)2 puis
+∞
X
n=0
(−1)n
n!(n+1)2 = A e =
+∞
X
n=1
|δn| n .
+∞X
n=1
|δn| n = A
e =
+∞X
n=0
(−1)n n!(n+1)2.
III.4.4Soitn∈N. D’après une majoration classique du reste à l’ordrend’une série alternée
X+∞
k=1
|δk| k −
Xn
k=0
(−1)k k!(k+1)2
=
+∞X
k=0
(−1)k k!(k+1)2 −
Xn
k=0
(−1)k k!(k+1)2
=
+∞X
k=n+1
(−1)k k!(k+1)2
≤
(−1)n+1 (n+1)!(n+2)2
= 1
(n+1)!(n+2)2. Pourn=3, on obtient 1
(n+1)!(n+2)2 = 1
600 et donc
+∞X
k=1
|δk| k −
X3
k=0
(−1)k k!(k+1)2
≤ 1
600. Comme X3
k=0
(−1)k
k!(k+1)2 =1− 1 4+ 1
18− 1 96 = 229
288, on a montré que
+∞
X
k=1
|δk| k −229
288
≤ 1 600.
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