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Des difficultés de la contestation périphérique dans le Mezzogiorno. L'exemple du Parti Sarde d'Action

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Academic year: 2021

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Des difficultés de la contestation périphérique dans le

Mezzogiorno. L’exemple du Parti Sarde d’Action

Christophe Roux

To cite this version:

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Des difficultés de la contestation périphérique dans le Mezzogiorno.

L'exemple du Parti Sarde d'Action

Mr Christophe Roux

Abstract

Regionalist mobilisations in Italy are quite well known in the northern part while they are almost completly neglected in the Mezzogiorno. Sardinia is a southern region in which an autonomist party (the Sardinian Party of Action) has existed since 1921. This article describes its historical genesis and its main political features (electoral performance, participation to regional government) and explains its political dynamics during the Postwar period

Résumé

En Italie, les mobilisations régionalistes sont bien connues dans la partie septentrionale mais pas dans le Mezzogiorno. La Sardaigne est la région où s'est déployée avec le plus de constance l'activité d'un parti de cette famille, le Partito Sardo d'Azione né en 1921. Cet article se propose de revenir sur la sociogenèse de ce parti et sur ses principaux traits politiques (scores électoraux, participation à l'exécutif régional), puis d'expliquer sa dynamique dans l'après-guerre.

Citer ce document / Cite this document :

Roux Christophe. Des difficultés de la contestation périphérique dans le Mezzogiorno. L'exemple du Parti Sarde d'Action. In: Pôle Sud, n°20, 2004. pp. 147-164;

doi : https://doi.org/10.3406/pole.2004.1183

https://www.persee.fr/doc/pole_1262-1676_2004_num_20_1_1183

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Des difficultés de la contestation périphérique dans le Mezzogiorno. L'exemple du Parti Sarde d'Action Christophe Roux CERAPS/IEP de Lille CIRCaP/Université de Sienne

Résumé! Abstract

En Italie, les mobilisations régionalistes sont bien connues dans la partie septentrionale mais pas dans le Mezzogiorno. La Sardaigne est la région où s'est déployée avec le plus de constance l'activité d'un parti de cette famille, le Partito Sardo d'Azione né en 1921. Cet

article se propose de revenir sur la sociogenèse de ce parti et sur ses principaux traits politiques (scores électoraux, participation à l'exécutif régional), puis d'expliquer sa dynamique dans l'après-guerre.

Regionalist mobilisations in Italy are quite well known in the northern part while they are almost completly neglected in the Mezzogiorno. Sardinia is a southern region in which an autonomist party (the Sardinian Party of Action) has existed since 1921. This article describes its historical genesis and its main political features (electoral performance, participation to regional government) and explains its political dynamics during the Postwar period

Mots-Cîésl Keywords

Italie, Mezzogiorno, parti, régionalisme, Sardaigne Italy, Mezzogiorno, party, regionalism, Sardinia

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S'intéresser aux partis régionalistes en Sardaigne ', c'est interroger un objet de plus en plus étudié dans une région à peu près inconnue, toutes thématiques confondues, en science politique stricto sensu, y compris italienne. Faute de place, nous ne

reviendrons pas sur les questions théoriques soulevées par le concept de parti régionaliste : nous renverrons ici aux considérations introductives de Romain Pasquier et

Margarita Gomez-Reino qui offrent les nécessaires éléments de généalogie. Contentons-nous de préciser ici que l'applicabilité du clivage centre-périphérie (Rokkan, 1999) — qui est à la base de l'appréhension du phénomène régionaliste dans la littérature scientifique — n'est pas problématique malgré le fait que l'Italie constitue l'archétype de l'État poly- centrique (Badie, Birnbaum, 1983): dans chacune des trois dimensions de

différenciation (culturelle, économique, politique), la région qui nous intéresse ici fait figure de claire périphérie. L'isolement dans lequel la condamne le faible développement des transports (plus que la distance qui la sépare du continent en elle-même), le

sous-peuplement chronique qui l'a toujours caractérisée (la Sicile, pour une superficie équivalente, est trois fois plus peuplée) et le manque de ressources naturelles importantes ont été

autant d'éléments structurels l'ayant installée dans cette condition.

S'interroger sur les mobilisations

régionalistes qui caractérisent cette île revient à ne pas se laisser tromper par l'effet d'emphase lié au tapage causé par la Ligue du Nord2. Si cette dernière a été le principal animateur de la thématique régionaliste en Italie ces dernières années tout en recevant une attention considérable (Diamanti, 1995; Bouillaud, 1995; Biorcio, 1997; Gomez-Reino Cacha- feiro 2002 3), il ne faudrait pas en déduire que seule la "Padanie"- où la Ligue a connu un déclin certain et ne possède que quelques bastions authentiques (Diamanti, 2003, chap. 3) - héberge de telles mobilisations. Ainsi, rappelons que deux régions septentrionales autonomes se distinguent avec plus de force et de continuité à ce niveau : le Val d'Aoste avec l'Union Valdôtaine et le Trentin Haut Adige avec le Sudtiroler Volkspartei, soit les deux seuls partis régionalistes européens qualifiés d'"hégémoniques" par Lieven De Winter et Huri Tursan (1998, p. 158) en raison de leur capacité à réunir la majorité absolue des suffrages aux élections législatives organisées respectivement dans la plus petite région d'Italie et dans la province autonome de Bolzano4.

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le Parti Sarde d'Action doxale : l'image classique est celle d'un pays

caractérisé par une faible identité nationale, en particulier du fait d'un localisme tenace et d'un campanilisme proverbial. Pourtant, non seulement cette supposée faiblesse est

contredite par les données empiriques récemment collectées qui en dévoilent la vigueur et en précisent la teneur essentiellement culturelle (Isernia, 2003), mais la Péninsule n'abrite pas un parti régionaliste fort dans chaque région, et l'on peut abonder dans le sens de

l'historien britannique Adrian Lyttleton (1996, p. 22) lorsqu'il affirme que "le vrai problème posé par le régionalisme italien est de savoir pourquoi il y en a si peu5". C'est que la fracture italienne essentielle, au niveau territorial, est celle opposant Nord et Sud, ayant fait du premier un standard de développement

économique et de bon fonctionnement politique et administratif, et du second une vaste zone en mal d'intégration malgré des politiques volontaristes d'assistance économique initiées à l'époque libérale et fortement relancées sous l'ère républicaine. L'attention des chercheurs s'est donc légitimement portée sur cette "question méridionale" qui a suscité une littérature surabondante et très diverse 6, au détriment, cependant, d'une prise en compte des nuances bien réelles que le Mezzogiorno pouvait receler et sur lesquelles de plus en plus d'auteurs insistent aujourd'hui (Viesti, 2003).

Dans le Sud, c'est l'Italie insulaire - pour reprendre un découpage d'usage dans la statistique nationale italienne — qui a fourni l'exemple de mobilisations régionalistes d'envergure. La Sicile l'a fait avec un certain succès mais pour une période de temps très limitée et dans le contexte très particulier de la transition du fascisme à la République (Dana, 1998). La Sardaigne, en revanche, présente l'intérêt d'héberger l'un des plus vieux partis régionalistes européens, le Parti Sarde d'Action (Partito Sardo d'Azione, que

nous désignerons ci-après par son acronyme officiel,"PsdAz"). Né dans l'entre-deux- guerres, son exceptionnelle longévité au sein d'une famille politique riche en

groupuscules éphémères nous offre un cas privilégié d'observation sur un plus long terme et permet d'en saisir la dynamique.

Conformément aux lignes suggérées par les

coordinateurs, après avoir retracé la sociogenèse du parti, nous nous pencherons sur ses

évolutions politiques et électorales avant d'en expliquer la dynamique.

Sociogenèse du parti Centre et périphérie en Sardaigne : un clivage dormant

Le caractère périphérique d'un territoire n'est pas une condition suffisante pour provoquer une mobilisation régionaliste. Cette précision peut sembler un truisme, mais à en croire nombre d'études focalisées sur le sujet, sous quelque terme que ce soit, se dégage une impression de naturalité et d'inéluctabilité de l'avènement des régions en Europe. Le topique de "l'Europe des régions" renvoie en fait à un décalque de la grammaire statonationale appliquée à une échelle réduite avec une double idée : d'une part, que les régions constituent un lieu de pouvoir amené à s'affirmer, voire à devenir prépondérant, dans le cadre d'une Europe qui ne serait plus caractérisée par le simple gouvernement des États ; d'autre part, qu'elles seraient destinées à être les meilleurs dépositaires d'un cadre d'identité collective. Sans nier la complexification des processus de gouvernance, notamment au niveau territorial (Hooghe, 2002; Morlino, 2003), la réalité de l'avènement de l'Europe des régions a été sérieusement mise en doute (Le Gales, Lequesne, 1997), tandis que la

reconnaissance de la qualité de nation à bon

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nombre de régions semblant dotée d'une "forte identité", si elle est commune dans le mainstream anglo-saxon et réfutée dans les vues dominant, tant en France qu'en Italie (Schnapper, 1994 ; Rusconi, 19937), reflète moins des controverses académiques que des enjeux politiques {cf. Llobera [1998] pour s'en convaincre). Par ces précautions, nous souhaitons rappeler que la ligne de fracture opposant centres et périphéries, saisis dans un cadre national 8, ne crée qu'un clivage potentiel dont les populations peuvent s'accommoder en l'absence de mobilisation l'activant, comme c'est par exemple le cas en Sicile (Lignon, 2002).

Tel fut longtemps le cas en Sardaigne. L'île fut incorporée dès 1720 aux États de la Maison de Savoie 9, élément moteur de la création du futur État italien. Toutefois, pendant presque un siècle et demi, elle restera dans une situation de transition

institutionnelle en conservant certes le principe d'une représentation proprement insulaire par groupes sociaux et convoquée sur

initiative du pouvoir de tutelle pour

l'approbation de mesures essentielles comme celle des contributions fiscales, mais en le laissant, en pratique, dans l'état de désuétude qui avait caractérisé les dernières décennies de la domination de Madrid. C'est dans les années 1847-1848 qu'en advint la fin: par ce qui fut alors nommé la "fusion parfaite avec les États de terre ferme", les élites locales renoncèrent à toute différenciation pour jouir des droits octroyés par le nouveau statut piémontais et envoyèrent des

représentants siéger à Turin au Parlement

subalpin. Cette fusion, capitale du point de vue juridique, compta plus pour ce qu'elle instituait que pour ce qu'elle abandonnait : acte de décès d'institutions représentatives en déshérence, elle fut en revanche essentielle pour l'institutionnalisation du lien centre- périphérie entre la classe politique notabi-

liaire, reflet des dominations sociales

largement issu d'un système féodal ayant perduré jusqu'au XIXe siècle, et le pouvoir central

piémontais (qui entrait alors dans la décennie préparatoire à l'Unité) puis romain. La fin du regnum Sardiniae ne constitua pas une rupture de fond pour le pouvoir local puisque, pour beaucoup de notables sardes, elle donna l'occasion "de trouver des formes nouvelles pour maintenir des positions de pouvoir anciennes" (Birocchi, 1990, p. 21 1). Par la suite, les premières décennies de l'Unité italienne correspondent à la

progressive émergence de la question méridionale dont on peut considérer que la question sarde est un volet particulier. Cette construction historiographique et politique (explicitée par J.-L. Briquet [1999] en s'appuyant sur le cas sicilien) renvoie de facto à l'idée de l'incomplétude du processus d'intégration nationale, tendanciellement réussi malgré l'émiettement dans les régions septentrionales et centrales dont les

conditions générales définissent une sorte de standard national, mais présenté comme

manqué dans le Mezzogiorno où le dualisme socio-économique, entre nord industriel en développement et misère paysanne

méridionale, et une certaine dichotomisation culturelle, alimentée par nombre de

représentations savantes qui contribuèrent à bâtir l'idée de "deux civilisations" distinctes (Petraccone, 2000), furent érigés en autant de manquements au projet national.

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le Parti Sarde d'Action médiatrice entre centre et périphérie,

puisant dans le registre de l'appel à la solidarité nationale pour combler le fossé existant entre l'île et le continent. Elle renvoie alors à l'idée d'un retard objectif des conditions de vie de l'île qu'il convient de réduire par diverses mesures d'assistance s'incarnant notamment dans le vote de toute une série de législations spéciales (Atzeni, 2000), tout en correspondant également à l'allocation des ressources nécessaires à une gestion clientélaire du pouvoir local 10. Mais, d'autre part, fleurissent aussi à cette époque un certain nombre de pamphlets, de la part d'intellectuels locaux, dénonçant la

stagnation de l'île malgré les promesses d'hier de lendemains qui chantent (comme par exemple Lei Spáno, 2000). Ces secondes plaintes reçoivent des embryons

d'organisation à la veille de la Première Guerre

mondiale, par l'animation d'un colloque de défense des intérêts sardes réunissant

différents notables insulaires à Rome, et par une mobilisation, par le journal Sardegna d'Atti- lio Deffenu, autour de la modification des règles applicables à la Sardaigne en matière commerciale. Ce mouvement naissant et encore confiné à des discussions d'une minorité mobilisée, est toutefois tronqué par l'arrivée du premier conflit mondial, dont les répercussions seront décisives pour l'apparition du premier parti politique autonomiste sarde.

La naissance d'un parti autonomiste : le "premier sardisme"

Ce n'est que dans l'après-guerre que les griefs sardes sont pris en charge par une formation spécifique et quittent le débat d'idées de cénacles restreints. À l'origine, telle est la mission que se donne le

mouvement des anciens combattants. La Sardaigne a, en effet, largement contribué à l'effort de

guerre italien dans le Premier conflit

mondial, probablement du fait du lien fait entre aptitude au combat et réputation de

sauvagerie rapportée par de nombreux visiteurs (journalistes, romanciers) et érigée en

théorie scientifique avec l'école positiviste de sociologie criminelle italienne qui a vu dans les populations sardes, et en particulier dans la zone centrale de la Barbagia, une terre de prédilection pour appuyer ses formulations iconoclastes (Niceforo, 1897). Or il est résulté de la vie au front un processus similaire à celui analysé par Hubert Peres (1993) dans le cas des "Poilus" Français : ici

circonscrite à un régiment glorieux à recrutement quasi exclusivement régional (la "brigade Sassari"), cette expérience a engendré une concrétisation de l'appartenance nationale italienne mais aussi une cristallisation de l'identité régionale par le brassage de

populations ayant eu peu de contacts entre elles jusqu'alors. Les protagonistes du

mouvement sardiste, et en particulier le leader charismatique Emilio Lussu, n'auront de cesse de rappeler l'importance qu'a eue cette circonstance pour donner un sens à

l'appartenance régionale, avec une implication de la plupart des catégories sociales (masculines), tout en assurant une loyauté certaine au drapeau italien.

Rentrés dans l'île, les anciens combattants se structureront en mouvement, certes d'abord chargé de défendre leurs intérêts et leur réinsertion dans la vie économique quotidienne, mais tout en étant porteur d'une volonté de rupture vis-à-vis du régime issu de presque soixante ans d'unité. Cet esprit nouveau, dont l'orientation d'extrême droite que l'on retrouve en Italie dans la montée du fascisme, n'est qu'un des aspects, a été creusé tant en France, à travers les travaux d'Antoine Prost (1974), qu'en l'Italie, avec ceux de Giovanni Sabbatucci (1974). Il est confirmé dans le cas sarde par une littérature

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assez importante (Secchi 1969; Nieddu, 1979; Tognotti, 1984; Cubeddu, 1995b). Significativement, le quatrième congrès de l'association régionale des anciens

combattants de Sardaigne du 16 au 18 avril 1921 à Oristano est également le congrès fondateur du PSdAz. Ce dernier expose alors un programme simple: à l'absence de revendication culturelle (malgré l'existence d'un

mouvement général de redécouverte de la culture sarde au cours du XIXe siècle) fait pendant un pan important de griefs d'ordre

socio-économique (sortir l'île de la misère qui l'afflige de manière structurelle, en s'attaquant en

particulier à des maux terribles comme la malaria) et surtout politique. La classe politique sarde est, en effet, régulièrement mise en cause pour son incapacité et son inaction pour la défense des intérêts insulaires, sacrifiés au jeu de la gestion clientélaire du pouvoir en accord avec l'État central. Si l'appartenance de la Sardaigne à l'Italie est explicitement réaffirmée, la solution idéale se nomme autonomie

régionale, bien qu'elle ne soit jamais clairement définie. Idéologiquement, le parti recèle certes une certaine hétérogénéité, et si les débats qui l'animent, repérables dans son périodique //

Solco, caressent parfois l'hypothèse séparatiste, les principaux leaders s'ancrent dans des

positions autonomistes relevant de la gauche non marxiste, que ce soit par un rattachement au courant méridionaliste chez le doctrinaire Camillo Bellieni ou bien par inscription dans la mouvance syndicaliste révolutionnaire chez Lussu (Contu, 1989).

À cette époque, le PSdAz se présente comme un parti particulièrement bien

implanté, bénéficiant de la présence

capillaire du mouvement des combattants, dans une société locale où dominaient jusqu'alors ides notables plutôt que des partis politiques organisés. Pleinement inscrit dans la

démocratie représentative, l'importance de son impact dans l'île ressort clairement du

dict des urnes. En effet, ses succès en la matière constituent une originalité qui n'a pas d'équivalent dans le reste de l'Italie, alors même que le mouvement des anciens combattants est également implanté dans plusieurs autres régions italiennes, surtout

méridionales ; en témoignent les résultats électoraux (extraits de Ballini [1988])

obtenus lors des élections législatives intervenues entre la fin de la Première Guerre mondiale et l'abattement de la démocratie par le régime fasciste. Aux élections de 1919, le

mouvement des anciens combattants

représente un quart de l'électorat sarde (26,8 %) et trois des douze élus que l'île envoie siéger à Rome : la Sardaigne est son premier

bastion, suivie de trois autres régions

méridionales, à savoir la Calabre (1 1,6 %), les Abruzzes et le Molise (10,3 %) et les Pouilles

(10,2 %). Au niveau national, ce

mouvement ne représente que 4,1 % et vingt des cinq cent huit députés. Ailleurs en effet, à l'exception des 6,5 % obtenus en Ligurie, les listes de combattants sont sous la barre des 5 % dans toutes les autres régions où elles sont présentes11. Aux élections de 1921, la spécificité sarde s'affirme avec netteté : le tout jeune PSdAz, successeur direct du

mouvement combattant, frôle les 29 % et obtient un tiers de la représentation insulaire, alors que le mouvement n'est plus présent que dans quatre autres régions (Ligurie,

Lombardie, Campanie-Molise et Calabre), et

seulement dans ces deux dernières il dépasse le seuil de représentativité (respectivement 5,4 et 13,5 %, pour deux et quatre députés). Le score du mouvement à l'échelle italienne est tombé à 1,7 % et dix députés. Les élections de 1924, où le PSdAz obtient presque 17 % des voix et deux députés, bien que

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/e Parti Sarde d'Action deux-tiers des sièges, et, d'autre part, de

l'effort d'aspiration par les fascistes des militants sardistes, confirment cette force.

Comment expliquer cette particularité sarde ? À des éléments de nature

circonstancielle (l'importance relative du contingent sarde et ses faits de bravoure durant le conflit et, d'après Lussu [2001], le retard avec lequel le fascisme a pénétré dans l'île par rapport aux autres régions) s'ajoute l'interprétation avancée presque en temps réel par Antonio Gramsci n dans son interprétation de la "question méridionale": il y analyse la société du Mezzogiorno comme ce "grand bloc agraire constitué de trois strates sociales : la grande masse paysanne amorphe et

désagrégée, les intellectuels de la petite et moyenne bourgeoisie rurale, les grands propriétaires terriens et grands intellectuels", ordonnés selon une échelle croissante de position de domination politique et sociale. La Sar- daigne, bien que ses structures économiques et sociales s'apparentent à celles du Midi italien, ne connaît pas la structure latifundiaire et n'est donc pas confrontée à cette puissante classe de grands propriétaires terriens. Comme l'écrit Gramsci,"la poussée par le bas, exercée à la base par les masses de paysans et de bergers, ne trouve pas un contrepoids étouffant dans la strate sociale

supérieure des grands propriétaires" (Melis, 1975, p. 239).

L'avènement du fascisme fera basculer le rapport de forces : à l'étouffement de la démocratie correspondra également une stratégie d'absorption d'une large partie du PSdAz au sein du Parti Nationale Fasciste en 1923, facilitée par la matrice commune des anciens combattants. Ceux qui ne se

rallieront pas au fascisme se répartiront entre une majorité de leaders, particulièrement nombreux parmi les avocats, restés dans l'île et opérant un antifascisme passif consistant en un refus d'adhésion, et une minorité exiguë,

active dans l'exil, incarnée par la figure charismatique de Lussu, l'un des co-fondateurs du mouvement "Justice et Liberté" créé à Paris et l'une des figures essentielles du Parti d'Action puis du socialisme italien, jusqu'à sa mort en 1975. Ces lignes de fracture se retrouveront durant les années de

reconstruction entre les négociations menées par une classe politique sarde recomposée menant des travaux préparatoires à Cagliari pour aboutir à un projet d'autonomie modérée, et les positions de Lussu (élu en 1946 à la Constituante), plus avancées tant en matière

d'autonomie qu'en matière d'engagement social. Les premiers s'imposeront autour d'un compromis acquis par l'appui de la DC et le ralliement du Parti Socialiste et du Parti

Communiste (Cardia, 1992), et la scission de l'aile gauche du PSdAz, menée par Lussu en 1948, ne fera qu'entériner le fossé s'étant élargi durant les années du régime mussolinien 13. C'est amputé d'une frange progressiste importante (représentant presque 40 % de son poids électoral aux élections régionales de 1949) et avec son principal objectif politique atteint (l'autonomie régionale) que le PSdAz aborde la période républicaine. Après ce survol nécessairement rapide, c'est durant le demi-siècle suivant qui s'en est ensuivi que nous nous proposons maintenant de mettre

en évidence les caractéristiques politiques du parti et d'en analyser la dynamique.

Caractéristiques politiques du parti sous l'ère

républicaine

On entendra ici simplement par

caractéristiques politiques les éléments ayant trait aux évolutions idéologiques du PSdAz, à ses résultats électoraux et à sa participation au pouvoir régional. Nous nous contenterons de les décrire dans ce paragraphe avant de les

analyser dans le suivant.

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Les évolutions idéologiques

La catégorie des partis régionalistes procède largement de l'utilisation d'une grille de lecture d'inspiration rokkanienne. En France, c'est Daniel-Louis Seiler (2003) qui s'est le plus inscrit dans la démarche du comparatiste norvégien, mais ce recours a suscité des critiques, parfois virulentes : si certains auteurs ont réfuté la pertinence de la classification taxinomique au profit de concepts sociologiques transversaux comme la notion d'entreprise politique (Offerlé, 1987), d'autres, moins radicaux, ont mis en avant la fragilité du découpage en pointant les chevauchements existant d'une famille de partis à l'autre, et les évolutions pouvant subvenir au sein d'un même parti (Sawicki, 2001, p. 197). Ce deuxième type de remarques n'invalide pas en bloc l'approche rokkanienne car, dans leur premier versant, la relative spécificité des partis régionalistes tient à la singularité de leur "projet" 14 qui s'axe essentiellement sur une vue des choses "depuis la périphérie". Leur positionnement autorise, de manière à peu près continue, à les distinguer sans mal des autres partis politiques. Cela ne signifie pas que des

ambiguïtés existent : c'est notamment le cas - et l'exemple sarde fournit des éléments en la matière - lorsque les branches régionales de partis nationaux tendent à user de la ressource de l'identité locale et de la défense de l'autonomie régionale. Toutefois, il nous semble que, sur le long terme, le clivage entre partis "autonomistes" et "centralistes" apparaît résister, mieux que d'autres, aux critiques visant le formalisme typologique. En revanche, la question des évolutions de ces partis a tout intérêt à être examinée. Une organisation étant âgée de plus de quatre- vingts ans, fÛt-elle régionaliste, ne peut faire

l'économie de mutations idéologiques tenant tant au contexte au sein duquel elle évolue qu'à ses besoins tactiques et

stratégiques. Si l'on se concentre sur la période républicaine, on peut mesurer les évolutions du parti au prisme de deux dimensions : celle du degré d'autonomie revendiqué, et celle du positionnement sur l'axe gauche- droite.

Du point de vue du degré d'autonomie, le parti s'est dès l'origine revendiqué comme autonomiste tout en ayant pour idéal une transformation de la structure unitaire italienne en État fédéral. Cet idéal fédéraliste assorti d'une insertion revendiquée de la Sardaigne dans un regroupement européen plus large, qu'il soit celui, présent à la fois dans les écrits de Bellieni dans les années 1920 et dans ceux de Simon Mossa dans les années 1960 et 1970, d'une fédération méditerranéenne, ou celui d'une "Europe des régions" plus tard, constituent des points stables du programme sardiste. Toutefois, la question du statut de la Sardaigne a été soumise à davantage de fluctuations : l'option séparatiste, présente dans le parti dès l'origine mais explicitement refusée par ses leaders, a été validée à deux reprises, malgré une ambiguïté due à une utilisation stratégique plutôt qu'à une radicalisation authentique, d'abord en 1979-1980 avant de se dissiper avec la pratique du

gouvernement régional après 1984, puis à nouveau depuis 1998, ce programme ne l'empêchant pas à l'occasion de s'allier avec des partis nationaux dont on sait qu'ils n'adhèrent évidemment pas au dessein indépendantiste.

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le Parti Sarde d'Action l'entre-deux-guerres. La perte de son aile

gauche en 1948 l'a fait basculer sur des positions le ramenant à celles des petits partis du centre laïc, avec un soutien net à la DC jusqu'en 1968. Suivra alors un revirement qui verra le parti revendiquer une opposition à la DC tout en cherchant des alliances avec ses opposants, le PCI notamment dans les années 1970, et ceux jusqu'à la conduite par le PSdAz d'une coalition de gauche promue à la région en 1984. Ces oscillations en font un des animateurs du centre-gauche régional. Résultats électoraux et participation à l'exécutif régional

Les principaux résultats électoraux du PSdAz depuis 1948 appellent trois

commentaires. Le premier consiste à mettre en relief le fait que ce parti a toujours été constamment inséré dans le jeu électoral puisqu'il a été capable de présenter des candidats à chaque échéance et pour tous les types de scrutin (régional, provincial et communal mais aussi législatif et européen), soit sous sa propre bannière comme cela a été la règle, soit par le jeu d'alliances électorales. Ces dernières ont surtout prévalu pour les élections législatives et ont balayé une large part de Гагс-en-ciel politique, allant du centre laïc (avec l'éphémère Movimento di Comunità à la fin des années 1950, avec le PLI dans les années 1960) à la gauche (avec le PCI dans les années 1970 et la coalition de l'Olivier en 1996) ; en 2001, pour la première fois, il fera même alliance avec un

parti constamment séparatiste {Sardigna Nat- zione). Le PSdAz se confirme comme un acteur pleinement intégré au jeu

démocratique. .

Deuxième point, la force électorale moyenne du PSdAz durant la période républicaine est somme toute modeste : si l'on se base sur les résultats obtenus aux élections régionales - ce qui nous semble être l'échelon

le plus "parlant" pour un parti de ce type - on observe une performance électorale se situant à une moyenne de 7,5 % sous la "Première République" dominée par la DC (et 6,2 % sous la "Deuxième"), le PSdAz ne

représentant donc que la cinquième force politique de l'île15.

Troisièmement, la dynamique du parti montre une faiblesse chronique avec,

toutefois, deux pics, respectivement à la fin des années 1940 et dans la deuxième partie des années 1980. La première période,

correspondant à la prolongation de la période de force du "premier sardisme" de l'entre-deux- guerres, tandis que la seconde voit le parti recueillir les fruits de la transition entamée en 1968 et qui conduira le PSdAz à s'orienter vers des positions plus radicales tant au niveau du programme socio-économique (avec une alliance décisive avec le PCI) que du degré d'autonomie revendiqué (avec les positions ambigument séparatistes évoquées plus haut).

Ensuite, du point de vue de la

participation aux institutions régionales, le PSdAz a souvent eu sa carte à jouer en dépit de la modestie de son poids électoral du fait de la nature du système politique sarde, caractérisé par une grande fragmentation partisane et, au niveau institutionnel, par une forte instabilité chronique de l'exécutif (Venturino, 2000).

De ce fait, il a souvent été en mesure de

constituer une force d'appoint récompensée par l'attribution de quelque assessorat, de manière soit épisodique (comme durant la première décennie de vie de la Région), soit continue (de 1958 à 1967, au profit de la DC). Et inversement, lorsque le parti s'est trouvé à la tête de l'exécutif régional entre 1984 et 1989, il a su gouverner une coalition de gauche, les trois juntes régionales sardistes 16 de feu Mario Melis ayant successivement accueilli des assesseurs communistes (au nombre de 6, 4 et 4),"techniques"(3, 2 et 1), socialistes (0, 3 et

(12)

2), sociaux-démocrates (0, 1 et 1) et

républicains (0, 0 et 1), le parti ayant eu pour lui- même 3, 2 et 2 assesseurs sur 12.

Analyse de la dynamique du parti

La description des évolutions du parti soulève deux questions : pourquoi, d'une part, un parti si fort dès sa création a-t-il connu un tel effacement à partir des années 1950 ? D'autre part, comment expliquer, au sein de cette période républicaine où le PSdAz a été un petit parti, les succès

électoraux enregistrés dans les années 1980 17? Expliquer le déclin de l'après-guerre : l'insertion défaillante dans la société sarde

Contrairement à la fin de la période libérale, les scores du PSdAz sous l'ère

républicaine sont tendanciellement modestes du fait d'un enracinement du parti mis à mal par une coupure intervenue en deux temps. D'abord, à la forte implantation dans les différentes couches de la société par l'intermédiaire du mouvement des anciens combattants a succédé un processus d'isolation des notables du fait de la captation de grands nombres de militants de la base sous la période fasciste. S'y est ensuite ajoutée la montée en puissance orga- nisationnelle des autres partis, notamment le PCI mais surtout la DC, rapidement

dépositaire de la plupart des pouvoirs dans l'île et usant des ressources conférées par cette position en particulier à travers les politiques de reconstruction puis de développement

régional. Le parti démocrate-chrétien guidait ainsi la région autonome tout en répondant aux besoins socio-économiques de l'île par la mise en place de plans d'intervention massifs: une bonne partie des demandes façonnées par le PSdAz lui-même se trouvaient ainsi prises en

charge de manière relativement efficace par la DC. Rapidement, le parti a connu une profonde crise qui l'a conduit au bord de la disparition, cette hypothèse étant évoquée de manière récurrente à partir de la deuxième moitié des années 1950 soit en tant que telle, soit au profit d'une possible fusion avec des partis centristes.

Cette crise s'illustre dans le dilemme orga- nisationnel. Pendant longtemps le parti est organisé selon un modèle simple avec une direction régionale au sommet, un échelon provincial et des cellules implantées au niveau communal, le tout étant sujet à une discipline aléatoire, faisant notamment la part belle aux oppositions localistes comme celle existant entre Sassari et Cagliari. Les dirigeants étaient bien conscients que, face à la concurrence de machines politiques avec lesquelles ils n'avaient pas eu à compter avant le fascisme

(DC et PCI d'abord), un effort était à effectuer en ce sens : les récits des congrès du parti collectés par Salvátore Cubeddu (1993,

1995a) montrent que l'enjeu est toujours présent mais jamais réglé, et malgré une com- plexifîcation de l'organisation, correspondant à une division des fonctions (de décision, d'exécution et de contrôle) à partir de 1968, puis une institutionnalisation progressive de l'importance des échelons de base calquée sur un principe de fédéralisme organisational et de subsidiarité, ces modifications n'ont guère su enrayer la tendance assez nette au fàction- nalisme chronique dans ce parti qui atteindra des sommets lorsque le président sardiste des années 1984-1989 sera la victime d'un

attentat intimidateur fomenté par un membre de son propre parti 18.

Expliquer le succès des années 1980 : la capitalisation du néo-sardisme

(13)

le Parti Sarde d'Action succès électoraux des années 1980. Il faut,

pour saisir le phénomène, quitter le parti et se focaliser, sur le développement d'une mobilisation collective aux contours diffus à partir de la fin des années 1960 en dehors des partis traditionnels.

Au niveau économique et social d'une part, la période de l'après-guerre est

caractérisée par une modernisation indéniable qui bouleverse les structures traditionnelles d'une île dont l'activité était essentiellement centrée sur son vieux tissu agropastoral (Bottazzi, 1999). Sans qu'il soit possible de retracer ici le cadre des politiques de

développement régional menées en Sardaigne — que celles-ci interviennent dans le cadre national d'assistance au Mezzogiorno avec le programme "d'intervention extraordinaire" de 1951 à 1992 (La Spina, 2003), ou dans celui de la "programmation régionale" avec le "Plan de Renaissance" sarde voté en 1962 (Accardo, 1998) - contentons-nous ici de mentionner le fait que tout le dévolu a été jeté sur l'industrie pétrochimique, installée selon la politique des pôles d'intervention : il s'agit de l'implantation d'infrastructures industrielles lourdes à proximité des chefs- lieux de province, d'abord en zone côtière puis, tardivement, à l'intérieur. La richesse produite par ce choix de développement — qui eut des équivalents dans le Mezzogiorno

(Piattoni, 1999) - a conduit à une

modernisation tant des structures économiques que des styles de vie et des modes de

consommation, sans pour autant empêcher

l'inexorable montée du chômage (Sassu, 1980) que cherchera à compenser la tendance à

l'émigration vers le nord de l'Italie, la capitale et l'étranger (Allemagne, Suisse et France étant, dans cet ordre, les principales

destinations des travailleurs sardes).

Au plan politique d'autre part, les

décennies suivant l'après-guerre sont celles de la pratique de l'autonomie régionale garantie

par la Constitution de 1948. Ce concept d'autonomie, jamais déconstruit lorsque l'on fait référence aux expériences étrangères

(Brunazzo, Roux, 2004), renvoie aux compétences juridiques inscrites dans les textes constitutionnels, législatifs et réglementaires qui seraient supposés confier l'essentiel des pouvoirs aux institutions régionales (Junte et Conseil régionaux). Or il n'en est rien, d'abord parce que la compétence exclusive, limitativement énumérée, de la région sarde ne s'applique pas à des aspects

fondamentaux de la vie politico-administrative de l'île et que l'État italien, bien que lâchant plus de lest que son homologue français, demeure dépositaire de l'essentiel des prérogatives ; ensuite, parce que l'existence de vastes compétences partagées suppose des échanges constants entre centre et périphérie, et que ce canal de communication, du fait de la domination de la DC tant au niveau

régional que national, a conduit, via le

déploiement d'un large éventail de pratiques clien- télaires, à une subordination de l'institution régionale au gouvernement de Rome. Dès lors, les limites de la lettre de la loi sont redoublées par la pratique de l'institution. Cela ne préjuge en rien de l'appréciation sur le contenu de telle ou telle des politiques publiques menées en Sardaigne, mais attire l'attention sur le fait que la réalité du pouvoir, même dans une "région autonome", peut, comme cela a été le cas dans la

Sardaigne des années cinquante et soixante, résider plutôt dans le centre politique. Cela ne signifie pas davantage que cette

configuration soit exempte de situations

conflictuelles, comme le montrent les dissensions internes à la DC ayant conduit à la

promotion de "rénovateurs" par l'intérieur à la fin des années 1960. Mais il demeure que le vocable d'autonomie exagère la fiction

juridique supposée par les institutions et ne révèle pas la pratique sociologique qu'en ont

(14)

faite les acteurs. D'ailleurs, les jugements négatifs portés sur l'institution régionale (Sotgiu, 1996; Accardo, 1998; Sabattini, 1999) et les appels récurrents à la réforme du statut sarde, à plus forte raison depuis la

réforme du titre V de la Constitution italienne en 2001, attestent de la nécessité de ne pas fétichiser certaines expressions juridiques.

La modernisation économique induite par les politiques de développement

régional et la pratique de l'autonomie insulaire ont donc conduit à un mécontentement global qui a vu la mainmise hégémonique trentenaire de la DC s'effriter en Sardaigne, avec une progressive poussée des partis de gauche. C'est dans ce contexte que se

développe, dans le sillon de 1968, une mouvance aux contours flous mais résolument ancrée à gauche, qui mêle les thématiques

économiques et sociales fortement teintées de marxisme (l'émancipation du prolétariat rural contre le capitalisme industriel

septentrional, l'anti-colonialisme appliqué dans sa variante "interne 19" à l'île et le rejet de l'impérialisme incarné par la présence de nombreuses bases militaires américaines le long des côtes sardes) (Cabitza, 1968; Pin- tore, 1974) aux analyses propres aux

mouvements nationalitaires (droit à

l'autodétermination et défense de l'identité culturelle sarde, cristallisée dans la question de la langue) (Cossu, 2001). Une partie de ce courant germe au sein même du PSdAz à partir du milieu des années 1960. Elle est le fait d'une tendance ouvertement séparatiste dirigée par un responsable sardiste de la province de Sassari, l'architecte Antonio Simon Mossa qui restera après sa mort une figure forte de l'indépendantisme sarde

contemporain. Elle aussi se signale par un ancrage à gauche contestant la politique de soutien systématique à la DC depuis le début des années 1950. Dans son sillage gravitent

férents groupuscules séparatistes qui font alors leur apparition, surtout dans les années

1970.

Ces mouvements nationalitaires (Circolo Città & Campagna puis Su Populu Sardu — Moimentu kontra su kolonialismu, Nazione Sarda) se développant au sein ou en dehors du PSdAz forment ainsi le courant que l'on a appelé le "néo-sardisme"(Spiga, 1994). Par rapport à la première mouture (version d'avant et d'après-guerre) de l'autonomisme sarde, le néo-sardisme présente trois

différences majeures : il est ancré plus à gauche (acceptation des clés d'interprétation marxiste), il affiche une plus grande radica- lité (en ne se contentant plus de l'autonomie et en prônant l'autodétermination voire l'indépendance) ; il introduit la

problématique identitaire jusqu'alors marginale. Ce courant, qui est l'une des composantes d'une nébuleuse gauchiste de plus large portée (certains leaders parlent alors de leur objectif de faire de la Sardaigne "la Cuba de la Méditerranée"), participe ainsi du

renouveau de la revendication nationalitaire

pointée, entre autres, par Anthony Smith (1981) dans cette période. Le manque

d'investigations préalables autour de cette thématique rend difficile la caractérisation sociologique précise de cette mobilisation, ne serait-ce que par ses contours extrêmement

(15)

le Parti Sarde d'Action est soutenue à la fois par des personnalités

membres des partis nationaux, comme l'archéologue démocrate-chrétien Giovanni Lilliu, et l'institution régionale appuie la publication de livres et brochures sur la culture sarde, comme l'illustre son financement de la collection "Textes et documents pour l'histoire de la question sarde" de l'éditeur Fossataro à Cagliari à partir de 1968.

Ce détour par le mouvement néo-sardiste vaut la peine d'être fait, car il permet de comprendre la double mutation du PSdAz : à partir de 1968, il interrompt son soutien inconditionnel à la DC pour s'orienter vers des positions de gauche et s'allier avec le PCI

(intégration de sardistes sur des listes communistes aux législatives dans les années 1 970) ; parallèlement, il adopte, en intégrant un certain nombre de ses membres, les positions indépendantistes issues du néo- sardisme lors des congrès d'Oristano et Porto Torres en 1979 et 1980. Ces

revirements, qui s'effectueront au prix d'une traversée du désert dans les années 1970, seront

payants dans les années 1980 puisque c'est sur ce programme que le PSdAz recevra un soutien électoral retrouvé qui lui permettra de guider une coalition de gauche de 1984 à 1989. Ils se révéleront toutefois

éminemment stratégiques puisque l'expérience tournera court: dès 1984, les ambiguïtés du séparatisme affiché par le PSdAz

apparaîtront dans le discours rassurant tenu par Mario Melis qui insistera sur l'importance du destin lié avec l'Italie, et le bilan de cinq années de présidence sardiste ne contiendra par exemple aucune avancée en matière de défense de la langue sarde, pourtant érigé en symbole par la mouvance néo-sardiste dans les années 1970. Dès 1989 et malgré un score électoral encore consistant, aucun sardiste ne fera parti des juntes basées sur l'alliance DC/PSI/PSDI. Le parti sera ensuite lui aussi secoué par l'écroulement de

la Première République mais sera la seule organisation "historique" à conserver son

étiquette intacte.

La question de Teuropéanisation" Une idée assez répandue est que les

développements de la construction européenne favorisent les partis régionalistes en leur offrant de nouvelles opportunités politiques pour mener à bien les missions qu'ils

s'assignent. C'est l'un des thèmes évoqués dans le débat récurrent autour de

Teuropéanisation" qui a suscité ces dernières années une littérature considérable et dont

l'accumulation n'a pas nécessairement conduit à

davantage d'intelligibilité d'un processus dont tous s'accordent à reconnaître la complexité à défaut de pouvoir offrir des définitions uni- voques (Risse, Green Cowles, Caporaso, 2001 ; Sanchez Salgado, Woll, 2004). Ici, on s'intéresse à la question de l'européanisation des partis régionalistes (De Winter, 2001) qui renvoie à l'émergence de systèmes

partisans européens et à des mécanismes

d'adaptation des partis politiques tant au niveau européen que national et régional. Ces remarques visent à prolonger les recherches pionnières menées par Peter Lynch (1996) sur l'insertion des partis régionalistes au sein du groupe de l'Alliance Libre Européenne

(Seiler, 2001) au Parlement européen.

Cette question de l'européanisation trouve toutefois deux types de limites. Certaines tiennent à la faible représentation des intérêts sardes dans l'arène européenne. Électoralement, la Sardaigne forme avec la Sicile une circonscription électorale pouvant faire qu'aucun élu sarde, toutes tendances confondues, ne puisse siéger à Strasbourg. La région cherche d'ailleurs actuellement à négocier avec Rome la garantie d'une

représentation assurée, comme d'autres petites régions italiennes. Et, par ailleurs, l'existence

(16)

d'un bureau de représentation régionale permanente à Bruxelles est récente : comme toutes les régions italiennes, la Sardaigne a dû attendre une loi italienne de 1996 pour être autorisée à entretenir des rapports directs avec les institutions européennes, et, bien qu'ayant été la première région à avoir voté la mise en place de son bureau la même année — même si un certain nombre de régions, essentiellement septentrionales, ont contourné l'obstacle en se dotant d'antennes "officieuses"— celui-ci n'a été ouvert qu'en 1999 (Profeti, 2003^. 12).

Ces limites sont redoublées par la force modeste d'un PSdAz très faiblement intégré: le parti, qui n'avait pas présenté de liste en Г979, n'a eu qu'un seul eurodéputé en 1 984 et 1989, mais aucun en 1994 et en 1999; il constitue l'un des membres associés à TALE mais n'a pas de représentant au sein du groupe Alliance Européenne du Comité des Régions. Ces indicateurs justifient dès lors que l'on parle plutôt de "rhétorique de l'européanisa- tion" dans la mesure où l'interlocuteur premier du PSdAz demeure l'État italien face auquel, comme c'est le cas pour presque tous les partis régionalistes, est mise en avant une dynamique inexorable d'effacement de l'État. Cela ne veut pas dire que la Sardaigne dans son ensemble ne reçoit pas une influence européenne 20, mais que celle-ci n'a pas eu pour effet le renforcement du PSdAz ou le bouleversement de ses stratégies politiques.

Deux types de conclusions peuvent être proposés au terme de ce bref regard porté sur la mobilisation autonomiste sarde. D'abord, la définition médiane du PSdAz comme petit parti autonomiste de centre-gauche pro-euro- péen nous rappelle que, malgré sa nature péri- phériste, le parti, pas plus que n'importe quelle autre organisation formellement durable, n'est protégé des évolutions internes répondant au gré des contraintes extérieures et

des stratégies internes. En outre, les tribulations de ce parti octogénaire montrent

également les difficultés qu'a rencontrées le parti dans la région. Le seul moment où le PSdAz a pesé d'une manière décisive sur l'évolution politique de la région fut celui où il était en position de force au niveau régional dans un contexte de recomposition nationale et internationale (en l'occurrence, la période 1943-

1948), confirmant, comme l'indiquait Daniel-Louis Seiler (1997) au terme de son exploration erudite de l'univers des partis séparatistes européens, l'importance du contexte international pour que les partis régionalistes puissent arriver - au moins partiellement - à leurs fins. Le reste du temps, le parti a tantôt cherché à survivre, tantôt a dû se contenter de constituer une force d'appoint pour des forces dominantes. L'embellie des années 1980 a été de courte durée et aura été le fruit d'une stratégie de longue haleine débouchant sur une désillusion. Enfin, par rapport aux situations connues dans le cas français, riche en partis régionalistes

minoritaires s'appuyant sur un activisme culturel intense comme en Corse (Crettiez, 1999) ou en Bretagne (Pasquier, 2002) 21, le cas sarde nous montre que la question de la culture, souvent jugée comme centrale et qui conduit à une convocation parfois peu réfléchie des débats relatifs au multiculturalisme, n'est pas toujours une constante mais peut être le fruit d'une politisation datée, en l'occurrence récente au vu de l'histoire du parti, la faisant percevoir comme une ressource plus que comme une fin en soi.

On peut ensuite compléter ces traits

généraux par une remarque plus circonstanciée portant sur la place du PSdAz au sein de la famille régionaliste en Sardaigne sous la Deuxième République. Son leadership

(17)

le Parti Sarde d'Action concurrence sur son terrain de la part de

petits partis se situant dans une mouvance centriste tachant de résister au mécanisme de bipolarisation croissante à l'œuvre en Italie. L'identité régionale devient ainsi une ressource qui reçoit une insistance

inaccoutumée. La deuxième source de contestation, d'autre part, est celle provenant de la frange indépendantiste qui, pour la première fois dans l'histoire de la Sardaigne italienne, est sortie de son état groupusculaire. La

principale organisation, Sardigna Natzione Indi- pendentzia qui a émergé à la fin des années 1980, a atteint un poids électoral certes très faible mais permettant de rivaliser avec lui dans l'aire nationalitaire. Les deux partis ont même mené une liste commune aux élections législatives de 2001. Cette politique d'union a d'ailleurs conduit à une scission en 2002

avec les indépendantistes plus radicaux ď Indipendentzia Repùbrica de Sardigna. Ces deux mouvements, s'ils ont montré qu'ils étaient prêts à utiliser des méthodes s'inscri- vant dans les outils classiques de la

participation "non conventionnelle" et s'ils

revendiquent, surtout pour le second, un ancrage à gauche résolu et un soutien explicite au

mouvement altermondialiste, se situent

néanmoins en dehors de toute action politique violente. Quant aux nombreux attentats à l'explosif qui secouent la Sardaigne depuis une trentaine d'années, bien moins dirigés contre l'État que contre les communes, ils ne répondent pas à des logiques séparatistes (Zurru, 1997), et la violence politique qui a repris en Sardaigne ces deux dernières années semble s'inscrire dans une contestation de la gauche radicale italienne.

Notes

1 . Cet article est issu de différentes communications dont la version la plus récente est celle présentée au Congrès annuel de la SISP (Roux, 2003).

2. Comme ailleurs, nous nous conformons à l'usage médiatique français consistant à traduire Lega iVWpar "Ligue du Nord" au lieu de "Ligue Nord" dans la mesure où ce choix n'altère guère la dénomination du parti. Les débats politiques italiens le désignent d'ailleurs simplement sous l'expression la Lega.

3. Pour se limiter aux quelques études les plus significatives au sein d'une littérature foisonnante.

4. Rappelons que des cinq régions à statut spécial (Sicile, Sardaigne, Val d'Aoste, Frioul Vénétie Julienne, et Tren- tin Haut Adige), cette dernière se caractérise seule par le fait qu'elle est composée de deux provinces autonomes (Trente et Bolzano).

5. Notre traduction, ici comme ailleurs sauf indication de la traduction française en bibliographie finale. 6. Voir par exemple en synthèse Cafiero (1996).

7. Toutefois, différents auteurs français ont pu critiquer ces positions (Cahen, 1994; Dieckhoff, 2000).

8. Nous le précisons afin de ne pas introduire la confusion de ce paradigme avec l'utilisation du concept centre- périphérie qu'effectue Immanuel Wallerstein au niveau mondial.

9. Rappelons que la Sardaigne, ancienne possession de la couronne d'Espagne, fut attribuée en 1713 à l'Autriche, laquelle préféra réaliser un échange avec la Sicile donnée à la Maison de Savoie. Cet échange fut décidé en 1718 et prit effet deux années plus tard.

10. Ce phénomène n'est aucunement propre à la Sardaigne, comme le montre à la même période le cas de la Corse sous la Troisième République (Briquet, 1997).

11. Cinq régions (Piémont, Marches, Ombrie, Latium et Basilicate) ne comportent aucune liste d'anciens combattants.

12. Il s'agit de l'essai "Alcuni terni délia quistione méridionale", écrit en 1926 publié pour la première fois à Paris en 1930 dans Lo Stato C^rato et consulté ici dans l'anthologie dirigée par Guido Melis (1975, pp. 221-245). 13. Lussu créera l'éphémère Parti Sarde d'Action Socialiste en 1948 avant que cette formation n'intègre le Parti

Socialiste Italien en 1949.

14. Le "projet" d'un parti politique correspond pour D.-L Seiler (2003, p. 32) "au plus petit dénominateur que l'on puisse dégager entre les diverses et multiples expressions idéologiques, doctrinales et programmatiques produites par un parti donné rout au long de son histoire".

(18)

15. Les scores moyens réalisés par les principales forces politiques sous la "Première République" présentes dans l'île et ordonnés selon un ordre décroissant sont les suivants: 39,5 % pour la DC, 23 % pour le PCI, 14,3 % pour le PSI et 9,2 % pour le MSI. Après 1992, la fragmentation partisane et l'importance des coalitions sont telles qu'il est difficile d'effectuer un classement pour positionner le PSdAz.

16. Respectivement de septembre 1984 à août 1985, d'août 1985 à juillet 1987 et d'août 1987 à juin 1989. Les chiffres que nous avançons sont ceux émanant du Conseil Régional de Sardaigne.

17. Les éléments avancés dans ce paragraphe s'appuient sur une série de références ayant trait à l'histoire de la Sardaigne qu'il serait fastidieux de citer dans le détail: nous renvoyons en synthèse à Brigaglia (1994), Giudetti

(1990), Berlinguer et Mattone (1998) et Accardo (1998), dont nous nous inspirons librement dans ce qui suit. 18. À la toute fin des années 1980, le dirigent sardiste Nino Piretta, vice-maire de Sassari et vice-président du Conseil régional, sera reconnu coupable d'avoir commandité un attentat contre la résidence secondaire de Mario Melis, dont il voulait qu'il se démette de son mandat de député européen afin de se substituer à lui et de se voir garantir l'immunité rendue nécessaire par son implication dans des affaires de malversation (Ruju,

1998, pp. 966-967).

19. Nous entendons par là l'analyse de la situation de leur région au sein d'un État de tutelle par un certain nombre de leaders régionalistes comme analogue à celle des colonies mais réalisée sur le territoire même de celui-ci. Bien que cette interprétation ait été érigée au rang de paradigme sociologique par Michael Hechter (1975), on en trouve une première présentation systématique chez Robert Lafont (1967) à la fin des années 1960. 20. Un certain nombre de politiques publiques européennes ont en effet intéressé au premier chef la région, à

commencer par les Fonds structurels dont elle a bénéficié jusqu'en 1999 au titre de l'Objectif 1 (Pruna, Zurru, 2001).

21. Mais voir contra le cas de la Savoie avec la Ligue Savoisienne (Greslou, 2003 ; Roux, 2004). Références

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