HAL Id: hal-02551247
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Territoires et ressources lithiques dans le nord de la
France et en Belgique dans l’horizon
Chasséen-Michelsberg
Laurent Aubry, Françoise Bostyn, Véronique Brunet, Hélène Collet, François
Giligny, Claira Lietar, Laurence Manolakakis
To cite this version:
Laurent Aubry, Françoise Bostyn, Véronique Brunet, Hélène Collet, François Giligny, et al.. Territoires
et ressources lithiques dans le nord de la France et en Belgique dans l’horizon Chasséen-Michelsberg.
Zones de productions et organisation des territoires au Néolithique. Espaces exploités, occupés, par-
courus. 30e colloque interrégional sur le Néolithique, Catherine Louboutin; Christian Verjux, Nov
2011, Tours, France. pp.65-84. �hal-02551247�
TERRITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES
DANS LE NORD DE LA FRANCE ET ËN BELGIQUE
DANS L'HoRtzoN CHASSÉrN-MICHELSBERG
TERRITORIES AND LITHIC RESOURCES OF THE CHASSEAN-MICHELSBERG CULTURE
IN THE NORTH OF FRANCE AND IN BELGIUM
Laurent
Aubry
Françoise Bostyn, Véronique Brunet, Hélène Collet, FrançoisGiligny, ClairaLiétar
et Laurence Manolakakis[Ëuumé
:iltoûs"clés :
"Jfursct:
La documentation archéologique sur les sites datés de l'horizon Chasséen-Michelsberg
s'estfortement enrichie
ces dernières années, gràce au développement deI'archéologie préventive,
àla
reprise de données archéologiques accumulées depuis plusieurs décennies et à la mise en place de programmes de recherche spécifiques à des entités régionales. Dansle
cadred'une ANR
franco- allemande surle Michelsberg
encore en cours(MK-Projekt),Ia
synthèse desinformations
sur les assemblageslithiques pennet
d'analys erla relation
entre les sitesd'acquisition,
les ateliers et les sites de consommation-
habitatsou
enceintes. Quatre fenêtresd'étude ont
été sélectionnées,qui
coffespondent à des secteursbien
documentés et dont nous avons déjàbien
avancéI'analyse
: les va11ées deI'Aisne,
del'Oise,
de laMeauldre
et de la Marne.Elles
sont complétées par les données du complexeenceinte-minière
de Spiennes enBelgique.
Les differents modèles de production, les
réseauxd'approvisionnement en matières
premières etla circulation
desproduits finis ou semi-finis
sont présentés dans chacun des cas. Celamet
enévidence
desdifferences entre les
secteurs étudiés, tant
dansla structuration
desterritoires
que dansle
statut etla localisation
des sites spécialisés dansla production
de lames et de haches. On constate une tendance gén éraIepour
lesproductions
domestiques danslaquelle,
dansle
Chasséen septentrional, les réseauxd'approvisionnement
sont simples ou peu structurés et les habitats sont autonomesalors eue, dans le Michelsberg, les
réseauxsemblent plus structurés et
complexes,avec une distance plus importante entre certains sites et les lieux d'approvisionnement.
Les communautés entretiendraientainsi
des liensplus forts
entre elles.Néolithique
moyen,territoires,
ressourceslithiques, Michelsberg,
Chasséen septentrional.The
documentation concerning the archaeological
sitesattributed to the
Chassean-Michelsbergculture has strongly grown in recent years, particularly with the development of preventive
archaeology, the study of archaeological data accumulated since several decades and
the implementing of specific researchprograms
toregional entities.
tJnder aFranco-German
researchprogram (AIr{R,MKprojekt),
the synthesisof information on lithic
assemblagesallow analysis of
the
relationship
between theprocurement
sites, worlcshops and consumption sites-
domestic sitesor
enclosures.Four
cosestudies were
selectedcorresponding to well
documentedregions with
-fo,
advancedstudies :
theAisne, Oise, Marne and Meauldre valleys.
The Spiennescomplex
inBelgium,flint mining
and enclosîlre, completethis information and
isusedfor
comparisons.The
dffirent production patterns,
theraw material procurement network
anddistribution
of semi-finished
orfinished products
are presentedfor
each case. Thishighlights
thedffirences
betweenthe studied sectors regarding both in the territorial organization and the location of the
sites specializedin
theproduction
of blades and axes. Generaltrends.fo,
the domesticproduction
occur, which see the settlements of theJ{orthern
Chassean Culturerelaying
on simpleor
looselystructured
supply network, and thus keeping a certain level of
autonomy,while in
theMichelsberg culture
knows more complex andstructured networks, with
agreater distance
between some settlements andsupply
sites. The communities, then,would maintain stronger link
between them.Middte I{eolithic, territories, lithic
resources,Michelsberg,
Chassean septentrional.ficyuords:
C. Louboutin, C. Verjux (dir.) - Zones de production et organisation des territoires au Néolithique, Actes du 30" Colloque lnterrégional sur le Néolithique, Tours
-
Le Grand-Pressigny,T-9 octobre 201151" supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France,2014:65-84
TIERRITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES DANS LE NORD DE LA FRANCE ET EN BELGIQUE... 67
risation
dessilex
issus deniveaux géologiques ditré-
rents ç)résents dans un même gîte,voire
secteur. Sil'on
peutidentifier le silex turonien
oule silex
cénomanien parcequ'ils
présententdes
caractères spécifiques, lessilex
duConiacien
et du Campanien associés dans lesmêmes
gisementssont souvent impossibles à distin-
guer.La
secondedifficulté
concernela différenciation
des gîtespour
dusilex
issud'un
mêmehorizon
géo1o-gique affliurant
s'ur de grandes distances. Cela touchetout
autant lessilex
crétacés que lessilicifications
ter-tiaires. Ainsi, il est à l'heure actuelle encore
impos-sible d'affirmer pouvoir distinguer l'origine gîtolo-
giqued'une
plaque desilex bartonien
: Jablines,Flins,
Romigny
par exemple sont des candidats équivalents.Pour certains des silex
crétacés,il en va de
mêmepuisqu'on ne peut raisonnablement attribuer
chaquepièce lithique
àune
sourceprécise
dansles
horizonsdu
Campanien,du Coniacien ou du
Santonien.C'est
pourquoi
nousretiendrons
systématiquementla
règledu gîte potentiel le plus proche du site comme lieu
d'origine. Au-delà de Ia
caractérisation des matières premières2les prospections nous ont aussi informés
surl'accessibilité naturelle
des silex..,,/
3. LES CONTEXTES O'ÉTUOE
Les contextes d'étude sont variés. IJne grande part
des informations provient des minières à silex, qui
montrent une production quasi exclusive de
haches,mises en forme sur les sites d'extraction et polies
ailleurs. Seule Ia minière de Spiennes, en
zoneMichelsberg, livre
enplus
uneproduction
de grandes lames débitées par percussionindirecte
et, de manièreplus marginale, une production de ciseaux. Si
la question ne se pose paspour
les nombreuses minièresen contexte
chasséen,il est
enrevanche
étonnant de ne pas trouver de production laminaire dans les minières situées en contexte Michelsberg comme celle de Jablines.L'une
des questions persistantes estcelle
de lapro-
venance des matièrespremières tertiaires
dansla val-
lée del'Aisne.
Des prospectionsont
été menées, dansle
cadrede I'ANR sur le
Tardenoisoriental,
sur tousles
affleurements deBartonien (e7b)
entre Bazoches-sur-Vesle et Romigny. De la Vesle aux environs
deLagery, elles ont montré la
présencede
nombreusessilicifications tertiaires plus ou moins abouties et
depetites plaquettes minces de Bartonien
proprementdit, mais
I'absence dedalles
dequalité
et dimensions requisespour la production
des grandes lames. Seulela
zonecomprise entre Lagery, Lhéry et Romigny
afourni de
grandesdalles de silex bartonien
de bonnequalité qui ont été largement exploitées
dansle
sec-teur dès le Mésolithique (BosryN,
SÉana20lI). S'il
est
probable
queIa
matièrepremière exploitée par
lesmncentrique
depuisle
centredu
Bassinparisien
versflss marges.
Les formations tertiaires
se développentdsns tout le centre du Bassin parisien et
fournissentûffirentes qualités de silicification sous forme
deplaquettes, voire de dalles, depuis les plaquettes
de l-rmétien à cérithes souventmal silicifiées et
chargéesnn
fossilesjusqu'aux
grandesdalles
deBartonien
dehne
qualité.I"es formations
crétacées,qui
,s'étendent Surtout
h pourtour des affleurements tertiaires,
concernentffabord le
Sénonienet plus marginalement le Turo-
,jcn- Elles livrent
de très bonsrognons
desilex
danslss niveaux du
Cénomanien,Coniacien,
Santonien et,fupanien, parfois
dans les mêmes gîtes. Lesniveaux
,fr Turonien peuvent également livrer des silex
de,lmne qualité, mais ils
sontplus
rares etlimités
à une",Ëtoite couronne
orientale
et sud-occidentale.Audelà, aux
margesoccidentales du Bassin pari-
lÉrn, les formations jurassiqueslivrent
des silex densesË dÊ bonne qualité dans les niveaux du
Bathonien,tndis
que les marges orientales nelivrent
que peu de tnchÊssilicifiées
dans des contextesoxfordiens, par'
&is
de bonne qualité. Plusloin
encore,
àunord-est, lesfrmtions
secondaires crétacéesdu bassin de Mons
,mlprennent
dessilex
campaniens(anciennement
at-ffiués
auMaastrichtien)
de bonne qualité ainsi que durumiacien, du
Santonienet d'importantes formations
fr ftronien livrant
également des silex.ill faut également mentionner la présence de
niveaux
& Crétacé supérieur sous les horizons du Tertiaire
fu
lesvallées alluviales du
Bassinparisien, tout
au 'mlfrns dans sapartie occidentale. On signalera
égale-mt
lesblocs
de matièrepremière
enposition
secon-ùfre
dans les terrassesalluviales qui
ontpu
aussi êtreWtoités
par lespopulations
néolithiques.Depuis
les années 1980,plusieurs
programmesont
pur,nis d'échantillonner les differents
affleurementsryÉnés
par des prospections pédestres et deconstituer
fu lithothèques
de référence. I1s'agit
du programme*ÆP Matières premières
)) (BraNcHEret al.
1989),& nCR
surla "
géoarchéologiedu silex
dans lenord-
rct de la
France" (AnARD, BosrvN,
FeeRE2005
;frnr"nno et al. 2010 ; Fenne 2007) et également
deiniACR sur
"
le Néolithique ancien dans la basse vallée deih
Wfiarne"
(LaNCHoN et a1.2005) puis du présent" MK
Ihqi€kt "
(www.anr-mk-projekt.frD.
Régulièrementali-
mÉes à
un SIG
et permettentaujourd'hui une
cartogta-1phils des gîtes potentiels par origine géologique
(Fig.
1).Cependant, malgré ces avancées, un certain nombre
& problèmes persistent dans la caractérisation
desrf,cx
(FnsRE2007). Le premier concerne la
caracté-68
sites de l'Aisne provient bien de cette
zorre, aucune trace de structureprofonde d'extraction n'a pu
encore ôtre mise en évidence.En effet, ni
lesopérations d'ar-
chéologiepréventive liée
àla construction
dela ligne
TGV-Est ni
les prospections géomagnétiques réalisées en20lI
sur 70 ha àRomigny n'ont permis
de décou-vrir
depuits d'extraction. La
seuleimage
aériennequi
pouvait laisser
supposerleur
présenceà Lhéry
cc lePoirier
Georges"
s'avèred'une interprétation problé-
matique : le site
setrouve sur
desniveaux de Luté-
tien e5a-b et ne livre pas de mobilier
archéologique en surface.On peut,
en revanche,noter qu'il
se situe dans unerégion
où les charbonnières sont courantes etpouffaient
être àI'origine
des tâches noirescirculaires
visibles
sur certainsclichés
aériens.Ainsi,
on ne peut donctoujours
pasparler
desminières
deRomigny
etla
nécessitéd'une extraction
enprofondeur n'est
pasévidente puisque
desplaques de bonne qualité et
de grandesdimensions sont directement
accessibles par les versants.L'autre
sourçe essentielled'informations
est consti- tuée par les nombreuses enceintesfouillées
depuis 40 anset
les rares sitesouverts.
Ces siteslivrent
des as- semblageslithiques
qui pennettent dediscuter
àIafois
de la répartition spatiale
desproductions entre lieux
ZONES DE PRODUCTION ET ORGANISATION DES TERRITOIRES AU NEOLITHIQUE
d'acquisition
etlieux
de consommationetlou
de trans-formation, et de l'existence éventuelle d'un
contrôle plus ou moinsrigoureux
etcontinu
des sources de ma- tières premières dequalité
supérieure.Autrement dit.
quels
sitespeuvent
correspondre à des sites de trans-formation,
deconsommation
oujouer un rôle
central dansle contrôle - et
par conséquentla distribution -
de certaines
productions
?Des fenêtres d'étude ont été sélectionnées,
quicorrespondent à des secteurs bien documentés
etdont nous
avons déjàbien
avancéI'analyse.
I1s'agit
de quatre
secteurs situés dansles vallées de l'Aisne,
de I'Oise, de la Meauldre et de la Marne,
complétéspar les données du complexe enceinte-minière
de Spiennes enBelgique.
4.
APPROCHES TERRITORIALESDANS LES
ZONES MICHELSBERG4.1
.
Lavallée de
I'AisneQuelques enceintes Michelsberg installées sur
des éperonsou en rebord de plateau sont
documentées, telles queBourg-et-Comin
ou Couvrelles. Néanmoins, Fig. 1 : Cartographie des ressources lithiques dans le secteur nord-est du Bassin parisien (@ C. Liétar).Fig
1: Map of lithic resources in the north-east sector of the Pans basrn (@ C. Liétar).O "n."inte
deplaine
ô sépulture monumentale
O habitat
A éperon/enceinte de plateau
i
EPA: Épagny "La montagne des Rots"; PRP: Pernant "Le Roc Potier"; BLH-FT Bucy-Le-Long "La Héronnière", "La Fosse Tounise"; MAG:'
Missy-sur-Aisne "Les Gardots"; CCV: Couvrelles "La carrière de Vasseny"; VLG: Vasseny "Le dessus du Groin"; BMO: Braine "La Grange aux Moines"; LGB: Limé "Le Gros Buisson"; BLM: Bazoches "Le Bois de Muisemont"; MGA: Maizy "Les Grands Aisements"; BLP: Beaurieux"La Plaine"; CCF: Cuiry-Lès-Chaudardes "Les Fontinettes"; CLJ: Concevreux "Les Jombras"; PPM' Pontavert "Le Port aux Marbres".
70 ZONES DE PRODUCTION ET ORGANISATION DES TERRITOIRES AU NEOLITHIQUE
Pourtant, tous
les sitesMichelsberg livrent une in-
dustrielithique majoritairement
réalisée surBartonien
et, dans unemoindre
mesure, sursilex
sénoniens. Des nuancess'observent
dans les pourcentages respectifs deBartonien
et deSénonien:Bazoches
et Concevreux montrent respectivement 90 et86%
de Bartonien, tan-dis
queMaizy n'en livre
que 60 oÂ. Ces nuances sont identiques au sein du débitage domestique et despro-
ductions minières.Les
autressilex
sont àpeine
attestés,qu'il
s'agissedu grès-quartzite, du Ludien à cérithes, du
Thané-tien, du Turonien apporté de Rethel, voire de
rares pièces ensilex
de Spiennes.Le Bartonien
est issu desniveaux
e7b,probablement
dutriangle Lagery-Romi-
gny-Lhéry tandis que les silex
sénoniens,lorsqu'ils
ne sont pas patinés, semblent pouvoir être
rattachésaux affieurements
champenoisde la
zone d'Épernay.Cet approvisionnement concerne tant la production
domestiqued'éclats
et de lames courtes que laproduc-
tion minière
de hachespolies (en
Sénonienet Barto-
nien)
et de grandes lames (uniquement enBartonien).
On
constate donc que lesmatériaux locaux ont
étélargement
délaissés,pour un approvisionnement
ré-gional plus lointain (20 km et plus), mais de
bonnequalité.
Parailleurs,
aucuneminière ni atelier
depro-
duction de
hachesou de
grandes lamesn'est identi-
fié à proximité
des enceintes,monuments
funérairesou habitat ouvert. Ainsi, les artefacts retrouvés
surles sites d'enceinte
attestentd'une
segmentation des chaînes opératoires deproduction, mais il reste€iffi-
cile,
enl'état
actuel de nos connaissances, defixer
lesdifferents lieux
deproduction.
Le territoire qui peut
cependantêtre délimité
estd'environ 40 km de diamètre,la
zone deproduction
des hacheset
des grandes lames enBartonien la
plus proche se situant dans le secteur deRomigny, à25 km
de Bazoches
(Fig. 2 et 3). La production
domestique,quant à elle, recouvre un territoire d'approvisionne-
mentidentique pour
leBartonien,
etplus
étendu (plus de 50km) pour le
Sénonien champenois.Ainsi, l'absence de silex
debonne qualité n'a
pasfreiné I'implantation des sites Michelsberg dans
les vallées deI'Aisne
et de la Vesle, maisn'a
pas non pluslimité
l'approvisionnementà
des matériaux médiocres.Ces sites ont donc
pu
s'installerloin
des gîtes de bonne matière première tout en en disposant en permanence.4.2.
Le bassin de Mons
Les ressources siliceuses du bassin de Mons
sont nombreuses et variées, avec d' importants affleurementsFig. 3
= 1 à 4- Productions laminaires de Beaurieux " La Plaine
'
(@ L. Manolakakis).
Fig. 3: 1-4 Production of blades at the Beaurieux "La Plaine" site (@ L. Manolakakis).
de silex turoniens d'est en
ouest, aunord comme
ausud du
bassin,de silex
santonienet coniacien à I'est
ainsi quedifferents
silex campaniens de qualité commele silex de type
Spiennesprincipalement au sud
dubassin. Plusieurs minières exploitant ces
ressources sont attestées(Fig.
4).Parmi celles-ci, la minière de
Spiennes estun
des centresminiers majeurs
àl'échelle
deI'Europe
touteentière. L'originalité est ici f implantation d'une
en-ceinte
àproximité immédiate du lieu d'extraction,
cequi n'est
actuellement connunulle part ailleurs.
Cettedernière
apu être
datée, dansle
cadre deI'ANR Mi-
chelsberg, du début du I\Æmillénaire.
Lesproductions
de lames et de hachesont
été réalisées presqueexclu-
sivement
surle
siteminier,
mêmesi
quelques indicesde ces productions sont
présentsdans
l'assemblagelithique
del'enceinte
de Petit-Spiennes(BosryN, Cor-
rpr
2011). Laproduction
de grandes lames est concen- trée essentiellement av"
Camp-à-C ay axx",
enrelation
probable avecl'extraction
des grandes dalles dans lespuits
lesplus profonds. La
quasitotalité
de la matière premièreutilisée
dansl'enceinte
de Petit-Spiennes estconstituée de silex de
Spiennes.On y rencontre à
lafois
des variétés desilex
sousforme
de rognons et de grandesdalles du " Camp-à-Cayaux". L'absence
detout
fragment de hachepolie
en matériau exogène, que cesoit
ensilex
ou en roche tenace, est remariiuable.TERRITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES DANS LE NORD DE LAFRANCE ET EN BELGIQUE...
I cÔ
Éf,d
W
0
5cm3.
1.
2.
72
À deux kilomètres au nord de la minière
de Spiennes àHyon " Bois-Là-Haut ", ur possible
habi-tat
a éTé repéréde longue
date sur unebutte tertiaire
dominant le
paysageenvironnant
(oe LoË,or Mrxcrc
1890).Jusqu'à aujourd'hui, il n'a fait I'objet que
de ramassagesde
surface.Ceux-ci ont notamment livré
des ébauches de hache et des éclats de
façonnageindiquant peut-être l'existence d'un centre
secon-daire de production de haches (J.-P. Lippus, com-
munication personnelle).
L'enceinte la plus proche de
Spiennes estcelle
de Thieusies" La
Ferme deI'Hosté ",
aunord
du bassin deMons. Bien qu'installés
àproximité
de sources desilex
campanien,turonien, coniacien et
santonien, les habitants de Thieusiesont
eu recours en grandepartie
au silex
desminières de
Spiennes situéesde I'autre
côté dela vallée
dela Haine, à
10km
de distance.Ils
s'en
sont servipour
laproduction,
sur 1'habitat,d'une
grandepartie de I'outillage commun et peut-être
de haches.Mais la plupart d'entre elles et la totalité
des lamesont certainement
étéimportées
directe.ment dela minière (BosrvN, Corrsr ZOttl. À
côtédu"ùlex
de Spiennes, d'assez nombreuses variétés ont été utilisées, mais enmoindre
quantité. Certaines sontd'origine
1o- cale, commele silex noir mat.
Second enimportarrce,
il
estutilisé pour le
débitagecommun
(Vrnvrnenscu,VnNcrren,
W.a,rrnR 1990).Telle
est égalementl'utili-
sation faite du silex noir fin
detype Obourg dont
lesaffleurement sont
situés à4 km au
sudde l'enceinte.
Enfin, d'autres variétés ne sont
représentéesque
parquelques artefacts. Elles peuvent être originaires
du bassin deMons,
comme unfragment
de hachepolie
et deux ébauches de piècebifaciale
réalisés surun silex
en plaquette
zonéde " type Ghlin ", une variété
desilex fréquente
dansla région de Baudour/Douvrain
(Lnerors 2000). D'autres sont extérieures au
bassin, mais leurorigine
exacte est indéterminée àl'exception
de quelquesfragments
de hachequi
seraienten silex
du Lousberg
(VEnrvrEERSCH, VyxcrcrBn,WerrnR
1990).Pour ces derniers, il s'agit le plus souvent de
petits éclats de hachepolie.
Un habitat
supposé est égalementlocalisé
àl'ouest
du bassin deMons,
sur unecolline dominant
lavallée
de laHaine
àDouvrain" La
Couture desMonts " (Lu-
Blors2000).
Selonla
cartegéologique,
cethabitat
estimplanté
àproximité
immédiated'affieurements
de si-lex
situés au bas du versant.À
cetendroit,
une couchede
déchetsde taille a livré
desblocs,
desnucléus
et des ébauchesindiquant la
présencepossible d'un
sited'extraction
(HouzEAU DELBrnrB 1922-1923). Sur
le versant ouest de" La Couture
desMonts ", un
dépôt composéde neuf
hachestaillées fut mis
aujour
an-ciennemment (Lnelors 2000). Bien que situés,
selonIa
cartegéologique, sur un affleurement de craie
dezoNES DE pRoDUCTToN ET oRcANrsATIoN DES TERRIToIREs eu NÉortrnleuE
Spiennes, les
silex
rencontrés dans cettelocalité n'ont
rien en commun avec le silex delaminière
de Spiennes.En effet, nombre de pièces sont façonnées sur
un
silex en plaquette àpseudo-stratification, gris
àgris clair
et mat,veiné
deblanc,
degris
bleuté, debrun, d'ocre
ou denoir, connu
sousle nom
de" silex de Ghlin ",
dunom
de la communevoisine
(Lnnrors 2000).Pour les
communautésMichelsberg
situées en de-hors des zones d'affieurement, le silex de
Spiennesjoue un rôle importarfi. Les
grandeslames en silex
et les
haches,et même certains outils sur éclat, pro-
viennent très souvent de cetteminière,
alors même quele
pourcentagede silex de
Spiennesn'y
est pas trèsélevé comme c'est le
cas àBlicquy o'La Couture
duCouvent "
(CoNsreNuN,Deuepnz 2009). La propor-
tion
desilex
estvariable d'un
site à 1'autre,mais
cer- tains habitatsMichelsberg
distants de 40 à 60km
com- prennentjusqu'à 40 %
desilex
de Spiennes(Bosrnr,
CorrBr 2009). De la même manière, les collections
de surface dela région
deNivelles, dont bon
nombresont
attribuées auNéolithique moyen, indiquent
uneproportion de silex de Spiennes comprise entre
30et 70
oÂ.Les
autres matières premièresy
sont repré- sentéesplus discrètement. Le silex turonien,
seconden importance) y
représenteun peu moins de
15 yo,le silex
detype Obourg 7
oÂet le silex de Baudour/
Douvrain seulement I %. Des silex sont aussi
issusdes minières de Hesbaye situées à plus de 50 km
(Hunnnr
1982).Dans le bassin de Mons, les
ressourcesen silex
paraissent avoir favorisé f implantation de commu-
nautésMichelsberg. Celles-ci ont choisi de s'instal-
ler
àproximité directe,
comme à Spiennesou
àHyon
" Bois-Là-Haut ",
ou sur des voies d'échanges comme dansle
cas de Thieusies.À
cejou.,
aucunindice
de siteproducteur extérieur
au site de Spiennesn'a
été reconnu,mais
sur les sitesd'Hyon " Bois-Là-Haut "
et de Thieusies" La
Fermede l'Hosté ", Ia
présencede certains
artefacts carac-téristiques pourrait être le signe d'une
segmentation de la chaîne opératoire deproduction
des haches, avecI'existence
de sitesproducteurs
secondairesou
redis-tributeurs. Une telle
segmentationn'est
pas observéepour
laproduction laminaire.
4.3. La basse vallée de la Marne
Le secteurpris en compte s'étend de la boucle de
Méry-
sur-Marne, àI'est,
à celle deNeuilly,
àl'ouest (Fig.
5).Au-delà,
dansla
zone de confluence de laMarne
et dela
Seine àMaisons-Alfort
ou àBercy, soit à
10km
enaval
deNeuilly-sur-Marne,
les éléments dela
cultureTER.RITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES DANS LE NORD DE LAFRANCE ET EN BELGIQUE...
lil$
5 : Carte des sites de la basse vallée de la Marne (@ V. Brunet).,@;
5
Map of sites in the lower Marne valley (@ V. Brunet).rnatérielle renvoient tous à la culture du
Chasséenryûentrional
(LeNcHoN, MAReurs L992; Cottrl'ux
et.l-
2008).La vallée
dela Marne
alivré
à cejour trois
æintes attribuées au Néolithique moyen II
avec,dl-est en ouest, celles de Méry-sur-Marne, d'Isles-
k;Meldeuses et de Vignely " Ia Noue Fenard ".
HlEs sont très inégalement documentées
puisqueodles
deVignely
(LeNcuoNet al. 2006) et de Mé.y
(Rr-lno, Dnouuor
1990;Aucnnreu
etal. 1996) ont
6ir I'objet d'une fouille préventive et fournissent
deslnfrrmations de qualité, celle
d'Isles-les-Meldeusesm-cant connue que par prospection aérienne.
Lesrtres lithiques des monuments
palissadésmontrent
re utilisation massive du silex tertiaire bartonien
dcsfiiné à laproduction
d'éclats.Cete
abondancen'exclut
pasle
recours à dessilex
uogènes d'origine
uétacée, Sénonien champenois (?)m
Sénoniendu nord du
Bassinparisien (?), qui
sontrrbeminés sous la forme d'outillage. La production
hinaire
àpartir du silex tertiaire
estindigente,
ainsirye I'outillage,
et ce en faveur de pièces retouchées en silrexsénonien comme des
armaturesou
des tronca-tr€s.
Dansun contexte
géographiqueriche
en roche$iliceuse, la gestion des matériaux prend un sens
parti-
crlier. A Vignely,
les hachespolies
sont rares,toujours
de
petit
module et retrouvées le plus souvent àl'état
de fragments. Pour cetoutil,
le recours ausilex local
bar-tonien est exclusif. L'absence d'éclats de
façonnage dans les fossés sembleindiquer qu'elles n'ont
pas été façonnées sur place.À
nnery, leur provenance est plusdiversifiée
avecl'acheminement
deproduits
fabriqués"âlartir
desilex
extrarégionaux.Dans le
secteurde confluence de la Marne et
duGrand-Morin, un ensemble de minières à silex,
ausein duquel se trouve celle de Jablines (BosryN,
LaNcnoN 1992), a probablement exploité differents
bancs desilex tertiaire
bartonien. Les études menées à Jablines ontmontré qu'il existait, parallèlement
à uneproduction
en grande série de hachestaillées
de deuxmodules distincts (usqu'à 30 cm de long mais
aussi de modules plus petits, de 10 à 17 cm), un outillage pluscornmun
composéde grattoirs et
deracloirs qui
pou-vait intervenir
dans le processusd'extraction
(BosrvN,LeNcsoN 1992). Le plateau de Brie bénéficie de
la découverte, depuis une dizaine d'années, de trèsnom-
breux ateliers
de façonnage de hachesen silex (Bnu-
Nnr, LereuNr 2008). Le recours à desmatériaux locaux
est
systématiquepour Ia fabrication des
haches.La
relation
avecla minière voisine
de Jablinespeut
être envisagée de façon quasi certaine(environ
7km).
Les73
Ressources minérales :
I
affleurement de grès (stampien)ffi
atfleurement de silex iBartonien)74 ZONES DE PRODUCTION ET ORGANISAIION DES TERRITOIRES AU NÉOLITHIQUE
plaquettes de silex sont
acheminéesvers les
ateliers sans préparation préalable. Les ébauches sont mises en forme sur leslieux
deproduction
comme I'attestent les remontages.Les
lames de haches sont de dimensions modestes, souventinférieures à
17cm (Fig. 6).
Outre les sitesproducteurs du
plateau,on
observe, àproxi-
mité de ceux-ci, des structures excavées, dont certaines sont àl'évidence
destrous
de poteau.Leur
organisa-tion
apermis, sur I'opération de
Jossigny,de
mettre en évidence un planpartiel
de maison, contemporaine des ateliers defabrication
de haches(BnuNnr
2012a).À Montévrain, c'est
une palissadequi
sépare lesacti-
vités
domestiques desactivités
artisanales, mais aussid'une
zoned'habitat (BnuNnr 20I2b). Dans les
ves- tigesd'habitat
découverts àproximité,
les hachespo-
lies
sont presquetoujours
fragmentées.Au Néolithique moyen,
dansle nord de la
Seine-et-Marne, la
gestion de la matièrepremière
s'organisedonc autour de l'implantation
deminières, d'ateliers
de façonnage de haches etd'habitats (Fig. 5). La pro-
duction de
haches estinexistante
dBnsles
enceintes,mais elle est
conséquentesur les sites d'ateliers
du plateauet
sur lesminières. L'acquisition
des matièrespremières
dansle bassin minier de la boucle de
Ja-blines
se structure donc autour de plusieurs axes, avec des distances del'ordre
de 15km.
Les roches adaptées au façonnage des hachesd'origine locale font I'objet
d'une exploitation
enpuits
de mine. Desmatériaux lo-
caux moins attractifs pour leurs qualités de taille sont par- fois recherchés pour la confection del'outillage
courant.5. APPROCHES TERRITORIALES DANS LES SECTEURS DU CHASSÉCru SCPTENTRIONAL
5.1,
La moyenne vallée de l'Oise
Le
secteurde la moyenne vallée de l'Oise,
comprisentrê Noyon et Creil, livre depuis de
nombreusesannées des informations intéressant le Néolithique
moyen II (Fig.
7). Lestrois
sites de Jonquières, Saint-Maximin
et Catenoy sont des camps de hauteur connusanciennement (BreNcunr et al. 1984),
auxquelss'ajoute la découverte récente de Chevincourt
(TonoN 2007). Le fond de la vallée de I'Oise n'est
pas exemptd'occupation, puisqu'une
enceinte et deuxhabitats ouverts ont fait l'objet
defouilles d'ampleur
differente.À Co-piègne "
le CoqGalleux " (Tournr
etal.
1984), les observations concernent essentiellementle système fossoyé composé d'une palissade. À
Choisy-au-Bac,
ce sont des structuresde
combustion associées àun niveau
archéologiqueriche qui ont
étéfouillées
en bord de chenal (PnonÉo1997),mais
aucun systèmed'enceinte n'a
été observé àproximité
de lazone de fouille, ce qui n'exclut pas définitivement
sapossible existence. À Longueil-Sainte-Marie "
le Parc aux Bæufs", ur
niveau archéologiquerecouvrait
quelques fossespeu profondes qui ne
semblaient pass'organiser
(JosnrH2000). Dans ce cas, I'habitat
est ouvert, ce que les décapages sur de larges surfaces dans cetteportion
de vallée ontconfirmé. C'est
àl'occasion
de cette fouille que trois sépultures attribuables
aumême horizon chronologique du Néolithique
moyen5cm
Fig. 6 : 1- hache taillée de Montévrain ; 2- hache polie de Montévrain (dessin E. Boitard, lnrap).
Fig. 6: 1) Carved axe from Montévrain; 2) Polished axe from Montévrain (drawing by E. Boitard, lnrap).
TEf,RITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES DANS LE NORD DE LA FRANCE ET EN BELGIQUE.
Rgr 7.1 : - carte des sites Néolithique moyen ll de la moyenne vallée de l'Oise.
l-
Bessons ; 2- Nointel ; 3- LamécourT 4- Chevincourt ; 5- Jonquières ; 6- Catenoy ; 7- Saint-Maximin ; B- Ribecourt ;ïr0- Choisy-au-Bac ; 11-Longueil-Sainte-Marie " le Parc aux bæufs " (fond carte géologique 1i50 0OO @ BRGM) ;
17-2-lame en silex de Spiennes de Catenoy (photo F Bostyn, lnrap)
:7.3
- hache de Catenoy en silex local (dessin F.W.7.1)
Map of Middle Neolithicll
sites in the middle Oise valley.75
9- Compiègne ;
Bostyn, lnrap).
il-Æessons, 2- Nointel, 3- Lamécourt, 4- Chevincourt, 5- Jonquières, 6- Catenoy, 7- Saint-Maximin, B- Ribecourt, 9- Compiègne,
î&
Choisy-au-Bac, 11-Longueil-Sainte-Marie "Le Parc aux bæufs" (geological map on a scale of 1:50000 @ BRGM);V2) Spiennes flint blade from Catenoy (photo F. Bostyn, lnrap); 7.3) axe from Catenoy in local flint (drawing F. Bostyn, lnrap).
,+ o
Minière à silex
Enceinte
@
Polissoira
Habitat ouvert@
Enceinte de hauteur0 lryn
76
ont
étéfouillées
(JosneH,PrNam 2008) ;
elles restentà
cejour les
seulsvestiges funéraires de ce
secteurgéographique. A des distances faibles (moins
de5 km pour les
sitesde hauteur, environ
10km pour
les sites de fond de vallée), on connaît
égalementtrois sites miniers qui ont exploité les horizons
duCampanien. Les minières de Nointel et
Ressonssont mieux
connuesgrâce à
des recherches récentes(RoveNreeu
1989, 1990 ;Bneurem, BosrvN 2008)
et datéesdu Néolithique moyen II, celle de Lamécourt
reste documentée par des travaux anciens qu'il
conviendrait
sansdoute
de reprendreafin
de préciserl'étendue etla
datation del'exploitation
(Feenn 2007).Signalons que les deux minières de
Nointel
et Ressons ontlivré
despuits
de petites dimensions et les rognonsqui en ont
étéextraits sont
debonne qualité mais
detaille
moyenne (dans les 20 cm).Les
donnéessur l'industrie lithique sont très
iné-gales selon les sites et sont largement
dépendantes,d'une part,
des surfacesfouillées,
très differentesd'un
site àI'autre,
et,d'autre part,
dunombre
et dela
qua-lité
des étudesdu mobilier lithique qui ont
été-
oupas
-
réalisées.La
synthèse présentéeici
se base surles
étudesde Jonquières (Hevrenn 1993 ;
BreNcHBret al. 1984 ; LÉw-GuÉeNr 2006), de Choisy-au-Bac
(PnooÉo 1997; Lo Cenumn 2006), de
Catenoy(He-
MARD 1993) et de
Saint-Maximin (Hnvraru
1987). Les autres sites apportent des informations plus ponctuelles.Sur I'ensemble
des gisements,la matière
première employée est trèsmajoritairement le silex local
cam-panien issu probablement des minières. En effet,
siles rognons ont
étépour partie
consacrés àune pro-
duction de haches de dimensions moyennes sur
lelieu même de l'extraction, une partie
desrognons
aprobablement été emportée sur les lieux de vie.
Lesvolumes disponibles ont été exploités en vue d'une
production d'éclat qui fournitg}
% des supportsd'ou-
tils. D'autres
besoins, enparticulier celui
de supportslaminaires,
sontpourvus par le biais
deI'introduction
deproduits déjà
débités.C'est le
cas des lamesdont
I'origine géologique
estdouble
: nous avonspu
déter-miner la
présencede lames en silex bartonien et
ensilex de
Spiennes(BosrvN, Correr
2011).Mais c'est
aussiune
constatationfaite pour
les haches.En
effet, des fragments de hachespolies
ensilex bartonien
ont étéisolés sur les
sites deCatenoy et Boury-en-Vexin
(Vnnnnr
1987).Le recours à des matériaux exogènes pour
les hachespolies est également sensible au travers
def importation de haches en roches
métamorphiquesqui, pour les
quelquesexemplaires
analysés,sont
endolérite
(LEMeux
2010).zoNES DE pRoDUCTIoN ET oRcANrsATroN DES TERRTToIRES AU NÉorrrrirqur
Ainsi, à l'échelle de cette portion de la vallée
deI'Oise, on observe que les territoires d'approvision-
nementpour les productions
domestiquesd'éclats
etpour
lespetites
hachessont de I'ordre d'une
dizaine dekilomètres
derayon pour les
sites enfond
deval-
lée, deux fois moindre pour les
enceintesde
hauteur(Fig.
7). Concernant lesproductions
non domestiques.en
matériaux
exogènesde surcroît (lames et
grandeshaches), seuls des produits finis sont importés
et présents surtous les
sites. I1n'est donc
pas possibleaujourd'hui, avec les éléments dont on dispose
àl'échelle
de cetteportion
devallée
deI'Oise,
de discu-ter
del'existence d'un site central qui pourrait
servir deredistributeur
àl'échelle
régionale. Onn'est
pas en mesure non plus de préciser si uneminière
àsilex
était enrelation directe et exclusive
avecun habitat ou
siune minière était exploitée par plusieurs habitats.
5.2. La
vallée de la Mauldre
Le
secteur dela confluence Seine-Mauldre,
au sud decelle-ci en aval de Paris et en amont de
Mantes-la- Jolie, est une zone deproduction
de haches comprenantune grande minière à silex, celle de
Flins-sur-Seine(Fig. 8), et d'autres ateliers ou minières (Bosrnr'.
GItIcNv, Lo
CanvrrNs 2008 ;Grrrcxv 20ll;
GrrrcNvel
aL.2011
;BosrvN
et aL.2012).La minière de Flins-sur-Seine/Aubergenville
est située dansune
zone àpeu
prèsvide d'indices d'ha-
bitats, comme I'est d'ailleurs une
grandepartie
de larive droite
de laMauldre
et des plateaux situés immé- diatement àI'est
dela
vallée.Au contraire, la
densitéd'indices
desite
estmaximale
sur lesplateaux
situésà I'ouest de la vallée, en particulier sur les
secteursd'Épône,
deMontainville
et de Beynes.Lazonedense
la plus proche est celled'Épône,
à 3km
de la minière-soit
dansI'aire locale d'approvisionnement. On
peut donc supposer que cegîte
étaitexploité
régulièrementpar
lespopulations vivant
sur ceplateau,
de manière saisonniè re.La minière
de Flins- sur- S eine/Aubergen-ville, dont les structures d'extraction s'étendent
sur une superficie de 3 à 5 ha, produit à lafois
des petites et des grandes haches en silex bartonien (Fig. 9). Plusieurs indicesd'ateliers
deproduction
de haches en silex bar-tonien
sont égalementidentifiés
lelong
de laMauldre.
Peu de sites d'habitat sont bien documentés, la plupan étant connus par des
fouilles
anciennes ou des prospec-tions
de surface.Le silex local
sénonien etle
silex bar- tonien sont tous deux utilisés, et dans de nombreux cas disponibles localement tout le long de la Mauldre.La question de I'existence d'un site central
quicontrôlerait le système de production et de dift-
T'ER.RITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES DANS LE NORD DE LA FRANCE ET EN BELGIQUE... 77
Mantes-la-Jolie
lftLt:
Localisation des sites ffi$r & Location of the sites inde la vallée de la Mauldre (@ F. Giligny). En pointillé la zone étudiée.
the Mauldre valley (@ F. Giligny). Dotted lines indicate studied zone.
'10 cm
il
il
il
0
n;l9:
Productions de la minière de Flins-sur-Seine (dessin A, Lo Carmine).@ 9
Productions of the Flins-sur-Seine quarry (drawing A. Lo Carmine).78
sion des haches en silex bartonien dans cette
zonea
été posée.Sur le plateau, il existe potentiellement
un grand
éperonbarré à Jumeauville " La Croix
deJumeauville ".
Unepetite
enceinte découverte récem- ment à Flins-sur-Seine, dans lavallée
en contrebas de laminière,
alivré
un habitat et un atelier deproduction
de petites haches(Dnnour
eta|.2009).
Presque toutes les périodes duNéolithique
sont présentes sur ce site.Il
estproche d'un lieu
de polissage sousla forme
deblocs
de grèsutilisés
en place.Il
auraitnon
seulement unrôle
dans laproduction
d'ébauches et de haches po-lies, mais
aussiprobablement
dansleur diffusion. Le
rôle
etla place
desminières
dans leterritoire doivent
dépendred'abord
deleur localisation par rapport
aux zones de peuplement et aux habitats.En intégrant les concentrations d'indices de
sitesdu Néolithique moyen et les ateliers ou minières,
onpeut ainsi délimiter un territoire d'une quinzaine
dekilomètres,
àI'intérieur
duquel les habitats setrouvent
àmoins
de 5km
des ateliers defabrication
des petiteshaches et où la production domestique est
réalisée sursilex strictement local,
de provenanceinferieure
à5 km (Fig.
8).Au-delà
de ceterritoire,
les haches ensilex tertiaire
sont redistribuées vers lenord
etl'ouest,
jusqu'à
une distance de 100km (BosrvN
etal.
2012).6. SYNTHÈSE ET COMPARAISON DES TERRITOIRES
La comparaison
desterritoires d'approvisionnement
montre
des échellesdifferentes
entre les deux culturespour
cequi
est de laproduction
domestique(Fig.
10).Dans le domaine du Chasséen septentrional,
les habitatss'approvisionnent
àl'échelle
locale.Les
sitessont très souvent implantés sur
desgîtes de
matière première, même de qualité médiocre. Cessilex locaux
sont exploités pour les productions domestiques
etI'outillage courant. Le débitage d'éclats, à
défautde vraies lames, s'accorde avec I'exploitation
dematériaux de qualité éventuellement médiocre, à
Ia différence du Chasséenméridionnal.
Seules les haches ensilex
ou en roches tenaces témoignent dematériaux
régionauxvoire
exogènes.Au contraire, il
semble que dans leMichelsberg
duBassin parisien l'approvisionnement se focalise
surdes matériaux de bonne qualité, variant ainsi d'une
échelle locale, pour les
sitesinstallés sur ou
àproxi-
mité
desminières (Vignely et
Spiennes),jusqu'à
uneéchelle régionale
(Bazocheset la vallée de l'Aisne),
voire extra-régionale lorsque
desmatériaux
de bonnequalité
ne sont pasdisponibles (Mairy
siteslorrains).
L'exemple
des sites de lavallée
deI'Aisne indique
un approvisionnementmajoritairement
ensilex
bartonien deRomigny-Lhéry
(unevingtaine
à une cinquantaine dekilomètres
d' éloignement) et un approvisionnementZONES DE PRODUCTION ET ORGANISATION DES TERRITOIRES AU NEOLITHIQUE
conséquent en
silex
sénoniensprobablement
issusde
ila région d'Épernay en
Champagne.Les
sitesinstal-
|lés dans des zones sans ressources siliceuses,
comme
Idans
la vallée de la Moselle,
disposentapparemment
Isans
problème
de ressourceslithiques
très éloignées:
Isilex
champenois etsilex belgo-hollandais
àplusieurs
Icentaines de
kilomètres.
ISi
l'on
cherche à dégager une tendance
gén&aleen I
termes
de structuration
des réseauxd'approvisionne- |
ment en matière première
pour
lesproductions domes- |
tiques, on note
: I
- dans le Chasséen septentrional, des réseaux
simples I
ou peu structurés et des habitats qui apparaissent I
autonomes de ce
point
devue ;
L- dans le
Michelsberg
du Bassin parisien, desréseaux I
plus structurés et complexes, semble-t-il, avec une I
distance
plus importante
entrecertains
siteset le lieu I
d'approvisionnement, et
deshabitats
sans douteplus I
dépendants
d'un
réseaud'approvisionnement
queles I
habitats
chasséens I
Dans la basse vallée de la
Marne,
la détectiond'ate- I
liers de production de
hachesinstallés en
dehorsdu I
lieu d'extraction renforce cette idée d'une organisa- I
tion complexe et d'une
segmentation des réseauxde I
distribution
des haches dans lesquelsinterviennent des I
sites intermédiaires entre la
minière
etI'habitat I
Plusieurs
hypothèsespeuvent être
proposéespow I
expliquer
ce contraste entre les deuxcultures
: onpelû I
envisager soit une difference de contrôle de l'accès f
à la matière première, qui
seraitplus important dam L
le Michelsberg que
dansle
Chasséen,soit une diffé- I
rence de
degré d'intégration
des sites,plus fortemem I
intégrés dans
un
large réseaupour
leMichelsberg que I
pour
leChasséen. I
Concernant
lesproductions
spécialisées dehaches I
et de grandes lames, il existe également une diffe- I
rence notable d'échelle d'approvisionnement. Dam I
le Chasséen septentrional, I'approvisionnement em f
haches,
qu'elles
soient ensilex ou
en rochestenaces- I
va du local
aurégional ou à I'extra-régional (Massff |
armoricain, Alpes). Au contraire,
dansle Michelsberg I
1.,ï'J* ixî,,*r'
selimitant
àune échelle régionale. rî,ïl::lïï-lf"',i:,*'*x Si l'on
chercheù t f
;:Jfi hi.ff iliï ï i:T,i'ffi l'l,xi"'."1# l* t
TTRRITOIRES ET RESSOURCES LITHIQUES DANS LE NORD DE LA FRANCE ET EN BELGIQUE...
Mauldre Oise
15 km 20 km
Cfiasséen septe ntri
s n aI
Marne Aisne
30 km 40 km
Michelsberg du Bassin pairisien
ftb;10
: Comparaison des échelles des territoires dans les différents secteurs étudiés (@ F. Giligny).rlffiim
ti
Comparison of scales of territories in the sectors under study (@ F. Giligny).[,a production
des grandeslames constitue un
casrur€ différent. Absente de l'univers
chasséen, Iapùrction de
grandeslames reste un
caractère ma- pmmdes productions Michelsberg. Les lames
issuesl& woductions
spécialiséesont circulé au-delà de
la,ruË \'tichelsberg
dansles
sphères chasséennes, souslh
frmme deproduits f,nis,
à des distances deplus
dem[ km
des centres producteurs connus.À
cejour,
les mucfuerchestendent
àmontrer
quele
centreminier
de Spumnespourrait avoir
eu un rayonnementplus
grandrye le (ou les) centre(s) minier(s) ayant exploité
lelltkn, bartonien. Peut-être est-ce parce que les minières
79
âUldre
r-rrAia,:
115
/\, kml
\^T
\
^/,,t'
Mame
M
ayant
exploité le silex bartonien
attestées à cejour
ont été des centres deproduction
non de lames maisexclu-
sivement de haches.Les lieux
deproduction
restent à cejour
à déterminer puisque, même dansla vallée
del'Aisne,
seule unepartie
dela
chaîne opératoire de laproduction
de grandes lames est attestéesur les
sitesà enceinte. Néanmoins, les lames sont des
supportsparticulièrement
recherchés dansla
sphèreMichels-
berg, alors qu'elles restent discrètes dans la
sphère chasséenne. Ces observationspouffaient signifier
éga- lement des liens plus étroits entre les sitesMichelsberg
au moinspour I'acquisition
de supports laminaires.Oise
o<..ùd
* 7
>?
\*'
mâÆt
w
I
t I
I
@Lâr;fi!
w
*
*
axe majeur, fleuve
axe mineuç ru gué
redishibution
ap provisi on nement d irect
sépulture(s) monumentale(s) petite nécropole
enceinte monumentalel éperon barré majeur petite enceinte
habitat polissoir fixe
atelier
minière
80
I1 serait intéressant de disposer du même genre
d'ana'
lyse dans le Michelsberg rhénan et au-delà, afin de tenterd'établir
des comparaisonsà l'échelle du
Michelsberg dans son extensionla plus
large.En effet, la
questionBIBLIOGRAPHIE
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