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Submitted on 18 Nov 2017
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L’eau et les tourbières : archives du climat et de
l’Humanité. L’exemple des tourbières du Livradois-Forez
Hervé Cubizolle, André-Marie Dendievel, Jacqueline Argant, Priscille Chapuis, Fabien Delrieu, Antoine Scholtès
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Hervé Cubizolle, André-Marie Dendievel, Jacqueline Argant, Priscille Chapuis, Fabien Delrieu, et al..
L’eau et les tourbières : archives du climat et de l’Humanité. L’exemple des tourbières du Livradois-
Forez. Journées Nationales de l’Archéologie, Jun 2017, Ambert, France. �hal-01637817�
L’eau et les tourbières : archives du climat et de l’Humanité L’exemple des tourbières du Livradois-Forez
Hervé Cubizolle & André-Marie Dendievel
avec la collaboration de Jacqueline Argant, Priscille Chapuis, Fabien Delrieu & Antoine Scholtès Les tourbières étudiées Introduction
Les archives contenues dans les tourbières
Impact anthropique et tourbières de barrage
actuel -1/1
-2000 -4000
-6000 -8000
-10000
Tourbières « naturelles»
Périodes de mise en place des tourbières dans l’Est du Massif Central
D’après Cubizolle et al., 2012 Tourbières créées par l’Hom
me
Carte
Altitude (m)
< 600 m 600 - 1000 m
>1000 m
L’A nce La Senouire
Plaine du Forez Bassin Roannais 2
5 6 7
8
9 10
13 12
14
15 16 17
18 19
1 3 4
11
Ensembles d’habitats près du Gourd des Aillères Monts de la
Madeleine 1) La Verrerie 2) Gué-de-la-Chaux 3) Les Narses Bois Noirs 4) L’Etui 5) Braveix 6) Le Verdier 7) Les Barges Monts du Forez 8) Puy de Vérine 9) La Pigne 10) La Morte 11) Gourd des Aillères 12) Corniche-en-cœur 13) Gourgon 14) Les Egaux 15) Ferréol 16) La Prenarde-Pifoy Livradois - Plateau de la Chaise-Dieu 17) Virennes 18) Berbézit 19) Malaguet
Le Gourd des Aillères
Carottage
100
200
300
400
500
Profondeur (cm)
surface
%
0 20 40 60 0 20 40 0 20 40 60 80 00 20 40 60 80 0 0 0 20 40
Carottedetourbe
Arbres héliophiles (noisetier, pin, bouleau...) Chênaie mixte
(ch
êne, orme, tilleul, charme)Sapinière−H êtraie
Arbres cultivés (noyer, ch
âtaignier)
ArbresHerbacéesFougèresCulturesPrairiesLandes à Ericacées
Analyse ARPA (J. Argant & C. Argant) - 2009 ©
Chronologie absolue(carbone 14)
3496-3130 av. J.-C.
136-376 av. J.-C.
424-594 apr. J.-C.
782-989 apr. J.-C.
1168-1275 apr. J.-C.
1455-1643 apr. J.-C.
2836-2647 av. J.-C.
2402-2045 av. J.-C.
5358-5214 av. J.-C.
3973-3794 av. J.-C.
477-384 av. J.-C.
Tourbière de l’Etui (1150 m) - Diagramme pollinique
Cubizolle Hervé, Verrier J.acques Georges Vincent, Argant Jacqueline & Serieyssol Karen, 2003 - Des tourbières créées par l’Homme : les tourbières de retenue du Livradois-Forez et des Bois Noirs (Massif Central oriental). Bulletin du GRAL, n° 14, p. 1-10.
Cubizolle Hervé, 2007 - Les tourbières. Un écosystème pas si naturel que cela ! Chroniques historiques du Livradois-Forez, hors-série n°42, p. 9-17.
Cubizolle Hervé , 2009 - Paléoenvironnements. Editions Armand Colin, Paris, 271 p.
Cubizolle Hervé, Fassion Frank, Argant Jacqueline, Latour-Argant Catherine, Galet Philippe & Oberlin Christine, 2012 – Mire initiation, climatic change and agricultural expansion over the course of the Late-Holocene in the Massif Central mountain range (France): causal links and implications for mire conservation. Quaternary Research, 251, p. 77-96.
Romoeuf Anne-Marie, 1986 - Ex-votos en bois de Chamalières (Puy-de-Dôme) et des sources de la Seine. Essai de comparaison. Gallia, 44, 1, p. 65-89.
Tisserand Nicolas & Nouvel Pierre, 2013 - Sanctuaire de source, sanctuaire des eaux ou simple sanctuaire en milieu humide ? Découverte d’un complexe cultuel antique à Magny-Cours (Nièvre). R.A.E., 62, p. 157-185.
Pour Aller plus loin :
Les tourbières sont des milieux humides saturés en eau tout au long de l’année.
Leur localisation est donc liée au climat mais aussi à la topographie qui peut favoriser le piégeage des eaux.
Le maintien en surface, ou très près de la surface, d’une nappe d’eau (phréatique) prive d’oxygène les bactéries, champignons et autres micro-organismes. Cet excès d’eau ralentit considérablement la décomposition des animaux et des végétaux qui meurent chaque année. La matière organique incomplètement décomposée s’ac- cumule ainsi au fil du temps et constitue un sol très particulier : « la tourbe ».
Que l’on draine ces tourbières ou que le tapis végétal et la partie supérieure du sol soient abîmés par le piétinement des animaux domestiques et c’est tout le système qui se dégrade.
Enfin, on s’interroge sur les conséquences à venir du changement climatique en cours qui semble, dans le Livradois- Forez, participer à l’assèchement de l’horizon supérieur du sol tourbeux.
De nombreuses caractéristiques font l’originalité des tourbières ! L’une des plus intéressantes est la capacité de ces écosystèmes à stocker et à conserver pendant des millénaires une grande diversité d’archives naturelles comme les grains de pollen, les restes végétaux et animaux (dont les graines, les tiges, les bourgeons, les insectes), les frustules de diatomées (algues brunes), etc.
Des restes archéologiques et historiques peuvent aussi s’y trouver conservés. On a ainsi pu découvrir des corps humains (parmi lesquels : l’homme de Tollund ou la femme de Koelberg), des habitations, des chemins et des objets divers.
Á Chamalières (63) et à Magny-Cours (58) : des objets de culte gallo-romain et des outils agricoles en bois ont été retrouvés.
L’étude de toutes ces archives permet de reconstituer, parfois très finement, l’évolution plurimillénaire des climats et de la végéta- tion mais aussi des sociétés humaines qui ont interagi avec eux pour façonner les paysages que nous avons sous les yeux.
Dans les Monts du Forez, les études en cours concernent notamment les tourbières de Gourgon (Roche, 1350 m) et du Gourd des Aillères (Sauvain, 1330 m). Ce dernier site présente une stratigraphie permettant de remonter jusqu’à la fin de la dernière ère glaciaire.
Un chapelet d’anciennes structures d’habitat situées autour du Gourd sont en cours d’étude dans le cadre du programme de recherche en archéologie dirigé par F. Delrieu et P. Chapuis sur les Hautes Chaumes.
Certaines ne doivent leur existence qu’aux modifications des écoulements sur les ver- sants et dans les vallées par les activités humaines.
En effet, en concentrant l’eau dans certains secteurs au moyen de barrages, de murets ou en creusant des bassins, l’Homme a pu favoriser le maintien des nappes phréati- ques en surface ce qui a limité les processus de décomposition des végétaux et des animaux morts et permis le développement des sols tourbeux.
Ces tourbières associées au travail de
« l’Homme agriculteur » sont nombreuses en Livradois-Forez - exemple de Berbézit - et elles sont apparues tout au long des 4500 dernières années, en même temps que se développait le système agricole.
Toutes les tourbières n’ont pas une origine naturelle !
Premières activités agricoles
Tourbière de barrage de Berbézit
barrage
Tourbière Lac
Âge à la base de la tourbe : 1130 av. J.-C.
