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Submitted on 1 Jan 1983
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Etude par microscopie électronique de la structure des parois de domaines dans la phase ferroélastique du
phosphate de plomb
Christian Roucau, R. Ayroles, J. Torres
To cite this version:
Christian Roucau, R. Ayroles, J. Torres. Etude par microscopie électronique de la structure des parois
de domaines dans la phase ferroélastique du phosphate de plomb. Journal de Physique, 1983, 44 (2),
pp.141-145. �10.1051/jphys:01983004402014100�. �jpa-00209580�
Etude par microscopie électronique de la structure des parois de domaines
dans la phase ferroélastique du phosphate de plomb (*)
C. Roucau, R. Ayroles
Laboratoire d’Optique Electronique, BP 4347, 31055 Toulouse Cedex, France
et J. Torres
C.N.E.T., 196, rue de Paris, 92220 Bagneux, France
(Reçu le 13 avril 1982, révisé le 13 mai, accepté le 21 octobre 1982)
Résumé.
2014Au cours de la transition ferroélastique à 180 °C le phosphate de plomb Pb3(PO4)2 subit un chan- gement structural avec abaissement de symétrie cristalline qui fait passer le groupe d’espace associé de R3m à C2/c.
Les études développées par microscopie électronique ont non seulement confirmé ce résultat mais elles ont permis
de déterminer les structures locales. On a pu ainsi estimer l’épaisseur des parois de domaines inférieure à 50 Å et montrer que les contraintes élastiques se manifestent surtout aux jonctions de parois. Ces contraintes sont analogues
à celles produites par des disinclinaisons qui entraînent d’importantes déformations observées sur les images et
dont l’interprétation est donnée en utilisant la théorie des dislocations.
Abstract.
2014During the ferroelastic transition at 180 °C, lead phosphate undergoes a structural change accom- panied by a lowering of crystal symmetry that transforms the associated space group from R3m to C2/c. The
studies developed by electron microscopy have not only confirmed this result, but have also provided a deter-
mination of the local structure. Thus we have been able to estimate domain wall thicknesses of less than 50 Å,
and to show that the elastic stresses appear mainly at the wall junctions. These stresses are analogous to those produced by disclinations that entail significant deformations observed in the images, and whose interpretation
is given using dislocation theory.
Classification
Physics Abstracts
61.16D - 61. 70N
1. Introduction.
-Le phosphate de plomb, Pb3(P04)2’ subit une transformation structurale à
T,
=180 OC [1] qui se traduit par un changement de symetrie du cristal. La phase ferroelastique stable au-
dessous de Tc, a la symetrie monoclinique appartenant
au groupe d’espace C2/c. Elle pr6sente une structure
en domaines qui resulte du passage de la symetrie rhomboedrique R3m de la phase prototype a haute temperature a la sym6trie C2/c. Les domaines d’orien-
tation ainsi formes se correspondent par une rotation de 2 n/3 autour de 1’axe temaire perdu a la transition.
Sapriel [2] a pr6vu les configurations des parois d’un
cristal ferro6lastique en considerant qu’elles doivent
etre orient6es de facon a maintenir une compatibilité ’
de deformation entre deux domaines adjacents. Dans
le cas du phosphate de plomb, deux familles de parois planes s6parent ces domaines ferro6lastiques. Les parois not6es W s’identifient a l’un des plans de sym6trie perdus contenant 1’axe ternaire et sont
confondues avec des plans cristallographiques d’indi-
ces faibles. Les parois planes not6es W’ contiennent 1’axe binaire perpendiculaire au plan de sym6trie perdu et ne sont pas li6es au reseau cristallin. Elles sont donc perpendiculaires a W et elles determinent
avec 1’axe temaire un angle dont la valeur depend des
composantes du tenseur de deformation spontan6e.
Leur orientation depend de la temp6rature du cris- tal [2].
Le volume de la maille monoclinique est double
de celui de la maille rhombo6drique. La d6compo-
sition en complexes conjugu6s des groupes d’espace
des deux phases qui permet de pr6voir les domaines d’orientation, fait egalement apparaitre, a l’int6rieur
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:01983004402014100
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de ceux-ci, des domaines de translation de meme structure s6par6s par des parois habituellement appe- 16es parois d’antiphase. Ils se d6duisent l’un de 1’autre par la translation perdue dans la phase prototype lors du passage R3m -> C2/c.
Nous avons etudie cette structure en domaines par
microscopie electronique en transmission. L’appli-
cation de cette technique a 1’etude des transformations structurales était jusqu’a present limitee a la m6tal-
lurgie, en particulier aux problemes de mise en ordre
dans les alliages et aux transformations martensitiques.
Or elle peut s’6tendre a d’autres types de transitions structurales. Un des principaux avantages de la
microscopie electronique par rapport aux autres
techniques de diffraction est de permettre l’obtention
d’images locales tres agrandies du cristal. Ceci nous a
conduit a developper, dans le cas du phosphate de plomb a la temperature ambiante, une etude fine des differents types de parois. Nous avons egalement mis
en evidence les effets des contraintes internes li6es a la structure en domaines ainsi que des interactions à
longue port6e entre parois ferro6lastiques.
2. Etude des parois d’orientation et des parois de
translation.
-2.1 PAROIS D’ORIENTATION.
-De nombreux resultats sur 1’epaisseur des parois de
domaines ferroelastiques ont ete obtenus en utilisant des techniques differentes. Les valeurs generalement rapportees, de l’ordre du micrometre, sont a la limite de resolution des appareillages utilises. La microscopie electronique permet une determination plus precise
de ce parametre important et 6ventuellement l’obser- vation de la structure de la paroi epaisse. Pour cela
nous avons utilise le mode d’observation en haute resolution c’est-a-dire la visualisation des plans ato- miques [3]. La figure 1 montre un exemple des photo- graphies ainsi obtenues. On y remarque la presence
de franges correspondant aux plans du type (001) de
Fig. 1.
-Observation en haute resolution de parois d’orien-
tation separant les domaines D 1 et D2.
[High resolution observation of orientation walls separating
the domains Dl I and D2.]
distance r6ticulaire 9,2 A. Ces franges sont orient6es sym6triquement par rapport aux parois s6parant les
domaines tels que Dl et D2. Elles determinent entre elles un angle de 64,50 compatible avec les donn6es
cristallographiques (640) pour les parois de type W.
Sur de telles images 1’epaisseur de ces parois a 6t6
estim6 a 50 A. Ce sont par consequent des parois
6troites dont on ne peut a 1’heure actuelle dehnir une structure caract6ristique.
2. 2 PAROIS DE TRANSLATION.
-Les domaines de translation prevus a partir des donn6es cristallo-
graphiques et qui n’avaient pas encore pu etre observes dans le phosphate de plomb, sont maintenant bien mis
en evidence par microscopie electronique. Nous avons deja decrit ces resultats dans 1’article [4]. Bien que des
images de parois de translation puissent etre obtenues par les moyens habituels de formation d’image, nous
avons utilise la technique de haute resolution pour les identifier. La paroi de translation est caracterisee alors sur l’image par un d6calage des franges dues aux plans reticulaires qui correspond a la translation
perdue a la transition.
3. Structure en domaines.
-3 .1 OBSERVATIONS EN MICROSCOPIE ELECTRONIQUE.
-Une precedente etude experimentale [4] nous a permis de verifier les pre-
visions cristallographiques sur la structure des domai-
nes et des parois. Le but poursuivi ici consiste a ana-
lyser et interpreter les effets ferroelastiques sur la
forme et le comportement des domaines. Les figures 2
et 3 reproduisent quelques exemples experimentaux qui mettent en evidence des deformations impor-
tantes du reseau cristallin autour des jonctions des parois W et W’ perpendiculaires. Au voisinage de ces jonctions, les parois de domaines s’ecartent de 1’orien- tation pr6vue d’apres le calcul [2]. Dans la region A
les disinclinaisons localisees aux intersections restent a une certaine distance l’une de 1’autre et produisent
des perturbations importantes dans le cristal. Celles-ci
se traduisent sur le cliche par les contours d’extinction
perturbés autour des intersections. Les contraintes exercees par le dipole, deforment les parois des
domaines voisins Dl et D2 qui sont attirees ou repoussees. Le cliche obtenu sur une region semblable
avec un grandissement plus important (Fig. 3) met
bien en evidence ces deformations. Les defauts de rotation localises aux points 0, P, Q, intersection des
parois W et W’ exercent sur les parois W des forces
attractives ou repulsives [5-7]. L’autre type de dipole
observe sur la region B (Fig. 2) correspond aux
domaines en aiguille formes par des parois dont les jonctions ne sont plus localis6es mais distributes
sur les surfaces limitant la pointe. Les perturbations produites dans le cristal par ces dipoles restent faibles
et les parois des domaines voisins ne subissent prati-
quement pas de deformations. Il ressort ainsi des
differentes observations effectu6es en microscopie
electronique sur le phosphate de plomb que les
interactions entre jonctions entrainent une evolution
Fig. 2.
-Distribution de jonctions de parois ferroelastiques :
-
Dans la region A les parois semi-infinies W’ aboutissent
sur une paroi W delimitant les dipoles W’-W-W’. - Dans la region B on observe des dipoles W-W’-W en forme d’ai-
guille.
,[Distribution of junctions of ferroelastic walls :
-In region
A the semi infinite walls W’ meeting at a wall W define a dipoles W’-W-W’. - In region B one observes the dipoles
W-W’-W forming needle shaped domains.]
de la structure en domaines en 1’absence de contraintes ext6rieures. On a pu notamment etablir les resultats
exp6rimentaux suivants :
-
L’interaction entre jonctions conduit a la for- mation de domaines en aiguille generalement presents
dans tous les materiaux ferroelastiques.
-
Au-dessus d’une largeur critique des domaines, les aiguilles d’une distribution se subdivisent spon- tanement. Ce comportement tend a minimiser 1’energie elastique associée a la distribution.
-
La forme de 1’extremite de 1’aiguille depend de
la nature W ou W’ des parois qui delimitent le domaine
comme l’illustre la figure 2.
3.2 INTERPRETATION DES RESULTATS EXPTRIMEN-
TAUX.
-Nous interpretons ces observations a partir
des caracteristiques elastiques des parois ferro- elastiques isolees. Cette approche due a Kleman et
Schlenker [8] fut developpee a partir de la theorie des dislocations et des incompatibilites elasto-plastiques
decrites par Kroener [9]. Le modele permet de repré-
senter les parois par des densites a de quasidislocations.
Il est alors possible de distinguer des parois ne cr6ant
pas de contrainte a distance, dites parois de Nye, et des
Fig. 3.
-Image en haute resolution montrant 1’action de deux jonctions en 0 et P de signes opposes sur une distri-
bution de parois ferroelastiques paralleles.
[High resolution image showing the action of two junctions,
at 0 and P, of opposite signs on a distribution of parallel
ferroelastic walls.]
parois donnant naissance a des contraintes dans tout le cristal. Les parois ferroelastiques sont des parois
de Nye. Dans le cas du phosphate de plomb, le calcul
de a conduit a 1’expression :
ou ell et e13 sont les composantes du tenseur de deformation spontan6e [10].
La methode est particulierement commode dans la
mesure ou elle permet de calculer aisement les contraintes intemes associees aux jonctions de parois.
Kleman, et Schlenker [8] ont montre que ces jonctions
sont elastiquement cquivalentes a des disinclinaisons
(dislocations de rotation). Le champ de contrainte autour d’un defaut de rotation d’angle Q est de forme [1l,12] :
avec K
=pQ/2 7r(I - v), où 11 est le module de
cisaillement, v le facteur de Poisson, p la distance du
144
Fig. 4.
-Actions conjuguees de deux disinclinaisons de
signes opposes situ6es en 0 et P sur une succession de parois planes paralleles. fl,lal - f + f P est la resultante suivant x
des forces creees par les disinclinaisons en 0 et P.
[Conjugated actions of two disclinations of opposite signs,
situated at 0 and P, on a succession of plane parallel walls.
f’‘°’al
=f + fx is the resultant in the x direction of the forces created by the distributions at 0 and P.]
point M(x, y) a l’origine 0 prise sur la jonction des parois, R la port6e des contraintes dues au defaut de rotation. L’axe Oz est parallele a la jonction. Les axes
Ox et Oy, dans le plan perpendiculaire a la jonction appartiennent respectivement aux parois W et W’
(Fig. 4).
Contrairement au cas des ferro ou des ferrimagne- tiques magn6tostrictifs, le vecteur rotation est ici tres grand (environ 4,50) ce qui correspond a des deforma- tions importantes du reseau cristallin autour de la
jonction. Cela signifie aussi que 1’energie elastique
est tres importante pour une jonction isolee. De sorte
que de telles jonctions seront couplees par paires de
vecteurs rotation opposes. Pour decrire les inter- actions élastiques observees entre jonctions ou entre jonctions et parois, nous avons montré qu’on peut traiter le comportement des quasi-dislocations du modele, qui n’ont pas d’existence réelle, comme
celui des dislocations de reseaux classiques. 11 est alors possible de deduire les forces d’interaction de 1’equa-
tion de Peach-Koehler [ 11 ] :
ou 1’on d6signe par I 6 le champ de contrainte autour de la jonction de deux parois, par b le vecteur de
Burgers, par unite de surface, de la densite a de quasi- dislocations, par I le vecteur unitaire le long des lignes
de quasi-dislocations.
On obtient :
Sous 1’action de ces forces on peut distinguer deux
types de d6placements :
-
Le deplacement de la paroi ferro6lastique sui-
vant la normale au plan de la paroi : ceci revient a faire passer un volume de matiere d’un domaine donne a l’ orientation cristallographique du domaine adjacent.
Au cours du mouvement la densite de quasi-dislo-
cations de la paroi demeure constante. C’est 1’ana-
logue du mouvement conservatif pour un mur de dislocations coins. L’energie n6cessaire est faible et le
glissement de la paroi peut alors se produire sous de
faibles contraintes.
-