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Le rapport colonisateur/colonisé a son équivalent au niveau

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Revue lbla • Tunis· 1/2007 • No199 • p.29-50

L'étude de la langue arabe et le discours colonial en Italie1 Jolanda Guardi

Nous aspirons non pas à l'égalité, mais à la domination. Le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s 'agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d'enfaire une loi. (Ernest Renan)

L

e rapport colonisateur/colonisé a son équivalent au niveau linguistique : celui de langue dominante/dominée. La recherche d'un code linguistique commun n'a pas pour but une communication entre individus et cultures de même niveau, mais a pour fonction de transmettre le discours colonial. D'abord l'État colonisateur cherche un consensus dans le pays bien avant le début de l'entreprise coloniale avec des moyens « scientifiques » dans le milieu intellectuel et 1 'opinion publique. Ensuite le soutien des intellectuels est aussi nécessaire dans le territoire colonisé, dès lors que le but idéologique est d'apporter aux populations soumises la

«civilisation» 2 dont la langue est un instrument. Dans le travail présent, nous étudierons les prémices idéologiques de 1' étude de la langue arabe en Italie et, par la suite, les publications des arabisants italiens entre 1800 et 1940.

1 Le présent article développe une thèse déjà présentée dans "Le discours colonial à travers les grammaires et les manuels d'arabe», Modern &

Contemporary Libya : Sources & Historiographies, Rome, 2003, p. 99-112.

2 Voir CALVET (L.J.), Linguistique et colonialisme. Petit traité de glottophagie, Paris, 1974.

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Les prémices idéologiques de 1 'étude de la langue arabe

Comme on le sait, les études d'arabe en Europe, en Italie en particulier, ont commencé au Moyen-Âge, pour des intérêts politiques et religieux. Ces intérêts n'ont pas varié au long des siècles. Des savants ont produit des études significatives dans le domaine de la langue arabe, tout en étant pleinement conscients des motivations de leur travail. Peu à peu les universitaires ont cherché à s'éloigner du discours politique pour créer une espace à part où le savant pouvait se dédier à ses études en dehors de la société. À la période qui nous intéresse (191 0-1946), cette attitude a entraîné soit un soutien ouvert à l'idéologie coloniale soit un comportement de repli, comme si cette idéologie et, plus tard, le régime fasciste n'existait pas. Une fois la Seconde guerre mondiale terminée, l'oubli a été systématiquement cultivé, comme si les « arabisants » avaient to~jours travaillé en dehors des relations politiques, voués à la science 3

L'apprentissage et 1' enseignement de la langue du pays colonisé font toutefois partie du consentement que le monde intellectuel apporte à l'entreprise coloniale pour en soutenir la politique en métropole ou dans le pays occupé. Même si les arabisants italiens l'ont toujours nié, l'appui fourni à l'entreprise coloniale italienne est-à notre avis- une donnée historique. Notre recherche a pour but de montrer comment cet appui est transmis à travers l'enseignement de l'arabe. En effet, l'étude des langues a comme point de départ une mobilisation idéologique, qui se reflète dans la production de grammaires et de manuels. L'attitude de

«négation» du chercheur orientaliste envers son implication dans l'idéologie politique commence, comme le souligne Maxime Rodinson,,4 d_ès le XVIe siècle. La spécialisation des études a eu pour :ffe~ de neglige~ les conséquences au niveau idéologique, permettant a d autres de tirer profit du travail des orientalistes. Car il nous semble que l'entreprise coloniale, pour pouvoir se réaliser, a besoin

3 Voir GABRIELI (Francesco), "Apologie de l'Orientalisme" Diogène 50

1965, p. 134-142. ' ' '

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RODINSON (Maxime), La fascination de l'Islam, Paris, 1980.

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du soutien d'une «idée coloniale» qui s'exprime dans la culture et qui prépare la réalisation du projet 5.

Malgré cette attitude de négation, caractéristique de 1 'Italie, on peut relever le profil des chercheurs orientalistes et leur rapport avec le pouvoir.

En 1262, un décret de Raymond de Penafort, Maître général de l'Ordre dominicain instituait dans les couvents des chaires d'hébreu et d'arabe afin que les frères puissent en profiter pour prêcher contre les juifs et les mahométans6. L'histoire des langues orientales dans notre pays et, pour ce qui nous intéresse, de 1 'arabe, s'imbrique dans 1 'histoire des ordres religieux, en particulier Dominicains, Bénédictins, Augustiniens, Carmes et enfin Jésuites ...

En effet, par un décret du Concile de Vienne promulgué en 1311 Clément V fera de 1 'étude de la langue arabe un de ses objectifs maJeurs.

« [ ... ] ut instructi et edocti sufficienter in linguis hui us mundi, fructum speratum possint (Oeo auctore) producere, fidem propagaturi salubriter in ipsos populos infideles >>7

Le principe de domination remonte donc loin dans 1 'histoire. Il n'est pas étonnant alors que l'idée de fond soit qu'« il n'y a pas eu, en effet, un seul siècle, même dans les âges les plus reculés et les plus barbares de notre histoire sans que ne soit partie de notre pays quelque étincelle de lumière pour la civilisation ».8

Ces mots sont écrits par A. de Gubematis en 1876, c'est-à-dire lorsqu'en Europe l'effacement des traces de la civilisation sémitique avait déjà commencé et que les intellectuels avaient pour but de

5 BALDINETTI (A.), Orientalismo e colonialismo. La ricerca di consenso in Egitto perl 'impresa di Libia, Rome, 1997, p. 24-30.

6 DE GUBERNATIS (A.), Matériaux pour servir à l'histoire des études orientales en Italie, Ernest Leroux, Librairie de la société asiatique Paris

1876, p. 24-25. ' '

7 Ibid., p. 26-28.

8 DE GUBERNATIS, op. cit., p. 13.

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. 9 '

démontrer la supériorité de l'Européen dans tous les domames . A la même période 1' idée coloniale avance, et, comme si ?ar hasard, un orientaliste et missionnaire, Giuseppe Sapeto, suggere de regarder outre-mer. Le nom de Sapeto reste lié au début de 1 'entreprise coloniale italienne en Afrique, comme le rappelle 1 'Enciclopedia italiana:

1. «Professeur d'arabe, [ ... ] son séjour prolongé en Éthiopie, et ses explorations répétées le long de la côte de la Mer Rouge, le poussèrent à reconnaître l'intérêt d'une action de l'Italie sur ces côtes, suite à l'ouverture du canal de Suez. Il demeura un fervent apôtre de cette nécessité, auprès des Chambres de Commerce Italiennes à Gênes en 1868 et auprès du gouvernement italien [ ... ] » 10

Il est étonnant de lire dans la préface du dictionnaire africain, seulement quelques dizaines d'années après Sapeto:

« Le premier moyen pour développer les activités de la vie coloniale est celui d'apprendre la langue parlée par les différentes populations afm d'en connaître les nécessités, les coutumes, la mentalité, les aspirations. »

C'est ainsi que Ferruccio Caressa débute la préface de son Dictionnaire africain publié à Milan en 1938 11 Ce besoin de connaissance dans le but de dominer, montre combien l'apprentissage du langage du colonisé est nécessaire en tant qu'un des éléments à travers lequel le colonisateur perçoit l'autre. Dans une telle perspective, on peut analyser les publications concernant la langue arabe parues pendant la période coloniale italienne. Il est aussi possible de voir comment des trajectoires intellectuelles s'enracinent dans le passé, car la pensée coloniale s'est développée à partir du XVIIIe siècle. Les ramifications de cette pensée sont

9 BERNAL (M.), Athena Nera, Parme, 1991.

10 Enciclopedia Jtaliana, vol. XXX, p. 809. L'entrée est compilée par Attilio Mo ri.

11 CARESSA (F.), Dizionario africano, Milan, 1938.

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tellement enracinées dans la pensée « arabisante » italienne qu'elles continuent à pousser des bourgeons.

Ainsi, on discerne une volonté d'assimiler l'autre à travers un enseignement instrumental de la langue arabe, selon l'intention du ministère de 1 'Afrique Italienne qui considère cette langue,

« patrimoine national » de l'Italie, comme « langue franque » de l'Afrique.

Le profil de l'arabisant apparaît et se définit : Giorgio Levi della Vida, en rappelant Eugenio Griffini, nous dit à propos de sa publication sur la langue arabe :

«Le manuel d'arabe parlé en Libye (publié à Milan en 1912) a de graves défauts, signalés par Nallino, mais s'y ajoutent des qualités importantes qui attestent spécialement du patriotisme discipliné et désintéressé de l'auteur. Il se mit au travail dans des conditions tout à fait défavorables, surtout que ce genre d'ouvrages ne 1' intéressait pas, mais il voulait réaliser quelque chose d'une utilité pratique pour nos

. 12

compatnotes . »

Ou encore, en traitant de divers aspects dont s'occupa Griffini :

«Il était poussé à l'étude [de la langue arabe], au-delà de J'intérêt scientifique, par Je vif zèle patriotique qu'il avait pour l'expansion italienne en territoire d'outre-mer13. »

Du reste le profil de Griffini réalisé par Francesco Gabrieli pour l' Enciclopedia ltaliana, si on en doutait, nous confin11e qu'il s'est distingué par « les services donnés volontairement en 1912 auprès du bureau politico-militaire de Tripoli, peu après 1' occupation italienne de la Libye » 14

Il ne faut pas oublier que la période examinée correspond à celle où, dans différents domaines culturels, tels la littérature de

12 LEVI della VIDA (G.), Aneddoti e svaghi arabie non arabi, Naples, 1959, p. 218.

13 Ibid., p. 217.

14 GABRIELI (Francesco), "Eugenio Griffini", Enciclopedia Italiana, 1958, t.XVII, p. 958.

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voyage, la peinture, les arts graphiques, la c~orégr.aphie, la da~se ~t l'architecture, le courant défini comme « onentahsme » se deploie dans toute sa splendeur. Il était donc inévitable, en ce contexte, que la linguistique suive aussi cette direction.

En août 1918, peu avant la fin de. la première guerre mondiale, le gouvernement italien décide de nommer une commission chargée d'étudier les étapes nécessaires au passage de l'état de guerre à celui de paix dans le domaine colonial. Pour la première fois, on demande aux experts leur avis. Pour ce qui nous intéresse, Carlo Alfonso Nallino expose sa relation sous le titre

« Sull'istruzione nelle colonie» 15Le rapport de Nallino est marqué par l'esprit de la Société des Nations qui est en train de se constituer, lorsqu'il se prononce contre toute politique d'assimilation ou d'italianisation des Libyens mais il ne discute jamais le fait colonial.

Cette école de pensée aboutira, quelques années plus tard, à une systématisation théorique : le rôle de l'Italie en Libye avait changé, et l'étude de l'arabe n'était plus seulement un besoin pratique, mais aussi une nécessité administrative et gouvernementale.

À ce propos deux illustres exemples peuvent être cités, extraits des Atti del Primo Congresso Regionale di Studi Coloniali tenu à Naples en 1938. La première intervention que nous souhaitons rappeler ici est celle de Michelangelo Guidi, 16 membre de l'Académie Royale d'Italie, avec son titre déjà significatif: «L'étude de l'arabe et de ses dialectes par rapport à notre empire africain » 17 Dans sa contribution, Guidi, après une brève introduction qui rappelle le travail accompli dans le domaine des études d'arabe par l'École orientale et 1 'Université de Rome, affirme :

15 Cf. DEL BOCA (A.), Gli italiani in Libia. Tripoli bel suol d'amore. 1860- 1922, Mondadori, Milan, 1986, p. 353-355.

16 Sur M. GUIDI voir LEVI della VIDA (G.), Rivista di Studi Orientali, XXI, 1946, p. 261-264 et GABRIELI (Francesco), Orientalisti del Novecento, Roma 1993, p. 17-30.

17 Gurm (M.), "Lo studio dell'arabo e dei suoi dialetti in relazione al nostor irnpero africano", Atti del primo congresso regionale di studi coloniali, Napoli 13-18 novembre XVIJ, Naples, 1938, p. 711-715.

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«Les efforts de l'École orientale en ce sens ont été récemment récompensés, sans aucun précédent dans toute son histoire, par le vif intérêt du gouvernement fasciste1R. »

Il poursuit, en rappelant les difficultés économiques passées de l'école, désormais surmontées : «on nous a, en effet, octroyé une subvention annuelle convenable pour la création de deux centres d'études dépendants de l'École orientale [ ... ] ».19 Il souhaite ensuite une intervention substantielle du gouvernement fasciste pour l'Institut oriental de Naples et conclut en répétant :

« [ ... ] nous continuons et nous continuerons à travailler activement poussés par 1 'aide qu'on nous a généreusement octroyée, confiant qu'il ne manquera pas non plus d'aide pour d'autres domaines qui attendent, eux aussi, la pluie vivifiante »20.

Les passages cités, qm, même dans l'usage de la langue italienne, épousent le discours du régime, ne sont pas isolés. Au contraire, ils nous révèlent comment le gouvernement de 1 'époque intervenait pour soutenir financièrement une certaine idée linguistique qui allait dans le sens de sa propre politique. Dans le même volume, en effet, la contribution de Guidi est précédée de celle de François Beguinot21, considéré comme le père de ce genre d'étude dans l'Italie modeme22. La contribution de Beguinot a pour titre« Le problème linguistique africain ». Elle est intéressante pour nous, parce qu'elle s'attarde sur des aspects purement théoriques et idéologiques de l'étude des langues africaines. Apres avoir exposé la situation en Afrique, qu'il considère comme une «pulvérisation linguistique», l'auteur, en ce qui concerne la Libye, et en donnant comme exemple le modèle français, affirme que, dans trente ans à

18 Ibid., p. 712.

19 Ibid, p. 713.

20 Ibid, p. 715.

21 Pour un profil de Beguinot cfr. Oriente Maderno, XXXIII, 1953, p. 523- 527 et Rivista degli Studi Orientali, XIX, 1954, p. 288-289.

22 BEGUINOT (F.), "Il problema linguistico africano", Atti del 1 congresso, cit., p. 703-71 O.

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peu près, l'italien sera la langue officielle, car :. «est-il possi?le d'imaginer une région coloniale où la langue officielle de la nation dominatrice ne soit pas enseignée dans les écoles ou ne se diffuse à travers le simple contact ? Si les indigènes 1' accueillent comme cela est naturel, pourrions-nous lui réserver une place autre que la première23 ? »

Il ne reste plus alors qu'à établir le but de l'étude de la langue arabe, ce que Beguinot fait aussitôt en proposant des lignes de conduite:

« 1) La nation dominatrice doit surveiller l'évolution linguistique indigène et influencer celle-ci [ ... ] .

2) Si la majorité des colons, travaillant dans l'industrie et l'agriculture, pouvait se faire comprendre des indigènes dans la langue européenne, les fonctionnaires du gouvernement qui doivent, d'une manière ou d'une autre, surveiller le monde indigène et l'influencer afin de l'orienter vers des modes de vie agréable dans l'intérêt de la civilisation, devront connaître quelques langues africaines [ ... ]

3) En ce qui concerne les indigènes eux-mêmes, [ ... ] la langue européenne permettra aux plus savants d'entre eux d'entrer en contact avec une grande civilisation24. »

En peu de pages, Beguinot nous fournit un exemple de ce que Cal v et appelle « glottophagie ».

Il faut remarquer qu'en Italie ce passé n'a pas été analysé d'une façon critique. La pensée de Griffini, de Guidi et de Beguinot, correspond à leur époque - même si nous regrettons que sur la totalité des arabisants de 1 'époque un seul ait refusé de partager l'idéologie coloniale et celle du régime25- mais le ton des chercheurs

23 Ibid., p. 707.

24lbid., p. 708-709.

25 Il e~t évident que Guidi et Beguinot ont choisi le régime. Mais même pour c~ qm n'ont pas fait ce choix ouvertement, il reste à établir combien leur silence et leur connivence sont lourds de responsabilités. C'est surtout au niveau des intellectuels qu'on à toujours la possibilité de choisir. Le seul qui a refusé de soutenir 1' entreprise coloniale c'est Leone Caetani,

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comme Francesco Gabrieli ou Laura Veccia Vaglieri est plus difficile à justifier, parce qu'ils ont réalisé la plus grande partie de leur travail sous le régime républicain d'après 1946. Il est frappant que l'arabisant qui exprime son désaccord politique avec le régime fasciste change d'attitude dès qu'on parle de colonie. Ainsi, Levi della Vida, qui a dû émigrer aux États Unis en raison de ses origines juives peut écrire, en rappelant la figure de Carlo Alfonso Nallino,

fondateur de la revue Oriente Maderno :

Cette revue est «l'organe le plus compétent et le plus apprécié au monde dans le domaine de la politique musulmane de l'Italie s1 enviée des grandes nations colonialistes» 26.

Levi della Vida considère tout à fait normale la notion de colonialisme et omet de signaler (comme nous le rappelle Il Popolo d'Jtalia dans un article du 26 juillet 1938 au lendemain de la mort de Nallino) que: « Le tàscisme 1' eut dès le début parmi ses fervents adhérents. Partisan de l'expansion à l'étranger, il (Nallino) put en voir la réalisation de la tàçon qui lui était chère. 27»

Dans le recueil Orientalisti del Novecento, Gabrieli nous présente le profil des plus importants arabisants de son époque.

Tandis qu'il souligne le choix pour deux d'entre eux d'émigrer, pour les autres il reste silencieux sur leur attitude pendant les années du fascisme. Ce silence peut être interprété comme la volonté de ne pas juger. Il demeure cependant intéressant de souligner qu'à l'époque où Gabrieli écrit, dans les années d'après-guerre, le profil se définit

parlementaire, ensuite émigré aux Canada, dont le profil est repérable dans GABRIELI (Francesco), Storia e civiltà musulmana, Napoli 1947, p. 301-305, repris dans Orientalisti del Novecento, cit., p. 49-53 et, du même auteur, Saggi orientali, Caltanissetta-Roma 1960, p. 209-217. Sur Caetani

cfr.

aussi NALLINO (C.A.), « Leone Caetani islamista », Oriente Maderno, t.XVI, 1936, p. 48-52.

26 LEVI della VIDA (G.), "Carlo Alfonso Nallino" in Oriente Maderno, XVIII, 1938, p. 459-478, repris dans Aneddoti e svaghi arabi eon arabi, Ricciardi, Naples, 1959, p. 272.

27 ROSSI (Ettore), "Nel primo anniversario della morte di Carlo Alfonso Nallino", Rivista di Studi Orientali, XIX, 1939, p. 408-413, p. 409.

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de l'arabisant expert en langue et littérature arabe classique, ce qui, comme le souligne Rodinson, « délimite lui-même un domaine dans lequel, avec ses propres collègues, il est maître et souverain, en repoussant toute participation de ceux qui se situent en dehors de ce domaine » 28.

Gabrieli refuse totalement l'approche critique d'Edward Said, niant, par exemple, le lien entre études orientales et colonialisme en Italie. Il va jusqu'à définir l'Orientalisme comme «le réquisitoire haineux d'un non orientaliste arabo-américain » 29 Gabrieli nous informe que l'étude de la langue arabe ne doit pas devenir une étude de « masse »30 et dans son essai de 1983 sur « Les arabisants italiens et la Libye » il ouvre la longue liste de travaux sur ce pays en affirmant:

«Laissons de côté la politique pour rappeler le rôle que nos arabisants ont eu dans la connaissance historique, linguistique, religieuse et folklorique de la terre libyenne et de ses habitants31»

On a l'impression que le développement des études d'arabe sur la Libye n'avait rien à voir avec la politique, même si un peu plus loin il nous rappelle que :

«La guerre coloniale de 1911-1912 porta- enfin (sic!) - l'attention [ ... ] plus proprement scientifique sur cette partie du monde arabo-musulman32»

~·~ssai pours~it avec les noms de ceux qui ont étudié la Libye.

En vmc1 un extrmt : Eugenio Griffini 33 , fonctionnaire, Antonio

28 RODINSON, op. cit., p. 144

29

GABRIELI (Francesco), "L'arabistica italiana e la Libia" in Annali della foacoltà di scienze Politiche dell 'Università di Cagliari, IX, 1983, p. 400.

~AB RIEL! (Francesco), "Stato degli studi di Arabistica e di islamistica in Itaha, ~.vv

...

La presenza culturale ita/iana nei paesi arabi: storia e prospettzve, Attz dell convegno, Napoli, 28-30 maggio 1980 Rome 1982

19-29, p. 25. ' ' '

1 Ibid. p. 396.

32 Ibidem.

38

Cesaro, fonctionnaire dans l'administration coloniale, Elpidio Jannotta, officier et fonctionnaire, Gino Cerbella, fonctionnaire dans les exercices diplomatiques-consulaires, le déjà cité François

. 34

Begumot .

À la même époque, en 1 971, Laura Veccia Vaglieri souligne que l'étude de la langue arabe est réservée à une élite. Son essai intitulé « Les études de langue et de grammaire arabes » 35 souligne maintes fois cet aspect en nous présentant la figure de 1 'arabisant comme celle d'un être supérieur voué à l'étude de la seule langue classique, où l'acte communicatif n'a plus aucune in1portance.

Comme l'observe Rodinson et le souligne Messaoudi, l'étude de l'arabe «est victime du retour en force après-guerre des langues

1 . 36

c ass1ques .»

Le cercle se boucle : c'est en etfet à partir de la parution de la grammaire de Veccia Vaglieri - terminée en 1936 - que l'intérêt pour la langue arabe a changé. S'il tàllait encore soutenir notre thèse par d'autres éléments, il suHirait de remarquer que la publication de grammaires arabes cesse après la seconde guerre mondiale, avec la disparition des mobiles politiques et idéologiques pour 1 'étude de la langue arabe. La publication de telles gramn1aires ne reprendra qu'aux années quatre-vingt, quand l'Italie ressent le besoin de s'intéresser à cette langue pour d'autres raisons, d'ordre politique encore une fois. Mais cela sera peut être le sujet d'une autre recherche. 37

33 Cfr. NALLINO, (C.A.) «Eugenio Griffini », Rivista della Tripolitania, anno II, n. Il, 1925, p. 124-132.

34 Cfr. Référence 19.

35 VECCIA VAGUER! (Laura), "Gli studi di lingua e grammatica araba", Gli studi sul vicino oriente in !tafia dal 1921 al 1970, Roma 1971, p. 109-129.

36 MESSAOUDI (Alain), '"Orientaux orientalistes: les Pharaons, interprètes du Sud au service du Nord", dans Sud-Nord: de 1 'emprise aux confluences, Actes du colloque del 'Université de Toulouse Le Mirail, mars 2001.

37 En effet après la Grammatica teorico-pratica di Laura Veccia Vaglieri, publiée par l'Institut pour l'Orient en 1936, mais la première grammaire publiée par un vrai éditeur ne verra le jour qu'en 1997: TRESSO (Claudia), Lingua araba contemporanea, Hoepli, Milan, 1997. D'autres grammaires furent publiées par des Associations.

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Les publications

En analysant sur le plan quantitatif les publications, nous constatons que dans la période étudiée- de la dernière décennie du XIXe .siècle jusqu'à 1940 à peu près - on assiste à une grande. prod~ctwn de grammaires, manuels et dictionnaires d'arabe. AntoniO Ennco Leva, signale 48 titres relatifs seulement à l'arabe de la Libye, auxquels on doit ajouter plus d'une dizaine non relevée.

En ce qui concerne, par contre, l'aspect qualitatif, il faut distinguer entre publications à caractère scientifique et brochures, cours par correspondance et petits dictionnaires rédigés sur la base d'un critère diffèrent : celui de la nécessité pratique de la connaissance de la langue arabe pour communiquer et gouverner, car une grande partie de ces publications se réfère au dialecte38.

Après une première phase de rassemblement de textes 1' objet de notre recherche est de connaître les motifs qui ont poussé les auteurs à rédiger des œuvres de cette importance pendant des périodes différentes. Il faut rappeler qu'au début, la production de grammaires de langue arabe consistait en la traduction d'œuvres de la période classique qui présentaient la grammaire selon la méthode arabe : par exemple la publication du Kitiib al-ajurrumiyya en 191139 ou de la Alfiyya de Ibn Malik. La traduction de ces textes n'est du reste pas une nouveauté; il s'agit, en effet, de nouvelles traductions de textes de syntaxe déjà répandus en Italie, surtout à partir du XVIe

38 Pour les publications relatives au dialectes voir SARNELLI CERQUA (C.),

« Gli studi di dialettologia araba », VECCIA V AGLIERI, op. cit., p. 110-114.

Voir aussi ArRo (Barbara), "Gli studi di linguistica araba in ltalia", Quaderni Asiatici, n. 58-59, luglio-dicembre 2001, p. 5-31 et, du même auteur, « Le discours colonial italien à travers les grammaires et les dictionnaires d'arabe parlé», Modern & ... , cit., p. 113-123. Modern &

~ont~rr_:porary_ Libya ... Sources & f!istoriographies, Rome, 2003, p. 99-112.

Kztab al-a;urrumzyya, traductiOn du Dr. Adolfo Grohmann, Istituto Coloniale Italiano, Biblioteca di Studi Coloniali, n. 17, Rome, 1911.

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''cle lorsque la Typographie Médicéenne40 se charge d'imprimer

ste , .

1 · e série de textes traduits de 1 'arabe, dont JUStement a IJUrrumzyya.

un Cette conception de l'enseignement de l'arabe selon la méthode arabe, se développe aussi dans certaines premières rammaires pour l'enseignement de cette langue qui sont souvent

;édigées par un auteur italien en collaboration avec un auteur de langue maternelle. . . . . . , . . , .

Avec la présence mthtatre Italienne a Tnpoh a partir de 1912, on constate un premier changement dans l'étude de la langue arabe.

« Encore une fois un peuple de souche et civilisation indoeuropéenne se heurte à l'élément sémitique et vise à l'écraser. Le nouvel événement, qui est en train de se dérouler dans un bain de sang, ouvre les yeux de la troisième Italie sur l'importance de l'étude de l'arabe.»

Il s'agit de la déclaration d'intention d'~ugenio Levi41, qui, en 1 ?12, publie un manuel édité par la Maison d'Editions. So~zogno .de Mtlan, qui paraîtra par livraison d'abord chaque qumz~me pms chaq.ue semaine. Ce manuel prévoit une rubrique de courner hebdomadaire dans laquelle les étudiants exposent à 1 'auteur leurs doutes grammaticaux et leurs commentaires sur les leçons apprises. Durant la même année, seront publiés aussi de nombreux manuels de dialecte.

40 Pour 1 'histoire des œuvres traduites de l'arabe par la Typographie Médicéenne cfr. BALAGNA (J.), L'imprimerie arabe en Occident, Paris 1984, en particulier 38, 60, 67 et 129. Voir aussi SALTINI (G.E.), "Della stamperia orientale medicea e di Giovan Batta Raimondi", Giornale storico degli Archivi Toscani, anno 1860, n. 4 et "La stamperia mediceo-orientale, G. Palagi, L 'Arte della Stampa, Florence, 1878. Cfr. DE GUBERNATIS, op.

cit., p. 193-208.

41 LEVI (Eugenio), L 'arabo parlato senza maestro. Metodoo pratico per l'italiano in Tripolitania, Milan, 1912, 2 voll., vol. 1, p. 1.

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L'année suivante, en 1913, paraîtra la grammaire de Thomas van Erpen 42, traduite par Federico Gozo. Poussé par des intérêts personnels d'étude, dans la préface il rappelle lui aussi :

« Je suis réconforté en pensant que, au moment où chez nous on sent si fort le besoin de comprendre la mentalité arabe, cette publication, puisqu'il existe seulement deux ou trois grammaires de l'arabe écrit, puisse avoir plus d'importance que celle d'une simple exhumation historico littéraire43. »

Giuseppe Schialub va plus loin dans la préface de sa Grammaire italo-arabe :

« On devra dorénavant considérer la langue arabe comme patrimoine de la nation, parce que les nécessités du gouvernement, de l'administration, des écoles, en un mot de toute l'œuvre complexe de civilisation que l'Italie se propose d'apporter en Tripolitaine et en Cyrénaïque, demanderont à la reconnaître comme aide et instrument très utile44»

À partir de cette année précisément, on peut relever un changement dans les préfaces des grammaires et des m.a~uel~ pou:

l'apprentissage de la langue arabe. Au-delà des consi?~ratwns a caractère politique, les auteurs présentent leur propre opm10n sur la langue arabe elle-même, sur le niveau d'enseignement et sur la

42 VAN ERPEN (T.), Gramrnatica araba. Prima traduz. Jtaliana, condotta su testa latina (éd. 1636) dal dr. Federico Gozo, Pavia, 1913.

43 Ibid., p. Ill-V. La traduction de Gozo est intéressante avant tout parce que, comme le dit l'auteur, des problèmes d'imprimerie l'ont convaincu à la rédiger sous forme manuscrite et, deuxièmement, parce que, même s'il s'agit d'une traduction en italien elle fournit en langue latine les traductions des termes et des expressions arabes données comme exemples. Cette particularité nous permet d'établir un lien entre le latin et la langue arabe, qui deviendra de plus en plus évident avec la fin de la seconde guerre mondiale.

44 SCHIALUB (Giuseppe), Grammatica italo araba, Milan, 1913, avvertenza.

42

définition correcte. Ainsi commence à se dessiner le profil du spécialiste de langue arabe. Gabriele Cadahi45 écrit :

«Les récentes acquisitions de deux nouvelles provinces de la Libye nécessitent impérativement que les italiens, qui s'y rendent soit comme fonctionnaires du gouvernement soit pour le commerce, connaissent bien l'arabe et l'écrivent de façon correcte. Mon ouvrage explique l'arabe littéraire et cela pour la simple raison que les arabes ont toujours eu et ont horreur d'écrire dans leurs propres dialectes.»

Le texte de Cardahi mérite encore d'être signalé parce que son étude est plus proche du modèle « arabe » dont nous avons parlé auparavant. Cardahi (al-Qardahi) en effet, moine de la congrégation de saint Antoine Abate d'Alep, étudia pendant une courte période chez les Jésuites de Ghazir. Puis il se rendit à Rome en 1866 au Collège de la Propagande où il enseigna de 1878 à 192046. Le traité se distingue d'autres publications contemporaines, d'abord par son utilisation systématique de la terminologie arabe à coté de l'italienne, lorsqu'il indique chaque chapitre et explique la morphologie, ensuite par son application fréquente du modèle arabe, avec, par exemple, des pronoms suffixes qu'il partage en exprès et sous-entendus ou dans l'explication du verbe47.

La tendance à diffërencier les niveaux de langue devient de plus en plus nette, comme le démontre 1' œuvre de Franco Maria Fiecchi qui publie en 1913 deux volumes. Le premier a pour titre Studio teorico-pratico della lingua araba 48 et une Préface « De l'arabe littéraire moderne» et le deuxième s'intitule Studio

45 CARDAHI (Gabriele), Trattato di grammatica arabo-italiana con indice alfabetico italiano-arabo, Rome, 1913, p. V-VII.

46 Cfr. Enciclopedia Italiana, édition 1949, t. VIII, p. 984, entrée rédigée par Ignazio Guidi. Levi della Vida, op. cit., p. 237, se réfère à Cardahi comme maître de I. Guidi en « tradition grammaticale et philologique indigène ».

47 CARDAHI, op. cit., p. 37 et p. 39-49.

48 FIECCHI (F.M.), Studio teorico-pratico della lin gua ara ba ad uso delle scuole Medie e Superiori, t. 1, Turin, 1913.

..

43

<JAJ

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comparativo della Zingua araba letteraria e comune 49. Fiecchi distingue au moins trois variétés d'arabe : littéraire, con1mun et les différents dialectes si nombreux. Ainsi, il réalise pour la première fois dans ce genre de textes une différenciation de registre linguistique qui, si elle n'a pas de caractère scientifique, mérite d'être signalée 5°. Les publications s'arrêtent bien sûr pendant la première guerre mondiale pour reprendre au milieu des années trente.

Les conditions politiques en Italie et les conditions politiques et sociales en Libye ayant changé, 1' essor de la langue arabe change aussi. Nous pouvons citer en exemple la Grammatica teorico-pratica della Zingua araba de Laura Veccia Vaglieri, publiée par l'Institut pour l'Orient en 193651. Dans l'Introduction, l'auteur affirme que le livre avait de telles dimensions que l'impression aurait été impossible [ ... ] « si 1 'Institut pour 1' Orient, conscient de la nécessité de promouvoir l'étude de cette langue, n'avait pas pris en charge les frais de la publication, et si le ministère des Colonies et 1 'Académie Royale d'Italie n'avaient pas, tous les deux et avec grande bienveillance, octroyé leur contribution engagée » 52.

La publication du volume de Vaglieri marque une coupure : en effet, à partir de ce moment, l'arabe enseigné sera exclusivement

l'~~be classique. Dans son livre Laura Veccia Vaglieri présente differemment les règles de grammaire et de syntaxe. On réapproprie de la méthode d'enseignement dérivée du système d'étude de la langue latine. ~He demeure inchangée jusqu'à nos jours. À partir de cette grammaire seront formées toutes les générations futures

49 FIECCHI (F.M.), Studio comparativo della Zingua araba letteraria e comune, vol. II, Turin, 1913.

5~ Déjà ?riffini . se demandait quel arabe enseigner: "Le ministre de 1 lns.tructl~n Pubhque est en train d'ouvrir des cours 'de langue arabe' dans plust~urs eco~e~ d~ Règn~. [ ... ] L'initiative est louable, mais soulève une questwn ?es~mee a dev~mr .d'intérêt assez vif. [ ... ] Avant tout, quel arabe

~era e~setgne? ». E. Gnffmt, « Per l'insegnamento dell'arabo e del berbera

~~ Itaha », Corriere della Sera, 27.11.1911.

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52lb"d z • , . mtro uzwne. d .

44

d'arabisants. Ce manuel est encore utilisé aujourd'hui dans les universités italiennes. Il tisse un lien entre des spécialistes, qui conçoivent 1' étude de la langue à partir de leur conception intellectuelle bourgeoise, et les partisans de 1' instruction pour les masses, liée à l'idée de l'État national, 53

qui ont soutenu jusqu'à un certain stade (comme nous avons cherché à démontrer) 1' entreprise coloniale italienne. Pour conclure, citons l'exetnple donné en ce manuel comme exercice de traduction de l'italien à l'arabe que nos étudiants traduisent encore maintenant : «Taisez-vous esclaves

~ S4 ' '

devant votre mattre » ..

Jolanda GUARDI

53 ÜELLNER (Ernest), Nazioni e nazionalismi, Rome, 1985.

54 VECCIA VAG LIER!, op. cit., p. 296.

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Revue lb la • Tunis • 1/2007 • No 199 • p.Sl-63

Le Pique-nique : Férid Boughedir et la 44 tunisianité"

Robert Lang

D

ans un entretien de 2_00~, Férid Boughedir remar~ue qu'une

"société adulte " dOit etre " capable de se vmr dans un miroir", et il ajoute que la Tunisie moderne"' n'est pas parfaitement adulte, elle est un peu malmenée du point de vue identitaire ". Il suggère aussi que même si les Tunisiens ont eu historiquement le génie du métissage, et ceci depuis l'époque de Carthage, la rencontre coloniale avec la France a tàit d'eux des "bâtards culturels". Une partie de la population, observe-t-il, "' a les yeux braqués sur Le Caire et lit tout ce qui s'écrit au Proche-Orient", pendant qu'une autre partie " lit Le Nouvel Observateur ou Le Monde. Il y a un vrai déchirement ! " ( Khélil 2002, 166).

Ce commentaire du cinéaste pourrait s'appliquer à son premier film Le Pique-nique ( 1975, 42 minutes)1 dans lequel Boughedir fait une satire de la .. bâtardise culturelle" qui, d'une certaine tàç.on, fonctionne précisément comme un appel à ses concitoyens pour revendiquer leur spécificité culturelle qu'il appelle"" tunisianité '' -

1 Le Pique-nique a été réalisé approximativement 15 ans après l'indépendance de la Tunisie en 195() ; et en 2003, il est devenu accessible pour la première fois, comme bonus dans le DVD d' Ha{fàouine, le premier long-métrage de Boughedir, réalisé en 1990. Le Pique-nique (Annouzha en arabe) est au départ l'un des trois sketches d'un film de 1972, Fî Bilâd al- Tararanni /Au pays de Tararanni. Les 2 autres sketches sont: Al Fanousl Le réverbère (réalisé par Hamouda Ben Halima, 25 mn) et Az-ziâral La Visite (réalisé par Hédi Ben Khélifa, 15 mn). Boughedir a déclaré que son sketch s'inspirait de l'univers des BD en français qu'il lisait quand il était enfant.

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