INFLUENCE DU MODE DE DISTRIBUTION DES MATIÈRES AZOTÉES DU RÉGIME SUR L’EFFICACITÉ ET LE
COMPORTEMENT ALIMENTAIRE DU POUSSIN
C. CALET A. ALBESSARD
Station de Recheyches avicoles,
Centre national de Recherches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
On distribue la ration du
poussin
en deux repasindépendants.
L’un, de natureprotidique, pré-
sente un taux variable de matières azotées
( 50
et 30 p. 100). L’autre est constitué d’aliments nonazotés
qui
sont offerts à volonté. Lesprotides
étudiés ont des valeursbiologiques
très différentes,farine de
poisson
dans un cas, tourteau d’arachide etgluten
de maïs dans l’autre. Dans tous les casles animaux
reçoivent
la mêmequantité journalière
d’azote.Lorsque
lepoussin reçoit
de la farine depoisson,
le tauxprotidique
du repas azoté n’a aucune influence sur legain
depoids corporel.
Il n’en est pas de mêmelorsque
l’on s’adresse aumélange arachide-gluten
pourlequel
le tauxprotidique
leplus
faible permet la croissance laplus
élevée.En revanche, pour chacune des deux sources azotées, l’influence du taux
protidique
ne se ma-nifeste
plus lorsque
l’on considère le taux de conversion alimentaire ou l’efficacité del’énergie
durégime.
Pour desprotides
donnés, il existe une relation très étroite entre legain
depoids
et la consom-mation spontanée
d’énergie qui
n’est absolument pas modifiée par le mode de distribution des ma-tières azotées.
Ainsi la présence de substances ternaires aux côtés des matières azotées
(régime
à 30 p. 100 de matières azotéestotales)
ne modifiejamais
l’efficacité de l’ensemble de l’aliment mais retentitparfois
surl’appétit
de l’animal.INTRODUCTION
Depuis longtemps
les chercheursproposent
des méthodesbiologiques d’appré-
ciation de la
qualité
des aliments et enparticulier
de leur efficacitéprotidique.
Laplus
vieille en date est, chez lepoussin,
celle de HWMnrr et al.(zg 39 )
dénommée « Gross Protein Value n ou Valeur Brute des Protides etreprise plus
récemment parA NWAR ,
(ig62).
I,asignification
des résultats de chacune des méthodesdépend
des conditions nutritionnelles de leurapplication :
BARNESet BOSSHARDT( 194 6)
attirent l’attentionsur
l’importance
du tauxprotidique
durégime :
ContBS( 1959 ) LEONG et
al.( 1959 ) ;
§HoHLs
( 195 8)
etGUILLAUME ( 19 6 1 )
mettent en lumière le rôle du tauxénergétique
et du
rapport Calorie/Matière
azotée.Il ressort de ces études que pour être
valable,
la mesure de l’efficacitéprotidique requiert
la distribution enquantité
constante et parconséquent
limitée de l’aliment azoté. Elle ne doitcependant
pas être freinée par une restriction de substances éner-gétiques.
Ce doubleimpératif
n’estguère compatible
avec les méthodesclassiques
d’alimentation
qui prévoient
la fourniture d’un alimentcomplet.
Onpeut
toutefoispallier
la difficulté en distribuant aupoussin
deux repasséparés
decomposition
différente. I,e
premier
constituel’apport
azoté(protides, vitamines)
enquantité
res-treinte. I,e second fournit tous les autres éléments du
régime
et est alloué ad Li bitum.Nous avons montré que le
poussin placé
dans ces conditions estcapable
nonseulement d’assurer
spontanément
son besoinénergétique
conformément à la loi de HILLet DANSKY( I g5o),
mais encored’ajuster
au mieux sa consommation d’éner-gie
en fonction de la nature desprotides
alimentaires. Enparticulier,
chez un animalqui reçoit
unequantité
fixe deprotides,
l’accès en toute liberté à unrégime protéi- prive
suscite uneprise d’énergie qui
est associée à l’efficacité azotée de l’ensemble des aliments(A BRAHAM , C AL ET, R!RAT, et JACQUOT, I g6 I ). Ainsi,
l’un de nous a misen évidence une corrélation très étroite entre le coefficient d’efficacité
protidique
des
régimes
azotés et la consommationspontanée d’énergie (C AL ET,
ABRAHAM etB
ARA T O
U, I g6 2 ).
Demême,
chez le Rat,RÉ RAT ,
HENRY etJACQUOT (Ig63)
viennentde confirmer nos résultats et établissent une relation entre la
quantité
d’azote retenupar l’animal et
l’ingestion
volontaire de calories.Dans les cas que nous avons
étudiés,
lacomparaison
d’une alimentation mixteou d’une distribution à
part
des matières azotées et des substances non azotées montre que la secondeaboutit,
parrapport
à lapremière,
à des croissancesgéné-
ralement
supérieures
etchaque
fois à des efficacités alimentaires meilleures. Ces remarques ont été mises àprofit
pour le contrôle de laqualité
des aliments azotés(CAI,!T
etM!I,OT, Ig6I ;
PERETIANU etA B RAHAM, Ig63).
On
peut
néanmoins ne pas êtreparfaitement
convaincu desavantages
de cette méthode et lui adresser unecritique qui
met en cause sa validité : lors de la distri- bution des repas, l’animal dont laportion protidique
est restreinte consomme d’abord l’aliment azoté etingère
ensuite l’aliment non azoté. Il s’ensuit d’unepart
une dis- continuité dans le repas et d’autrepart
uneingestion
des différentsprincipes
ali-mentaires à des moments de la
journée plus
ou moinséloignés. Or,
toute une série de travaux a démontrél’importance
del’ingestion
simultanée des éléments nutri- tifs sur leur destinée. La distribution des vitaminesA, B I
C et D(MACI!o, I g56
etM
ACKO et
al., I g56)
ou d’un acide aminé(GE IG E R ,
1947 ; CANNON etal., I g47)
oumême
simplement
de l’eau de boisson(C L E M E NT , ig6i), indépendamment
durégime
et
plusieurs
heuresaprès l’ingestion
du repasprincipal,
aboutittoujours
à une effi-cacité alimentaire abaissée. Les mêmes observations ont été
enregistrées
avec desmatières azotées
complexes.
On sait que desprotides
peu efficaces mais nepossé-
dant pas le même acide aminé comme facteur limitant
peuvent
être associés avecavantage
au sein d’unrégime
dans la mesure où interviennent lesphénomènes
de«
supplémentation
n.Or,
HENRY et KON( I g 4 6),
G!IG!R( 194 8)
et HARTE et al.( 194
8)
démontrent que les effets heureux de lasupplémentation
ne se manifestent que si lesprotides
sontprésents
dans le même aliment etingérés
simultanément. Pources auteurs, les
protéines
tissulaires nepeuvent
s’élaborer que dans la mesure où tous les acides aminés constitutifs sont rassemblés au même instant au lieu dessynthèses.
Il convient
cependant
de ne pas conclure hâtivement et de tenircompte
de lanature des éléments et de l’intervalle de
temps qui sépare l’ingestion
successive des deux repas.Ainsi,
dans le cas devitamines,
MORRISSON et CAMPBELL( I g6o),
SnR!T2et MORRISON
(ig6o)
et MoxRisorr et al.(ig6i)
considèrent que les administrations deB
2
par sonde stomacale une fois parjour
ouincorporée
dans l’alimentprocurent
lesmêmes effets de croissance. GEIGER et al.
( 1949 )
reconnaissentégalement
que la distributionindépendante
de nicotinamide n’a aucunerépercussion
sur la croissance des animaux ni sur les processus de lasynthèse
dutryptophane.
Demême,
dans ledomaine des acides
aminés,
PALOHEIMO( 1937 )
et GEIGER( 195 o)
estiment que l’onpeut
fournir laméthionine,
lalysine
ou letryptophane
en dehors des heures du repassans inconvénient pour l’animal dans la mesure où la durée
qui sépare
les deuxinges-
tions n’excède pas 4à 5 heures.
Enfin, plus récemment,
YANG, Cr,nRK et VAIL( 19 6 1 ), opérant
dans des conditions bienprécises
démontrent quel’apport d’extra-lysine
au cours ou
après
un repas de farineblanche,
à des intervalles detemps
de o, 4,8,
12et 16
heures,
provoque les mêmes améliorations surl’appétit
et surl’efficacité,
ladigestibilité
et la rétention azotées. Il fautsouligner
toutefois que lalysine
estapportée
à la sonde stomacale et non pas
incorporée
à un repas non azoté. Toutdernièrement,
les mêmes auteurs
(YANG
etal., 19 6 3 )
seplacent
exactement dans les conditions de GEIGER et distribuentl’extra-lysine
soit dans le repascomplet
soit en dehors delui au sein d’un aliment
protéiprive.
Les mesures de la croissance et de l’azote retenune
présentent
pas de différencessignificatives
selon les deux modes d’administration.Toutefois on remarque un
comportement légèrement
différent de l’animallorsque
la
lysine
estapportée
12 heuresaprès
le repas azoté selon que lesprotides
durégime
sont constitués de
gluten
de blé ou de zéine et l’onpeut
se demander dansquelle
mesure l’efficacité d’une alimentation en deux
temps
nedépend
pas de la nature des constituants durégime.
Les mêmes
critiques
ont été formulées ausujet
de l’alimentationséparée lorsque
l’on distribue les matières azotées d’une
part
et les aliments ternaires d’autrepart.
AinsiGEIGE
R
,
BANCROFTet HAGERTY(r 95 0),
étudient lesaptitudes
de restaurationprotéique
chez des rats adultes soumis au
jeûne
azotédepuis plusieurs jours.
Généralement les ratsqui reçoivent
unrégime complet
manifestent uneaptitude
élevée à resyn-thétiser les tissus
protidiques perdus
au cours dujeûne.
Toutefois cette faculté estsurtout
marquée lorsque
lesglucides
sontingérés
en mêmetemps
que lesprotides.
Lorsque
la distribution de ces deux éléments estséparée
deplus
de 5heures,
la réfection azotée est moins active. Ces résultats ont étéinterprétés
par le rôled’épargne
que manifestent lescalories,
et mieux les caloriesglucidiques,
au niveaudu métabolisme azoté.
A
l’opposé,
nospremières expériences
semblent montrer que l’animal retireun meilleur
profit
de l’alimentationséparée
que d’une alimentation mixte etcomplète.
Nous nous sommes
demandés,
si les différences de conditionsexpérimentales
uti-lisées ne
permettaient
pas de lever la contradiction entre nos résultats et ceux de GW G!R. Pour rechercher dansquelle
mesure la simultanéité del’apport
des substances azotées et non azotées était nécessaire à une bonne efficacitéprotidique,
nous avonscomparé
la croissance depoussins qui reçoivent
des alimentsprotidiques mélangés
ou non à des substances ternaires.
Nous nous sommes
également
adressés à des matières azotées de deuxorigines, qui
contrastent par lagrandeur
de leur valeurbiologique :
farine depoisson
dansun cas, tourteaux d’arachide et
gluten
de maïs dans l’autre.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
8
0
poussins
mâles issus de croisement Rhode XWyandotte
sontrépartis
àl’âge
de 5 semainesen i6 lots
homogènes
de 5poussins qui pèsent
35o g au moment où débutel’expérience. Chaque
facteur est
répété
4fois.Les animaux
reçoivent
lesrégimes
selon leplan
de rationnement décrit par CALET, MELOT(196
1 ).
Simultanément les
poussins
ont à leurdisposition
deuxrégimes
dans desmangeoires séparées.
L’une contient l’aliment
complémentaire
non azotéqui
est distribué ad libitum et dont lacomposition figure
dans le tableau i. L’autre renferme lerégime protidique qui
est alloué enquantité
limitée.Pour obtenir les
régimes protidiques
dosant 30 p. 100de matières azotées totales, onajoute
auxrégimes
ci-dessus desquantités
convenables d’alimentcomplémentaire
non azoté. On abaisse ainsi le taux azoté sanschanger l’équilibre
des différents constituantsprotidiques.
Lacomposition
détail-lée de ces derniers
régimes figure
dans le tableau 3.Les 4
régimes protidiques
sont distribués enquantité
limitée de manière à fournirquotidien-
nement à tous les animaux la même
quantité
de matières azotées totales. Cesquantités
varientd’ailleurs avec
l’âge
dupoussin
commel’indique
le tableau 4.L’analyse
desrégimes protidiques qui figure
au tableau 5 montre que leprotocole expérimental
que nous venons de
présenter
n’a pas pu êtrerigoureusement
suivi du fait des écarts entre les valeursescomptées et les valeurs réelles. Ces dernières ont été les seules retenues dans
l’interprétation
desrésultats.
L’expérience
dure 8 semaines(de
5 à 13 semainesd’âge)
au coursdesquelles
on effectue unrelevé hebdomadaire du
poids
des animaux et de la consommation de l’alimentcomplémentaire
non azoté. Les animaux sont élevés en batterie, ils sont éclairés artificiellement i4heures par
jour.
Ils
disposent
d’eau de boisson à volonté.RÉSULTATS
I,es résultats
portent
sur l’ensemble de lapériode expérimentale
de 5 à 13 se- maines.Nous comparons successivement les effets du taux
protidique
desrégimes
azotéspour chacun d’entre eux. Le tableau 6 fournit les données relatives au
mélange
tourteau
d’arachide-gluten
de maïs.La
supériorité
durégime
A 30 sur lerégime
A 5o estmanifeste,
tant en cequi
concerne le
gain
depoids
que la consommation totale d’aliment. Aégalité d’apport
azoté les taux
protidiques
faibles améliorentdavantage
la croissance que ne le font les tauxprotidiques
élevéslorsque
l’on s’adresse à des matières azotées de médiocre valeur. La consommation d’alimentcomplémentaire
non azoté estégalement
trèsdifférente d’un lot à l’autre. Son
interprétation
est délicate car elle est conditionnéeen
partie
par laprésence plus
ou moinsgrande
de substances non azotées dans lerégime protidique.
Il convient desouligner
toutefois que l’indice de consommation demeureinchangé
dans les deuxtypes
de rationnement.Contrairement à ce
qui
se passe dans le cas dumélange arachide-gluten,
letaux
protidique
durégime
azoté ne retentit ni sur la croissance ni sur la consomma- tion totale d’aliment. Il n’exerce pas nonplus
d’effet sur l’indice de consommation.L’absence d’effet du taux
protéique
durégime protidique
sur l’efficacitéglobale
de la ration se manifeste
quelle
que soitl’origine
des matières azotées. Il se manifesteégalement quel
que soitl’âge
de l’animal. Legraphique
I illustre l’évolution de l’in- dice de consommation au fur et à mesure que lepoulet
vieillit.1 -
La valeur de l’indice de consommation est sous la
dépendance
de la nature dela source azotée : il est d’autant
plus avantageux
que les matières azotées sont de meilleure valeurbiologique. Néanmoins,
à aucun moment, il n’est influencé par leplan
de rationnement et le tauxprotidique
desrégimes.
On
peut
étudier d’une manièreplus précise
la consommation des animaux et estimerrigoureusement
laquantité
de substances non azotéesqu’ils
ontingérée.
Eneffet,
la dilution desrégimes
à 50 p. 100 de matières azotées totales afin d’obtenir desrégimes
au tauxprotidique
de 30 p. 100, se traduit par unapport
d’une certainequantité
d’alimentcomplémentaire
non azoté que lepoulet ingère
avec lesprotides.
C’est la raison pour
laquelle
les consommations d’aliment non azotéqui figurent
auxtableaux 6 et 7 n’ont de
signification
que dans la mesure où l’on compare lesrégimes ayant
même tauxprotidique.
Onpeut cependant
rendre ces valeursplus
facilement
interprétables
en calculant laquantité
de substances non azotéesingérées
avec les
régimes
à 30 p. 100de M. A. T. et enl’ajoutant
à laquantité
d’aliment com-plémentaire
non azoté librement consommée. Dans cesconditions,
les valeurs obte-nues sont
comparables
pour tous lesrégimes
et nous les avonsportées
sur le gra-phique
IIqui
traduit les variations de cette consommation avecl’âge
dupoulet.
Il
apparaît
avec unegrande
netteté que les deux lots recevant de la farine depoisson
consommentrigoureusement
la mêmequantité
de substances ternaires et ceci à tous lesâges
de l’animal. Le tauxprotidique
durégime
azoté n’intervient en aucunefaçon.
Enrevanche, les
lots nourris dumélange arachide-gluten
secomportent
différemment. C’est le
régime
à tauxprotidique
leplus
faiblequi
provoque la consom- mation d’aliment non azoté laplus
élevée. Nous avons faitfigurer
sur legraphique
III les courbes de croissance des animaux et la confrontation des deux
graphi-
ques révèle la similitude des deux
phénomènes.
En additionnant les
quantités
consommées sous forme derégime protidique
et d’aliment
complémentaire
onpeut
reconstituer desrégimes complets qui présentent
les
caractéristiques qui figurent
au tableau 8. Nous avons mentionné lesrapports
entre le
gain
depoids
et laquantité
deprotides ingérés (coefficient
d’efficacité pro-tidique),
entre legain
depoids
etl’énergie
métabolisableingérée,
entre lesquantités
de
protides
et lepoids
d’alimentingéré (taux protidique
durégime complet
recons-titué),
entre les calories et lesprotides ingérés (rapport C/P).
I,e coefficient d’efficacité
protidique
suit exactement les variations dugain
depoids puisque
laquantité
de matières azotées allouée aux animaux estidentique
danstous les cas. Pour la même
raison,
le tauxprotidique
des aliments que lespoulets
ont reconstitués varie en sens inverse de la
quantité
totale d’aliment consommé.A noter toutefois que les
protides
de haute valeur favorisent la constitution de tauxprotidiques plus
faibles que lesprotides
de valeur médiocre. Il en résulte que les animaux nourris de farine depoisson
ont consommé relativementplus
d’alimentnon azoté par
rapport
auxprotides
alimentaires que ne l’ont fait lespoulets
recevantle
mélange arachide-gluten.
C’est ce que montre les valeurs durapport Énergie/Ma-
tière Azotée.
Les résultats du tableau 8 font
également apparaître
les variations del’ingestion
totale
d’énergie
métabolisable en fonction de la nature et du taux azoté desrégimes protidiques.
Nous retrouvons là encorel’expression
duphénomène
que nous avons antérieurementsignalé :
lesprotides
de valeurbiologique
élevéeprovoquent
une consommationd’énergie
accruelorsqu’on
la mesure en valeur absolue mais abaissée si on l’estime en valeur relative parrapport
augain
depoids.
Ainsi l’utilisation del’énergie
durégime
esttoujours
meilleurelorsque
les aliments azotés sontplus
effi-caces. En
revanche,
le tauxprotidique
desrégimes
n’exerce aucune influence surl’efficacité de
l’énergie.
Cela est vrai dans le cas de la farine depoisson
pourlaquelle
le taux
protidique
ne retentit pas sur la consommationd’énergie
mais aussi dans le cas dumélange arachide-gluten.
Une mêmequantité
deprotides
d’arachide et degluten
offerte dans desrégimes
à tauxprotidiques inégaux
provoque desgains
de
poids
et des consommationsd’énergie
différentes en valeursabsolues,
mais ces diffé-rences
s’estompent lorsqu’on
les relie l’une à l’autre. Nous avonsreprésenté
cephénomène
sur legraphique
IVqui
traduit la relation entre la croissance et la con-sommation de substances
énergétiques
à tous lesâges
de l’animal.Il
apparaît
avec unegrande
netteté que les valeurscorrespondant
auxquatre régimes
étudiés serépartissent
sur deux courbes dont lesparamètres dépendent
dela nature des matières azotées et non pas du taux
protidique
desrégimes.
Il convientde
souligner
que, à tous les moments et pourchaque
sourceprotidique,
lespoints
se
placent rigoureusement
sur la même courbequelles
que soient les conditions du rationnement.DISCUSSION
De nombreuses études ont bien démontré que le rôle
protecteur
exercé par l’éner-gie
sur l’utilisation azotée ne se manifeste que dans certaines limites. Au-delà d’une valeuroptimum
durapport
entrel’énergie
et lesprotides,
l’efficacité azotée des ré-gimes
diminue. En revanche peu de travaux ont mis en lumière l’influence de la nature des matières azotées sur cette relation. Les résultats que nous venons depré-
senter confirment nos
précédentes
conclusions et montrent une fois deplus
la néces-sité
d’ajuster
le tauxénergétique
durégime
selon la valeurbiologique
de sesprotides.
L’élévation
du tauxénergétique peut
êtrebénéfique
pour certaines sourcesd’azote ;
elle
peut
être néfaste pour d’autres. Cecirejoint
les conclusions d’uneexpérience
antérieure
(C A’LET ,
DIMACHKIF et BARATou,19 6 2 (’))
danslaquelle
l’enrichissement durégime
enénergie permet
de valoriser la farine depoisson.
Enrevanche,
il ne modifiepas l’efficacité du tourteau de
soja, protide
de valeur moyenne et est nuisibleau tourteau
d’arachide, protide
dequalité
médiocre. Dans le même ordred’idées, S
AXENA
, J ENSEN
et MAcGiNNis(ig6i),
démontrent que lepoussin
ne retire aucunavantage
del’incorporation
de matières grasses aurégime lorsque
sesprotides
sontconstitués de
soja
cru.La confrontation de nos résultats
présents
et de ceux obtenusprécédemment (C.m,!T; JouwD!’r etBaRa ’ rou, 19 6 1 )
fait ressortir la similitude des valeurs du rap-port Calorie; Matière
Azotée observées dans les deux cas. Ainsi avec les mêmesrégimes
des animauxjeunes ( 4 semaines)
ou despoulets plus âgés (5
à i3semaines) ingèrent
desquantités égales
de calories parrapport
auxprotides.
Lasignification
de la constance du
rapport Calorie/Matière
Azotée selonl’âge
est discutée dansune note annexe
(C AI ET
etAr,sESSaxD, 1903 ( 1 )).
D’autres conditions seraient
également
nécessaires pour observer le rôle pro- tecteur del’énergie glucidique
sur l’utilisation azotée.D’après
GEIGERet sesdisciples,
cet effet ne
peut
se manifesterpleinement
que si les aliments azotés et non azotés sontingérés
simultanément. Il convient toutefois de ne pas incriminer apriori
tout autre mode de rationnement. Nous pouvons à titre de
comparaison indiquer
les valeurs de
gains
depoids
obtenusgénéralement
par des animaux de mêmesouche,
élévés dans les mêmes conditions et nourris ad libitum avec un aliment standard par- faitementéquilibré,
dosant 20p. ioo de matières azotées etrépondant
aux normesclassiques
dupoulet
de chair. Lespoulets gagnent
au cours de la ioPsemaine 180 g depoids
et consomment 770 g d’aliment. Cefaisant,
ilsingèrent
en moyenne 22 g de matières azotées parjour.
Dans les mêmesconditions,
nos animauxexpérimentaux
nourris de farine de
poisson reçoivent quotidiennement
g g seulement de matières azotées et leurgain
depoids
hebdomadaire est de 2yg au mêmeâge.
Cette compa- raison n’est pasrigoureuse puisque
les aliments azotés confrontés neprocèdent
pasde la même
origine ;
les différences observées sont toutefois suffisammentimpor-
tantes au
profit
de l’alimentationséparée
pourqu’on
nepuisse
pas larejeter
sansdiscussion.
Nous avons
précédemment
décritl’expérience
deG E I GER ,
BnrrcROxT et HAGERTY(ig
5
o) qui
étudient la réfection azotée de ratspréalablement
carencés etqui reçoivent
la même
quantité
d’azote soit enmélange
avec le repasglucidique
soitséparée
delui par un intervalle de
temps supérieur
à 5 heures. De mêmeG EIGER ,
EL RAm et THOMAS( 1955 )
aboutissent aux mêmes conclusions en nourrissant des ratspendant
32
jours
avec desquantités
limitéesd’azote,
soit en leur donnant desrégimes
com-plets,
soit en distribuant les fractions azotées etglucidiques
à des moments de lajournée éloignés
de 12heures. Dans tous les casobservés,
laséparation
dans letemps
des deuxtypes
de repas entraîne soit un arrêt de la croissance soit un bilan azoténégatif.
Ces conclusions ne sont pas
acceptées
par tous les auteurs. Chezl’Homme,
d’unepart
VOLKMANN( I g 47 )
et GERNAND( 195 1 ),
etchez le
Rat d’autrepart
HARTE et TRA-VERS et SARiCH
(rg 4 8),
n’observent aucune différence d’efficacité durégime
selon le( 1
) Résultats non publiés.
mode de rationnement à la condition d’avoir
préalablement
habitué lesujet
à con-sommer la substance azotée
qu’ils
étudient.Les conclusions de GEIGER semblent
s’opposer également
aux nôtres(C.!r,!T J
OUAND E T
et BnRaTOU, 19 6 1 ) lorsque
nous affirmons que l’animal retire un meilleur bénéfice d’une mêmequantité
de farine depoisson lorsquelle
est distribuée en dehors d’un repasprotéiprive.
Pour
expliquer
ces contradictions il ne faut pas oublier que GEIGER compare des animauxqui reçoivent
la mêmequantité d’énergie. Or, l’énergie
allouéepar jour
dans ses
expériences,
est manifestement insuffisante. Il enrésulte,
surtout avec lesrégimes
à tauxprotidique élevé, qu’une
fraction de l’azote est utilisée à des finsénergétiques,
cequi
réduit d’autant lapart
desprotides
utilisés à des fins azotées.Dans nos
essais,
aucontraire,
lespoussins
satisfont à leur convenance leur besoinénergétique
au moyen de l’aliment ternairequ’ils ingèrent séparément.
Il en résultevraisemblablement,
comme l’ont montré MaTT!RSOw et al.( 195 8), une
mauvaise uti- lisationénergétique
de la ration mais encontrepartie
une meilleure utilisation azotée.Cette
conception
est d’ailleurs renforcée par les résultats de GEIGER lui-même lors-qu’il
donne à discrétion les deuxtypes
de repas. Dans cesconditions,
l’animal nepeut
consommer simultanément l’ensemble des éléments nutritifs mais ilpeut
cou- vrir ses besoinsénergétiques.
On n’observe pas alors de réduction du coefficient d’efficacitéprotidique
durégime.
Les raisons
qui
ont divisé les auteurspeuvent
êtreplus
subtiles. Ainsi lB1UXRO et WIKRAMANA YAKE( 1954 ) reproduisent
lesexpériences
de GEIGER et nuancent sesconclusions. Ils
enregistrent
lepremier jour
de l’essai une excrétion urinaire d’azoteplus importante lorsque
le repasglucidique
estséparé
de 12 heures du repas azoté.Toutefois,
lephénomène
ne se maintient pas : au bout de deuxjours,
l’animalprofite
du repas
glucidique
de la veille et l’effetd’épargne
desglucides
vis-à-vis de l’azotese manifeste à nouveau avec la même intensité. I,’affaiblissement passager du bilan azoté de l’animal nourri de deux repas
séparés
traduit son manqued’adaptation
au nouveau mode de rationnement.
On
peut
penserégalement
que le mode de distribution du repas n’estpeut-être
pas le seul facteur en cause. Il y a lieu de considérer la
composition
desrégimes
uti- lisés.Ainsi,
MARFAfiA et SREENIVASAN(ig6o)
montrent que les résultats du mode de distribution des aliments est enparticulier
tributaire de leur richesse en vitamines B.La scission des fractions
glucidique
et azotée est néfaste si lerégime
estappauvri
en vitamines
hydrosolubles.
Aucune différence en revanche ne semanifeste, lorsque
les
régimes
sont enrichis de toutes les vitamines du groupe B.De la même
manière,
nos résultats actuels attirent l’attention sur le rôlejoué
par la nature des matières azotées. Dans nos
essais,
le dédoublement des repas et l’absence de substances ternairesajoutées
au repas azoté n’ont aucune action con-traire ni sur la
croissance,
ni sur l’efficacité azotée durégime, lorsque
lesprotides
sont
représentés
par la farine depoisson,
alorsqu’elle se’manifeste
par une réduction dugain
depoids lorsque
l’on s’adresse au tourteau d’arachide. Parmi les différencesqui
existent entre ces deux sourcesazotées,
onpeut
mentionner larépartition
deleurs acides aminés
qui
détermine la valeurbiologique,
ladisponibilité
de ces acidesaminés
qui
conditionne leur vitesse de libération dans l’intestin et leurdigestibilité,
et enfin la
présence
deglucides
dans le second et non dans lepremier.
D’après G EIGER ,
la farine depoisson
aurait dû souffrir leplus
du mode de ration-nement
employé.
Pour être utilisée aumieux,
ellerequiert
uneplus grande quantité
de substances
énergétiques
que lemélange arachide-gluten
dont lavaleur biologique
est moindre.
D’après
THOMSONet Murnto(i 95 j),
lesprotides
devraient retirer unplus grand
bénéfice de l’association avec les sucres,
lorsque
lerégime protidique
renferme 30p. 100 de matièresazotées,
quelorsqu’il
enpossède
50p. 100. Or cela se confirme bien dans le cas del’arachide,
et non pas avec la farine depoisson.
Dans nos
expériences
antérieures toute amélioration de l’efficacité azotée durégime s’accompagne
d’un abaissement de l’indice de consommation et d’une meil- leure utilisation del’énergie.
Ceciapparaît
d’ailleurs sur lesgraphiques
I et IV lors-que l’on compare les rations à base de farine de
poisson
à celles renfermant le tour- teau d’arachide et legluten
de maïs. Al’opposé,
desrégimes
de constitution diffé- rente maispossédant
les mêmesprotides
ont des indices de consommation et des efficacitésénergétiques rigoureusement égaux. Ainsi,
laprésence
ou l’absence de substances non azotées dans l’alimentprotidique
n’affecte en rien l’efficacitéglobale
de l’aliment.
Le
comportement opposé
que nous avons relevé entre les deux sources azotées étudiées(arachide-gluten
d’unepart
et farine depoisson
del’autre)
ne se manifesteque dans la mesure où l’on choisit le
gain
depoids
comme critère d’efficacité. Il dis-paraît lorsque
l’on s’adresse à l’indice de consommation ou mieux encore à l’efficacitécalorique.
Dans ce dernier cas, legraphique
IV illustre d’une manière saisissante la relationqui
unit la consommationspontanée d’énergie
augain
depoids.
La manièredont les deux
paramètres
sont liésdépend
essentiellement de la nature desprotides
du
régime
mais non pas de lafaçon
dont ils sont distribués.Il résulte de ces observations que le
plan
de rationnement et le mode de dis- tribution desprotides
durégime
retentissentparfois
sur la croissance de l’animal maisjamais
sur le taux de conversion alimentaire. Ils affectentparfois
la consom-mation
d’énergie,
maisjamais
son utilisation.Dans ces
conditions,
le mode de distribution desprotides
-lorsqu’il
influencela croissance - manifeste ses effets essentiellement par le relai des
ingérés énergé- tiques.
Onpeut
se demander dès lors parquel
mécanisme desquantités
de matières azotéesidentiques
distribuées dans desrégimes
à tauxprotidique variable,
inter-viennent sur
l’appétit
de l’animal etpourquoi
lephénomène
se manifeste avec cer-tain
type
d’aliment et non pas avec d’autres.Reçu pour
publication
enjuin 19 6 3 .
SUMMARY
EFFECT OF SEPARATE FEEDING ON THE EFFICIENCY OF THE DIET AND THE NUTRITIONAL BEHAVIOUR OF CHICKEN
Between the years 1946 and 1950, GEIGER and other workers
(HENRY,
KON, r946; HARTEand al.,
194 8),
found that theprotein
fraction of the diet had to begiven
within 5hours after the rest of the meal for agood protein
utilization.In a 8-week
experiment, protein
and theprotein-free
parts of the diet weregiven separately :
fish meal or peanut oil meal-corn