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Lettre à un ami. au sujet de ce qui s est produit entre Campos et Rome. par le frère Jean-Baptiste

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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au sujet de ce qui s’est produit entre Campos et Rome par le frère Jean-Baptiste

L’émouvante lettre qu’on va lire a été rédigée par un moine du monastère de la Sainte-Croix, au Brésil, pour l’un de ses amis troublé par les événements de ces derniers mois survenus à Campos.

Ancien séminariste de Campos, le frère Jean-Baptiste sait de quoi il parle lorsqu’il déclare qu’« il y a réellement eu un changement chez les prêtres de Campos ». Il nous a lui-même communiqué son texte pour être publié comme témoignage. Nous avons ajouté des titres et des sous-titres pour faci- liter la lecture.

Le Sel de la terre.

* * *

† PAX Cher ami,

V

OUS AIMERIEZ connaître mon opinion au sujet de ce qui s’est produit entre Campos et Rome ?

Pardonnez la grande longueur de la lettre, mais pour un sujet d’une telle importance, il est nécessaire de tout bien expliquer.

Quand je suis sorti du séminaire de Campos pour entrer au monastère, j’ai dit que je voulais garder toute la formation doctrinale que j’y avais reçue et, jusqu’à aujourd’hui, je suis infiniment reconnaissant pour tous les enseignements que les prêtres de Campos m’ont donnés, aussi bien au séminaire qu’à la pa- roisse. C’est en raison de cette gratitude et de mon adhésion à ces mêmes ensei- gnements que, face à ces derniers événements, je suis profondément scandalisé.

Scandalisé non pas tant par ce qu’on m’en a dit, par ce dont j’ai entendu parler, que par ce que j’ai vu et lu de mes propres yeux dans les textes officiels et les photographies éditées en diverses publications. Aussi, ce que j’aimerais expliquer bien clairement, c’est que je ne suis pas « endoctriné » par mon supérieur ou par les prêtres qui sont passés ici et ont exposé la position de la Fraternité

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Sacerdotale Saint-Pie X, et que je n’ai pas « bien appris ma leçon » (comme on le dit dans un sens péjoratif) ; et il est encore moins dans mes intentions d’« enseigner le Notre Père au vicaire », mais seulement de dire ce que je pense, fondé sur ce que j’ai appris.

Ce qui m’a le plus ébranlé a été la lecture des textes officiels signés par les prêtres de Campos et les faits accomplis – exposés par les photographies –, car ils m’ont montré qu’il y a réellement eu un changement chez les prêtres de Campos, par rapport à ce qu’ils m’ont appris.

Voyons donc.

Un jour, je me suis assis pour lire les textes qui traitaient de ce sujet, et quelle n’a pas été ma déception, ma perplexité en lisant des passages comme ceux que je vais citer, qui m’ont même scandalisé.

[La lettre des prêtres de Campos au pape, 15 août 2001.]

• Paul VI d’illustre mémoire ?

Dans la lettre des prêtres de Campos au pape, ils se réfèrent au prédéces- seur de Jean-Paul II dans les termes suivants : « Votre prédécesseur d’illustre mé- moire, le pape Paul VI. » D’illustre mémoire ? Comment cela ? Je me rappelle par- faitement quand l’abbé Jonas m’a dit que la mort de Paul VI fut un soulagement pour l’Église. Et maintenant, l’abbé Jonas, avec les autres prêtres de Campos, signe une lettre disant que Paul VI fut un pape d’illustre mémoire… Ce n’est pas possible ! Les prêtres de Campos ont changé !…

• Juridiquement en marge de l’Église ?

Également, dans le texte, il est dit : « …Malgré […] les problèmes qui ont affecté les catholiques de la ligne traditionnelle ; […] juridiquement nous avons été considérés comme vivant en marge de l’Église. » Comment ? Je n’ai pas compris. C’est le pape Jean-Paul II lui-même qui nous a excommuniés (bien que nous sachions que cette excommunication est invalide) ; c’est Jean-Paul II lui- même qui a voulu nous mettre juridiquement en marge de l’Église ! De plus, les termes « catholiques de la ligne traditionnelle » sont des termes que j’ai toujours entendus dans la bouche de personnes qui ne comprennent pas la crise par laquelle passe l’Église. Parmi les prêtres de Campos, j’ai toujours entendu dire que nous étions catholiques et que les progressistes étaient des hérétiques 1.

1 — Je sais qu’il y a différents degrés de progressisme et que beaucoup de laïcs, et même de prêtres, sont dans le progressisme plus par ignorance ou manque d’appui que par conviction. Je sais également que, même parmi les progressistes convaincus, il y a des nuances différentes. Mais, quoi qu’il en soit, je sais que les principes du progressisme sont les mêmes que ceux du modernisme, que saint Pie X a qualifié de synthèse de toutes les hérésies (Motu Proprio Præstantia Scripturæ sacræ).

C’est dans ce sens que j’attribue la qualification d’hérétique aux progressistes qui, en toute connaissance de cause, adhèrent à cette hérésie moderne, différente des anciennes et, en même temps, condensé de celles-ci.

Je sais également que Mgr Lefebvre nous invitait à juger les progressistes comme saint Pie X le

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Cette manière de parler (« ligne traditionnelle ») suppose que diverses lignes de pensée soient possibles à l’intérieur de l’unique sainte Église. Que des personnes laïques et non traditionalistes parlent ainsi, passe encore. Mais que les prêtres de Campos utilisent cette terminologie… Ils ont changé !

• Langage ambigu

Mais je me dis : ils emploient ces termes seulement pour conquérir la sym- pathie du pape et du public. Alors, de nouveau, me vient à l’esprit ce principe de morale que les prêtres de Campos m’ont enseigné : la fin ne justifie pas les moyens. Pour obtenir le bien qui consiste en ce que le pape et le public voient d’un bon œil les catholiques traditionnels, nous ne pouvons pas employer le mal qui consiste à utiliser des termes ambigus, qui laissent entendre une fausseté.

Ensuite, les prêtres de Campos disent : « Nous demandons à collaborer avec Votre Sainteté […] dans le combat contre les erreurs et les hérésies. » Jusqu’à

« hier » les prêtres de Campos combattaient Jean-Paul II parce que ce dernier ne combattait pas les erreurs et les hérésies, mais, au contraire, les défendait. Est-ce que les prêtres de Campos pensent maintenant que Jean-Paul II a changé ? La réunion d’Assise de cette année prouve qu’il n’a pas changé… Est-ce que ce sont les prêtres de Campos qui ont changé ? Au moins dans la manière de voir le pape actuel, je ne vois pas comment je pourrais penser que les prêtres de Campos n’ont pas changé.

• Demander pardon pour quoi ?

Dans la lettre, il y a encore : « Et si […] nous avons causé quelque déplaisir à Votre Sainteté, […] nous implorons humblement votre pardon. » Pour n’importe quel lecteur non prévenu, ces mots signifient : « Nous demandons pardon pour avoir contristé Votre Sainteté par les consécrations épiscopales de 1988 et de 1991. » Les prêtres de Campos n’ont probablement pas eu cette intention, mais…

c’est ce qui est donné à entendre. De nouveau, le même problème : laisser en- tendre une fausseté. Car si le motif des consécrations a été réel, c’est-à-dire, si elles étaient pleinement justifiées, bien que cela ait pu (de manière injustifiée) contrister le pape, elles ne sauraient alors faire l’objet de repentir. Le pire est que l’organe du Vatican qui a publié la lettre-réponse de Jean-Paul II aux prêtres de Campos l’a fait précéder d’une note explicative qui interprétait les paroles des prêtres de Campos dans le sens d’une demande de pardon pour la consécration de 1991 et donc, pour l’excommunication, en disant : « Mgr Licinio Rangel a adressé une lettre au Saint-Père, où il a demandé à être absout de l’excommuni- cation qu’il encourait pour avoir accepté d’être sacré évêque sans mandat pontifical 1. »

faisait pour les modernistes, en tenant compte des nuances infinies de cette hérésie.

1 — Voir : www.vatican.va, et l’Osservatore Romano du 26 janvier 2002 – édition portugaise.

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[Le communiqué de Mgr Rangel et de Mgr Guimarâes, 14 janvier 2002.]

Outre cette lettre, j’ai également lu le communiqué que Mgr Rangel a signé conjointement avec Mgr Roberto Guimarâes 1. J’ai reçu un nouveau coup. Que vois-je ? De nouveau des termes ambigus, bien différents des termes que les prêtres de Campos ont toujours utilisés.

• « La pleine communion ecclésiale »

Ce document dit que les prêtres de Campos seront accueillis « dans la pleine communion ecclésiale » (?). Cela signifie-t-il que les prêtres de Campos pensent qu’ils ne faisaient pas partie de l’Église ? Qu’ils étaient réellement ex- communiés ? Ou simplement qu’ils étaient dans une situation juridique excep- tionnelle (situation causée, d’ailleurs, non pas par nous, mais par l’hérésie qui imprègne les hommes d’Église) ? Il me semble que les prêtres de Campos don- nent ce dernier sens à ces mots du document, mais… tous ne comprennent pas le texte ainsi ! Les progressistes, les journalistes et les fidèles en général com- prennent selon les deux premières significations 2. Et, au fond, l’un des objectifs de ces accords avec Rome n’était-il pas de rapprocher les gens en général de la Tradition ? Cela doit-il se faire à ce prix qu’on les laisse penser que nous étions auparavant excommuniés ? La fin ne justifie pas les moyens.

• « L’unité dans la variété » [Ecclesia Dei adflicta]

Plus loin, le communiqué cite un passage du document par lequel Jean- Paul II a excommunié Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre [Ecclesia Dei ad- flicta]. Entre nous : utiliser un document qui a (injustement) condamné nos pères ! Hélas, le choix du passage de ce document de malheur a été encore plus malheureux : « Tous […] doivent avoir une conscience nouvelle […] de la légiti- mité […] que représente pour l’Église la diversité des charismes, etc. […] Cette di- versité constitue la beauté de l’unité dans la variété. » Qu’est-ce que cela signifie ? Pour Jean-Paul II, qui est l’auteur de ce texte, cela signifie certainement l’œcu- ménisme. Il est clair que, pour les prêtres de Campos, ce texte a un autre sens.

Mais – attention ! – le vrai sens d’un texte est le sens donné par son auteur. C’est- à-dire que les prêtres de Campos ont mis dans ce communiqué un texte de Jean- Paul II exaltant l’œcuménisme ! Incroyable ! Ont-ils fait cela pour plaire aux pro- gressistes ? Mais, mon Dieu, et la vérité ? En outre, quelle est l’interprétation que

1 — Actuel évêque du diocèse de Campos. (NDLR.)

2 — Voici ce que m’a raconté l’abbé Camargo (de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X) : le fait s’est produit juste après la visite du cardinal Gagnon dans nos maisons religieuses [1988]. Rome avait déjà proposé un accord, mais les termes de cet accord étaient un peu ambigus. Lors d’une conversation avec Mgr Antonio de Castro Mayer, un fidèle lui dit qu’il s’agissait d’une excellente occasion, puisque Rome proposait un accord que, selon la lettre, ils [les prélats romains] interprétaient d’une manière, mais que nous, en nous tenant à la lettre, nous pouvions interpréter en notre faveur.

Mgr de Castro Mayer le regarda avec étonnement et lui dit à brûle-pourpoint : « Un catholique n’agit pas ainsi. » Et le fidèle confia qu’il avait été très content, pensant que c’était une grâce énorme d’avoir un évêque qui le reprenne et le corrige dans les choses de la foi.

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les prêtres de Campos ont donnée de cette citation ? Qu’il peut y avoir unité entre la doctrine traditionnelle et la doctrine progressiste ? Ou que la messe tradi- tionnelle peut être mise sur un pied d’égalité avec la nouvelle messe ? Mais Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre, et les cardinaux Ottaviani et Bacci, n’ont-ils pas prouvé par des études approfondies que la nouvelle messe s’écartait de ma- nière impressionnante de la doctrine catholique sur le sacrifice eucharistique ? Et, naguère, les prêtres de Campos nous ont toujours enseigné la même chose…

• Le concile Vatican II accepté

Ma tristesse ne s’arrête pas là. Dans la déclaration faite dans la cathédrale, les prêtres de Campos acceptent le concile Vatican II « à la lumière de la sainte Tradition ». Mgr de Castro Mayer, Mgr Lefebvre et les prêtres de Campos nous ont toujours enseigné qu’il y a des textes de Vatican II qui sont entièrement contraires à l’enseignement traditionnel de l’Église, et qui ne peuvent donc pas être compris « à la lumière de la Tradition ». Si les prêtres de Campos avaient dit : nous acceptons tous les textes de Vatican II qui sont conformes à la Tradition, d’accord. Mais dire, sans autres explications, qu’ils acceptent Vatican II (dans son ensemble) à la lumière de la Tradition ?… Cela, non ! Ah ! il est triste de le constater : les prêtres de Campos ont changé, au moins dans leur manière de parler. Je crois en effet qu’intérieurement ils n’ont pas changé, mais… Et ceux qui les entendent parler de cette manière, comment vont-ils comprendre ce qu’ils di- sent ? Ils vont certainement comprendre qu’ils acceptent maintenant Vatican II, sans en rejeter aucun texte. Je dois malheureusement dire que c’est tromper les fidèles, car ce qui restera connu de tous, ce sont les déclarations officielles et non les explications données après et diffusées seulement partiellement.

• Silence sur la nocivité de la nouvelle messe

Dans le point suivant, on parle de la reconnaissance de la validité de la nouvelle messe quand elle est célébrée correctement, mais on ne parle pas du fait que nous la rejetons à cause de la nocivité de son texte. Les prêtres de Campos, en 1982, ont déclaré que se taire dans de telles circonstances « causerait un scan- dale grave pour les fidèles ». Je cite ici de manière plus extensive le texte de cette déclaration.

Si nous acceptons ou non le nouvel Ordo Missæ ? […] Nous ne pourrions pas omettre un mot d’éclaircissement […]. Notre silence causerait un grave scandale pour les fidèles, envers lesquels nous avons le devoir de dissiper tout doute […]. Nous avons présentes à l’esprit les conséquences qui pourraient nous advenir de la part des hommes, mais nous craignons beaucoup plus celles qui nous adviendraient de la part de Dieu. […] C’est cette doctrine de l’Église qui nous amène, en conscience, à ne pas pouvoir accepter le nouvel O r d o de la sainte messe, instauré en 1969.

(Voir Permanência nº 166-167.)

Ah ! Heureux temps où nous entendions la doctrine exposée en des termes

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aussi limpides 1 !…

• Approfondir les questions encore ouvertes

Au point suivant il est dit : « Nous nous engageons à approfondir toutes les questions encore ouvertes. » Quelles questions ? Les questions qui provoquent la divergence entre les catholiques traditionnels et les progressistes ? A mon avis, la phrase suggère ce sens. Si c’est ce que la phrase veut dire, cela signifie-t-il que les prêtres de Campos vont faire ce qu’a fait un moine du Barroux, qui a appro- fondi l’étude du document de Vatican II sur la liberté religieuse jusqu’à vouloir l’interpréter à la lumière de la Tradition et le déclarer conforme à la Tradition ? Que je sache, ces dernières années, les études sur les doctrines de Vatican II (et sur les doctrines qui en émanent) ont été bien approfondies. Pourquoi déclarer maintenant qu’ils s’engagent à approfondir les questions ouvertes ? Ouvertes ? Quelles sont ces questions encore ouvertes, c’est-à-dire pas encore éclaircies ? Voilà, hélas, une nouvelle imprécision qui laisse le champ ouvert aux interpréta- tions les plus diverses.

[L’« éclaircissement » des prêtres de Campos.]

Mais, pour mon chagrin, j’ai reçu peu après un nouveau « coup de cou- teau » : un « éclaircissement » des prêtres de Campos 2. Il semble qu’ils l’aient fait dans l’intention de dissiper les doutes qui surgissent dans les esprits, mais je crois que cela a mis encore plus de confusion.

• La présence de Mgr Navarro à la cérémonie

Le texte commence en racontant la cérémonie qui s’est déroulée dans la ca- thédrale, cérémonie où l’on remarquait la présence (et les prêtres de Campos n’en ont pas honte ? au contraire, ils le publient !) de Mgr Navarro 3 – pas moins.

Mon Dieu ! cet évêque destructeur ! Pourquoi vient-il maintenant congratuler les prêtres de Campos ? Est-ce parce que lui (Mgr Navarro) a changé d’idée au sujet du concile Vatican II et de la nouvelle messe, qu’il avait voulu imposer aux prêtres de Campos sous la menace de les expulser de leurs paroisses ? Ou est-ce

1 — Voir, à ce sujet, dans ce numéro du Sel de la terre, l’article intitulé : « En marge des événements de Campos, quelques documents éclairants. II – Quand le père Rifan dénonçait le Concile ». (NDLR.)

2 — Nous pensons inutile de donner le texte de cet éclaircissement, puisque les citations qu’en donne le frère Jean-Baptiste suffisent largement à la compréhension de sa lettre. (NDLR.)

3 — Il s’agit du successeur de Mgr de Castro Mayer, qui persécuta les prêtres de Campos. Cet évêque était même présent au sacre du 18 août 2002. Dans la conférence qu’il a donnée à Versailles, le 30 septembre dernier, Mgr Rifan a fait cette allusion : « Aujourd’hui, vient un cardinal, de Rome, au nom du pape, pour sacrer un évêque dans la messe traditionnelle et pour la messe traditionnelle, en présence de tous les évêques, même de celui qui nous a chassés. Maintenant il est archevêque, mais il était là et je lui ai dit : “Monseigneur, c’est notre souffrance commune qui a fait gagner tout cela. Ce n’est pas la victoire de l’un ou de l’autre, c’est la victoire de l’Église.” Il a compris. » (Voir Item, Lettre [pseudo] confidentielle d’Entraide et Tradition [rue Jean Eudes, 14480 Le Fresne-Camilly], nº 5, novembre 2002, p. 5.) (NDLR.)

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parce qu’il a interprété cette cérémonie comme une « volte-face » de la part des prêtres de Campos ? Et la présence des autres évêques progressistes : n’a-t-elle pas également été motivée par la même interprétation ?

Je me souviens, lorsque j’étais au séminaire et que le nonce d’alors eut une réunion avec les prêtres de Campos, que l’abbé Cipriano (qui, si ma mémoire ne me trahit pas, avait attaqué Mgr de Castro Mayer) se présenta à cette réunion, et que les prêtres de Campos exigèrent courageusement son départ comme persona non grata. Et maintenant, Mgr Navarro est accueilli à la cérémonie comme persona grata ? Aurait-il fait moins de mal que l’abbé Cipriano ? Pour moi, c’est un scandale…

Le texte répète les paroles douteuses du communiqué de Mgr Rangel et de Mgr Roberto que j’ai déjà citées : « reconnu en pleine communion avec l’Église ».

Si vous le voulez, vous pouvez revoir mes commentaires.

• Le droit de garder la liturgie et la discipline traditionnelles

Un peu plus loin, le texte dit que l’Administration apostolique a « le droit de garder la liturgie et la discipline romaines traditionnelles ». Où est la nouveauté ? N’avons-nous pas toujours eu ce droit ? Ce droit nous a-t-il été un jour retiré ? Les prêtres de Campos nous ont toujours enseigné que non. Est-ce qu’ils pensent maintenant d’une manière différente ?

• Nos caractéristiques ‘particulières’

Ensuite, on peut lire que la reconnaissance de l’Administration apostolique assure le respect « de nos caractéristiques ‘particulières’ ». Ah !

Alors, nous sommes maintenant des catholiques avec des caractéristiques particulières ? Et les progressistes, sont-ils catholiques simplement ? sans caracté- ristiques particulières ? C’est nous, les catholiques « spéciaux » ?

Non ! Ce n’est pas ce que j’ai appris des prêtres de Campos. Ce que j’ai ap- pris, c’est que les catholiques (simplement catholiques), c’est nous, et que les progressistes sont des catholiques (Dieu seul sait s’ils le sont !) qui adhèrent aux erreurs et aux hérésies modernistes.

• Respect et obéissance sans conditions

Le texte dit encore (simplement, sans plus d’explications) que « l’on doit au pape respect et obéissance ». En 1982, les prêtres de Campos disaient dans leur déclaration : « Basés sur la Tradition, nous n’hésitons pas à affirmer qu’une me- sure qui met en péril la pureté et l’intégrité de la foi ne doit pas être acceptée, quel que soit le supérieur qui l’ordonne » ; et : « Toute obéissance dans l’Église est conditionnée par la fidélité à la foi » ; et : « La résistance est une forme hé- roïque d’obéissance. » Ces affirmations, je ne les vois déjà plus dans les derniers documents des prêtres de Campos. Pourquoi ? Par suite du silence sur cet aspect du problème, les gens qui lisent ces textes vont finir par penser qu’ils doivent ac- cepter tous les ordres du pape, même ceux auxquels ils ont obligation de ne pas obéir. Ah ! il est triste de voir cela !

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• « Notre véritable position » ?

Je lis plus bas : « Nous étions connus » comme « ceux qui ne reconnaissaient absolument pas Vatican II. » Cela signifie-t-il que, maintenant, les prêtres de Campos acceptent Vatican II ? Ce que j’ai toujours appris d’eux, c’est qu’il y a des documents de Vatican II acceptables. Mais c’est bien autre chose d’affirmer que Vatican II est acceptable ! Mon Dieu, je me demande si c’est l’expression d’un

« slogan » ou si, maintenant, les prêtres de Campos pensent réellement ainsi.…

Même dans la première hypothèse, nous ne pouvons pas plaisanter avec ces choses. Et la déclaration dit ensuite : « Pour cette raison, il a été nécessaire que nous exposions notre véritable position. » Ah, enfin ! ils ont exposé « notre véri- table position »… S’il vous plaît, publiez cette exposition ! Pour que tous sachent que les prêtres de Campos rejettent Dignitatis humanae (de Vatican II) – que Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre nous ont toujours enseigné être un docu- ment en totale contradiction avec le magistère de l’Église. Pour que tous sachent que les prêtres de Campos rejettent Gaudium et spes (également de Vatican II) : ce document que le cardinal Ratzinger en personne déclare être le contre- Syllabus 1. Pour que tous sachent que vous rejetez le texte de la nouvelle messe, que Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre nous ont également toujours dénoncé comme inacceptable, parce qu’il conduit à l’hérésie. Mais, est-ce bien cela que les prêtres de Campos ont exposé à Rome ? Malheureusement (je le dis avec dou- leur), il semble que non…, car Rome connaissait déjà cette position, et le texte dit, si on lit entre les lignes, que maintenant seulement, elle a été « ‘comprise’

comme elle est ». Autrement dit, il semble que ce qui nous sépare a été tu et omis, et qu’on a seulement parlé de ce qui nous unit. J’ai appris des prêtres de Campos que c’est là un procédé œcuménique…

Deux autres fois, le texte répète : « en parfaite communion avec la sainte Église », « en pleine communion avec l’Église ». Je redis que, si vous voulez savoir ce que je pense de ces expressions, vous pouvez revenir quelques pages en arrière et voir ce que j’ai écrit au sujet du communiqué de Mgr Rangel et Mgr Roberto.

• Notre résistance était-elle anormale ?

Le texte poursuit : « Le Saint-Père retire toutes les censures ecclésiastiques que nous aurions d’aventure encourues. » D’aventure ? Il y a donc dans l’esprit des prêtres de Campos une ombre de doute au sujet de l’invalidité de l’excom- munication qui nous a été infligée ? Et, avec cela, ils mettent tout le monde dans le trouble relativement à la situation dans laquelle nous nous trouvions jusqu’à maintenant ? Cela est cruel !…

Plus bas, je lis : « Nous avons toujours eu pleine conscience du caractère anormal, occasionnel et exceptionnel de la résistance, aspirant toujours à une complète régularisation et normalisation. » Les prêtres de Campos nous ont tou-

1 — Je ne sais pas si vous savez, mais le Syllabus est un document dogmatique de Pie IX qui condamne, avec des anathèmes, diverses erreurs modernes.

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jours enseigné que le caractère anormal, occasionnel et exceptionnel de notre résistance était dû au fait qu’il était anormal, occasionnel et exceptionnel que la hiérarchie de l’Église enseigne l’erreur, et non pas au fait de nous trouver dans une situation juridique exceptionnelle (d’ailleurs sans faute de notre part). En d’autres termes, une complète régularisation et normalisation juridique ne nous apporterait pas (ou ne devrait pas nous apporter) la cessation de la résistance, car elle ne ferait pas cesser le caractère anormal, occasionnel et exceptionnel de ce que la hiérarchie enseigne l’erreur. Mon Dieu, quelle confusion dans les idées ce texte va provoquer !

Et encore : « le bienheureux Jean XXIII ». Les prêtres de Campos (au moins les plus anciens) savent très bien qui était Jean XXIII. Pourquoi lui donner ce titre dont il est entièrement indigne ? Pour plaire aux progressistes ? Ou bien les prêtres de Campos ont-ils changé d’opinion ? Je crois que non, au moins les prêtres les plus âgés… Mais les fidèles ? En lisant cela, ils vont commencer à pen- ser que Jean XXIII est réellement bienheureux…

• Mgr de Castro Mayer et le Concile

Quand le texte dit que Mgr de Castro Mayer a écrit « au sujet de l’applica- tion des documents promulgués par le Concile », il n’explique pas que Mgr de Castro Mayer ne l’a fait que pour les textes susceptibles d’être interprétés de ma- nière catholique. Cette explication est nécessaire pour éviter toute équivoque, car il y a des textes de Vatican II qui ne peuvent pas être compris de manière catho- lique. C’est ce que Mgr de Castro Mayer a clairement enseigné dans son article

« L’anti-Église » (publié dans Heri et Hodie nº 33 1) : « Personne ne peut dans le même temps être catholique et souscrire à tout ce qu’a établi le concile Vatican II. » Au contraire, il a écrit dans ce même article que, dans son ensemble,

« le deuxième concile du Vatican constitue une anti-Église ».

Le texte dit encore que Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre ont signé les actes du Concile. Il me semble que les prêtres de Campos pourraient expliquer que ces signatures marquaient leur présence aux réunions et ne signifiaient pas leur approbation des documents publiés lors de ces réunions. Je crois que ce passage amènerait un lecteur non averti à penser que Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre ont approuvé tous les documents de Vatican II. Il est vraiment triste de voir comme les termes sont ambigus.

• Vatican II conforme aux enseignements du magistère ?

A la suite, je lis : « Quant aux enseignements du Concile, il est nécessaire de les accepter en accord avec l’ensemble du magistère de l’Église. » Ici, les

« enseignements du Concile » sont pris de manière globale, sans en excepter au- cun : cela est en opposition avec ce que nous ont enseigné Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre sur les enseignements de Gaudium et spes, Dignitatis humanæ,

1 — Ce texte est reproduit dans la partie consacrée au Concile du présent numéro du Sel de la terre. (NDLR.)

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etc., dans lesquels il n’est pas possible de trouver un « accord avec l’ensemble du magistère de l’Église ».

Je lis encore : « Beaucoup, en profitant du Concile, ont tenté et tentent en- core d’introduire des doctrines hérétiques dans le sein de l’Église. » J’ai toujours appris au séminaire que ces « beaucoup » non seulement ont « profité du Concile » comme d’une occasion, mais ont puisé dans la doctrine du Concile, comme dans une source, en tirant des doctrines de ce dernier les conclusions lo- giques et plus profondes. Une fois de plus : l’imprécision cause la confusion (pardonnez-moi la rime).

Dans les paragraphes un peu plus bas, la déclaration des prêtres de Campos montre l’intention traditionnelle de Jean XXIII et Paul VI dans la convo- cation et l’ouverture du concile Vatican II, mais ne montre pas que cette intention ne s’est pas réalisée (à supposer que l’intention de Jean XXIII et Paul VI était réel- lement celle-là).

« Et il ne pourrait pas en être autrement » : par cette phrase, la déclaration paraît insinuer que l’infaillibilité pontificale, définie au concile Vatican I (dont il est fait citation), s’appliquerait à Vatican II. Voici la citation de Vatican I :

« L’Esprit-Saint n’a pas été promis aux successeurs de Pierre pour que ceux-ci, sous la révélation du même Esprit-Saint, prêchent une nouvelle doctrine ; mais pour que, avec son assistance, ils conservent saintement et exposent fidèlement le dépôt de la foi. » Autrement dit, la déclaration paraît insinuer que Paul VI, au concile Vatican II, n’a pas prêché une nouvelle doctrine, mais a conservé sainte- ment et exposé fidèlement le dépôt de la foi. C’est exactement le contraire de l’explication que les prêtres de Campos ont toujours donnée à ce texte de Vatican I, car il montre plutôt que ce qu’a fait Paul VI a été de s’affranchir de l’assistance du Saint-Esprit.

• Déformation du jugement de Mgr Lefebvre et de Mgr Fellay sur le Concile

Le paragraphe suivant contient des citations de Mgr Lefebvre et de Mgr Fellay qui, prises en dehors de leur contexte, semblent venir appuyer l’idée que tous les textes de Vatican II peuvent être interprétés d’après la Tradition. Mais ce n’est pas ce qu’ils ont enseigné constamment. J’en veux pour preuve ces cita- tions de chacun d’eux (et l’on pourrait en trouver beaucoup d’autres).

1) Paroles de Mgr Lefebvre : « Il est nécessaire que nous choisissions : ou la liberté religieuse telle qu’elle est dans le Concile, ou le Syllabus de Pie IX. Ils sont contradictoires et il est nécessaire de choisir. » (cf. Fideliter 29-30 de juin 1988).

2) Texte de Mgr Fellay : « Ce sont précisément les nouveautés de la nou- velle théologie, condamnées par l’Église sous Pie XII, qui font leur entrée à Vatican II. […] On voudrait nous faire croire aujourd’hui que ces nouveautés se- raient en développement homogène avec le passé ? Elles ont été condamnées […].

Il faut donc nécessairement choisir. » (cf. lettre de Mgr Fellay au cardinal Castrillon du 22 juin 2001).

De plus, nous savons qu’aussi bien Mgr Lefebvre que Mgr Fellay, par pru-

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dence, n’ont pas poussé plus loin les contacts qu’ils ont eus avec le Vatican, parce que, dans les deux cas, ils se rendirent compte de la mauvaise foi des auto- rités romaines. Par conséquent, ils ont peut-être fait dans ces circonstances des déclarations un peu inspirées par la tension du moment, et qui ne reflètent pas leur véritable pensée.

Ensuite, la déclaration cite un texte de Jean Madiran : « Ceux qui voudraient nous présenter l’enseignement du Concile [Vatican II] […] en rupture avec cette continuité [la continuité vivante de tous les conciles], nous présenteraient une pure invention de leur esprit. » Or Mgr de Castro Mayer, Mgr Lefebvre, Mgr Fellay et les prêtres de Campos nous ont toujours enseigné qu’il y a plusieurs ensei- gnements du concile Vatican II qui sont en rupture avec la continuité de tous les conciles antérieurs… Les prêtres de Campos ne pensent donc plus comme Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre ?

• La nouvelle messe : un rite moins riche ou un mauvais rite ?

Après cela, la déclaration cite des passages du cardinal Castrillon et de Jean-Paul II faisant l’éloge de la messe traditionnelle, mais comme d’un rite dont

« usent plusieurs personnes », comme d’une exception. Pour le reste des fidèles, c’est la nouvelle messe. J’ai toujours appris des prêtres de Campos que la raison pour laquelle ils n’ont pas obéi à l’ordre exprès de Paul VI de cesser la célébra- tion de la messe traditionnelle pour dire à la place la nouvelle messe, était le fait que cette dernière n’était pas acceptable ; ce n’était pas parce que la messe tradi- tionnelle est « une authentique richesse de la sainte Église », etc., etc., comme le dit la déclaration. Car même s’il est vrai qu’aucun autre rite n’égale celui de la messe traditionnelle, le problème n’est pas là. Si nous sommes attachés à la messe traditionnelle, ce n’est pas parce que la nouvelle messe est un rite moins riche, etc., mais parce que c’est un mauvais rite 1. Encore une confusion lancée dans les esprits…

Je regrette de voir qu’au point intitulé : « Sur la sainte messe » de la déclara- tion, on ne parle que des excès commis dans la nouvelle messe, comme s’ils étaient les seuls maux de cette dernière, c’est-à-dire comme si le propre texte de la nouvelle messe, même quand elle est célébrée validement, ne constituait pas (comme réellement il constitue) un éloignement impressionnant de la théologie catholique du sacrifice eucharistique.

1 — La Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X a édité un livre qui expose l’esprit ayant animé ceux qui ont « fabriqué » la nouvelle messe, livre avec lequel les prêtres de Campos étaient d’accord, selon ce que j’ai entendu dire. Or je sais de source sûre que le cardinal Ratzinger a montré son désaccord profond au sujet de ce livre. Réaction qui montre qu’il est convaincu de la bonté de l’esprit qui a inspiré la nouvelle messe. D’autre part, le même cardinal tente de faire une « réforme de la réforme liturgique », c’est-à-dire une « mise en ordre » des dérèglements de la nouvelle messe, comme d’ailleurs il a toujours fait, en relation avec tout le concile Vatican II. Cela se fera donc certainement sans abandonner l’esprit de la nouvelle messe. Cette réforme va sûrement en illusionner beaucoup, et je crains fort que les prêtres de Campos ne soient de ce nombre et qu’ils ne finissent par accepter cette nouvelle édition de la messe.

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• Une demande de pardon équivoque

Au paragraphe « Notre demande de pardon », la déclaration explique le sens donné par les prêtres de Campos au texte de leur lettre adressée au pape.

Mais comme je l’ai déjà souligné (ci-dessus, en commentant cette même lettre), ce n’est pas le sens compris par l’organe du Vatican qui a publié la lettre du pape, ni par la presse. Pour cette raison, une demande de pardon faite d’une manière vague, comme dans la lettre au pape, avait été péremptoirement rejetée par Mgr de Castro Mayer quand le père Dollinger la lui proposa 1. (S’appliquent- elles à Mgr de Castro Mayer, ces phrases de la déclaration : « Seuls les orgueilleux et les obstinés, qui pensent avoir toujours raison, n’admettent même pas la possi- bilité de leurs erreurs » ?)

• Le combat traditionnel de défense de la foi escamoté

Le pape a-t-il reconnu – comme le prétend la déclaration – « notre position doctrinale et liturgique » de rejet de la liberté religieuse, de la nouvelle messe, de la collégialité, de l’œcuménisme (pratiqués par le pape lui-même), etc. ? Cette

« reconnaissance », à ce qu’il semble, ne s’est faite que moyennant l’escamotage de cet aspect de notre position (pour qu’on pût la supposer inexistante ?).

Nous avons toujours défendu la Tradition de l’Église, qui s’identifie sim- plement avec la vérité révélée ; mais la déclaration dit que les prêtres de Campos ne refroidiront pas leur ardeur pour la « défense des valeurs traditionnelles »…

Étrange manière de parler.

Quant aux trois paragraphes suivants de la déclaration, j’ai déjà dit ce que j’en pensais en parlant de la lettre au pape. Et au sujet du paragraphe qui cite la déclaration faite dans la cathédrale 2, j’ai également déjà exprimé mon avis.

Un autre abandon que j’ai malheureusement trouvé dans cette déclaration est le terme d’« opinion » indirectement attribué à notre combat de défense de la foi.

• Silence « complice » sur le scandale d’Assise

Enfin, grâce à Dieu, j’ai la consolation de lire : « […] Nous ne nous sommes

1 — Voici le récit que m’a fait l’abbé Camargo : le père Dollinger rendit visite à Mgr de Castro Mayer à la fin de sa vie. Car il avait la « charitable » mission de ne pas le laisser mourir

« excommunié ». Mais il ne dit pas son intention. Au cours de la conversation, le père Dollinger proposa à Mgr de Castro Mayer de se réconcilier avec le pape, de demander pardon. Mgr de Castro Mayer lui répondit avec véhémence : « Demander pardon de quoi ? Je n’ai rien fait de mal. » Le père lui dit que c’était une pure formalité, qu’il demande pardon pour une chose quelconque, que cela ne voulait rien dire ; c’était seulement pour lui être agréable. Mgr de Castro Mayer répondit avec la même véhémence : « Certainement pas. Je n’ai rien fait de mal. »

NDLR : On se reportera aussi à la réponse de Mgr de Castro Mayer publiée dans Le Sel de la terre 37, p. 48 : « Je ne peux revenir sur ce que j’ai déclaré à Écône [le 30 juin 1988]. Demander pardon serait aller contre un devoir de conscience. Ce serait condamner ce que j’ai fait pour le bien de l’Église et le salut des âmes, ce serait abandonner la cause pour laquelle je lutte aux côtés de Mgr Lefebvre, la cause de la Tradition catholique. »

2 — Le texte de cette déclaration du 18 janvier 2002 se trouve dans Le Sel de la terre 40, p. 159- 160. (NDLR.)

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compromis par aucun silence complice devant les erreurs. […] Nous continuerons à combattre les erreurs que la sainte Église a toujours condamnées et combat- tues. » Mais ici encore il reste une ombre dans mon esprit : continueront-ils à combattre ceux qui propagent les erreurs ? Cela n’a pas été dit…

J’espérais vraiment qu’à l’occasion de la réunion œcuménique d’Assise de cette année, similaire à celle qui s’est faite à Assise en 1986 (– même objectif : l’obtention de la paix ; – même moyen : la prière des représentants de chacune des « religions », y compris païennes ; – même scandale : le pape n’étant qu’un des divers chefs religieux ; – même opposition à l’encyclique Mortalium animos de Pie XI 1), il y aurait une déclaration de Mgr Rangel, comme l’avaient fait Mgr de Castro Mayer et Mgr Lefebvre à l’occasion de la précédente rencontre d’Assise. Mais grande a été ma déception : il me semble (il m’en coûte de le dire, comme un fils qui voit le mal dans son père) qu’il y eut dans le cas présent le

« silence complice » que les prêtres de Campos déclaraient refuser dans leur dé- claration…

• L’ambiguïté jusqu’au bout…

Presque à la fin de la déclaration, je lis : « A ceux qui sont en désaccord avec nous, notre compréhension ! A ceux qui nous attaquent, notre pardon ! » Je ne comprends pas ce « nous ». Vise-t-il la [nouvelle] position des prêtres de Campos au sujet de l’« accord » avec le Vatican, ou notre position traditionnelle face aux erreurs modernes ? Il me semble que c’est le premier sens qui est le bon. Dans ce cas, si les prêtres de Campos « comprennent » ceux qui sont en désaccord avec leur nouvelle position, pourquoi ne les suivent-ils pas ? S’ils

« pardonnent » à ceux qui les attaquent, est-ce parce que ces derniers se trompent ? Mais, si c’est le deuxième sens qui est le bon, comment faut-il interpréter ? Dans ce cas, les prêtres de Campos « comprennent » ceux qui n’ont pas notre position traditionnelle ? Et ils « pardonnent » à ceux qui nous attaquent (et Notre-Seigneur à travers nous) – car, dans ce cas, ces derniers attaquent la doctrine de Notre-Seigneur et non pas nos personnes particulières ? Je pense sincèrement que ces phrases sont imprécises et permettent des interprétations désastreuses.

1 — Pour dissiper tout doute quant à la similitude des deux réunions, écoutez ce que dit le convocateur de la seconde, le pape Jean-Paul II en personne, dans son allocution de bienvenue aux représentants des « religions » à Assise : « …Cette rencontre de prière pour la paix nous rappelle la rencontre de 1986, dont elle constitue comme un prolongement significatif. L’objectif est toujours le même, à savoir prier pour la paix. » (publié par l’agence Zenit.) Écoutez également le commentaire très juste de Mgr Fellay : « Autre chose est l’établissement de la paix civile (politique) entre les nations par le moyen de congrès, de discussions, de mesures diplomatiques, avec intervention de personnes influentes des diverses nations et religions, autre chose est la prétention d’obtenir de Dieu le bien de la paix par les prières de toutes les (fausses) religions. » (Communiqué du 21 janvier 2002.)

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[Les photographies de la cérémonie du 18 janvier 2002.]

Comme je vous l’ai dit au début de cette lettre, ce qui m’a le plus abattu, outre les textes (que je viens d’exposer), ce sont les photographies :

— La photographie de Mgr Rangel embrassant le cardinal Castrillon. Ledit cardinal célèbre la nouvelle messe et accepte intégralement Vatican II : il est pro- gressiste, bien qu’il ait les apparences d’un conservateur. Que cette accolade se soit produite de manière imprévue, cela se comprend. Mais la publier sur le site du séminaire, en faire la publicité, c’est ce que je ne comprends pas. Qui verra cela dira certainement : « Les traditionalistes sont maintenant les amis des pro- gressistes. » (C’est-à-dire, en « traduisant » : les traditionalistes sont maintenant les amis des ennemis de Notre-Seigneur et de son Église.)

— Les photographies des prêtres de Campos réunis avec les évêques pré- sents à la cérémonie : le cardinal Castrillon, Mgr Eugène, le nonce, Mgr Navarro et Mgr Roberto. Même les prêtres les plus anciens sont sur ces photographies…

Et ils savent très bien qui sont Mgr Eugène et Mgr Roberto… Eux, ensemble, avec Mgr Navarro ! Et ces photographies sont également sur le site du séminaire ! Que diront nos fidèles ? Que les prêtres de Campos ont fait la paix avec Mgr Navarro et Mgr Roberto ? Et, cependant, ces derniers n’ont pas fait la paix avec Notre- Seigneur… Ils ne se sont pas repentis du mal qu’ils ont fait à Mgr de Castro Mayer et aux propres prêtres de Campos (offense non pas personnelle – donc pardonnable –, mais offense à Notre-Seigneur et à son Église).

— La photographie de Mgr Eugène inaugurant la plaque commémorative au séminaire : Mgr Eugène, le grand persécuteur du chanoine Ludovico ! Le grand mentor de Mgr Navarro ! Le grand progressiste en chape de traditionaliste (les prêtres les plus anciens savent très bien que c’est la vérité…). Pourquoi invi- ter cet homme pour inaugurer la plaque dans le séminaire ? Cette photographie est également sur le site du séminaire.

Pour moi, ces photographies sont un scandale ; et je ne comprends pas comment elles ne le sont pas pour tous ceux qui les voient.

Je sais que j’ai abusé de votre patience avec autant de pages. Mais, en ces temps actuels, où l’on perd tant de temps en futilités, je ne vois pas pourquoi on considérerait comme exagéré le temps employé à l’examen d’un sujet aussi im- portant.

J’estime ainsi avoir exprimé l’impression que m’ont causée ces événe- ments : je suis triste, scandalisé, et je ne comprends pas le changement in- croyable qui s’est produit. Je crains qu’à force de parler de manière différente de ce qu’ils pensent, les prêtres de Campos ne finissent par penser comme ils parlent.

Je considère les prêtres de Campos comme mes pères dans la foi. Comme un fils a honte de voir son père ivre et lui crie avec véhémence et douleur :

« Père, arrête de boire ! », ainsi j’aimerais crier à ceux qui, à ce qu’il me semble,

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ont commencé à s’enivrer au chant des sirènes de la Rome moderniste : « Pères, arrêtez cela ! Dites haut et fort – de manière à ce que tous entendent : pape, car- dinaux, évêques, prêtres, tous les fidèles et la presse – que vous rejetez la nou- velle messe, Dignitatis humanæ, Gaudium et spes, l’œcuménisme de Jean- Paul II, l’esprit anti-catholique qui s’est manifesté au Concile, etc. Tout ce que vous avez toujours enseigné ! »

Et alors, j’aimerais voir si la Rome moderniste n’enlèverait pas le masque pour montrer les dents !

Salve Maria !

En Jésus, Marie et Joseph,

votre frère Jean-Baptiste.

Avril 2002 U.I.O.G.D.

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