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L’intrus (de Jean-Luc Nancy, Éditions Galilée, 2000)

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Texte intégral

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Bulletin Amades

Anthropologie Médicale Appliquée au Développement Et à la Santé  

45 | 2001 45

L’intrus (de Jean-Luc Nancy, Éditions Galilée, 2000)

Yannick Jaffré

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/amades/1177 DOI : 10.4000/amades.1177

ISSN : 2102-5975 Éditeur

Association Amades Édition imprimée

Date de publication : 1 mars 2001 ISSN : 1257-0222

Référence électronique

Yannick Jaffré, « L’intrus (de Jean-Luc Nancy, Éditions Galilée, 2000) », Bulletin Amades [En ligne], 45 | 2001, mis en ligne le 07 janvier 2011, consulté le 08 septembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/amades/1177 ; DOI : https://doi.org/10.4000/amades.1177 Ce document a été généré automatiquement le 8 septembre 2020.

© Tous droits réservés

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L’intrus (de Jean-Luc Nancy, Éditions Galilée, 2000)

Yannick Jaffré

NOTE DE L’ÉDITEUR

Nous inaugurons ici une nouvelle rubrique, qui présentera des ouvrages littéraires écrits autour de la maladie, plus particulièrement celle dont l’auteur est atteint. On y entend des voix qui disent bien ce que tant de travaux laissent au silence. Déjà les livres de Robert Jaulin (L’année chauve) et de Martha Allué (Sauver sa peau) allaient dans cette direction. Dans son livre Sickness and healing (Yale, 1995) Robert A. Hahn consacre un intéressant chapitre à l’analyse de 14 livres ou articles de médecins sur leur propre maladie. Pensons aussi aux livres de Jean Reverzy ou au Journal d’un médecin malade de René Allendy.

L’initiative est due à Yannick Jaffré, qui présente ci-dessous l’esprit de cette rubrique, puis un premier ouvrage : L’Intrus, deJean-Luc Nancy aux Éditions Galilée, 2000

1 L’écriture scientifique est linéaire – une chose à la fois –, et ordonnée : ce qui suit ne doit ni anticiper ni être contradictoire avec ce qui précède.

2 Vivre n’est pas aussi simple et les “brouillons de soi” sont plutôt, dans tous les sens de ce terme, de l’ordre d’une partition : morceaux, accords plus au moins discordants, variations dissimulées et reprises sur un seul thème, fugues, harmoniques discrètes et pourtant entendues. Bref, si l’écriture scientifique permet de se décrire ou de décrire l’autre, elle n’englobe pas l’ensemble des parlers de soi, ces manières singulières de s’accorder sur un mensonge1, ou plus souvent sur une méconnaissance.

3 Mais un jour la maladie est pour moi. Alors, d’aujourd’hui ou d’autrefois, nombre de textes littéraires tentent de rendre compte de cette expérience du dedans. Textes sans concepts, construits autour de percepts et d’affects, ils disent autrement l’inquiétude, la souffrance et le rapport aux soins. C’est de cela dont nous voudrions rendre compte dans cette nouvelle rubrique. Lisons donc.

L’intrus (de Jean-Luc Nancy, Éditions Galilée, 2000)

Bulletin Amades, 45 | 2001

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4 Important philosophe, Jean-Luc Nancy a “bénéficié” d’une greffe cardiaque. L’Intrus – étymologiquement : introduit de force – n’est pas un témoignage et ne rend pas compte de cette expérience. Il s’agit plutôt d’une tentative pour écrire depuis cette étrangeté en soi. Parler depuis un corps que la chirurgie a rendu métonymique. Dès lors qu’une « étrangeté se révèle au cœur du plus familier – mais familier est trop peu dire : au cœur de ce qui jamais ne se signalait comme cœur, (…) disparaît alors l’évidence puissante et muette qui tenait tout ça sans histoire assemblé ». Voilà, depuis tout ça, le monde est autrement scandé. Lu par un autre lexique, révélé par « cette béance qui ne peut être refermée ».

5 Ainsi l’étranger, qualifié sur le mode de l’accueil asymptotique du greffon : « il faut qu’il y ait de l’intrus dans l’étranger, sans quoi il perd son étrangeté ». Mouvement vital donc que de différer sa “naturalisation”. René Char le disait : « Les mots savent de nous ce que nous ignorons d’eux » et l’étranger ne l’est qu’autant qu’il est « un dérangement, un trouble dans l’intimité.» Loin du politiquement correct, accueillir signifierait donc éprouver une intrusion ? Mais en cette exquise irritation, un peu du désir de l’anthropologue ne prend-il pas origine ?

6 À l’inverse, le rejet. Mais cette constante extrusion de ce soi/autre qui donne vie, est ici pensée selon l’identité immunitaire : Cette “signature physiologique” qui rend parfois étranger à soi-même. Elle est un paradigme d’autres partitions où l’on ne se reconnaît plus, comme dans la souffrance ou la jouissance. Lorsqu’elle s’énonce, « je souffre implique toujours deux je l’un à l’autre étrangers. Il en va de même de “je jouis” : mais dans je souffre, un rejette l’autre, tandis que dans je jouis, un excède l’autre.»

7 Et puis la contingence que nous sommes : « Plus tôt, je serais mort, plus tard, je serais autrement survivant. Mais toujours “je” se trouve étroitement serré dans un créneau de possibilités techniques.» Et c’est ainsi que nous sommes : une intime périodisation de l’histoire des techniques.

8 Et ces moments où le réel s’éprouve comme des déclinaisons de l’impensable : « j’aurai tant redit moi-même, pendant les épreuves : mais sinon tu ne serais plus là ! Comment penser cette espèce de quasi-nécessité, ou de caractère désirable, d’une présence dont l’absence aurait toujours pu, tout simplement, configurer autrement le monde de quelques-uns ? » Serait-ce cela, cette parole heurtée, que l’on oublie sous les concepts rassurants de illness ou de “maladie du malade” ?

9 Il s’agit d’un bref texte d’une cinquantaine de pages. Un livre exigeant, où – au sens strict – l’auteur parle comme il l’entend, c’est-à-dire, comme un sujet en exclusion interne à cet objet qui lui donne vie.

NOTES

1. Comme le souligne avec malice Lacan, ce qui suppose que l’on connaisse un peu la vérité…

L’intrus (de Jean-Luc Nancy, Éditions Galilée, 2000)

Bulletin Amades, 45 | 2001

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