A NNALES DE LA FACULTÉ DES SCIENCES DE T OULOUSE
H ENRI L EBESGUE
Sur les intégrales singulières
Annales de la faculté des sciences de Toulouse 3
esérie, tome 1 (1909), p. 25-117
<http://www.numdam.org/item?id=AFST_1909_3_1__25_0>
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SUR LES INTÉGRALES SINGULIÈRES,
PAR HENRI LEBESGUE,
Professeur à l’Université de Poitiers.
Ce travail est consacré à l’étude de la convergence vers
f (x)
desintégrales
de laforme
’
Le théorème
classique
sur cettequestion
suppose, comme l’onsait, que f
est àvariation
bornée ;
il est démontré leplus
souvent parl’emploi
du second théorème de la moyenne. Si l’on essaie de construire un raisonnementanalogue
en utilisant lepremier
théorème de la moyenne, on est conduit à ne faire surf
aucune autrehypothèse
que celle de la continuité aupoint x étudié,
mais à admettre que lenoyau y (a , n)
estpositif
et tel quel’intégrale
est
singulière
et admet I pour valeur limite. Sous ces seulesconditions,
la conver-gence de In vers
f est
assurée et mêmecette
convergence est uniforme à l’intérieur de tout intervalle de continuité def.
Il me semble
qu’il
y a au moins un intérêtpédagogique
à faire cette remarquepuisque
le même raisonnement fait successivement avec les deux théorèmes de la moyenne fournit d’unepart
la théorie des séries deFourier,
parexemple,
et d’autrepart
le théorèmeprécédent, lequel s’applique
enparticulier
àl’intégrale
26
-
qui
se rencontre dans la théorie de laChaleur,
dans lesquestions d’approximation
de
grands
nombres et delaquelle
Weierstrass a déduit ses théorèmes si remarqua- bles sur lareprésentation approchée
des fonctionsarbitraires,
- àl’intégrale
Pn dePoisson,
àl’intégrale
Fn de l’étude delaquelle
M.Fejér
a déduit que toute fonction continue admettait une série de Fourier sommable par leprocédé
de la moyennearithmétique.
D’ailleurs ce théorème se
prête
immédiatement à desapplications
assez variées.Prenons en effet pour le
noyau ~ (x, n)
unpolynome
en a ou une suite finie de Fourieren i
remplissant
les conditionsimposées,
I,~ sera alors unpolynome
en x ou unesuite de Fourier en x et ainsi nous démontrerons les théorèmes de Weïerstrass dont
je
viens deparler.
Enessayant
de choisirsimplement
ln, on est conduit tout natu-rellement aux
intégrales
que M. Landau et M. de La V-allée-Poussin viennent d’étudier récemment.
Il y a
plus,
si l’on remarque avec M. de La Vallée-Poussin que pour des noyauxassez
simples
comme ceux de Ln et Vn onpeut
calculer effectivement une limitesupérieure
deIn - f ,
on déduira de là desrenseignements
sur l’ordre degrandeur
de
l’approximation
àlaquelle
onpeut prétendre
enapprochant
d’une fonction con-tinue à l’aide de
polynômes
dedegré n
ou de suites de Fourier d’ordre n.J’ai l’occasion dans le dernier numéro de ce travail de faire une
application
d’untel résultat en montrant
qu’on peut
affirmer la convergence de la série de Fourier def si, quel
que soit n, onpeut approcher
def
avec une suite d’ordre n et en com-mettant une erreur d’ordre
supérieur
à. log n
. De là se t déduit une nouvelle démons-tration de la convergence des séries de Fourier des fonctions satisfaisant à la con-
dition de
Lipschitz-Dini.
Comme autres
applications
immédiates du mêmethéorème, je signale
l’obtention de formulesd’interpolation permettant l’approximation
indéfinie et la résolution de certains «problèmes
de moments )).Le théorème dont
je
viens deparler
a certainement été aperçu par laplupart
deceux
qui
se sontoccupés
desintégrales singulières ;
aussiai-je
été étonné que l’atten- tion n’ait pas étédavantage appelée
sur lui(1).
Il me semblequ’on peut
en voir la raison.Presque
tous les travaux sur lesintégrales singulières
ont été faits en vued’application
aux sériestrigonométriques
ou à d’autresdéveloppements analogues.
De sorte que ce que se
proposaient
les auteurs c’était surtout, étant donné unn),
de rechercher les fonctionsf
pourlesquelles
In converge versf
et le(1)
Voircependant
les travaux récents de Haar et Hobson,qui
sont citésplus
loin.théorème
précédent imposait
des restrictionsinacceptables
pour lesapplications qu’on
seproposait.
Cela m’a conduit àr~echercher,
aucontraire,
les noyaux ~ propres à lareprésentation approchée
de toutes lesfonctions f
d’une certainefamille,
de lafamille des fonctions continues par
exemple.
On trouve facilement les conditions nécessaires et
suffisantes
que doit véri-fier 9(a, n) ;
elles consistent en ceci : certainesintégrales dépendant
de n et auplus
de deux
paramètres, ~,, ~,
doivent être bornées ou tendre vers des limites détermi- nées o et 1.Il
peut
semblerqu’on
ne gagne rien à énoncer ces conditions parcequ’elles parais-
sent de même nature que la
question
àétudier,
la convergence deln
versf ;
mais ilfaut remarquer que dans
In,
sous lesigne d’intégration, figure
la fonction arbitrairef
et
qu’au
contraire lesintégrales
à l’aidedesquelles s’expriment
les conditions néces- saires et suffisantesportent
sur desquantités
connuesquand 03C6(03B1, n)
est donné.L’avantage qu’il
y a à démontrer des conditions nécessaires et suffisantes pour la convergence c’estqu’on
a en mêmetemps
enquelque
sorte des conditions de diver- gence, et c’est ainsi quej’ai
pu rattacher à un faitgénéral
l’existence de fonctions continues dont la série deFourier
ne converge paspartout.
Cela résulte de ce que le noyau del’intégrale
de Fourier-Dirichlet(*)
ne satisfait pas à toutes les conditions nécessaires pour
permettre
lareprésentation
de toutes les fonctions continues. D’un autre théorème on déduit l’existence de fonc- tions continues dont la série de Fourier converge
partout
sans converger uniformé- mentpartout (2).
Pour cette
recherche, j’ai
cru utile dedémontrer,
pour le cas où l’onadopte
ladéfinition de
l’intégrale
quej’ai proposée,
uncertain
nombre de théorèmes bienconnus dans le cas des
intégrales
ordinaires : les théorèmes de la moyenne, le théo- rème duchangement
devariable,
del’intégration
parparties.
Certains de ces théorè-mes ont d’ailleurs été
déjà
utilisés par d’autres auteurs ou par moi-même. La démons- tration de ces théorèmesgénéraux
étantacquise, j’ai
pu étudier la convergence de ln(1)
Cetteintégrale, qui représente
la somme des n + ipremiers
termes de la série de Fourierde f, joue
le rôle fondamental dans le travailclassique
de Dirichlet sur les sériestrigonométri-
ques. Il ressort clairement des observations de M. Darboux
(0152uvres
de Fourier, t. 1, n0 235,p.
234 ;
no416,
p.499;
n° 423, p.5II)
que Fourier avait aperçu l’intérêt de l’étude d’une inté-grale
fortanalogue
et le moyend’entreprendre
cette étude.(2)
J’aiindiqué
ces résultats dans une note desComptes
rendus(y
novembreI905)
et aussi,mais en me bornant au cas des séries
Fourier,
dans les numéros 45 à47
de mes Leçons sur les sériestrigonométriques.
vers
f
en d’autrespoints
que lespoints
de continuité ou lespoints
de discontinuité depremière espèce.
J’ai réussi à étendre à des cas assezgénéraux
unepropriété
quej’avais
démontréejadis
pourl’intégrale
etqui
meparaît pouvoir
être utile dans l’étude des fonctionsdiscontinues,
savoir quel’intégrale
Fn converge presque en toutpoint
vers lafonction f correspondante ;
lespoints exceptionnels,
s’il enexiste,
for-ment un ensemble de mesure nulle. La même
proposition
a été démontrée par M. Fatou en cequi
concernel’intégrale
de Poisson Pn et par M. Riesz pour l’inté-grale
Lnprécédemment
citée.Ce
travail,
commencé il y aquelques
annéesdéjà,
n’a étérepris
querécemment,
àla suite de la
publication
d’une note de M.Landau,
Uber dieApproximation
einerstetigen
Funktion durch eine ganze rationale Funktion(1),
contenant l’étude de la con-vergence de
l’intégrale
Ln et desapplications
à la démonstration des théorèmesde
Weïerstrass et à la résolution d’un
problème
de moments. Cette note provoquaplu-
sieurs
travaux (2), parmi lesquels je
citerai une note de M. FriedrichRiesz (3)
conte-nant en
particulier
le résultatdéjà
cité et un travail de M. Hobson(4) qui présente
une
grande analogie
aveccelui-ci, puisque
M. Hobson se propose de trouver un carac- tère de convergence deIn vers f applicable
en toutpoint
de continuité def, quelle
que soit la fonction
sommable f.
Le travail de M. Hobson est même en un sensplus général
que le mienpuisqu’il
est relatif auxintégrales In
de la formeSans nouveaux
raisonnements,
il serait facile d’étendre les résultatsqu’on
trouveraplus
loin au cas de ces noyauxplus compliqués.
La
principale
différence entre le travail de M. Hobson et le mien vient de ce queson auteur étudie seulement des conditions suffisantes de convergence, tandis que
je m’occupe
des conditions nécessaires et suffisantes(5).
(1)
Rendiconti del Circolo matematico di Palermo, t. XXV, semestre,I908,
pp.337-345.
(2)
J’ai moi-mêmepublié
à cette occasion, dans les Rendiconti del Circolo matematico di Palermo, t. XXVI, 2e semestreI908,
pp. 325-328, un extrait d’une lettre adressée à M. Landau le 24 févrierigo8, qui
contenait l’énoncé de ceux des résultats de ce travailqui
se rapportentaux fondions continues.
(3)
j Uber dieÀpproximation
einer Funktion durchPolynome (Jahresberich
der deutschenmathematiker-vereiuigung,
Bd. 17, mai1908,
pp.196-211).
(4)
On ageneral
convergence theorem, and thetheory o f the representation of
afuncfion by
seriesof normal functions (Proceedings
of the London mathematicalSociety,
sér. 2, vol. 6, part. 5,1908,
pp.(5)
Au moment oùje
terminais ma rédaction,j’ai
reçu une nouvelle note de M. Hobson : :On the second mean-value theorem
of
theintegral
calculus(Proceedings
of the London mathe-matical
Society,
ser. 2, vol. 7, part. i, I909, pp. contenant une démonstration du second théorème de la moyenne valable pour lesintégrâtes
à mon sens.Dans son
Inaugural-Dissertation (1),
M. Alfred Haarindique
une condition per- mettant de reconnaîtrequ’une
série de la formeoù
les
forment unsystème orthogonal,
convergequelle
que soit la fonction con-tinue f et
un critériumpermettant
au contraire d’affirmer l’existence d’une fonction continuef
pourlaquelle
la sériediverge.
Si l’on pose, avec M.Haar,
on voit que ce noyau
Kn(s, t) joue
le rôlede (t, n)
et que le résultat de Haar nediffère pas essentiellement de ceux
qui
sontrapportés
ici relativement à lareprésen-
tation des fonctions continues.
Je dois enfin
signaler
un article de M. de La Vallée-Poussin(2),
danslequel
ilétudie avec soin les
intégrales
Ln etV n, poussant
même cette étudejusqu’au
calculde l’ordre de
grandeur
del’approximation obtenue,
ainsiqu’on
le verraplus
loin.II.
[1] ]
Ce travail est consacré à desintégrales
définiesportant
sur leproduit (x)
de deux fonctions. Les théorèmes
qui
servent à l’évaluationapprochée
de ces inté-grales
sont lagénéralisation
de ceuxqui
servent àl’approximation
des sommes de lai=n .
forme
~ ai bi
etque je
vaisrappeler.
i=0
Le
plus simple
s’énonce ainsi :a)
Si l’on a,quel
quesoit i,
,on a aussi
Et de là on conclut que, si l’on a constamment onaaussi
(1)
Zur Theorie derorthogonalen Funktionensysteme, Gbttinben, I908.
(2)
Surl’appro,rimation
desfonctions d’une
variable réelle et de leurs dérivées par despolynomes
et des suitesfinies
de Fouriei(Bulletin
de l’Académieroyale
deBelbique,
classe des sciences, no 3,igo8,
pp.ig3-254).
La seconde
proposition
n’est que le résultat del’application
de laprécédente
à lasuite transformée par l’identité d’Abel :
b) Donc,
si les ai vont en décroissant et sontpositifs
etsi, quel
que soit i, , on aon a aussi
Si l’on sait seulement que l’on a constamment
on concluera
A ces deux
propositions,
il fautjoindre
cellequi s’exprime
parl’inégalité
laquelle
résulte immédiatement de l’identité[2]
Pour étendre auxintégrales
despropriétés
telles quea), b), c),
démontréespour des sommes, il est souvent commode, si l’on
adopte
la définition del’intégrale
que
j’ai donnée,
de larapprocher
de la définition de Riemann en faisant voir quel’intégrale,
à mon sens,peut toujours
êtredéfinie
parcertaines,
convenablement choi-sies,
des sommesqu’on
utilise dans ladéfinition
riemannienne del’intégrale.
En d’au-tres termes,
je
vais montrer quef(x)
étant mesurable(’)
dans(a, b),
a ~b,
onpeut
(1)
Toutes les fonctions dont ils’agira
dans ce travail sont des fonctions mesurables;je
neprendrai
pastoujours
lapeine
del’indiquer.
toujours décomposer (a, b)
en intervallespartiels
Iu et choisir danschaque
Ik unpoint distingué tk
de manière que,désignant
la mesure deIk,
la sommediffère de
l’intégrale
def,
,prise
de a àb,
d’aussi peu que l’on veut, sil’intégrale
existe, et que la somme des
valeurs’
absolues des termes de S soit aussigrande
que l’onveut si
l’intégrale
n’existe pas.Cela est à peu
près
évident. Il est facile de prouver, en effet,qu’en profitant
de ladouble indétermination des élém.ents de base
Ik
et tk aveclesquels
a été construite Son
peut
faire en sorte que cette somme tende vers telle limite que l’on veut entre lesintégrales
par excès et par défautquand
on fait varier ces éléments de base defaçon
que la
longueur
maximum des Ik tende vers zéro. Etl’intégrale
d’une fonction esttoujours comprise
entre sesintégrales
par excès et par défaut.Mais nous trouverons
avantage
àemployer
une démonstrationplus longue.
e étant arbitrairement choisi
positif, désignons
par Ei l’ensemble despoints
de(a, b)
pour
lesquels
on a iê(i
+I)ê.
La sérieest absolument
convergente
et a une sommequi
diffère de de -a)
au
plus
si cetteintégrale
existe ; sil’intégrale
n’existe pas, s n’est pas absolumentconvergente.
Conservons seulement dans cette somme un nombre fini de termes convenable- ment
choisis,
defaçon
à satisfaire aux conditions suivantes :cJ
Sif(x)
n’est pas sommable dans(a, b),
la somme des valeurs absolues des termes conservés doit surpasser -; ;6
c2) Si f (x)
est sommable dans(a, b),
la séries’ = û 1 i E m(Ei) 1
estconvergente
et il existe un nombre 03C3 tel que tout ensemble contenu dans
(a, b)
et de me-sure c fournisse dans s’une contribution au
plus égale à ~ (1).
Les termesnégligés
(1)
On peut déterminer un tel nombre a comme il suit : Soit N un nombre assezgrand
pourque les termes d’indice i
supérieur
à N en valeur absolue fournissent dans s’une contribution inférieureà ~ .
Soit r~ la mesure de la somme des ensembles Ei,( N).
Un ensemble exté- rieur auprécédent
et de mesure aQ fournit dans s’ une contribution auplus égale
à Doncon peut
prendre
pour a leplus petit
des deuxnombres ?i
et2N .
dans s
(ou s’)
doiventcorrespondre
à des ensembles E; dont la mesure totale r est auplus
5; alors la somme des valeurs absolues des termesnégligés
nepeut
pas sur- passer E :Nous obtenons ainsi une somme
qui,
enchangeant
denotations, peut
s’écrireNous allons la transformer en
remplaçant
les eh par des ensembles d’intervalles. Onremplacera d’abord e1
par un ensemble ai d’intervalles obtenu en conservant seule- ment un nombre fini d’intervalles convenablement choisis dans un ensemble dénom- brable d’intervalles couvrant tout onremplacera
en mêmetemps eh (h
>I )
par lapartie eh de eh qui
est extérieure à a1, cela donneraOn
remplacera
ensuite demême e’2
par un nombre fini d’intervalles formant l’en-semble a2
eteh (h
> 1,2)
par lapartie e"h de e’h
extérieure à a2, etc. En continuantainsi,
on arrivera à la sommeCes transformations devront être faites de
façon
à satisfaire aux conditions sui- vantes :Cg)
Les intervalles formant les ensembles ah doivent être chacun delongueur
infé-rieure à e, contenir chacun des
points
del’ensemble eh correspondant
et ne pasempiéter
les uns sur les autres.cj
Le passage dechaque
somme à lasuivante,
de t à u parexemple,
doit modifier la somme des valeurs absolues des termesde -
auplus.
P
c5) Enfin,
sij(x)
est sommable dans(a, b), chaque quantité ~ m(eh)
-m(ah) ~
doit être inférieure à
201420142014 .
P
Dans
chaque
intervalle a faisantpartie
de a~l choisissons unpoint ç appartenant à eh
dans wremplaçons
m(ah)
par~
m(x), puis développons
lesproduits
et rem-plaçons chaque
),hm(a)
par laquantité f (~)
. nz(a.) correspondante.
Celaaugmente
w au
plus
dee (6
-a)
et nous donne une somme zqui
ne diffère des sommes rieman-niennes que parce que les intervalles a ne couvrent
peut-être
pas tout(a, b).
’
Divisons les
parties
de(a, b)
non couvertes par les a enintervalles p ayant
chacunune
longueur
auplus égale
Danschaque intervalle !j
nous choisissons unpoint r
tel que
)/(?)) ~ ~
ne surpasse la limite inférieure de~ dans ~
que de e auplus.
L’introduction des termes
f (r,)
m(~) augmentera
la somme des valeurs absolues des termes de z et,quand f est sommable,
modifiera z auplus
- a +1), puisque
la sommedes 03B2
a une mesure auplus égale
à 6b
- a.En
résumé,
la somme riemannienneb
que nous avons
formée,
diffère deÔ f (x)
dx de moins desi
f (x)
estsommable,
et, sif (x)
n’est passommable,
la somme des valeurs absoluesdes termes de S surpasse
.
Cette somme S satisfait donc bien aux conditions
imposées.
’[3]
Voici maintenant desconséquences
de la démonstrationadoptée. Supposons f(x)
sommable dans(a, b);
soit(a, , 6J
unepartie quelconque
de(a, b).
Ne conser-vons dans S que les termes
provenant
d’intervallesIk
intérieurs à(ai,
cela nousdonnera ce
qu’on peut appeler
la somme riemannienneSi
relative à(a, , b1)
et cons-truite avec les mêmes éléments de base que S.
On a
évidemment, (a2, 6J
étant l’intervalle effectivement couvert par les Ik inté- rieurs à(ai,
De là il résulte que
si,
à des nombres e tendant verszéro,
on a associé des éléments de basepermettant
de calculerl’intégrale de f
dans(a, b),
les sommes construitesavec les mêmes éléments de base et relatives à
f
dans(ai, 6J
tendent vers l’inté-grale / 1 f (x) dx
, et celauniformément, quels
que soient as etb!
tels quea,
Soient
f1,
...fp
des fonctions définies dans(a b), je
disqu’on peut définir
lesintégrales
de toutes cesfonctions
à l’aide de sommes rienzanniennes construites avec les mêmes éléments de base.Désignons
par 22, ..., i~ l’ensemble despoints
enlesquels
sont vérifiées les p iné-galités de
la formeRangeons
ces ensembles en suitesimplement infinie,
soit la suiteE, , E~,
... Lasomme
analogue
à s et relative àfk peut
alors s’écrire :si Ei
désigne
on a =ik
_Parmi les Ei nous choisirons les eh de
façon
que la condition ci soit vérifiée pourchaque
fonctionf~~
non sommable et que la condition c2 soit vérifiée pour la série s’formée par la réunion. de toutes celles des séries
( qui
sont. i=1
convergentes.
Les nombres c et : sont définis à l’aide de cette série s’. La condi- tion c2 est ainsi vérifiée pourchaque
fonctionflç
sommable.Le passage des eh aux an se fait comme
précédemment,
les conditions c3, cd, c~doivent être
remplies.
Pour que la condition c~ soit
remplie
pourchaque fn
il suffirait évidemmentqu’elle
le soit pour les sommesrelatives à Ifi + 1 f21 + ( + ... -~-- ~ fp et
onpeut
évidemment fairequ’il
en soit ainsi.Le choix du
point
debase §
danschaque
élément de base a se fait commeprécé-
demment, ainsi que le choix des éléments de base
6 ; quant
au choix despoints
r, on .le fera en faisant
jouer
le rôle de~ f (x) à
la somme des valeurs absolues de cellesdes fk(x) qui
sont sommables.La
proposition qui
vient d’être démontrée s’étend évidemment à une suite dénom- brable de fonctionsfi.
Il suffit en effet de choisir des nombres ~i décroissantjusqu’à
zéro et de supposer que dans le choix des éléments de base relatifs à êlt on tient
compte
seulement des hpremières
fonctionsfi.
.Remarquons
encore que les éléments de base choisis conviennent pour le calcul desintégrales
des sommesk1f1
++
... +kpfp,
,k1 I f 1 + k2|f2 | + ...
+I f p i quelles
que soient les constantesk2,
...kp.
Cela n’est entièrement démontré parce
qui précède
que si toutes lesfi
sont sommables. Pour les cas où elles ne le seraient pas toutes,quelques précautions
nouvelles seraient nécessaires.[4]
Les considérationsprécédentes, qui
sont souvent utiles, ne sont nullementindispensables
pour la démonstration des théorèmes suivants, maisgrâce
à elles cesthéorèmes se
présentent
avec le maximum desimplicité
et d’uniformité.Considérons des éléments de base
permettant
de définir lesintégrales
def,
de (p, def ~
dans un intervallepositif (a, b).
Pourf ~
nous aurons la somme .Nous allons
appliquer
à cette somme les troispropositions a), b), c)
et nous passe-rons à la limite.
Pour
appliquer a)
nous supposerons que l’on a constamment et nous poseronsd’où
En
passant
à la limite on a lepremier
théorème de la moyenne.A. - Si les trois
fonctions f,
sont sommables dans(a, b), (a
Cb),
et si l’ona constamment .
on a aussi
Supposons
seulement que l’on a :et
appliquons
laproposition a)
à la somme S’ des valeurs absolues des termes de Son a : 1
Donc,
enmultipliant
unefonction
sommable 03C6 par unefonction
bornéef
on obtient .un
produit qui
est som.mable.Pour
appliquer b)
supposonsf(x) positive
etdécroissante ;
nous trouvons si l’on a,quel
que soit ce,lt=a
Or, quand
on passe â lalimite,
les sommes~ n(tk) m(Ik)
tendent uniformémentk=t x
.
vers
~
~(x) dx,
x étant convenablement choisi dans(a, b)
, Donc si l’on a,quel
que soit x,
on a aussi
Si l’on suppose seulement
f (x) décroissante, f (x)
-fCh
-o)
estpositive
et dé-croissante. Donc, les autres
hypothèses
étant lesmêmes,
on enconclut
x
Ou encore, en tenant
compte
de ce que/
est fonction continue de x et par suiteprend
toutes les valeurs entre n et N,~
étant convenablement choisi dans(a , b).
On raisonnerait d’une
façon analogue
pour les fonctionsdécroissantes;
nous pouvons donc énoncer le second théorème de la moyenne :B. - Si
f
est bornée et monotone dans(a, b)
et si 03C6 est sommable dans(a, b),
-auquel cas f03C6 l’est aussi, d’après
un théorème précédent,
- on a
;
étant convenablement choisi dans(a, b).
Si l’on suppose seulement que l’on a,
quel
que soitb,
on en concluera
Donc, si la variation totale de
f(x)
dans(a, b)
estfinie
etégale
à~~,
et si l’on a,quel
que soit x dans(a, b)
,on a aussi 1
On obtiendra facilement des énoncés
analogues
où l’on mettrait en évidencef (a
+o)
ouf (c),
c étantquelconque
dans(a, b),
au lieu def (b - o).
Ces énoncés sedéduisent facilement de B et
réciproquement.
Posons maintenant
et
appliquons l’inégalité c)
à la somme S ; il vient :on déduit de là
l’inégalité
~
Avant d’énoncer le
résultat, appliquons
encorel’inégalité c)
à la sommeS’ ;
il vient : ,Si donc les sommes du second membre tendent vers des limites
finies,
S’ reste inférieure à une limite fixe et par suitef ~
est sommable. De là laproposition
connuesous le nom
d’inégalité
de Schwarz : ’C. -
Si f
etc~$
sont desfonctions
sommables dans(a, b),
il en est de même defy,
et l’on a :
D’une
façon analogue,
on démontreraitl’inégalité
Cette
inégalité
est moins bonne quel’inégalité
de Schwarz pour le calcul appro- chéde bf03C6dx
a parce que la moyennearithmétique
des deuxquantités f2 dx,
yx
b 03C62 dx
esttoujours
au moinségale
à leur moyennegéométrique.
a
A
l’égard
du second théorème de la moyenne une remarque est utile. Les seules fonctions que nous avons considérées sont des fonctions sommables etdont,
parconséquent,
la valeur absolue a uneintégrale.
Dans la démonstrationclassique,
aucontraire,
ons’occupe d’intégrales
de fonctions non absolumentintégrables (voyez,
par
exemple,
le Coursd’analyse
deJordan,
2eédition,
t.Il,
n°216,
p.222).
Ilserait
facile,
mais cela nous estinutile,
d’étendre le résultat obtenu de manièrequ’il
contienne le résultat
classique.
Il est au
contraire
utile d’étendre à un intervalle infini lespropositions précé-
dentes. Cela se fait comme pour
l’intégrale
de Riernann(voyez,
parexemple, Jordan,
loc.
cit.,
n° 2 19, p.226) ;
mais il est utile depréciser
cequ’on
entend parl’intégrale
de
f
dans un intervalle infini(a, oo),
parexemple.
J’entends parlà,
si la limite pourdue | f |dx existe,
la limite debafdx
. Cette définition diffère de la définitionclassique
par la considération de/ b ( f | clx,
mais il n’en résulte aucunecomplication
nouvelle si l’on serappelle
que dans un intervalle finif et Ifl
sontsommables en même
temps,
et si l’on remarqueque f ~ ]
est à variationbornée,
sif
l’est.[5]
Nous venons de voirque le produit
de deuxfonctions
sommables est certaine-ment sommable toutes les
fois
que l’une desfonctions
estbor~née
ou toutes lesfois
que les deuxfonctions
ont leurs carrés sommables.Le
premier
caspeut
être étendu un peu. Deux fonctionsqui
ne diffèrentqu’aux points
d’un ensemble de mesure nulle ont la mêmeintégrale
dans toutintervalle,
nous dirons
qu’elles
sontéquivalentes.
Le
produit
d’une fonctionéquivalente
à zéro par une autrefonction,
même nonmesurable,
est évidemmentéquivalent
à zéro.Le
produit
d’une fonction sommable par une fonctionéquivalente
à une fonctionbornée est sommable ; c’est l’extension annoncée.
On
peut compléter
ces énoncés par deux remarques : :Si (p est une
fonction sommable,
nonéquivalente
à unefonction bornée,
onpeut
tou-jours
déterminer unefonction
sommablef
telle que leprochiit
ne soit pas sommabledans l’intervalle considéré.
Puisque [
sont sommables en mêmetemps
quef,
onpeut
supposer c~
positive
et rechercherf parmi
les fonctionspositives.
Les nombres ai, a2, a3, ... étant
positifs
et croissantjusqu’à +
oo,appelons
ui lamesure de l’ensemble Ei des
points
où l’on a ai~ Cf (x)
ai+1.D’après
leshypo- thèses,
il y a un nombre infini de nombres ui différents dezéro ;
donc, ensupprimant
au besoin certains des ai
précédemment choisis,
onpeut
supposer que tous les m sont différents de zéro.Enfin,
admettons que l’on a,quel
que soiti,
ai > i.La série étant inférieure à
l’intégrale
de ~, estconvergente.
Prenons pour
f
la fonctionégale
àI
dans Ei, et celaquel
que soit1 ; f
estl ai ui sommable et son
intégrale
estégale
àAu
contraire,
n’est passommable,
car la sérieest inférieure à
l’intégrale de f9-
Si cp est une
fonction sommable,
dont le carré n’est passommable,
onpeut toujours
trouver une
fonction f,
dont le carré est sommable(1),
et telle quef03C6
ne soit pas som- mable dans l’intervalle considéré.Supposant
encorequ’il s’agit
de fonctionspositives, appelons
Ei l’ensemble despoints
où l’on a : iê(i
+I ) ~ .
La série~
estdivergente
parhypothèse.
Si,
danschaque Ei, f est
constante etégale.
à )..i,l’intégrale de f2
est03A303BBizm(Ei);
cette série doit être
convergente.
Et si la série~
?,i i ~m(Ei),
valeurapprochée
pardéfaut de
l’intégrale
de estdivergente,
la fonctionf répondra
à laquestion.
Nous
sommes ainsiamenés,
étant donné une sériedivergente
à termespositifs
03A3
i2~2m(Ei)
=ui , à
trouver desmultiplicateurs 03BBi is
= xi tels q ue la série03A3 03BBi i ~ m (Ei) = 03A3
ai ui soit encoredivergente,
mais que la série03A3 03BBi2m(Ei)
_ ~
ui soitconvergente.
’
Réunissons les ui en groupes de
façon
que les ui d’un même groupe aient unesomme
supérieure
à 1, onremplace
ainsi lasérie 03A3ui
par unesérie 03A3vi
à termesplus grands
que i. A tous les ui contenusdans vp
nous associons commemultiplica-
teurs ai le nombre . Alors la série
ai
ui= 03A3vp
xI pvp
estdivergente.
Aucontraire,
la sérieest
convergente.
Les remarques
précédentes
ne sontjusqu’ici
démontrées que pour un intervalled’intégration fini,
l’extension à un intervalle infini est immédiate.(1)
Bien entendusi f2
est sommable,f
l’est aussi ; cela résulte parexemple
del’inégalité
ou de
l’inégalité
de Schwarz.. III.
[6] Lorsqu’il s’agit
de fonctionscontinues,
pour le calcul del’intégrale
de onemploie
souvent les deuxprocédés d’intégration
par substitution et parparties.
Cesprocédés peuvent
encore êtreemployés lorsqu’il s’agit
de fonctions sommablesquel-
conques, mais ces
procédés
ne résultentplus
immédiatement des deux identitéset il est nécessaire de les
légitimer.
Comme la démonstration que
je
vaisemployer
est assez différente de la démons- trationclassique
et comme on ne démontre leplus
souvent que des casparticuliers
des théorèmes
généraux
relatifs àl’intégration
au sens de Riemann(1), je m’occuperai
aussi de cette
intégration.
La
démonstration, qu’il s’agisse
de fonctionsintégrables
ou sommables(2),
serésume en ceci : on montre que les deux identités
précédentes
sont vraies presquepartout
etqu’on peut négliger
l’ensemble despoints
où elles ne sont pas vraies.Soit
u(x)
une fonctionintégrable, V (x)
= k + une de sesintégrales
indéfinies. On sait que
u(ç)
est bornée et deplus
continuepartout,
sauf tout auplus
aux
points
d’un ensemble de mesure nulle, cettepropriété
étant d’ailleurs caractéris-tique
des fonctionsintégrables.
Il résulte delà,
enappliquant
lepremier
théorème dela moyenne à
’T(X),
queV(x)
est unefonction
à nombr~es dérivés bornésayant
deplus
une dérivée continue en tout
point, sauf peut-être
auxpoints
d’un ensemble de mesur~enulle convenablement choisi.
(1)
C’est ainsi que M. Jordan(loc.
cit., t. 1, no141,
p.133~
étudie seulement lechangement
de variable
où
~’
est continue et designe
constant.Je dois à
l’obligeance
de M. de la Vallée-Poussin depouvoir signaler
un résultat dû à M. Dini(Fundamenti
per la teorica dellefunzioni
di variabilireali,
pp.3y
etsuiv.) plus
voisin decelui que
j’ai
en vue. M. Dinilégitime
la formule~~
, étant un nombre dérivé de’f
et cela pour des casdéjà
trèsgénéraux.
Dans le Cours de M. de la Vallée-Poussin
(2e
édit., t. I, p.220)
on trouvera l’étude du casoù
~~,
est une dérivée continue designe quelconque.
Dans cequi
suit,je
n’étudierai que leschangements
de variableunivoques;
pour les casplus généraux
on pourra imiter ce que fait M. de la Vallée-Poussin.(2)
Jerappelle qu’intégrable
veut dire ayant uneintégrale
au sens de Riemann, et som-mable ayant une