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GAZ RÉEL À BASSE PRESSION. GAZ PARFAIT
Les gaz étant expansibles et compressibles, le volume occupé par un nombre fixé de molécules dépend de la pression et de la température du gaz.
Les mesures du volume molaire V0 dans les conditions normales de pression et température (101 325 Pa et 0°C) ont donné les résultats suivants: Gaz H2 He N2 O2 CO2
V0dm3 22,428 22,426 22,404 22,393 22,228
Dans ces conditions de pression et température, on constate que ces résultats sont peu différents (moins de 1%) et l'étude de la compressibilité des gaz montrera si cette propriété reste vraie pour d'autres pressions ou températures.
1) Compressibilité isotherme.
On mesure le volume V occupé par une masse invariable du gaz étudié (une mole par exemple) quand la pression P varie, la températureθrestant constante.
a. Résultats pour un gaz.
Les résultats sont représentés graphiquement dans le plan (P, PV) par les courbes isothermes (représentation d'Amagat).
On observe l'existence d'un minimum du produit PV si la température est inférieure à une valeur θM, appelée température de Mariotte, caractéristique du gaz étudié.
Gaz He H2 N2 CO2
θM° C −250 −166 51 500
On observe également qu'à basse pression les isothermes sont pratiquement rectilignes, d'équation PV=aθPbθ avec
[
aaaθ θ θ =0 si0 si0 si θθθ=θθθMMMLa pente de ces isothermes est toujours très faible quel que soit le gaz.
Par exemple, pour l'isotherme à 0°C de CO2:
•si P=P0=101 325 Pa: P0V0=101 325×22,228 10−3=2252,3 J.
•si P 0, on trouve expérimentalement limPV =2 271,1 J.
La variation relative de PV est de l'ordre de 0,8% seulement.
En ne tenant pas compte de cette petite variation, on peut admettre la loi de Mariotte:
à basse pression, le produit de la pression d'une masse gazeuse invariable par son volume est pratiquement constant si la température est constante.
La loi est d'autant mieux vérifiée que la température choisie est proche de la température de Mariotte du gaz.
b . Résultats pour des gaz différents à la même température. A θ=0° C et P0 les volumes molaires V0sont voisins donc les produits P0V0 le sont aussi:
Gaz H2 He N2 O2 CO2
P0V0J 2 272,5 2 272,3 2 270,1 2 269,0 2 252,3 Expérimentalement on constate que les écarts entre ces valeurs diminuent quand la pression diminue et que limPV =2271,1 J , quel que soit le gaz.
Cette propriété reste vraie à toute autre température, seule la valeur de lim(PV) étant changée, d'où:
loi d ' Avogadro : sous pression faible, des nombres égaux de molécules de gaz différents occupent pratiquement le même volume, dans les mêmes conditions de pression et de température.
P H2
N2 CO2 P0
PV 2 271,1
0 PV
P θ > θΜ
θΜ θ1 < θΜ θ2 < θ1 0
2
PV 2 271,1
2) Gaz parfait.
C'est un gaz idéal qui suivrait rigoureusement les lois de Mariotte et d'Avogadro à toute température et à toute pression.
Les isothermes d'un tel gaz seraient rectilignes et d'ordonnée:
PVGP=lim
P0
PVgaz réel quelconque
Ainsi pour une mole de gaz parfait à θ=0° C,PVGP=2271,1 J.
Le volume molaire normal du gaz parfait vaut donc:
V0= 2 271,1
101 325=22,414 dm3. 3) Échelle de température absolue. a. Définition.
Pour un nombre fixé de molécules gazeuses quelconques, lim(PV) quand P 0 ne dépend que de la température imposée au système et peut donc servir à mesurer cette température.
Par définition la température absolue T est proportionnelle à lim
P0
PV:
lim
P0PVgaz réel= PVgaz parfait=R T pour une mole gazeuse.
La constante de proportionnalité R (constante des gaz parfaits) est déterminée en fixant la température absolue d'un système particulier, le mélange eau liquide-glace-vapeur d'eau (point triple de l'eau).
Pour ce système: T = 273,16 kelvins (symbole K).
Dans cette échelle de température (échelle absolue), la température d'un mélange eau-glace sous la pression normale est T0=273,15... K et celle d'un mélange eau-vapeur d'eau, sous pression normale, vaut 373,15...K.
b . Échelle Celsius.
Elle se déduit de l'échelle absolue par translation: t=T – T0=T−273,15.
La température s'exprime alors en degrés Celsius (°C) mais une variation de température s'exprime par le même nombre dans les deux échelles.
ConnaissantPVGP=2 271,1 J à t0=0°C, soit T0=273,15 K , on déduit les valeurs de la constante des gaz parfaits R=2 271,1
273,15 =8,3145 J K−1mol−1 et de la constante de Boltzmann k = R
N =1,3807 10−23J K−1. 4) Recherche d ' une équation d ' état pour un gaz réel.
a. Influence des dimensions moléculaires.
L'équation d'état du gaz parfait PV = NkT suggère qu'on peut diminuer indéfiniment le volume V en augmentant la pression, à température constante.
En réalité la structure moléculaire des gaz impose une limite au rapprochement des molécules (répulsion intense entre électrons externes): si T=constante, lim
P ∞
V=b0.
Le covolume b tenant compte du volume propre des molécules est proportionnel au nombre N de molécules.
Après cette première correction, l'équation d'état devient PV−b =N k T. b . Influence des interactions moléculaires.
A l'état fluide, les molécules sont suffisamment écartées pour que leurs interactions soient toujours attractives (interactions entre dipôles électriques ou forces de Van der Waals, proportionnelles à 1
r7).
Si une molécule est loin de la paroi, la distribution de ces forces d'attraction est
isotrope et leur résultante est nulle. i
Si une molécule est contre la paroi, la résultante fgde ces forces est orientée vers l'intérieur du gaz.
La résultante des forces Fg=δNfg subies par lesδN molécules arrivant sur un fg élément de surface dS de la paroi pendant une durée dt, s'ajoute à la résultante F
des forces exercées par la paroi sur les molécules.
P θ1 > θ0 θ0 θ2 < θ0 PV
0
3 En reprenant le calcul de la pression, on a maintenant dptot
dt = FFg=1
3νm u2dSi . On en déduit FFg
dS i = 1
3νmu2 ou PPm=1
3νm u2. P= F
dSi est la pression exercée par la paroi et Pm= Fg
dSi est la pression moléculaire (ou pression interne).
δN et fg sont proportionnels à la concentration moléculaire ν= N
V, donc Fg et Pm sont proportionnels à ν2= N2
V2 . On pose Pm= a
V2 où a est une constante proportionnelle à N2. Après cette 2ème correction, l'équation d'état des gaz réels devient:
PVa2
V−b =N k T équation de Van der WaalsSon intérêt est de montrer l'origine des écarts observés par rapport au gaz parfait et de rendre compte de deux propriétés des isothermes d'un gaz réel:
- existence d'un minimum sur les isothermes dans la représentation d'Amagat
- existence de l'isotherme critique ayant un point d'inflexion à tangente horizontale dans le plan (V,P) (représentation de Clapeyron).
Isothermes dans le plan (P, PV) Isothermes dans le plan (V, P)
Déterminer l 'équation de la courbe passant par Déterminer les coordonnéesPC, VC du point les minima des isothermes. critique et la température critique TC, en fonctiondes constantes a, b et R.
c .Autre méthode empirique.
On peut toujours approcher l'allure de l'isotherme T en exprimant PV comme un polynôme en P:
PV=a0T a1TPa2TP2...
Si P0,PV N k T d 'où a0=N k T et PV=Nk T1b1TPb2TP2....
En général, un seul terme correctif est suffisant jusqu'à 2 atmosphères (approximation affine) et deux termes suffisent jusqu'à 10 atmosphères (approximation parabolique).
PV
P VC
P
V
PC C