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ÉTUDE DES DÉTERMINANTS DE L INTENTION DE FAIRE UN DON DE SANG PARMI LA POPULATION GÉNÉRALE RAPPORT DE RECHERCHE

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ÉTUDE DES DÉTERMINANTS DE L’INTENTION DE FAIRE UN DON DE SANG PARMI LA POPULATION GÉNÉRALE

RAPPORT DE RECHERCHE

Présenté à Héma-Québec

Par

Gaston Godin, Ph.D.1 Paschal Sheeran, Ph.D.2

Mark Conner, Ph.D.3 Camille Gagné, Ph.D.1 Danielle Blondeau, Ph.D.1 Marc Germain, M.D., Ph.D.4

ASSISTANTES DE RECHERCHE Dominique Beaulieu, M. Sc.1

Herminé Naccache, M. Sc.1

TRAITEMENT DES DONNÉES Léo-Daniel Lambert, M.A.1

1 Groupe de recherche sur les comportements dans le domaine de la santé, Faculté des sciences infirmières, Université Laval, Québec, Canada.

2 Département de psychologie, Université de Sheffield, Sheffield, Royaume-Uni.

3 École de psychologie, Université de Leeds, Leeds, Royaume-Uni.

4 Héma-Québec, Québec, Canada.

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TABLE DES MATIÈRES

LISTE DES ANNEXES ... ii

LISTE DES TABLEAUX... III LISTE DES FIGURES ... III REMERCIEMENTS... IV RÉSUMÉ EXÉCUTIF ... V INTRODUCTION ... 1

Problématique ... 1

Recension des écrits... 1

CADRE THÉORIQUE ... 3

OBJECTIFS ... 6

Objectifs de l’étude... 6

Hypothèses de recherche ... 6

MÉTHODOLOGIE... 7

Développement du questionnaire... 7

Population à l’étude et échantillon... 9

Procédure de cueillette des données ... 9

Analyse des données... 9

RÉSULTATS... 11

Description de la population et de l’échantillon ... 11

Caractéristiques psychosociales... 16

Prédiction de l’intention... 19

Structure des croyances selon le niveau d’intention... 20

Chez les répondants ayant déjà fait un don de sang...20

Chez les répondants qui n’ont jamais donné de sang...23

DISCUSSION ... 26

Recommandations... 28

RÉFÉRENCES ... 30

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LISTE DES ANNEXES

ANNEXE A : Lettre d’approbation du Comité d’éthique de l’Université Laval ANNEXE B : Lettre d’autorisation de la Commission d’accès à l’information

et de l’Assurance maladie du Québec

ANNEXE C : Formulaire de consentement pour les groupes de discussion ANNEXE D : Canevas d’entrevue pour les groupes de discussion

ANNEXE E : Formulaire de consentement pour le test-retest ANNEXE F : Lettre d’introduction de héma-québec

ANNEXE G : Lettre explicative de l’étude ANNEXE H : Questionnaire

ANNEXE I : Premier et deuxième rappel / remerciement

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LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Consistance interne et stabilité temporelle des construits théoriques... 8

Tableau 2 : Comparaison de l’échantillon des répondants à la population du Québec ... 11

Tableau 3 : Comparaison des variables socio-démographiques des répondants pouvant donner du sang à ceux ne pouvant pas donner de sang... 12

Tableau 4 : Comparaison des variables socio-démographiques des répondants inclus à ceux exclus des analyses ... 13

Tableau 5 : Expérience en lien avec le don de sang (n=1116) ... 14

Tableau 6 : Comparaison des répondants ayant déjà donné du sang à ceux n’ayant jamais donné... 15

Tableau 7 : Description des variables psychosociales... 16

Tableau 8 : Matrice de corrélation des variables psychosociales ... 18

Tableau 9 : Modèle explicatif de l’intention pour l’ensemble des répondants... 19

Tableau 10 : Modèle explicatif de l’intention pour les répondants ayant déjà donné du sang et ceux n’ayant jamais donné de sang ... 20

Tableau 11 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs à l’efficacité personnelle selon le niveau d’intention pour les individus qui ont déjà donné du sang ... 21

Tableau 12 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs aux facteurs facilitants selon le niveau d’intention pour les individus qui ont déjà donné du sang ... 21

Tableau 13 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs aux rôles sociaux perçus selon le niveau d’intention pour les individus qui ont déjà donné du sang ... 22

Tableau 14 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs aux construits éthiques selon le niveau d’intention pour les individus qui ont déjà donné du sang ... 23

Tableau 15 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs à l’efficacité personnelle selon le niveau d’intention pour les individus qui n’ont jamais donné de sang ... 24

Tableau 16 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs aux facteurs facilitants selon le niveau d’intention pour les individus qui n’ont jamais donné de sang ... 24

Tableau 17 : Résultats du test MANOVA pour les énoncés relatifs aux croyances comportementales selon le niveau d’intention pour les individus qui n’ont jamais donné de sang... 25

LISTE DES FIGURES

Figure 1 : Niveau d’intention en fonction de l’expérience de don de sang... 17

Figure 2 : Niveau d’intention en fonction de la proximité du dernier don de sang... 17

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REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier Stéphanie Gélinas, Francine Villeneuve et l’équipe de Héma-Québec pour leur collaboration dans la réalisation de cette étude.

Merci à Jacques Lefrançois pour sa participation à la mise en forme des questionnaires et des divers documents, de même que pour son implication au niveau de l’impression, du traitement des envois et de la saisie des données.

Nos remerciements vont également à Françoise Côté et Hélène Gagnon pour leur implication au niveau de la construction et de la validation du questionnaire ainsi qu’à Kathy Simard et Véronique Lambert pour leur efficacité dans la saisie des données.

Finalement nous remercions tous les participants sans qui cette étude n’aurait pu se réaliser.

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RÉSUMÉ EXÉCUTIF

La présente étude visait principalement à identifier les facteurs qui expliquent l’intention de faire un don de sang parmi la population du Québec âgée de 18 à 70 ans.

À cette fin, un échantillon aléatoire de 4000 québécois et québécoises en âge de donner du sang a été fourni par la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ). Ces personnes ont reçu via le courrier postal les documents de l’étude : lettre explicative et questionnaire. Un total de 1445 questionnaires ont été reçus, pour un taux de réponse de 38%. De ce nombre, 259 ont mentionné ne pas pouvoir donner de sang. Les analyses ont donc été réalisées auprès des 1186 répondants qui considéraient être en mesure de donner de leur sang au cours des six prochains mois.

Le questionnaire mesurait les variables d’un cadre théorique basé sur la théorie des comportements interpersonnels de Triandis et qui intégrait également huit variables additionnelles issues du domaine de la psychologie sociale et de l’éthique. La variable dépendante était l’intention de faire un don de sang au cours des six prochains mois.

De manière générale, les répondants ont mentionné un niveau d’intention plutôt neutre de faire un don de sang au cours des six prochains mois, soit 2,84 sur une échelle variant de 1 (improbable) à 5 (probable). En ce qui a trait à l’expérience en lien avec le don de sang, les statistiques suivantes ont été notées : 56,2% n’ont jamais donné de sang, 10,8% ont fait un don au cours de la dernière année, 12,6% depuis plus d’une année mais moins de cinq ans, et 20,4%

il y a plus de 5 ans. Plus la période de temps écoulée depuis le dernier don est importante, plus grande est la proportion des personnes ayant une intention négative de faire un don au cours des six prochains mois : 6,67% (depuis moins d’un an), 26,95% (depuis plus d’un an mais moins de cinq ans) et 67,98% (il y a plus de cinq ans).

Les analyses de régression multiple ont permis de dégager les variables qui déterminent l’intention de faire un don de sang pour l’ensemble de l’échantillon ainsi que selon l’expérience antérieure avec le don de sang. Certaines similarités et différences ont été notées. Concernant les personnes qui n’ont jamais fait de don de sang, les variables suivantes expliquaient 72% de la variance de l’intention : la perception du contrôle (β = 0,38; p < ,0001), les facteurs facilitants (β

= 0,30; p < ,0001), le regret anticipé (β = 0,23; p < ,0001), l’attitude (β = 0,12; p < ,0001), la scolarité (β = -0,05; p < ,05) et l’âge (β = -0,05; p < ,05). En ce qui a trait aux personnes qui ont déjà fait un don de sang, les variables suivantes ont permis d’expliquer 75% de la variance de l’intention : la perception du contrôle (β = 0,45; p < ,0001), les convictions personnelles (β = 0,19; p < ,0001), les facteurs facilitants (β = 0,16; p < ,0001), le regret anticipé (β = 0,14; p <

,0001), le temps écoulé depuis le dernier don (β = 0,19; p < ,0001) et les rôles sociaux perçus (β

= -0,12; p < ,001). Finalement, plusieurs tests MANOVA ont permis d’identifier que parmi les deux sous-groupes, les personnes aux intentions élevées différaient des personnes aux intentions faibles sur l’ensemble des items des construits théoriques.

En conclusion, il apparaît clairement que l’intention des individus est d’abord déterminée par la perception des barrières et obstacles (réels ou perçus) au don de sang. Ainsi, la mise en place de facteurs facilitants le don de sang ainsi que le développement d’une meilleure perception du contrôle parmi la population apparaissent comme des avenues promotionnelles incontournables.

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Résumé exécutif

Également, ces stratégies devraient tenir compte de l’expérience antérieure des personnes au regard du don de sang, car certaines différences ont été notées, en particulier dans le poids relatif des déterminants. En somme, la présente étude a permis d’identifier des pistes d’intervention qui devraient contribuer à accroître le nombre de personnes qui exprimeront une intention positive de faire un don de sang et potentiellement, augmenter le nombre de donneurs.

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INTRODUCTION

Problématique

Comme c’est le cas dans plusieurs pays, les besoins d’approvisionnement en sang pour les services de santé du Québec sont comblés par des dons de sang provenant d’un petit nombre de volontaires. Il est estimé que seulement 3% de la population en âge de faire un don (i.e. de 18 à 70 ans) donne de son sang annuellement et près du tiers (36%) des donneurs donne plus d’une fois par année, la moyenne annuelle étant de 1,58 don par donneur (Héma-Québec, 2003). Cette situation n’est pas sans conséquences. La première est le risque de pénurie pour certains types sanguins reconnus comme rares dans la population. La seconde est la situation de dépendance du Québec pour l’approvisionnement en produits dérivés du plasma. En effet, le plasma obtenu de donneurs québécois ne suffisant pas à la demande, il faut compléter l’approvisionnement avec du plasma obtenu à l’étranger. Ceci entraîne des coûts importants, sans compter l’impact potentiel sur la sécurité de ces produits. Finalement, le nombre potentiel de donneurs est souvent réduit compte tenu de la nécessité d’imposer des critères de sélection sévères afin d’assurer la sécurité des réserves de sang (e.g. refus des donneurs ayant séjourné en Angleterre et pouvant avoir été exposés à diverses formes de maladies).

En somme, il est impérieux de s’intéresser à la motivation des québécois envers le don de sang compte tenu des coûts sociaux et économiques qui y sont associés. En effet, l’augmentation de seulement 1% des donneurs et une augmentation de la rétention de 10% des donneurs pourraient avoir des effets économiques très substantiels. Ainsi, le Québec serait en position non seulement d’avoir accès à une réserve en sang plus que suffisante, mais également d’envisager de produire le plasma dont il a besoin et pour lequel il doit s’approvisionner, à fort prix, sur les marchés étrangers.

Recension des écrits

Plusieurs études, surtout américaines et britanniques, ont identifié les déterminants du don de sang (Ferguson, 1996). Ainsi, Pomazal et Jaccard (1976), prenant appui sur la théorie de l’action raisonnée (TAR), ont identifié parmi un groupe de 270 étudiants universitaires que seule l’intention de donner du sang était un déterminant significatif du don ( r = .59, p < .01). De plus, l’intention était déterminée par deux facteurs : l’attitude et la norme morale. Bagoggi (1981, 1982) a également utilisé la TAR auprès d’un échantillon de 157 répondants recrutés dans le milieu universitaire, comme dans l’étude précédente. Il a également identifié que l’intention était le seul déterminant direct du don de sang. En ce qui concerne l’intention, elle était sous l’influence de l’attitude, cette dernière composante étant par ailleurs définie par l’évaluation affective et morale de l’action (i.e., donner de son sang) (Bagozzi, 1989). L’influence de l’attitude sur l’intention a également été rapportée par Burnkrant et Page (1988) dans une étude auprès d’un groupe de 146 répondants recrutés parmi les membres d’organisations religieuses.

Pour leur part, Giles et Cairns (1995) ainsi qu’Armitage et Conner (2001) ont utilisé la théorie du comportement planifié. Les deux études ont été réalisées auprès d’échantillons d’étudiants universitaires. L’étude de Giles et Cairns (n = 141 répondants) a démontré que le comportement était déterminé par l’intention seulement, celle-ci étant elle même définie par la perception du contrôle. Dans l’étude de Armitage et Conner (deux échantillons : n1 = 136 et n2 = 172), le comportement était sous l’influence de l’intention seulement, alors que cette variable était

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Introduction

définie par la perception du contrôle (et une variante de cette mesure : l’efficacité personnelle), l’identité personnelle et la norme morale.

En résumé, dans la littérature il se dégage un consensus sur l’importance de l’intention comme déterminant incontournable du don de sang. Cependant, même si les études citées précédemment sont intéressantes, elles ne fournissent pas les informations nécessaires au développement d’un programme de promotion du don de sang au Québec pour un certain nombre de raisons.

Premièrement, les études rapportées ont été réalisées auprès de populations culturellement très différentes de celle du Québec. Deuxièmement, la majorité des études ont été réalisées auprès d’échantillons relativement petits et formés majoritairement d’étudiants universitaires, ce qui réduit la possibilité de généraliser les observations rapportées. Finalement, les cadres théoriques qui ont été appliqués à l’étude du don de sang n’ont pas fait référence aux concepts [à l’exception de l’étude de Armitage et Conner (2001)] reconnus comme étant pertinents dans l’étude de la relation intention-comportement (Sheeran, 2002).

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CADRE THÉORIQUE

Au cours des dernières années, plusieurs travaux ont visé à identifier et à mieux comprendre les facteurs psychosociaux qui permettraient de prédire les comportements liés à la santé. Pour ce faire, différentes théories psychosociales, telles la théorie de l’action raisonnée (Ajzen &

Fishbein, 1980), la théorie des comportements interpersonnels (Triandis, 1980), la théorie sociale cognitive (Bandura, 1982), et la théorie du comportement planifié (Ajzen, 1985, 1988, 1991) ont été régulièrement appliquées. Ces travaux ont contribué à valider l’application des théories susmentionnées pour l’étude de comportements sociaux liés à la santé (Godin & al., 1996). Il ressort toutefois que ces modèles, pris isolément, ne permettent pas de cerner toute la complexité des comportements étudiés. L’examen détaillé des résultats de la recherche en ce domaine suggère cependant qu’une combinaison des modèles pourrait s’avérer efficace pour prédire et expliquer les comportements liés à la santé. Un certain nombre d’auteurs ont avantageusement adopté cette approche (Godin & Lepage, 1988; Godin & al., 1996; McCaul, O’Neill & Glascow, 1988). Aussi, le cadre théorique adopté dans la présente étude intègre-t-il les éléments de diverses théories explicatives du comportement humain. Cependant, afin de guider adéquatement l’organisation de cette recherche, la théorie des comportements interpersonnels de Triandis (1980) a servi d’assise à l’organisation du cadre théorique. Cette théorie inclut un bon nombre de concepts formulés par les autres théories (Godin & Kok, 1996; Manstead & Parker, 1995) et a, à maintes reprises, démontré son efficacité pour l’étude de divers comportements liés à la santé (e.g. Baumann, Brown, Fontana & Cameron, 1993 ; Godin & al., 1996; Godin, Vézina &

Leclerc, 1989 ; Jaccard & Davidson, 1975 ; Montano, 1986 ; Seibold & Roper, 1979 ; Valois, Desharnais & Godin, 1988).

Selon la théorie des comportements interpersonnels (Triandis, 1980), le comportement résulte de trois facteurs soit l’intention d’adopter le comportement, l’habitude et la présence de conditions facilitant ou empêchant l’adoption du comportement. L’intention est l’expression de la motivation à adopter le comportement alors que l’habitude est le degré d’automatisme d’un comportement dans une situation donnée. Dans le présent contexte, l’habitude fait référence au fait que les personnes ont déjà réalisé les comportements à l’étude par le passé. Les conditions facilitant ou empêchant l’adoption du comportement incluent des circonstances qui rendent plus ou moins difficile l'adoption de comportements chez un individu.

Quatre facteurs principaux définissent l’intention: les composantes cognitive et affective de l’attitude, les croyances normatives, les croyances en l’existence de rôles sociaux spécifiques et les convictions personnelles (norme morale). La composante cognitive de l’attitude est le résultat d’une analyse subjective des avantages et des désavantages qui résulteraient de l’adoption du comportement. L’individu traduit en croyances un certain nombre de conséquences avantageuses et désavantageuses provoquées par l’adoption d’un comportement. La dimension affective est la réponse émotionnelle d’une personne à la pensée d’adopter un comportement donné. Par exemple, une personne pourrait décider de ne pas consentir au don de sang parce que cette pensée susciterait trop d’anxiété chez elle. Les croyances normatives sont celles d’un individu concernant les chances qu’une personne significative pense qu’il devrait adopter ou non le comportement. La croyance en l’existence de rôles sociaux désigne le degré auquel une personne perçoit qu’il est approprié de réaliser le comportement pour des individus occupant une position similaire à la sienne dans la structure sociale. Les convictions personnelles (variable qui réfère au concept de morne morale

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Cadre théorique

dans la littérature anglophone) mesurent le sentiment d’obligation personnelle quant à l’adoption du comportement. Ce facteur se réfère aux règles de conduite personnelle ou, en d’autres termes, aux principes moraux. La personne évalue donc jusqu’à quel point le comportement est en accord ou non avec ses principes. De plus, les convictions personnelles se distinguent de la croyance normative. Elles ne dépendent pas de la perception de ce que pensent les autres, mais plutôt des principes personnels en regard du comportement. Dans la mesure où une personne valorise l'altruisme, par exemple, elle sera davantage encline à donner du sang.

Au cadre théorique de Triandis, nous avons retenu un certain nombre de construits théoriques additionnels. Parmi les ajouts théoriques (variables dites externes à la théorie de Triandis), nous avons retenu, dans le cadre de la présente étude, huit variables : trois variables liées à des principes éthiques (autonomie, bienfaisance et justice), le regret anticipé, le sentiment positif anticipé, l’identité personnelle, la norme descriptive et la satisfaction envers le dernier don de sang. La raison principale pour retenir ces variables est que plusieurs auteurs [e.g. voir Sheeran (2002) pour une revue des écrits à ce sujet] ont démontré que la relation intention-comportement était influencée par certaines variables dites modératrices. En conséquence, des personnes endossant fortement ou non l’une ou l’autre de ces variables modératrices présentent une relation intention-comportement plus ou moins forte. La connaissance de cet effet permet donc d’ajuster les stratégies d’information subséquentes de manière appropriée. Dans le cadre de cette étude parmi la population générale, nous vérifierons l’influence de ces variables sur l’intention de donner du sang. Ces variables sont définies dans les paragraphes qui suivent.

Les principes éthiques sont ceux proposées par Blondeau, Valois, Keyserlingk, Hébert, & Lavoie (1998) pour l’étude de comportements ayant une incidence éthique. Les trois variables se définissent de la façon suivante. Le principe de l'autonomie se concrétise par l'exercice du droit à l'autodétermination, soit la capacité d'un individu de se gouverner lui-même et de faire des choix.

Dans la tradition de la philosophie de Kant, la liberté est au fondement de la dignité humaine puisqu'elle permet, à travers les choix, de dévoiler l'unicité de la personne humaine. Selon cette dimension, une personne peut choisir de donner du sang pour décider de sa destinée. Le principe de bienfaisance se définit comme l'obligation morale de faire le bien pour autrui et d'agir dans ses meilleurs intérêts. En d'autres mots, il s'associe à la production de bienfaits, c'est-à-dire à la promotion du bien-être d'autrui. Dans le contexte du don de sang, une personne pourrait donner dans un but altruiste et dans le but de procurer un bienfait à autrui, comme l’amélioration de sa qualité de vie. Le bienfait pourrait aussi être celui d'éviter une mort certaine en donnant à autrui la possibilité de vivre grâce à une transfusion. Quant à la justice, depuis Aristote, elle se scinde en deux concepts: la justice commutative où l'on donne à chacun une part égale et la justice distributive qui répartit en fonction de l'iniquité. En ce sens, cette dernière forme de justice vise à rétablir les iniquités naturelles ou sociales. Elle concerne également toute la question de l'allocation des ressources rares où des critères justes devraient contribuer à éviter toute forme de discrimination. Dans le contexte du don de sang, il est davantage question de justice distributive puisque le don peut contribuer à corriger les iniquités produites par la maladie, notamment, et à rétablir l'injustice. Une étude récente a démontré que les principes d’autonomie et de justice s’avéraient deux importantes variables définissant l’intention des infirmières de respecter les directives de fin de vie des patients (Blondeau, Lavoie, Valois, Keyserlingk, Hébert &

Martineau, 2000).

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Cadre théorique

Le regret anticipé réfère aux croyances de l’individu concernant le niveau de regret, tension, ou de préoccupation qu’il ressentirait s’il n’adoptait pas le comportement visé. L’évidence suggère que ce construit est un déterminant important de l’intention au delà de l’influence d’autres variables cognitives (e.g. Parker, Manstead, & Strading, 1995; Richard, van der Pligt, & de Vries, 1995, 1996). Les travaux de Sheeran et Orbell (1999) et Abraham et Sheeran (en révision) ont démontré que cette variable exerçait un rôle modérateur de la relation intention- comportement concernant le jeu de loterie et l’exercice physique.

Le sentiment positif anticipé réfère à la vive satisfaction et au sentiment de fierté éprouvés à l’idée d’adopter un comportement donné. Selon Manstead (2000), cette variable contribuerait, par l’entremise de son influence sur la norme morale, à expliquer l’adoption de comportements ayant une incidence éthique.

L’identité personnelle réfère au positionnement personnel par rapport à l’adoption d’un comportement donné. Est-ce que l’individu s’identifie à une autre personne ayant les caractéristiques voulues pour adopter le comportement visé? La méta-analyse de Godin et Kok (1996) ainsi que les travaux de Parker, Manstead, Stradling, Reason & Baxter (1992) ont indiqué que cette variable était significativement associée à l’adoption de comportements sociaux.

La norme descriptive perçue réfère à la perception de la fréquence de l’adoption du comportement par les autres (Cialdini, Reno, & Kallgren, 1990; Sheeran & Orbell, 1999). En somme, si les autres l’adoptent cela est perçu comme la chose à faire. Cette norme se mesure par la prévalence perçue du comportement dans la population de référence.

Finalement, l’évaluation du degré de satisfaction envers le dernier don de sang découle des propositions théoriques de Rothman (2000), concernant la nature des variables pouvant exercer une influence déterminante lors de la phase de maintien d’un comportement en comparaison à la phase d’adoption d’un nouveau comportement. Ainsi, le degré de satisfaction envers l’adoption du comportement serait un déterminant de l’adoption subséquente de ce comportement par son influence sur l’intention. L’influence de cette variable sera vérifiée seulement dans le sous- groupe de ceux et celles qui ont donné du sang au moins une fois dans leur vie.

Par ailleurs, afin de mieux connaître les caractéristiques de la population à l’étude, les variables suivantes ont été mesurées : l'âge, le sexe, le niveau de scolarité, le statut civil, le groupe sanguin, le lieu de résidence, l’état de santé, la connaissance de la possibilité de faire un don de sang dans son environnement et les expériences de don de sang passées. Notons que l’expérience passée avec le don de sang peut être décomposée selon que les personnes ont déjà fait ou non l’expérience personnelle d’un don de sang et, parmi ceux et celles qui ont déjà fait un don de sang, si ce don a été fait récemment ou pas. Les travaux de Manstead, Proffitt et Smart (1983) ainsi que de Godin et al. (1989) en ont fait la démonstration. Ces deux aspects ont donc été analysés dans le cadre de la présente étude.

En résumé, le cadre théorique de l’étude repose sur la théorie des comportements interpersonnels de Triandis auquel huit construits issus du domaine de la psychologie sociale et de l’éthique ont été ajoutés

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OBJECTIFS

Objectifs de l’étude

La présente étude visait à identifier les déterminants de l’intention concernant le don de sang dans la population générale. Ce choix d’étudier seulement l’intention dans la population générale se justifie pour les raisons suivantes : (1) selon la revue des écrits portant sur le don de sang, l’intention est le déterminant le plus important du comportement; (2) plusieurs méta-analyses ont démontré son importance pour la prédiction des comportements dans le domaine de la santé (Armitage & Conner, 2001; Godin & Kok, 1996); et, (3) comme nous le verrons dans la section méthodologie, la faible proportion de la population donnant du sang par année fait qu’il n’est pas réaliste de faire une étude sur le comportement.

Les objectifs spécifiques étaient :

1. Déterminer la prévalence des personnes de 18 à 70 ans exprimant une intention positive de donner du sang au cours des six prochains mois.

2. Identifier les déterminants de l’intention de donner du sang dans la population générale.

3. Vérifier si certaines composantes cognitives (i.e. : regret anticipé, sentiment positif anticipé, principes éthiques, identité personnelle, norme descriptive, habitude, obstacles et facteurs facilitants) ajoutent à la prédiction de l’intention au-delà des variables de la théorie de Triandis.

4. Vérifier parmi le sous ensemble des répondants qui ont déjà donné du sang, si la satisfaction envers le dernier don de sang ajoute à la prédiction de l’intention.

5. Identifier les facteurs sur lesquels devraient reposer les programmes d’interventions visant à favoriser le don de sang parmi la population générale.

Hypothèses de recherche

Les hypothèses de la présente étude étaient :

1. Les composantes affective et cognitive de l’attitude, les croyances normatives, la croyance en l’existence de rôles sociaux et les convictions personnelles (norme morale) constituent des déterminants significatifs de l’intention de faire un don de sang au cours des six prochains mois.

2. Les variables cognitives externes au cadre théorique de base (i.e., regret anticipé, sentiment positif anticipé, principes éthiques, identité personnelle, norme descriptive, habitude, obstacles et facteurs facilitants) augmentent de façon significative la variance expliquée de l’intention au delà des variables de la théorie de Triandis.

3. Parmi ceux qui ont déjà donné du sang, le degré de satisfaction envers le dernier don est un déterminant de l’intention de faire un don de sang au cours des six prochains mois.

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MÉTHODOLOGIE

Développement du questionnaire

Le questionnaire a été développé à l’aide de l’approche anthropologique « étique-émique » (Pelto, 1970) tel que recommandé par Triandis et collaborateurs (Davidson, Jaccard, Triandis, Morales, & Diaz-Guerrero, 1976). Le comportement à l’étude a été défini afin de se conformer aux principes émis par Fishbein et Ajzen (1975) concernant les éléments à considérer : l’action (donner), l’objet (de son sang), le contexte (lors des collectes de Héma-Québec), le temps (au cours des six prochains mois).

Par la suite et conformément à la théorie de Triandis, les informations suivantes ont été obtenues : la liste des avantages et désavantages de donner du sang, la liste des personnes ou groupes de personnes qui approuvaient ou désapprouvaient le fait de donner du sang, et la liste des conditions facilitantes et des barrières perçues au fait de donner du sang. Comme le suggère Triandis, ces informations ont été obtenues à l’aide de quatre groupes de discussion de huit personnes chacun et dont l’âge s’échelonnait de 18 à 70 ans. Les participants aux groupes de discussion ont été recruté par les téléphonistes d’une firme de sondage parmi la population générale de la région 03 en appliquant la technique de génération des numéros de manière aléatoire. Les participants ont complété un formulaire de consentement au début de la rencontre (Annexe C).

Le premier groupe de discussion a été réalisé auprès de quatre femmes et quatre hommes, âgés entre 18 et 29 ans; le deuxième groupe auprès de quatre femmes et quatre hommes, âgés entre 30 et 49 ans; le troisième auprès de huit femmes, âgées entre 49 et 70 ans; et le dernier auprès de huit hommes, âgés entre 49 et 70 ans. La taille de ces échantillons pour le développement du questionnaire ont permis d’atteindre le niveau de saturation des données (Deslauriers & Kérisit, 1997). Les groupes de discussions ont été animés par deux professionnelles de notre équipe de recherche. Les participants aux groupes de discussion ont reçu un montant de 40 dollars en guise de remerciement pour le temps consacré à la réalisation des tâches, tel que précisé dans le certificat d’approbation des comités d’éthiques.

Les groupes de discussion ont été enregistrés puis retranscrits sous forme de verbatims.

L’analyse de contenu des verbatims a été réalisée par deux professionnelles de recherche. Un accord final quant aux thèmes extraits et leur importance a été obtenu. Les croyances les plus fréquemment mentionnées ont été retenues et inclues dans la version préliminaire du questionnaire. La mesure des autres variables psychosociales reposait sur l’usage d’items globaux, variant de 2 à 6 items selon le concept théorique. Ces items ont été formulés comme le suggèrent les auteurs de ces construits. Une question filtre a été élaborée afin de différencier les donneurs potentiels de ceux qui ne peuvent pas donner de leur sang. Cette question permettait de ne pas confondre les répondants n’ayant pas l’intention de donner du sang en raison des critères établis par Héma-Québec avec ceux qui pourraient donner du sang mais qui ne sont pas motivés à le faire.

La première version du questionnaire a été soumise à une étude de validité et de fidélité. Une lecture du questionnaire a d’abord été effectuée par cinq personnes présentant des caractéristiques similaires à la population ciblée par l’étude dans le but de vérifier la clarté des questions et des

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Méthodologie

Tableau 1 : Consistance interne et stabilité temporelle des construits théoriques

Coefficients Alpha de Cronbach Variables Nombre

d’items

Test-retest

(n = 38) Étude principale (n = 1116)

Coefficients Intra-classe (n = 34)

Intention (INT) 3 0,92 0,92 0,89

Attitude (Aact) 6 0,76 0,80 0,82

Croyances comportementales (b) 6 0,61 0,64 0,71

Norme subjective (SN) 3 0,87 0,78 0,65

Croyances normatives (nb) 3 0,78 0,81 0,68

Rôles sociaux perçus (RS) 3 0,65 0,67 0,65 Identité personnelle (IP) 5 0,76 0,73 0,82 Perception du contrôle (PBC) 3 0,69 0,84 0,98

Croyances de contrôle (SEFF) 9 (10)ª 0,78 0,83 0,75 Efficacité personnelle perçue (SE) 3 (4)ª 0,51 0,70 0,75

Facteurs facilitants (FF) 6 0,71 0,78 0,77

Regret anticipé (RA) 3 0,86 0,87 0,58

Sentiment positif anticipé (SP) 3 0,81 0,86 0,81

Norme descriptive (ND) 2 0,52b 0,55b 0,86

Convictions personnelles (PNB) 3 0,90 0,79 0,85

Justice (Just) 3 0,74 0,86 0,50

Autonomie (Auto) 3 0,83 0,88 0,70

Bienfaisance (Bien) 3 0,89 0,94 0,39

ª Un item mesurant l’efficacité personnelle a été ajouté dans le questionnaire de l’étude principale; le nombre final d’items de l’efficacité personnelle est donc de 4 et celui des croyances de contrôle est de 10.

b Coefficient de corrélation de Spearman, car deux items seulement

directives, ainsi que la pertinence, le caractère exhaustif et distinctif des options de réponses.

Pour évaluer la consistance interne ainsi que la stabilité temporelle des construits théoriques, le questionnaire a été administré à deux reprises sur un intervalle de deux semaines auprès de personnes ayant des caractéristiques similaires avec la population à l’étude. À cette fin, un échantillon de convenance a été formé avec les participants des groupes de discussion et d’autres personnes recrutées par les membres de l’équipe de recherche. Ces personnes ont préalablement complété un formulaire de consentement (Annexe E). Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire auto-administré, envoyé par la poste avec une lettre explicative et une enveloppe retour pré-affranchie et pré-adressée au chercheur principal. Un total de 38 personnes ont complété le questionnaire une première fois, et 34 l’ont également complété une seconde fois. La consistance interne et la stabilité temporelle ont été vérifiées. Les scores obtenus pour la majorité des variables ont été très satisfaisants. La vérification de la consistance interne a

(16)

Méthodologie

également été effectuée dans le cadre de l’étude principale et des valeurs similaires variant entre 0,64 et 0,94 ont été obtenues. Les résultats de ces analyses sont présentés au tableau 1. Cette nouvelle version du questionnaire a été traduite en anglais et retraduite en français afin d’en assurer l’équivalence. La version finale du questionnaire se retrouve en annexe H.

Population à l’étude et échantillon

L'étude visait toute la population de la province du Québec en âge de donner du sang (18 à 70 ans). En conformité avec les dispositions du Code civil, la population-cible était composée des personnes âgées de 18 ans et plus, aptes à consentir au don de sang. Un échantillon aléatoire simple de 4000 personnes de 18 à 70 ans a été fourni par la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) après avoir obtenu l’autorisation de la Commission d’accès à l’information (Annexe B). Quatre milles questionnaires ont été expédiés. Parmi ce nombre 195 ont été retournés en raison de mauvaises adresses ou de déménagements. Un total de 1445 questionnaires ont été retournés, soit un taux de réponse de 38,0%. Parmi ce nombre, 259 participants ont déclaré ne pas être en mesure de donner de leur sang selon les critères utilisés par Héma-Québec. Parmi les 1186 sujets en mesure de faire un don de sang, 70 questionnaires ont été retirés des analyses, car ils présentaient trop des données manquantes au niveau des variables psychosociales.

Procédure de cueillette des données

Les données ont été recueillies à l’aide d’un questionnaire auto-administré distribué par courrier postal en utilisant une approche similaire à celle proposée par Dillman (2000). Une lettre d’introduction de l’étude signée par la directrice générale de Héma-Québec a d’abord été expédiée à l’ensemble des personnes constituant l’échantillon (Annexe F). Une semaine plus tard, un deuxième envoi comprenant une lettre explicative de l’étude signée par le chercheur principal et précisant les objectifs ainsi que la nature anonyme de l’étude (Annexe G), le questionnaire (Annexe H) ainsi qu’une enveloppe pré-affranchie et pré-adressée au chercheur principal ont été mis à la poste. Une semaine et trois semaines après l’envoi du questionnaire, des cartes de rappels/remerciements ont été expédiées systématiquement à tous les participants (Annexe I). Le protocole a été approuvé par le Comité d’éthique de l’Université Laval (no. 2002- 081) (Annexe A).

Analyse des données

Une analyse descriptive des résultats a été effectuée (moyenne, écart-type, distribution des variables). Des tests de comparaison des proportions et des moyennes (chi-carré, test T et test F) ont servi à comparer, au niveau des variables socio-démographiques, les groupes suivants : l’échantillon fourni par la RAMQ et le groupe des répondants avec la population du Québec; les donneurs potentiels avec les non-donneurs; le groupe inclus dans les analyses avec le groupe exclu ; et les répondants qui ont déjà fait un don de sang avec ceux qui n’en n’ont jamais fait.

Pour ces derniers, des comparaisons ont également été effectuées au niveau des variables en lien avec l’expérience du don de sang.

Une régression multiple a par la suite été utilisée pour prédire l’intention de donner du sang au cours des six prochains mois. Les variables psychosociales utilisées pour prédire l’intention sont : les croyances comportementales, l’attitude, les croyances normatives, la norme subjective,

(17)

Méthodologie

les facteurs facilitants, l’efficacité personnelle perçue, la perception du contrôle, la croyance en l’existence de rôles sociaux, les convictions personnelles, le regret anticipé, le sentiment positif anticipé, l’identité personnelle et finalement la norme descriptive. Les variables socio- démographiques intégrées dans les analyses sont : l’âge, le sexe, le niveau de scolarité, le statut civil et l’état de santé perçu. Finalement, les variables en lien avec l’expérience de don de sang sont : le comportement passé (expérience antérieure et proximité du dernier don) et la satisfaction envers le dernier don de sang.

Subséquemment, une analyse de la variance multivariée a été effectuée. Cette dernière a permis de déterminer lesquels des items associés aux déterminants de l’intention différencient les individus ayant une forte ou une faible intention. Ajzen et Fishbein (1980) suggèrent cette approche dans le but d’identifier les aspects sur lesquels devraient reposer un programme d’intervention visant à changer l’intention. Le logiciel statistique SAS version 8.2 a été utilisé pour l’ensemble de ces analyses.

(18)

RÉSULTATS

Description de la population et de l’échantillon

L’échantillon fourni par la Régie de l’Assurance Maladie du Québec (RAMQ) était représentatif de la population du Québec au niveau de l’âge et du sexe. Une légère différence a été observée quant au lieu de résidence où la région de Montréal a été surreprésentée dans l’échantillon de la RAMQ par rapport à la population du Québec (50,7% vs 47,5% ; p < ,001).

Lorsqu’on compare les caractéristiques socio-démographiques des 1445 répondants de l’étude avec les données disponibles sur la population du Québec (Tableau 2), on note les différences significatives suivantes : (1) les femmes sont représentées en plus grande proportion dans l’échantillon que dans la population (54,1% vs 48,8%; p < ,005); (2) la proportion des individus âgés entre 50 et 70 ans est supérieure à celle de la province (35,0% vs 30,7%; p < ,005); et, (3) la région de Montréal est sous représentée parmi les répondants (41, 5% vs 47,7%; p < ,0001) alors que la région de Québec est surreprésentée (17,6% vs 14,2%; p < ,0001).

Tableau 2 : Comparaison de l’échantillon des répondants à la population du Québec

Variables Répondants* Population du Québecª p

n % n %

SEXE Homme 655 45,9 2592015 50,2

Femme 772 54,1 2572003 48,8

Total 1445 5164018b < ,005

ÂGE 18 à 29 ans 283 20,0 1191689 23,1 30 à 39 ans 284 20,0 1136680 22,0 40 à 49 ans 355 25,0 1248519 24,2

50-70 ans 496 35,0 1587130 30,7

Total 1445 5164018 < ,005

RÉGION Montréal 558 41,5 2368730 47,7

Québec 236 17,6 706660 14,2

Autres 551 40,9 1896122 38,1

Total c 1413 4971512 < ,0001

* Pour chacune des variables concernant les répondants, il y avait quelques données manquantes, de telle sorte que le nombre total n’est pas toujours de 1445.

ª Source : Institut de la statistique du Québec (2001)

b nombre total parmi les personnes de 18-69 ans.

c nombre total parmi les personnes de 20-69 ans

(19)

Résultats

Parmi les 1445 questionnaires retournés, 1186 des répondants considéraient être en mesure de donner de leur sang alors que 259 ont mentionné ne pas pouvoir en donner. La comparaison des variables socio-démographiques de ces deux groupes est présentée au tableau 3. Les deux groupes sont similaires au niveau du sexe, de la scolarité, du statut civil et de la région de résidence. Toutefois, comparativement à ceux qui considèrent pouvoir donner de leur sang, ceux qui croient ne pas pouvoir en donner sont significativement plus vieux (48,4 ans vs 42,5 ans; t = 5,3; p < ,0001) et se perçoivent en moins bonne santé (χ2 = 75,5 ; df = 4, p < ,0001).

Tableau 3 : Comparaison des variables socio-démographiques des répondants pouvant donner du sang à ceux ne pouvant pas donner de sang

Variables Répondants pouvant donner du sang

(n = 1186)

Répondants ne pouvant pas donner de

sang (n = 259)

p

Moy.

± (Ét)

n (%) Moy.

± (Ét)

n (%)

ÂGE 42,5

± 13,4

48,4

± 16,7

< ,0001

SEXE Femme 641 (54,7) 131 (51,6)

Homme 532 (45,4) 123 (48,4) n.s.

SCOLARITÉ Primaire/secondaire 466 (39,8) 88 (35,1)

Cegep/université 706 (60,2) 163 (64,9) n.s.

STATUT Célibataire 277 (23,6) 71 (28,2) CIVIL Marié/conjoint de fait 773 (65,9) 151 (59,9)

Divorcé/séparé/veuf 123 (10,5) 30 (11,9) n.s.

SANTÉ Excellente 216 (18,3) 26 (10,4) PERÇUE Très bonne 457 (38,7) 70 (28,0)

Bonne 390 (33,0) 88 (35,2)

Moyenne 103 (8,7) 43 (17,2)

Mauvaise 16 (1,4) 23 (9,2) < ,0001 RÉGION Montréal 467 (41,2) 100 (41,3)

Québec 199 (17,6) 43 (17,8)

Autres 467 (41,2) 99 (40,9) n.s.

Pour chacune des variables il y avait quelques données manquantes, de telle sorte que le nombre total des répondants pouvant et ne pouvant pas donner du sang n’est pas toujours respectivement de 1186 et 259.

(20)

Résultats

Parmi les 1186 répondants qui ont mentionné répondre aux critères d’admissibilité au don de sang de Héma-Québec, 70 sujets présentaient des données manquantes au niveau des variables psychosociales. Ces questionnaires ont donc été retirés des analyses. Le tableau 4 présente la comparaison des sujets inclus à ceux exclus des analyses. Comparativement au groupe des répondants exclus des analyses, le groupe des répondants inclus dans les analyses est significativement plus jeune (42,1 ans vs 49,7; t = -4,1; p < ,0001) et plus scolarisé (χ2 = 11,7 ; df

= 1, p < ,0001). Les deux groupes sont toutefois comparables au niveau du sexe, du statut civil, de l’état de santé perçue et de la région de résidence. Le profil des répondants inclus dans les analyses peut-être examiné dans le tableau 4 (colonne de gauche).

Tableau 4 : Comparaison des variables socio-démographiques des répondants inclus à ceux exclus des analyses

Variables Répondants inclus dans les analyses

(n = 1116)

Répondants exclus des analyses

(n = 70)

p

Moy

± (Ét) n (%) Moy.

± (Ét) n (%)

ÂGE 42,1

± 13,3 49,7

± 13,7 < ,0001 SEXE Femme

Homme 609 (54,7)

504 (45,3)

32 (53.3) 28 (46,7) n.s.

SCOLARITÉ Primaire/secondaire

Cegep/université 430 (38,6) 683 (61,4)

36 (61,0) 23 (39,0) < ,001 STATUT

CIVIL Célibataire

Marié/conjoint de fait Divorcé/séparé/veuf

264 (23,7) 732 (65,8) 117 (10,5)

13 (21,7) 41 (68,3)

6 (10,0) n.s.

SANTÉ

PERÇUE Excellente Très bonne Bonne Moyenne Mauvaise

206 (18,5) 437 (39,2) 365 (32,7) 92 (8,2) 16 (1,4)

10 (15,2) 20 (30,3) 25 (37,9) 11 (16,7)

0 (0,0) n.s.

RÉGION Montréal Québec Autres

444 (41,2) 189 (17,5) 445 (41,3)

24 (42,9) 10 (17,9)

22 (39,3) n.s.

Pour chacune des variables il y avait quelques données manquantes, de telle sorte que le nombre total des répondants inclus et exclus des analyses n’est pas toujours respectivement de 1116 et 70.

(21)

Résultats

En ce qui a trait à l’expérience en lien avec le don de sang (voir Tableau 5), on remarque que la majorité des participants ont mentionné n’avoir jamais donné de sang (56,2%) et seulement 10,8% des répondants ont affirmé avoir donné de leur sang au cours de la dernière année. Près des deux tiers (64,5%) ont eu connaissance qu’une collecte a eu lieu dans leur entourage au cours des trois derniers mois précédant l’enquête. Un peu plus de la moitié des répondants (52,5%) ont déclaré connaître quelqu’un dans leur entourage qui a déjà eu besoin de sang.

Tableau 5 : Expérience en lien avec le don de sang (n=1116)

Variables n %

EXPÉRIENCE DU DON DE SANG Jamais donné Donné > de 5 ans

Donné < 5 ans et > 1 an Donné dernière année

627 228 141 120

56,2 20,4 12,6 10,8 NOMBRE DE DONS

(5 dernières années)

Aucun Un De 2 à 4 5 et plus

855 103 95 63

76,6 9,2 8,5 5,7 NOMBRE DE DONS

(dernière année) Aucun Un Plus d’un

996 62 58

89,2 5,6 5,2 COLLECTE À PROXIMITÉ

(3 derniers mois)

Oui Non Ne sait pas

718 160 236

64,5 14,4 21,2 BESOIN DE SANG DANS

L’ENTOURAGE

Connaît quelqu’un Ne connaît pas

582 526

52,5 47,5 Pour chacune des variables il y avait quelques données manquantes, de telle sorte que le nombre total des répondants inclus dans les analyses n’est pas toujours égal à 1116.

Lorsque l’on compare les répondants ayant déjà fait un don de sang (43,8%) à ceux qui n’en ont jamais fait (56,2%) (Tableau 6), on remarque que le groupe des 50 à 70 ans (χ2 = 68,1 ; df = 3, p

< ,0001), les personnes en couple ou qui l’on déjà été (χ2 = 23,1 ; df = 2, p < ,0001), les individus qui ont une scolarité post-secondaire (χ2 = 4,2 ; df = 1, p < ,05), les personnes qui connaissent quelqu’un dans leur entourage qui a déjà eu besoin de sang (χ2 = 13,9; df = 1, p < ,0001) et ceux qui savent qu’il y a eu une collecte de sang au cours des trois derniers mois dans un endroit qu’ils fréquentent régulièrement (χ2 = 15,7 ; df = 2, p < ,001) sont plus nombreux à avoir déjà donné du sang. Par ailleurs, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à n’avoir jamais donné de sang (χ2 = 10,0 ; df = 1, p < ,001). Finalement, il n’existe pas de différence quant à la région de résidence et à l’état de santé perçue.

(22)

Résultats

Parmi le sous-groupe des répondants qui ont déjà donné du sang (n = 489), il n’y a pas de différence significative quant au degré de satisfaction envers le dernier don de sang en fonction du sexe, du niveau de scolarité, du statut civil, de la région de résidence et de l’état de santé perçue. Une différence significative a été observée au niveau de l’âge; les individus âgés entre 30 et 39 ans sont plus nombreux à être insatisfait (55,0% vs 45,0%) (χ2 = 7,9; df = 3, p < ,05).

Tableau 6 : Comparaison des répondants ayant déjà donné du sang à ceux n’ayant jamais donné

Variables Jamais donné

(n = 627) Déjà donné

(n = 489) p n (%) n (%)

ÂGE 18-29 ans

30-39 ans 40-49 ans 50-70 ans

182 (29,3) 140 (22,5) 150 (24,2) 149 (24,0)

54 (11,1) 101 (20,7) 136 (27,9)

197 (40,4) < ,0001 SEXE Femme

Homme

368 (58,9)

257 (41,1) 241 (49,4)

247 (50,6) < ,01 STATUT CIVIL Célibataire

Marié/conjoint de fait Divorcé/séparé/veuf

180 (28,8) 392 (62,7) 53 (8,5)

84 (17,2) 340 (69,7)

64 (13,1) < ,0001 SCOLARITÉ Primaire/secondaire

Cegep/université

258 (41,3) 367 (58,7)

172 (35,3)

316 (64,8) < ,05 RÉGION Montréal

Québec Autres

251 (42,0) 108 (18,1) 239 (40,0)

193 (40,2) 81 (16,9)

206 (42,9) n.s.

SANTÉ PERÇUE Mauvaise/moyenne Bonne/excellente

70 (11,2) 557 (88,8)

38 (7,8)

451 (92,2) n.s.

BESOIN DE SANG DANS

L’ENTOURAGE Connaît quelqu’un Ne connaît pas

297 (47,6) 327 (52,4)

285 (58,9)

199 (41,1) < ,001 COLLECTE À PROXIMITÉ Oui

Non

Ne sais pas

378 (60,5) 88 (14,1) 159 (25,4)

340 (69,5) 72 (14,7)

77 (15,8) < ,001 Pour chacune des variables il y avait quelques données manquantes, de telle sorte que le nombre total des répondants n’ayant jamais donné du sang et ayant déjà donné du sang n’est pas toujours respectivement de 627 et 489.

(23)

Résultats

Caractéristiques psychosociales

Le tableau 7 présente les données descriptives des variables psychosociales observées pour l’ensemble des répondants. On observe une moyenne d’intention de faire un don de sang au cours des six prochains mois qui se situe à 2,84 sur une échelle variant de 1 à 5. Ce niveau d’intention indique que l’ensemble de l’échantillon exprime un niveau de motivation neutre. En ce qui a trait aux autres variables psychosociales, elles ont dans la très grande majorité des cas, des valeurs supérieures à 3, ce qui suggère un positionnement plus positif que négatif au regard des construits théoriques.

Tableau 7 : Description des variables psychosociales

Variables Nombre

d’items Moy. ± (Ét) Valeur min. Valeurs max.

Intention (INT) 3 2,84 ± 1,16 1,00 5,00

Attitude (Aact) 6 3,28 ± 0,59 1,00 5,00

Croyances comportementales (b) 6 4,15 ± 0,55 1,33 5,00 Norme subjective (SN) 3 3,46 ± 0,83 1,00 5,00 Croyances normatives (nb) 3 3,85 ± 0,89 1,00 5,00 Rôles sociaux perçus (RS) 3 3,95 ± 0,74 1,00 5,00 Identité personnelle (IP) 5 3,13 ± 0,75 1,00 5,00 Perception du contrôle (PBC) 3 3,16 ± 0,97 1,00 5,00 Croyances de contrôle (SEFF) 10 3,04 ± 0,76 1,00 5,00 Efficacité personnelle perçue (SE) 4 2,98 ± 0,91 1,00 5,00 Facteurs facilitants (FF) 6 3,09 ± 0,82 1,00 5,00 Regret anticipé (RA) 3 2,66 ± 0,98 1,00 5,00 Sentiment positif anticipé (SP) 3 3,91 ± 0,85 1,00 5,00 Norme descriptive (ND) 2 2,57 ± 1,04 1,00 5,50 Convictions personnelles (PNB) 3 3,38 ± 0,89 1,00 5,00

Justice (Just) 3 3,75 ± 1,02 1,00 5,00

Bienfaisance (Bien) 3 4,19 ± 0,96 1,00 5,00 Autonomie (Auto) 3 3,68 ± 1,05 1,00 5,00

La figure 1 indique les pourcentages des répondants présentant une intention faible de faire un don de sang au cours des six prochains mois comparés à ceux qui ont une intention élevée parmi l’ensemble des participants ainsi que pour les sous-groupes qui ont déjà donné du sang et ceux qui n’en ont jamais donné. On remarque que c’est parmi les individus qui ont déjà fait au moins un don de sang au cours de leur vie où l’on retrouve la plus grande proportion de répondants qui

(24)

Résultats

ont une intention élevée de donner du sang. En effet 58,9% des répondants qui ont déjà fait un don de sang mentionnent une intention élevée alors que seulement 25,1% des individus qui n’en ont jamais fait ont une intention élevée.

Figure 1 : Niveau d’intention en fonction de l’expérience de don de sang

0 10 20 30 40 50 60 70 80

L'ensemble Déjà donné Jamais donné

Expérience de don de sang

Pourcentage

Intention faible Intention élevée

Parmi les individus qui ont déjà fait un don de sang, on remarque que les individus qui ont donné du sang récemment sont proportionnellement plus nombreux à avoir une intention élevée de faire un don au cours des six prochains mois comparativement à ceux qui ont fait un don depuis plus d’une année. Au cours des trois périodes d’observation, les proportions de personnes ayant une faible intention par rapport à celles qui ont une intention élevée étaient les suivantes : 6,67% vs 93,33% (depuis moins d’un an), 26,95% vs 73,05% (depuis plus d’un an mais moins de cinq ans) et 67,98% vs 32,02 % (il y a plus de cinq ans) (Figure 2).

Figure 2 : Niveau d’intention en fonction de la proximité du dernier don de sang.

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Don < 1 an Don > 1 et < 5 ans Don > 5 ans Proximité du dernier don

Pourcentage Intention faible

Intention élevée

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