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L'économie du Bâtiment et des Travaux publics

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Q U E S A I S - J E ?

L'économie du Bâtiment

et des Travaux publics

J E A N - C L A U D E T O U R N I E R Contrôleur de gestion

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D U M Ê M E AUTEUR

I - LIVRES

Gagner de l'argent à la Bourse, Paris, Les Éditions d'Organisation, 1974.

Savoir gérer l'entreprise face à l'inflation. Vers une comptabilité indexée, Paris, Les Éditions d'Organisation, 1977.

Su gestion frente a la inflación (trad. espagnole de l'ouvrage précédent), Barcelona, Editorial Hispano Europea, 1980.

Table des méthodes d'évaluation d'une entreprise, Paris, Les Éditions d'Or- ganisation, 1978, 3 éd., 1982.

Tabla de metodos de evaluación de una empresa (trad. espagnole de l'ou- vrage précédent), Madrid, Edersa, 1981.

L'impôt sur la fortune (table), Paris, Les Éditions d'Organisation, 1983.

Gérer un mini-portefeuille en Bourse, Paris, Les Éditions d'Organisation, 1986, 2 éd., 1988.

Como invertir en Boisa (trad. espagnole de l'ouvrage précédent), Madrid, Paraninfo, 1989.

Méthodes d'évaluation d'une entreprise (table), Paris, Les Éditions d'Or- ganisation, 1990.

Lexique des normes comptables européennes (table en cinq langues), Paris, Les Éditions d'Organisation, 1991.

Terminologia contable europea (trad. espagnole de l'ouvrage précédent), Barcelone, Ediciones Gestion 2000, 1992.

L'investissement foncier en Bourse, Paris, PUF, coll. « Q u e sais-je?», 1995.

II - ARTICLES

Vers une normalisation boursière des grandes valeurs de Bâtiment, Tra- vaux publics?, Analyse financière, 3 trimestre 1988.

L'évaluation d'une station intégrée de montagne, Analyse financière, 2 trimestre 1989.

ISBN 2 13 048443 3

Dépôt légal — 1 édition : 1998, janvier

© Presses Universitaires de France, 1998 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

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INTRODUCTION

Les activités liées à la construction de bâtiments et aux Travaux publics sont très anciennes. Le fait de bâtir un habitat durable coïncide avec l'apparition des premières civilisations sédentaires. De même, les Travaux publics sont liés aux manifestations initiales des sociétés organi- sées dont ils constituent souvent l'une des traces les plus visibles. A ce sujet, il suffit d'évoquer la construction des Pyramides d'Égypte, trois mille ans avant notre ère, puis plus tard, les ouvrages de l'Empire romain (monuments, aqueducs, routes).

L'importance de cette activité du Bâtiment et des Tra- vaux publics (en abrégé, BTP) a perduré à travers toute l'his- toire; la construction continue de constituer à l'époque contemporaine un secteur très important qui reflète assez bien les tendances générales de l'économie. Un axiome affirme ainsi : « Quand le Bâtiment va, tout va. »

Le BTP est une activité de production de biens d'inves- tissement. Mais ce secteur présente des caractéristiques très particulières qui le différencie fortement, de l'industrie classique et des services.

Cette spécificité est marquée à la fois :

— par les caractéristiques du bien produit ;

— par le lieu de production ;

— par la nature du lien entre le producteur (désigné sous le terme imagé d'entrepreneur) et le client.

A la différence de l'industrie qui fournit un flux de biens

donnés dans un lieu de production stable, lieu qui est

occupé par la firme industrielle concernée, l'entrepreneur

de travaux assure la construction d'un ouvrage, normale-

ment unique, sur un terrain appartenant en général à son

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client. Par ailleurs, cet ouvrage n'est construit que sur la demande expresse de ce client et non pas à l'avance, pour être vendu ensuite (comme c'est le cas dans l'industrie).

Le socle de toute l'activité du BTP est le chantier ou projet. C'est à partir du module de base des chantiers que sont constituées les entreprises de BTP et, plus générale- ment, toute la profession qui en tire sa spécificité très forte.

Lorsqu'un ouvrage est terminé, l'entrepreneur doit trouver un autre projet à réaliser (en fait une entreprise de travaux de taille significative, réalise, bien entendu, plu- sieurs ouvrages en parallèle).

La succession de ces différents chantiers rend ainsi l'ac- tivité du Bâtiment et des Travaux publics :

— discontinue ;

— nomade.

Dans une première partie, on étudiera les aspects éco-

nomiques des chantiers ; dans une deuxième partie, ces

mêmes aspects économiques, à l'échelon des entreprises

de travaux ; et enfin, dans une troisième partie, l'écono-

mie de l'ensemble professionnel du Bâtiment et des Tra-

vaux publics.

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PREMIÈRE PARTIE

LES CHANTIERS OU PROJETS

Chapitre 1

CARACTÉRISTIQUES PRINCIPALES DES OUVRAGES DE BÂTIMENT ET DE TRAVAUX PUBLICS

Comme on l'a déjà indiqué succinctement dans l'intro- duction, un ouvrage de BTP présente des caractéristiques bien particulières.

On reviendra en détail sur chacune de ces données propres.

I. — L'ouvrage de BTP est un ouvrage unique

A la différence d'un bien industriel fabriqué en grande quantité, l'ouvrage de BTP n'est pas un produit de série mais un « prototype » (à quelques exceptions près, comme les maisons individuelles proposées en standard par quelques entreprises de bâtiment). Ce phénomène est dû aux spécificités externes et internes des projets.

Les spécificités externes sont liées au fait que les

ouvrages de BTP classiques (ponts, barrages, tunnels) sont

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tous insérés dans un site particulier auquel ils doivent être adaptés (par exemple la largeur d'un fleuve détermine la longueur du pont qui doit le traverser ; les conditions géo- logiques locales règlent les caractéristiques d'un barrage ou d'un tunnel).

Les spécificités internes concernent l'ouvrage lui-même qui doit répondre à tel ou tel impératif correspondant aux besoins du client (capacité d'un barrage déterminée par les volumes de production d'hydroélectricité ou d'irriga- tion programmés, gabarit d'un tunnel qui sera fonction de la nature du trafic prévu, etc.).

Ceci explique que chaque ouvrage doit faire l'objet d'une étude avant sa construction. Cette étude est plus ou moins importante selon la taille et la difficulté du projet.

Certes, il peut exister des ouvrages de caractère répéti- tif. Cela est particulièrement vrai dans le Bâtiment et se rencontre également dans les travaux pour l'industrie : on construira ainsi des centrales thermiques et nucléaires de tel ou tel type. Toutefois, les lieux d'implantation ne sont jamais totalement identiques et il existe fréquemment de

légères variantes d'une installation à l'autre.

II. — L'ouvrage de BTP a une nature immobilière

et un lieu de construction particulier

Une autre caractéristique du projet de BTP est sa nature immobilière et le fait qu'il est édifié sur un terrain qui n'appartient pas à son constructeur.

La nature immobilière (donc « non mobile ») du bien produit fait qu'il est nécessaire de le bâtir sur le lieu de son implantation de destination ou « site ».

Il en résulte que l'entrepreneur travaille sur un site qui n'est pas le sien propre mais, en général, celui du client, futur propriétaire de l'ouvrage (le client est d'ailleurs dénommé « Maître de l'ouvrage », l'entrepreneur étant le

« Maître d'œuvre »).

Cette caractéristique différencie les activités de préfabri-

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cation qui ont un caractère industriel, de l'acte de cons- truire proprement dit. La préfabrication d'éléments desti- nés à la construction de bâtiments (parties de façade, escaliers, etc.) se fait, la plupart du temps, sur un site propre au fabricant. Elle est totalement différente des acti- vités de montage de ces éléments, lesquelles sont du res- sort de la profession du BTP.

L'environnement du site du chantier peut être de nature très diverse, en ville, à la campagne, ou encore dans une zone difficile (aire montagneuse par exemple). Le site peut se trouver sur un lieu éloigné de la base professionnelle du constructeur, éventuellement hors du territoire national pour une entreprise exportatrice.

Pour certains chantiers « à la grande exportation », les sites et les milieux retenus peuvent présenter des conditions extrêmes (travaux dans les déserts du Sahara ou d'Arabie Saoudite, dans les forêts équatoriales d'Amazonie ou de Nouvelle-Guinée -

Papouasie).

En altitude, les possibilités de construction sont limitées dans le temps par l'enneigement : dans les Alpes, on ne peut bâtir que de mai à novembre. Des contraintes de même type existent dans les pays froids comme le Canada. Il en a résulté dans ce dernier territoire, un fort développement des techniques de préfabrica- tion. En effet, la préfabrication en usine, d'éléments de bâtiment, réduit d'autant le montage à l'air libre sur le site. Toujours au Canada, dans la baie James, pour assurer une prise correcte du béton, les travaux sont parfois exécutés sous hangar démontable.

De façon générale, l'entrepreneur doit se préoccuper :

— de la mise en état du site (par exemple aplanissement, débroussaillage) ;

— des contraintes géologiques du sol (pour l'implanta- tion et le support des ouvrages) ;

— des contraintes climatiques locales ;

— de l'accès au site (distance et commodité d'accès) ;

— de la disponibilité du site : par exemple, des travaux effectués en ville supposent un arrêt de la circulation (piétonne ou automobile) sur certaines emprises et pour des durées plus ou moins longues.

De façon analogue, dans le métro parisien, les travaux d'en-

tretien ne se font, sauf exception, que de nuit, entre 2 heures et

5 heures du matin.

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Dans le même ordre d'idée, on peut citer le cas extrême de certains chantiers tel que celui de la première ligne du métro du Caire en 1981-1982: durant des mois le démarrage effectif du chantier fut paralysé par l'impossibilité d'arrêter, dans la pratique, la circulation cairote ; une seule excavation put être commencée dans la cour du ministère des Transports... Puis des mesures énergiques des autorités locales débloquèrent la situation.

III. - L'ouvrage de BTP a un prix de revient et un prix de vente

non totalement définis à l'avance

Pour un produit industriel, le prix de revient et le prix de vente sont définis, au départ, de façon précise. La marge à réaliser sur ce produit (c'est-à-dire l'écart entre les deux termes précédents) est donc également bien pré- visible et son montant peut être piloté par le producteur.

Les paramètres financiers d'un projet se présentent très différemment.

Certes les notions de prix de revient et prix de vente apparaissent au niveau du devis établi dans le cadre de l'offre présentée au client. A ce stade, l'entrepreneur calcule un prix de revient de l'ouvrage, à partir des données en sa possession. Ce prix de revient est majoré d'une marge jugée raisonnable. L'addition des deux termes, prix de revient et marge, constitue le prix de vente proposé au client.

Toutefois, le prix de revient ainsi établi a priori, est très théorique. Il va être influencé ultérieurement par le dérou- lement du chantier. En effet, l'entrepreneur a une obliga- tion de résultat et doit mener à bien le projet, quelles que soient les péripéties rencontrées. A ce sujet, on va retrou- ver les aléas évoqués précédemment ainsi que des varia- tions de prix souvent connexes.

1. Aléas.

— Aléas géologiques. Les études géologiques préalables à un projet ne sont jamais exhaustives et il existe toujours des imprévus en ce domaine, qui peuvent retarder la

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marche du chantier. Cela est particulièrement vrai en matière de travaux souterrains (par exemple, roche plus dure que prévu ou au contraire tellement peu compacte que des éboulements se produisent, poches d'eau, etc.).

A titre d'exemple, on pourra citer le chantier du Guavio (Colombie) lancé en 1982. Ce projet constitue sans doute une synthèse de toutes les difficultés géologiques : il s'agissait, en par- ticulier, de la construction d'une vaste salle souterraine dans la Cordillère des Andes dans le cadre d'un grand ouvrage hydro- électrique. La roche s'est avérée extrêmement friable et de nom- breux éboulements se sont produits. Il a fallu finalement congeler le sol pour parvenir à bétonner la salle souterraine (de 60 m de haut !). On imagine les frais engendrés par un tel procédé dans un site éloigné de toute agglomération.

— Aléas climatiques. En dehors des contraintes climati- ques habituelles propres au lieu où se déroule le chantier, des perturbations météorologiques exceptionnelles peu- vent se présenter.

Les travaux en extérieur sont parfois gênés par des intempéries hivernales ou autres (inondations). Dans les pays tropicaux, ces aléas climatiques revêtent souvent des formes variées et redoutables : pluies torrentielles, typhons.

— Aléas techniques. Les moyens prévus au devis pour la mise en œuvre du chantier peuvent être insuffisants :

— nombre d'heures d'études et/ou de main-d'œuvre sur le chantier, sous-évalué ;

— fournitures à incorporer dans l'œuvre, plus impor- tantes que prévu ;

— matériel également insuffisant ou qui tombe en panne.

La technique utilisée peut être mal maîtrisée. Ce sera parfois le cas, lors de la mise en œuvre de procédés nou- veaux ou pour la réalisation d'ouvrages d'une dimension encore jamais atteinte.

— Aléas humains. Le chantier est tributaire d'aléas éventuels qui peuvent lui être propres (par exemple, grèves du personnel, démissions dans l'encadrement) ou qui proviennent de l'environnement local (troubles politi- ques, sociaux, difficultés avec les autorités).

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Ces problèmes sont particulièrement importants pour les chantiers situés dans les pays du Tiers Monde.

Dans les années 60-70 où les chantiers à la grande exportation étaient abondants et la main-d'œuvre locale encore peu formée, les entreprises envoyaient de nombreux expatriés. Ces derniers étaient donc très recherchés, notamment par les entreprises fran- çaises. Aussi, il n'était pas rare qu'une fois arrivés par avions charter, ces expatriés se mettent en grève en indiquant que les conditions de rémunération prévues dans leur contrat de travail, ne correspondaient pas aux difficultés et au coût de la vie du pays considéré.

2. Variations des prix de revient et de vente. — Indépen- damment des aléas que l'on vient de citer, les ouvrages ne sont jamais totalement définis à l'avance, surtout s'il s'agit de grands projets.

L'enveloppe des travaux figurant au marché est en pra- tique plus estimative que définitive (on reviendra sur ce sujet à propos des caractéristiques des marchés de cons- truction), car, aussi bien le client que l'entrepreneur ne sauraient prévoir à l'avance les moindres détails dans l'exécution. Cette dernière est d'ailleurs largement influencée par les aléas décrits ci-dessus.

Par ailleurs, pour un projet qui dure plusieurs années, les conceptions peuvent évoluer. Chez le client, les décideurs en charge du projet, sont susceptibles d'être mutés avant que le pro- jet soit terminé. Les nouveaux responsables amèneront de nou- velles idées, au moins dans les détails. D'autre part, les pro- blèmes rencontrés en cours de réalisation, peuvent faire modifier les solutions retenues au départ.

La masse des dépenses varie donc de ce fait.

La masse des recettes peut également évoluer. En rai- son des changements et des suppléments de travaux demandés (plus-values ou extra w o r k s le client est amené à signer des avenants au contrat (change orders).

L'inflation entraîne aussi des révisions de prix au fur et à mesure du déroulement du chantier, dans la mesure où des clauses contractuelles sont inscrites à cet effet dans le marché.

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Chapitre II

T Y P O L O G I E D E S P R O J E T S E T C H A N T I E R S

Le premier chapitre a permis de constater que les pro- jets ont en commun un ensemble de caractéristiques très typées. Toutefois ces projets, et les chantiers qui en sont la mise en œuvre, peuvent être de nature bien différente même s'ils se rattachent tous à l'acte de construire.

Ces différences peuvent être classées selon les critères suivants :

— nature de travaux ;

— nature de marché ;

— entrepreneur unique ou multiple ;

— mode de financement du marché.

I. — Nature de travaux Il existe de nombreux types de travaux.

1. Une première classification distingue le Bâtiment et les Travaux publics1. — Les activités de Bâtiment concer- nent les travaux relatifs à l'habitat individuel (pavillons) et collectif (immeubles) et aussi à l'hébergement profes- sionnel (immeubles de bureaux, commerciaux, scolaires, de loisirs et hôtels).

1. En France il existe effectivement un syndicat propre à chacun de ces deux grands métiers : la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) et la Fédération nationale du bâtiment (FNB).

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Le «New Deal» de Roosevelt aux États-Unis (1933) a lancé la construction d'équipements importants dont les travaux de barrage de la « Tenessee Valley Authority » sont restés l'élément le plus emblématique. De même la construction d'un réseau d'autoroutes a joué un rôle important dans la réduction du chô- mage en Allemagne à partir de 1933.

P a r ailleurs, plus récemment, les « T r e n t e Glorieuses » o n t coïncidé avec la politique de reconstruction nécessitée p a r les destructions de la deuxième guerre mondiale.

C) Incidence de la croissance du BTP sur les importations.

— L a relance d e l'activité p a r le BTP induit-elle une dégra- d a t i o n des échanges extérieurs ? Cette question a été posée en F r a n c e d a n s les années 80. Certes, on peut imaginer de relancer l'économie p a r u n p l a n de g r a n d s t r a v a u x et d e logements supplémentaires. E n c o r e faut-il qu'il n ' e n résulte pas u n accroissement excessif des importations. Les enquêtes menées à ce sujet o n t m o n t r é que le BTP était fai- blement i m p o r t a t e u r : la p l u p a r t des m a t é r i a u x de cons- truction utilisés sont p r o d u i t s en France. L a principale i m p o r t a t i o n engendrée p a r le BTP est celle d u c a r b u r a n t , lequel représente seulement 3 % des c o û t s d e l'activité.

D ) Politiques sociales du logement. — U n gouverne- m e n t p e u t e n c o u r a g e r l'accès à la propriété o u a u contraire les logements sociaux, o u éventuellement les deux à la fois. Les aides de l ' É t a t sont un facteur de crois- sance p o u r la c o n s t r u c t i o n neuve.

2. L'incidence des guerres.

A) Construction d'ouvrages défensifs. — Les ouvrages de défense militaire représentèrent j u s q u ' à u n e é p o q u e récente des m a r c h é s i m p o r t a n t s .

La muraille de Chine constitue sans doute la plus vaste ligne de défense jamais construite. On connaît les textes célèbres de Vauban, qui relatent ses rapports difficiles avec les entrepre- neurs. Ceux-ci réclamaient sans cesse des sommes supplémen- taires, dans le cadre de la construction de forteresses aux fron- tières. Plus récemment, la ligne Maginot avant 1939 et le mur de l'Atlantique durant la période 1940-1944, constituèrent en

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France, des marchés importants. Le coût de la ligne Maginot a représenté plus de 8 milliards de francs constants 1996.

Les conflits guerriers n'entraînent pas que la construction d'ouvrages défensifs. Ainsi les principales lignes du réseau de che- mins de fer indiens ont été mises en place après la révolte des Cipayes, pour permettre le transport rapide des troupes britanni- ques d'un bout à l'autre du subcontinent.

B) Périodes de reconstruction. — A l'époque moderne, la France a connu une grande période de reconstruction après chacune des deux guerres mondiales. Toutefois, la reconstruction initiée après 1918 a seulement concerné les régions envahies et dévastées par les combats, c'est-à-dire le Nord et l'Est. La deuxième reconstruction, après 1945, a été beaucoup plus importante et s'est muée peu à peu en croissance pour rattraper le retard pris en matière de logement dans les années 30 et accompagner le babyboom qu'a connu la France au cours des deux premières décen- nies d'après-guerre.

VI. — Le BTP et l'exportation

1. La dynamique de l'exportation. — Une autre manière de relancer une activité de travaux languissante est l'ex- portation. En tout état de cause l'exportation représente un volume important à l'échelon mondial des activités de travaux.

Dans le BTP, l'exportation a des caractéristiques parti- culières. En effet, la plus grande part de l'activité « expor- tation » se déroule dans le pays du site du chantier et non dans l'État exportateur. Celui-ci fournit cependant l'enca- drement général et une partie plus ou moins importante des études.

Les principales « cibles » des exportateurs sont naturel- lement les pays qui n'ont pas les capacités techni- ques requises pour effectuer des travaux un peu complexes.

Plus les spécialités concernées sont «pointues» (par exemple le génie nucléaire ou les trains à grande vitesse), plus les pays concernés par l'importation sont nombreux.

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Les pays en voie de développement et même les petits pays développés qui ne disposent pas de très grandes entreprises sont naturellement concernés.

Par ailleurs, des positions détenues dans un pays peuvent ser- vir à exporter vers un pays tiers. Ainsi, détenir une société de tra- vaux aux États-Unis donne des introductions pour le Canada. Il en est de même de la Belgique vis-à-vis du Zaïre, de la France pour les pays d'Afrique francophone.

L'exportation de BTP est en général encouragée par les grands pays. Le BTP est à la fois, par lui-même, une exportation de savoir-faire et un vecteur de vente à l'étranger de produits indus- triels. Les encouragements peuvent être la conséquence indirecte des politiques d'aide au Tiers Monde (prêts à bas taux sur pro- tocole qui prévoient le recours à des entreprises de la nationalité du prêteur). Ce peut être aussi la mise en place d'organismes para-étatiques d'assurance du commerce extérieurs (cf. la COFACE en France)...

Enfin de plus en plus, l'action diplomatique des grands États vise à favoriser l'exportation nationale dont celle de BTP. Un conseiller économique spécialisé est ainsi en place dans un cer- tain nombre d'ambassades françaises à l'étranger.

A l'inverse, beaucoup d'États mènent une politique protec- tionniste, parfois ouverte, parfois cachée (notamment dans le cadre européen pour les Quinze). Selon les schémas traditionnels en ce domaine, appliqués d'ailleurs aussi à d'autres activités que le BTP, les administrations et les entreprises publiques édictent parfois des règles très sévères et complexes, qui rendent très diffi- cile l'obtention de marchés pour les non-nationaux. Par ailleurs, les pays en voie de développement limitent étroitement les possi- bilités d'entrée de personnels expatriés : par exemple, l'entreprise exportatrice doit démontrer qu'elle ne peut trouver sur place le spécialiste dont elle a besoin, avant de pouvoir faire venir un de ses salariés d'origine.

D'après les statistiques relatives à l'année 1995, l'ex- portation de BTP représentait environ 120 milliards de dollars américains, soit approximativement 5 % de l'acti- vité mondiale de la profession. L'essentiel des exporta- tions concerne les Travaux publics, la part du Bâtiment étant faible.

Par zone d'activité, les exportations réalisées par les 225 premiers groupes mondiaux se répartissaient ainsi :

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Commandes de BTP prises à l'exportation (Monde entier par marché. Exercice 1995).

Parts significatives : Européens en Europe : 20 % ; Japonais en Extrême-Orient Pacifique : 16 % (source : ENR, 26 août 1996).

Historiquement, il semble bien exister une complémen- tarité entre marché national et activité à l'exportation. A une période d'activité intérieure intense succède souvent le relais né d'un accroissement des travaux à l'exportation.

Ainsi, la reconstruction en France s'est essoufflée à partir des années 70. La crise pétrolière a permis une réorientation de l'ac- tivité vers le Moyen-Orient, le Nigeria, le Venezuela.

A une époque plus ancienne, la fin des grands travaux de che- mins de fer en France vers 1870, a été marquée par un dévelop- pement des activités à l'exportation de construction de voies fer- rées dans les colonies d'Afrique, en Indochine et en Europe orientale. De leur côté, les Anglais qui avaient achevé la plus grande part de leur réseau intérieur dès 1860 construisirent notamment les chemins de fer indiens et argentins.

2. Les expatriés. — L'exportation de BTP a engendré

une population assez particulière, celle des expatriés. Il

convient de s'attarder un instant à son sujet car ils ont

joué un rôle important dans l'économie du BTP à l'ex-

portation.

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Le XIX siècle a vu les premiers chantiers à la grande exportation et donc les premiers «grands» expatriés.

Ceux-ci se sont toujours caractérisés par leur sens pra- tique extraordinaire devant toutes les circonstances et leur loyauté vis-à-vis de l'entreprise.

On cite le cas de ce chef d'agence d'Afrique noire, totalement isolé de son siège parisien entre 1940 et 1944 et qui se présenta à son Président après la Libération, pour rendre compte et lui apporter les bénéfices qu'il avait réalisés dans son Agence, durant la guerre.

Les années 70 marquent l'âge d'or des expatriés. Ceux- ci pratiquent plus un genre de vie qu'un métier. En effet, on rencontre parmi eux des personnes de toutes spéciali- tés : ingénieurs, cadres administratifs, techniciens et ouvriers spécialistes.

Ils se sont caractérisés alors, tout au moins ceux envoyés par les entreprises françaises, par de hautes rémunérations. Compte tenu d'un supplément de rémunération couramment égal à 30 % du salaire métropolitain et des indemnités de vie locale, leurs appointements globaux étaient de l'ordre du double de ce qu'ils auraient perçu en France.

Cette période faste est maintenant terminée. Les entreprises ont pu recruter de plus en plus une main-d'œuvre qualifiée moins oné- reuse, soit sur place, soit dans des pays tiers, comme on l'a vu.

Par contre subsiste une vie plus ou moins difficile selon le pays où est réalisé le chantier et selon la zone géographique exacte où il est situé. En Indonésie, travailler à Djakarta est apprécié, travailler dans la jungle de Bornéo est évidemment beaucoup plus rude. L'environnement local conditionne la vie de famille (présence ou pas de l'épouse et des enfants).

Ces expatriés sont loin d'avoir tous la nationalité de l'entre-

prise qui les envoie. Ils constituent au contraire un groupe très

international. Souvent une firme recrute des embauchés locaux

dans le cadre d'un grand chantier réalisé dans un pays A. Quel-

ques-uns, les meilleurs, sont conservés par l'entreprise et émi-

grent avec elle si celle-ci s'en va dans un pays B ou réduit son

activité locale. Il y a aussi des « spécialistes » de tel ou tel contrée,

par exemple « un Australien connaissant la Malaisie ». Une telle

personne sera recherchée par l'entreprise qui s'installe pour la

première fois à Kuala Lumpur.

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C h a p i t r e V I I I

L E B T P E T L A B O U R S E

1. — L e BTP est souvent le m a l - a i m é d e la B o u r s e

S a u f exceptions, le BTP est u n secteur é c o n o m i q u e p e u prisé des Boursiers. O n lui r e p r o c h e son m a n q u e de prévi- sibilité et le caractère erratique d u cours des actions.

1. Les résultats du BTP sont imprévisibles et les comptes peu lisibles. — L a Bourse classe les sociétés de BTP d a n s les valeurs « cycliques » avec les conséquences habituelles relatives à cette catégorie d'actions.

Les ratios de capitalisation sont p e u élevés, aussi bien d a n s le bas des cycles p e n d a n t lesquels les résultats sont m a u v a i s et d o n c les capitalisations très basses, q u ' e n h a u t de cycle. D a n s ce dernier cas, les m a r c h é s financiers tien- nent c o m p t e d u m a n q u e de pérennité d ' u n climat écono- m i q u e favorable et des bons résultats qui a c c o m p a g n e n t la prospérité.

P a r ailleurs, si les résultats des sociétés qui a r r ê t e n t leurs c o m p t e s à l ' a v a n c e m e n t suivent d'assez près la chro- nologie d u cycle é c o n o m i q u e , ceux des sociétés qui déga- gent leurs résultats à l'achèvement présentent u n e bien m o i n s g r a n d e synchronicité avec la conjoncture.

En effet, compte tenu de la durée de certains grands contrats, les résultats positifs dégagés sur de grandes affaires prises à une époque de prospérité peuvent n' « émerger » qu'au moment où la conjoncture s'est retournée. Ces résultats servent alors de contre- partie aux arrêts d'affaires de durée plus faible prises dans un cli-

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mat économique moins bon, ou aux provisions à constituer sur ces affaires de même type, dont le résultat prévisionnel est une perte.

Cependant, la Bourse est ponctuellement sensible aux annonces relatives à la commande obtenue de tel ou tel grand contrat, alors que son effet sur les comptes, sera, pour les mêmes raisons qu'exposé ci-dessus, tardif et dilué. Par ailleurs, il n'aura pas nécessairement un effet favorable sur ces mêmes comptes. Cet effet dépendra, de la qualité des résultats du chantier.

L'analyse des c o m p t e s des sociétés d u BTP est d o n c un exercice délicat. Le m a n q u e d'aisance de l'activité à s'in- sérer d a n s le cadre des c o m p t e s annuels et l'existence des

« en cours » t a n t actifs que passifs qui peuvent servir à piloter le résultat, f o n t q u ' u n e p a r t de la réalité reste i n c o n n u e de l ' o b s e r v a t e u r extérieur.

P o u r les analystes financiers, les prévisions de résultat sont d o n c difficiles à établir et p e u fiables.

2. Les cours des actions de sociétés de BTP sont extrê- mement volatiles. — Les cours des sociétés qui n'exer- cent q u ' u n e mono-activité sont très tributaires des varia- tions de cette activité. C e p e n d a n t les sociétés a y a n t plusieurs métiers ( p a r exemple b â t i m e n t et installation électrique) t e n d e n t à plus de stabilité. Cette tendance à une certaine stabilisation peut être encore plus m a r q u é e d a n s le cas de diversifications d a n s d'autres activités elles-mêmes relativement stables (cas de TF1 a u niveau des résultats de Bouygues, de C o f i r o u t e p o u r Eiffage et GTM-Entrepose).

Toutefois, il convient de noter que le g r a n d effort de diversification entrepris à partir des années 80 vers la pro- m o t i o n immobilière (métier en fait extérieur a u BTP) a été un échec financier à partir de 1991, n o t a m m e n t en France. Cet échec a mis à m a l les sociétés de t r a v a u x et leur vie boursière.

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II. — A long t e r m e

la rentabilité du BTP est assez faible

U n e x a m e n d u BTP sur le long terme d o n n e des élé- m e n t s assez mitigés. L a capitalisation boursière ne suit pas les a p p o r t s des actionnaires, effectués depuis l'origine des sociétés.

U n tableau r e t r a ç a n t les performances boursières des principales sociétés françaises d u secteur cotées en 1969 appelle deux r e m a r q u e s :

— le m a i n t i e n en p o u v o i r d ' a c h a t des fonds a p p o r t é s n'est pas assuré, sans que toutefois, la perte soit très significative sur l'ensemble (— 1 6 % ) ;

— les performances, société p a r société, sont extrême- m e n t inégales. Certaines entreprises o n t assuré une croissance i m p o r t a n t e des fonds confiés p a r les action- naires. D ' a u t r e s o n t presque t o u t perdu.

Ceci explique q u e l'on ne retrouve q u e quelques-unes des firmes citées e n 1969 d a n s les sociétés cotées en 1996.

T o u t e s les autres o n t été absorbées p a r un groupe, o u rachetées, o u o n t déposé leur bilan.

Quelques nouvelles sociétés sont entrées en Bourse.

C e p e n d a n t , e n 1996, les sociétés de BTP a p p a r a i s s a n t à la cote sont relativement p e u nombreuses.

Actuellement, parmi les cinq majors, quatre d'entre eux sont cotés en Bourse (Bouygues, GTM-Entrepose, Eiffage et SGE).

Mais pour trois de ceux-ci, la cotation ne concerne qu'une petite fraction du capital. Toutefois la qualité de «major» semble conférer une certaine longévité boursière.

Le retrait de la cote ne se fait pas nécessairement a u d é t r i m e n t des actionnaires minoritaires.

1. Depuis l'origine et traduits en francs constants 1969. La date de 1969 a été choisie parce que précédant le début des grandes restructu- rations du secteur, qui ont commencé dans les années 70.

(21)

Évolution de la valeur des principales sociétés françaises de BTP cotées en 1969 (A)

(millions de francs constants 1969)

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L'exemple de CBC montre que les difficultés d'une société de travaux patronnée par un grand groupe, peuvent ne pas entraî- ner de mauvaises affaires pour les petits actionnaires. Le même phénomène avait joué pour SPIE Batignolles en 1995'.

Les sociétés britanniques ont connu des problèmes semblables même si la liste des sociétés apparaissant en Bourse a peut-être moins connu de changements que dans le cas de la France.

Une étude des entreprises américaines montre également des phénomènes de variations très importants dans le domaine de la pérennité des firmes en Bourse.

Si au niveau de chaque entreprise, l'évolution est donc heurtée, les indices boursiers afférents au BTP présentent, par contre une plus grande normalité, par rapport aux évolutions générales de la Bourse. Le tableau qui suit montre seulement un léger décalage des indices du BTP par rapport aux autres activités (sauf en Grande-Bretagne où, il est vrai, la période de référence choisie est très longue).

Toutefois, la composition des indices varie. Les sociétés en difficulté sont la plupart du temps retirées, tandis qu'entrent des firmes dynamiques. Ces entrées et sorties contribuent à lisser les évolutions.

Pour conclure en ce domaine, on indiquera que, mal- gré toutes ces difficultés, le BTP peut être, dans certains

1. SPIE Batignolles avait fait l'objet de la part de Schneider, d'une Offre publique d'échange favorable aux petits actionnaires.

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cas, la source d'opportunités d'investissement considéra- bles, pendant un temps, en général celui d'une équipe gagnante. Le BTP est cependant bien loin des superprofits nés d'une concurrence imparfaite, qu'on lui prête parfois.

Les ouvrages réalisés parlent au public. Mais leur soli-

dité et leur pérennité masquent les difficultés de la réalisa-

tion, tant sur le plan technique que financier. L'entrepre-

neur s'efface derrière son œuvre. Il n'a pas eu pour

autant, un cheminement économique facile pour la bâtir.

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