(y
FACULTÉ DE MÉDECINE DE PARIS. N°
20.THÈSE
POUR
DOCTORAT EN MEDECINE
Présentée et soutenue le 4 février 1862,
Par PAdii-JvLes T1LLAU1,
né à Aunay-sur-Odon(Calvados), Protecteuril la Faculté «le Médcciue de Paris, ancien Interne desHôpitauxetHospicescivilsde Paris(Médaille deBronze)
(EnfantsAssistés, 1858;Cochin, 1859; Saint-Louis, 1860;Clinique, 1861),
LauréatdesHôpitaux deParis(lreMentionauxdeuxConcoursdesPrixde l’Internat en1860et1861), LauréatdelaSociétémédico-psychologique(PrixEsquirol ,1856),
Lauréat del’ÉcoledeMédecinedeCaen, 1853, 1854, 1855 (PrixLe Sauvage,Médaille d’Or), ex-Prosecteuràl’ÉcoledeMédecineetex-interne desHôpitauxdeCaen
,
MembredelaSociétéAnatomiquede Paris.
DES CONDUITS EXCRÉTEURS
DES GLANDES SUBLINGUALE ET LACRYMALE.
DU ROLE DES SINUS DE LA FACE.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses partie*
de renseignementmédical.
PARIS.
R1GNOUX, IMPRIMEUR DE LA FACULTÉ DE MÉDECINE,
rueMonsieur-le-Prince, 31.
1862.
—
Tillaux.1862
FACULTE DE MÉDECINE DE PARIS
Professeurs.
M. le Barou P. DUBOIS, doyen.
MM.
Anatomie Physiologie Physique médicale
Histoire naturelle médicale
Chimie organique et chimie minérale Pharmacologie.
Hygiène..
Pathologie médicale Pathologiechirurgicale Anatomie pathologique
Pathologie et thérapeutique générales Opérations et appareils.
Thérapeutique et matière médicale Médecine légale
Accouchements, maladies des femmes en coucheset des enfantsnouveau-nés
JARJAVAY.
LONGET.
GAVARRET.
MOOUIN-TANDON.
WURTZ.
REGNAULD.
BOUCHARDAT.
jN.
GU
ILLOT.(MONNERET.
j
DENONV1LLIERS.
(GOSSELIN, Président.
CRU VEILH
IER,Examinateur.ANDRAL.
MALGAIGNE.
GRISOLLE.
TARDIEU.
BOUILLAUD.
IROSTAN.
|
PIORRY.
'trousseau.
VELPEAU.
ILAUGIER.
jNÉLATON.
[JOBERT DE LAMBALLE.
Cliniqued’accouchements P. DUBOIS.
Professeurs honoraires
>
MM. CLOQUET elADELON. —
Secrétaire,
M.
BOURBON.
Agrégés en exercice.
Clinique médicale,
Clinique chirurgicale
MM. AXENFELD. MM. FOUCHER.
BAILLON. GUBLF.R.
BARTH. GUILLEMIN.
BLOT.
HÉRARD.
BOUCHUT. LASÈGUE.
BROCA. LECONTE.
CHAUFFARD.
PAJOT.DELPECH.
REVEIL.DlICHAUSSOY.
RICHARD.
EMPIS,Examinateur. SAPPEY, Examinateur.
FANO. TRÉLAT.
FOLLIN.
VERNEU1L.
Pardélibération du 9décembre1798,l’École a arrêtéque les opinions émises dans lesdissertations qui luiseront présentéesdoivent être considéréescommepropresàleurs auteurs,etqu’ellen’enteBdleurdonner aucune approbationniimprobation.
A LA MEMOIRE
DE MON PERE.
A MES SOEURS.
A MON VIEUX COMPAGNON D’ÉTUDE ET MON MEILLEUR AMI,
LE D
RLÉON LABBÉ,
Aide d’Auatomie à la Faculté de Médecinede Paris, ex-interne Lauréatdes Hôpitaux de Paris, ex-interne Lauréat des Hôpitaux de Caen, etc. etc.
A MES MAITRES,
M. L. GOSSELIN,
Professeurde Pathologiechirurgicale à la Faculté de Médecine de Paris, Chirurgien de l’hôpital dela Pitié,
Membre de l’Académie impériale de Médecine, ex-Président de la Société de Chirurgie, Chevalier de la Légion d’Honneur,etc. etc.
(4'ochin
—
Internat, 18S9.)M. LONGET,
Membre
de l’Institut de France(Académie des Sciences), Professeur à la Faculté de Médecine de Paris,Membre
de l’Académie impériale de Médecine, Officier de la Légion d’Honueur, etc.À M. DE NON VIL LIERS,
Inspecteur général del’Enseigueuienl supérieur pour l’Ordre de la Médecine, Professeur de Pathologie chirurgicale à la Faculté deMédecine deParis,
Chirurgien de l’hôpital Saint-Louis,
Membre
de l’Académieimpériale de Médecine,Membre
de laSociété de Chirurgie,
Officier de la Légiond’Honneur, etc. etc.
Professeur de Clinique chirurgicale àla Faculté deMédecine deParis, Chirurgien del’hôpital des Cliniques,
Membre de l’Académieimpériale de Médecine,
Membre
de laSociété deChirurgie, Officier dela Légion d’Honueur,etc.etc.(Saint-Louis
—
luteruut, 1800.)Cliuitiue
—
Internat, 1801.)A M. ALFRED BLANCHE,
Conseiller d’Élat
,
Officier de la Légion d’Honneur, etc.
A MON PREMIER MAITRE,
M. VA ST EL,
Directeur de l’École secondairede Médecine de Caen, Médecin en Chef des Hôpitaux civils et militaires deCaen,
Chevalierde la Légion d’Honneur,etc.
A M. R É H IER,
Médecin del'hôpilal de la Pitié,
Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, Chevalier de la Légion d’Honneur,etc.
(Beaujon
—
Internat provisoire, ISSf.)A M. GIRALDÈS,
Chirurgieu de l’hôpital des Enfants Malades, Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris,
Chevalier de la Légion d’Honneur, etc.
(Enfants Assistés
—
Internat, 1858.)
A MON MAITRE ET AMI F. DOLBEAU,
Chirurgiendes Hôpitaux de Paris,
Professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris,etc.
(Cocltin, 1859.)
A M. BA1LLARGER,
Médecin de l’hospice de la Salpêtrière,
Membre
de l’Académie impériale de Médecine, Chevalier de la Légion d’Honneur, etc.(Externat, 1856.)
A MES PREMIERS MAITRES:
MM. LECHEVALLIiîR, LEPRESTRE, LE ROY LANJUIN1ÈRE, LECOEIJR,
LE BIDOIS ET MAHEUT,
Professeursà l’Ecole secondaire de Médecine de Caen.
A M. SAP PE Y,
Chef des Travaux anatomiques de la Facultéde Médecine de Paris.
A mes
autresmaîtres dans
leshôpitaux de
Paris :MM. BOUVIER (Enfants Malades), RICHET (Hôtel-Dieu), FOLLIN
(
Saint-Antoine)
,BEAU (Cochin),
H.
ROGER (Enfants Malades), BROCA (Enfants
Assistés),VERNEUIL (Saint-Louis), BAUCHET (Cochin),
A.
RICHARD
(Cliniques).1862.
-
liliaux. 2'
.
.
,
1
• .
Les concours que
j’aisubis pour
lesplaces d Aide d’ana-
tomie
etde Prosecteur
à laFaculté, depuis 1858 jusqu’en
1861
,m’ont
faitétudier avec grand
soinquelques points
d’anatomie;
j’aireconnu certaines dispositions qui avaient
jusqu’alors échappé aux anatomistes
: cesont
les résultatsde
cesrecherches que
jeme
suisproposé de consigner en
partiedans ma thèse inaugurale.
'
r, i i
-
*
.
.
• .
'
DES CONDUITS EXCRÉTEURS
DES
DU ROLE DES SINUS DE LA FACE.
1°
Des
conduitsexcréteurs
«le laglande sublinguale chez l'homme
etchez
quelffues vertébrés.Avant
de décrire la structure de la glande sublinguale, telleque
nous l’avons trouvée, ilnous
paraît utile de jeterun coup
d’œil sur l’historique de ses conduits excréteurs.Peu
de sujets en effet, en anatomie, ont excité autant de contro- verses, et nous verrons qu’une erreur, généralement répandue, s’est glissée dans l’histoire de celte glande.Pour
détruire cette erreur,,nous
avonsdû
recouriraux
textes authentiques des XVIIe et XYin®siècles.
Et d’abord
que
faut-il entendre par conduitsde
Rivinus et canal de Bartholin ?Tous
les auteurs appellent aujourd’hui conduits de Rivinus les petits conduits qui viennents’ouvrir par des orifices séparés sur les côtésdu
frein de la langue. Ils appellent canot de Bartholinun
canal bien distinct des précédents, qui vient s’ouvrir, parallèlement à celui deWarlhon,
sur la papille situéede chaque
côtédu
freinde
la langue.Cependant nous
allonsprouver
d'une manière péremptoireque
Rivions et Bartholin ont vu et décrit lemême
conduit et qu’ilsn’en ont jamais décrit qu’un seul dechaque
côté.Rivinus n’a rien laissé par écrit qui
nous prouve qu on
lui doive attribuer la découvertedu
troisième conduit salivaire,comme
l’ap-pelaient ses contemporains. La première
mention
en est faite dansune
thèse sur la dyspepsie, soutenue sous sa présidence parun de
ses élèves, Henricus-Christophorus
Künne,
le 3septembre
1679.Son
élève s’exprime ainsi :«Duclus salivaies
quos
in capile vitulino, præleritahyeme,
ali-«quoties demonstravit
dominas
præses,merentur
illisannumerari
«quos Warlhonus
et Sténo aunolarunt«pergunl
supràWarlhonianos immédiate
«. . . . sed
omnino
singulares sunt. »Rivinus avait
donc
trouvéun
conduit salivairenouveau
; il n’en avait trouvé qu’un seulde chaque
côté;nous
lisons en effet dans Martin Schurig (Sialo/ogie, 1723) :«Tertius ductus salivaüs Rh’i?iianus dicitur...
sciendum augustum
«quirinum
Rivinum, prolessorem Lipsiensem,anno
1679,ductum
«
hune
demonstrasse.»Le même
auteur', Schurig, raconteque Gaspard
Bartholin passa à Leipsick tout l’étéde
1681. Il n’est pas impossible, dit-il, qu’il ait appris dans cette ville la découvertede
Rivinus,ou même
qu’il ait lu la thèse de son élève. Toujours est-ilque
Bartholin, trois ans après Rivinus, c’est-à-direen
1682, etun
an après sonvoyagea
Leipsick, décrivit et figura exactement le
même
conduit dansune
dissertation intitulée de Ducln salioali Iwclenùs non descripio. Mal- gré ces témoignages, Schurig n’ose pas accuser Bartholin demau-
vaise foi, disant qu’il a
pu
trouver son conduit sans connaître ladécouverte de Rivinus.
Ce
qui nepermet
pasde
douter de l’identité des conduits de Ri- vinus et de Bartholin, c’estque
cesdeux
anatomistes se disputèrent souvent l’honneur de la découverte.Je les aifréquemment
entendus,dit Zwinger,
«de
inventionehornm ductuum,
et riantes interse au-«divimus, vires hujus ævi præcelleniissimos, Gasp.
Bartholinum
«Haffinensem, et Aug. Ouir. Rivinum, professores
medicinæ
cele-«berrimos. »
Rien n’est
donc mieux prouvé que
ce fait : 1° Rivinuset Barlholin ont décrit lemême
conduit, le premier en 1G79, le second en 1G82.2° Ils n’en ont décrit qu’un seul.
Rivinus ne l’avait recherché
que
chez le veau.Or
il existe dans la glande de cet animalune
portion horizontalemunie
d’un conduit excréteur unique, parallèle à celui deWarlhon,
et une portion ver- ticale,
composée
d’ungrand nombre
de petites glandules juxta- posées. C’étaitévidemment
ce conduit excréteur horizontal qu’avait vu Rivinus.Tous
les auteursl’appellent canal de Bartholin, et, chose singulière, c’est à des conduits qu’il n’avaitjamais vusque
Rivinus doit d’êtreconnu
de la postérité.Jusqu’alors la glande sublinguale n’avait pas été étudiée chez
l’homme.
INuck, le premier, entreprit cetteétude (1). Il dit en par- lantdu
conduitde
Rivinus : Sic et in luimano subjecto, non, ont saltem rarissime conspicitur. 11 l’appelledu
reste indifféremment : Rivinianus aut Bartliolinianus. Il ne le trouva qu’une seule fois chez l'homme, et encore d’un seul côté :Non
in utroque., sed in alterotantum
latere. 11 injectadu mercure
dans ce conduit, croyantque
lemétal allait se
répandre
dans toute la glande, mais il n’en fut pasainsi :
une
faible partie seulement fut remplie. Il prit ce conduitpour une
anomalie : ludentempotius considcraverim naluram, quantquod
ubique ductus foret inveniendus.En
1724, Auguste-Frédéric Walther, professeur à Leipsick, fitparaître
un
travail remarquable, intitulé de LinguaHumana
libellas.11 affirme, dans ce travail,
que personne
avant lui n’avu
de conduit(I) Sialographia et ductuum aquosorum anatome nova; Lugduui Batavorum, 1698.
excréteur
de
la glandesublinguale chezl’homme,
qu’onne
l’aadmis que
par analogie avec ce qui existe chez quelquesanimaux;
maisnous
avons vuque Nuck
en avait injectéun
aumercure
chezl’homme.
Walther
a lepremier
bien indiqué chezl’homme
plusieurs con- duits excréteurs, bien qu’ils aient été certainement entrevus avantlui,au
moins
chez lesanimaux.
Ladescription suivante de N.Sténon,dans
son traité de G/nndulis oeis, ne laisseaucun
doute :«Oriunturinlra ipsam (glandulam) exilibusrivulis, ethincsibi in-
«vieem parallela, a lingua versus gingivas recedunt
, ubi ad digiti
"fore a dentibus et vix conspicuis, nisi premantur, ostiis per tuni-
«
cam
hiant. »Walther, qui avait lu Sténon, dut être aidé par celte description.
Ces Faits étaient bien
connus,
carMorgagni
reproche àVereyen
d’avoir reproduit fidèlement la description de Sténon sans citer lenom. Vereyen
se sert en effet desmêmes
expressions. Il dit avoirob- servé etmontré
très-souvent plusieurs petitsconduitsvenants’ouvrirde chaque
côté parun
orifice spécial.Souvent
il apu
y introduireune
soie avecun
plaisir d’autant plusgrand
, dit-il, qu’on litdans
Sténon qu’il est difficile d’introduire des soies dans les conduits excréteursdu bœuf
: «Per quod
sæpius tenuiores setaseo majori vo-«luptale immissi
,
quod apud Slenonem
legeram,hæc
vasa, ne qui-«dem
inbovum
genere, facile recipere. »Walther, le premier,
employa en mode d’examen
rigoureux et varié. Il injecta d’abord de l’air, de l’eau colorée, puis de la cire,dans le conduit de
Warthon,
mais rien ne pénétra dans la glande sublinguale. Il renonça à cemode
d’investigationpour
rechercherles conduits excréteurs sur les côtés de la langue.
Pour
cela il se servit d’injections aumercure
à l’aide de tubes à lymphatiques , et introduisit ensuite dans leurs orifices des soies de sanglier. Il re-connut
ainsi l’existence de 4 à6 conduits venant s’ouvrir surlebord
supérieur de la glande. Il les a représentés dans son ouvrage.Sur
une
planche,on
voit 6 conduits dechaque
côté, 4 grands séparés—
17—
l’un de l’autre, par des distances à
peu
près égales, et 2 plus petits situés prèsde
l’extrémité externe.Sur une
autre planche il n’y aque
4 conduits.Nous voyons
dans Sieboldque
Walther,devenu
vieux, attachaitune grande importance
à la découverte des con- duits excréteurs de la glande sublinguale.A
quelleépoque remonte
l’erreur qui attribue à Rivinus des con- duitsque
cet anatomiste n’avaitjamaisvus?
Il
nous
asemblé
qu’ellecommençait
avecla thèsede
Siebold, sou- tenue le 3 février 1797. Peut-être est-elleun peu
antérieure, maison
peutaffirmerque
cette thèse, par son retentissement, arépandu
et consacré l’erreur.
Il appelle,
en
effet, bartholinien le conduit excréteur parallèle à celui de
Warlhon.
Il désigneau
contraire sous lenom de
riviniani«ductus qui ex
glandulæ
ipsius parte superiorimembranam
oris«perforant.» Il trouva plus de conduits excréteurs
que Walther
et fixa leurnombre de
4 à 8.Sur une
très-belle planche il en figure 2dans
lesquels sont in- troduites des soiesde
sanglier.DepuisSiebold les auteurs ont répétél’erreurqu’il avait
commise,
sans ajouter rien à l’anatomiede
la glande sublinguale.M.
Sap- pey a rétabli les faits historiques,sommairement, comme
il conve- nait d’ailleurs àun
traité d’anatomie descriptive.Ce
célèbre anato- miste, qui a étudié la glande sublinguale avecbeaucoup
de soin, est arrivé, enemployant
desmoyens
analogues à ceuxde
Walther, àpeu
prèsaux mêmes
résultatsque
ce dernier. Il a décrit 4ou
5 conduits excréteurs.Huschke
en a décritune
douzaine, mais il esttombé
dans l’er-reur en signalant quelques-uns d’entre
eux comme
allant se jeter dans le conduit deWarlhon.
Mode
de préparation.Le mode
de préparationque nous
avonsemployé
mérite de fixer1862.
—
Tillaux. 3—
18—
l'attention, car
nous
le croyonsnouveau,
et c’est à luique
nous de-vons
d’être arrivé à la structure exacte de la glande sublinguale.C’est faute d’avoir
employé
desmoyens
convenablesque
des ana- tomistes très-distingués n’ontobtenu que
des résultats entachés d’erreur.Remplissant, en 1858, les fonctions d’interne dans le service de
M.
Giraldès,nous
voyions tous les jours notre maîtreemployer
l’eau acidulée
pour
l’étude desglandes soit de lapeau
, soitdesmu-
queuses. D’après ses conseils,
nous
résolûmes d’étudier la glande sublinguale en la faisant préalablementmacérer
dans l’eau acidulée.L’acide tartrique est celui qui
donne
debeaucoup
les meilleurs ré- sultats.Les enfants se prêtent surtout à l’élude
de
cette glande.Nous avons
choisi de préférence des enfants de quelquesmois
, maigres, ayant les chairs molles et décolorées.Pour
être certain de ne pas intéresser la glande dont les limites sont très-peu accuséesavant la préparation,nous
enlevons la lan-gue
avec le maxillaire inférieur, etnous
plongeons le tout dans l’eau acidulée. Sixou
huit jours de macération suffisent le plussou- ventpour
coaguler l’épithélium qui tapisselesconduits excréteurs et les culs-de-sac glandulaires, et gélalinifier le tissu cellulaire, en sorteque
les éléments glandulaires se détachent en blanc surun
fondcomplètement
transparent.Nous
détachons alors la languedu
maxillaire inférieur.A
l’aidede pinces et
de
ciseaux , la glande est facilement enlevéedu
siègequ’elle occupe, en
même temps que
le canal deWarthon
, situé à sa face profonde, et la portion de lamuqueuse, où
les conduits ex- créteurs viennent s'ouvrir.Nous
l’appliquons entredeux
lames de verre légèrement écar- tées, afin dene
pas l’écraser parune
compression trop immédiate,etces
deux
lames sont solidement fixées l’une sur l’autre.Cette préparation
permet
d’apercevoir tous les éléments glandu- laires avecune
parfaite netteté, soit par transparence, en avant et—
19—
en
arrière, soit en appliquant la plaque surun
fond noir.Un
gros- sissementde
quatre à cinq diamètres initieaux
pluspetits détails de structure.Ce
procédé étaitemployé pour
soumettre les tissus à l’examen microscopique, maison
ne l’avait jamais appliqué à l’étude des glandes volumineuses. Ildonne
de très-beaux résultats,comme
nous
l’avonsmontré
à la Société de biologie (séance demai
1858).Ce
procédé estégalement
très-utilepour
l’étude des nerfs; les fibrilles nerveuses sont séparées les unes des autres et étalées sousforme
de pinceau.Nous
avons de celte façon trouvéun grand nombre
de fois le ganglion sublingual dont l’existence,admise
parles uns, rejetée par les autres, est encore entourée d’une certaine obscurité.
Description des conduits excréteurs.
Voici ce qu’il est très-facile de constater
quant
à la dispositionetau nombre
des conduits excréteurs :Ils se présentent sous la
forme
de petits filaments blanchâtres plusou moins
longs, plusou moins
ténus, dirigés parallèlement lesuns
aux
autres vers lebord
supérieur de la glande.lis sont généralement fusiformes, renflés à leur partie
moyenne
,effilés à leur extrémité libre
, qui vient s’ouvrir tantôt directe-
ment
, tantôtobliquement
, sur lamuqueuse.
Ces dernières particularités se rattachent surtout
aux
plus longs, qui présentent de 8 millimètres à 1 centimètre de longueur. Quel- ques-uns n’offrent pas plus de 1 millimètre , les autres atteignentun
chiffre variable intermédiaire à cesdeux
limites; ils
peuvent donc
être divisés en grands,moyens
et petits.Sur les lames de verre,
de même que
sur les glandes en place, ilest facile de voir
que
tous ne s’ouvrent pas surun même
plan ver-tical ni antéro-postérieur. Les uns s’ouvrent sur la face antéro- externe, d’autres sur la face postéro-interne ; ces derniers sont les
— 20 —
plus courts. Les plus longs gagnent le
bord
supérieur de la glande et s’y terminent parune
série d’orifices disposés linéairement. Ces orificespeuvent
être vus à l’œilnu
,même
sur les glandes qui n’ont subiaucune
préparation , mais sontbeaucoup
plus visibles cepen- dant sur les pièces préparées.Le volume
de ces tubes est aussi variableque
leur longueur : les plus grosm’ont
paru avoir 1 demi-millimètrede
diamètre environ;les plus petits n’offrent pas plus
que
levolume
d’uncheveu
très- fin.D’une manière
générale, ils sontobliquement
dirigés d’arrièreen
avant etde dehors
en dedans.Tous
ces tubes ne sont pas disposéssymétriquement,
c’est-à-dire qu’à côté d’un tube de 8 millimètreson
en rencontreun
de 2 mil- limètres;cependant
les plus longs et les plusvolumineux m’ont paru
serapprocher
davantage de l’extrémité internede
la glande.Ces conduits excréteurs sont tellement distincts les uns des au- tresqu’il est très-facile de les
compter
à l’œilnu,
etmieux
encore à l’œilarmé
d’une loupe.Le nombre
des conduits excréteurs est bien différentde
celui qu’ont indiqué jusqu’à présent tous les auteurs. J’en ai toujourscompté
aumoins
15, plus souvent de 20 à25
, quelquefois
30;
en sorteque
je n’hésite pas à affirmerqu’un
des caractères essentielsde
la glande sublinguale , sur lequelon
n’avait pas insisté jus- qu’alors, est d’avoirun nombre
de conduits excréteurs variable.Ce nombre m’a
paru varier entre 15 et 30 sur plus de 100 glandes sub- lingualesque
j’aiexaminées
à cet effet.Je crois d’ailleurs qu’il faut attacher
une
très-minimeimportance
à la détermination exacte de cenombre.
A-t-on jamaiscompté
ri-goureusement
les conduits excréteurs des glandules buccales, la- biales,' etc. ?On
conçoit très-bienque,
dans certains cas, lenombre
puisse être suppléé par le
volume,
et réciproquement.Sur
plusieurs pièces, j’aicomplètement
détaché la glande sub-—
21linguale de la langue, la laissant seulement adhérer à la
muqueuse
par ses conduits excréteurs.Cette préparation très-simple
permet
de constater, de la façon laplus manifeste,
que
pasun
de ces conduits ne vient s’ouvrirdans
le canal
de Warthon
,couché
tout le long de la face internede
la glande. Je croisque
ce qui en aimposé
peut-être à quelques au- teurs, et particulièrement à Huschke, ce sont des filamentsnerveux émanés du
lingual, ayant levolume
de plusieurs descanaux
excré- teurs, et qui, adhérantau
canal deWarthon
parun
tissu cellulaire assez dense, vontse rendre à la glande sublinguale.Quelquefois
on
observeun
petitgroupe de
glandes allant s’ou- vrir sur lamuqueuse
dans l’intervallecompris entre lesdeux
orificesdes
canaux
deWarthon,
sansnullementcommuniquer
avec eux.Ce
faitne
doit nullement surprendre si l’on considère ce qui se passe ailleurs. Voit-on jamais en effet les glandes buccales placées à la face externedu
muscle buccinaleur, s’ouvrir dans le canalde
Slénon,ou
les glandes duodénales deBrunner
s’ouvrir dans le canal pancréatique?Ces conduits, en
nombre
variable,que nous venons
d’étudier, font suite à autant de petites glandes qui n’ont rien de particulier.Quant
à leurstructure interne,examinée
au microscope, ce sont des glandes engrappe
composées.Nous
insisterons davantage sur leur disposition.Elles sont indépendantes les unes des autres. J’ai souvent
pu en
isoler
complètement un grand nombre
parune
dissection attentive.Notre manière
de préparer les glandes est très-favorable à ce genre d’étude; car le tissu cellulaire intermédiaire estcomplètement
géla-tinifiéet
permet
ainsi d’écarter facilement les différents élémentsde
la glande.
Un
grossissement de quatre diamètres suffit d’ailleurspour
lecon- stater sur les glandescomprimées
entredeux
lamesde
verre.Elles varient entre elles,
comme
les conduits excréteurs qui leur font suite. Ily en a de
moyennes,
de grosses et de petites. Les plus22
petites ont à peine le
volume
de la tête d’une épingle; les plus grossespeuvent
avoir jusqu’à 1 centimètrede
diamètre.Plusieurs fois, à l’extrémité externe de la glande, j’en ai rencontré
un groupe
de quatreou
cinq, éloignées l’une de l’autre d’environ1 millimètre. Elles
démontrent
bien la disposition respectivede
toutes les glandules qui, par leur agglomération, constituent laglande dite sublinguale.
Elles ont
généralement une forme
pyramidale; vont se rétrécis- sant assez régulièrement de leur base, vers leursommet
constitué par le canal excréteur.Ce
dernier est déjà distinct,que
l’on voit encore, surune
partie de son étendue , des acini venir s’y rendresymétriquement
dechaque
côté, ce qui, au premier abord, rappelle assez l’aspect des glandes deMeïbomius.
A
l’extrémité internede
la glande, il existe souvent quelques glandes plus volumineusesque
les autres, etdonnant
naissance àun
canal excréteurégalement
plus volumineux.Ce
sont cescanaux
placés dechaque
côtédu
frein de la langueque
la plupart des ana- tomistes son parvenus à injecter. Le diamètrebeaucoup
plus petit de la plupart des autres aempêché
de les reconnaître et de les dé- crire jusqu’à présent.Qu’enlend-on, chez
l’homme,
sous lenom
de canal de Bartholin?C’est
un
conduit situé à l’extrémité internede
la glande, qui ne mérite pasune dénomination
particulièreen
considérant :1°
Que
Bartholin ne l’a jamais vu, ni décrit chezl’homme.
2°
Oue
le canal est loin d’être constant; qu’il existe quelquefois d’un côté etnon
de i’autre.Nuek
avait déjàreconnu
ce fait, puis- qu’il considérait sa présencecomme une
anomalie.3°
Que
ce canal, lorsqu’il existe, ne diffère des autresque
par sa direction plus oblique endedans,
parallèle à celui deWarthon,
et par sonvolume un peu
plus considérable.Au
lieud’un seul, il existe quelquefoisdeux ou
trois conduits analogues, qui constituent legroupe
interne dontnous avons
parlé.Dans
tous les cas, lorsqu’il existe,nous
ne l’avonsjamaisvu
s’ou- vrir parun
orificecommun
avec le canal deWârthon.
De
ce qui précède, je crois pouvoir conclureque
chezl’homme
:1°
La
glande sublinguale n’est pas,comme on
a paru le croire jusqu’à présent,une
glande unique, parfaitement délimitée,com-
parableaux
glandes sous-maxillaire et parotide auxquelles elle estgénéralement
associée. C’estun groupe
de glandes en grappe, dis- tinctes les unes desautres,munies chacune
d’un canal excréteur spé- cial. Ellesne
diffèrent des autres glandes buccalesque
par leur vo- lume, leurgroupement,
et leur situation symétrique dechaque
côtédu
frein de la langue.M.
A.Bernard
enseigneque
la sécrétion de cesdeux
ordresde glandes est identique. Il conviendraitdonc
de les appeler glandes sublinguales.2°
Le nombre
des conduits excréteurs estéminemment
variable :il oscille entre 15 et 30.
Structure de la glande sublinguale chez le
bœuf
et chez le cheval.INous avons voulu rechercher si chez les grands
animaux,
telsque
le
bœuf
et le cheval,nous
ne trouverions pas plus tranchés les ca- ractèresque nous
avonsassignés à la glandesublinguale del’homme.
INous
sommes
arrivé, sous ce rapport, àun
résultat complet.La glande
du bœuf
présente en effetune
multitude de conduits excréteurs faisant suite à autant de glandes, toutes indépendanteslesunes des autres.
On
a lieu d’être étonné en voyantAï. Colin (d’Al- fort) représenter, dans son livrede physiologie,une
glande debœuf
avec quatorze conduits verticaux qu’il appelle vicieusement conduits de Riyinus,quoique
ce dernier ne les aitjamais vus.Les anatomistes vétérinaires n’ont pas été plus
heureux pour
dé- terminer lenombre
des conduits excréteurs de la glandedu
cheval.M.
Colin se lait à ce sujet.M. Chauveau
fixe lenombre
à 15ou
20.MM.
Rigaultet Lavocat disentvaguement
qu’il y en aune
multitude,
sans les figurer.
— 24 —
J'ai présenté à la Société de biologie des glandes
de
cheval sur les- quelleson
pouvaitcompter 80
conduits et plus.Une
différence très-importante à signaler entre les glandes sub- linguales de cesdeux animaux,
c’estque
le cheval ne présente pasla glande dite de Rivinus
ou
de Bartholin, mais seulement la portion verticale avecses conduits multiples.En
admettant chez lebœuf deux
portionsde
glandes, l'une hori- zontale, n’ayant qu’un conduit excréteur, l’autre verticale, qui en présente beaucoup,on
a constatéun
faitanatomique; maison
esttombé
dans l'erreur en considérant la premièrecomme
principale, et la secondecomme
accessoire.Car
il estde
toute évidenceque
lasomme
des conduits et des glandes multiples l’emporte debeaucoup
sur la glande de Bartholin.D’ailleurs l’existence chez le cheval
de
la portion multiple toute seuleprouve
bien qu’elle constitue la partie fondamentale de laglande sublinguale chez les
animaux comme
chez l’homme.Déductions pathologiques.
La grenouillelle est, ainsi qu’on le sait,
une tumeur
siégeant dansle plancher de la bouche, au-dessous
de
la langue, au pointmême
ou
se trouve la glande sublinguale.Sa nature a de tout
temps
exercé la sagacité des anatomo-patholo-gistes.
Une
discussion soulevée à ce sujet à la Société de chirurgie, ily a quelques années, ne parvint pas à mettred’accord les chirurgiens sur le siège précis de cette affection. Cela ne doit point surprendre, puisque la structure de l’organe principal
de
la région sublinguale était très-imparfaitement connue.Pour
nous, la grenouillelte estdue
à la dilatation d’un des con- duits excréteurs de la glande sublinguale, par suite de l’oblitérationde
l’orifice dece conduit.L’oblitération est
probablement due
à la concrétion des principes salivaires, et elle s’obtient d’autant plus facilementque l’embouchure
— 25 —
des conduits est très-étroite.
M. Bernard m’a
dit avoir trouvé fré-quemment
, et j’aimoi -même
rencontré sur deschevaux
plusieurs conduits oblitérés par des calculs, etayant subi en arrière de l’obs- tacleun commencement de
dilatation.M.
Nélaton dit que, dans des cas de grenouillette, il a vu la salive sortir encore par les conduits excréteursquand
il excitait la sécré- tion salivaire; que, par conséquent, le siège de la maladie ne peut pas être dans l’intérieur de la glande. Mais cette objectionne
sau- rait subsister, puisque la sublinguale présente de 15 à30
conduits excréteurs indépendants l’un de l’autre.Les
malades
atteints de grenouillette n3 viennent réclamer les soins de la chirurgieque
lorsque latumeur
a déjà prisun
certaindéveloppement. Or
latumeur
aune marche
lente; ellecomprime peu
àpeu
les parties voisines, c’est-à-dire les autres éléments glan- duleux , les atrophie, et finit par occuper la place destinée à la glande. La poche présente alorstous les caractèresdessimples kystes séreuxou muqueux
; il n’estdonc
pas étonnant qu’on les ait confon- dus alorsque
l’on ne connaissait pas la structure de la glande.La grenouillette n’est pas
due
à la dilatationdu
conduit deWar-
thon; car,
comme
l’a faitremarquer M.
Giraldès à la Société de biologie, la tumeur, dans ce cas, fait saillie sous lamâchoire
etnon
dans la bouche, en sorte qu’il y auraitpour
ce chirurgiendeux
sortes de grenouillettes, l’une sous-maxillaire et l’autre sublin- guale.
Nous
trouvons dans la structure de la glande tout ce qu’il fautpour
expliquer latumeur
:un
tube excréteur très-étroit, susceptible de s’oblitérer; derrière ce tube,un organe
sécréteur dont l’action est incessante.L’analogie
nous
autorise d’ailleurs pleinement à adopter cettema-
nière de voir.
En
effet, les loupesdu
crâne, si fréquentes, ne sont- elles pas dues à la dilatationdu
conduit excréteur préalablement oblitéré d’un follicule sébacé? D’autresexemples
nenous manque-
raient pas en chirurgie.
1802.
—
'filiaux. 4Nous sommes heureux
de dire en terminantque
notre opinion a étéadmise
par les auteursdu Compendium
dechirurgie.«L’analogie avec ce qui se passe sur d’autres surfaces]
tégumen-
taires autorise à penser, avec
M.
Tillaux ,que
l’originedu mal
est l’oblitérationdu
goulot d’un de ces petits organes sécréteurs, et
l’accumulation progressive
du
liquidedans la cavité»(t. III, p. 723).—
27—
2°
Des
conduits excréteursde
la$laudc lacrymale chez l'homme
etchez quelques
vertébrés.1° Chez l'homme.
La science était loin d’être fixée à l’endroit de la structure de la
glande lacrymale, lorsque celte question nous fut
donnée pour
le concours d’aide d’anatomie de 1859.Sans nous préoccuper de l’opinion des anciens anatomistes
, tels
que
Santorini, Morgagni, Zinn, Haller, et bienque Mouro
le filsaitprétendu avoir injecté
deux
conduits excréteurs aumercure,
arri- vons tout de suiteaux deux
travauxmodernes
les plus importants, celui de M. Gosselin en 1843 etde
M.Sappey en
1852(1).On
saitque
la glande lacrymale est diviséeen deux
portions par- faitement distinctesquant
à leur siège et leurs rapports : l’une, la plus volumineuse, quiforme
le corpsproprement
dit, située dansla cavité de l’orbite; l’autre, étalée, aplatie, logée dans l’épaisseur de la paupièresupérieure, à la partie externe et dans
un
dédouble-ment
de l’aponévrose orbitaire.(t) M. Béraud a lu à laSociété de biologie, le 29 mai 1858, uue notesur les glandes lacrymales.
Son opinion diffère assez peu de celle de M. Gosselin pour que nous n’ayons pas cru devoirlamentionner; on peuts’euconvaincre par les citationssuivantes:
«Pourcelteglande, nous avons deux canaux seulement, ayant une direction
paralèlle vers le cul-de-sacoculo-palpébral.»Etplus loin:
«Cequ’il y a de constant, c’est le nombre des conduits dela glandeorbitaire;
cequ’il y ade variable, c’est celui du groupepalpébral.» M. Gosselin était ar- rivé aux
mêmes
conclusions.M. Béraud fixeentre 8 et15 lenombre des conduits du groupe palpébral; pour M. Gosselin, il variait entre 6 et 8. C’est là tout le changement que M. Béraud a apportéà la description de M. Gosselin.
—
28—
M.
Gosselin trouvaque
cesdeux
portions, orbitaire et palpébrale, étaientmunies
de conduits excréteurs distincts, 2pour
la pre- mière, 6 à 8pour
la seconde; cesdeux
ordres de conduits necom- muniquant
point entre eux.M. Sappey
trouva, au contraire,que
cesdeux
portions étaientintimement
confondues , en sorteque
les conduits excréteurs de laportion principale recevaient ,
chemin
faisant, ceux de la portion accessoire, à l’exception d’unou deux
qui s’ouvraient isolément surla
muqueuse.
Cesdeux
anatomistes avaientemployé
lemême
pro- cédépour
leurs recherches, l’injection au mercure.Comment
expliquercettedivergence?Nous
allonsdémontrer
plus loin qu’on en trouve la raison dans les variétésque
présente la glande. Les injections aumercure
ne peuventdonner un
résultat complet. Il est impossible, en effet,même
avec la plusgrande
ha- bitude, d’introduire le tube, si fin qu’ilsoit, dans l’orifice detous lesconduits excréteurs; il
me
paraît surtout impossible d'affirmerque
tous les conduits aient été injectés de cette manière.Aussi n’est-il pas étonnant
que MM.
Gosselin et Sappey, tout en différant d’opinion , ne soient pas arrivés à des résultats parfaite-ment
exacts.J’ai
employé pour
l’étude de la glande lacrymale le procédé qui m’avait servi à trouver les conduits de la sublinguale , à savoir: la macération plusou moins
prolongée dans l’acide tartrique, et lacompression entre
deux
lames de verre (1).L’observation attentive d’un
grand nombre
de glandes lacry- males, m’a permis d’en reconnaîtredeux
variétés principales.1° La portion lacrymale et la portion palpébrale sont
simplement
contiguës. Les conduits dechacune
de ces portions sontdistincts etvont s’ouvrir isolément surla
muqueuse.
(1) Les préparations sur l’homme et les animaux, qui m’ontservi àrédiger ce
travail, sont déposées au musée dela Faculté.
Celte variété se rencontre le plus souvent; sur 15 glandes dé- posées au
musée
de la Faculté, 13 offrent celte disposition.Dans
ses recherches,
mon
illustre maître,M.
Gosselin, n’avait rencontréque
cette variété, et sa description étaitdonc
exacte sous ce rap- port; mais il s’étaittrompé
en limitant à 2 lenombre
des conduits excréteurs de la portion principale. J’en aiconstamment
rencontré plus de 2; cenombre
varie de 3 à 5. Lenombre
des glandes de la portion palpébrale varie aussi de 4 à 12; souventon
rencontre, soit sur lebord
interne, soit surlebord
externe de la glande,un
petitgroupe
deglandulesbeaucoup
plus petitesque
lesautres, aunombre
de 4 ou 5, et qui ont
chacune un
conduit spécial , très-apparent à l’aidedu
procédé dont jeme
suis servi. Il est matériellement impossible d’injecter ces conduits avec le mercure.C’est là
une
variété principale de la glande ; mais je dois direque
tout en se rapprochant plus
ou moins complètement du
typeque
je viens de décrire, les glandes qui appartiennent à ce
groupe
dif- fèrent les unes des autres par lenombre
et la disposition des con-duits. Je n’ai pas rencontré
deux
glandes lacrymales ayantune
disposition identique non-seulement chez des sujets différents, mais encore d’un côté à l’autre ; aussi j’attache
une
faibleimpor-
tance aunombre
exact des conduits excréteurs : car ici,comme
pour la glande sublinguale, le
volume
supplée aunombre
et réci-proquement.
Seconde variété.
Les portions lacrymale et palpébrale sont continues, c’est-à-dire
que
les conduits de la première reçoivent dans leur trajet les con- duits de la seconde, mais seulementune
partie de ces derniers ; caron
rencontre toujours, soit entre les conduits principaux, soitaux bords
interne et externe de la glande,une ou
plusieurs glandulesisolées,
munies
d’un conduit excréteurdistinct, et qui représententla portion lacrymale.
— 30 —
Cette seconde variété est plus rare
que
la précédente; c’est celle qu’avait rencontrée M.Sappey
dans ses recherches.Ce
qui précède nous rend parfaitementcompte
des opinions qui régnaient dans la science. Lesdeux
variétés indiquées parMM.
Gos-selin et
Sappey
existent, dans des proportions inégales, il est vrai.Ces
deux
illustres anatomistes avaienteu
le tort d’être trop exclu-sifs, ce
que
l’on conçoit très-bien en songeantaux
difficultés d’unebonne
injection mercurielle, ce quiempêchait de
multiplier lesrecherches
pour
confronter les résultats.De
plus lenombre
des conduits indiqués par ces auteurs est loin d’être toujours exact, faitpeu
importantd’ailleurs;je pense en effet
que pour
se faireune
idée rigoureusede
la structure de la glande lacrymale, il suffitde
se rappeler qu’elle présentedeux
types prin- cipaux, suivantque
lesdeux
portions sontsimplement
continuesou
contiguës, etun grand nombre
de variétés se rattachant à ces types.Structure de la glande lacrymale chez quelquesvertébrés.
Pour
contrôler les résultats obtenus chezl’homme,
j’ai étudié laglande lacrymale de plusieurs vertébrés.
Le
mouton,
le chien, le veau, le cerf, ont principalement servi à celte étude.Le
fait qui m’a d’abord frappé, c’estque
la glande lacrymalede
ces
animaux
ne présente qu’une portion lacrymale, et pas de por- tion palpébrale.Je citerai
un
fait quidémontre surabondamment que
les diffé- rentes opinions trouvent souvent leur cause dans le trop petitnombre
d’observations de leurs auteurs.Chez
le veau, quelques- uns admettentdouze
conduits excréteurs; d’autres, traitant d’exa- gération ce résultat, n’en décriventque
cinq.Eh
bien ! surun veau
dont j’ai étudié les glandes lacrymales, j’ai trouvédouze
conduits d’un côté et cinq seulementdu
côtéopposé
(n° ).—
31Je n’ai
constamment
trouvéque deux
conduitsexcréteurs chez lemouton;
ils sont très-gros, faciles à voir et à injecter aumercure;
peut-être est-ce cette disposition très-bien
vue
parM.
Gosselin, qui l’avaitengagé
à n’admettre par analogieque deux
conduits princi-paux
chezl’homme.
Le
chienne
m’a offertque deux
conduits; quelquefois
une ou deux
petites glandules, rudimentsde
la portion palpébrale.Chez
le cerf, j’ai trouvéde
onze àdouze
conduits, parfaitement symétriques, venant s’ouvrir surun même
sillon très-manifeste.Mais les
animaux
présentent encoreune
autre glande,que
l’on désignesous lenom de
glande de Harder, à tort suivant nous, puis-que
Harder,que
nous avons lu (lettreimprimée
dans les Actes des Erudits deLeipsick,mois de février 1694), ne la décritque
chez les cerfs et chez les biches, et spécifie qu’onne
la rencontreque
sur cesanimaux.
A
l’exception des oiseaux chez lesquels elle offreun
conduit ex- créteurunique
et très-volumineux, je n’ai pas trouvé de conduits excréteurs chez lemouton,
le veau, lecochon
d’Inde, le lapin, etmême
le cerf, bienque Harder
ait représenté dansdeux
planches leconduit excréteurchez ces derniers
animaux.
Je n’oserais cependant pas encoreaffirmer qu’il n’y a pas
de
con- duit, mais dans tous les cas, ces glandes ne ressemblent ni par lacouleur ni par la consistance
aux
glandes engrappe
ordinaires ; elles se rapprochentbeaucoup
plus,au
microscope et à l’œil nu, dela structure