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Colloque franco-québécois sur l'intégration des technologies modernes à la gestion des poissons dulcicoles et amphihalins

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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sur l'intégration des technologies modernes à la gestion des poissons dulcicoles et amphihalins

Montréal, 31 mai au 3 juin, 1992

Publié par

Ministère de l'Environnement et de la Faune 150, boul. René-Lévesques Est

Québec (Québec) Canada, G1R 4Y1

Mai 1994

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Gilles Shooner et Sylvie Asselin Groupe Environnement Shooner inc.

5355, boul. des Gradins Québec (Québec) Canada G2J1C8 Figures et mise en page Mono-Lino inc.

235 boul. Hamel est Québec (Québec) Canada G1L4J1 Référence à citer :

COTTON, F., ASSELIN, S., SHOONER, G., BERNATCHEZ, L. et P. BÉRUBÉ [éd.]. 1994. Colloque franco-québécois sur l'intégration des technologies modernes à la gestion des poissons dulcicoles et amphihalins. Québec, Juin 1992. Ministère de l'Environnement et de la Faune, Service de la faune aquatique, 210 p.

Dépôt légal - Bibliothèque national du Québec, 1994 ISBN: 2-550-29432-7 •

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TABLE DES MATIÈRES ,:,..,.. : ::.:,...,;.;,„: iii REMERCIEMENTS v MISE EN SITUATION

Marie-France Bossenie. Gestion des poissons dulcicoles et amphihalins en France 3 Yvon Côté. La gestion de la faune piscicole et de la pêche au Québec 5 SUIVI DES STOCKS ET DE LA RÉCOLTE

Daniel Gerdaux. Mise en situation: suivi des populations et de la récolte de poissons en France 15 Claude Lassus. Mise en situation: suivi des populations et de la récolte de poissons au Québec 18 Michel Larinier et François Travade. Utilisation des dispositifs de franchissement pour le suivi des stocks et

la gestion des populations de poissons migrateurs 22 Pierre Élie, Éric Rochard et Didier Babin. Acquisition de données de captures par pêche en vue de la gestion de

populations de poissons, contraintes et méthodes en fonction des objectifs: exemple de l'anguille 29 D. Gascuel et Guy Fontenelle. Étude de la dynamique du stock d'anguilles dans un bassin versant, en vue

de sa gestion: présentation d'une approche conceptuelle 43 Serge Pilote. Application de l'hydroacoustique en milieu lacustre: travaux réalisés sur sept lacs du Québec 51 Frédéric Lévesque et Michael K. Harte. Application de l'hydroacoustique en milieu fluvial: exemple de l'étude

de la montaison du saumon atlantique (Salmo salar) dans la rivière Moisie, Québec 58 Alex Nihouarn. Le radio-pistage: exemples d'utilisation au service du gestionnaire 62 Louis Bernatchez. Techniques de biologie moléculaire comme outils de gestion des pêches: bilan et perspectives 69 Réjean Fortin, Sylvie Guénette et Pierre Dumont. Modélisation et gestion des populations d'esturgeons jaunes

(Acipenser fulvescens) dans différents réseaux de lacs et de rivières du Québec 75 Yves Mailhot. Suivi des stocks et de la récolte, résultats de l'atelier de discussion 85 PISCICULTURE ET ENSEMENCEMENT

Robin Cuinat. Mise en situation thématique: amélioration des techniques d'élevage et des méthodes d'évaluation

des repeuplements 89 Serge Gonthier. Les technologies modernes et la gestion piscicole au Québec 91 Yvan Turgeon. Recirculation de l'eau en élevage 92 François Caron, Alain Vallières et Sylvain Pelletier. Utilisation d'incubateurs en dérivation dans un cours d'eau 100 Patrick Berrebi et Dominique Beaudou. Gestion génétique des peuplements naturels en truite fario:

estimation de l'impact des repeuplements 103 Robert Péloquin. Système expert permettant d'identifier les maladies des poissons 107 Joël de la Noue, Alain Vallières et Grégoire Ouellet. Pisciculture et ensemencement, résultats de l'atelier

de discussion 110 HABITAT DU POISSON

Yves Souchon. Mise en situation: état d'avancement des recherches sur la modélisation de l'habitat des poissons

en France 115 Michel Legault. L'habitat du poisson au Québec et sa gestion 125 Jérôme Belliard. Structuration des peuplements ichtyologiques du bassin de la Seine 130 Claude Grondin. Prise en compte des exigences des populations ichtyennes lors des aménagements de marais 137 Michel Leclerc, Paul Boudreau, José Bechara, Louis Belzile et Diane Villeneuve. Modélisation de la dynamique

de l'habitat des ouananiches (Salmo salar) juvéniles de la rivière Ashuapmushuan (Québec, Canada) 143 Georges Gangbazo, M.-E. Quentin, Daniel Cluis, et C. Bernard. Cartes de vulnérabilité à l'érosion hydrique du sol,

obtenues par géomatique sur le bassin du Ruisseau-des-Anges 155 Guy Trencia. Habitat du poisson, résultats de l'atelier de discussion 161

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Erick Vigneux. Mise en place de systèmes d'inforrnation pour la gestion des milieux naturels 168 Philippe Keith. «Course»: outil d'aide à la décision dans la gestion des cours d'eau et des milieux naturels aquatiques 170 Guy Pustelnik, Pierre-Jacques Roy, Danielle Laloi, Sylvain Mace et Pierre Dulude. Sommet «Vallée Dordogne 92»:

Objectif, Méthode et Analyse 172 Daniel Boutin et Denis Bourret. Les groupes de discussion: méthodes et applications dans la gestion des ressources

halieutiques, le cas d'un projet de réglementation de la pêche à l'aide de poissons-appâts vivants 194 Michel Vignaud et Pierre Dulude. Difficultés du contrôle de l'exploitation des poissons migrateurs dans l'estuaire

de la Gironde 200 Pierre Bérubé. Les aspects humains de la gestion des poissons, résultats de l'atelier de discussion 204 DISCOURS DE CLÔTURE 205 ACTIVITÉS 206 LISTE DES PARTICIPANTS 207

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COMITÉ ORGANISATEUR

France: Marie-France Bossenie, ministère de l'Environnement Michel Patry, délégation générale du Québec

Erick Vigneux, Conseil Supérieur de la Pêche

Québec: Yvon Côté, ministère de l'Environnement et de la Faune

Raymond Desjardins, ministère de l'Environnement et de la Faune Fay Cotton, ministère de l'Environnement et de la Faune

Paul Letendre, ministère de l'Environnement et de la Faune Pierre A. Bélanger, ministère de l'Environnement et de la Faune

LOGISTIQUE

MEF: Direction de la Faune et des Habitats: Hervé St-Pierre, Direction du Marketing et des Communications:

Diane Pelletier Denis Dorion François Chauvelot Thérèse Bouchard Fred Klus

Société de développement économique du Saint-Laurent

ANIMATEURS DES CONFERENCES

Pierre Bérubé, ministère de l'Environnement et de la Faune Grégoire Ouellet, ministère de l'Environnement et de la Faune Yves Mailhot, ministère de l'Environnement et de la Faune Guy Trencia, ministère de l'Environnement et de la Faune Joël de la Noue, Université Laval Gilles Shooner, Groupe environnement Shooner

SECRETARIAT D'EDITION

Jacinthe Bouchard, ministère de l'Environnement et de la Faune Lise Nadeau, ministère de l'Environnement et de la Faune Adrienna Estable, ministère de l'Environnement et de la Faune Paule Delisle, ministère de l'Environnement et de la Faune Clermont Lizotte, ministère de l'Environnement et de la Faune

Mono Lino Inc.

AIDES FINANCIERES

Ministère des Affaires Internationales du Québec Délégation générale du Québec en France

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Marie-France Bossenie

Gestion des poissons dulcicoles et amphihalins en France

Yvon Côté

La gestion de la faune piscicole et de la pêche au Québec

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Marie-France Bossenie

Ministère de l'Environnement, Service milieu aquatique et pêche 14, boul. général Leclerc 92 000 Neuilly Sur Seine, France.

BOSSENIE, M.-F. 1994. Gestion des poissons dulcicoles et amphialins en France, p. 3-4. In F. Cotton, S.

Asselin, G. Shooner, L. Bernatchez et P. Bérubé [éd.]. Colloque franco-québécois sur l'intégration des technologies modernes à la gestion des poissons dulcicoles et amphihalins. Québec, juin 1992. Minis- tère de l'Environnement et de la Faune, Service de la faune aquatique, 207 p.

Mesdames, Messieurs,

C'est un grand plaisir pour moi d'être parmi vous.

Ai-je besoin de le rappeler, les relations entre la France et le Québec sont des relations solides et particulièrement dans le domaine qui nous réunit aujourd'hui.

Après le colloque de Bergerac en 1985, après les nombreux échanges qui ont lieu entre nos deux pays (échanges de fonc- tionnaires, de biologistes,...), en même temps que se dévelop- pent des relations dans le cadre du jumelage des rivières Dordogne et Jacques-Cartier, le présent colloque marque no- tre volonté commune de continuer à travailler ensemble. Soyez assurés que le ministère français de l'Environnement que j'ai l'honneur de représenter, s'en félicite.

De quoi allons-nous parler durant cette rencontre de scientifi- ques?

La communauté scientifique est étroitement impliquée dans les choix faits en matière d'environnement. Les décideurs, les administrateurs, les politiques et les législateurs ont peut-être plus dans ce domaine que dans d'autres le besoin de s'appuyer sur ses connaissances. L'écologie est une matière nouvelle dans son appréhension. Elle met en présence des phénomènes complexes que le droit peut difficilement traduire. Les scienti- fiques sont indispensables à la mise en oeuvre des choix politiques qui incombent à tout gouvernement en matière d'environnement. La France est aujourd'hui dotée d'un arse- nal juridique important dans ce domaine. Je ne vous détaillerai pas la liste exhaustive de tous les textes qui ont été pris.

Permettez-moi seulement de vous rappeler les grandes lois qui ont posé les principes de protection de notre environnement:

• la loi de 1976 sur la protection de la nature; texte de base qui reconnaît la valeur écologique des milieux naturels;

• la loi de 1984, dite «loi pêche», en est le prolongement direct pour ce qui concerne les rivières, les lacs et les poissons.

Pourquoi nous intéresse-t-elle tellement encore aujourd'hui?

Les principes de cette loi nous permettent d'assurer la protec- tion des milieux aquatiques et du patrimoine piscicole. Et de ce fait facilite la mise en place d'une gestion équilibrée des ressources piscicoles. La complexité du dispositif est à la mesure de la complexité écologique des rivières et des exigen- ces des poissons. En plus de la réglementation même de la pêche et de son organisation, dont monsieur Jantzen vous dira

quelques mots tout à l'heure, la loi pêche pose les règles essentielles à la préservation des milieux.

Elle concerne:

• la qualité de l'eau: la pollution de l'eau est un délit parfois lourdement condamné. Je ne vous citerai que les affaires les plus récentes qui ont connu des suites exemplaires dans notre pays: l'affaire Sandoz, l'affaire Protex;

• la qualité du milieu lui-même: tout aménagement dans un cours d'eau est soumis à autorisation;

• le cadre de vie des poissons: je pense en particulier aux échelles qui leur permettent d'accéder à leurs frayères mal- gré toutes les embûches que l'homme a édifiées sur leur passage.

Je pense aussi aux débits pour lesquels la loi pêche impose un minimum en-deçà duquel la vie animale deviendrait difficile voire impossible.

La loi pêche concerne également:

• la qualité sanitaire des peuplements de nos rivières et la préservation des souches génétiques;

• la gestion des populations, notamment des poissons amphihalins.

Cette loi pêche a d'ailleurs été prolongée récemment par la loi sur l'eau du 3 janvier 1992. La loi sur l'eau confirme, s'il en était encore besoin, la nécessité de prendre en compte les exigences du milieu dans toute politique sur l'eau qui ne peut se limiter à l'approche tant qualitative que quantitative de ses seuls usages. Mais la loi pêche n'aurait pas été complète si elle n'avait posé les principes de la gestion piscicole.

Dès 1984, l'idée selon laquelle la protection ne suffirait pas était lancée. La protection n'est pas une fin en soi. Les peuplements piscicoles doivent aussi être gérés: pour le loisir (la pêche sportive), pour l'activité économique (la pêche pro- fessionnelle qui fait vivre en France plus d'un millier de familles), pour éviter aussi l'établissement de déséquilibres biologiques. Je citerai cet exemple de prolifération des cormo- rans (espèce protégée) dans certaines régions où l'activité de pisciculture est développée.

La loi pêche fixe enfin les bases d'une réelle politique de gestion des milieux et de leurs peuplements: depuis les orien- tations qui sont fixées à l'échelle des grands bassins fluviaux jusqu'aux plans de gestion établis au niveau d'unités géogra- phiques plus fixes permettant ainsi de décider des prélève-

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ments qui peuvent être effectués (notamment la pêche), de Je suis convaincue que les travaux de ces journées aboutiront à l'alevinage qui peut être nécessaire et des repeuplements qu'exi- des solutions fructueuses pour notre environnement dont l'ave- gerait la solution à certains déséquilibres biologiques. nir se décidera prochainement à Rio. Je vous souhaite bon

courage et vous remercie de votre attention.

Tous ces outils existent dans la loi. Mais il fallait l'appui des scientifiques pour assurer les modalités de leur mise en oeuvre.

Vous allez partager aujourd'hui vos expériences dans ces domaines et nous faire connaître les méthodes modernes em- ployées.

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Yvon Côté

Ministère de l'Environnement et de la Faune, Service de la faune aquatique 150, boul. René-Lévesque, 6e étage, Québec, Québec, Canada G1R 4Y1

COTE, Y. 1994. La gestion de la faune piscicole et de la pêche au Québec, p. 5-12. In F. Cotton, S. Asselin, G. Shooner, L. Bernatchez et P. Bérubé [éd.]. Colloque franco-québécois sur l'intégration des technolo- gies modernes à la gestion des poissons dulcicoles et amphihalins. Québec, juin 1992. Ministère de l'Environnement et de la Faune, Service de la faune aquatique, 210 p.

Résumé

La faune piscicole québécoise comprend 115 espèces de poissons dulcicoles et amphihalins, dont moins d'une trentaine sont recherchées par les pêcheurs. La Loi de la conservation et de la mise en valeur de la faune reconnaît trois types d'allocation de la ressource halieutique: la pêche d'alimentation, la pêche sportive et la pêche commerciale. Les pêches, au Québec, sont soumises à des juridictions d'ordre fédéral et d'ordre provincial.

Toutefois, le ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF) demeure le principal intervenant gouverne- mental dans le dossier des pêches aux espèces dulcicoles et amphihalines. Le plan annuel de gestion de la pêche, l'affectation territoriale, le zonage piscicole et la réglementation par zone de pêche constituent les outils primordiaux de gestion des ressources halieutiques des eaux intérieures au Québec. Cinq grandes fédérations représentent les intérêts des pêcheurs et des gestionnaires délégués de la faune. Dans les parcs, les réserves fauniques, les zones d'exploitation contrôlées et les pourvoiries, la diversité des communautés de poissons et la conservation de la ressource piscicole semblent bien assurées. Par contre les ressources piscicoles, particulière- ment en territoire libre, sont soumises à des agressions dans la structure même de leurs communautés et dans leurs habitats. Pour l'avenir, le MEF entend diriger plus d'efforts vers la gestion du territoire libre et la mise en place d'un plan d'action axé sur le développement durable, la gestion intégrée des ressources et le partenariat.

Introduction

La pêche au Québec forme un système relativement vaste et complexe dans lequel interviennent le milieu physique, sup- port de la vie, les poissons et les utilisateurs de la ressource piscicole. Selon les époques et selon les lieux, les interrelations entre ces trois composantes ont pris différents visages et diver- ses intensités, à savoir: le pêcheur autochtone pour qui la pêche est avant tout une activité traditionnelle de subsistance;

le pêcheur commercial des régions éloignées, pour qui la pêche est avant tout une activité traditionnelle de subsistance;

le pêcheur commercial des régions éloignées, pour qui la pêche est un mode de vie, une source de revenu; enfin le citadin ou le villageois trouve dans la pêche, une détente et un loisir qui lui permet un retour à des valeurs profondément naturelles.

À une époque où la démographie québécoise n'atteignait pas encore l'ampleur qu'on lui connaît aujourd'hui et où le milieu n'avait pas encore subi trop d'agressions, l'abondance de la ressource piscicole pouvait accommoder ces trois besoins de notre société, tout en se régénérant. La gestion halieutique se posait alors en termes très simples et il suffisait, bien souvent, d'éviter les prélèvements abusifs et de respecter les périodes sensibles du cycle vital des poissons, comme par exemple les saisons de reproduction, pour que tout fonctionne normale- ment.

Mais, au cours du dernier quart de siècle, les données du problème ont passablement changé. Les pêcheurs québécois se rendent bien compte que leur milieu de vie et celui du poisson ne sont plus aussi reproductifs qu'auparavant et qu'ils

sont très nombreux à vouloir en partager les ressources piscicoles. Dans ce contexte, gérer le poisson implique désor- mais beaucoup plus que le poisson lui-même; il faut s'intéres- ser à la protection du milieu et des habitats piscicoles, il faut rallier les pêcheurs à cette cause, les informer sur les limites des systèmes biologiques de production et, éventuellement, les intégrer dans les processus décisionnels. Conséquemment, la gestion de la pêche a dû mettre en branle un système administratif et des outils de gestion beaucoup plus élaborés qu'autrefois.

L'objectif de cette communication sera donc de présenter dans ses grandes lignes ce qu'est, aujourd'hui, la gestion de la pêche au Québec. Nous passerons brièvement en revue le milieu piscicole et les principales espèces de poissons pêchées de même que les activités de pêche, nous dirons quelques mots du cadre législatif et des principales assises réglementaires sur lesquelles se fonde la gestion piscicole au Québec, nous parlerons de l'organisation du monde des pêcheurs et des administrations gouvernementales et nous terminerons l'ex- posé en identifiant les principaux problèmes auxquels sont confrontées nos ressources piscicoles ainsi que les orienta- tions que nous entrevoyons pour l'avenir.

Le territoire et le domaine piscicole québécois Le Québec couvre une superficie de 1,6 million km2, répartis entre 46° et 62° de latitude nord. De part et d'autre du fleuve Saint-Laurent, trois ensembles géologiques différents se par- tagent très inégalement le territoire québécois et exercent une influence prédominante sur les caractéristiques physico-chi- miques de l'eau et la productivité biologique.

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Au sud, les basses terres du Saint-Laurent, constituées de roches sédimentaires, confèrent aux eaux de cette partie du Québec une forte teneur en minéraux. Au nord du fleuve, le massif laurentien occupe la majeure partie de la province et s'étend sur les bordures orientale et méridionale du bouclier canadien. Cette formation est composée de roches très dures, surtout des gneiss précambriens avec intrusions de granit et de basalte. Les eaux de cette région prennent une coloration brunâtre et sont généralement acides. Le sud du Saint-Laurent appartient à l'extrémité septentrionale du système appalachien où voisinent et alternent de grandes formations calcaires, des schistes argileux et des intrusions de serpentine et de quartz.

Les eaux de ce massif sont généralement bien minéralisées.

La chaîne des Laurentides forme un vaste plateau au relief arrondi et dont l'élévation générale est de 500 à 700 m, drainé d'une multitude de rivières et surtout parsemé d'innombrables lacs d'origine post-glaciaire. Quant aux Appalaches, elles cons- tituent une chaîne de montagnes dont le relief plus prononcé atteint fréquemment 1 000 m et même davantage en Gaspésie.

Cette région est drainée de rivières généralement plus courtes que celles du plateau laurentien. L'ensemble du territoire québécois forme trois grands réseaux de drainage s'écoulant au nord vers la Baie d'Ungava, à l'ouest vers la Baie James et la Baie d'Hudson et à l'est vers l'Atlantique par le Saint- Laurent.

On évalue à 18 % du territoire la superficie en eau, soit ap- proximativement 286 000 km2. La faune ichtyenne du Québec comprend 115 espèces dulcicoles et diadromes, appartenant à 24 familles différentes. De ce nombre 102 espèces sont indi- gènes, les 12 autres ayant été introduites ou ayant débordé de leur aire originelle d'occupation.

La distribution de ces espèces au Québec a été influencée par la dernière glaciation, la physiographie, le climat et les condi- tions écologiques locales. Bien que la classification suivante n'ait rien d'absolument tranché, on peut néanmoins regrouper en six catégories les aires de répartition des poissons:

1. Les espèces liées à la plaine de Montréal (par exemple plusieurs espèces de cyprinidés, le brochet d'Amérique, le brochet du nord, la lamproie argentée, le poisson castor, etc.);

2. Les espèces typiques de l'ouest de la province (par exemple la laquaiche, le cisco, etc.);

3. Les espèces migratrices dont la distribution est influencée par le Saint-Laurent (par exemple, le saumon atlantique, le poulamon atlantique, l'esturgeon noir, etc.);

4. Les espèces liées à la bordure maritime tant à l'est, au nord, qu'à l'ouest du Québec (par exemple, l'omble chevalier, l'épinoche à trois épines);

5. Les espèces ubiquistes (par exemple, l'omble de fontaine, le grand brochet, le touladi, le grand corégone, etc.) que l'on retrouve partout au Québec où les conditions écologi- ques locales sont favorables;

6. Les espèces introduites (par exemple, la truite arc-en-ciel, la truite brune, etc.).

Il arrive également qu'une espèce couvre plus d'un domaine, c'est le cas particulièrement de certaines espèces comme le

doré jaune et la perchaude que l'on retrouve dans les eaux des basses terres du Saint-Laurent et dans l'ouest de la province.

Les activités de pêche La pêche à des fins d'alimentation

Pour des raisons historiques et sociales, la loi québécoise de la conservation et de la mise en valeur de la faune reconnaît la pêche d'alimentation comme étant prioritaire à toute autre forme de prélèvement. En effet, la pêche à des fins d'alimenta- tion s'inscrit dans la culture et les traditions ancestrales des autochtones. Les quelque 50 000 Amérindiens et Inuit du Québec, répartis en une cinquantaine de communautés, prati- quent à des degrés divers, la pêche dans les eaux intérieures.

Les données actuellement disponibles concernant les récoltes de poissons effectuées par les autochtones sont en général peu abondantes et très approximatives, voire même inexistantes dans de nombreux cas. Les seuls renseignements documentés sur cette activité concernent essentiellement les communautés avec lesquelles le MLCP (aujourd'hui le MEF) a signé des conventions ou des protocoles d'entente.

Dans le cas des communautés vivant le long des rivières à saumon, on note une évolution de la pratique de pêche. Sans renoncer à la tradition de la pêche d'alimentation, pratiquée au moyen de filets maillants, les autochtones s'intéressent de plus en plus à la gestion de la pêche sportive, qu'ils voient comme un moyen de développement économique de leurs commu- nautés.

Bien que par endroits et en certaines époques de l'année, la pêche d'alimentation puisse être importante du point de vue du nombre de prises, au total, on estime qu'elle exerce un effet relativement minime sur les stocks de poissons.

La pêche récréative

Une étude déjà vieille d'une dizaine d'années rapporte qu'au Québec, la pêche récréative se classe au 5ième rang sur 25 activités récréatives recensées. Le nombre de permis de pêche vendus est en progression constante depuis 1975, au rythme de 4 % par année; il atteignait le chiffre de 777 600 en 1988. Les statistiques sur la vente des permis ne donnent qu'un aperçu minimal de l'activité de pêche, car le permis autorise le con- joint et les enfants de moins de 18 ans à pêcher. On évalue à 1,1 million le nombre de québécois qui pratiquent la pêche, soit une personne sur six. La proportion des pêcheurs non- résidants est faible, soit environ 5 % de la population totale de pêcheurs.

En 1988, il s'est pratiqué 18 millions de jours-pêche au Québec, pour une moyenne de 14,1 jours par pêcheur. Les régions qui supportent le plus gros de l'effort de pêche sont les régions de Montréal/Laurentides, Québec, Saguenay/Lac-Saint-Jean, Outaouais et Mauricie/Bois-Francs, donc essentiellement le sud du Québec.

Il se capture plus de 100 millions de poissons annuellement au Québec dont près de 32 millions sont des salmonidés, l'omble de fontaine formant l'essentiel de la récolte. La perchaude est probablement l'espèce la plus récoltée par les pêcheurs québécois. Viennent ensuite les dorés et les brochets.

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Les enquêtes portant sur les indices de satisfaction des pê- cheurs montrent que les valeurs recherchées à l'occasion de la pratique de la pêche sont la qualité de l'eau, la beauté du site, l'évasion de la routine, la capture d'espèces sauvages, alors que le nombre de poissons capturés et leur taille revêtent une importance secondaire. Toutefois il faut se méfier d'un tel portrait-robot. En fait, selon l'expérience des pêcheurs, selon l'intérêt que les gens portent à la pêche et selon aussi les espèces recherchées, il est possible de reconnaître dans la population de pêcheurs des sous-groupes qui accordent une valeur plus ou moins importante et parfois très différente aux facteurs mentionnés précédemment.

Soulignons également que la pêche sportive est une activité économique importante qui amène des dépenses directes an- nuelles de plus de 1,4 milliard de dollars de la part de ses adeptes. On estime à plus de 14 000 le nombre d'emplois (mesurés en personnes-année) reliés à la pêche sportive.

Enfin, il faut mentionner que la pêche sportive est en pleine expansion au Québec. De 1975 à 1988, l'effort de pêche est passé de 8 millions à 18 millions jours-pêche, ce qui n'est pas sans inquiéter les responsables de la gestion de la pêche puis- que, pendant la même période, le succès de pêche diminuait de 5,6 à 4,6 poissons par jour-pêche.

La pêche commerciale

La majorité des 115 espèces de poissons dulcicoles et amphihalins du Québec peuvent être exploitées par la pêche commerciale. Seule une dizaine d'espèces sont réservées ex- clusivement à la pêche récréative, comme l'omble de fontaine, la ouananiche, la truite brune, la truite arc-en-ciel, le maskinongé, etc. Mais en pratique une vingtaine d'espèces seulement font l'objet d'une exploitation commerciale. Au total, toutes espèces confondues, les débarquements annuels de ces espèces atteignent, ces dernières années, près de 2 000 tonnes métriques.

La pêche en eau douce est principalement concentrée dans le fleuve Saint-Laurent où la diversité des espèces, la biomasse et la productivité biologique ainsi que la proximité des mar- chés de consommation permettent son maintien sur une base permanente. Dans le Saint-Laurent, la plus grande part de la pêche commerciale s'effectue dans le lac Saint-Pierre. Les principales espèces exploitées dans les pêches intérieures sont l'anguille, la barbotte brune, l'esturgeon jaune et la perchaude.

Dans le secteur maritime, les activités de pêche commerciale se concentrent dans le secteur du Bas-Saint-Laurent et sur la Moyenne et la Basse Côte-Nord du Saint-Laurent. Les espèces les plus importantes sont l'anguille, l'éperlan, l'esturgeon noir et le saumon atlantique. La pêche de l'anguille est une activité localement lucrative pour les pêcheurs de l'estuaire qui la capturent, l'automne, sur son parcours migratoire.

Bien que la pêche commerciale des espèces dulcicoles et amphihalines ne soit pas, dans l'ensemble, une activité très importante, localement elle procure néanmoins des retombées économiques appréciables. On estime que cette industrie génère une valeur au débarquement de l'ordre de 4 millions de dollars annuellement. En 1991 le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) a ac-

cordé 461 permis à des pêcheurs commerciaux, dont environ 150 tirent, de la pêche commerciale, leur revenu principal.

La pêche commerciale des espèces dulcicoles et amphihalines est soumise à un ensemble de contraintes qui limitent significativement ses perspectives de développement. La prio- rité d'allocation des stocks de poissons à la pêche récréative, la sensibilité de plusieurs espèces à la surexploitation, la petitesse de certaines pêcheries et de ce fait leur faible rentabilité, l'absence de connaissances de base sur le rende- ment potentiel de certaines espèces, la contamination de la chair du poisson et le développement de l'aquiculture sont autant de facteurs qui réduisent les possibilités de développe- ment de ce secteur. Malgré ces contraintes, il existe des ouver- tures pour la pêche commerciale; elles se situent principalement dans la commercialisation plus active d'espèces peu recher- chées par la pêche récréative (corégones, meuniers, lottes) et par la transformation plus poussée des produits de pêche. Le projet d'usine de transformation du poisson du lac Saint-Pierre constitue une première initiative en ce sens.

Le cadre législatif, réglementaire et administratif Au Québec, deux paliers de gouvernement exercent des res- ponsabilités en matière de gestion des pêches. En effet, la constitution canadienne confère au gouvernement fédéral l'autorité législative et réglementaire sur les conditions d'exer- cice de la pêche alors que le gouvernement du Québec, lors- qu'il en est le propriétaire, ce qui est très largement le cas, peut contrôler l'accès aux territoires riverains et aux droits de pêche associés. En règle générale, on estime que seulement

15 % des droits de pêche sont privés.

A la suite d'une entente intervenue en 1992, le gouvernement du Québec administre, par délégation, le Règlement fédéral de pêche du Québec. Ce règlement concerne les espèces dulcicoles ainsi que les espèces anadromes et catadromes. La pêche des espèces marines demeure sous contrôle fédéral, de même que les dispositions de la loi canadienne sur les pêcheries touchant à l'habitat du poisson.

Deux ministères provinciaux se partagent la gestion des stocks et l'administration de la pêche au Québec. Ce sont le ministère de l'Environnement et de la Faune (MEF) et celui de l'Agri- culture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ). Le MEF assume la responsabilité de la gestion des stocks de poissons dulcicoles et amphihalins, l'administration des pê- ches d'alimentation (amérindiens) et de la pêche sportive, tandis que le MAPAQ gère les activités de pêche commerciale et l'aquiculture privée. En outre, en vertu de la loi québécoise de la conservation et de la mise en valeur de la faune, le MEF élabore annuellement un plan de gestion de la pêche, lequel détermine l'allocation des stocks de poissons selon l'ordre de priorité suivant: (1) les reproducteurs, (2) la pêche d'alimenta- tion; (3) la pêche sportive et (4) la pêche commerciale, en vue de l'optimisation socio-économique des bénéfices reliés à la pratique de la pêche.

Dans le but d'harmoniser les objectifs de développement par- fois conflictuels de la pêche commerciale et de la pêche spor- tive, deux comités interministériels ont été institués: un comité scientifique conjoint et un comité conjoint de gestion. Le

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fonctionnement de ces comités se fait de façon ad hoc selon les besoins posés par l'élaboration du plan annuel de la gestion de la pêche. En dernier ressort, c'est le ministre de l'Environ- nement et de la Faune qui a la responsabilité de presenter le plan annuel de gestion de la pêche au conseil des ministres.

La juridiction sur la protection du milieu aquatique et sur l'habitat du poisson est, quant à elle, partagée entre deux ministères: le ministère fédéral des Pêches et des Océans, dont la loi sur les pêcheries contient un certain nombre de disposi- tions visant la protection de l'habitat du poisson et le ministère québécois de l'Environnement et de la Faune, qui par sa loi sur la qualité de l'environnement légifère en milieu aquatique, et dont la loi sur la conservation et la mise en valeur de la faune l'autorise à intervenir pour protéger l'habitat du poisson.

La gestion de la pêche et la protection des stocks et des habitats

Les interventions de nature réglementaire constituent actuelle- ment le principal outil de gestion de la pêche, des populations de poissons et de leurs habitats au Québec. À cet égard, l'essentiel de la réglementation s'appuie sur quatre formes de zonage qui se superposent et déterminent la nature des activi- tés et des interventions autorisées. Ce sont: l'affectation terri- toriale, les zones de pêche, le zonage piscicole et enfin l'habi- tat du poisson. Alors que l'affectation territoriale et le zonage piscicole découlent d'une législation québécoise, les zones de pêche sont édictées en vertu de la loi fédérale sur les pêcheries.

Pour ce qui est de l'habitat du poisson, il est réglementé concurremment par le gouvernement fédéral et par le gouver- nement provincial.

L'affectation territoriale

Pour les fins de la pêche, la loi de la conservation et de la mise en valeur de la faune autorise le ministre responsable de son application à créer à même le domaine public des parcs, des réserves, des zones d'exploitation contrôlées et des pourvoiries.

Ces quatre catégories de territoire sont dites «territoire struc- turé» et se caractérisent d'abord par le fait que l'accès y est de quelque manière contrôlé voire contingenté. Par défaut d'af- fectation, le reste du domaine public est qualifié de territoire public libre. Il ne sera pas question ici du territoire privé pour lequel nous n'avons virtuellement pas d'information.

Les parcs

Le réseau des parcs québécois compte actuellement seize parcs répartis dans tout le Québec méridional et couvrant une superficie de 4 200 km2. Ces territoires ont pour objectifs de conserver et de mettre en valeur les éléments représentatifs ou singuliers du patrimoine naturel québécois et de contribuer à répondre au besoin de loisir de plein air de la population. Bien que la majorité des activités pratiquées dans les parcs corres- pondent à des activités dites de «non-prélèvement», la pêche y est offerte, en autant que sa pratique et sa gestion respectent les processus écologiques à la base du concept des parcs.

Les pêcheurs ne représentent qu'un faible pourcentage de la clientèle totale du réseau des parcs, soit moins de 2 %. La pêche y est contingentée sur la base d'un nombre limité de droits d'accès quotidien et d'un quota de capture par lac.

L'effort de pêche se situe autour de 60 000 jours-pêche, repré- sentant à peu près 0,3 % de l'effort de pêche sportive pratiquée au Québec.

Précisons enfin que la gestion de la pêche dans les parcs québécois est assurée directement par le personnel du MEF.

Les réserves fauniques

Les réserves fauniques sont des entités territoriales du do- maine public, représentatives de communautés fauniques et/

ou d'écosystèmes du Québec, dont la vocation est vouée à la pratique de la chasse et de la pêche et où la gestion est assumée soit directement par le personnel du MEF, soit par une société d'état relevant de l'autorité du ministre en titre. L'image de marque du réseau des réserves fauniques est la qualité de l'expérience cynégétique et halieutique. Le réseau comprend 17 réserves occupant une superficie de 67 000 km2; il contri- bue à maintenir l'expertise de gestion chez le personnel du ministère.

Comme ailleurs dans le territoire structuré, tout en étant acces- sible selon une formule démocratique, l'exercice de la pêche y demeure néanmoins contingenté par la biais de l'acquittement de droits d'accès. Le produit pêche, dans les réserves fauniques, est offert sur une base quotidienne ou encore avec séjour sur place en forêt. Cette activité génère quelque 385 000 jours- pêche, ce qui en fait l'activité la plus populaire dans les réserves fauniques. Toutefois cette valeur ne représente que 2 % de l'effort de pêche global du Québec.

Les zones d'exploitation contrôlée

Les zones d'exploitation contrôlée ou zees sont des entités territoriales établies sur des terres domaniales et dont la ges- tion est confiée à des associations locales de chasse et de pêche et où l'on contrôle l'accès. Ce concept de gestion a été implanté à la fin des années 1970 à la suite de l'abolition des clubs privés de chasse et de pêche. Ces clubs privés avaient été mis en place à la fin du 19ième siècle, dans ce qui constituait alors l'arrière-pays du Québec, afin de protéger la faune contre le braconnage et également dans le but de tirer des revenus de la location de ces territoires.

Ainsi depuis 1978, par le biais de protocoles d'entente, le MLCP (aujourd'hui le MEF) délègue la gestion de la chasse et de la pêche à des associations sans but lucratif. Quatre princi- pes directeurs gouvernent cette délégation de gestion: la con- servation de la faune, l'accessibilité démocratique à la res- source, la participation des usagers à la gestion et l'autofinan- cement des opérations. En contrepartie les gestionnaires de zees contrôlent l'accès à leur territoire à l'intérieur de modali- tés tarifaires définies par le MEF et dans le cadre des quatre principes de délégation.

Le réseau compte 73 zees: 62 zees de chasse et de pêche;

10 zees de pêche au saumon et une zec de chasse à la sauvagine.

L'ensemble des zees couvre une superficie de près de 48 000 km2 pour les zees de chasse et de pêche et de 730 kilo- mètres linéaires pour les rivières à saumon. L'effort de pêche est évalué à 650 000 jours-pêche, ce qui représente 3,6 % de l'effort de pêche global du Québec.

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Les pourvoiries

Les pourvoiries sont des entreprises qui offrent, contre rému- nération, de l'hébergement, des services ou de l'équipement pour la pratique d'activités de chasse, de pêche ou de piégeage à des fins récréatives. Le réseau des pourvoiries du Québec comprend deux types d'entreprises: celles qui détiennent par bail l'exclusivité de l'exploitation de la faune sur un territoire public donné et celles qui opèrent, sans bail de l'état, sur le territoire public libre ou sur le domaine privé. On dénombre 184 pourvoiries du premier type et 555 du second. Les pourvoiries à droits exclusifs occupent une superficie d'envi- ron 22 000 km2.

L'accès y est contingenté en fonction du potentiel halieutique et cynégétique du territoire, en fonction également des capaci- tés d'accueil des établissements. La tarification s'ajuste à la loi de l'offre et de demande, dans un contexte de libre entreprise.

Il se pratique environ 1,1 million jours-pêche dans les deux catégories de pourvoiries, ce qui représente 6,1 % de l'effort global de pêche au Québec.

Jusqu'à tout récemment le Ministère s'était assez peu préoc- cupé des pourvoiries du point de vue de la gestion de la faune, laissant l'entreprise privée opérer sur une base artisanale ou encore d'essais et erreurs. Des plans de gestion des pourvoiries sont actuellement en cours d'élaboration. Ils permettront une gestion et un développement de la pourvoirie tant du point de vue biologique que du point de vue économique.

Le territoire libre

Quant au territoire public libre, il occupe la plus grande super- ficie du territoire domanial, soit environ 60 %, si on fait exclu- sion du Nouveau-Québec dont le régime des terres est régi par des lois particulières à ce territoire et qui, du reste, n'est pas facilement accessible aux pêcheurs. Dans le territoire libre, l'accès aux plans d'eau et aux cours d'eau n'y est pas contin- genté et les seules exigences requises pour la pratique de la pêche sont l'acquisition du permis provincial de pêche et le respect de la réglementation des zones de pêche, sujet sur lequel nous reviendrons plus loin. Le territoire libre supporte plus de 80 % de l'effort total de pêche pratiqué au Québec. En outre, alors que l'effort de pêche est stabilisé depuis une dizaine d'années sur les territoires structurés, la pression de pêche augmente continuellement sur le territoire libre.

Les zones de pêche

Le Règlement de pêche du Québec subdivise le territoire en 25 zones de pêche, établies en fonction de critères physiques, géographiques et biologiques tel les bassins hydrographiques, les réseaux routier et ferroviaire, les repères naturels et géo- graphiques et bien évidemment la composition et les caracté- ristiques des communautés d'espèces ichtyennes.

Le but de ce zonage est de fixer le périmètre d'application des règles de la pêche. Celles-ci peuvent porter, selon les zones et les espèces, sur la saison d'ouverture, les limites journalières de prises, les limites de prises annuelles, les limites de posses- sion et le type d'engin autorisé.

Mentionnons que les territoires structurés peuvent obéir à des règles parfois différentes des zones de pêche dans lesquelles

ils se situent. En règle générale, elles y sont plus restrictives.

Ajoutons également que la pêche du saumon atlantique est davantage réglementée à partir du concept d'une «gestion bassin par bassin» que sur la seule base des zones de pêche.

Le zonage piscicole

Les activités reliées à l'aquaculture et aux ensemencements de poissons dulcicoles et amphihalins sont soumises au règle- ment sur l'aquaculture et le zonage piscicole. Ce règlement établit des zones piscicoles et détermine les poissons ou les catégories de poissons qui peuvent y être produits, ensemen- cés, gardés en captivité, élevés ou transportés. Pour l'instant le territoire québécois est subdivisé en 7 zones piscicoles où seules certaines catégories d'opérations impliquant certaines espèces sont autorisées. Jugé comme un frein trop sévère au développement de l'aquiculture industrielle, ce zonage est actuellement en processus de révision. À l'avenir, il devrait comprendre 25 zones qui pourront être différentes des zones de pêche. L'objectif fondamental de ce zonage est de protéger l'intégrité spécifique des communautés de poissons des diffé- rents milieux aquatiques contre l'introduction volontaire d'es- pèces non endémiques à une zone donnée.

L'habitat du poisson

L'habitat du poisson correspond implicitement à une forme de zonage où certains types d'activités susceptibles de le pertur- ber sont soumises à un contrôle gouvernemental. À cet égard, l'habitat est défini à la fois dans la loi fédérale sur les pêcheries et dans la loi québécoise sur la conservation et la mise en valeur de la faune.

L'organisation des pêcheurs

Le Québec compte cinq fédérations de pêcheurs et de gestionnaires de la pêche, la Fédération québécoise de la faune, Fapel-faune, la Fédération québécoise pour le saumon atlantique, la Fédération des gestionnaires de zees et la Fédé- ration des pourvoyeurs du Québec. Soulignons qu'au Québec, il n'y a pas d'obligation légale d'appartenance à une associa- tion pour exercer la pêche. Également, bien que la fédération d'organismes ne soit pas institutionnalisée, elle est encoura- gée par le MEF, qui contribue en partie à leur financement et les considère comme ses principaux partenaires.

La Fédération québécoise de la faune (FQF)

C'est la plus ancienne fédération d'associations de chasseurs et de pêcheurs au Québec, son incorporation remontant à 1946. Elle comprend 242 associations affiliées, réparties très largement à travers le territoire et regroupées en 10 régionales.

La charte de la FQF prévoit également la possibilité d'un membership individuel. Elle représente environ 250 000 mem- bres, chasseurs et pêcheurs.

La FQF est un organisme voué à la conservation et à l'éduca- tion à l'égard de la faune; elle représente les intérêts de ses membres et se veut un partenaire privilégié des autorités gou- vernementales intervenant dans le domaine de la faune. En outre, elle a mis sur pied une fondation qui recueille des fonds pour venir en aide à la réalisation de projets touchant la conservation et l'aménagement de l'habitat de la faune.

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La FQF tient de façon statutaire des réunions régionales et un congrès annuel national.

Fapel-faune

Fapel-faune est une jeune fédération, incorporée en 1986 et dont le champ d'action est plus spécifique que celui de la FQF.

En effet, elle regroupe 421 associations qui, en général, sont composées de membres propriétaires de terrains situés en bordure de lacs où le développement de la villégiature a conduit à une privatisation de l'espace riverain et indirectement, en bien des cas, à celle de la pratique de la pêche.

Egalement vouée à la conservation et à l'éducation à l'égard de la faune, Fapel-faune fait aussi la promotion active du concept de la gestion de la pêche et de la protection des habitats riverains par ses membres. Tout comme la FQF, la charte de Fapel-faune inclut la possibilité d'un membership individuel.

La Fédération québécoise pour le saumon atlantique (FQSA)

La FQSA est également une fédération relativement jeune, incorporée en 1976 et dont le centre d'intérêt est très spéciali- sée, à savoir la défense du saumon atlantique et la promotion de la pêche sportive. Contrairement aux deux fédérations pré- cédentes la FQSA est à la fois de façon très marquée une fédération d'associations et un regroupement de membres individuels. Elle comprend 41 associations et plus de mille membres individuels, organisés en cinq bureaux régionaux.

Fait à signaler également, les associations membres de la FQSA peuveut être des associations gestionnaires de rivières à saumon.

Elle se veut en outre un partenaire des instances gouverne- mentales pour assurer la conservation du saumon et a mis sur pieds une fondation visant à accumuler des fonds pour des projets de mise en valeur du saumon.

La FQSA tient un colloque annuel à l'intention des membres gestionnaires de rivières et un congrès annuel pour l'ensemble de ses membres. Le colloque annuel prend parfois l'envergure d'un colloque international où des thèmes majeurs comme la conservation, le développement, la gestion et l'exploitation de la ressource-saumon sont abordés de façon vigoureuse.

La Fédération québécoise des gestionnaires de zees (FQGZ)

Le FQGZ regroupe 60 associations gestionnaires de zees, qui elles-mêmes représentent près de 41 000 membres. Au-delà des objectifs de conservation et d'éducation de la clientèle fréquentant les zees, cette fédération représente fondamen- talement les intérêts des gestionnaires de zees auprès du MLCP, en vue du bon fonctionnement du réseau des zees. Elle offre un certain nombre de services à ses membres en vue d'assurer une saine gestion de la faune. Enfin la FQGZ se veut bien entendu un partenaire du MEF, dans la mesure où les gestionnaires de zees gèrent des territoires sous une délégation obtenue de ce ministère.

Par le biais de son congrès annuel, la FQGZ formule au MEF les recommandations qui lui proviennent de ses membres.

La Fédération des pourvoyeurs du Québec (FPQ)

La FPQ fut incorporée en 1948. Elle représente 200 pourvoyeurs regroupés en 10 associations régionales. L'objectif principal de la FPQ est la promotion et la défense des intérêts de ses membres gestionnaires de territoires. Par ailleurs, la FPQ voit à l'application et à la diffusion du code de déontologie s'appli- quant aux pourvoyeurs. Enfin, la FPQ se veut un partenaire du MEF dans l'élaboration et l'application de la politique de gestion de la faune.

L'une de ses principales activités est l'organisation d'un salon annuel de la pourvoirie qui favorise la promotion de cette industrie.

L'organisation, les mécanismes administratifs et la philosophie de gestion du ministère de

l'Environnement et de la Faune

La gestion des populations de poissons dulcicoles et amphihalins s'exerce dans le cadre d'une juridiction partagée entre différents ministères du gouvernement provincial et avec le gouvernement fédéral. Toutefois, en pratique, le ministère de l'Environnement et de la Faune, par l'ampleur de son appareil législatif, réglementaire et administratif, et par sa présence sur l'ensemble du territoire, demeure le principal intervenant gouvernemental dans le domaine faunique.

Dans le cadre de sa mission faune, le MEF a pour mandat de conserver et de mettre en valeur la faune. Pour s'acquitter de ce mandat, le ministère dispose d'un budget voté annuelle- ment à l'assemblée nationale ainsi que de ressources matériel- les et humaines permanentes, contractuelles et saisonnières.

Le personnel de catégories cadre, professionnel, technique, de soutien de même que les agents de conservation de la faune est réparti au sein d'unités administratives centrales et régionales.

Les directions centrales assument la responsabilité d'élaborer des orientations et des politiques ainsi que de déterminer les objectifs et les programmes d'action pour l'ensemble du mi- nistère. À ces fins, elles conduisent des activités de normalisation et de coordination et, également, des activités de recherche et de développement. Quant aux directions régio- nales, elles ont la responsabilité de l'application et de la mise en oeuvre des programmes et de la gestion des territoires et des équipements dans chacune des dix régions administrati- ves. À ces fins, les directions régionales poursuivent des acti- vités de communication, d'éducation, de protection, de suivi de l'exploitation, de service à la clientèle, d'acquisition de connaissances et d'aménagement de l'habitat.

L'harmonisation entre les actions des unités centrales et régio- nales du ministère s'effectuent par le biais de la revue annuelle des programmes et consécutivement par l'exercice d'interface de la programmation des activités, par la tenue d'un atelier annuel de travail en faune aquatique et par la mise en place d'outils de gestion comme le manuel de standardisation des méthodes d'inventaires de la faune aquatique, le guide de déversement des poissons, le système d'information de la faune aquatique (SIFA), etc.

Par ailleurs, la liaison entre les pêcheurs, les gestionnaires de zees et de pourvoiries et les instances décisionnelles du minis- tère se fait par la présence systématique de représentants

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ministériels lors des congrès annuels des fédérations et, depuis tout récemment, par la tenue d'assises fauniques annuelles où le ministre invite l'ensemble de ses partenaires directs et indirects autour d'une table ronde.

Signalons aussi que, tout en se situant à l'intérieur du cadre fixé par les nécessités biologiques de la conservation des stocks de poissons, la philosophie de gestion du MEF s'inspire de plus en plus de concepts empruntés à la gestion des entre- prises privées et aux sciences du marketing: on parle d'offre faunique et d'offre de pêche, de demande pour des jours- pêche, voire même pour des produits haut de gamme, milieu de gamme et bas de gamme, de besoins de la clientèle et de taux de satisfaction de la clientèle. La gestion des différentes catégories de territoires structurés est totalement axée sur ces concepts et, dans le cas du territoire libre, elle est en voie de l'être.

Enfin deux sociétés d'état relèvent de l'autorité directe du ministre de l'Environnement et de la Faune. Ce sont la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) et la Fondation de la faune du Québec (FFQ). La première gère un certain nombre de réserves fauniques au nom du MEF, tandis que la seconde finance des projets d'aménagement d'habitats fauniques. Ces deux sociétés disposent de leurs propres bud- gets de fonctionnement et s'autofinancent à partir de leurs revenus autonomes: dans le cas de la SEPAQ à partir des forfaits et droits d'accès liés à l'exercice de la chasse et de la pêche, et dans le cas de la FFQ, à partir d'une taxe sur le coût des permis de chasse et de pêche et de donations privées. Ces deux sociétés, tout en étant d'intérêt public, fonctionnent se- lon leurs règles administratives propres, échappant ainsi en bonne partie à la lourdeur de l'administration publique.

L'intervention des autres organismes gouvernementaux et des universités

Outre le MEF, plusieurs autres organismes gouvernementaux ont des programmes d'action soit en faveur de la faune aquati- que, soit en faveur de la pêche, soit même les deux à la fois.

Il convient d'abord de mentionner deux ministères du gouver- nement fédéral. D'abord le ministère des Pêches et des Océans, dont le programme «habitat du poisson» est en voie d'expan- sion, contribue à la protection des habitats aquatiques de même qu'à la recherche dans ce domaine. Il y a également le minis- tère de l'Environnement qui, par le biais du Plan d'action Saint-Laurent, s'intéresse aux communautés piscicoles comme élément caractéristique de l'écosystème aquatique. Il s'agit d'une initiative relativement nouvelle qui est appelée vraisem- blablement à se développer.

Du côté du gouvernement du Québec mentionnons trois orga- nismes. Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, maintient un petit noyau de chercheurs en matière de pêche commerciale et, ces dernières années, se dirige davantage vers le développement de l'aquiculture. Le ministère de l'Environnement et de la Faune dispose égale- ment d'une petite équipe de chercheurs pour le dossier des précipitations acides, dont un des projets porte sur l'effet de l'acidification des lacs et des cours d'eau sur les populations de poissons. La société d'état Hydro-Québec, très active dans

le dossier piscicole, est dotée d'une importante Direction de l'Environnement et de moyens substantiels pour l'étude des populations de poissons dans les réservoirs et les cours d'eau influencés par ses ouvrages et ses projets.

Mentionnons aussi deux nouveaux venus dans le monde de la pêche. Il s'agit de l'Office de la Planification et du Développe- ment du Québec (provincial) et du Bureau Fédéral de Déve- loppement Régional-Québec. Ces deux organismes à vocation économique s'intéressent de plus en plus à la promotion du développement économique régional par le développement de la pêche sportive et, conséquemment à l'aménagement de l'habitat du poisson.

Enfin, le secteur universitaire. Au-delà d'une collaboration minimale ou parfois épisodique avec l'appareil gouvernemen- tal et au-delà également du contexte particulier de la formation d'étudiants au grade de la maîtrise et du doctorat, les universi- tés québécoises n'ont pas, jusqu'ici, maintenu de programmes de recherche ou de formation très actifs dans le domaine de l'halieutique. L'Université du Québec à Rimouski échappe tout juste à cette règle, puisqu'à partir de septembre 1992, elle ouvrira un programme de formation de niveau maîtrise en aménagement de la faune, de même que l'Université du Québec à Trois-Rivières, qui développe depuis quelques années, une expertise de pointe sur l'omble de fontaine, l'une des espèces piscicoles dominantes du Québec. Enfin signalons qu'au Québec, contrairement à ce qui prévaut pour le secteur mari- time, il n'y a pas d'institut dont la vocation soit la recherche de base et appliquée aux poissons dulcicoles et amphihalins.

Les grands dossiers de faune aquatique

Bien que la gestion de la faune aquatique et de la pêche en eau douce soit supportée par des structures relativement élaborées et des moyens appréciables, et que, par ailleurs, la sensibilité environnementale se développe constamment chez les Québécois, une foule de problèmes confrontent néanmoins quotidiennement nos ressources piscicoles. L'examen des grands dossiers de la faune aquatique nous en témoignera.

Pour les fins de cette présentation, les principaux problèmes seront abordés sous trois angles, soit les agressions à l'habitat du poisson, les atteintes à l'intégrité des communautés piscicoles et les entraves à la pêche.

Les agressions à l'habitat du poisson

Sous ce chapitre, on distingue cinq types de problèmes aux- quels sont associés un certain nombre de dossiers:

• la manipulation des niveaux et des débits d'eau: à ce sujet mentionnons le dossier du contrôle des hauts niveaux du Saint-Laurent et celui du marnage des réservoirs hydroélectriques;

• l'altération du lit des cours d'eau: trois dossiers à signaler le dragage du Saint-Laurent et des embouchures de ses tributaires, le drainage agricole et la canalisation des cours d'eau en milieu urbain et péri-urbain;

• l'altération des rives: à titre d'exemple citons le dossier des remblayages et des endiguements en plaine inondable, no- tamment le long du Saint-Laurent;

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• les modifications diffuses de l'hydrologie des bassins: le dossier des grandes coupes forestières de l'arrière-pays québécois;

• la modification de la qualité des eaux est à 1* origine de plusieurs dossiers, par exemple la contamination de la chair des poissons, les pluies acides et l'acidification des lacs du bouclier, l'eutrophisation des lacs de villégiature et la pol- lution transfrontalière du Saint-Laurent.

Les atteintes à l'intégrité des communautés piscicoles Les principaux dossiers sont regroupés sous quatre têtes de chapitre:

• la surexploitation des stocks avec des interventions priori- taires dans trois dossiers: celui du touladi et de l'esturgeon jaune, deux espèces longévives et à maturité tardive; celui de la villégiature qui produit une concentration de l'effort de pêche autour des lacs à omble de fontaine et à touladi; et celui des interceptions de saumons d'origine québécoise hors frontières;

• la perturbation de l'intégrité génétique des races et des souches sauvages, un problème potentiel auquel est associé le dossier des ensemencements de poissons en milieu natu- rel;

• la modification de la composition spécifique des commu- nautés de poissons. Mentionnons ici le dossier des ensemencements de salmonidés non-indigènes tant au Québec que dans les Grands Lacs, le dossier des poissons- appâts relâchés malencontreusement dans les lacs originellement à populations allopatriques d'omble de fon- taine, où ils forment des populations compétitrices à cette espèce;

• enfin le problème des espèces menacées ou disparues avec deux dossiers actifs: le dossier du suceur cuivré, espèce menacée et spécifique au Québec qu'on ne retrouve plus que dans un seul cours d'eau; le bar rayé, une espèce considérée techniquement disparue du Saint-Laurent.

Les entraves à la pêche et à son développement

Bien évidemment tous les problèmes mentionnés précédem- ment constituent des nuisances à la faune aquatique et par voie de conséquence à la pêche. Cependant, il convient d'ajouter trois autres catégories de facteurs qui limitent l'exercice de la pêche ou son développement.

D'abord l'occupation et la privatisation des rives par l'indus- trie, l'urbanisation ou simplement la villégiature transforment, indirectement, des pêcheries publiques en pêcheries privées, ou encore viennent totalement interdire, en pratique, l'accès

aux cours d'eau sur des distances appréciables. Ensuite la compétition entre les différentes formes de pêches, principalement commerciales et sportives, de même que la connaissance encore trop partielle des besoins précis de la clientèle, conduisent bien souvent à une utilisation sous-opti- male de la ressource halieutique. Enfin le manque de connais- sances du potentiel récoltable de certaines espèces peu recher- chées et la quasi absence de développement technologique pour la capture sélective d'espèces cibles constituent égale- ment un frein à l'expansion des pêches.

Alors qu'il existe une sensibilité bien développée à l'égard du problème de la privatisation des berges, non pas que le dossier soit réglé, cependant, il en est autrement en ce qui a trait à la recherche de formules permettant l'utilisation optimale des ressources halieutiques, à l'amélioration des connaissances et au développement technologique. Sans être des secteurs tout à fait négligés, ces aspects constituent néanmoins des dossiers dont le développement reste à assurer.

Conclusion et orientation

Au terme de cet exposé, il ressort assez clairement que les efforts du MLCP (aujourd'hui le MEF), au cours des 25 dernières années, ont porté avant tout sur le réseau des territoi- res structurés, soit les parcs et les réserves fauniques, les zees et les pourvoiries. L'ensemble couvre une superficie d'un peu plus de 15 % sur laquelle la conservation de la ressource piscicole semble bien assurée, la diversité des populations fauniques maintenue et où la gestion halieutique est relative- ment bien structurée. À cet égard les prescriptions de la Charte mondiale pour la conservation de la nature sont globalement respectées. Mais on ne peut pas tout transformer en parc et réserve, il faudra bien, sur l'ensemble du territoire public libre, apprendre à vivre de façon coutumière en harmonie avec la nature et à mettre en place les moyens d'y arriver.

Dans cette perspective, le MEF entend s'engager dans un certain nombre d'orientations, plus particulièrement sur le territoire libre. Tout d'abord trois concepts s'élaborent actuel- lement au ministère et deviendront les déterminants de tout plan d'actions: les expressions «développement durable», «ges- tion intégrée des ressources» et «partenariat» deviendront les leitmotivs de la gestion faunique au Québec. Déjà le MEF a mis en place des moyens pour orienter l'avenir dans cette direction. Sur le terrain, les actions concrètes toucheront beau- coup plus qu'auparavant à l'éducation en matière faunique, aux interventions de restauration et d'amélioration de l'habitat du poisson et à la recherche et au développement pour suppor- ter ces actions.

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Daniel Gerdaux

Mise en situation: suivi des populations et de la récolte de poissons en France Claude Lassus

Mise en situation: suivi des populations et de la récolte de poissons au Québec Michel Larinier et François Travade

Utilisation des dispositifs de franchissement pour le suivi des stocks et la gestion des populations de poissons migrateurs

Pierre Elie, Eric Rochard et Didier Babin

Acquisition de données de captures par pêche en vue de la gestion de populations de poissons, contraintes et méthodes en fonction des objectifs: exemple de l'anguille

D. Gascuel et Guy Fontenelle

Étude de la dynamique du stock d'anguilles dans un bassin versant, en vue de sa gestion: présentation d'une approche conceptuelle

Serge Pilote

Application de l'hydroacoustique en milieu lacustre:

travaux réalisés sur sept lacs du Québec Frédéric Lévesque et Michael K. Harte

Application de l'hydroacoustique en milieu fluvial: exemple de l'étude de la montaison du saumon atlantique (Salmo salar) dans la rivière Moisie, Québec

Alex Nihouarn

Le radio-pistage: exemples d'utilisation au service du gestionnaire Louis Bernatchez

Techniques de biologie moléculaire comme outils de gestion des pêches:

bilan et perspectives

Réjean Fortin, Sylvie Guénette et Pierre Dumont

Modélisation et gestion des populations d'esturgeons jaunes {Acipenser fulvescens) dans différents réseaux de lacs et de rivières du Québec

Yves Mailhot

Suivi des stocks et de la récolte, résultats de l'atelier de discussion

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Daniel Gerdeaux

Station d'hydrologie I.N.R.A., B.P. 511,74203 Thonon Cedex, France

GERDEAUX, D. 1994. Mise en situation: suivi des populations et de la récolte de poissons en France, p. 15-17.

In F. Cotton, S. Asselin, G. Shooner, L. Bernatchez et P. Bérubé [éd.]. Colloque franco-québécois sur l'intégration des technologies modernes à la gestion des poissons dulcicoles et amphihalins. Québec, juin 1992. Ministère de l'Environnement et de la Faune, Service de la faune aquatique, 210 p.

Résumé

II n'y a que très peu d'années que les termes comme «suivi et récolte des poissons » apparaissent régulièrement dans les documents ayant trait à la gestion des populations piscicoles en France. La nouvelle loi sur la pêche tend à introduire cette notion mais il n'y a pas encore mise en place de structures officielles abordant cette question.

La structure associative de la pêche rend, en effet, assez difficile cette approche. Il n'y a pas souvent correspon- dance entre une association et un stock donné. En rivière, le milieu est ouvert et l'unité réelle de gestion est bien souvent l'ensemble du bassin qui regroupe rarement une seule association gestionnaire. L'obligation prochaine de l'agrément d'un plan de gestion par association va conduire à une certaine coordination, mais sans doute pas à une appréhension des stocks et des captures. Il n'y a en fait que dans quelques cas que l'on peut parler en France de gestion de stocks et de suivi des captures: pour certaines espèces et surtout les espèces amphihalines et pour des milieux très typiques comme les étendues d'eau assez fermées tels les lacs et les étangs.

Suivi des stocks

Deux approches peuvent être adoptées. Une approche directe par échantillonnage de la population ou de la communauté étudiée. Une approche indirecte au moyen du suivi des carac- téristiques des populations lors des captures.

L'approche directe était jusqu'à présent assez difficile en de- hors des milieux pêchables à l'électricité qui sont souvent les rivières à truite en France. En dehors d'opérations de recher- che, il n'y a pas réellement de suivi de stocks utilisé pour la gestion actuellement. Avec la mise en place de passes à pois- sons dans les barrages, on commence à obtenir des informa- tions sur certains bassins. L'exposé de Michel Larinier traitera de ce sujet pour la France. Encore faut-il que ces installations puissent répondre aux besoins. Les systèmes de comptage sont encore peu automatisés. Les progrès des technologies vont faciliter ces comptages: l'analyse d'images semble être une bonne solution. Il est très important de pouvoir saisir l'ensem- ble des phénomènes migratoires et seule l'automatisation four- nira cette vue globale. Les passes à poissons ne donnent une bonne information que sur les espèces migratoires amphihalines. Les espèces dulçaquicoles, qui migrent moins, ne peuvent être correctement approchées par ces dispositifs, du moins tant que nous ne connaîtrons pas mieux les phéno- mènes de déplacement de ces espèces. Il n'y a pas de moyens actuellement mis en oeuvre en France pour aborder l'estima- tion des stocks fluviaux. Les pêches d'inventaire aux filets sont très sélectives, elles donnent une image biaisée et sont difficiles à mettre en oeuvre. Des sondages dans les annexes des fleuves et les zones accessibles à la pêche électrique ne peuvent que donner des indices des fluctuations et sont actuel- lement utilisés pour des opérations de recherche concernant la typologie de ces milieux. L'hydroacoustique n'est pas encore utilisée en France en fleuve, bien que techniquement cela soit envisageable dans les milieux de quatre à cinq mètres de profondeur. Un essai sur la Seine en 1992 a montré que cette technique pouvait apporter des informations satisfaisantes en fleuve. L'échosondage est surtout employé en eaux dormantes

et tend à voir son usage se banaliser. Des travaux de recher- ches ont été conduits en France sur plusieurs grands plans d'eau et on peut penser que cette méthodologie est maintenant applicable en routine. Une estimation totale des stocks est toutefois délicate car le plan d'échantillonnage doit être rigou- reux et l'analyse des données est assez complexe. La saison d'échantillonnage est importante et nous préconisons de tra- vailler sur l'estimation des stocks à l'automne quand l'essen- tiel de la biomasse pisciaire se situe proche de la thermocline et est toujours facilement accessible à l'échosondage. Em- ployer le même protocole chaque année permet de bien mesu- rer les variations relatives d'un stock lacustre. Cette estima- tion acoustique est globale et ne donne aucune indication sur la répartition spécifique. On peut alors procéder à des sonda- ges avec des filets maillants pour aborder cette structure. Les filets maillants horizontaux mono ou multimailles ont été longtemps les seuls employés en France. Des expérimentations avec des filets verticaux montrent que l'information obtenue serait plus riche.

Pour les jeunes poissons de l'année, le chalutage peut être employé, mais cette technique est assez lourde d'emploi. Tou- tes ces méthodologies d'étude des stocks en place sont, bien souvent encore, du domaine de la recherche et ne passeront que très progressivement au stade du développement. La mé- thode la moins onéreuse restera toujours l'étude des captures des pêcheurs, à condition que des indications suffisantes soient recueillies. Dans ce cas, bien sûr, les connaissances seront limitées aux espèces pêchées.

Suivi des captures

Certains types de pêche nécessitent l'obtention d'une licence et non d'un permis: pêche professionnelle, pêche amateur aux engins. Dans ce cas, l'administration qui accorde les licences a toujours demandé une déclaration des captures. Nous possé- dons ainsi des statistiques depuis plus de cent ans sur les lacs subalpins et d'autres chiffres sont dans des dossiers de certai- nes Directions départementales de l'Agriculture et de la Forêt.

Références

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