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Acoua, archéologie d’une communauté villageoise de
Mayotte (archipel des Comores) : peuplement,
islamisation et commerce océanique dans le sud-ouest de
l’océan Indien (XIIe-XVIe siècles)
Martial Pauly
To cite this version:
Martial Pauly. Acoua, archéologie d’une communauté villageoise de Mayotte (archipel des Comores) : peuplement, islamisation et commerce océanique dans le sud-ouest de l’océan Indien (XIIe-XVIe siè-cles). Histoire. Université Sorbonne Paris Cité, 2018. Français. �NNT : 2018USPCF035�. �tel-02178713�
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Martial Pauly
Acoua,
archéologie d’une communauté villageoise de Mayotte (archipel
des Comores) : peuplement, islamisation et commerce océanique dans
le sud-ouest de l’océan Indien (XII
e-XVI
esiècles)
À mon épouse, Céline et mes enfants, Évan et Juliana
Avant propos
Cette thèse, qui couronne plus de dix années de recherches sur le terrain à Mayotte, n’aurait jamais vu le jour sans le soutien de nombreuses personnes.
Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance à mes directeurs de thèse, Claude Allibert et Jean-Aimé Rakotoarisoa, au premier pour m’avoir communiqué sa passion de la recherche et pour ses encouragements précieux à entreprendre cette thèse, au second pour son suivi et sa disponibilité dans l’accompagnement de toutes les démarches inhérentes au doctorat.
Je tiens à remercier les partenaires institutionnels à Mayotte pour leur soutien durant mes chantiers de fouilles programmées :
La Direction des Affaires Culturelles de Mayotte et leurs directeurs successifs, Philippe Chamoin, Clotilde Kasten et Florence Gendrier ; Les Conservateurs de l’Archéologie Édouard Jacquot et Virginie Motte dont le suivi a largement contribué à la réussite de mes chantiers ; L’Université Sorbonne Paris-Cité, l’École doctorale de l’INALCO et l’équipe de recherche ASIEs-CROIMA pour son financement dans le cadre de l’aide à la mobilité des doctorants ; Henri Daniel Liszkowski et Olivier Soumille de la Société d’Histoire et d’Archéologie de Mayotte, ainsi que Françoise Échasseriaud de l’association Archéologies pour le support associatif apporté à mes opérations de fouilles ; L’équipe du Musée de Mayotte pour leur accueil chaleureux lors que je travaillais sur les collections de la réserve archéologique et pour leur cordiale visite sur le chantier de fouille ; La Mairie d’Acoua pour l’intérêt porté à mes recherches, à tous, un grand maharaba.
Je remercie les propriétaires des parcelles qui m’ont autorisé à mener ces fouilles archéologiques : Monsieur Toumbou Ibrahim dit Brutal, sur le site d’Agnala M’kiri, et Hadidja Chaka, sur le site d’Antsiraka Boira.
Je remercie très chaleureusement tous les membres de mon équipe de fouille, stagiaires et bénévoles qui ont largement contribué à la réussite de mes chantiers en venant y consacrer leur temps libre : Aïcha Abdallah, Salma Ali, Marine Allemand, Mohamed-Dine Assani, Jérémie Bachellerie, Brigitte Baconnier, Razak Bankole, Cindy Causse, El Karim Chakiri, Geoffrey Claud, Jérémy Decoo, Suzel Delvallez, Flore Diverrez, Raftandjani Djihadi, Dominique Duguay, Delphine Dumarché, Philippe Dumarché, Patricia Dupuy, Ahamed Doulhikifli, Fadhuli, Chloé Fraillon, Marylise Gendrot, Éric Gintrand, Émeline Hussard, Tiffanie Giraud, Assinani Kassim, Hélène Kudla, Marion Lalanne, Guy Langlais, Arnaud Lebossé, Arthur Leck, Céline Leroy, Lan Li, Djamila Madi, Sade Madia-Abdallah, Jeanne Pages, Raphael Pavageaux, Élisa Petit, Amandine Ponchel, Ounaïda Madi, Said-Djibril Madi-Tchama, Robert Manceau, Sade Mari, Thierry Navarron, Stéphane Nielsen, Lola Pelt, Anna Salmon, Hanessati Soufou, Corinne Soumaila, Jacques Teyssandier, Alexia Thierry, Denétèm Touambona, Mariame Toufaili, Halima Toybou, Elisabeth Tribouillard, Thierry Wallet, Nicolas Wallet, Limouandjilati Ymamou et Nawa Ymamou.
Je remercie tout particulièrement Marine Ferrandis, ma collaboratrice depuis 2013 sur le site d’Antsiraka Boira, artiste de la taphonomie et virtuose de la truelle dont la grande rigueur et le professionnalisme ont largement contribué au succès de ces chantiers et aux retours très positifs de la Commission Territoriale de la Recherche Archéologique.
Parmi mes collaborateurs dans le projet de la carte archéologique de Mayotte, je remercie vivement Laurent Lachery, Giovanni Lauret et Robert Manceau pour les souvenirs d’explorations épiques de la malavouni mahoraise.
Un grand merci à Jérôme Mathey et à ses drônes donnant de la hauteur aux images du chantier de fouille, et pour son travail de photogrammétrie.
Je remercie Guy Langlais, Anne Hawksworth, Marc Pia et Sullivan Louise, pour avoir accueilli chez eux l’équipe de fouille et pour avoir supporté d’être envahi par les tessons. Un grand merci à Mama Jo et à l’équipe du restaurant La Marine, à Acoua, devenu cantine incontournable de l’équipe de fouille.
Mes remerciements vont également à Lydie Bigeon, ma sœur Sandra, ma belle-sœur Marie Laure et mon frère Emmanuel pour la relecture de ma prose.
Enfin, j’apporte toute ma reconnaissance à mon épouse, Céline et à mes enfants, Évan et Juliana, tous deux nés à Mayotte, merci de m’avoir accompagné et soutenu dans cette aventure, d’avoir supporté mes absences pendant les missions d’une durée d’un mois à Mayotte, et celles encore plus longues, lorsque j’étais plongé dans mes pensées, c’est à vous que je dédis cette thèse.
1
2
SOMMAIRE
INTRODUCTION : problématiques et stratégie de recherche __________________________________ 9
PREMIERE PARTIE : Les cadres géographiques, culturels et historiques de notre étude ___________ 18
I.Mayotte, le contexte géographique, historique et culturel ___________________________________ 18
1.Mayotte : les cadres géographiques G¶XQWHUULWRLUHLQVXODLUH ________________________________ 18
1.Mayotte : une histoire mouvementée ___________________________________________________ 22
2.Spécificités linguistiques de Mayotte __________________________________________________ 26
II. Les origines du peuplement du sud-RXHVWGHO¶RFpDQ,QGLHQ ________________________________ 32
1./¶DLUHFXOWXUHOOHVZDKLOL _____________________________________________________________ 32
2.Les débats sur les origines de la culture swahili __________________________________________ 34
3./¶KRUL]RQFXOWXUHODIULFDLQGXSUHPLHUPLOOpQDLUHOHVVRFLpWpVGHO¶kJHGXIHU __________________ 40
/HSUHPLHUkJHGXIHUHQ$IULTXHGHO¶(VW _____________________________________________ 41
/¶kJHGXIHUPR\HQ0,: ________________________________________________________ 43
4.Le peuplement de Madagascar O¶pQLJPHGHO¶RULJLQHGHV0DOJDFKHV _________________________ 44
Le peuplement austronésien de Madagascar, un épiphénomène des contacts anciens entre le monde DXVWURQpVLHQHWO¶RFpDQ,QGLHQRFFLGHQWDO" ____________________________________________ 45
/¶RULJLQHDIURDVLDWLTXHGHV0DOJDFKHVO¶DSSRUWGpWHUPLQDQWGHODOLQJXLVWLTXH ______________ 49
/¶DSSRUWGHODJpQpWLTXHGHVSRSXODWLRQV _____________________________________________ 53
/HVGRQQpHVKLVWRULTXHVDFFUpGLWDQWO¶K\SRWKqVHG¶H[SpGLWLRQVGH6ULZLMD\DYHUVO¶$IULTXH ______ 56
5.La rencontre entre les populations austronésiennes et bantou : substratum ou contacts? ___________ 63 6./DTXHVWLRQGHO¶H[LVWHQFHGHUHODWLRQVFRQWLQXHVHQWUH0DGDJDVFDUHWO¶$VLHGX6XG-Est __________ 66 Les données historiques ___________________________________________________________ 67 /HVGRQQpHVGHOHWKQRORJLHFRPSDUpHHWODTXHVWLRQGHO¶RULJLQHGHO¶LVOam syncrétique des royaumes malgaches du SudEst ____________________________________________________________ 69 7./¶K\SRWKqVHG¶XQHLQIOXHQFHDXVWURQpVLHQQHDX[&RPRUHVGXUDQWODSKDVH'HPEHQL _____________ 73 /DTXHVWLRQGHO¶RULJLQHGHODFpUDPLTXHjHQJREHURXJHHWà décor graphité __________________ 74 Les techniques de ventilation forcée des fours _________________________________________ 78 Les données archéobotaniques _____________________________________________________ 79 Les données en génétique des populations ____________________________________________ 80 /HVG\QDPLTXHVPLJUDWRLUHVjO¶RULJLQHGHV0DOJDFKHVYHUVOHPRGqOHGXSLYRWFRPRULHQ ? ____ 81 III./¶LQWpJUDWLRQGHODF{WHHVW-DIULFDLQHDXJUDQGFRPPHUFHGHO¶RFpDQ,QGLHQ ___________________ 85 1.L'AfriqXHGHO¶(VWGDQVOHV\VWqPH-monde afro-eurasiatique ________________________________ 85
2.Les prémices du système-monde afro-eurasiatique ________________________________________ 87
3.La période gréco-romaine et sassanide _________________________________________________ 90
4.La période islamique O¶H[SDQVLRQGXFRPPHUFHPXVXOPDQHQ$IULTXHGHO¶(VWHWODPLVHHQSODFHGX couloir swahili ______________________________________________________________________ 95
3
5./¶HVVRUGHVpFKDQJHVHQWUHODF{WHHVW-DIULFDLQHVZDKLOLHWOHVSD\VGHO¶,VODPPpGLpYDO __________ 103 6./¶pSDQRXLVVHPHQWGHODFXOWXUHVZDKLOLjSDUWLUGX;,e siècle _______________________________ 107
7.Le mythe shirâzi __________________________________________________________________ 109
8./HVUpVHDX[G¶pFKDQJHVGDQVOHFDQDOGH0R]DPELTXH : la côte mozambicaine _________________ 112
9./¶HQVHPEOHFRPRUR-malgache, prolongement du couloir swahili ____________________________ 115
10.Le rayonnement culturel et commercial de Kilwa entre les XIIe et XVe siècles ________________ 119
IV./¶LVODPLVDWLRQGHO¶$IULque orientale ________________________________________________ 124
1./¶LVODPLVDWLRQHQ$IULTXHVXE-saharienne : un processus complexe __________________________ 124
2./¶LVODPHWODFXOWXUHVZDKLOL XQHTXHVWLRQDXF°XUGXGpEDWKLVWRULRJUDSKLTXH ________________ 126 3.Les données textuelles : la permanence des religions traditionnelles africaines avant le XIVe siècle _ 129
4./HVGRQQpHVGHO¶DUFKpRORJLH XQHLVODPLVDWLRQDQFLHQQHHWGDYDQWDJHUpSDQGXHHQ$IULTXHGHO¶(VW 131
5./HVLQIOXHQFHVVKLLWHHWLEDGLWHHQ$IULTXHGHO¶(VW _______________________________________ 133
6./DFRQYHUVLRQGHO¶$IULTXHGHO¶(VWjO¶LVODPVXQQLWHFKDIpLWH ______________________________ 136
DEUXIEME PARTIE, recherche archéologique à Acoua ___________________________________ 141
I.Acoua au nord-ouest de Grande Terre _________________________________________________ 141
1.Le nord-ouest de Grande Terre ______________________________________________________ 141
2.Acoua : le contexte hydrologique et géologique _________________________________________ 143
3./¶RFFXSDWLRQKXPDLQHj$FRXD : les données historiques __________________________________ 146
4.Les données de la tradition orale _____________________________________________________ 149
5.Acoua dans le contexte archéologique du nord-ouest de Grande Terre ________________________ 155
II.ÉWXGHDUFKpRORJLTXHGXVLWHG¶$QWVLUDND%RLUD : les pratiques funéraires à Acoua au XIIe siècle ___ 160
1.7RSRJUDSKLHJpQpUDOHHWHPSULVHGXVLWHG¶$QWVLUDND%RLUD ________________________________ 160
2.Structures archéologiques de la plage de Vato Madiniki ___________________________________ 161
Le piège à poissons/pêcherie ______________________________________________________ 161 /DVpTXHQFHVWUDWLJUDSKLTXHGXWDOXVG¶pURVLRQ ________________________________________ 161 3./¶RFFXSDWLRQGXSlateau G¶$QWVLUDND%RLUDOD]RQHIXQpUDLUHHWOHVVWUXFWXUHVDVVRFLpHV _________ 166 Considérations générales et méthodologie de fouille ___________________________________ 166 /HVSKDVHVG¶RFFXSDWLRQREVHUYpHV _________________________________________________ 168 /¶RUJDQLVDWLRQGHO¶HVSDFHIXQpUDLUH ________________________________________________ 173
4.Les sépultures appartenant au groupe occidental OHVVpSXOWXUHVG¶DGXOWHV ____________________ 183
La sépulture 08 (fig. 39 et 40) _____________________________________________________ 183
La sépulture 18 (fig. 41 et 42) _____________________________________________________ 188
La sépulture 34 (fig. 43 et 44) _____________________________________________________ 194
La sépulture 50 (fig. 45 et 46) _____________________________________________________ 200
5.Les sépultures appartenant au groupe occidental : les sépXOWXUHVG¶HQIDQWV ____________________ 203
4 La sépulture 02 (fig. 48) _________________________________________________________ 204 La sépulture 03 (fig. 49) _________________________________________________________ 205 La sépulture 04 (fig. 50) _________________________________________________________ 206 La sépulture 05 (fig. 51) _________________________________________________________ 207 La sépulture 06 (fig. 52) _________________________________________________________ 209 La sépulture 09 (fig. 53) _________________________________________________________ 210 La sépulture 10 (fig. 55) _________________________________________________________ 211 La sépulture 11 (fig. 56) _________________________________________________________ 213 La sépulture 15 (fig. 57) _________________________________________________________ 215 La sépulture 24 (fig. 59) _________________________________________________________ 216 La sépulture 39 (fig. 60) _________________________________________________________ 220 La sépulture 40 ________________________________________________________________ 223 La sépulture 45 (fig. 63 et 63) _____________________________________________________ 224
6.Les sépultures appartenant aux rangées occidentales : les sépultures de la première rangée _______ 229
La sépulture 12 (fig. 64) _________________________________________________________ 229 La sépulture 14 (fig. 68 et 69) _____________________________________________________ 232 La sépulture 16 (fig. 65) _________________________________________________________ 235 La sépulture 30 (fig. 66 et 67) _____________________________________________________ 237 La sépulture 42 (fig. 68 et 69) _____________________________________________________ 241 La sépulture 43 (fig. 68 et 69) _____________________________________________________ 242 La sépulture 54 (fig. 68 et 69) _____________________________________________________ 245 La sépulture 66 (fig. 70 et 71) _____________________________________________________ 250
7.Les sépultures appartenant aux rangées occidentales : les sépultures de la seconde rangée ________ 254
La sépulture 55 (fig.72) __________________________________________________________ 254
La sépulture 56 (fig. 73) _________________________________________________________ 258
8.Sépultures en marge _______________________________________________________________ 260
La sépulture 44 (fig. 74 et 75) _____________________________________________________ 260
9./D]RQHIXQpUDLUHG¶$QWVLUDND%RLUD : interprétation des données archéologiques _______________ 264
Une zone funéraire planifiée ______________________________________________________ 264
/HVDUFKLWHFWXUHVIXQpUDLUHVHWOHFRQWH[WHG¶LQKXPDWLRQ ________________________________ 265
Le mobilier funéraire ____________________________________________________________ 266
Un islam syncrétique aux filiations multiples _________________________________________ 267
Les sépultures à mobilier : une pratique récurrente en Afrique australe et à Madagascar _______ 269 III.(WXGHDUFKpRORJLTXHGHO¶HQFORVPDoRQQpGXVLWHG¶$JQDOD0¶NLUL GHO¶HQFORVSDVWRUDOjO¶HQFORV villageois, morphogénèse dHO¶HVSDFHYLOODJHRLVj0D\RWWH __________________________________ 273
1.Considérations générales ___________________________________________________________ 273
2.Stratigraphie des niveaux archéologiques devant la porte maçonnée, fouilles 2011-2012 (fig. 77) __ 274 3./DVWUDWLJUDSKLHGXUHPSOLVVDJHGXSDVVDJHGHODSRUWHGHO¶HQFORVYLOODJHRLVIRXLOOHGH ____ 281
5
4.ÉWXGHVWUDWLJUDSKLTXHG¶XQHVHFWLRQGHO¶HQFORVYLOODJHRLVHWGHVDFFXPXODWLRQVDVVRFLpHV ________ 285 5.,QWHUSUpWDWLRQGHODFKURQRORJLHGHVSKDVHVG¶RFFXSDWLRQGHO¶HQFORVYLOlageois et de sa porte _____ 293
6.Coupe stratigraphique au niveau du talus de la route Acoua-Mtsangadoua ____________________ 297
7.AutUHVREVHUYDWLRQVDUFKpRORJLTXHVSRQFWXHOOHVGHO¶HQFORVYLOODJHRLV ________________________ 301 8.%LODQGHO¶pWXGHDUFKpRORJLTXHGHO¶HQFORVYLOODJHRLV GHO¶HQFORVSDVWRUDOjO¶HQFORVYLOODJHRLV ____ 304 IV.Étude archéologLTXHGHODPRVTXpHHWGXTXDUWLHUGHVQRWDEOHVGXVLWHG¶$JQDOD0¶NLUL : processus
G¶XUEDQLVDWLRQHQWUHOH;,9e et XVe siècle _______________________________________________ 306
1.Considérations générales ___________________________________________________________ 306
2.Structures archéologiques observées en 2006 ___________________________________________ 312
Sondage 01 (ACOUAAMK QN 2006 Sd 01) : _________________________________________ 314
Sondage 02 (ACOUAAMK QN 2006 Sd 02): __________________________________________ 316
Sondage 03 (AcouaAMK 2006 Sd 03) _____________________________________________ 317
3.Reprise des fouilles en 2012 sur le bâtiment 01 __________________________________________ 319
Interprétation du bâtiment 01 _________________________________________________________ 327
4.Observations archéologiques dans la zone 3 ____________________________________________ 330
5.La fouille de la zone 4 (Acoua-AMK QN 2007-2008) ____________________________________ 332
/¶DLOHG¶KDELWDWLRQ ______________________________________________________________ 333
La salle au baraza ______________________________________________________________ 341
/HVRQGDJHVXUO¶HQFORVGRPHVWLTXH ________________________________________________ 345
6.La fouille de O¶HQVHPEOHDUFKLWHFWXUDO _______________________________________________ 347
7.Interprétation du bâti (phase 3). ______________________________________________________ 351
8.6RQGDJHjO¶LQWpULHXUGHO¶DLOHG¶KDELWDWLRQ _____________________________________________ 354
9.Interprétation des niveaux observés sRXVO¶DLOHG¶KDELWDWLRQ _______________________________ 364
TROISIEME PARTIE, analyse du mobilier archéologique __________________________________ 366
I.La céramique régionale ____________________________________________________________ 366
1.+LVWRULTXHGHO¶pWXGHGHODFpUDPLTXHPDKRUDLVe ________________________________________ 366
2.Méthodologie et considérations générales sur les productions céramiques locales _______________ 373 3.La céramique de la phase 1 (tradition Hanyoundrou, XIIe siècle) ____________________________ 375
Caractéristiques techniques et morphologiques _______________________________________ 375
Classement décoratif ____________________________________________________________ 376
4./¶DVVHPEODJHGHODSKDVHLVVXGHVSUHPLHUVQLYHDX[G¶RFFXSDWLRQGXVLWHG¶$FRXD-$JQDOD0¶NLULILJ 195- 200) _________________________________________________________________________ 397
5.Céramique de la phase 2a (début XIIIe siècle) ___________________________________________ 404
6.La céramique des phases 2b et c (fin XIIIe-XIVe siècles) __________________________________ 412
7.La céramique mahoraise de la phase 3a (fin du XIVe - début du XVe siècle) ___________________ 423
8.La céramique des phases 3b et 4 _____________________________________________________ 433
6
II./DYDLVVHOOHG¶LPSRUWDWLRQ _________________________________________________________ 444
1.Les productions régionales non comoriennes ___________________________________________ 444
2./DYDLVVHOOHG¶LPSRUWDWLRQLVODPLTXHHWFKLQRLVH _________________________________________ 446
Productions islamiques dites à « sgraffiato », figures 230, 231 et 232a _____________________ 447
« Noire et jaune » yéménite ou « mustard ware », (figure 232b) __________________________ 448
Monochrome islamique à glaçure bleue _____________________________________________ 448
3.La vaisselle chinoise ______________________________________________________________ 453
4.Le mobilier en pierre ollaire (chloritoschiste), figures 234, 235, 236 et 237 ____________________ 454
III.Les perles______________________________________________________________________ 462
1.Nomenclature descriptive des perles __________________________________________________ 463
2.Analyse physico-chimique des perles en verre __________________________________________ 472
3.Inventaire contextualisé des perles ___________________________________________________ 475
Perles de la sépulture 01 (sujet immature) ____________________________________________ 475 Perles de la sépulture 02 (sujet immature), ornements de vêtement ________________________ 476 Perles de la sépulture 04 (sujet immature), ornements de vêtements _______________________ 477 Perles de la sépulture 05 (sujet immature) ____________________________________________ 478 Perles de la sépulture 08 (sujet adulte probablement féminin) ____________________________ 479 Perles de la sépulture 09 (sujet immature) ____________________________________________ 480 Perles de la sépulture 10 (sujet immature) ____________________________________________ 481 Perles de la sépulture 11 (sujet immature) ____________________________________________ 482 Perles de la sépulture 14 (sujet adolescent) ___________________________________________ 482 Perles de la sépulture 15 (sujet immature) ____________________________________________ 487 Perles de la sépulture 18 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 488 Perles de la sépulture 24 (sujet immature) ____________________________________________ 489 Perles de la sépulture 30 (sujet adulte masculin) _______________________________________ 489 Perles de la sépulture 34 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 490 Perles de la sépulture 39 (sujet immature) ____________________________________________ 491 Perles de la sépulture 42 (sujet immature) ____________________________________________ 492 Perles de la sépulture 43 (sujet adulte masculin) _______________________________________ 492 Perles de la sépulture 44 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 493 Perles de la sépulture 50 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 494 Perles de la sépulture 54 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 495 Perles de la sépulture 55 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 497 Perles de la sépulture 66 (sujet adulte féminin) ________________________________________ 498
IV.Fusaïoles et activités textiles ______________________________________________________ 499
V.Outillage lithique ________________________________________________________________ 504
VI.7UDYDLOGHO¶RV __________________________________________________________________ 507
7
VIII.Mobilier métallique et preuves de métallurgie du fer ___________________________________ 512
IX.Techniques GHPDoRQQHULHHWpOpPHQWVG¶DUFKLWHFWXUH ___________________________________ 516
X.Le mobilier faunique : évolutions de la consommation alimentaire entre les XIIe et XVe siècles. __ 520
1.La faune terrestre _________________________________________________________________ 521
2.La faune marine __________________________________________________________________ 525
BILAN ET PERSPECTIVES _________________________________________________________ 534
I.&KURQRORJLHHWpYROXWLRQGHO¶RFFXSDWLRQKXPDLQHj$FRXDHQWUHOHV;,,e et XVIIe siècles ________ 534
1.Phase 1, v1100-1250 ______________________________________________________________ 534
2.La phase 2, v. 1250-1400 ___________________________________________________________ 536
3.La phase 3 (XVe siècle) ____________________________________________________________ 539
4.La phase 4 (XVIe-XVIIe siècles) _____________________________________________________ 542
II.La contributioQGHVVLWHVDUFKpRORJLTXHVG¶$FRXDjO¶pWXGHGXVXG-RXHVWGHO¶RFpDQ,QGLHQ ______ 544 1./DTXHVWLRQGHO¶H[LVWHQFHG¶XQIRQGFXOWXUHOSURWR-malgache à Mayotte durant la période Dembeni 544
2.La pénétrDWLRQGHO¶LVODPGDQVOHVVRFLpWpVFRPRULHQQHVSRVW-dembéniennes ___________________ 547
3.0D\RWWHHWO¶DLUHFXOWXUHOOHantalaotsy _________________________________________________ 549
4./¶LVODPV\QFUpWLTXHKLQGR-malais des groupes Zafiraminia : nouvelle perspective comorienne ____ 554 5./¶pODERUDWLRQG¶XQHVRFLpWpVWUDWLILpHHWOHVSURFHVVXVG¶pWDWLVDWLRQ __________________________ 556
Bibliographie ______________________________________________________________________ 566 Liste des figures____________________________________________________________________ 598 Liste des tableaux __________________________________________________________________ 607 INDEX __________________________________________________________________________ 608
8
9
INTRODUCTION : PROBLEMATIQUES ET STRATEGIE DE RECHERCHE
/HV vOHV FRPSRVDQW O¶DUFKLSHO GHV &RPRUHV VRQW ORQJWHPSV UHVWpHV j O¶pFDrt de O¶KLVWRULRJUDSKLH HW a fortiori de la recherche archéologique : les historiens ayant travaillé sur Madagascar, tel Hubert 'HVFKDPSV H[FOXDLHQW UpJXOLqUHPHQW GH OHXU pWXGH O¶DUFKLSHO © dont les populations doivent plutôt être rattaFKpHVjODF{WH(VWGHO¶$IULTXH », tout en reconnaissant le rôle important joué par sa population comme vecteur de diffusion de la culture swahili au nordouest de Madagascar1. De leur côté, les auteurs anglosaxons travaillant sur le monde swahili anglophone
pWDLHQWSHXHQFOLQVjpWXGLHUO¶DUFKLSHOGHV&RPRUHVWHUULWRLUHG¶RXWUHPHUIUDQoDLVMXVTX¶HQ2.
$XVVL VL OHV DXWHXUV GH OD SpULRGH FRORQLDOH RQW ODLVVp TXHOTXHV pFULWV VXU OH SDVVp GH O¶DUFKLSHO (notamment Alfred Gevrey dont son essai sur les Comores, publié en 1870, constitue une source G¶LQIRUPDWLRQV non négligeable encore à ce jour 3), il faut attendre les années 1960 et 1970 pour que
des études approfondies, tant sur la période coloniale que sur la période précoloniale, émergent. Concernant la période coloniale, qui débute avec la prise de possession de Mayotte par la France en 1843, la thèse de Jean Martin publiée en 1983, sous le titre Les Comores, quatre îles entre Pirates et Planteurs, constitue une référence4. Cette approche révèle toutefois la difficulté des historiens à
aborder les périodes anciennes GHO¶DUFKLSHO : confrontés à la carence des données textuelles, celles FL VH UpVXPHQW j TXHOTXHV SDJHV LQWURGXFWLYHV GRQQDQW O¶LPSUHVVLRQ TXH O¶DUFKLSHO Q¶HQWUDLW SOHLQHPHQWGDQVO¶Histoire TX¶DYHFO¶qUHFRORQLDOH À partir des années 1970, une étape importante SRXUO¶KLVWRULRJUDSKLHdes Comores est franchie avec O¶pWXGH et la publication des chroniques rédigées par les lettrés comoriens durant la période coloniale. Plusieurs manuscrits ont ainsi été recueillis et
1 6¶DSSX\DQWVXU*HYUH\TXLSHQVDLWjWRUWHQTXHODODQJXHkiantalaotsy était celle des Comores,
Deschamps attribuait aux Antalaotsy du nordouest de Madagascar une origine comorienne, [Deschamps, 1960 : 4445].
2 Ainsi, dans sa monographie de la côte africaine, Men and Monuments on the East African Coast,
SXEOLpHHQ-DPHV.LUNPDQV¶HVWDSSX\pSRXUVRQFKDSLWUHVXU0DGDJDVFDU et les Comores, sur O¶+LVWRLUHGH0DGDJDVFDU de Deschamps.
3 &H TXL Q¶HVW SDV OH FDV GHV pFULWV G¶8UEDLQ )DXUHF TXL Q¶RQW FRQWULEXp TX¶j GLIIXVHU des lieux
FRPPXQVWHOOHO¶H[SUHVVLRQ© sultans batailleurs », [Faurec, 1941], reprise jO¶HQYLdans les dépliants touristiques et écrits journalistiques.
4 Il a été toutefois reproché à Jean Martin une approche européocentrée liée en grande partie à la
10
étudiés par Rotter5, Cidey6, Damir et al.,7 et Allibert8. À O¶LPDJHGHVFKURQLTXHVVZDKLOL comme celles
de Pate ou de Kilwa, ces manuscrits conservés par des familles de notables comoriens offrent la transcription de plusieurs siècles de tradition orale. La plus ancienne chronique connue à ce jour est celle rédigée en 1865 par le cadi de Pamandzi, 2PDU $ERXEDFDU >&LGH\ @ R O¶RQ VDLW DXMRXUG¶KXL TXH *HYUH\ \ WLUD QRPEUH GH VHs informations pour la période précoloniale. Si ces chroniques constituent un corpus précieux nous renseignant sur le regard des Comoriens sur leur propre passé, en tant que matériaux historiques, leur usage est beaucoup plus délicat. Ces chroniques comportent de nombreuses imprécisions et expriment très souvent un discours idéologique focalisé VXUO¶DQFLHQRUGUHSROLWLTXHGHVVXOWDQDWV. Leur contenu se résume souvent à de brèves généalogies qui, selon les auteurs, ne se recoupent que très rarement entre elles. Complétées par les rares relations GHYR\DJHGHVQDYLUHVHXURSpHQVD\DQWIDLWHVFDOHGDQVO¶DUFKLSHOGHV&RPRUHVGXUDQWODSpULRGH moderne, ainsi que par les rares sources épigraphiques disponibles, il est malgré tout possible de définir les principaux jalons chronologiques du passé précolonial, du moins pour la période des sultanats. En ce qui concerne les époques antérieures au XVIe siècle, les sources historiques, tout
comme la tradition orale, VH WDULVVHQW HW O¶DUFKpRORJLH GHYLHQW DORUV OD SULQFLSale source G¶LQIRUPDWLRQV La recherche archéologique j0D\RWWHHWSOXVJpQpUDOHPHQWGDQVO¶DUFKLSHOGHV&RPRUHV est UHODWLYHPHQWUpFHQWH/HVSUHPLqUHVREVHUYDWLRQVDUFKpRORJLTXHVGDQVO¶DUFKLSHORQWpWpUpDOLVpHVHQ 1958 à Anjouan par O¶LQJpQLHXUGHVSRQWVHWFKDXVVpHVBarraux, jO¶RFFDVLRQGHO¶RXYHUWXUHGHODSLVWH reliant le village de Sima DXUpVHDXURXWLHUGHO¶vOH&¶HVWDLQVLTXHOHVLWHGX9LHX[Sima, connu pour DEULWHUOHVUXLQHVG¶XQHPosquée shirâzi9IXWSRUWpjODFRQQDLVVDQFHGHO¶$FDGpPLHGH0DGDJDVFDU. /DSUpVHQFHG¶XQEDVVLQDX[DEOXWLRQVWDLOOpGDQVXQEORFGHFKORULWRVFKLVWHVLPLODLUHjFHX[PLVDX jour dans la région de Vohémar DWWLUDO¶DWWHQWLRQGHVFKHUFKHXUVHQSDUWLFXOLHU-HDQClaude Hébert, historien malgachisant, alors résidant à Mutsamudu en 1959, [Hébert, 2000]. Pierre Vérin se rendit à Sima en 1966 et constata de fortes similitudes entre les tessons de ce site et ceux TX¶LOYHQDLWGHPHWWUH DXMRXUDYHF5HQp%DWWLVWLQLVXUOHVLWHG¶,URGR, au nordest de Madagascar, [Vérin, 1967, 1975 et 5 Rotter, 1976, Muslimische Inseln vor Östafrika. Ein Arabische chronik des 19 Jahrhunderts, Beirut, 106 p. fournit la première étude et édition du manuscrit du cadi Omar Aboubacar. 6 &LGH\SRXUO¶pGLWLRQGXPDQXVFULWGXFDGL2PDU$ERXEDFDU mis en perspective avec des variantes plus récentes, notamment le manuscrit du cheikh Mkadara. 7 Damir et al., SRXUO¶édition de la chronique de Abdwel Latwif. 8 $OOLEHUWSRXUO¶pGLWLRQGHODFKURQLTXHGH7VLQJRQL, et 1984, SRXUO¶pGLWLRQGe la chronique GXFKHLNK0NDGDUDSRXUODFKURQLTXHG¶$QMRXDQ SDU6D¶wG$KPHG=DNL. 9 Le terme shirâzi a une signification particulière aux Comores où il désigne les clans aristocratiques
G¶R VRQW RULJLQDLUHV OHV G\QDVWLHV UpJQDQWHV GH VXOWDQV %LHQ TXH FHX[ci revendiquent une ascendance étrangère arabopersane, ces groupes statutaires sont très probablement originaires du PRQGHVZDKLOLRV¶HVWIRUJpOHP\WKHVKLUk]L(voir le chapitre consacré à cette question, p. 106).
11 1986]. Pour la première fois, une connexion ancienne entre Madagascar et les Comores était envisagée. Ces découvertes survinrent au moment où, dans la lignée de Deschamps, les chercheurs V¶LQWHUURJHDLHQWVXUXQSDVVDJHGHVPLJUDQWVDXVWURQpVLHQV par les côtes africaines et les Comores avant la colonisation de Madagascar10+pEHUWHQYLVDJHDLWDLQVLGqVO¶H[LVWHQFHG¶XQsubstrat
indonésien aux Comores à partir de preuves lexicales, [Hébert, 1964], tandis que les linguistes et anthropologues malgachisants, dans la lignée des travaux de Ferrand, V¶LQWpUHVVDLHQWDX[KpULWDJHV bantou dans la langue et la culture malgache, [Molet, 1964]. Aussi, dès les premières recherches DUFKpRORJLTXHVOHVFKHUFKHXUVWHQWqUHQWG¶LQWpJUHUOHVSUREOpPDWLTXHVFRPRULHQQHVGDQVXQPRGqOH H[SOLFDWLI GHV RULJLQHV GX SHXSOHPHQW GH 0DGDJDVFDU HQ V¶DSSX\DQW VXU XQH DSSURFKH pluridisciplLQDLUHOLQJXLVWLTXHDQWKURSRORJLHHWDUFKpRORJLHFDUDFWpULVDQWO¶KLVWRLUHFXOWXUHOOHLes premières découvertes archéologiques à Sima alimentèrent ainsi la réflexion des chercheurs et WKpRULFLHQVGHO¶KLVWRLUHFXOWXUHOOHPDOJDFKH(Q*LOO6KHSKHUGV¶DSSX\DQWVXUOHVGpFRXYHUWHV de Vérin, émiW DLQVL O¶K\SRWKqVH TXH O¶vOH G¶$QMRXDQ DXUDLW pWp OH SULQFLSDO FHQWUH GX FRPPHUFH DXVWURQpVLHQHQ$IULTXHGHO¶(VW>6KHSKHUG@
0DOJUpO¶HQWKRXVLDVPHVXVFLWpSDUXQHSURIRQGHXUKLVWRULTXHVXUOHVLWHGH Sima comparable DX[SOXVDQFLHQVVLWHVPDOJDFKHVFRQQXVjFHWWHpSRTXHF¶HVWj0D\RWWHHQTue débutèrent véritablement les premiers travaux archéologiques systématiques lors du premier « survey » de O¶pTXLSHGHO¶DUFKpRORJXHDPpULFDLQ Henry Theodor Wright (Université du Michigan). Ce travail préliminaire dressa un premier inventaire des sites archéologiques GHO¶vOHHWFRQWULEXDjUpDOLVHUXQH première ébauche des traditions culturelles à partir des productions céramiques locales, [Kus et Wright, 1976, Wright 1979]11. À la même époque &ODXGH $OOLEHUW GpEXWDLW O¶pWXGH GX VLWH GH
Bagamoyo HQ3HWLWH7HUUHTXLIHUDO¶REMHWG¶XQHFDPSDJQHGHIRXLOOHHQ, [Allibert et al., 1983]. Les problématiques posées par ces équipes de recherches étaient très voisines LOV¶DJLVVDLWG¶pYDOXHU G¶XQHSDUWOHU{OHMRXpSDUO¶DUFKLSHOdes Comores dans le peuplement de Madagascar HWG¶DXWUHSDUW de questionner O¶DQFLHQQHWp de O¶LVODP aux Comores. De fait, ces premières recherches ciblèrent les
10 Le peuplement de Madagascar V¶DYpUDQW EHDXFRXS SOXV FRPSOH[H TX¶XQH VLPSOH FRORQLVDWLRQ
directe par des groupes austronésiens, le concept de « ProtoMalgaches », popularisé par les travaux de Pierre Vérin, fut adopté, car mieux à même de rendre compte du métissage survenu entre Austronésiens et Africains lors de la mise en place de la civilisation malgache. Cependant les données OLQJXLVWLTXHVHWDXMRXUG¶KXLJpQpWLTXHVVXJJqUHQWTXH, dès les premiers siècles du peuplement de Madagascar, ce peuplement protomalgache est déjà très diversifié, chaque groupe développant sa SURSUHRULJLQDOLWpFXOWXUHOOHTXLV¶H[SULPHHQFRUHDXMRXUG¶KXLSDUODGLYHUVLWpGHVPRGHVGHYLHGHV pêcheurs Vezo aux riziculteurs Merina en passant par les chasseurs cueilleurs Mikea.
11 Aussi, les traditions culturelles comoriennes reprennent, pour la plupart, des dénominations établies
jSDUWLUGHVLWHVpSRQ\PHVGH0D\RWWH'HVRQF{Wp3LHUUH9pULQQ¶KpVLWDLWSDVjUDWWDFKHUjOD© culture Hanyundro », la céramique retrouvée sur les sites archéologiques du nord de Madagascar, [Vérin, 1990 : 45].
12
sites les plus anciens. À SDUWLUGHO¶LPSRUWDQFHGXVLWHmahorais de Dembeni (Grande Terre), IXWVRXOLJQpHjO¶pFKHOOHGH O¶DUFKLSHOGHV&RPRUHV où simultanément, des équipes de chercheurs mettaient en évidence, sur des sites datés des IXeXIe siècles, une culture matérielle commune
présente à Mayotte, Anjouan, Mohéli et en Grande Comore. Cette phase, la plus ancienne connue à FHMRXUGDQVO¶DUFKLSHOIXWEDSWLVpHSDU:ULJKW« phase Dembeni » selon le site éponyme de Mayotte, [Chanudet et Vérin 1983 ; Allibert et al., 1989 ; Wright, 1984]. Bien que les communautés humaines de cette période étaient numériquement faibles, et relativement éloignées des grands centres du FRPPHUFH GH O¶RFpDQ ,QGLHQ PpGLpYDO FHV YLOODJHV pWDLHQW SDUIDLWHPHQW FRQQHFWpV au réseau commercial swahili par lequel elles avaient accès aux prodXLWV PDQXIDFWXUpV GX QRUG GH O¶RFpDQ Indien et de Chine. Les villages comoriens entretenaient également des contacts commerciaux avec des régions côtières éloignées de Madagascar, assurant ainsi la connexion de cellesci aux réseaux marchands VZDKLOL &HWWH VLWXDWLRQ G¶LQWHUPpGLDLUHV DVVXUDLW OD SURVSpULWp GH FHV vOHV FRPPH HQ témoignent les objets importés, retrouvés en grande quantité sur les sites comoriens de cette période. En outre, de nombreux traits culturels de cette époque trahissent une influence culturelle austronésienne, que ce soit par la culture matérielle ou les plantes cultivées, soulevant des TXHVWLRQQHPHQWV VXU O¶pYHQWXDOLWp G¶XQ VXEVWUDW SURWRmalgache aux Comores durant la période Dembeni12.
Parallèlement à ces recherches, durant les années 1980, O¶KLVtoriographie de la côte swahili connaît une rupture jODIDYHXUG¶XQHQRXYHOOHJpQpUDWLRQGHFKHUFKHXUVTXHVWLRQQDQWOHmodèle des origines des Swahili. Réfutant le modèle colonial arabopersan qui prévalait, la réévaluation de O¶DSSRUWDIULFDLQGDQVO¶pPHUJHQFHGHODFXOWXUHVZDKLOLVXVFLWD durant les années 19902000, un intérêt croissant des chercheurs pour les sociétés estafricaines GHO¶kJHGXIHU13. Linguistiquement
rattachées aux langues bantou sabaki dont elles constituent un rameau méridional, les langues comoriennes trouveraient leur origine dans le contexte de O¶expansion bantou le long des côtes est africaines, au cours du premier millénaire de notre ère14. Dans la lignée des travaux de Félix Chami,
des céramiques africaines rattachées aux traditions des sociétés côtières de langue bantou du deuxième âge du fer (500900) furent ainsi reconnues parmi les tessons des sites Dembéniens, [Allibert, 2007, 2009 : 23, Liszkowski, 2008 : 10]. Ces découvertes permirent de réévaluer O¶DQFLHQQHWpdes influences bantou15 aux Comores, mises en perspective avec les sociétés de O¶kJHGX
12 Voir le chapitre consacré à cette question, partie I, p 70. 13 Voir le chapitre consacré à cette question, partie I, p. 31.
14 Cette chronologie tend actuellement à être précisée par les recherches récentes menées dans le cadre
du projet Sealinks, [Crowther et al., 2016].
15 Le terme « bantou », très présent dans la littérature est couramment utilisé aux Comores pour
13 fer présentes le long des côtes estafricaines16. Aussi, dès la fin du premier millénaire de notre ère,
O¶DUFKLSHO GHV &RPRUHV présente un peuplement complexe et original, partagé entre plusieurs LQIOXHQFHVFXOWXUHOOHVSRXYDQWrWUHTXDOLILpHVG¶LQIOXHQFHVEDQWRXHWG¶DXVWURQpViennes. Les récentes études phylogénétiques sur la population malgache, en pointant un héritage génétique partagé entre des ancêtres « indonésiens » et africains, soulèvent ODTXHVWLRQGHO¶HVSDFHJpRJUDSKLTXHRRQWSX V¶RSpUHUFHVSURFHVVXVGHPpWLVVDJHHWG¶K\EULGDWLRQFXOWXUHOOH,ODSSDUDLWDORUVPDLVVDQVWRXWHIRLV HQDSSRUWHUODSUHXYHGpILQLWLYHTXHODTXHVWLRQGHO¶RULJLQHGHODFLYLOLVDWLRQ'HPEHQL est reliée à FHOOHGHO¶RULJLQHGHODFLYLOLVDWLRQPDOJDFKHjODPDQLqUHG¶XQHYDste équation complexe où les divers éléments seraient progressivement mis en lumière.
&¶HVW GDQV FH FRQWH[WH TXH QRXV DYRQV HQWUHSULV, à partir de 2006, nos recherches archéologiques à Acoua. Bien que les niveaux archéologiques que nous avons étudiés se rattachent, pour les plus anciens, à des époques postérieures à la période Dembeni, les thématiques que nous DYRQV HX OD FKDQFH G¶H[SORUHU QRWDPPHQW GDQV OH GRPDLQH GHV SUDWLTXHV IXQpUDLUHV VXU OH VLWH G¶$QWVLUDND%RLUD ODQpFURSROHGXYLOODJHG¶$FRXDDX;,,e siècle), ne sont pas étrangères à ces
questionnements sur le premier peuplement des Comores. Les données sur la population mahoraise GXGpEXWGXGHX[LqPHPLOOpQDLUHQRXVSHUPHWWHQWDLQVLG¶pYDOXHUO¶K\SRWKqVHGHO¶H[LVWHQFHG¶XQ ancien fond culturel protomalgache à Mayotte, encore largement perceptible au XIIe siècle.
Toutefois, en ciblant la période des XIIeXVe siècles, notre principal axe de recherche vise à documenter les évolutions culturelles qui traversent la société mahoraise entre la fin de la période 'HPEHQLDXWRXUGHHWO¶DYqQHPHQWG¶XQVXOWDQDW autour de 1500. La SpULRGHTXLV¶pWHQGDLQVL du XIIe au XVe VLqFOHFRQVWLWXHYpULWDEOHPHQWXQHSpULRGHGHWUDQVLWLRQPDUTXpHSDUG¶LPSRUtants
changements culturels. En premier lieu, les sociétés comoriennes postdembéniennes connaissent durant cette période les SUHPLqUHV FRQYHUVLRQV j O¶LVODP. Cellesci, sur la base des informations contenues par les écrits des traditionnalistes comoriens, étaient auparavant envisagées comme relativement récentes, ne remontant pas à Mayotte audelà du XIIIe ou XIVe siècle, [Allibert, 2000]. Ces narrations historiques, très idéologisées, avaient tendance à surestimer le rôle des groupes aristocratiques shirâzi GDQVO¶LQWURGXFWLRQDX[&RPRUHVGHO¶ustaarabu, les us et coutumes arabes, et
SUpFDXWLRQVSXLVTXHWURSJpQpULTXHLOWHQGjPDVTXHUO¶KpWpURJpQpLWpGHVVRFLpWpVDIULFDLQHVRFFXSDQW les côtes estafricaines.
16 Cette présence bantou aux CoPRUHV Q¶pWDLW SDV SRXU DXWDQW VRXVestimée par les chercheurs
malgachisants même si leur démarche orientait leurs travaux vers la reconnaissance dans ces îles de traces du passage de populations protomalgaches. Pierre Vérin en 1990 écrivait : « Pour le moment, les villages Dembeni Q¶RQWSDVUpYpOpGHVpSXOWXUHVJUkFHDX[TXHOOHVRQSRXUUDLWGpWHUPLQHUOHW\SH physique des habitants. Mais il ne fait pas de doute que les Bantous étaient les artisans de cette culture TXHO¶RQUHWURXYHGDQVOHVFRXFKHVSURIRQGHVGHVDQFLHQQHVFLWpVVZDKLOLHVGHODF{WHG¶$IULTXH5HVWH à savoir si ces Bantous du Dembeni étaient en contact avec les Indonésiens », [Vérin, 1990 : 4445].
14
DYHFHOOHVO¶LVODP17. L¶DUFKpRORJLH a apporté des avancées importantes en réévaluant la profondeur
KLVWRULTXHGHO¶LVODPLVDWLRQaux Comores6LOHVSUHXYHVGHO¶DFFHSWDWLRQGHO¶LVODPGXUDQWODSpULRGH Dembeni aux IXeXIe siècles font défauts18, cellesci apparaissent clairement pour les XIeXIIe siècles.
/¶pWXGHDUFKpRORJLTXHj$QMRXDQ des mosquées de Sima et de Domoni a ainsi confirmé la présence GHO¶LVODPsur cette île dès le XIe ou XIIe siècle, [Wright, 1992], présence également confirmée pour
cette période à Mayotte sur le site de Bagamoyo en Petite Terre, [Allibert et al., 1983, Courtaud et al., 2015]. Ces découvertes, si elles WHQGHQWjDFFUpGLWHUO¶K\SRWKqVHG¶XQHLVODPLVDWLRQancienne de O¶DUFKLSHO ODLVVHQW néanmoins en suspens un certain nombre de questionnements au sujet des processus accompagnant la conversion19 FRPPHQWO¶LVODPDtil pénétré les sociétés comoriennes
postdembéniennes? Yatil eu une rupture ou coexistence avec les croyances traditionnelles, voire même des processus syncrétiques " 1RV UHFKHUFKHV VXU OH VLWH G¶$QWVLUDND %RLUD DSSRUWHQt une contribution à ces interrogations, en mettant en lumière sur ce site funéraire daté du XIIe siècle, un syncrétisme culturel inédit où, à la norme funéraire musulmane sont associées des pratiques pWUDQJqUHVjO¶LVODP Une autre thématique importante de la recherche archéologique aux Comores, pour les XIeXVe siècles, HVWGHGpWHUPLQHUTXHOVRQWpWpOHVSURFHVVXVFRQGXLVDQWjO¶pODERUDWLRQG¶XQHVRFLpWpVWUDWLILpH et hiérarchisée. En effet, durant la période du sultanat, les sources historiques de la période moderne font état G¶XQHorganisation sociale à structure pyramidale avec, jVRQVRPPHWO¶élite aristocratique (Kabaila), puis les libres (Mungwana) et enfin les esclaves (Washendzi), ces derniers représentant la masse de la population. /DTXHVWLRQGHO¶RULJLQHGHFHWWHVWUDWLILFDWLRQVRFLDOHDpWpGpYHORSSpHVXU O¶vOHG¶$QMRXDQSDUO¶DUFKpRORJXH+HQU\:ULJKWjSDUWLUde sites archéologiques relevant des XIe XVe siècles20:ULJKWUHOqYHDLQVLO¶DSSDULWLRQGXUDQWFHWte période transitoire, de centres urbains dominés par une élite islamisée, résidant dans un habitat en pierre et revendiquant O¶DSSDUWHQDQFHj des lignages prestigieux originaires du MoyenOrient. Parallèlement à cette évolution, des villages DJULFROHVVDWHOOLWHVGHFHVFHQWUHVXUEDLQVVHPXOWLSOLHQWjODIDYHXUG¶XQHVVRUGpPRJUDSKLTXH. Avec 17 À Mayotte, les traditions situent ainsi à Tsingoni, ancienne capitale du sultanatO¶introduction de
O¶LVODP VXU FHWWH vOH (Q UpDOLWp O¶H[DPHQ GH ceV WUDGLWLRQV pYRTXDQW O¶pWDEOLVVHPHQW GX VXOWDQDW confirme déjà O¶DGKpVLRQjO¶LVODPGHVDQFLHQVFKHIV, [Allibert, 1996, 2000].
18 /¶pWude de la consommation alimentaire suggère la non observance des interdits alimentaires
musulmans durant cette période [Wright, 1984 et 1993 ; Allibert et al., 1989]. 19 Ces questionnements concernent plus largement toutes les sociétés confrontées à la conversion à O¶LVODP: voir notre chapitre consacré à cette question p. 120. 20 Wright note ainsi en 1992 : « There was increasing social differentiation and in the XIIIth century there was a reorganisation of social relations, which should be evident in the construction of palatial UHVLGHQFHV«7RHYDOXDWHWKLVH[SHFWDWLRQZHPXVWGRPRUHDUFKDHRORJLFDOVXUYH\DQGZHPXVW be able to differentiate chronologically between XIthXIIth and XIIIth century villages », [Wright, 1992 : 127].
15 OH FRPPHUFH O¶LVODPLVDWLRQ GH OD VRFLpWp HVW DORUV UHWHQXH par Wright FRPPH O¶XQ GHV IDFWHXUV déterminant expliquant ces évolutions. Alors même que les traditions véhiculées par les élites mettent O¶DFFHQWVXUGHVDSSRUWVDOORJqQHVSRXUH[SOLTXHUFHVWUDQVIRUPDWLRQVVRFLRculturelles (établissement GDQV O¶DUFKLSHO GH JURXSHV H[LOpV RULJLQDLUHV GX 0R\HQ2ULHQW O¶DPSOHXU GH FHV SURFHVVXV généralisés jWRXWHO¶DLUHFXOWXUHOOHVZDKLOLUHOqYHmanifestement de processus endogènes complexes PDUTXpVSDUO¶DSSURSULDWLRQGHIDLWVFXOWXUHOVH[WpULHXUVSDUOHVSRSXODWLRQVcomoriennes, [Wright, 1992, 1993].
¬ 0D\RWWH O¶pWXGH GH FHWWH SpULRGH FKDUQLqUH GHV ;,eXVe siècles était entravée par deux
contraintes majeures. La première consistait en l¶DEVHQFHGHGRQQpHVILDEOHVVXUODFXOWXUHPDWpULHOOH des XIIeXVe siècles, GDQVODPHVXUHRDXFXQVLWHVWUDWLILpUHOHYDQWGHFHWWHSpULRGHQ¶DYDLWSXrWUH
fouillé, [Allibert, 2000 : 7475]21. Paradoxalement, alors même que la période Dembeni était de mieux
en mieux documentée, les XIIeXVe siècles constituaient de véritables «âges obscurs»22, uniquement
appréhendés par les seules chroniques tardives et traditions se reportant aux fani, les anciens chefs de YLOODJH TXL UpJQDLHQW DYDQW O¶pWDEOLVVHPHQW GX VXOWDQDW et dont la mémoire villageoise conserve quelques brèves hagiographies, [Allibert et al., 1987 ; Allibert, 1996 et 2000]. La deuxième contrainte pWDLWOLpHjO¶LPSRVVLELOLWpGHGDWHUSUpFLVpPHQWOHVGpEXWVGXVXOWDQDWTXLVHORQOHVGLYHUVDXWHXUV étaient situés tantôt à la charnière entre les XIVe et XVe siècles, tantôt au début du XVIe siècle. Il était
de fait impossible de mettre en perspective certains faits archéologiques avec le contexte politique de O¶vOH'qVjODIDYHXUGHODUHGpFRXYHUWHGHVLQVFULSWLRQVGHODPRVTXpHGH7VLQJRQL, il nous était possible de mettre un terme à la controverse suU OHXU GDWDWLRQ HW G¶DSSRUWHU XQ MDORQ chronologique exact pour le règne des premiers sultans de Mayotte, précisant ainsi la périodisation KLVWRULTXHGXVXOWDQDW>3DXO\@/¶pWXGHGXVLWHDUFKpRORJLTXHG¶$JQDOD0¶NLULO¶DQFLHQYLOODJH G¶$FRXDQRXs a permis, à partir de 2006, de documenter pour la première fois à Mayotte des dépôts archéologiques stratifiés comportant des structures archéologiques relevant des XIIeXVe siècles. Ainsi, les fouilles que nous avons dirigées entre 2006 et 2008 sur un TXDUWLHUG¶KDELWDWHQSLHUUHdaté 21 -XVTX¶j nos recherches à Acoua, la connaissance des typologies céramiques locales des XIVeXVe siècles était lacunaire. 22 &HGpILFLWGHUHFKHUFKHSRXUFHWWHSpULRGHUHSODFpGDQVOHFRQWH[WHGHO¶RFpDQ,QGLHQRFFLGHQWDO HVWG¶DXWDQWSOXVVXUSUHQDQWTXHODSpULode des XIIeXVe VLqFOHVFRUUHVSRQGj©O¶kJHG¶RUVZDKLOLª SpULRGHGXUDQWODTXHOOHVRQWIRQGpHVHQ$IULTXHGHO¶(VWGHQRPEUHXVHVFLWpsÉtats où les élites, en prospérant du commerce maritime, développent un mode de vie urbain raffiné. Ces sites archéologiques swahili, Shanga, Manda, Gedi, Kilwa SRXUQ¶HQFLWHUTXHOHVSULQFLSDles métropoles, ont IDLWO¶REMHWGHIRXLOOHVDUFKpRORJLTXHVSXEOLpHVGDQVGHVPRQRJUDSKLHVFRPSOqWHVet trouvent leur équivalent, sur la côte nord de Madagascar, parmi les « anciennes échelles de commerce », [Vérin, 1975], telle Mahilaka ou encore Vohémar alors dominées par des Malgaches islamisés. Mayotte seraitelle restée en dehors de ces évolutions culturelles qui concernent à grande échelle les rivages GHO¶RFpDQ,QGLHQRFFLGHQWDO ?
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des XIVeXVe siècles, nous ont permis de documenter O¶DGRSWLRQ SURJUHVVLYH DX FRXUV GX ;,9e VLqFOHGHO¶DUFKLWHFWXUHHQSLHUUHSRXUOD demeure des élites. Une reprise des fouilles en 2012, dans ce secteur, nous a égalemeQWSHUPLVG¶pWXGLHUXQHSRUWLRQ de la mosquée datée des XIIIeXVe siècles,
O¶XQH GHV SOXV DQFLHQQHV GpFRXYHUWHV j FH MRXU j 0D\RWWH HW GRQW OHV WHFKQLTXHV GH FRQVWUXFWLRQ reflètent des influences architecturales clairement rattachées au monde swahili. TouWFRPPHXQHGRX]DLQHG¶DXWUHVVLWHVDUFKpRORJLTXHVGH0D\RWWHO¶DQFLHQYLOODJHG¶$FRXD était cerné par un vaste enclos maçonné. Afin de mieux comprendre les circonstances ayant conduit à la construction de cet enclos villageois, nous avons entrepris des fouilles, entre 2011 et 2012, sur une portion de cet enclos conservant également la porte du village. Cette fouille a permis de préciser OHVSKDVHVGHFRQVWUXFWLRQGHFHWRXYUDJHPDoRQQpGRQWODSOXVDQFLHQQHV¶LQVFULWGDQVGHVQLYHDX[ datés autour de 1200. Ce chantier archéologique nous a également permis de documenter, au travers GHO¶pWXGHdu dépotoir associé, les évolutions de la consommation alimentaire et de la production céramique locale entre les XIIeXIVe siècles23.
$ILQG¶H[SRVHUau mieux nos résultats HWGHOHVPHWWUHHQSHUVSHFWLYHDYHFOHFRQWH[WHGHO¶RFpDQ Indien occidental, il nous a paru important de consacrer une première partie à la présentation des cadres géographiques culturels et historiques élargis à ce vaste ensemble géographique, nous permettant de dresser un état des lieux des connaissances scientifiques sur les grandes thématiques aborGpHVSDUQRWUHUHFKHUFKH&DUUHIRXUGHFLYLOLVDWLRQVODFRQQDLVVDQFHGXSDVVpGHO¶DUFKLSHOGHV Comores et de son peuplement implique, en effet, de porter son regard à la fois en direction du monde swahili, mais également en direction du monde malgache. Nous aborderons ainsi dans cette première partie les GpEDWVVXUO¶RULJLQHGHV6ZDKLOLHWGHV0DOJDFKHV, le peuplement de l¶DUFKLSHOSHUPHWWDQW G¶LQWHUURJHUFHUWDLQVPRGqOHV/¶H[SRVpGHO¶intégration progressive de la côte africaine et des îles adjacentes dans le système monde afroeurasiatique poursuit cette partie, tant la connexion de O¶DUFKLSHOGDQVOHVUpVHDX[PDUFKDQGVa de tout temps joué un rôle structurant sur ses sociétés. Enfin, O¶DGKpVLRQ j O¶LVODP FRQVWLWXDQW XQ WUDLW FXOWXUHO IRQGDPHQWDO SRXU FHV VRFLpWpV, il nous a paru important de terminer cette première partie par la question de l¶LVODPLVDWLRQGHODF{WHHVWafricaine, celleFLRXYUDQWGHVGpEDWVKLVWRULRJUDSKLTXHVGDQVOHVTXHOVOHVGRQQpHVIXQpUDLUHVGXVLWHG¶$QWVLUDND %RLUDV¶LQVFULYHQWSOHLQHPHQW.
La deuxième partie expose nos résultats archéologiques obtenus durant nos fouilles programmées à Acoua entre 2006 et 2017. Nous exposons premièrement les résultats obtenus sur le
23 À ces données de terrains issueVGHVFKDQWLHUVDUFKpRORJLTXHVG¶$FRXDV¶DMRXWHQWFHOOHVG¶DXWUHV
chantiers auxquels nous avons participé : noWDPPHQW O¶étude du mobilier issu du diagnostic de O¶,15$3VXUODPRVTXpHGH7VLQJRQL en 2016QRXVSHUPHWWDQWG¶DUUrWHUSUpFLVpPHQWODFKURQRORJLH GHVDVVHPEODJHVFpUDPLTXHVG¶$FRXDSRXUOHV;9e et XVIe siècles.
17 VLWHG¶$QWVLUDND%RLUDQpFURSROHG¶$FRXDDX;,,e siècle) entre 2012 et 2017. En documentant les
SUDWLTXHVIXQpUDLUHVGHVSUHPLHUVKDELWDQWVG¶$FRXDO¶pWXGHGHFHVLWHFRQVWLWXHXQHFRQWribution PDMHXUHjO¶pWXGHGXSHXSOHPHQWGH0D\RWWHDXGpEXWGXGHX[LqPHPLOOpQDLUHHWPHWHQOXPLqUHOHV apports culturels multiples de cette société. Nous exposerons ensuite nos résultats obtenus sur le site G¶$JQDOD0¶NLULDQFLHQYLOODJHG¶$FRXD entre HW&HVIRXLOOHVVXUO¶HQFORVYLOODJHRLVHW GHVDSRUWHO¶DQFLHQQHPRVTXpHHWOHTXDUWLHUGHVQRWDEOHVQRXVSHUPHWWHQWGHGRFXPHQWHUOHVJUDQGHV évolutions culturelles traversant cette société entre les XIIe et XVIe siècles, mettant en lumière
O¶LQIOXHQFHFXOWXUHOOHGH.LOZD HWOHU{OHVWUXFWXUDQWGHO¶pFRQRPLHSDVWRUDOHGDQVODVRFLpWp
/DWURLVLqPHSDUWLHSUpVHQWHO¶pWXGHGXPRELOLHUPLVDXMRXUGXUDQWFHVRSpUDWLRQVpermettant G¶DSSURFKHU finement la culture matérielle et ses évolutions entre les XIIe et XVIe siècles. /¶pWXGHGX
mobilier céramique et du corpus des perles PLVHVDXMRXUVXUOHVLWHG¶$QWVLUDND%RLUDFRQVWLWXe la principale contribution à cette partie.
Nous terminerons en exposant en conclusion le bilan et les perspectives ouvertes par cette recherche, confrontant nos données rassemblées à Acoua aux thématiques développées dans la première partie.
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PREMIERE PARTIE : LES CADRES GEOGRAPHIQUES, CULTURELS ET
HISTORIQUES DE NOTRE ETUDE
I. Mayotte, le contexte géographique, historique et culturel
1. Mayotte : les cadres géographiques G¶XQWHUULWRLUHLQVXODLUH
0D\RWWHHVWO¶vOHODSOXVRULHQWDOHGHO¶DUFKLSHOGHV&RPRUHV VLWXpjO¶HQWUpHQRUGGXFDQDOGH Mozambique (fig. 1). Occupant une superficie de 374 km2HOOHVHFRPSRVHG¶XQHQVHPEOHG¶vOHVHW
G¶vORWVSURWpJpVSDUXQYDVWHODJRQFHUQpSDUXQHEDUULqUHUpFLIDOHFRUDOOLHQQHILJ2). Les principales îles habitées qui la composent sont Grande Terre et Petite Terre. Les autres îlots présents dans le ODJRQ VRQW LQKDELWpV j O¶H[FHSWLRQ GHV SOXV JUDQGV TXL DEULWHQW RX RQW DEULWp XQH DJULFXOWXUH saisonnière associée à la présence de villages temporaires (ex : les îlots M¶%ouzi, Mtsamboro, Karoni et Bandrélé). 0D\RWWHHVWXQHvOHYROFDQLTXHTXLV¶HVWIRUPpHGXUDQWOH3OLRFqQHHQWUH8 et 15 millions G¶DQQpHVVXUXQHIUDFWXUHGHODSODTXHRFpDQLTXHUHVSRQVDEOHGHODIRUPDWLRQG¶XQSRLQWFKDXG&H GHUQLHUSDUXQPRXYHPHQWWHFWRQLTXHG¶RXHVWHQHVWHVWjO¶RULJLQHGHODIRUPDWLRQGHO¶DUFKLSHOGHV Comores. Seule la Grande Comore SUpVHQWHDXMRXUG¶KXLXQHDFWLYLWpYROFDQLTXHOHYROFDQ.DUWKDOD, PG¶DOWLWXGHHWOHPDVVLIGH/D*ULOOH, 1087 m). Mayotte, île géologiquement la plus ancienne GHO¶DUFKLSHODFRQQXVHVGHUQLHUVpSLVRGHVYROFDQLTXHVLO\DDQVDYHFO¶LUUXSWLRQGHVFUDWqUHV de Petite Terre (Moya et Dzani Dzaha) et de Grande Terre (Cavani et Kaweni). La réduction de la SRXVVpHPDJPDWLTXH FRQVpFXWLYHDXGpSODFHPHQWYHUVO¶HVW GHODSODTXHRFpDQLTXH H[SOLTXHXQ DIIDLVVHPHQW SURJUHVVLI GH O¶vOH GRQW OH UpFLI FRUDOOLHQ GpOLPLWDQW OH ODJRQ SHUPHW G¶HQ PHVXUHU actuellement les anciennes limites. Soumis à une érosion tropicale intense, le relief de Mayotte est atténué (son sommet, le mont BénaraQHFXOPLQHTX¶jPqWUHVHWSDUFRXUXSDUGHQRPEUHXVHV rivières pérennes débouchant sur des plaines côtières fertiles. Sa côte, très découpée, présente de nombreuses baies. Durant les dernières périodes glaciaires, la baisse du niveau marin a contribué à la formation de grandes plaines littorales où les rivières ont creusé des méandres pour atteindre l¶RFpDQ &HSKpQRPqQHDYHFODUHPRQWpHGXQLYHDXGHVRFpDQVVRXVO¶+RORFqQHHVWjO¶RULJLQHGHODIRUPDWLRQ GHSDVVHVGDQVODEDUULqUHUpFLIDOHVDQVOHVTXHOOHVO¶DFFqVDXODJRQSDU
20 bateau serait impossible. Au nordRXHVWOHODJRQHVWODUJHPHQWRXYHUWVXUO¶RFpDQ&HWWHPRUSKRORJLH pDUWLFXOLqUHVHUDLWOLpHjO¶HIIRQGUHPHQWGHODEDUULqUHUpFLIDOH Le climat de Mayotte est tropical humide avec de fortes variations saisonnières et régionales HQIRQFWLRQGXUHOLHIHWGHO¶H[SRVLWLRQDX[IOX[DWPRVSKpULTXHV/¶DQQpHVHGLYLVHHQGHX[VDLVons. La saison des pluies qui débute généralement en novembre ou en décembre se caractérise par un flux de mousson venant du nordouest, UHVSRQVDEOHGHWUqVIRUWHVSUpFLSLWDWLRQVMXVTX¶jPPVXUOHV sommets). La végétation qui reçoit durant cette partLHGHO¶DQQpHO¶HVVHQWLHOGHVRQDSSRUWHQHDXHVW alors luxuriante. Durant la saison des pluies, des tempêtes tropicales et des épisodes cycloniques peuvent frapper Mayotte bien que la périodicité de tels événements météorologiques soit faible. Le cyclone Kamisy de 1984 a été particulièrement destructeur. Des tempêtes tropicales peuvent RFFDVLRQQHUORFDOHPHQWG¶LPSRUWDQWVGpJkWVFRPPHà Acoua lors du passage de la tempête Hellen, en mars 2014, TXLDHQWUDvQpG¶LPSRUWDQWHVLQRQGDWLRQVHWGHVJOLVVHPHQWVGHterrains. Figure 3 Carte de la répartition des précipitations annuelles à Mayotte ¬SDUWLUGXPRLVGHPDLOHVIOX[DWPRVSKpULTXHVV¶LQYHUVHQWHWOHVDOL]pHVVRXIIOHQWGHSXLVOH sudest. Ces vents secs entraînenWXQDVVqFKHPHQWUDSLGHGHO¶vOHHWGHVDYpJpWDWLRQ +DXWHXUGHVSUpFLSLWDWLRQVDQQXHOOHV entre 1700 et 2000 mm entre 1400 et 1700 mm entre 1200 et 1400 mm LQIpULHXUHjPP '¶DSUqVOHVGRQQpHVGH0pWpR)UDQFH DAO M.Pauly 2018
21 /HVUHOLHIVGHO¶vOHHQSDUWLFXOLHUOHPDVVLIGX%HQDUDTXLEDUUHO¶vOHG¶HVWHQRXHVWFRQVWLWXHQWXQH EDUULqUHELRFOLPDWLTXHLPSRUWDQWHjO¶RULJLQHG¶XQGpVpTXLOLEUHPDUTXpGHVSUpFLSLWDWLRQVOHVud de Grande Terre, avec des précipitations inférieures à 1200 mm, étant beaucoup plus sec (fig. 3). Les EDREDEVTXDVLPHQWLQH[LVWDQWVDXQRUGGHO¶vOHjO¶H[FHSWLRQGHV]RQHVOLWWRUDOHVVRQWDERQdants au VXGGHO¶vOH/HVPDVVLIVPRQWDJQHX[FRQVWLWXHQWDLQVLDXWDQWGH© FKkWHDX[G¶HDX ªQDWXUHOVG¶R FRXOHQWGHVULYLqUHVSpUHQQHV1pDQPRLQVODGpIRUHVWDWLRQV¶DFFRPSDJQHG¶XQHEDLVVHGXUpJLPHGH FHVULYLqUHVHWDFFHQWXHOHVSKpQRPqQHVG¶pURVLRQGes sols24/DIRUrWSULPDLUHQHVHUHQFRQWUHTX¶j O¶pWDWGHUHOLTXDWVVXUOHVFUrWHVHWVRPPHWV /DYpJpWDWLRQQDWXUHOOHSUpVHQWHGHQRPEUHXVHVHVSqFHVYpJpWDOHVHQGpPLTXHVHWO¶RQREVHUYH plus généralement une forte influence de la flore malgache. Globalement, les activités anthropiques (culture sur brûlis et pâturages) ont grandement dégradé la forêt primaire mahoraise qui ne se rencontre que partiellement conservée sur les crêtes, ou sur quelques îlots (forêt sèche). Le littoral offre de nombreuses mangroves qui ont pu, par le passé, offrir des ressources en bois de construction. Les forêts offrent des essences couramment employées pour la construction navale (tek), et les cocoteraies constituent des ressources importantes pour la fabrication de cordages en bourre de noix GHFRFR/¶DJULFXOWXUHHVWSUDWLTXpHWRXWHO¶DQQpHPDLVJpQpUDOHPHQWODVDLVRQVqFKHHVWGDYDQWDJH propice aux travaux de défrichement et de mise en culture sur brûlis, en préparation à la période de SURGXFWLRQHQVDLVRQGHVSOXLHV/¶agriculture demeure principalement vivrière. On rencontre des cultures de bananes, maniocs, ambrevades, maïs, riz pluvial, tarot et de nombreux arbres fruitiers tels OHVFRFRWLHUVPDQJXLHUVSRPPLHUVGH&\WKqUHDJUXPHV/¶pOHYDJHGHYRODLOOHs, petit bétail (ovins et caprins) et de zébus (bos indicus) est fréquent, et les ressources halieutiques ont une place importante dans le régime alimentaire traditionnel (pêche et ramassage de coquillages).
La population actuelle de Mayotte (près de 230 000 habitants) se concentre dans la zone urbaine de Mamoudzou (qui englobe Petite Terre$LOOHXUVO¶vOHDIILFKHXQUpVHDXYLOODJHRLVWUqV dense (la densité de populatiRQj0D\RWWHV¶pOqYHjKDELWDQWVDXNP2) essentiellement réparti sur
OHOLWWRUDO/¶HPSULVHIRQFLqUHGHV]RQHVEkWLHVV¶HVWGpFXSOpHFHVGHUQLqUHVDQQpHVDYHFODFURLVVDQFH GHODSRSXODWLRQHWODKDXVVHGXQLYHDXGHYLHO¶vOHQHFRPSWDLWTXHKDbitants en 1985). Cette IRUWHFURLVVDQFHGpPRJUDSKLTXHHQWUDvQHO¶XUEDQLVDWLRQUDSLGHG¶DQFLHQQHV]RQHVDJULFROHVSUHVVLRQ qui impacte de nombreux sites archéologiques.
24 '¶DSUqV 7KRPDVVLQ O¶pWXGe des dépôts sédimentaires dans le lagon de Mayotte révèle un
envasement consécutif aux défrichements en Grande Terre qui auraient débuté dès le milieu du premier millénaire, [Thomassin, c.p.].