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LE RÔLE DU SECTEUR DE L ASSURANCE DANS LE DÉVELOPPEMENT

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LE RÔLE DU SECTEUR DE L’ASSURANCE DANS LE DÉVELOPPEMENT Lucas Patriat

Épargne sans frontière | « Techniques Financières et Développement » 2016/1 n° 122 | pages 7 à 14

ISSN 1250-4165

DOI 10.3917/tfd.122.0007

Article disponible en ligne à l'adresse :

--- https://www.cairn.info/revue-techniques-financieres-et-

developpement-2016-1-page-7.htm

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Financement des PME

LE RÔLE DU SECTEUR DE L’ASSURANCE DANS LE DÉVELOPPEMENT

Lucas Patriat, Economiste

Le secteur de l’assurance dispose de nombreux outils pour gérer les risques - traitement statistique des données, mutualisation des risques, diversifi cation...

Il participe ainsi doublement au développement d’un pays : grâce à cette maî- trise des risques, les individus et les institutions disposent d’une meilleure couverture face aux aléas de la vie ; la gestion de l'épargne dégagée par le ver- sement des primes d’assurance contribue au fi nancement de l’économie.

L’assurance est une industrie fi nancière qui se consacre à la gestion du risque des agents économiques (particuliers et entreprises). A ce titre, elle occupe deux fonc- tions essentielles : la couverture du risque proprement dite ; et le recyclage de l’épargne ainsi dégagée au sein de l’économie.

A la base de l’assurance est l’aversion au risque. Les agents économiques sont rétifs à prendre des risques, ce qui entrave l’innovation et freine l’activité. Les compagnies d’assurance proposent de couvrir ces risques (pour être plus précis, de couvrir la valeur fi nancière de ces risques) en les mutualisant. Le principe est bien connu : un assuré verse une prime régulière, fi xée contractuellement, et recevra en cas de sinistre un dédommagement dans des conditions et pour un montant eux aussi précisés dans le contrat. Les assurés choisissent la certitude d’une petite perte à l’incertitude d’une grosse perte. Un individu pourra ainsi gérer les aléas de sa vie, et une entreprise pourra intégrer le coût du risque dans son bilan en minimisant l’incertitude.

Assurance et réassurance

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Dans ce processus, un phénomène décisif apparaît : la monétisation, ou fi nancia- risation, du risque. L’assureur évalue le coût potentiel des dommages, ainsi que la probabilité de leur occurrence. De ces deux données, il déduit non seulement le montant de la prime qui lui sera versée par l’assuré, mais aussi la somme totale que lui-même doit provisionner pour pouvoir rembourser le sinistre s’il se produit.

L’expertise d’une compagnie d’assurance s’étend donc à deux domaines : la gestion du risque et la gestion fi nancière.

La gestion du risque au cœur du métier de l’assurance La gestion des risques

Le cœur du métier de l’assurance, c’est le risque. L’assureur est un expert du risque.

On peut considérer à ce titre qu’outre la protection contre les aléas de la vie, l’assu- reur offre également des moyens pour diminuer les risques eux-mêmes, en aidant à la connaissance du risque et à la diffusion de méthodes et d’outils effi caces : normes de construction (par exemple dans les zones sismiques), port du casque, normes de fabrication, contrôle de la chaîne de production, etc.

Pour gérer les risques, l’assurance recourt à son outil principal, les statistiques. Le principe de base est celui de la loi des grands nombres. Pour l’assurance automobile par exemple, il est impossible de savoir à quel moment un assuré sera impliqué dans un accident, ni pour quelle gravité. Par contre on connaît la fréquence des accidents sur une zone donnée. La loi des grands nombres dit que si le portefeuille « automo- bile » comprend un nombre suffi sant d’assurés, alors le portefeuille aura tendance à se comporter comme la moyenne générale des automobilistes. Si la probabilité d’un accident sur un pays est de x % par an, alors on sait que x % du portefeuille sera affecté par ce dommage - pas forcément chaque année, mais en moyenne. On peut ainsi disposer d’une approximation du montant des dommages sur des périodes déterminées.

Parfois ces statistiques manquent de précision. Les tremblements de terre, par exemple, ne surviennent que trop rarement pour donner lieu à des probabilités fi ables. Qu’un événement se soit produit trois fois en trois cents ans ne signifi e pas qu’il survient une fois tous les cent ans. L’accès à des données nombreuses, fi ables et longues (sur de nombreuses années) est donc un enjeu stratégique pour le secteur de l’assurance. L’avènement du « big data », c’est-à-dire l’accès grâce aux nouvelles technologies digitales à un nombre croissant de données mais aussi à de nouveaux outils pour les analyser, constitue ainsi une révolution pour le secteur.

La mutualisation et la diversifi cation des risques

La mutualisation du risque est le principe selon lequel tous les assurés versent des primes pour que ceux d’entre eux qui subissent un sinistre soient remboursés. Ce prin- cipe va plus loin, en mutualisant les différents risques entre eux au sein de la compagnie d’assurance (diversifi cation), et en les mutualisant entre assureurs (pools d’assurance) et auprès des réassureurs (lire à ce propos l’article de Patrick Thourot dans ce numéro).

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Financement des PME

La diversifi cation permet à un assureur d’alléger les contraintes sur l’utilisation de son capital. Une compagnie d’assurance doit impérativement garantir le rembour- sement de tous les sinistres qu’elle couvre. Dans chaque pays, des régulateurs natio- naux ou régionaux défi nissent des contraintes réglementaires précises. Une partie du capital est ainsi bloquée pour la constitution de réserves : la compagnie doit pla- cer ces sommes de manière liquide et non risquée (notamment en bons du Trésor), pour être disponibles pour les remboursements.

Le montant de ce total est stratégique car il détermine non seulement le montant total des engagements que la compagnie peut prendre mais aussi les sommes qu’elle peut placer de manière plus risquée mais plus rémunératrice. La diversifi cation entre des risques indépendants est un moyen d’alléger cette contrainte. La proba- bilité de devoir faire face au même moment à des sinistres de natures totalement différentes, comme une inondation aux Etats-Unis, un accident d’avion en Europe et une explosion d’usine en Chine, etc., est tellement faible qu’il n’est pas nécessaire de provisionner chaque année pour la totalité des risques couverts.

Reste que l’indépendance réelle des risques est diffi cile à déterminer. D’une part, deux risques distincts peuvent être liés à la même cause. Ainsi, un phénomène cli- matique du type El Niño pourra avoir des conséquences contrastées sur la pluvio- métrie en différents points du globe (sécheresse sur un continent, inondations sur un autre, ou ouragans sur un troisième). D’autre part, un sinistre peut en entraîner d’autres. Ainsi, des inondations dans un pays peuvent provoquer d’un côté une rupture de la chaîne d’approvisionnement (comme par exemple lors des inonda- tions en Thaïlande en 2011) et de l’autre la résurgence d’une épidémie.

L’assurance vie et non-vie : les deux activités de l’assurance

Le secteur de l’assurance se distingue en deux activités distinctes, l’assurance vie et non-vie. L’assurance vie couvre les risques liés à la santé des individus. Il en existe trois types principaux : décès (l’assuré verse régulièrement des primes, et une indemnité sera versée à un/des bénéfi ciaire/s de son choix lors de son décès) ; longévité (l’assuré verse des primes durant sa vie active, et touche des indemnités lors de sa retraite) ; invalidité (l’assuré verse une prime régulière qui lui garantit la prise en charge de son invalidité si elle survient). L’une des caractéristiques de l’assurance-vie est qu’elle sert également de produit d’épargne. L’assurance non-vie quant à elle protège essentiellement les biens et l’activité.

Ces deux types d’assurance sont extrêmement différents dans leur fonctionne- ment. L’assurance non-vie est divisée en de nombreuses expertises (transport, agri- culture, espace, interruption d’activité, nucléaire, etc.) qui sont essentiellement techniques, et donc aisément adaptables d’une zone géographique à l’autre, d’un marché à l’autre. Un avion reste un avion. Rien de tel dans l’assurance vie. Certes, les techniques actuarielles de calcul du risque restent les mêmes. Mais les ser- vices et les données sont intimement liés au contexte local. Patrimoine génétique, environnement naturel, pratiques sanitaires et de santé, habitudes alimentaires et sociales, sont autant de facteurs qui infl uent sur la mortalité et la longévité d’une

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population. A cela s’ajoute l’architecture légale de chaque pays, qui encadre d’un côté les systèmes de santé et de protection sociale, et de l’autre l’utilisation des données personnelles.

On voit à partir de cette description succincte que l’Afrique représente, ou repré- sentait, un territoire plus favorable au développement de l’assurance non-vie.

L’assurance automobile est historiquement celle qui s’est développée le plus rapi- dement, comme dans de nombreux pays émergents. Les cotisations de l’assu- rance automobile représentent ainsi environ le tiers des cotisations de l’assurance non-vie en Afrique (le plus faible étant le Gabon avec 29 % ; le plus fort la Centrafrique avec 46 %, mais dans un marché très étroit ; pour la Côte d’Ivoire, plus grand marché de la zone, la part de l’auto s’élève à 32 % - Fanaf, 2015).

Mais si, dans la construction des secteurs de l’assurance, l’assurance non-vie est la première à réussir à s’imposer, c’est progressivement l’assurance-vie qui prend le dessus. Ainsi, en 2014 au niveau mondial, l’assurance vie capitalise 2 654,5 mil- liards de dollars, soit plus de 20 % de plus que l’assurance non-vie (avec 2 123,7 milliards de dollars).

L’assurance : un produit fi nancier pour le développement

L’impact positif de l’assurance sur le développement ne fait aucun doute. Mais le mesurer reste délicat, car la relation fonctionne dans les deux sens : le développe- ment économique encourage celui de l’assurance, qui à son tour renforce l’écono- mie - une sorte de cercle vertueux.

Si l’impact sur la croissance est diffi cile à évaluer, c’est également parce que le rôle de l’assurance est diffi cile à distinguer de celui du secteur fi nancier en général (Chang et Lee, 2012). L’assurance ne trouvera un terreau propice qu’en présence d’institutions fi nancières complémentaires, qui permettent d’abord la monétarisa- tion de l’économie et la diffusion de pratiques commerciales, mais offrent aussi les moyens de la mutualisation des risques. L’assurance a également besoin de marchés fi nanciers suffi samment élaborés et dynamiques pour allouer de manière effi cace l’épargne aux différents secteurs de l’économie. Malgré ces limites, une étude de la Banque mondiale (Arena, 2006) montre que l’assurance a un impact positif et signifi catif sur la croissance économique. Elle distingue l’assurance vie, dont l’im- pact n’est réellement signifi catif que sur les pays à haut revenu, de l’assurance non- vie, dont l’impact est signifi catif sur tous les pays.

L’un des principaux effets bénéfi ques de l’assurance est son rôle de pourvoyeur d’épargne vers les secteurs actifs de l’économie. L’industrie de l’assurance (dont les fonds de pension) est le plus important investisseur sur les marchés fi nanciers. Par exemple en France, les placements de l’assurance-vie représentent 75 % du produit intérieur brut (PIB) (Kamega, 2013). Pour comprendre l’importance de la relation entre assureurs et marchés fi nanciers, il faut saisir une spécifi cité du secteur de l’as- surance : il fonctionne dans un rythme inversé par rapport à celui du reste de l’éco- nomie. Là où les entreprises doivent d’abord investir afi n de réaliser des gains, une société d’assurance commence par percevoir une prime avant d’avoir des sinistres

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à rembourser. Contrairement à une idée reçue, le ratio entre les primes perçues et les remboursements versés n’est pas toujours à l’avantage de l’assureur, surtout dans les domaines très concurrentiels comme celui de l’assurance automobile. C’est alors sur le placement des liquidités disponibles dans le délai entre versement de la prime et remboursement du sinistre que les assureurs réalisent l’essentiel de leur profi t.

D’où l’enjeu évoqué précédemment de la détermination réglementaire des réserves obligatoires.

L’une des caractéristiques de l’assurance vie et des fonds de pension est leur pré- sence sur des investissements de long terme. Comme ils couvrent des risques longs, sur lesquels ils versent des indemnités régulières, il est cohérent que les assureurs vie cherchent des revenus du même type. Tous les assureurs sont en plus contraints par les régulateurs, qui imposent qu’un certain quota des réserves soit consacré à des placements liquides et sans risques - et notamment en bons du Trésor.

En 2014, l’assurance vie de la zone Fanaf a effectué 987 milliards de Francs CFA de placements - une hausse annuelle moyenne de 10,1 % depuis 2010 (chiffres corrigés de l’infl ation, Fanaf 2015). Cette manne demeure très inégalement répartie puisque la Côte d’Ivoire à elle-seule en accapare près de la moitié (44 %), et que les trois principaux pays bénéfi ciaires (Côte d’Ivoire, Cameroun et Sénégal) représen- tent 71 %, soit près de trois-quarts des placements. La structure de ces placements privilégie les liquidités (39 % du total des placements), les obligations (20 %), l’immobilier (11 %) et les actions (10 %).

L’assurance non-vie n’est pas en reste, avec 804,1 milliards de FCFA de placements en 2014, mieux répartis puisque la Côte d’Ivoire toujours leader n’attire que 20 % des placements suivis encore une fois par le Cameroun (16,6 %) et le Sénégal (13,3 %), les trois principaux bénéfi ciaires ne représentant plus que la moitié du total. La structure des placements est différente, les liquidités ne représentant plus que 29,7 % du total, suivi de l’immobilier (22,7 %), des obligations (19,9 %) et des actions (13,6 %).

Cependant, l’impact de l’assurance va bien au-delà de l’économie. Elle permet à chacun de disposer d’une vie plus sûre, moins exposée aux aléas de la vie. L’assurance vie permet d’améliorer l’accès aux soins et favorise la prévention. L’assurance sécu- rité civile offre une garantie en cas d’accident à tous les citoyens et participe ainsi à la paix et la confi ance sociale. Dans certains secteurs, elle joue donc un rôle com- plémentaire à celui de l’Etat.

Le rôle de l’Etat dans l’assurance

La question du rôle de l’Etat se pose particulièrement dans deux cas de fi gure.

Le premier concerne l’assurance sociale. La plupart des Etats choisissent de mettre en place des systèmes nationaux d’assurance santé, de retraite ou de chômage, alors qu’en théorie, le secteur privé est capable d’intervenir. Les compagnies d’assurance affi rment qu’en tant qu’expertes du risque, elles seront plus à même de répondre

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aux besoins. Mais les Etats y voient souvent un enjeu de société majeur et préfère disposer d’institutions publiques gérant ces défi s. Les questions d’effi cacité relative des marchés et de la fonction publique, de justice sociale, de marchandisation des biens essentiels, sont des débats importants auxquels chaque pays doit trouver une réponse. Dans la plupart des cas, un système de protection privée vient compléter l’offre publique.

L’autre cas de fi gure est celui des grands risques, comme le terrorisme et les catas- trophes naturelles. La question de l’assurance du terrorisme se pose de façon accrue depuis le 11 septembre 2001. L’Etat américain a alors mis sur pied un mécanisme de garantie spécifi que, le TRIA (Terrorism Insurance Act), offi ciellement tempo- raire mais qui a déjà été prolongé (et modifi é) deux fois et est toujours en vigueur aujourd’hui sous un autre nom, TRIPRA (Terrorism Risk Insurance Program Reauthorization Act). Le principe est simple : à partir d’un certain seuil, les pertes des assureurs sont prises en charge à hauteur de 90 % par l’Etat américain. Pour ses avocats, la logique d’une intervention de l’Etat dépasse la simple logique du coût potentiellement considérable, et tient également au fait que le terrorisme représente un risque souverain de déstabilisation sociopolitique. De fait, la plu- part des pays ou régions proposent des systèmes de garantie étatique qui viennent compléter ou soutenir l’offre privée (Tastet, 2014). Mais des voix s’élèvent contre ce qu’elles considèrent comme « une subvention publique au secteur privé » pour un risque « qui n’est pas plus sévère que d’autres, comme les catastrophes naturelles » (Rhee, 2013).

L’article de Zarai (2014), souscripteur chez le réassureur Africa Re, illustre bien les dilemmes posés par le terrorisme. Au Kenya, l’assurance ne proposait qu’une couverture des biens immobilisés du type immobilier, car la prise en compte de biens mobiles (les gens, les voitures, les objets) apporte trop d’incertitude, dans la mesure où il est impossible de déterminer à l’avance combien de personnes seront présentes au mauvais endroit au mauvais moment - c’est le risque d’accumula- tion. Mais les violences politiques lors de l’élection présidentielle de 2007 ont créé une nouvelle demande, et le marché de l’assurance s’est adapté dans un contexte d’absence d’intervention de l’Etat. Les assureurs ont fait appel aux réassureurs pour disposer de suffi samment de capacité, et ces derniers se sont tournés vers le marché de Londres pour obtenir une couverture fi nancière. Lors de l’attaque terroriste de 2013 qui a fait 67 victimes à Nairobi, le centre commercial visé était cou- vert, et 115 millions de dollars ont pu être versés pour aider à la reconstruction.

Mais le coût d’une couverture Terrorisme et violence politique a ensuite triplé, du fait de l’approche extrêmement prudente des marchés londoniens. Selon l’auteur, cette approche était trop prudente du fait de la mauvaise connaissance locale des souscripteurs londoniens. La présence d’une garantie nationale du type TRIA aux Etats-Unis pourrait alors favoriser la diffusion de contrats plus appropriés aux besoins locaux.

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Financement des PME

L’Afrique, insuffi samment préparée face aux catastrophes naturelles

Selon une étude de la société de gestion des risques Verisk Maplecroft (2016), l’Afrique est le continent le plus vulnérable aux catastrophes naturelles : il abrite huit des neuf pays les plus vulnérables à savoir, dans l’ordre, le Sud Soudan, le Burundi, l’Erythrée, le Tchad, le Niger, le Soudan, le Mali et la République démo- cratique du Congo (l'Afghanistan se glisse dans ce classement à la seconde place).

Il est remarquable que cette conclusion vienne en contrepoint du fait que ce n’est pas l’Afrique mais l’Asie qui est la plus exposée à ces catastrophes. La vulnérabilité de l’Afrique face aux catastrophes provient de facteurs structurels, toujours selon ce rapport, qui cite « la mauvaise gouvernance, des infrastructures insuffi santes et un niveau élevé de pauvreté et de corruption ».

On ne peut pas empêcher une catastrophe naturelle. Mais on peut s’y préparer, à la fois pour limiter les dégâts et pour faciliter la reconstruction. Or les pays pauvres ont plus de mal que les pays riches à y parvenir. Ainsi en 1990, selon une étude de la Banque mondiale, les pays avec un produit national brut (PNB) de moins de 2000 dollars par habitant connaissaient en moyenne 9,4 décès par million d’habitants du fait des catastrophes naturelles, alors que les pays avec un PNB de plus de 14 000 dollars par tête n’en connaissaient que 1,8 (Aizenman et al., 2013). Ce chiffre est à prendre avec précaution, car les catastrophes naturelles ne se répartissent pas équi- tablement entre pays riches et pays pauvres. Mais ils refl ètent la diffi culté pour les pays les plus pauvres à faire face aux coûts engendrés par les catastrophes. Ils seront moins enclins à engager des dépenses dans des actions de prévention pour une menace grave mais peu probable, et auront moins de moyens pour fi nancer la reconstruction.

Les pays les moins diversifi és sont ceux qui auront le plus de mal à se relever d’une catastrophe. Dans les pays à faible revenu, le secteur agricole représente près du quart des dommages provoqués par les catastrophes naturelles (Aizenman et al., 2013). La diffusion de nouveaux outils comme l’assurance indicielle permettra aux agriculteurs d’être mieux armés face à de tels sinistres (lire à ce propos l’article de Samuel Diop dans ce numéro).

Conclusion

Face aux menaces de grande ampleur (accident nucléaire, épidémie, attaque terro- riste, naturelle ou crise macroéconomique), le secteur de l’assurance ne peut cou- vrir seul l’ensemble des risques. Les Etats disposent de nombreuses méthodes de partage des risques au niveau mondial. Les institutions fi nancières internationales proposent des solutions variées (voir Aizenman et al., 2013, pour une présentation des différentes méthodes disponibles pour les Etats). Mais l’assurance peut jouer un rôle décisif. En mobilisant l’épargne des agents, elle contribue à une meilleure gestion des risques tout en diminuant la pression budgétaire sur les Etats. Ces der- niers libèrent ainsi des moyens pour fi nancer d’autres priorités et ainsi se consacrer pleinement au développement.

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