Socio 2 : Quelle est l’action de l’école sur les destins individuels et
l’évolution de la société ?
- Comprendre que, dans les sociétés démocratiques, l’École transmet des
savoirs et vise à favoriser l’égalité des chances ; comprendre l’évolution, depuis les années 1950, des principaux indicateurs mesurant l’accès à l’école et à
l’enseignement supérieur (taux de scolarisation, taux d’accès à un diplôme ou à un type de formation) en distinguant les processus de massification et de
démocratisation.
- Comprendre la multiplicité des facteurs d’inégalités de réussite scolaire (notamment, rôle de l’École, rôle du capital culturel et des investissements familiaux, socialisation selon le genre, effets des stratégies des ménages) dans la construction des trajectoires individuelles de formation.
Les objectifs du programme
Introduction : pourquoi s’intéresser au rôle de l’école ?
Document 1
Ex 1
1 – Quels sont les constats que cet extrait permet de réaliser ?
Journal télévisé de France 2 du 28 mars 2017
I – L’évolution du système scolaire français : entre démocratisation et massification A – Quels rôles pour l’école dans une société démocratique ?
Document 2 : le code de l’éducation
Article L121-4. Les enseignements scolaires et universitaires ont pour objet de dispenser les
connaissances de base et les éléments d’une culture générale incluant les données scientifiques et techniques, de préparer à une qualification et de concourir à son perfectionnement et à son adaptation au cours de la vie professionnelle.
Article L122-1-1. La scolarité obligatoire doit garantir à chaque élève les moyens nécessaires à l’acquisition d’un socle commun de connaissances, de compétences et de culture, auquel contribue l’ensemble des enseignements dispensés au cours de la scolarité. Le socle doit permettre la poursuite d’études, la construction d’un avenir personnel et préparer à l’exercice de la citoyenneté […].
N.B : le code de l’éducation rassemble les dispositions législatives et réglementaires relatives à l’éducation en France.
Ex 2
1 – Quelles sont les différentes fonctions de l’école que cet extrait du code de l’éducation me permet d’identifier ?
2 – Quelle est celle qui me semble la plus importante, pourquoi ?
Le rôle de l’école dans une société
démocratique
A.De Tocqueville (1805-1859) : au- delà d’un régime politique, la
démocratie réside dans l’égalisation des conditions.
Une fonction de socialisation (visant l’intégration
et l’exercice de la citoyenneté) Un rôle de
transmission des savoirs (instruction ou
formation)
Permettre l’égalité des chances
(méritocratie)
La transmission des savoirs
Les matières enseignées
à l’école
primaire :
Une fonction de socialisation
Visée intégrative et républicaine
Une salle de classe
Permettre l’égalité des chances
Principe de justice sociale
Rappels : - Ecole obligatoire et
gratuite dès l’âge de 3 ans
- Carte scolaire pour assurer la mixité
- Programmes et examens nationaux
- Discrimination positive : réseaux ambition
réussite, cordées de la réussite, école de la seconde chance,
internats d’excellence, AESH (accompagnants d’élèves en situation de handicap)…
Méritocratie
Article L111-1. L’éducation est la première priorité
nationale. Le service public de l’éducation […] contribue à l’égalité des chances et à lutter contre les inégalités
sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Il reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à la scolarisation inclusive de tous les enfants, sans aucune distinction. Il veille également à la mixité sociale des publics scolarisés au sein des établissements
d’enseignement. Code de l’éducation 2020.
B – L’école s’est-elle démocratisée ?
Ex 3
Document 3 : La volonté d’une école pour tous
Ex 4
Tout au long du XXème siècle, un des objectifs poursuivis par les réformateurs n’est pas seulement d’augmenter la durée des études obligatoires (13 ans en 1882, 14 ans en 1936, 16 ans en 1959), mais aussi de faire en sorte que le destin scolaire soit moins dépendant de l’origine sociale et davantage lié au « mérite individuel ». […] Cette définition de la démocratisation dite « qualitative » implique
l’affaiblissement du lien statistique entre origines sociales et destins scolaires.
« On parle de la démocratisation de l'enseignement comme celle de l'automobile, des vacances ou de la salle de bain ». Antoine Prost* précise ensuite que « la démocratisation quantitative ainsi entendue ne supprime pas les inégalités, elle les déplace seulement ». Cette définition est problématique.
Étymologiquement un mouvement de démocratisation implique une égalisation des conditions. Or, la démocratisation quantitative définie par Prost désigne un élargissement de l'accès à l'école avec
maintien des inégalités, voire une accentuation de celle-ci. Pour cette raison, le terme « massification » de l'enseignement est préférable. [...] Dans l'expression « démocratisation quantitative », on suggère un processus d'égalisation ; dans celle de « massification » on ne préjuge pas d'un tel processus. C'est tout différent.
Pierre Merle, La démocratisation de l'enseignement. Editions La Découverte coll. Repères 2017.
*Historien français, spécialiste de l’Education.
Question : A partir du dossier documentaire, je discute la réalité de la démocratisation de l’école en mobilisant les données.
Part des femmes dans les différents formation de l’enseignement supérieur
II – Comment expliquer l’importance des inégalités scolaires dans les trajectoires individuelles ?
A – Inégalités filles/garçons : le rôle de la socialisation différenciée
Document 8 : la socialisation différenciée des filles et des garçons
Les perceptions stéréotypées du monde professionnel et des modèles sexués existent déjà à un âge très précoce. Chez les filles, elles sont liées à la question de la « conciliation » de la vie professionnelle et de la vie familiale, alors que les garçons n’ont pas cette préoccupation et commencent très tôt à ne se préoccuper que de leur carrière professionnelle. Il apparaît aussi que les filles à partir de quinze ans, dans la période très
importante de l’orientation et des choix professionnels, commencent à douter de leurs compétences, éprouvent une plus grande incertitude concernant le choix de leur métier et se soucient de leur conformité aux normes de sexe. […] Les filles et les garçons ne sont pas éduqués de la même manière dans la famille, à l’école, à travers les pairs et dans l’environnement social en général. La socialisation différenciée permet de façon précoce
l’apprentissage des connaissances relatives aux rôles de sexe, ainsi que l’adoption par l’enfant des comportements conformes à son sexe d’appartenance. Dès leur prime enfance, les filles apprennent
l’obéissance, la docilité, l’attention à autrui, l’usage limité de l’espace ; les garçons apprennent la compétition, l’affirmation de soi, l’usage plus libre de l’espace. Cette socialisation précoce et différenciée conduirait les filles à se sous-estimer et les garçons à se surévaluer, en particulier dans les matières scientifiques (mathématiques, physique, technique) à l’âge de l’adolescence où s’affirment les identités sexuées et les orientations scolaires.
B.Stevanovic, P.Grousson, A, de Saint-Albin, Orientation scolaire et professionnelle des filles et des garçons au collège. Les sciences de l’éducation pour l’ère nouvelle, 49, 2016.
1 – Je rappelle en quoi consiste le processus de socialisation.
2 – D’après les auteurs, quelles sont les valeurs associées à la virilité, à la féminité ?
3 - Je rappelle dans les grandes lignes comment les enfants sont confrontés à ces valeurs.
4 – J’identifie plusieurs voies par lesquelles cette socialisation peut jouer un rôle sur les trajectoires scolaires des filles et des garçons.
Une illustration : l’effet de la socialisation différenciée sur le
sentiment de compétence en mathématiques
B – Inégalités sociales : le rôle du capital culturel, de l’investissement familial et des stratégies des ménages
Document 9 : la pédagogie invisible pratiquée à la maison
Au-delà des conditions de vie, c’est la « pédagogie invisible » pratiquée à la maison qui constitue la principale inégalité entre élèves de maternelle…
Bernard Lahire : Effectivement, et les parents ne sont pas toujours conscients que ces pratiques familiales sont des atouts ou des handicaps majeurs d’un point de vue scolaire. Dans les classes moyennes et supérieures, beaucoup sous-estiment leur contribution à la réussite de leurs petits. Pour eux, « ça s’est fait tout seul ». […]
On sait par exemple qu’il existe une corrélation très forte entre la lecture d’une histoire chaque soir et les performances en lecture-compréhension. Les enfants y apprennent des procédés narratifs […], avec un lexique fourni et une syntaxe correcte.[…] Faire de l’ironie, c’est apprendre aux enfants à faire la différence entre le vrai et le faux dans le discours, donc à détecter très tôt les subtilités langagières, ce qui s’avère extrêmement
rentable en classe.
Les classes populaires ne manient pas l’ironie ?
Bernard Lahire : Notre enquête1 montre que le second degré ou l’ironie sont plus fréquents et surtout bien plus encouragés dans les familles à fort capital culturel. Il y a moins de distance au langage dans les classes populaires. Quand Thibaut, un fils d’agriculteur, produit des discours un peu poétiques et absurdes dans une langue imaginaire, sa mère lui dit d’ « arrêter avec ses bêtises » et de « parler français ». Les parents ne voient pas les enjeux qui se cachent derrière ces jeux de langage.
O.Pascal-Moussellard, Apprendre l’ironie aux enfants s’avère très rentable à l’école », entretien avec Bernard Lahire, Télérama 3633, Août 2019.
1 B.Lahire (dir), Enfances de classe. De l’inégalité parmi les enfants. Seuil. 2019
1 – Quelles sont les différentes pratiques citées dans l’article (et identifiées dans l’enquête menée par Lahire) qui peuvent avoir un effet sur la réussite des enfants à l’école maternelle ?
2 – Comment expliquer leur effet sur la réussite scolaire ? 3 – Pourquoi parler de « pédagogie invisible » de la famille ?
4 – Je cite d’autres pratiques qui peuvent potentiellement avoir des effets similaires.
Ex 6
Les familles nourrissent un rapport au temps libre
différent selon le milieu social
La grille explicative proposée par Bourdieu : le rôle prépondérant du capital culturel
Boudieu et Passeron : Les héritiers, 1964 La reproduction sociale, éléments pour une théorie du système d’enseignement, 1970
L’école étant « indifférente aux différences » est un lieu de reproduction sociale qui
légitime l’ordre social
Document 10 : le rôle du capital culturel hérité
Document 11 :
Document 12 :
Ex 7
La grille explicative proposée par Boudon : le rôle de l’investissement scolaire des familles
Le rôle de l’école est neutre, ce sont les familles qui investissent différemment l’école
R.Boudon
L’inégalité des chances, 1973
Document 13