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Prévention du cancer colorectal

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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A. Dehlavi C. Nichita V. Kessler Brondolo D. Bertolini

G. Dorta

introduction

Le cancer colorectal (CCR) constitue un problème de santé pu­

blique majeur en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie.

L’incidence de cette maladie est supérieure à 50 pour 100 000 habitants. On estime que 5 à 6% de la population générale présentera un cancer colorectal au cours de sa vie en Europe et aux Etats­Unis.

En Suisse, on dénombre 4000 nouveaux cas par année et 1600 décès annuels dus au CCR.

En conséquence, un dépistage au niveau de la population à risque moyen et une surveillance des sujets à risque représentent une tâche très importante.1 L’article que nous vous proposons cette année actualise les différentes mesures à prendre pour faire face à cette pathologie très fréquente et mortelle pour presque 50% des personnes atteintes.

préventionprimaireducancercolorectal

Pour les mesures de prévention telles que le régime alimentaire riche en fibres, la limitation de la consommation de viande rouge, de graisses animales et d’alcool, la supplémentation en antioxydants (vitamines A, C, E, bêta­carotène et sélénium), la prise de statines ou d’acide folique, l’évidence d’une diminution du risque relatif de carcinogenèse colorectale n’est pas prouvée. Les seuls agents de chémoprévention ayant montré une diminution significative de ce risque dans des études avec une bonne évidence sont : l’aspirine ; certains AINS (célécoxib, sulindac), le calcium associé à la vitamine D et la substitution hormonale. Concer­

nant l’aspirine, des diminutions de l’ordre de 13 à 39% du risque relatif de carci­

nogenèse colorectale sont décrites.2­4 Les hypothèses avancées sont une augmen­

tation de l’apoptose et une inhibition de la croissance cellulaire via la diminution du taux de prostaglandines. Son principal inconvénient est d’augmenter le risque d’hémorragie cérébrale. L’efficacité des inhibiteurs sélectifs des COX­2 semble meilleure comparée à celle des autres AINS chez des patients avec polypose fa­

miliale. Des diminutions du nombre et de la taille des polypes ont été constatées avec cette classe de molécules.5 Leur principal inconvénient est une toxicité sur Prevention of colorectal cancer

Colorectal cancer (CRC) is a public health problem. It is one of the most common can­

cers and mortality rate is around 50%. This ar­

ticle reports on the various methods of pri­

mary prevention testing for the population at average risk of developing CRC. Given its slow evolution through pre­cancerous lesions, it is appropiate to identify patients at medium risk and monitore those at high risk. Current screening methods show very different effi­

ciencies. The most efficient are invasive and limit public support. New non­invasive tests based on fecal and blood biomarkers are being developed and will probably help to improve CRC screening in the future in an at­

tempt to lower mortality rate.

Rev Med Suisse 2011 ; 7 : 1704-9

Le cancer colorectal (CCR) constitue un problème important de santé publique. Il s’agit d’un des cancers les plus fréquents et sa mortalité avoisine les 50%. Cet article fait le point sur les différentes méthodes de prévention et de dépistage au niveau de la population à risque moyen de développer un CCR. Vu son évolution lente à travers des lésions précancéreuses, il est ju- dicieux de dépister des sujets à risque moyen et de surveiller les sujets à risque élevé. Les méthodes de dépistage actuelles montrent des efficacités très variables. Les tests les plus per- formants sont invasifs et limitent l’adhésion de la population.

De nouveaux tests non invasifs, basés sur des biomarqueurs fécaux et sanguins sont en phase de développement et vont probablement contribuer à une amélioration du dépistage du CCR dans l’espoir de baisser à l’avenir son taux de mortalité.

Prévention du cancer colorectal

le point sur…

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le plan cardiovasculaire. Concernant le calcium et la vitami­

ne D, des diminutions de l’ordre de 14 à 35% du risque re­

latif de carcinogenèse colorectale sont décrites au sein de la population générale.6,7 Le calcium lie les sels biliaires secondaires, lesquels sont capables de causer une croissan­

ce cellulaire accélérée au niveau de l’épithélium colorectal.

Le calcium est aussi capable de réguler la prolifé ration, la différenciation et la mort cellulaire via une action directe sur la signalisation intracellulaire. La vitamine D est capable de moduler plus de 200 gènes impliqués notamment dans la régulation du cycle cellulaire, l’adhésion cellulaire, la répa­

ration de l’ADN, l’angiogenèse et la réponse immunitaire.

Concernant la supplémentation hormonale, des réductions jusqu’à 44% du risque relatif de carcinogenèse colorectale ont été décrites.8 Les œstrogènes sont capables de dimi­

nuer la production de sels biliaires secondaires en dimi­

nuant notamment les taux de l’insuline­like growth factor­1.

Leur inconvénient est un risque augmenté de carcinoge­

nèse du sein et une toxicité sur le plan cardiovasculaire.

A l’heure actuelle, aucune société de gastroentérologie des pays industrialisés n’a émis de recommandations pour la prophylaxie primaire du CCR, en grande partie à cause des effets secondaires potentiellement néfastes des agents reconnus efficaces.

méthodes dedépistageduccr dans lapopulation àrisque moyen

Ce chapitre s’adresse à la population générale de plus de 50 ans sans symptômes et sans facteur de risque de CCR.

Les données­clés avec les intervalles d’examens se trouvent dans le tableau 1.

Tests de dépistage disponible pour la recherche d’un CCR

Recherche de sang occulte dans les selles

Le dépistage du CCR par recherche répétée de sang oc­

culte dans les selles a démontré diminuer la mortalité du CCR de l’ordre de 15 à 33% dans des études contrôlées ran­

domisées si 50% de la population se soumettaient au test.9

Rectosigmoïdoscopie

La rectosigmoïdoscopie permet l’exploration du côlon gauche sans préparation orale et sans sédation. Des étu­

des ont montré que cet examen est efficace pour réduire le

risque de développer un CCR de l’ordre de 50 à 60%. Ce­

pendant, elle ne dépiste pas les polypes et le cancer du côlon droit que l’on retrouve plus fréquemment chez les femmes et les patients plus âgés (L 60 ans).10­12

Colonoscopie

Considéré comme l’examen de référence pour la visua­

lisation du côlon, il n’existe, à ce jour, pas d’études rando­

misées contrôlées pour montrer l’efficacité du dépistage par colonoscopie. Deux grandes études en cours permet­

tront de répondre à cette question. Il y a cependant plu­

sieurs évidences indirectes pour démontrer que cet examen est efficace. Des études observationnelles et des cas con­

trôles ont estimé que la colonoscopie réduit la mortalité de CCR de 53 à 72% et son incidence de 31%.10 La colonoscopie est le meilleur outil de dépistage à l’heure actuelle. Cepen­

dant, l’adhérence de la population reste faible en raison de son caractère invasif.13

Colo-CT ou colonoscopie virtuelle

Il s’agit d’un scanner abdominal avec une acquisition spécifique permettant la reconstruction d’images en deux et trois dimensions de la paroi colique. Il nécessite une préparation (identique à la colonoscopie) et l’insufflation d’air pour distendre les parois du côlon. La sensibilité pour visualiser des cancers ou des adénomes de M 1 cm est de 90%, équivalente à la colonoscopie, mais sans données pour les polypes plans.14 La spécificité est elle de 86% avec 14%

de faux positifs, ceci en main de radiologues très spéciali­

sés. Le manque relatif de spécificité par rapport à la colo­

noscopie amène dans un pourcentage non négligeable à des investigations supplémentaires. Lorsqu’il s’agit de lésion de plus petite taille (entre 6 et 10 mm), la sensibilité et la spé­

cificité sont de 85 et 88% respectivement. Le colo­CT peut être recommandé chez les patients qui refusent une colo­

noscopie ou pour compléter une colonoscopie incomplète.

méthodes dedépistagenoninvasives en coursdedéveloppement

Les tests de screening actuels ont le désavantage d’être soit invasifs (colonoscopie standard ou virtuelle), soit d’avoir une précision insuffisante pour la détection des CCR (tests fécaux hemoccult). Le développement d’un test simple, non invasif, fiable avec un bon rapport coût­efficacité est hau­

Sang occulte Sigmoïdoscopie Colonoscopie Colo-CT

Avantages • Simple • Sensible pour le côlon gauche • Sensible • Sensible pour polype L 1 cm

• Acceptation • Pas de sédation • Biopsie/polypectomie • Non invasif

• Prix

Désavantages • Sensibilité faible pour les • Ne dépiste pas les cancers et • Invasive • Colonoscopie si positif

polypes polypes du côlon droit • Acceptation • Sensibilité non connue pour

• Nécessite une colonoscopie • Préparation les polypes plans

si positif • Irradiation

• A répéter 1 x/an • Préparation

Coût • Faible • Intermédiaire • Haut • Haut

• Coût associé au bilan pour des

lésions extra-coliques

Tableau 1. Méthodes de dépistage du cancer colorectal

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tement souhaitable et il augmenterait, à travers une meil­

leure compliance et acceptabilité, le taux de participation à un dépistage du CCR. Ces dernières années plusieurs marqueurs génétiques dans l’ADN tumoral ont été décou­

verts, dont une partie a déjà été testée dans le sang ou dans les selles.

Tests fécaux

Le test le plus récent pour la détection de l’ADN tumo­

ral regroupe des mutations dans les gènes APC, K-ras, p53, BAT-26 et un marqueur pour l’ADN long, en utilisant des techniques améliorées.15­17 La sensibilité du test varie de 52 à 91% et la spécificité est de 93­97%.15,16,18 Dans une cohorte de 2507 personnes à risque moyen, le test ADN fécal a été significativement plus sensible (52% vs 13%, p = 0,003) que le test Hemoccult II pour la détection du CCR.19 Ce test détecte aussi trois fois plus d’adénomes L 1 cm que le test Hemoccult Sensa.20

Le test ADN fécal aurait un potentiel de screening im­

portant, mais le test idéal n’est pas encore établi et le coût est élevé par rapport au test hemoccult. L’intervalle entre les tests n’est pas bien précisé, il faudrait probablement le répéter tous les trois à cinq ans.

Tests sanguins

Plusieurs tests sanguins ont été évalués. Han et coll. ont identifié une combinaison de biomarqueurs basée sur cinq

gènes qui a diagnostiqué correctement 88% des CCR, mais la spécificité n’est pas encore satisfaisante.21 Grutzmann et coll. ont validé dans deux études contrôles un test qui iden­

tifie l’ADN méthylé dans le plasma. Dans l’étude­test, la Septin 9 méthylée était positive chez 73/126 CCR (58%) et chez 18/183 contrôles (10%). Après des modifications du test, la sensibilité globale était de 72% (90/125 CCR détectés) avec une spécificité de 10%. La sensibilité du test est bonne pour les stades avancés (90% pour le stade IV), mais seule­

ment de 50% pour les stades I.22

Nous sommes en train d’évaluer, en collaboration avec une start­up à Epalinges, un test sanguin multigénique (COLOX) qui détecte des biomarqueurs de la réponse im­

munitaire de l’hôte en présence d’un CCR ou en cas de po­

lypes. Dans l’étude pilote portant sur 92 patients (41 con­

trôles, 30 patients avec polypes L 1 cm et 21 CCR stade I­IV), la sensibilité du test pour la détection des CCR a été de 67% avec une spécificité de 93%. Ce test a une haute spé­

cificité pour les néoplasies colorectales. Un test sanguin si­

milaire (groupant d’autres biomarqueurs) a eu une sensibi­

lité de 63%, avec une spécificité de 83% pour le dépistage des polypes L 1 cm. Ce qui est très encourageant pour le test COLOX en comparaison des autres tests sanguins, c’est qu’il peut détecter presque 8/10 polypes L 1 cm. Une étude multicentrique qui inclura plus de 1500 patients a été dé­

butée dans le but de vérifier ces excellents résultats. Ces prochaines années, avec les technologies qui avancent ra­

Tableau 2. Recommandations de la Société suisse de gastroentérologie pour la surveillance endoscopique après polypectomie 23

Catégorie Caractéristiques des polypes Intervalle pour la Intervalle pour la

de risque (histologie, critères additionnels) colonoscopie de colonoscopie de

surveillance après suivi après colonoscopie résection d’un polype sans polype

I Adénome tubulaire 5 ans Arrêt de la surveillance

• 1-2 polypes et

• Taille m 1 cm et

• Aucune dysplasie sévère et anamnèse familiale négative

II Adénome tubulaire 3 ans 5 ans

L 2 polypes ou

• Taille L 1 cm ou

• Dysplasie de haut grade ou

• Anamnèse familiale positive (1er degré de parenté) Adénome (tubulo-)villeux ou adénome dentelé

• Tout nombre ou toute taille

• Tout type de dysplasie

III Carcinome au sein d’un adénome (polype dit malin) m 3 mois pour le contrôle 5 ans

• Polypectomie endoscopique complète et du lieu de résection,

• Limite de résection histologiquement saine et puis à 3 ans

• Différenciation G1-2 et

• Aucune invasion des veines et des lymphatiques

IV Carcinome au sein d’un polype (polype dit malin) La résection chirurgicale est absolument indiquée

• Polypectomie endoscopique incomplète ou

• Limite de résection histologiquement maligne ou

• Différenciation G3 ou

• Invasion veineuse ou lymphatique manifeste

Au niveau du rectosigmoïde et de taille m 1 cm Aucune surveillance

Ces conditions sont valables uniquement lors d’une colonoscopie complète avec préparation optimale et résection complète des polypes, récupération de ceux-ci et analyse histologique. En cas de résection par fragments ou de doute sur la résection totale de polypes sessiles, il est recommandé d’effectuer une endoscopie de contrôle du site de résection dans les trois mois. Ces directives sont valables uniquement en l’absence d’indice en faveur d’un syndrome héréditaire (FAP, HNPCC) ou autre situation majorant le risque de CCR (maladies inflammatoires de l’intestin, acromégalie, etc.).19

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pidement, un test non invasif basé sur des biomarqueurs sanguins ou fécaux remplacera le screening invasif du CCR.

surveillancedessujetsavecunrisque élevédedévelopper unccr

Vingt­cinq pour cent de la population présente un ris­

que élevé de développer un CCR en comparaison avec la population générale. Ce sont des patients avec des anté­

cédents personnels de polypes coliques ou de CCR, avec une anamnèse familiale d’adénome colorectal ou de CCR, de polypose familiale (FAP) ou de cancer héréditaire (HNPCC, Hereditary Nonpolyposis Colorectal Cancer), ou des patients atteints de maladie inflammatoire de l’intestin (MICI). Ces patients ont besoin d’une surveillance régulière par des coloscopies.

Antécédents personnels de polypes colorectaux ou d’un CCR

La Société suisse de gastroentérologie 23 a formulé des directives pour le suivi des patients avec des polypes co­

lorectaux (tableau 2) et des CCR (tableau 3).23

Antécédents familiaux de CCR

La présence de plusieurs parents de premier degré ou d’un parent de premier degré avec un adénome ou un CCR diagnostiqué avant 60 ans, augmente de quatre fois le risque de développer un CCR comparé à la population à risque moyen. Les recommandations pour la surveillance de ces sujets figurent dans le tableau 4.24

Polypose familiale

La FAP est une maladie autosomale dominante asso­

ciée à une mutation du gène APC (adenomatous polyposis coli) et caractérisée par le développement précoce entre l’âge de 15 et de 30 ans de milliers de polypes, notamment au niveau du côlon. Il existe une forme atténuée (AFAP, FAP atténuée) qui se présente tardivement, avec moins de po­

lypes et avec une corrélation plus faible avec la mutation APC (25%). Les recommandations de surveillance sont ré­

sumées dans le tableau 5.25

CCR héréditaire : Syndrome de Lynch ou Hereditary Nonpolyposis Colorectal Cancer

Cinq pour cent des CCR surviennent dans le cadre d’un HNPCC. Causé par une mutation héréditaire autosomale

dominante à pénétrance variable (mismatch repair gen) qui induit des erreurs de réplication. Une colonoscopie est indiquée chez tout sujet qui remplit les critères d’Amster­

dam ou de Bethesda (tableau 6). L’HNPCC est aussi asso­

cié à d’autres tumeurs qui nécessitent un dépistage spécifi­

que (tableau 7).26 La surveillance par colonoscopie débute entre 20 et 25 ans (jusqu’à 40 ans une colonoscopie tous les deux ans, puis annuellement).

Le dépistage génétique est indiqué chez toutes les fa­

milles atteintes de FAP, AFAP et HNPCC. Le test génétique permet d’identifier les sujets porteurs du gène et qui ont besoin d’une surveillance endoscopique. En cas de HNPCC

Mois postopératoires

6 12 18 24 36 48 60

Examen clinique et CEA Trimestriel la 1re année Semestriel la 2e et 3e années + +

Colonoscopie + +

CT du thorax et de l’abdomen + + + + +

Pour le cancer rectal : + + + +

sigmoïdoscopie et endosonographie

Tableau 3. Recommandations pour le suivi des CCR après opération curative 23 Pour les commentaires, voir le site www.sggssg.ch

CEA : antigène carcino-embryonnaire.

Anamnèse familiale Augmentation Recommandation

de CCR du risque

Un seul parent de 2 x par rapport • Colonoscopie de dépistage premier degré avec à la population à 50 ans

CCR ou adénome générale • Surveillance par colonosco- à ou après 60 ans pie tous les 10 ans si

colonoscopie négative Un seul parent de 4 x par rapport • Colonoscopie de dépistage premier degré avec à la population au plus tard à 40 ans ou CCR ou adénome générale 10 ans avant l’âge du avant 60 ans ou diagnostic chez le parent

plusieurs parents de atteint

premier degré avec • Surveillance par colonosco-

CCR ou adénome pie tous les 5 ans

Tableau 4. Recommandations de l’American college of gastroenterology (ACG) pour le dépis- tage et la surveillance des patients avec anamnèse familiale positive pour un CCR et des polypes colorectaux 24

Type Age du début Intervalle d’investigation des investigations

FAP classique Sigmoïdoscopie* 10-12 ans 2 ans*

FAP atténuée Colonoscopie 18-20 ans 2 ans*

* Après détection d’un adénome, une colonoscopie annuelle s’impose jusqu’à la proctocolectomie.

CAVE : une colonoscopie complète doit être effectuée aussi chez tous les parents plus âgés du sujet atteint de FAP et poursuivie jusqu’à 50 ans.

Ensuite, en absence de polypose, on pourra suivre les recommandations de dépistage concernant la population générale.

FAP : polypose familiale ; AFAP : FAP atténuée.

Tableau 5. Recommandations de surveillance endoscopique en cas de FAP ou AFAP 25

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et un test génétique négatif, tous les membres d’une famille qui remplissent les critères d’Amsterdam ou de Bethesda doivent se soumettre à une surveillance endoscopique.26

Maladies inflammatoires de l’intestin (MICI)

La probabilité cumulée de développer un CCR en cas de rectocolite ulcéro­hémorragique (RCUH) ou de maladie de Crohn colique est de 2% après deux ans de maladie, de 8% après 20 ans et 18% après 30 ans. Les facteurs de risque sont : la durée, l’étendue, la sévérité de la maladie et l’as­

sociation avec une cholangite primaire sclérosante (CPS).

Les recommandations de surveillance sont résumées dans le tableau 8.27

politiquedesantéen matièredepréven

-

tionducancercolorectal

Dans la plupart des pays de l’Union européenne, des programmes de dépistage et de surveillance du cancer co­

lorectal sont pris en charge par les caisses maladie. Malheu­

reusement, en Suisse, aucun programme de dépistage officiel n’est accepté sauf chez les personnes issues d’une famille présentant des cancers héréditaires pour lesquelles le programme de surveillance est remboursé. Au vu de l’absence de remboursement des examens de dépistage, des campagnes publicitaires à large échelle relatives au dépistage du cancer colorectal ne peuvent pas être effec­

tuées. Au cours des derniers mois, un certain espoir con­

cernant la mise en place d’un programme de dépistage du cancer colorectal pour la population à risque moyen sur le plan suisse et dans le canton de Vaud se profile à l’horizon.

Le programme national vise un dépistage de la population générale asymptomatique âgée de plus de 50 ans, soit par une colonoscopie ou par des tests de recherche de sang dans les selles. Ce programme est encore dans sa phase initiale de conception. La Ligue suisse contre le cancer et la Société suisse de gastroentérologie se sont aussi enga­

gées dans ce programme. Le canton de Vaud est en train d’établir un programme similaire restreint sur deux régions du canton qui se concrétisera en 2012 ou 2013. Entre­temps, un dépistage opportuniste est en train de se développer dans toute la Suisse, mais qui se limite souvent aux sujets des couches sociales aisées.

conclusion

Avec les efforts nécessaires pour la prévention primaire, le dépistage et la surveillance des sujets à risque, l’inciden­

ce et la mortalité due à un cancer colorectal pourraient être diminuées de manière significative. Les moyens de pré­

vention sont connus, mais pas encore recommandés de manière générale en raison des effets secondaires de la chémoprévention. Les outils de dépistage sont à disposi­

tion mais malheureusement pas encore acceptés au niveau de la politique de santé publique. De nouveaux tests de dépistage sont actuellement en développement qui permet­

traient de faciliter et de rendre plus économique le dépis­

tage du cancer colorectal au niveau de l’ensemble de la population.

Tableau 6. Critères d’Amsterdam II et guidelines de Bethesda révisés 26

FAP : polypose familiale.

Critères d’Amsterdam II

• Trois membres de la famille doivent être atteints de CCR ou avoir un cancer associé à un syndrome de Lynch : cancer de l’endomètre, de l’intestin grêle, de l’uretère ou rénal

• Un membre de la famille doit être un parent de premier degré des deux autres

• Au moins 2 générations successives doivent être atteintes

• Au minimum une tumeur doit être diagnostiquée avant 50 ans

• En cas de CCR, une FAP doit être exclue

• Le CCR doit être confirmé histologiquement Guidelines de Bethesda révisés

1. CCR diagnostiqué avant 50 ans

2. Présence de CCR synchrone, métachrone ou d’une tumeur associée au syndrome de Lynch, indépendamment de l’âge

3. CRC avec instabilité microsatellite (MSI-H) diagnostiqué avant 60 ans 4. Patient avec CCR et parent de premier degré avec une tumeur

associée au syndrome de Lynch dont une des tumeurs diagnostiquée avant 50 ans

5. Patient avec CCR avec minimum 2 parents de premier ou deuxième degré avec tumeur associée au syndrome de Lynch, indépendamment de l’âge

Cancer Risque de développer Risque de développer un cancer lors un cancer dans la de HNPCC au population générale au cours de la vie (en %) cours de la vie (en %)

CCR 80% 5-6%

Endomètre 60% 2-3%

Estomac 13% 1%

Ovaires 12% 1-2%

Intestin grêle 1-4% 0,01%

Vessie 4% 1-3%

Cerveau 4% 0,6%

Reins 3% 1%

Voies biliaires 2% 0,5%

Tableau 7. Risque global de développer un cancer en cas de HNPCC 26 au niveau d’autres organes HNPCC : Hereditary Nonpolyposis Colorectal Cancer.

Durée Pancolite dans Colite gauche dans la évolution la colite ulcéreuse colite ulcéreuse

Colite dans la maladie de Crohn De 8 à 15 ans Tous les 2 ans

De 15 à 20 ans Tous les 2 ans Tous les 2 ans L 20 ans Annuelle Annuelle CAVE : en cas de cholangite primaire sclérosante associée, un screening endoscopique annuel est indiqué. Tous les patients doivent être informés qu’en présence de dysplasie, une colectomie est recommandée. En pré- sence de dysplasie de haut grade, un cancer est retrouvé dans 42% des cas à l’analyse de la pièce de colectomie, et dans 9% en cas de dysplasie de bas grade.

Tableau 8. Recommandations pour le dépistage du CCR en cas de maladie inflammatoire colique 27

(6)

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* à lire

** à lire absolument

Bibliographie

Implications pratiques

Le cancer colorectal constitue le troisième cancer en termes de prévalence et le deuxième cancer en termes de mortali- té dans les pays industrialisés

Sachant que l’intervalle de carcinogenèse est en moyenne de 10 à 15 ans, que sa prévalence est élevée et que son caractè- re est agressif, notre système de santé devrait encourager sa prévention et son dépistage en faisant notamment rembour- ser la colonoscopie par les caisses maladie, ce qui n’est pas encore le cas actuellement

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Drs Ali Dehlavi, Cristina Nichita, Vera Kessler Brondolo, David Bertolini

Pr Gian Dorta

Service de gastroentérologie et hépatologie CHUV, 1011 Lausanne

mohamed-ali.dehlavi@chuv.ch Cristina.Nichita@chuv.ch Vera.Kessler@chuv.ch David.Bertolini@chuv.ch Gian.Dorta@chuv.ch

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