Compte-rendu de la visite de la Station Écologique Théorique et Expérimentale de
Moulis
Du 7 au 9 février 2021
Présents : Christophe Gauchon (EDYTEM), Olivier Guillaume (SETE), Stéphane Jaillet (EDYTEM) Gaël Monvoisin (GEOPS), Christian Perrenoud (MNHN), Christine Perrin (MNHN), Alexandre Zappelli (CEREGE).
Lundi 7 février
La route est longue de Paris, Marseille ou Chambéry pour arriver jusqu’à Moulis.
Départ à 8h pour arriver vers 16h, sans traîner.
Entrée de la station SETE, laboratoire souterrain de Moulis et plaque à l’entrée de la grotte de Moulis.
Olivier Guillaume (IR CNRS, biologiste et Directeur Adjoint de la station SETE), Christine Perrin (MCF étudiant les spéléothèmes et la diagénèse des carbonates, rattachée à l’UMR 7194 HNHP – PAST, travaillant entre SETE et Tautavel) et Christian Perrenoud (IE MNHN, paléontologue rattaché à l’UMR 7194 HNHP – PAST travaillant à Tautavel) nous accueillent sur place.
Nous commençons par une visite du site de la grotte de Moulis, station historique d’élevage de protées en France héritée de l’époque René Jeannel et Albert Vandel, dans les années 1950.
Protée dans son aquarium et installations d’élevage dans la grotte de Moulis.
La cavité est accessible facilement, à quelques centaines de mètres à pied depuis la SETE. L’entrée naturelle est fermée par deux grilles et l’entrée artificielle est protégée par une porte.
La cavité se développe d’abord sur un long couloir artificiel qui recoupe une galerie naturelle et un petit lac artificiel. Puis un sas avec deux portes ferme le passage pour accéder à la zone de travail. Tout d’abord plusieurs sites d’élevage et d’études de protées (Proteus anguinus), d’axolotls (Ambystoma mexicanum) blancs (dépigmentés mais occulés) et noirs, ou de calotritons des Pyréennées (Euproctus asper). La cavité est également disponible pour des sites de travaux ou d’études d’autres types.
Aménagements et aquariums d’élevage dans deux zones de la grotte.
L’alimentation en 220V permet d’installer des instruments alimentés en filaire.
Plusieurs tables de travail sont disponibles. L’espace ne manque pas.
Le fond de la cavité, passés les sites d’élevage et d’étude des protées, vers la salle d’argile, présente un grand volume bouché par une épaisse série d’argile.
Au sommet de la salle est installée une station sismique. Plusieurs diverticules partent de cette salle. La topographie existe mais date de l’installation d’origine, n’est pas totalement levée et mériterait d’être reprise pour être complétée.
Après cette visite, il fait déjà nuit et nous nous installons dans le bâtiment d’accueil de la station SETE (26 chambres, d’une à deux personnes) permettant de loger une trentaine d’étudiants et de visiteurs très confortablement.
L’absence de système de restauration impose de prévoir sa nourriture à l’avance ou de se déplacer jusqu’à Saint-Girons à 5km.
Mardi 8 février
Nous nous retrouvons à 9h, sans Christian Perrenoud qui a dû rentrer à Tautavel hier. Nous visitons la grotte de Sainte-Catherine, à côté de la résurgence du Baget (site intégré dans le SNO Karst, une des plus longues chroniques de suivi d’hydrologie karstique). La grotte de Sainte-Catherine est perchée sur un flanc de montagne, d’accès facile. Il s’agit d’une grande salle de près de 30 m de diamètre, accessible par une échelle et percée de 3 entrées.
De cette salle il est possible d’accéder à une seconde salle de mêmes dimensions, plus basse, puis à la zone terminale, assez boueuse. Dans cette dernière, une cheminée remontante constitue un ancien site d’extraction de fer couverte de coups de pioches. Ce site mériterait d’être étudiée d’un point de vue historique (voir thèse de doctorat de Christophe Gauchon).
La cavité se prête tout à fait à des essais de vols de drones en zone contrainte.
La grande salle permettrait de travailler sur les aspects de gestion de vols sans localisation GPS et donc en mode vision uniquement. La seconde salle, plus basse pourrait permettre de faire des vols de drones dans le noir et d’expérimenter des techniques de photogrammétrie dans le noir en se concentrant sur les problèmes d’éclairage et de qualité de prises de vues. Enfin la dernière cheminée pourrait être adaptée à des vols de drones en zone contraintes avec proximité de parois.
Vue de la grande salle supérieure de la grotte Sainte-Catherine.
Nous visitons ensuite la grotte d’Aulignac, second site d’élevage de protées, dans laquelle coule une petite rivière. Cette seconde cavité est également fermée et sécurisée. L’élevage et l’installation y semblent plus récents. La cavité est une
veine de calcaire dans une zone de schistes. Des études de pigmentation des protées, de suivi alimentaires et de reproduction y sont menées par Olivier Guillaume.
Élevages de protées depuis 1974 et individu adulte dans son bac.
Après un déjeuner en terrasse sous un soleil de printemps, nous rejoignons la grotte d’Alliou. Cette dernière cavité est un grand porche duquel sort une belle résurgence, d’une hauteur de 12m et qui se termine par un siphon. Ce site se prêterait à des études hydrologiques. Elle est instrumentée et est suivie par le BRGM. Un Arrêté de Protection de Biotope existe pour protéger les chiroptères du site.
Résurgence de la grotte d’Alliou.
Multiples entrées de la grotte d’Alliou et passerelle d’accès aux instruments de suivis hydrologiques du BRGM.
Nous terminons la journée par une petite promenade sous un grand soleil jusqu’au sommet de la crête qui domine la station, 500 mètres plus haut.
Mercredi 9 février
Ce matin nous visitons le site de la station SETE, pour estimer les possibilités d’accueil d’actions MSK et d’hébergements. Le site permet de travailler dans une grande salle de conférence de 23 places (en conditions dégradées à cause des contraintes sanitaires). Cette salle peut être divisée en deux petites salles. Une grande salle de restauration peut également accueillir des repas sous forme de buffets et la station a des contacts avec plusieurs structures de restauration. Des tarifs d’hébergement de 13 euros par nuit permettent de mettre en place un service de prestation de restauration à moindre coût faisant monter une pension complète entre 50 et 70 euros selon les possibilités.
Nous terminons par discuter du fond documentaire de la station pour essayer de voir les archives historiques de la station souterraine. Ensuite vers midi, nous reprenons la route, longue jusqu’à nos logements respectifs.
Un grand merci à Olivier et Christine pour le temps passé et les visites des différents sites. Nous sommes certains qu’il y a des possibilités intéressantes ici pour organiser des travaux et des ateliers dans le cadre du réseau MSK.
À l’issu de cette visite, nous proposons d’engager deux chantiers :
1. L’organisation d’un atelier « vol de drones en milieu contraint » en novembre 2022.
2. Un atelier « techniques topographique et relevés 3D » avec application possible à la grotte de Moulis en 2023.
