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SA ID B. HASAN D ALEXANDRIE

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Academic year: 2022

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SA ID B. HASAN D’ALEXANDRIE

I

M. S te in sch n eid er a consacré une m o nographie spéciale 1 a u x ouvrages m a h o m é ta n s qui com battent les livres saints des Juifs et des C hrétiens, les institutions de ces religions et les réfutations de l’is la m ; ce tra v a il a provoqué d ’a u tre s re c h e rch e s dans le mêm e s e n s 2. U ne bonne p a rtie de cette litté ra tu re p o ursuit la d ém o n stratio n de cette thèse, que les E c ritu re s saintes a n n o n cen t déjà la mission de M ahom et et le choix fait du peuple a ra b e pour fonder l lslam . M ahom et se ra it nommé d’une façon explicite dans les prédictions des P ro p h ètes. E t si l’on ne re tro u v e plus a c tu e l­

le m ent ces prédictions dans les livres bibliques, c ’est que, presque p a rto u t où les P ro p h è te s p a rle n t de la futu re a p p a ritio n de l’a ­ pôtre arabe, les « possesseurs du livre » ont faussé ou tronqué le texte. De tout tem ps, il y a eu des théologiens m a h o m é ta n s p r é te n d a n t que le Coran n ’élève cette accusation que co n tre Vin­

te r p r é ta tio n du te x te b ib liq u e 3, m ais d ’a u tr e s o n t soutenu avec a c h a r n e m e n t que le te x te même a v a it été faussé.

L’a rg u m e n ta tio n des apologistes et des polémistes m ah o m é ta n s, le u r façon d ’ap p liq u e r les versets bibliques à la d é m o n stra tio n de le u r thèse, peuvent s ’étu d ier d an s toute une série d ’écrits, dont quelques-uns sont im prim és. On peut m e n tio n n e r, e n tr e au tre s, un recu eil m a h o m é ta n de textes bibliques, œ u v r e d’Ibn K ou-

1 P olem ische u n d apologetische L i te r a tu r in arabisch er Sprache zwischen M u slim e n , C h risten und J u d en ( A b h a n d lu n g en f ü r d ie K u n d e des M o r g e n la n d e s , V I, n« 3), L e ip z ig , 1877.

* Z e its c h r ift d e r deutsch en m orgen län dischen G e se llsch a ft, X X X I I (1878), p. 3 4 1 - 395 ; M. Sch rein er, Z u r G eschichte d e r P o le m ik ztoischen J u d e n u n d M o h a m m ed a ­ n e rn , ib id . (1888), p. 5 9 1 -6 7 5 ; P . d e J o n g , E en arabisch H a n d s c h r ift b eh eh in g eene b e s tr ijd in g van ’t C hristendom (C o m p tes ren d us de l’A ca d ém ie d ’A m sterd am , 1 8 8 9 ).

» C f. z . D. M . G ., X X X I I , p. 3G 4-370.

T . X X X , n° 5». 1

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R E V U E DES É T U D E S J U I V E S

teyba (mort en 889), que le H an b alite Ibn Djauzî (du x n e siècle) a incorporé à un de ses ouvrages, d’où M. B ro c k e lm a n n l’a e x tr a it ré c e m m e n t pour le publier 1. On tro u v e e n c o re des recueils de ce genre dans d eu x o uvrages im prim és, l’un du x n e s iè c le 2 et l’a u tre du x v i 03. Comme c a ra c téristiq u e du g enre, je citerai l’exem ple d’une in te rp ré ta tio n dont les tra c e s r e m o n te n t à la plus a n ­ cienne époque de la théologie m a h o m é ta n e et à laquelle il est déjà fait allusion dans le recueil canonique de B ouchari * (du ix° siècle). Les m u su lm a n s ad m e tte n t, en gén éral, que la Bible, qui désigne M ahom et sous divers noms, l’appelle aussi A l-M o id a w a lï- h il} « celui qui a confiance en Dieu », et l’a a n n o n c é sous ce nom.

Ils se ré fè re n t à lsaïe, x l i i , 1 : -n "prix ■ni* ■jn, qu ’ils tra d u is e n t d an s le sens de leur in te rp ré ta tio n . D ’a u tr e s apologistes, il est vrai, o n t omis de t i r e r le nom d’A l-M o u ta w a k h il de ce v e rs e t, parce que des ig n o ra n ts leu r a v a ie n t dit que ce v e rse t signifiait : « J e me réjouis en lui, » confondant ‘■psnx avec raiSN s.

Ce furen t é v id em m en t des convertis qui fo u rn ire n t a u x p r e ­ m ières g é n é ra tio n s de l’Islam les élém ents de cette in te r p r é ta tio n spéciale de la Bible ; ces m êm es c o n v e rtis e n r ic h ir e n t leurs lé­

gendes bibliques de l’agada ju iv e . C’est aussi à des ap o stats juifs que la théologie m a h o m é ta n e est redevable de toute son a r g u ­ m en tatio n biblique®.

P lu sieu rs de ces a p o s ta ts p e n sè re n t ne po u v o ir r e n d r e un meil­

leu r service à leu r nouvelle confession qu ’en ti r a n t des E c ritu re s sacrées des p re u v e s en faveur de la conviction islam ique que la Bible p arle de M ahom et et que les P ro p h è te s l’a n n o n c e n t en term es explicites et significatifs. On v e r r a dans la suite de cette étude co m m en t ils a lté rè re n t, dans ce b ut, soit v o lo n ta ire m e n t, soit inconsciem m ent, le texte biblique.

L’été d e rn ie r, com m e j ’étais l’hôte de mon am i, M. le com te de L andberg, je pus me liv re r, p e n d a n t quelques se m a in e s, à l’étude

1 Ibn D ja u zi, K itâ b a l m a fâ ß f a d â 'i l a l M o u ç ta fâ (B e iträ g e f i l r sem itisc h e S p r a c h ­ w is s e n s c h a ft, III, 4 6 -5 5 ). C f. un article récen t de M . B rock elm ann dans la Z e its e h r . f . a ltte s ta m e n tl. W is s e n s c h a ft, 1 8 9 4 , p . 1 3 8 -1 4 2 .

* Ibn Zafar, C h ey r a l-h isc h a r b i-c h e y r a l-b a sc h a r (C aire, 1 2 8 0 ). C f. S tein sc h n eid er l . c ., p. 306.

A b o u —1—F a d l—al—M â lik i, D is p u ta tio p ro r e liy io n e M o h a m m e d a n o ru m a dversus C h ristia n o s. é d . F . J . van den Ila m , L e y d e , 189 0 . — R é ce m m en t il a paru en a n ­ g la is un écrit m ahom étau du m êm e g e n r e : P r o o f o f the P ro p h e t M o h a m e t fr o m the B i b l e , éd ité par l ’e n trep rise a p o lo g étiq u e M o h a m m a d a n T r a c t - a n d B oohsdepot, n» 2M (L ahore).

* K ita b a l- b o u y o û \ n» 50 ; K ita b a l - t a f t i r , n» 257 (sur Sou ra xt.v i j i, 8) cite de la T a u r a t: a n ta 'a b d î w a -r a $ o u li sa m m e y to u k a -l’-m o u ta w a k k ila .

5 Ihn K o u tey b a , chez B ro ck elm a n n , l. c ., p. 48, 8.

6 Ibn K outeyb a, l. c ,, p. 5 5 , 2 ; cf. 48, 2.

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des m an u sc rits r a r e s que ren ferm e la bibliothèque o rien tale de son c h â te a u de T utzing (Bavière supérieure). Dans un recueil c o n te n a n t plusieurs petits ouv rag es de théologie m a h o m é ta n e (de Schihâb al-dîn a l - T a b a r i , Abou-l-IIasan al-Schâdelî, 'Izz al-din 'Abd al-salàm), je découvris un traité intitulé M asâlih a l-n a zc ir f i n o iib o u w w a t s e y y id a l-b a s c h a r, « Voies de la spéculation relativ e­

m ent à la prophétie du Maître des hom m es », dont l’a u te u r porte le nom de S a 'îd b. H asan d ’A lexandrie. Ce tra ité a pour but d ’établir la réalité de la mission de M ahom et p a r les écrits bibliques. Hâdji K halifa ne signale pas cet opuscule dans son encyclopédie biblio­

g ra p h iq u e ; M. Stein sch n eid er l’omet aussi dans sa « L itté ra tu re polémique et apologétique ». A u ta n t que je sache, ce tra ité m aho- m étan de l’ap o stat j u if (car S a 'id était un apostat) n ’est mentionné nulle p a r t et n ’est pas en co re connu. J ’estime donc q u ’au point de vue de la connaissance de cette litté ra tu re spéciale, il n ’est pas sans utilité de publier m a petite trouvaille dans cette R evu e.

L ’a u t e u r nous fournit lui-m èm e quelques renseignem ents su r sa p ersonne et su r le m otif qui le p o rta à com poser son ouvrage.

L aissons-lui la paro le p o u r le ré c it de sa conversion :

Sache — que l’Éternel t’assiste dans ton obéissance — sache que je faisais partie autrefois des docteurs juifs et que Dieu m ’a o c ­ troyé la grâce de me convertir à l’Islam. Voici comment et pour­

quoi :

Je tombai malade, le médecin me visita, et déjà l’on préparait mon linceul, quand, dans un songe, j’entendis une voix qui me criait :

« Récite la Soura a l-h a m d x et tu échapperas à la mort. » Dès que je fus réveillé de mon songe, je fis venir un membre du tribunal des Musulmans qui était mon voisin, je lui pris la main et lui dis :

« Je confesse q u ’il n’y a point d’autre Dieu q u ’Allah, q u ’il n ’a point d ’associé; je proclame que Mahomet est son serviteur et son m e s­

sager, en voyé par lui avec la direction (des hommes dans le droit che­

min) et avec la religion de la vérité, afin q u ’il la fasse triompher sur toute autre religion. » Je répétai cette confession et dis : Toi qui af­

fermis les cœurs, affermis-moi dans la foi. Comme, plus tard, j’en ­ trai un vendredi dans la mosquée et que je vis les m usu lm ans se ranger pour la prière dans le mêm e ordre que les anges, j ’entendis en moi u ne voix qui me dit : « C’est là la co m m unauté dont les Pro­

phètes ont annoncé l’apparition. » Quand le prédicateur s'avança dans son costume n o ir 2, je fus pris^ d’une crainte respectueuse, et

1 11 s ’a g it de la prem ière soura du Coran ( a l- f â tih a ) , a in si nom m ée à ca u se des m ots du d éb u t : a l-h am dou lillâ h i.

* La cou leur officielle d e l ’em pire abb asside.

S A ' l l ) B. IIASAN D’A L E X A N D R I E 3

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R E V U E DES É T U D E S J U I V E S

lorsqu’il frappa le Minbar de son glaive *, tous mes mem bres tres­

saillirent. Le prédicateur qui parlait ce jour-là à Alexandrie était Ibn al-Mouwaflak. Quant il termina son discours par ces mots : « Oui, Allah prescrit la justice et la charité ainsi que l’équité envers les proches, et il défend la méchanceté, la perversité et la violence et il vou s avertit, peut-être réfléchirez-vous » (Soura x v i, 92*), et quand, après, commença la prière, je fus sais i d ’exaltation. Les rangs des fidèles m ’apparaissaient comme des rangées d’anges, et il me semblait que Dieu allait se montrer au milieu de leurs g é­

nuflexions et de leurs prosternations, et q u ’une voix intérieure me disait : « Si Dieu, dans le cours des âgés, s ’est révélé deu x fois aux Juifs, il se révèle à cette com m unauté lors de chaque prière. » Je fus alors convaincu que j’étais créé pour être m usulm an. Je passai à l’Islam au commencement du mois de Cha'bau, en 697 (mai 1298).

Quand, au m ois de Ramadan, je m’appliquai à l’étude du Coran, je me persuadai de son éloquence entraînante et de l’im possibilité d’atteindre à u n e telle perfection d’expression. Un récit qui, daus la Tora, occupe d eu x feuillets, est condensé en d eux verse ts dans le Coran. C’est là l’inimitable perfection de ce livre. Aucun être h u ­ main n ’est capable de produire même un seul verse t de celte espèce.

Ain si il est dit dans le Coran : « Moïse parle à son peuple en ces termes : 0 mon peuple, souvenez-vous de la grâce de Dieu à votre égard : il vo u s a donné des prophètes et des rois et il vou s a accordé ce q u ’il n ’a accordé à personne dans les mondes ! O mon peuple, e n ­ trez dans la Terre Sainte que Dieu vou s a destin ée ; ne reculez point, car le malheur s ’abattrait sur vous » (Soura v, 23, 24). Cette histoire prend d eux feuillets dans la Tora. Et quand Moïse leur ordonua d’en­

trer dans la Terre Sainte, ils exigèrent de lui qu ’il y e n voyai des explorateurs ; il y consentit, et ils choisirent un h om m e par tribu (chaque élu est n omm é par son nom daus la Tora), et, parmi eux, Josué et Caleb. Ce sont là « les d eu x h o m m es « que Dieu m entionne dans son livre su blime (Soura v, 26). La Tora décrit en su ite leur entrée dans la Terre Sainie et ce qui leur advint au sujet des fruits du pays et des Amalécites. Les Israélites voulurent lapider Moïse, et u ne nuée vin t se placer entre eu x et lui. C’est à cet événem ent que se rapporte le verset : « Que pendant 40 ans le pays leur soit interdit ! » (ibid,., vers 29). Mais eu x résistèrent à Moïse et marchèrent sur la Syrie ; les Amalécites leur barrèrent la route et vainquirent les Banou Israël. Moïse alors intercéda en leur faveur au nom de

1 D a n s le s v ille s qu e l ’Isla m ism e a c o n q u ises par la force, le p rédicateu r du v e n ­ dredi app araît pour la C houtba o fficielle a v ec un g la iv e en b o is . V o ir L ane, M a n - ners a n d custom s o f the m o d e m E g y p t ia n s , ch ap . m , L o n d r e s, 5 ' édition 1871, 1, p . 107 ; A r a b ia n so cie ty in thc m id d le âges, L o n d res, 1883, p . 13.

* L a d e u x iè m e d es d e u x s en te n c es qu e le C h atib a d resse le v en d red i à la com m u nau té du hau t du M inbar (ce qu’on ap p elle le C hou tbat a l - n a ' t) finit toujours par ce v erset du C oran , com m e on p eu t le voir dau s le s form u laires de p réd ica tio n , par ex em p le , lb n N o u b a ta , B iiv a n a l-c h u ta b , C aire, 1 2 8 6 , p. 71 ; E . S e ll, The fa ith o f I sla m , L on d res-M ad ras, 1880, p . 203.

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Mahomet (c’est-à-dire q u ’il se réclama du futur prophète auprès de Dieu) *.

S A ' II ) 13. H A SA N D’A L E X A N D R I E 5

II

La conversion de S a 'id se produisit à une époque où l’O rient m usulm an était très troublé. T rois an s a u p a r a v a n t avait eu lieu la conversion à l’islamisme de Ghazan-Chan, arriè re-petit-fils du co n q u é ra n t mongol H oulaghou, qui a v a it p ré p a ré une fin a tro ce a u x Abassides de Bagdad, et fils de cet Ilchan A rghoun que l’h is­

toire juive connaît p a r son favori S a d - a l - D a u l a 2 ; peu après, il é ta it e n tr é trio m p h a le m e n t en Syrie, où il a v ait an éan ti la p u is­

sance du prince égyptien Al-Malik al-N âçir K ilaw oun, qui rég n ait en ce pays. Mais, en 1303, ce prince égyptien re v in t en Syrie avec ses soldats et infligea a u x Mongols une s an g lan te défaite, près de G habaghib, dans le H a u r â n 3.

Ces é v én em en ts ne laissèrent pas d’influer s u r S a 'id . Plusieurs passages du tra ité dont nous nous occupons ici m o n tre n t quel fanatism e lui in sp ira sa nouvelle confession, et combien sa con­

v ersion le re n d it in to lé ra n t à l’égard de toutes les a u tre s croyances, dont les droits a v a ie n t été garan tis, dans les pays m usulm ans, par d’anciens traités.

Les m u su lm an s a ttrib u e n t, au point de vue politique, une g rande im p o rtan ce a u t o u r n a n t de chaque siècle. Ils cro ien t qu ’à chacune de ces périodes, Dieu envoie un r é g é n é r a te u r de l 'I s l a m 4. L e u rs faiseurs d’apocalypses a n n o n c e n t aussi, p o u r ces époques, des ré v o ­ lutions politiques, et des prophéties de ce genre ne sont pas sans a g ite r les esprits m a h o m é ta n s lors de chaque fin de siècle. Le plus ré c e n t m o u v e m e n t de Mahdi 5, en Egypte, s ’est produit à la li­

mite du x n r et du x i v e siècle de l’hégire. Com m ent S a 'îd su t lire dans la Bible q u ’au to u r n a n t du v m e siècle un e révolution éclate­

ra it a u sein de l’Islam , c ’est ce que nous ne pou rrio n s dire, attendu q u ’il reste dans les plus vagues généralités. Quoi qu'il en soit, l’invasion de Gliazan, en Syrie, fut p our lui l’accomplissement de

1 T e x te : app en dice I.

* G ra etz, V II , p. 202 ( l rc éd ition .

3 Q uatrem ère, H is to ir e des S u lta n s M a m lo u k s, II, n , 1 9 9 -2 0 2 ; H o w o rth , H is to r y o f th e M o n g o ls , III (Londres, 1S88), 3 9 5 -3 9 6 , 4 6 9 -4 7 6 .

4 Ci', m on étu d e, Z u r C h a ra k leristih D je lâ l a l-d în a l - S o u jo u t ïs und sein er lite r a - rischen T h iitig k eit (Si'tzungsbcrichte d er K . A k a d em ie in W ie n , 1871).

5 C . S n o u c k H urgronje, Le M a h d i (R evu e coloniale in tern a tio n a le , 1886), p . 29 du tirage à part.

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cette soi-disant prophétie. En m êm e tem ps, dans son fanatism e, il re g a rd e comme u n e œ u v re de la P ro v id e n c e q u ’à la fin du v m ° siècle, ce prince mongol, nouvellem ent co n v erti et b r û la n t du zèle du n éophyte, o p p rim â t t a n t q u ’il p u t églises et synago­

gues *. Il a ttrib u a aussi la victoire d’A lm alalik-al-Nâçir à ce fait q u’après sa p re m iè re défaite, le prince ferm a les lieux de prière des a u tre s confessions. Cette situation, le n o u v e a u m u su lm a n l'eû t volontiers te n u e p o u r définitive, m ais les circ o n sta n c es en Egypte ne sem blent pas y a v o ir été favorables.

Il ne s e ra pas i n u t i l e , p o u r l’intelligence de cette question, d ’e x a m in e r de près les droits que les Ju ifs et les C h rétien s possé­

d aient en pays d’Islam re la tiv e m e n t à leu rs m aisons de p rière.

P a rm i les restrictions qu’O m ar imposa a u x C h rétien s et au x J u ifs de Syrie et qui d e v in re n t ensuite la base du droit in te rc o n ­ fessionnel dans l’Islam , se tro u v e la clause su iv an te : en p a y a n t la tax e de tolérance (djizja), les synagogues et les églises e x is ta n t au m o m e n t de la conquête se ra ie n t respectées sous la condition que le culte y fût célébré sans b r u i t et qu ’o n ne c o n s tr u ir a it p a s d 'a u tre s te m p le s *. On sait que le cercle des « possesseurs du Livre », qui jo u issa ie n t de ce privilège, s’élarg it de plus en plus avec le tem ps. Au x i v e siècle, un p rin c e indien p e rm it m êm e a u x Chinois, contre pay em en t de la djizja, de c o n s e rv e r en t e r r i ­ toire m a h o m é ta n u n e pagode trè s fréquentée 3. N ous avons m o n ­ tré ailleurs q u ’à l’époque la plus ancien n e de l’Islam, comme sous

les Om ayyades, on n ’appliqua pas bien s tric te m e n t la défense de co n stru ire de n o u v e a u x tem ples. Seul O m ar II p a ra ît, s u r ce point aussi, a v o ir fait p ré v a lo ir le c a r a c tè r e ex clu sif de la religion d o m i n a n t e 4. Il m an d e à l’un de ses g o u v e r n e u r s : « Ne détruisez au cu n e maison de p riè re ju iv e ou c h r é tie n n e , non plus que les temples élevés a u culte du feu, si le m aintien en a été g a r a n ti p a r le tra ité de paix, mais ne p e rm ettez p oint qu ’on en érige d ’au tres.

Il ne faut pas violemment t r a î n e r la brebis à l’a b a tto ir , et n ’a i­

guisez point le couteau s u r la tête de la v i c t i m e . . . s »

Il semble qu'o n se soit m o n tr é plus sév ère sous le rè g n e des A b a s s id e s 6. l l a r o u n - a l - R a s c h i d fit dém olir plus d ’un t e m p l e 7.

1 11 a fait cela a u ssitô t après sa co n v ersio n , en 1295 (695 de l ’h é g ir e ), don c a v a n t la lin du s iè c le ; H o w o rth , l. c ., 3 9 5 -9 6 . L 'a llégation de S a 'id n ’e st, par co n séq u en t, pas e x a cte.

1 11 e st q u estio n pour la prem ière fois de cette loi dans A b ou Y o u so u f, K itâ b a l- C h a râ d j (C aire, 1302), p. 8 0 .

J lh n B a to u ta , V ouayes, I V , p. 2.

* Z . I ). M . G X X X V I I I , p. 6 7 4 . 5 A l-T a b a r i, A n n a le s , II, p. 1372.

6 lie o u e des É t u d e s j u iv e s , X X V I I I , p. 7 7 . 7 A b o u -l-M a h a sin , A n n u les, 1, 541.

6 H E V U E D E S É T U D E S J U I V E S

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O r t e s , il se tro u v a même alors de pieux théologiens qui ne s ’éle­

vèrent point contre la reconstruction des m aisons de prière, « parce que cela co n trib u ait au développem ent des villes ». Ils pouvaient se r é c la m e r de ce fait que la p lu p a rt des églises d ’Egypte avaient été érigées sous la dom ination m ah o m étan e Ce fut Al-M outa- w ak k il, ce som bre fanatique, qui, le p rem ier, appliqua la loi dans toute sa rig u e u r en o rd o n n a n t de d é tru ire toutes les églises b â ­ ties depuis l’introduction de l’is la m is m e a.

Mais, comme nous l’avons déjà m o n tré à propos d ’a u tre s ques­

tions d ’intolérance religieuse, la p ratiq u e passa o u tre à la sévérité des enseignem ents canoniques. Même les théologiens d u re n t sou­

vent a c cep ter cette a tté n u a tio n à la rig u e u r de leurs doctrines et s’accom m oder de doctrines plus douces. Déjà la prem ière g é n é ­ ra tio n des d octeurs théoriciens s’efforça, p a r des subtilités dialec­

tiques, d ’a tté n u e r la sévérité de la l o i 3. Ils disaient qu’il ne fal­

lait in te rd ire la construction d ’a u tr e s temples que dans les villes fondées p a r les M ahom étans, mais que dans les villes qui e x i s ­ taient a v a n t la conquête, tout devait d ép e n d re des capitulations.

L’on disputa beaucoup s u r la question des églises et des sy n ag o ­ gues, et, au x n e siècle, Abou-l-Faradj ibn Djauzî* constate q u ’a­

lors que c e rta in s docteurs distinguent e n tre la consolidation des églises et des sy n agogues caduques et la réfection complète des bâtim en ts en ru in e , et ne m a in tie n n e n t la défense traditionnelle que p o u r ces dern iers. « la m ajo rité des docteurs » p erm e tte n t l’un et l’a u tr e san s ré se rv e *. E t de même qu’il n ’y a v a it pa*5 d ’u­

nité dans la doctrine, de mêm e la pratique v a ria it avec les tem ps et les lieux. L ’intolérance qui sévissait du temps de Joseph ben Habib (xive siècle) à l'égard des Juifs en pays tu rc , et dont il se p la in t à propos des synagogues, ne ré g n a pas p a rto u t et to ujours e.*

D’a u tr e p a r t, cette indécision dans l’application de la loi reli­

gieuse fut u n e source de vex atio n s pour les h a b ita n ts non m a h o ­ m étan s, n o ta m m e n t pour les Juifs. On ne sa v a it ja m a is e x a c te ­ m e n t à quoi s’en t e n i r , et l’on était co n stam m en t exposé à

1 I b id . , 1 , p. 4 ( i l .

* A l-T a b a r i, III, p. 1419.

* K itâ b a l-c h a r â d j, p. 8K.

4 S u r la littérature à ce su jet, voir S tein sch n eicler, l • c ., i l , 57 i/, 72, 85, 88.

5 A p p e n d ic e II.

6 V oir B e t Y o s e f sur T o u r 0 . H . , 1 5 4 , com m en cem en t : P 1 Ü 5 7 3 3 !^T IT ’SWTai ia " 3 n o s D n n - 3 c c b r r a ■pToïnb m u n 13b ■p** ( f w i a i n ) i D w n r f m p i r r n n n v o s v s t z'Z'J “p o a r s b 1 3 ï o i m a a b m s n i s b ■pK-.a r i ï s o r r i s e t t s b .

S A ' I D B. HASAN D ’A L E X A N D R I E 7

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l’a r b itra ire et au fanatism e. Chaque fois que les Juifs voulaient r é p a r e r une synagogue, l’on pouvait soulever à n o u v e a u la ques­

tion de savoir si leur dessein n 'allait pas à r e n c o n t r e de la loi canonique et si l’é ta t de la synagogue et l ’étendue des ré p a ra tio n s projetées ne to m b aien t pas sous le coup de la loi prohibitive p ro ­ m ulguée p a r O m ar. Les Oulém as e n tr a ie n t en séa n c e , et, après force chicanes, l’on devait s’estim e r h e u r e u x si la co m m u n a u té , m o y e n n a n t des som m es considérables, é tait confirmée d a n s la pos­

session de son tem ple.

M oudjir-ai-din fournit, dans son H is to ir e de J é ru sa le m \ un exem ple in s tru c tif d ’une histoire de ce genre au x v e siècle. P e n ­ d a n t des années, on délibéra p o u r sav o ir si l’on devait consi­

d é r e r une sy nagogue à J é r u s a le m com m e nou v ellem en t co n stru ite et en in te rd ire , p a r c onséquent, com m e telle, l’usag e a u x Juifs.

Les lecteu rs, qui s’in té re s s e n t à cette question p eu v en t se r e n ­ seigner s u r ces faits en co n su lta n t ce ch ap itre de l ’ou v rag e, qui a été tra d u it en français p a r M. S a u v a ire . On v e r r a combien il était parfois difficile, p o u r le g o u v e rn e m e n t, m a lg ré sa bien­

veillance et son e s p rit de ju stice, de r é fré n e r le fanatism e des Ou­

lémas. D ans l’h istoire que, comme c o n te m p o ra in , M oudjir-al-din nous ra p p o r te avec beaucoup de détails, le c h e ik h M ouham m ed b.

'Afif al-dîn excita le peuple à d é tru ire de fond en comble u n e sy n a ­ gogue que le g o u v e rn e m e n t refusait de faire dém olir. L’œ u v r e de destru ctio n d u ra d e u x j o u r s ; ce fu r e n t des jo u r n é e s m é m o ­ ra b le s, dit n o tre h istorien. Quand les gens occupés à la dém o­

lition e u r e n t le visage et les v ê te m e n ts co u v e rts de poussière, le cheik Abou-l-'Azm, qui p résid ait à l’o p éra tio n et qui recueillait la poussière dans un e toile, s’écria : « Voici de la po u ssière de p a ­ ra d is; p o u r cet exploit, vous serez récom pensés dans le p aradis *. » Le g o u v e rn e m e n t égyptien p u n it cet acte a r b itr a ir e des Oulémas.

Le pouvoir séculier n ’était pas toujours et p a rto u t disposé, même dans l’Islam, à souffrir le fanatism e des théologiens.

S a 'i d b. a l-IIa s a n a l - l s k a n d a r i é p r o u v a , lui aussi, le besoin de su sciter des a tta q u e s c o n tre les te m ples des a u tr e s c ro y a n ts . P o u r faire co m p re n d re son a ttitu d e , nous devons r a p p e le r que le s u lta n égyptien Al-Malik al-Nàçir, à son r e t o u r de sa cam ­ pagne victorieuse de Syrie (1305), édicta u n e o rd o n n a n c e où il ren o u v elait dans le sens du tra ité d’Ü m a r les lois d ’exception imposées a u x Juifs et a u x C hrétiens. Chose é to n n a n te , il n ’y est fait nulle m en tio n de la restric tio n c o n c e rn a n t les édifices reli-

1 E d it, du C aire, 1 2 8 3 , p . 63 3 -6 4 4 .

* M oudjir a l-d în , p. 6 4 0 . A. cet évén em en t se rapporte l ’écrit d e T a k î a l-d în al S o u b k i, chez S tein sc h n eid er , l. c ., n u 63.

8 R E V U E D E S É T U D E S J U I V E S

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gieux. Le sultan n ’a v a it donc pas l’intention d ’em p ê c h e r les Juifs ni les C hrétiens d’utiliser et d ’e n tr e te n ir leurs m aisons de prière.

Mais cette lacune ne faisait pas l’affaire des Oulémas. A la suite de leurs excitations, le peuple ferm a les temples des infidèles et môme en d étru isit quelques-uns. Les Oulémas r a p p e lè ren t bien que les Ju ifs et les C hrétiens avaient le droit de m a in te n ir en état les anciens bâtim ents e x is ta n t lors de la conquête de l’Egypte, sept siècles a v a n t les év énem ents dont nous parlons, mais ils a jo u ­ t è r e n t q u ’il fallait d é tru ire sans pitié tous ceux qui av aien t été construits depuis ce temps-là. Ce ne fut que s u r l’in tervention de c e rtain es puissances chrétiennes que le g o u v e rn e m e n t — du moins p o u r ce qui concerne les églises chrétiennes — r é f r é n a le vandalism e de la foule et fit r o u v r i r les édifices qu’on avait f e r m é si .

La tolérance du p o u v o ir à l’égard des t e m p l e s 2 n ’eut pas l’a p ­ probation de S a 'îd ; il eût m ieu x aimé q u ’on suivît la sévérité des Oulémas. Mais, comme il n ’espérait guère ob ten ir la suppression complète des églises et des synagogues, il se contenta de fomenter une agitation iconoclaste contre les églises. Yoici com m ent il e x ­ plique ses idées, son but et les moyens q u ’il a mis en œ u v re pour r é u s s i r 3 :

Sache que dans la Tora et les rouleaux des Prophètes est pré­

dit tout ce qui doit arriver aux Israélites dans le cours des siècles.

Ces livres sacrés avertissent aussi au sujet des révolutions qui se sont accomplies après 700 années lunaires de l’hégire, et qui ont eu lieu parce que les Juifs ont faussé la parole de Dieu, nié la m is­

sion prophétique de l’Elu (Mahomet), repoussé le Messie Jésus, fils de Miriam, et placé dans leurs temples des images et des figures ; c’est pourquoi Dieu a détruit le royaume des Israélites. Dieu a pré­

dit aux Prophètes, ses serviteurs, la destruction de ces images et figures, de mêm e q u ’il a promis au roi qui les détruirait une longue vie, une gloire éternelle et la soumissio n des rois de la terre.

1 W e il, G eschichtc d t r C h a life n , I V , p. 2 7 0 -2 7 2 . V oir a u s si, pour le récit de ces é v én em en ts, Sam bari, M td i a e v a l J e w is h C h ro n iclcs, éd. N eu bau er, I, p. 137.

* E n théorie, to u tes le s restriction s so n t m a in ten u es. A ce point de v u e , l’in stru c- tion s pour le R a ï s a l - Y a h û d (ch ef d es J u ifs), en E g y p te , e st très in tér e ssa n te; elle se trouve d a D S le T a ' r î f du K âd’ni S ch ih â b a l-d în (com posé v e rs 1340-1345). O n y v oit (p. 143) q u e le R aïs reçoit l ’ordre de tenir com pte d es restrictio n s concernant la c o n struction des s y n a g o g u e s. C e liv r e , tout récem m ent éd ité (C aire, 1312 = 1895), co n tien t encore d ’autres inform ations qu i son t très in s tr u c tiv e s pour connaître la s i ­ tuation d es J u ifs en E g y p t e , entre au tres le s form u les d e serm en t ju diciaire (p. l o i et su iv .) pour les J u ifs, les S a m a rita in s, etc.

3 L e lecteur rem arquera qu e, d an s le te x te q u e nou s d on non s, la cond u ite du g o u ­ vern em en t rela tiv e à la ferm eture et à la réou vertu re des te m p les diffère par q u elq ues détails d es rela tio n s historiq u es.

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Et, de fait, après l’espace de temps indiqué dans les écrits ré­

vélés, c’est-à-dire à la fin des sept siècles lunaires après l ’hégire, Dieu a ruiné les églises de l'Orient par la main du roi Ghazan.

Celui-ci battit les M usulm ans. Lorsqu’ils s ’en retournèrent après leur défaite, Dieu leur inspira l’idée de fermer les temples, ce q u ’ils firent selon l’esprit de la noble et pure loi religieuse. Les Mahomé- tans marchèrent alors contre leurs en n em is, et à S ch a k h a b 1, Dieu leur donna la victoire. Il en avait été ainsi des Israélites dans tout le cours de leur empire. Quand ils mettaient des idoles dans leurs temples, ils étaient battus; quand, au contraire, ils les brisaient, ils battaient leurs ennem is, et leur puissance s ’affermissait.

Lorsque, donc, les Musulmans revinrent victorieux, les églises fu­

rent rouvertes et les an ciennes m esures abolies. A ce spectacle, mon zèle pour Dieu se réveilla ainsi que mon souci pour la domination des Musulmans à la fin des sept siècles solaires ^après l'hégire)*.

Alors, pour l’amour de Dieu, je m ’em pressai de faire des démarches, afin de réunir un conseil composé de dix rabbins et de dix prêtres chrétiens qui devaient s ’assembler en com pagnie d’Oulémas et en présence du roi. Ils devaient se munir de la Tora, de l’Evangile, des Psaumes et des Prophètes, pour mettre en lumière ce q u ’ils avaient altéré et faussé dans la parole de Dieu. Je vou lais tirer de la Tora, de l’Evangile, du Psautier et des Prophètes les argum ents les plus probants en faveur du caractère prophétique de l’Elu, c’est-à-dire de Mahomet b. Abdallah b. Abdalmouttalib, et en faveur de la néces­

sité de détruire les images et les statu es dans les églises, et démon­

trer que tout ce que Dieu avait annoncé par la bouche des Prophètes s’accomplirait en la personne d’A l-M a lik al Nâçir, si mes projets étaient mis à exécution.

Les docteurs furent unanim es à déclarer q u ’un h om m e (qui par­

lait ainsi) s’était approché de Dieu d’une façon ém in ente et que le prince devait le soutenir. Les im am s de la religion approuvèrent la proposition de convoquer u ne pareille réunion, et les gouverneurs donnèrent s ix fois des ordres à ce sujet, en Egyp te et en Syrie. Ce­

pendant cette assemblée n’a jamais eu lieu. A Dieu seul appartient la force et la puissance. N ous som m es à Dieu et n ous retournons à lui 3.

10 H E V U E D ES E T U D E S J U I V E S

Ill

Déçu dans son a tte n te et v o y a n t que ses te n ta tiv e s d ’agitation,

* L es relations h isto riq u es in d iq u en t com m e lieu d e la b ataille d é c isiv e tautôt G h a - bà^hib, tan tôt S ch a k h a b .

* C ela ne p e u t être qu e 622 + 700 = 1322. L 'auteu r cra in t que le s M ahom etans ne p u isse n t garder la sup rém atie ju sq u ’à c ette ann ée, s'ils ne lerm en t le s te m p les d es a u tres c ro y a u ts.

3 T e x te d an s lA p p e u d ic e III.

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favorisées p a r les Oulémas, ne réu ssissa ie n t pas faute de l’a p p r o ­ bation du g ouvernem ent, S a 'îd e n tr e p r it de m e ttre par écrit ce q u ’il a u r a it voulu e x p o se r dans ces ré unions. 11 intitula sa disser­

tation, dont il avait lui-môme la plus h a u te opinion (il l’appelle

« Délice des y e u x »), A l-M oufiît, « le C o m préhensif », parce que, comme il le dit avec une c e rta in e suffisance, cet o u v rag e offre un véritable tr é s o r d ’in stru c tio n s et d’ex h o rta tio n s religieuses 1.

Il le composa, com m e le dit le colophon, à Damas, dans la m o s­

quée des O mavyades, a u mois de R abi' I, 720 après l’hégire (avril 1320), donc vingt-deux an s a p rès sa c o n v e r s io n 2, et ju s te a v an t la c a ta stro p h e redoutée pour 1322. Il avait san s doute élu domicile en Syrie, p o u r fairo ré u s s ir son agitation, q u ’il m e n a très a c ti­

vem ent dans ce pays, comme cela re s s o rt de ses p ro p re s paroles, et il trouva p ro b ab lem en t dans la m osquée des Omayyades un public docile à ses excitations.

D’ailleurs, les esprits a v a ie n t été excellem m ent p ré p a ré s, en Syrie, à cette agitation p a r un fanatique trè s sa v a n t, contem po­

rain de n o tre a u te u r , mais plus âgé que lui, T a k î- a l- d în ibn Tey- miyya, qui occupe une place im p o rta n te dans la litté ra tu re polé­

mique. Ce ch eik h avait publié, sous le titre de M as 'a la t a l-K a n â 'is

« Question des tem ples », un tra ité où il se m o n tra it a n im é du plus violent fanatism e c o n tre les temples des n o n - m u s u lm a n s 3.

En l’an 707 de l’hégire, il a v a it fait lire publiquem ent à D am as un écrit incendiaire où il r a tta c h e à la g u e r r e des T a r t a r e s 4 la n é ­ cessité d ’e x c lu re tous les infidèles des emplois p u b lic s 5.

Nous pouvons m a in te n a n t a n a l y s e r 0 le tra ité de S a 'îd a l-Is k a n - dari. P o u r plus de clarté, il s e ra bon de d o n n e r p a r a g r a p h e par p a ra g ra p h e un co u rt so m m aire du contenu ; de la sorte, nous fournirons à c eu x qui o n t un peu p ratiq u é celte litté ra tu re le moyen de c o n s ta te r ce que l’a u t e u r répète des lieux com m uns de ses p rédécesseurs et ce en quoi il les a dépassés.

1 A p p en d ice I V . 1 A p p e n d ic e V .

3 M s. arabe de la B ib lio th èq u e n ationale (anc. f ., n" 1094 , dans C a ta lo g u e, p . .’529, n" 2962.

4 C f. R t v u e des É tu d e s j u i v e s , X X V I I I , 9 2 - 9 4 .

3 D e G oeje et llo u tsm a , (Jatalogu s C odicum a ra b ico ru m B ib lio th . L u y d . B a la v ., I (2* é d it.), p. 201 ; cf. S tein sc h n eid er , l. c ., n° 80.

6 D a n s le s a p p e n d ic e s , n ou s d o n n o n s qu elq u es te x te s qu i m ontreront a u ssi com ­ m ent on transcrivait l’hébreu en arabe. N o u s trouvons encore d es cita tio n s hébraïques d e là B ib le chez des p olém istes q u i n éta ieu t pas d ’orig in e ju iv e . C l. le s e x em p le s de M. S ch rein er, Z n r Geschichte (1er A u ss/,rach e des H ebraeisclien, dan s la Z e itsc h r.

ftt r d ie a ltte sta m e n tlic h e W issen sch a ft, V I (1886), p. 2 4 9 -5 0 . (T ira g e à part, p. 3 7 -3 8 .) N o u s av o n s reprod uit in tég ra lem en t ces tra n scrip tio n s, sa u f q u elq u es fau tes ém anant certain em en t des c o p iste s.

SA'IL) B. H A SA N D’A L E X A N D R II Î 1 11

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12 R E V U E D E S É T U D E S J U I V E S

11 semble avoir tiré de son p ro p re fonds son a r g u m e n ta tio n au sujet d ’Adam et de Noé. E n g é n éral, il ne p a r a î t pas a v o ir connu ses p rédécesseurs dans ce domaine, ou, du m oins, les a-t-il connus trè s im parfaitem ent. S ans quoi, il n ’a u r a i t p as m a n q u é de faire usage des te x te s bibliques qui, dans cette l i tté r a tu r e , p euvent p asser p o u r les pièces de r é s is ta n c e .

Voici les a rg u m e n ts qu’il e m p r u n te a u x E c r i t u r e s p o u r établir la réalité de la mission de M ahom et et la h a u te vocation du peuple a rab e :

1. Adam, au P arad is, p a rla it a ra b e . Quand il fut chassé, il o u ­ blia cette langue et p arla sy riaq u e. Comme il en é ta it affligé, Dieu le consola : « P a r m i ta postérité, d it- il, il y a u r a des hom m es qui p a rle ro n t la lan g u e des h a b ita n ts du P a r a d is , et eux-m êm es s e ro n t des gens du P a ra d is. »

2. Après a v o ir quitté l’a rc h e , Noé se sé p a ra de ses femmes, de p e u r que ses descendants ne fussent engloutis p a r un n o u v eau déluge. Dieu lui dit : « R e to u rn e v e rs tes femmes, c a r d o ré n a ­ v a n t je n ’a m è n e ra i plus de déluge s u r la te r r e . » En signe de cette alliance, il créa l’arc-en -ciel. Dieu lui m o n tra alors tous les p ro ­ phètes qui devaient s o r tir de sa postérité, et, parm i eux, M ahomet, et il ajouta : « A cause de ce pro p h ète, je ne d é v asterai plus j a ­ mais la te r r e p a r u n déluge. » (Tout cela est cité en a ra b e d’après le p re m ie r livre de la Tora.)

3. P re u v e s tirées de la G enèse, x m , 17 ; x x i, 12, et x v n , 20 ( m e ’od, r r e ’od). Les citations sont en hébreu.

4. De G enèse, x x i , 18, ainsi tr a d u it : « Lève-toi, prends cet e n fa n t et e n t o u r e - l e de soins, c a r de lui et de sa lignée n a îtr a M ahomet. »

5. Dans la Bénédiction de Jaco b , qui, d ’a p r è s l’E c r i t u r e , devait r e n f e r m e r « ce qui se p asserait à la fin des siècles », il n ’y a que les bénédictions données p a r J aco b à ses fils, a p rè s q u ’ils e u re n t confessé le Dieu d’A b ra h a m , d ’Ism aél et d ’Isaac. Il re s s o rt de là que les Juifs ont effacé le nom de M ahom et de ce c h a p itre , où il se tro u v a it à l’origine l .

6. N om bres, x x iv , 17. Voici co m m en t il cite ce v e r s e t : « Voyez, un a s tre est a p p a r u de la race d ’Ism aël ; une trib u d ’A rabes le .soutient ; à son a p p a ritio n , la t e r r e trem b le a v ec ce qui l’h abite. »

Ces m ots ne p e u v e n t se r a p p o r t e r q u ’à M a h o m e t 2.

7. A rg u m en tatio n puisée dans le D e u té r., x v i i i, 18, qu’il cite en h é b re u , en in te r c a la n t les mots de b ic w c '' ■'¡ntt a p rè s ürpnx.

8. D eu t., x x x m , 2.

1 A p p e n d i c e V I . 1 A p p e n d i c e V I I .

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9. Quand les Israélites, dans le u r g u e r r e avec les Amalécites, e u re n t subi le u r p re m iè re défaite, Moïse im plora Dieu en ces term es : « Souviens-toi de tes se rv ite u rs A b ra h a m et Ism aël (cité en héb reu J), c ’est-à-dire, souviens-toi de ton alliance avec A b ra­

ham, où tu lui as promis, au sujet de la postérité d ’Ismaël, que tu a ssu re ra is la victoire des cro y an ts s u r le3 peuples. » Dieu vint alors au secours des Israélites grâce au x bénédictions de Ma­

homet.

10. Il raconte d’une façon confuse l’h istoire d ’A khan. Josué apaisa la colère de Dieu en faisant in te rv e n ir, à l’exem ple de son m aitre, le nom de M ahomet.

11. T iré des P sa u m e s (en arabe) : « S a lu t à vous, fils d ’Ismaël, salut à v o u sl parm i vous s ’éveillera un p ro p h ète qui v a in c ra tous les peuples qui s e r o n t sous sa m ain. »

12. G enèse, x vi, 12.

13. Des P s a u m e s de David (sans texte) : « Louez Dieu, peuples!

et reconnaissez son unité, h a b ita n ts de la t e r r e ! il vous e n v e rra un j o u r le p rophète de la miséricorde. »

14. Isaïe : « Ecoutez, cieux, et sois tranquille, ô te r r e ; p o u r­

quoi tre m b le s -tu ? Il a p p a r a î t r a s u r toi un p ro p h ète p a r qui la grâce ré g n e ra . »

15. Des r o u le a u x d'E lie (Çouhouf Ilyâs) : « Gomme Elie s ’en allait p a r la te rre avec 70 com pagnons, il re n c o n tra des Arabes dans le pays d’IIid jâz; il dit à ses c o m p a g n o n s : « Voyez les hom m es qui ré g n e r o n t s u r vos puissantes forteresses ! » Comme ses c om pagnons lui d e m a n d a ie n t qui donc ce peuple a d o re ra it, il leu r ré p o n d it p a r le v e rs e t d'Isaïe, x l i i, 12 (cité en hébreu), et comme ils lui d e m a n d a ie n t encore qui le u r a p p r e n d r a it cela, il leu r rép o n d it en h é b re u (faussant le v e rse t de I Rois, x m , 2),

■rai» TPTDir biO Eïr1 m nb nbi; p , c’est-à-dire q u ’un fils n a îtra de la maison d ’Ismaël dont le nom est lié à celui de Dieu, et, chaque fois q u ’on m e n tio n n e ra le nom de Dieu, on p ro n o n c e ra le sien.

Cela ne peut se r a p p o r t e r q u ’à M a h o m e t 2.

16. S a 'id se s e rt de ce tex te p o u r d ’a u tre s i n te rp ré ta tio n s du chapitre auquel est e m p ru n té le passage re la tif à Josias. Il a t ­ trib u e le rôle de J é ro b o a m à Achab, et le prophète qui prédit la d estruction futu re de l’idolâtrie p a r M ahomet s ’appelle ici Miellée.

17. Quand M anassé vo u lu t liv re r Isaïe a u feu, le p ro p h ète fut sauvé en in v o q u a n t M ahom et [m o u sta sc h fïa n M -M a h .).

1 A p p en d ice V III.

s A ppend ice I X . A u folio 14 a il rép ète cette assertion que M ahom et é ta it app elé dans la T ora “T Î W et chez les P ro p h ètes i r r W P .

S A ' I D B. MASAN U’A L E X A N D H I E 13

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18. Un p ro p h è te israélite, du nom d ’Obadiah, v in t dans le pays d ’H idjàz, chez les Juifs, qui lui offrirent l'h ospitalité. Comme il se m e tta it à p l e u r e r et qu’ils lui d em a n d a ie n t la cause de ses larm es, il dit : « Dieu e n v e r r a un p ro p h ète d ’e n tre les A r a b e s ; les anges le s o u tie n d ro n t et il d é tr u ir a vos d e m e u re s, il em m è n e ra vos femmes en captivité et r e n d r a vos e n fa n ts o rp h e lin s. » Les Juifs v o u lu re n t t u e r O badiah, qui p rit la fuite.

19. Le songe de Jacob. Le p a tr ia r c h e d em a n d a à Dieu quels é ta ie n t les ê tres qui m o n ta ie n t s u r l’échelle. Il lui fut rép o n d u :

« C’est la postérité d ’Ism aël. — P a r quel m oyen a rriv e n t-ils à toi ? — P a r les cinq p riè re s que je leu r ai imposées et q u ’ils ont acceptées. « Quand Jacob se réveilla, il co m m an d a à sa postérité de ré c ite r les cinq p riè re s. D ’a p rès la T o ra (c’est-à-dire d’après le te x te altéré), Dieu n ’a u r a i t pas ord o n n é des p rières a u x Israélites, m ais seulem ent des sacrifices. Le ré c it se t r o u v e « dans le p r e ­ m ier livre, a p rè s l’histoire d’A b ra h a m , d ’Ism aël et d’Isaac. » Aussi leurs sages observent-ils ces cinq p riè re s (c onform ém ent au v rai texte qui leur est connu), s u iv a n t ainsi la re c o m m a n d a tio n de le u r p a tr ia r c h e . Les p ro p h è te s des Israélites aussi on t sans cesse a nnoncé l’a r r iv é e de M ahomet, j u r é p a r sa vie et formulé le désir de vivre j u s q u ’à son a p p aritio n . Quand les m y stères le u r fu re n t dévoilés, ils v ir e n t le peuple de M ah o m et ré u n i p o u r la p riè re dans l’o rd re mêm e des anges. Le p ro p h ète Sam uel y a fait allusion p a r un symbole (tiré d’Isaïe, x i, 6, 7, c o rro m p u et cité en h é b re u ') : le lion et le loup s’assem blent a u p r è s d ’une m êm e crèche, le tigre et l’a g n e a u se r é u n is s e n t en u n même end ro it.

Cela signifie que roi et m e n d ia n t ont même r a n g dans les groupes de c e u x qui p rient.

20. Il débute p a r le passage d ’Isaïe, x l i i, 1, q u ’il cite comme é ta n t d’Ezéchiel et q u ’il tr a d u it à co n tre-sen s. Comme beaucoup de ses pré d é c e sse u rs, il applique ce v e rs e t à M ahom et..Il p a r t de là p o u r m o n tr e r que le fils unique q u 'A b ra h a m voulait sacrifier, c’est Ism aël : Isaac n ’é tait .pas e n c o re né. Il cite le tex te de G e­

nèse, x x i i, 2, en h é b r e u avec le c h a n g e m e n t su iv an t : « Celui que j ’a i m e 2. »

21. Au sujet du songe de N ab u ch o d o n o so r (Daniel, n), il r a ­ conte q u ’un ange descendit du ciel et b risa la tête en o r de la statue. C’est là u n e allusion à M ahomet, qui doit p u rg e r la te r r e de l’idolâtrie. A peine N ab u ch o d o n o so r eut-il e n te n d u Daniel que la te r r e s’e n tr o u v r it e t engloutit le roi.

14 R E V U E D ES É T U D E S J U I V E S

1 A p p e n d i c e X .

* A p p e n d i c e X I .

(15)

’22. Genèse, xv, 10 (cité comme « ro u le a u x d ’A b ra h a m » Çouhouf Ib ra h im ). Les d octeurs juifs ex p liq u en t la vision ainsi : les diffé­

re n ts a n im a u x re p r é s e n te n t les peuples qui précéd èren t l’ap p a­

rition de M a h o m e t; tous ont péri et leurs ro y au m es ont d is p a ru . Le petit oiseau ( 'o u ç fo u r) dont il y est question désigne IsmaiU et sa postérité : ceux-là ne p é riro n t point et leu r em pire d u re ra j u s ­ q u ’au j o u r de la ré su rre c tio n .

Quant a u x Evangiles, il les traite d ’une façon trè s som m aire. Ils lui p a ra isse n t en c o re plus falsifiés que la Bible des Juifs. Car, tandis que, d an s la Bible ju iv e , on tro u v e encore des traces des prédictions relatives à M ahomet, t o u t a été effacé dans les E v a n ­ giles*. Quand J é su s a p p a r u t, le j u i f Sim éon B allakisch (proba­

blem ent R. Sim éon ben Lakisch) le com battit p ar cet a r g u m e n t que le p rophète an n o n cé p a r Moïse n a îtra it de la tribu d ’Ismael (fol. 9 6).

En général, Sa id est plus violent en v ers les C hrétiens q u ’à l’é­

gard de ses anciens coreligionnaires. Il ne soutient pas de polé­

mique dogm atique contre eux, il leur manifeste seulem ent son dédain parce qu’ils croient « que la main clouée à la croix avait créé le ciel et la te r r e »; il leu r re p ro c h e de p lacer dans les églises des crucifix et a u tre s images. Il cite à ce propos les mots de I)eut.,

x x v i i, 15, dans le te x te h é b r e u 2. E t a n t données la te n d an ce du traité et l’agitation projetée p a r l’a u te u r a v a n t la composition de son ou v rag e, il est n a tu re l q u ’il ait insisté dans ce p a r a g ra p h e ainsi que dans to ut le cours du tr a ité su r la polémique c o n tre le culte des images.

SA'IL) 1J. HASA N D 'A L E X A N D R I E 1Î>

IV

On a pu se re n d re compte, p a r ces exemples, de la m éthode employée par S a 'id al-Isk a n d a ri p our tro u v e r dans la Bible des allusions à Ismaïil et à Mahomet. L’usage q u ’il fait des récits bi­

bliques, la façon dont il expose leur contenu, a b s tr a c tio n faite de sa tendance à en a lté r e r le sens, ne justifient pas le témoignage q u ’il porte en sa fa v e u r et s u iv a n t lequel il a u r a i t a p p a r te n u au x O ulém as juifs. Sa science en m atière de ju d aïsm e ne p a ra ît pas a v o ir été bien profonde, il semble même ne co n n a ître que très im parfaitem en t les récits du P e n ta te u q u e et il les re p ro d u it d ’une

1 A p p e n d i c e X I I . A p p e n d i c e X I I I .

(16)

façon trè s confuse. A l ’occasion, il p a rle aussi de l’histoire posté­

r ie u r e des Juifs. L ors de la captivité de B abylone, à côté des S a ­ m aritains, n a q u it la secte des C araïtes, « qui c ro ie n t qu’E zra ('Ozeyr) est le fils de Dieu ; ils h a b ita ie n t le pays d’Hidjaz »

(fol. 14 &).

Nous avons déjà re m a r q u é que l’o u v rag e de S a 'i d nous donne cette im pression q u ’il n ’a c o n n u ni ses p ré d é c e sse u rs dans la lit­

t é r a t u r e polémique ni le degré de d é v elo p p em en t a u q u e l cette b r a n c h e de la théologie m a h o m é ta n e était a r r i v é e à son époque.

Ses c onnaissances en a ra b e n ’é ta ie n t pas plus é te n d u e s . Son style

— les appendices en font foi — est in c o rre c t, les fautes g r a m m a ­ ticales et les e x p re s s io n s v u lg a ire s y fourm illent. U n théologien cultivé ne se s e r a i t ja m a is servi de la c o n s tru c tio n a ra b e que S a 'î d emploie, p a r exem ple, à la page 1 b : f a -a lk â a l- a lw â lia fa n sh a h -lia ti-l-a rd o u w a b ta la 'a th o u m . « Moïse je t a les ta bles de la loi et la t e r r e se fendit et les engloutit » (au lieu de w a b ta - l a a lh â ) .

De môme, ses c onnaissances philosophiques sont bien superfi­

cielles. Là aussi, il est in férieu r à la m a jo rité des sa v a n ts m aho- m é ta n s et ju ifs de son te m p s . E n g é n é ra l, il dit beaucoup de mal des philosophes. Il cite le u rs d o c trin e s, en p a r l a n t de l’infiltration de leurs idées d a n s le ju d aïsm e (à l’époque du second temple) :

« L e u r intelligence (celle des philosophes) s’a r r ê t e à la s p h ère céleste. L e u rs chefs, P la to n et A ristote, n ’é ta ie n t pas capables de re c o n n a ître la n a t u r e du corps. G om m ent pouvaient-ils s a v o ir ce q u ’il faut e n te n d re p a r la p a r o le de D ieu ? Les philosophes sont des ennem is de Dieu et des p ro p h ètes. Ce so n t e u x qui o n t fondé l’idolâtrie et r e p r é s e n té la D ivinité sous des figures et des im ages, qui ont c o n s tr u it les P y ra m id e s et les obélisques. Les plus puis­

san ts d ’e n tre e u x sont allés ju s q u 'à se faire p a s s e r p o u r des d ieu x , comme N im rod, fils de K e n a a n , et P h a r a o n 1. » J é ro b o a m aussi, sous le règne du q u el il place la vision d ’Ezéchiel, n i , a u sujet de la r é s u rre c tio n , est qualifié p a r lui de « p h i l o s o p h e 2 ». Les res- su scités s’é c riè re n t à le u r réveil : la ilâ h a illâ -llâ h .

Il consacre u n p a r a g r a p h e e n tie r à la r é f u ta tio n de l’é te rn ité du m o n d e 3.

I . Go l d z i h e r.

1 6 R E V U E D E S É T U D E S J U I V E S

1 F o l. 15 b.

s A p p e n d ic e X I V 3 F o l. 16 a.

(17)

S A ' J D B. H ASA N D’A L E X A N D R IE 17

APPENDICE

I

M A SÂ LIK A L -N A Z A R

(fol. 1 7 “).

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T . X X X . n° 59.

(18)

18 R liV U E D E S E TU D ES JUIVES

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I I

Ms. n° 1772 de la Bibliothèque de l’Université de Leyde (fol. 231“).

^ SZl_Â_) ^ i^ (J^oUCl!;, ^A>JI !.-« 6

(19)

SA*ID B . HASAN D’A L EX A N D R IE 10

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M A SÂ LIK A L -N A Z A R

(fol. 18 b).

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(J! .m», il ! ^kjyjitJi ^xà.jix£ LiûjjuLffj jjhoIaÎJI

1 M s. , d ’après la pronon ciation v u lg a ire, qu i se trahit éga lem en t dans la transcription hébraïque (Z . D . M . G ., X X X V , p . 521 ; W ien er Z eitsch r. filr die K u n d e des M o rg e n l., III, p. 8 0 -8 2 ).

» M s. j jLc . 3 M s. L â j i i c ^ . 4 M s. ¡¿y...

a.

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