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Journal des débats. de la Commission permanente de la santé et des services sociaux. Le mercredi 3 février 2010 Vol. 41 N 23

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Journal des débats

de la Commission permanente de la santé et des services sociaux

Le mercredi 3 février 2010 ― Vol. 41 N° 23

Audition des dirigeants des agences de la santé et des services sociaux dans le cadre de l'examen de leurs rapports annuels de gestion conformément à la Loi sur les services de santé et les services sociaux (2)

Président de l'Assemblée nationale:

M. Yvon Vallières

QUÉBEC

(2)

Débats de l'Assemblée 145,00 $ Débats des commissions parlementaires 500,00 $ Pour une commission en particulier:

Commission de l'administration publique 75,00 $ Commission de l'agriculture, des pêcheries,

de l'énergie et des ressources naturelles 50,00 $ Commission de l'aménagement du territoire 100,00 $

Commission de l'Assemblée nationale 5,00 $

Commission de la culture et de l'éducation 100,00 $ Commission de l'économie et du travail 100,00 $

Commission des finances publiques 75,00 $

Commission des institutions 100,00 $

Commission des relations avec les citoyens 25,00 $ Commission de la santé et des services sociaux 75,00 $ Commission des transports et de l'environnement 100,00 $ Index (une session, Assemblée et commissions) 30,00 $ Achat à l'unité: prix variable selon le nombre de pages.

Règlement par chèque à l'ordre du ministre des Finances et adressé comme suit:

Assemblée nationale du Québec Distribution des documents parlementaires 1020, rue des Parlementaires, bureau RC.85 Québec, Qc

G1A 1A3

Téléphone: 418 643-2754 Télécopieur: 418 643-8826

Consultation des travaux parlementaires de l'Assemblée ou des commissions parlementaires dans Internet à l'adresse suivante:

www.assnat.qc.ca

Dépôt légal: Bibliothèque nationale du Québec ISSN 0823-0102

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Commission permanente de la santé et des services sociaux Le mercredi 3 février 2010 ― Vol. 41 N° 23

Table des matières

Auditions (suite) 1

Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine

(ASSS―Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine) 1

Documents déposés 33

Agence santé et de services sociaux du Saguenay―Lac-Saint-Jean

(ASSS―Saguenay―Lac-Saint-Jean) 33

Document déposé 67

Intervenants

M. Geoffrey Kelley, président M. Pascal Bérubé

Mme Danielle Doyer M. Bernard Drainville M. Germain Chevarie M. Gilles Lehouillier M. Gerry Sklavounos M. Alexandre Cloutier

* M. Gilles Pelletier, ASSS―Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine

* M. Christian Bernier, idem

* M. Claude Mercier, idem

* Mme Manon Dufresne, idem

* Mme Martine Couture, ASSS―Saguenay—Lac-Saint-Jean

* M. Donald Aubin, idem

* M. Gilles Simard, idem

* M. Bruno Dahl, idem

* Témoins interrogés par les membres de la commission

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Commission permanente de la santé et des services sociaux CSSS-23 page 1

Le mercredi 3 février 2010 ― Vol. 41 N° 23

Audition des dirigeants des agences de la santé et des services sociaux dans le cadre de l'examen de leurs rapports annuels de gestion conformément à la Loi sur les services de santé et les services sociaux (2)

(Neuf heures trente-cinq minutes)

Le Président (M. Kelley): À l'ordre, s'il vous plaît! Bonjour. Je constate quorum des membres de la Commission de la santé et des services sociaux, donc je déclare la séance ouverte en rappelant le mandat de la commission: la commission est réunie afin d'entendre l'Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspé et des Îles-de-la-Madeleine dans le cadre de l'étude des rapports annuels de gestion 2005-2006 à 2008-2009 en application de la Loi sur les services de santé et les services sociaux.

Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des remplace- ments?

La Secrétaire: Oui, M. le Président. Mme Doyer (Matapédia) remplace M. Gauvreau (Groulx); M. Drainville (Marie-Victorin) remplace M. Turcotte (Saint-Jean).

Le Président (M. Kelley): Parfait. Merci beau- coup. Alors, bienvenue. Juste une courte mise en scène.

La loi sur la santé et des services sociaux oblige cette commission d'entendre les agences au moins sur trois ans.

Alors, on essaie toujours de rencontrer le tiers des agences par année pour mieux comprendre vos enjeux, vos défis, vos réussites, vos problèmes. Alors, c'est vraiment un exercice de mieux comprendre la livraison des services de santé et des services sociaux sur les territoires des agences au Québec. Alors, le format est relax. On est ici dans l'ancienne salle de Conseil des ministres, à l'époque de M. Duplessis. Alors, on voit les images de tous les anciens premiers ministres du Québec autour de nous. Oui, il y en avait un qui était le député de Jacques-Cartier, qui se trouve dans ce coin-là. M. Mousseau avait une courte carrière...

M. Bérubé: Il y a deux Gaspésiens.

Mme Doyer: Il y a des Gaspésiens, oubliez-le pas.

M. Bérubé: ...né à Percé...

Mme Doyer: René Lévesque.

M. Bérubé: ...et René Lévesque, né à Campbellton mais élevé à New Carlisle.

Le Président (M. Kelley): Parfait. Alors, il y a deux Gaspésiens. Merci beaucoup, M. le député de Matane, pour cette précision.

Mme Doyer: Il est né où, le vôtre?

M. Bérubé: Il est né à Percé.

Le Président (M. Kelley): Un des... le monsieur...

M. Drainville: Vous, c'est M. Mousseau?

Le Président (M. Kelley): M. Mousseau, oui.

M. Drainville: C'est le quatrième.

Mme Doyer: Le quatrième.

Le Président (M. Kelley): Oui, qui était pris dans un scandale concernant la construction de cet édifice, et John A. Macdonald a dû le nommer juge à Rimouski d'une façon... très rapidement pour s'en débarrasser.

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président (M. Kelley): Alors, c'est une courte carrière pour le député de Jacques-Cartier à l'époque.

Mais il était premier ministre au moment où des contrats ont été octroyés pour la construction de cet édifice. Alors, fin de la leçon d'histoire pour ce matin.

M. Drainville: Je n'ose pas vous demander, M. le Président, si vous souhaiteriez finir votre carrière comme juge.

Le Président (M. Kelley): Je pense qu'il faut être avocat, hein?

Mme Doyer: À Rimouski.

M. Drainville: Je pense que vous...

Le Président (M. Kelley): Il faut être avocat, je pense, un critère...

M. Drainville: ...je serai hors d'ordre, hein? Vous pouvez juger que ma question est hors d'ordre, M. le Président.

Le Président (M. Kelley): Et je peux noter que M. Mousseau était un conservateur. Alors, sur ça...

Des voix: Ha, ha, ha!

Le Président (M. Kelley): Un bleu.

Auditions (suite)

Alors, sur ça, on va retourner à notre ordre du jour, mais le format, c'est vraiment une trentaine de minutes de présentation de votre part, suivie par un échange avec les membres de la commission. Alors, sans plus tarder, M. Pelletier, la parole est à vous.

Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine

(ASSS―Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine) M. Pelletier (Gilles): Merci beaucoup. M. le Président de la Commission de la santé et des services

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sociaux, Mmes, MM. les parlementaires et membres de la Commission de la santé et des services sociaux, mon nom est Gilles Pelletier et, à titre de président-directeur général de l'Agence de la santé et des services sociaux de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine, j'ai le plaisir de m'adresser à vous dans la cadre de cette reddition de comptes devant la commission parlementaire.

D'entrée de jeu, je vous présente l'équipe de direc- tion qui m'accompagne aujourd'hui: Mme Connie Jacques, qui est directrice des services sociaux et communautaires;

Mme Manon Dufresne, qui est directrice de la coordi- nation et des ressources humaines; le Dr Christian Bernier, directeur de la santé publique; le Dr Claude Mercier, directeur régional des affaires médicales et de la santé physique; M. Yves Whittom, directeur des ressources matérielles, financières et informationnelles; et M. René Bouchard, qui est chef du Service des communications à l'agence.

Cette audition devant la Commission de la santé et des services sociaux est une occasion pour vous de nous entendre et d'échanger sur le bilan de nos activités de 2005 à 2008. Mais sachez que, pour nous, il s'agit aussi d'un exercice important puisqu'il nous permet de vous entretenir des défis, des enjeux ou encore des préoccupations que nous avons comme région et comme organisation régionale qui travaille jour après jour avec ses partenaires du réseau public, communautaire et du milieu intersectoriel à offrir à la population et aux usagers des services accessibles, continus et de grande qualité.

Nous sommes convoqués pour rendre compte de nos réalisations des trois dernières années et du bilan des ententes de gestion et d'imputabilité. Vous avez sûrement eu l'occasion de prendre connaissance et de consulter les rapports annuels de ces trois années, et il nous fera plaisir d'échanger avec vous sur les différents sujets.

n (9 h 40)n

Notre objectif dans le cadre de la présentation de ce matin est de vous sensibiliser à l'environnement dans lequel évolue notre organisation. Nous avons la chance de vivre et de travailler dans une région formidable, carac- térisée par la beauté de son paysage, la chaleur et le dynamisme des gens qui y habitent. Cependant, les réalités aux plans socioéconomique et démographique nous inter- pellent et nous préoccupent comme organisation vouée à la santé et aux services sociaux qui a à coeur le développement de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine.

Mais, tout d'abord, permettez-moi, M. le Président, de vous décrire brièvement notre région et de vous dresser un portrait sommaire de notre réseau de même que de notre agence.

La Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine est constituée d'une péninsule et d'un archipel qui s'étend sur 20 272 km² dont plus de 600 km de côte. Bordé par la mer, ce vaste territoire comprend 43 municipalités ainsi que deux réserves indiennes: Listuguj, qui compte 1 500 habitants, et Gesgapegiag, qui en compte 500. Selon l'Institut de la statistique du Québec, 94 729 personnes habitent la région, ce qui représente 1,2 % de la population du Québec, dont approximativement 81 000 vivent en Gaspésie et 13 000 aux Îles-de-la-Madeleine. De ce nombre, environ 9 % est d'expression anglaise.

Bien que nous ayons une population vieillissante, nous pouvons noter des signes encourageants depuis le milieu des années 2000. D'une part, les prévisions de

diminution démographique substantielle font maintenant place à une stabilisation de la population, qui restera semblable à ce que l'on connaît aujourd'hui, pour les 20 pro- chaines années, si la tendance demeure la même. De plus, le nombre de naissances depuis 2006 est en hausse constante.

Sans dire que nous assistons à un baby-boom, cette augmen- tation contribue à dynamiser nos communautés et à entrevoir l'avenir avec optimisme.

La région compte par ailleurs cinq MRC, à savoir la MRC de La Haute-Gaspésie, la MRC de La Côte-de-Gaspé, la MRC de Bonaventure, la MRC du Rocher-Percé, la MRC d'Avignon, en plus des Îles-de-la-Madeleine. Chacun de ces territoires a une culture et ses propres particularités, ce qui nous oblige à tenir compte de ces différences dans l'organisation de nos services.

L'Agence de la santé et des services sociaux dispose de 90 employés, répartis dans cinq directions. En plus de la présidence-direction générale, nous retrouvons la Direction des affaire médicales et de santé physique, la santé publique, les services sociaux et communautaires, la co- ordination et les ressources humaines et enfin la Direction des ressources matérielles, financières et informationnelles.

En termes d'organisation de services, la région comprend cinq territoires de réseaux locaux, dans lesquels on retrouve cinq centres de santé et de services sociaux, situés sur le territoire des Îles-de-la-Madeleine, du Rocher- Percé, de la Baie-des-Chaleurs, de la Côte-de-Gaspé et de la Haute-Gaspésie, offrant différents services, que ce soit dans les hôpitaux, en CLSC ou en centre d'hébergement.

Nous retrouvons également deux établissements régionaux, soit le Centre jeunesse Gaspésie-Les Îles et le Centre de réadaptation de la Gaspésie, qui a une mission DP, DI et TED, qui déploient leurs services dans chacun de ces territoires. Mentionnons que la mission régionale en dépendance est confiée à un centre de santé et de services sociaux, en l'occurrence celui de la Haute-Gaspésie, et que les services en déficience intellectuelle et troubles envahissants du développement, aux Îles-de-la-Madeleine, sont confiés au centre de santé de l'endroit. D'ici peu, le Centre de santé du Rocher-Percé aura le mandat d'assurer les services spécialisés d'évaluation et de traitement auprès d'auteurs d'agressions sexuelles à l'intérieur d'un établis- sement carcéral situé à Percé. Un programme unique en son genre au Québec.

De plus, mentionnons que 106 organismes com- munautaires sont reconnus par l'agence et offrent des services dans les neuf différents programmes-services. Ces organismes jouent un rôle essentiel au sein de nos territoires, et l'agence y injecte près de 12 millions annuellement.

Les travaux entourant les stratégies budgétaires ont mené à l'élaboration d'un cadre de financement qui inscrit un principe d'accélération de financement aux organismes qui ont un rattrapage à faire au plan budgétaire.

Des milieux comme le nôtre ont besoin de l'apport de ces précieux partenaires. Évidemment, nous ne pouvons répondre à la hauteur de leurs exigences, mais nous recon- naissons cependant un certain écart dans leur financement.

La collaboration qui s'est installée au fil du temps est empreinte de respect des rôles et des responsabilités de chacun. Il nous apparaît clair que, sans la contribution de ces organismes, l'organisation régionale de services serait amputée d'une lecture importante de la réalité de nos communautés locales et, en conséquence, d'ajustements parfois nécessaires dans les décisions à prendre.

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La santé de la population gaspésienne et made- linienne s'est améliorée à bien des égards depuis les dernières décennies, mais des problèmes persistent et demeurent une préoccupation. D'abord, au chapitre des améliorations, les données les plus récentes indiquent des gains considérables au cours des dernières décennies rela- tivement à l'espérance de vie et à la mortalité infantile, au niveau de la scolarité de la population, au taux de fécondité chez les jeunes femmes de 15 à 19 ans, au tabagisme et à la mortalité par maladies circulatoires.

On constate aussi que les femmes de la Gaspésie et des Îles peuvent espérer vivre aussi longtemps que les Québécoises. D'ailleurs, pour cette période triennale, on observe que les Gaspésiennes et Madeliniennes ne meurent pas davantage de cancers et de maladies circulatoires que les Québécoises du même âge et décèdent même moins de maladies respiratoires. De leur côté, les Gaspésiens et Madelinots ne meurent pas plus de maladies circulatoires ni de maladies respiratoires que les Québécois, mais décèdent par ailleurs davantage de cancers que leurs homo- logues provinciaux, notamment de cancers pulmonaires.

Cela se traduit par une espérance de vie de 1,6 an inférieure à celle des Québécois.

Il se dégage par ailleurs que plusieurs problèmes menacent encore la santé et le bien-être de la population.

On pense ici plus particulièrement à la prématurité, à la maltraitance infligée aux jeunes de moins de 18 ans, au nombre encore important de jeunes mères peu scolarisées qui sont seules à élever leurs enfants, à tous ces jeunes qui entrent au secondaire avec un retard de cheminement scolaire, aux crimes commis en contexte conjugal envers les femmes ainsi que les infractions sexuelles envers les jeunes filles de moins de 18 ans. Également, bien que la majorité de la population considère sa santé mentale très bonne ou même excellente, le haut taux de suicide des hommes de la région demeure une préoccupation. La problématique de l'obésité aussi mérite une attention particulière.

En somme, ces quelques constats traduisent l'impor- tance de continuer à se soucier des problèmes de dévelop- pement et d'adaptation sociale des enfants, mais aussi de ceux des adultes, et à investir les efforts nécessaires à leur prévention.

Au niveau du vieillissement de la population, mentionnons d'abord qu'entre 1981 et 2006 la population gaspésienne et madelinienne n'a cessé de décroître. Or, comme nous le disions un peu plus tôt, les dernières projections démographiques de l'Institut de la statistique du Québec basées sur les données de 2006 sont plutôt encourageantes, puisqu'une stabilité de la population régio- nale est anticipée pour les 20 prochaines années. Cela dit, la population de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine poursuivra son vieillissement. Actuellement, en 2006, 17,4 % de la population est âgée de 65 ans et plus, et on prévoit, selon les projections les plus récentes, que ce pourcentage s'établira à 34,3 % en 2026. Au Québec, la population vieillit, mais à un rythme moins rapide. De 14 % en 2006, la proportion des aînés passera à 23,4 % en 2026.

Ce phénomène démographique qu'est le vieillis- sement aura bien sûr pour conséquence d'augmenter l'ampleur de certains problèmes de santé, dont les maladies chroniques, les fractures et la maladie d'Alzheimer, et exercera une pression supplémentaire sur notre système de soins. Le vieillissement de la population constitue donc un défi de taille auquel nous devons faire face.

Par contre, il est loin d'être l'unique facteur à l'origine des problèmes de santé qui confrontent notre population et ne devrait donc pas nous faire perdre de vue tous les autres facteurs qui influencent la santé et que nous pouvons modifier. L'adoption de saines habitudes de vie, de politiques publiques favorables à la santé, le dévelop- pement économique, l'amélioration de l'accès aux services de santé, à l'éducation, aux logements et aux services de garde pour les plus démunis et l'amélioration de la qualité de l'environnement où ils vivent, pour ne nommer que ceux-là, sont reconnus comme des facteurs d'influence plus importants encore que le vieillissement et sur lesquels, par surcroît, nous avons le pouvoir d'agir.

M. le Président, nous souhaiterions aujourd'hui profiter de notre présence pour vous entretenir d'une des facettes dont on parle peu souvent, c'est-à-dire l'organisation des services dans une région comme la nôtre. À l'échelle du Québec, lorsqu'on parle de région éloignée et de milieu rural, on a beaucoup plus tendance à mettre en avant-scène les désavantages de la vie en région que les avantages qui y sont associés.

Bien entendu, l'Agence de la santé et des services sociaux doit travailler avec un réseau grandement dispersé sur le territoire. Dans notre région, desservir 94 000 habi- tants nécessite cinq hôpitaux, huit urgences 24/7, le déploie- ment de 28 ambulances, de 37 équipes de premiers répondants, quelque 52 installations que possèdent nos établissements publics de santé et de services sociaux, sans compter les 106 organismes communautaires auxquels je viens de faire référence. Oui, cela a un coût et constitue un défi quotidien d'organisation de services.

n (9 h 50) n

Des formules parfois plus créatives et originales doivent être inventées pour assurer une couverture de services adéquate. On réalise cependant que ces modèles deviennent parfois des atouts pour attirer et retenir le personnel. Prenons à titre d'exemple l'unité mobile d'imagerie par résonance magnétique que nous avons mise en place avec le ministère et nos établissements et qui fait en sorte que chacun des milieux est visité par ce service mobile.

Chacun des centres de santé a son équipe de base et est en mesure de rendre le service à proximité. Nous avons vraiment travaillé en fonction d'une adaptation de la réalité de notre milieu en faisant déplacer l'équipement plutôt que la population et en allant visiter chacun des milieux, y compris les Îles-de-la-Madeleine. Donc, à compter d'un horaire établi sur une base annuelle, nous avons, depuis 2007, une couverture de services optimale qui permet d'enrayer des listes d'attente et, plus encore, qui évite à notre population de franchir de grandes distances pour obtenir ce genre de services.

Nous devons aussi travailler de manière plus con- vaincante dans le domaine des télécommunications et des technologies d'information. Nous pouvons, par une foule de moyens, rehausser la quantité et la qualité de nos services en créant des liens avec des équipes d'experts logés dans des grands centres en support à nos professionnels. Nous sommes actuellement à terminer la planification du déploie- ment de services d'hémodialyse, qui ne pourraient se faire sans la contribution des néphrologues, qui seront en lien avec nos spécialistes en médecine interne. Nos travaux avec le RUIS-Laval nous permettent d'avoir ce type de projet. Cela aura sans doute encore des effets positifs sur notre population, car les personnes atteintes doivent parfois quitter la région définitivement pour recevoir ces services.

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Nous sommes conscients que nous devons travailler de plus en plus fort pour que chacun des territoires de notre région puisse rendre des services à la hauteur des besoins de sa population. Nous nous retroussons les manches et nous abordons l'avenir avec une attitude positive.

Nous croyons aussi que certaines solutions résident dans un plus grand arrimage avec l'intersectoriel. Nos partenaires des autres ministères peuvent parfois nous prêter main-forte pour franchir des obstacles qui se dressent devant nous, que ce soit dans le secteur de la formation, de l'emploi, du recrutement, de l'application de certains programmes qui ont des impacts sur les déterminants de la santé. Comme vous pouvez le constater, M. le Président, nous croyons que le futur d'une région comme la nôtre, celle de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine, réside dans la force qu'elle développe actuellement en se relevant des durs coups subis dans les dernières années et qui l'amène à se définir une place enviable au sein de l'échiquier provincial.

Le Québec d'aujourd'hui ne serait pas ce qu'il est sans l'apport des régions comme la nôtre. Les Fêtes du 475e anniversaire de l'arrivée de Cartier sur le continent nord-américain ont mis en lumière les réalisations impor- tantes de la population de la région, c'est certain, mais ce qu'elles ont fait jaillir, c'est un profond attachement d'une population à son coin de pays. Le rayonnement de ce que vient de vivre Gaspé, l'année dernière, fut une célébration au courage et à la volonté d'occuper ce vaste territoire et de poursuivre son développement.

En ce qui concerne les ressources humaines, l'apport du réseau de la santé et des services sociaux dans ce domaine n'est pas négligeable. Que l'on pense uniquement au fait qu'avec ses 3 000 employés nous représentons l'employeur le plus important de la région avec tout ce que cela implique en guise de retombées sociales et économiques. Nous pouvons compter sur du personnel dévoué et attentionné. C'est la base sur laquelle s'appuie notre réseau. Il en a encore fait preuve lors de la campagne de vaccination contre la grippe A (H1N1), alors que plus de 73 % de la population de la région a été vaccinée. De plus, le taux de satisfaction à leur égard par la population est sans contredit le plus élevé au Québec, selon le dernier sondage de l'Institut de la statistique du Québec.

Il faut cependant penser à la relève, aux stratégies d'attraction, de recrutement et de rétention du personnel de la santé dans un contexte où la pénurie de personnel se fait sentir dans plusieurs secteurs d'activité, notamment en santé et en services sociaux. Nous venons d'ailleurs de nous doter d'une stratégie régionale de main-d'oeuvre qui vise à renforcer nos efforts d'attraction pour assurer la pérennité de notre système en misant sur des actions novatrices adaptées aux réalités de notre région ainsi que sur l'arrivée sur le marché du travail de nouvelles générations de tra- vailleurs. Plus encore, la révision de nos façons de faire doit nous amener à mieux utiliser notre main-d'oeuvre et à nous assurer que les compétences de nos personnes soient utilisées à l'optimum. Il existe encore dans notre région des gains à faire en performance.

Ainsi, il faut faire en sorte que nos travailleurs soient valorisés dans le cadre des collaborations inter- disciplinaires où chacun joue son rôle auprès de l'usager;

en somme, la bonne personne au bon moment et au bon endroit. Ces personnes sont nos relayeurs, nos ambassadeurs qui assureront l'attraction et la rétention de la relève.

Notre région demeure vulnérable quant à la rareté de la

main-d'oeuvre en soins infirmiers, en réadaptation et en pharmacie.

En ce qui a trait à la situation financière régionale, la situation financière de nos établissements publics est un souci constant. Pour quelques-unes de ces organisations, la situation est précaire et nécessite l'adoption de plan de redressement. Nous croyons que ce n'est pas prioritairement une question de financement supplémentaire mais plutôt de façons de faire qui doivent être revues. Le retour à l'équilibre budgétaire passe, entre autres, par des changements dans l'organisation du travail et la révision des processus et des services. Certains établissements ont déjà fait ces modi- fications sans toucher l'accessibilité, la continuité ou la qualité des services, et cela a même favorisé le dévelop- pement de services moins lourds et mieux adaptés.

L'équilibre budgétaire est possible sans pour cela compromettre les services à la population. Il existe cependant des zones de fragilité. Nous avons peu d'emprise sur les coûts des médicaments ou les frais pour le dépla- cement des usagers, par exemple. Une seule hausse de l'un de ces postes budgétaires ou une augmentation subite des cas en assurance salaire peut facilement faire la différence entre un surplus et un déficit. Nous travaillons donc étroitement avec les organisations en place afin d'assurer les suivis de la situation globale, mais aussi sur des éléments qui peuvent permettre certains virages essentiels et un retour à l'équilibre financier.

Au chapitre de l'organisation des services, nous menons différents chantiers, et ce, dans la grande majorité des programmes. Notre principal objectif est d'atteindre une meilleure intégration des différents services en mettant à contribution les partenaires concernés par l'amélioration de la santé et du bien-être de la population.

Nous adopterons bientôt notre planification stra- tégique 2010-2015, et, à la base de nos discussions, on retrouve évidemment cette préoccupation d'intégration mais aussi l'ouverture à explorer des nouveaux modèles d'orga- nisation qui correspondent aux besoins d'aujourd'hui et de demain, et ce, sur un vaste territoire comme celui de la Gaspésie et des Îles-de-la-Madeleine. Par exemple, le vieillissement de la population et le changement de culture font en sorte que les gens ne veulent plus terminer leurs jours en institution mais auprès des membres de leur famille et dans leur communauté. La reconfiguration de notre offre de services met l'emphase sur le développement de ressources adaptées à une clientèle en plus grands besoins dans la communauté. De plus, le développement d'approches novatrices et des partenariats permet de bonifier notre offre de services à domicile afin de maintenir ces personnes dans leur milieu.

Cette année, nous mettrons en place de nouveaux services pour répondre aux besoins de la population.

L'ouverture d'une unité de réadaptation fonctionnelle intensive permettra à la clientèle de recevoir des services dans la région. De plus, la mise en place d'un programme intégré en négligence dans chacun des territoires de réseaux locaux permettra une adaptation de nos services afin de mieux répondre aux jeunes et à leurs familles.

Cela m'amène également à parler de la certifi- cation des résidences privées. À l'heure actuelle, 84 % des résidences sont certifiées. Bien qu'essentielle, l'opération exigeait un très gros effort auprès de nos résidence privées, puisque nous avons dû les aider et les supporter inten- sément pour compléter la démarche de certification, avec

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comme effet que certaines ont dû fermer leurs portes, puisque la démarche était trop lourde pour elles. Avec seulement quelques personnes âgées sous leur toit, il était difficilement viable pour elles de se lancer dans une opération visant à se conformer aux exigences et aux normes.

L'offre de service médical dans la région s'est améliorée depuis les dernières années. Nos plans d'effectifs médicaux sont comblés à 80 %, autant en omnipratique qu'en spécialité. La région dispose de trois groupes de méde- cine de famille, les GMF, accrédités: Sainte-Anne-des-Monts, Gaspé et les Îles-de-la-Madeleine, qui bientôt ouvrira ses portes, de deux unités de médecine familiale, Gaspé et Maria, qui permettent à de jeunes médecins de venir pra- tiquer dans un contexte d'enseignement et de découvrir la pratique en région.

La région commence à récolter les fruits d'un énorme travail de concertation face à une opération de recrutement continu. La Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine attire une large part des nouveaux médecins annuellement, et ce, à travers une pénurie de finissants à l'échelle du Québec. Nous avons réussi au fil des dernières années à augmenter de 10 % à 12 % le nombre de médecins dans notre région. À l'heure actuelle, nous disposons de 150 mé- decins omnipraticiens sur une possibilité de 189 et de 78 spé- cialistes sur une possibilité de 99. Pour vous donner un aperçu des efforts de recrutement, pour les années 2009 et 2010, nous misons sur l'arrivée de 44 nouveaux médecins, alors que le nombre de départs est de 15, un bénéfice net de tout près de 30 médecins en deux ans. Mais la partie n'est pas gagnée, puisqu'il demeure une disparité entre nos différents territoires. Que l'on songe notamment à la Haute- Gaspésie, où nous disposons d'à peine 50 % des effectifs requis en omnipratique. Cette situation entraîne des ruptures et ne permet pas d'assurer certains services que nous considérons de base, tel que le service d'obstétrique, interrompu depuis maintenant deux ans.

Pour rétablir un tel service, nous avons besoin d'un milieu médical fort et dynamique qui permettra d'assurer un service permanent aux femmes de ce territoire. Le retour des suivis de grossesse en Haute-Gaspésie est un premier pas vers une reprise éventuelle du service, mais cela ne doit pas s'arrêter là. C'est pourquoi nous nous sommes dotés d'un plan d'action particulier pour ce territoire. Nous voulons éviter un effritement des services au profit d'autres régions, puisque chaque service qui disparaît contribue à fragiliser notre milieu et à freiner notre développement, en plus d'exiger à notre population des centaines de kilomètres pour obtenir des services qu'ils pourraient recevoir dans leur propre milieu.

n (10 heures)n

Mais, pour arriver à redynamiser ce secteur, nous ne pouvons travailler seuls. Il importe de s'assurer la colla- boration de tous les acteurs du milieu pour que nous travaillions tous dans le même sens pour créer un climat favorable au recrutement des médecins et autres travailleurs de la santé et, en conséquence, de créer un tissu social plus solide.

Enfin, je m'en voudrais de passer sous silence le rôle d'une instance régionale dans une région comme la nôtre. Encore tout dernièrement, l'organisation des cliniques de vaccination massive dans le cadre de la grippe A(H1N1) et les résultats obtenus ont confirmé l'importance d'un lieu décisionnel près de nos établissements et le plus près possible de notre population. La coordination, la concertation et

la mobilisation du réseau et du milieu sont des défis que nous ne devons... que nous nous devons de relever au quotidien comme agence et qui ont tous leur importance, particulièrement lorsque vient le temps de définir une planification régionale et de déterminer nos orientations et nos façons de faire qui nous sont propres.

Notre responsabilité a évolué et dépasse largement l'organisation des services mais exige l'établissement de partenariats et d'alliances entre les différents ministères et les partenaires intersectoriels régionaux. Je vous remercie, M. le Président, et je suis maintenant disposé à répondre à vos questions.

Le Président (M. Kelley): Merci beaucoup, M. Pelletier, pour ce survol rapide de toutes vos activités sur quelques années. Je sais que ce n'est pas un défi facile, mais je pense que vous avez mis la table pour une période d'échange avec les membres de la commission. Alors, la première personne qui a demandé d'intervenir, c'est le député des Îles-de-la-Madeleine, qui, je pense, a un certain intérêt dans ces sujets, une certaine connaissance aussi.

Alors, M. le député.

M. Chevarie: Merci, M. le Président. Très heureux à mon tour d'accueillir les représentants de l'agence de la santé et des services sociaux à l'Assemblée nationale, évidemment votre Assemblée nationale également. Je profite aussi de l'occasion pour saluer la contribution et l'implication de l'agence de santé dans le défi de la vac- cination H1N1, également les établissements de santé et de services sociaux, particulièrement les CSSS. Je pense que vous avez relevé le défi de cette campagne nationale de vaccination avec brio et je suis très fier de vous, très fier de l'agence, très fier des représentants des CSSS.

Ma première question va être plus d'ordre général, puis après ça on ira avec des questions un peu plus détaillées ou pointues. Bon. Je pense que, M. Pelletier, vous l'avez très bien exposé, le réseau de la santé et des services sociaux Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine est impliqué dans une région qui présente de nombreux défis tant par sa situation géographique, complètement à l'est du Québec, la dis- persion de la population sur le territoire, une grande région qui est presque un pays, les Îles-de-la-Madeleine qui sont complètement en plein centre du golfe du Saint-Laurent et qui ont quand même une population de 13 000 habitants.

Alors, vous êtes confrontés évidemment à ces différentes contraintes en plus de coordonner un réseau de services qui est multiple, complexe et diversifié. J'aimerais ça que vous disiez aux membres de la commission comment est-ce qu'on réussit à y arriver, parmi toutes les commandes ou tous les besoins au niveau de la population, et quelle est votre appréciation de cette performance-là?

Le Président (M. Kelley): M. Pelletier.

M. Pelletier (Gilles): D'abord, merci, M. Chevarie, pour... d'avoir souligné les efforts qui ont été consentis dans la grippe A. Je pense qu'effectivement, pour la région, c'est un très beau succès. Le dévouement, je veux dire, des employés, pendant cette période-là a fait en sorte qu'effectivement, comme région, on a été évalués comme la plus performante au Québec, et on en est très fiers. On l'a souligné d'ailleurs à tous nos établissements.

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M. Drainville: Vous avez été évalués performants, l'agence?

M. Pelletier (Gilles): Oui. Pour la couverture, pour la couverture pour la région.

M. Drainville: Ah! pour la H1N1.

M. Pelletier (Gilles): Oui, la H1N1. Oui, tout à fait. Donc, écoutez, la question que vous me posez est très intéressante, parce qu'on peut parler à ce moment-ci de l'approche que nous avons au niveau de la région, c'est- à-dire une approche de proximité. On pense, nous, qu'il y a effectivement, dans une région comme celle de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine, des gains intéressants qui se font sous l'angle de la proximité, c'est-à-dire qu'on a des relations très étroites avec nos centres de santé, avec tous nos établissements, les établissements régionaux aussi. Les maillages qui se font dans un tel contexte nous permettent effectivement de pouvoir compter sur des résultats qui parfois nous semblent inatteignables, mais, par le dévoue- ment, par aussi l'esprit de collaboration qui s'est toujours développé au sein de ce réseau-là, parfois on réussit à franchir des barrières qu'on ne s'imaginait pas être en mesure de franchir.

On a aussi, depuis les dernières années, essayé de développer des modèles qui sont beaucoup plus adaptés aux réalités de nos régions. Je parlais tout à l'heure de tout le volet d'adaptation de services à nos communautés éloignées. Je parlais, entre autres, du projet d'imagerie par résonance magnétique, où je mentionnais qu'on avait bâti avec le ministère et en collaboration avec nos établis- sements... Parce que tous nos établissements sont pro- priétaires de l'appareil. Donc, on a travaillé à la mise en place de ce projet-là de façon conjointe, et ce que ça a donné comme résultat, bien c'est que ça a éliminé à peu près toutes nos listes d'attente. La population n'a plus à se déplacer. Donc, c'est des exemples qui font en sorte que la proximité, je veux dire, avec nos citoyens est beaucoup plus grande, et il y a une satisfaction qu'on perçoit là.

On a aussi, depuis 1997-1998, pris un virage important au niveau du soutien à domicile. Et, si vous avez pris connaissance de nos résultats en soutien à domicile, vous verrez que, peu importe le programme, on a largement dépassé les cibles de 2010. Donc, ce souci-là d'essayer de maintenir le plus longtemps possible les gens dans leurs communautés, les garder actifs dans leurs communautés, ça a toujours été pour nous une préoccupation importante.

Et on a adapté, toujours, nos services en fonction de la réalité de nos territoires. On a encore beaucoup de travail à faire, mais ce qu'on a à faire principalement, c'est de consolider cette approche-là qu'on a et de faire en sorte aussi qu'on puisse utiliser, je veux dire, les services les moins lourds et garder, je veux dire, vraiment au bon moment au bon endroit les services les plus lourds.

Donc, c'est comme ça qu'on essaie de constituer dans notre région nos services à la population. Et je vous dirais que, oui, il y a un coût à payer pour ça, parce que huit urgences sur un territoire comme le nôtre, 24/7, ça veut donc dire, oui, un bon nombre de médecins employés à couvrir les services à l'urgence, mais en même temps c'est souvent le prix à payer pour pouvoir garder des régions comme la nôtre bien vivantes.

M. Chevarie: Vous parlez d'une approche, une relation de proximité avec la population du territoire. Vous avez aussi exprimé le dossier de la résonnance magnétique comme un coup dont vous êtes extrêmement fiers. Et effectivement ― j'étais directeur général dans le temps au CSSS aux Îles-de-la-Madeleine, puis je pense que ça... ― un dossier comme celui-là démontre, je dirais, l'innovation et la recherche de nouvelles idées ou de nouvelles façons de faire pour adapter les services et rendre les services accessibles dans nos communautés. Parce que c'était tout un dossier, d'abord, de concertation avec les autres établis- sements et avec vous autres, et défendre ce dossier-là au ministère de la Santé et des Services sociaux.

Est-ce que vous avez d'autres dossiers dont vous êtes particulièrement fiers de nous parler? Et peut-être un autre volet, c'est au niveau de la... Quelle est votre lecture au niveau de la... de la satisfaction de la population par rapport à l'ensemble des services offerts par les établissements sous la coordination de l'agence?

M. Pelletier (Gilles): Bien, écoutez, vous êtes sans doute au courant qu'en 2008 nous avions eu un sondage à l'échelle du Québec dans lequel on faisait état de la satisfaction, du taux de satisfaction des usagers en rapport avec les services qui étaient offerts au sein des établis- sements du réseau. Et, là aussi, nous avions eu les résultats les plus importants du Québec, où la population a manifesté un taux de satisfaction de plus de 95% pour tous les services reçus, tant au niveau des centres hospitaliers que des CLSC.

Évidemment, on ne pouvait pas, là-dedans, inclure, comme les autres régions du Québec, les cliniques privées, parce que, chez nous, ce n'est pas nécessairement une donnée qui... ou un élément qui est très, très présent.

Cependant, ce qui était fort intéressant à l'intérieur de ce sondage-là, c'est que, contrairement aux autres sondages qu'on avait eus antérieurement dans le réseau, ce sondage- là était passé particulièrement auprès des clientèles qui avaient utilisé dans les six derniers mois les services auprès du réseau, dans le réseau de la santé et des services sociaux, donc dans les établissements. Et là on s'apercevait qu'il y avait un haut taux de satisfaction qui était manifesté par cette population-là.

Donc, au niveau... que ce soit au niveau des attentes, que ce soit au niveau des services reçus, du dévouement du personnel, la considération des professionnels à leur égard, on avait, à ce moment-là, des résultats qui étaient très, très importants, très intéressants aussi, et qui a fait en sorte que ça a eu un certain rayonnement aussi auprès de notre personnel.

n (10 h 10)n

M. Chevarie: Ma prochaine question toucherait le bilan de santé de la population. Peut-être, c'est le Dr Bernier qui va apporter les éléments de réponse à cette question-là.

Bon, j'aimerais ça savoir un peu comment est-ce qu'on qualifie le bilan de santé de la population Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine par rapport au Québec, espérance de vie, le tabagisme, bon, vous avez mentionné le taux de suicide qui est quand même relativement élevé, les pro- blèmes de santé mentale. J'aimerais ça avoir votre opinion de façon assez générale, mais peut-être y apporter les nuances qu'il faut par rapport à l'ensemble du Québec.

M. Pelletier (Gilles): Si vous le permettez, je pourrais céder la parole au Dr Bernier, mon directeur de

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la santé publique, qui saura beaucoup mieux que moi vous donner les nuances qu'il faut.

Le Président (M. Kelley): Dr Bernier.

M. Bernier (Christian): Alors, de façon récurrente nous traçons, comme vous le savez, des portraits de santé.

Alors, de façon générale l'état de santé de la population Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine se compare à l'état de santé, de façon générale, de la population du Québec. Bien sûr, il y a des particularités, il y a des points qui sont en notre défaveur, il y en a d'autres qui sont en notre faveur.

Parmi les points en notre défaveur, il y a l'espérance de vie, au niveau des hommes, qui accuse un certain retard par rapport à l'espérance de vie chez les hommes, à la population du Québec, de l'ordre de 1,6 an. On sait que, depuis 25 ans, l'espérance de vie de la population du Québec augmente. Elle augmente également en Gaspésie et aux îles, mais ce qu'on remarque, c'est qu'il y a toujours un petit décalage avec... entre la Gaspésie et le restant du Québec, et ça, surtout chez les hommes. Donc ça, c'est un trait qui est en notre défaveur.

Par ailleurs, vous avez mentionné les taux...

M. Chevarie: Ce qui veut dire que, chez les femmes, c'est similaire?

M. Bernier (Christian): C'est similaire, parfois même au-dessus. On a vu... Moi, ça fait 17 ans que je suis directeur de santé publique, donc c'est sûr que ça change, on fait ça aux trois, quatre ans, les portraits de santé. Chez les femmes, on a même vu... Dans la population des Îles, à un moment donné, en 2005, on avait fait... que les femmes vivaient deux ans plus vieilles que les femmes du Québec.

Alors, il y a des variations, bien entendu, mais de façon générale l'espérance de vie des femmes est la même que celle des hommes.

En notre défaveur, il y a les taux de suicide, malheu- reusement, qui... À partir des années 2000, on a vu qu'au Québec et en Gaspésie et aux Îles les taux de suicide ont... C'est-à-dire, dans les débuts des années quatre- vingt-dix... À partir des années 2000, les taux de suicide ont diminué au Québec et, malheureusement, ont continué d'augmenter en Gaspésie et aux Îles, quoique, les deux der- nières années, on voit que la courbe se met à redescendre, heureusement. Donc ça, c'est un trait encore en notre défaveur.

Maintenant, il y a des points également qui sont en notre faveur. Je pense, par exemple, aux taux de grossesse précoce chez les adolescentes, alors on a des taux in- férieurs; nos taux d'infection, en infections transmises sexuellement, en hépatite C. Sur le plan de l'alimentation, aussi, les gens consomment davantage de fruits et légumes.

Ça fait que ça, c'est les bons. On sait que les habitudes de vie sont extrêmement importantes pour les maladies chroniques.

Donc, il y a des... il y a certains indicateurs qui sont en notre défaveur, d'autres qui sont en notre faveur, mais de façon générale l'ensemble des indicateurs se comparent aux indicateurs de la population du Québec.

Maintenant, l'évolution du portrait de santé depuis 25 ans, comme je le disais tantôt, on a... la population de la Gaspésie et des Îles, la population du Québec, donc, vivent plus longtemps. Nos taux de tabagisme diminuent. Il y a...

Les maladies cardiovasculaires ont diminué de moitié. Donc, il y a des choses qui continuent à s'améliorer, et ce, dans les deux populations.

M. Chevarie: Est-ce qu'il me reste encore du temps?

Le Président (M. Kelley): Oui, oui. Un autre huit minutes.

M. Chevarie: O.K. En ce qui concerne les infec- tion nosocomiales, SARM, C. difficile, comment se com- porte la région sur cette problématique-là, là, qui est présente un peu partout dans les... particulièrement dans les hôpitaux du Québec, là? Comment se situent nos hôpitaux par rapport à ces problématiques?

M. Pelletier (Gilles): Écoutez, M. Chevarie, nous avons, du côté de nos centres hospitaliers, d'abord des plans d'action qui ont été adoptés partout. On a réussi un excellent contrôle au cours des dernières années. Les épisodes de SARM, de C. difficile ont été contrôlés très rapidement du fait que, dans chacun de nos établissements, on a des équipes, on a des plans d'action, on a des respon- sables, des infirmières en infectiologie qui sont là et qui sont dédiés de manière importante au niveau du suivi.

M. Chevarie: Particulièrement au niveau des infirmières, est-ce qu'on atteint les ratios qui sont fixés par le ministère?

M. Pelletier (Gilles): Tout à fait. Nous sommes dans les ratios, et même, à certains endroits, un peu supérieurs aux ratios. Donc, on a, à ce niveau-là, des alertes rapides et on a des infirmières très vigilantes, je veux dire, au niveau des... Et c'est pour ça, je pense, qu'on a eu très peu, mais très peu d'épisodes et, lorsqu'on en a eu, ça a été contrôlé très rapidement au sein de nos établissements.

Je ne sais pas si le Dr Bernier voudrait rajouter quelque chose là-dessus?

Le Président (M. Kelley): Dr Bernier.

M. Bernier (Christian): Oui. Alors, vous savez que, depuis quelques années, on a porté... on a été très pré- occupés par ces infections dans nos hôpitaux, et, depuis plusieurs années donc, il y a eu de multiples interventions qui ont été mises en place partout au Québec mais aussi en Gaspésie et aux Îles, dont les infirmières pivots, le fait de se doter de programmes de contrôle d'infections dans nos centres hospitaliers, d'avoir des comités régionaux, etc.

Et on a vu les infections nosocomiales chuter, et particu- lièrement chuter, je vous dirais, aussi en Gaspésie et aux Îles. Actuellement, on est bien... on est en dessous des taux du Québec, donc c'est très intéressant. Et fait intéressant aussi, c'est: avec toutes les mesures d'hygiène qui ont été publicisées avec la pandémie de H1N1, on s'est rendu compte que ça a eu des effets également sur les taux d'in- fections nosocomiales. Donc, les bonnes mesures d'hygiène ont bénéficié aussi aux taux d'infections nosocomiales.

M. Chevarie: Est-ce que ça a nécessité l'ajout de ressources financières ou c'est l'organisation de travail qui fait en sorte qu'on arrive avec des résultats aussi intéressants?

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M. Pelletier (Gilles): Bien, d'abord, dès le point de départ, on a effectivement dû injecter, pour les postes d'infir- mières en nosocomiales, des sommes pour permettre l'installation dans chacun des centres de santé d'au moins une infirmière pour répondre au ratio. Et, depuis, je pense qu'il y a eu au sein des établissements des efforts qui ont été consentis en organisation du travail mais aussi en prévention, ce qui a fait en sorte que là on se retrouve, je veux dire, dans une situation avantageuse au niveau provincial, je trouve.

M. Chevarie: Peut-être une dernière question dans ce bloc-là. Les services préhospitaliers d'urgence, service ambulance, les premiers répondants, je sais que générale- ment, dans l'ensemble de la région et aux Îles-de-la-Madeleine, les services sont très bons. Mais il y a encore des secteurs un peu plus faibles. Si je prends, par exemple, dans mon comté, aux Îles-de-la-Madeleine, la partie est des îles, Grande-Entrée et Grosse-Île, le taux de réponse n'est peut- être pas nécessairement en fonction des normes reconnues par le ministère, particulièrement pour se rendre à Grande- Entrée qui est quand même à une cinquantaine de kilo- mètres, là, de Cap-aux-Meules. Quels sont les... Puis je pense aussi qu'il y a quelques difficultés dans certains secteurs de la Gaspésie. Quelles sont les actions que vous prenez actuellement pour tenter de répondre à ces problématiques- là au niveau des services préhospitaliers d'urgence?

n (10 h 20)n

M. Pelletier (Gilles): Oui, bien, en fait, je suis très content que vous mentionniez les services préhospitaliers d'urgence, parce que, vous savez, puis je le mentionnais dans l'allocution, on a quand même 37 équipes de premiers répondants sur le territoire, 300 bénévoles, 456 bénévoles formés dans nos équipes de premiers répondants. Ce qu'il y a comme impact, évidemment que, sur les lieux d'un accident ou lorsqu'il y a une intervention à faire, les premiers répondants sont toujours les premiers arrivés, évidemment, Donc, ça a souvent effet de préparer l'arrivée de l'ambu- lance. Et ça a sûrement, au cours des dernières années, eu un impact aussi sur la santé de notre population.

Il y a effectivement des taux de réponse, je veux dire, qui sont variables d'un territoire à l'autre en Gaspésie et aux Îles-de-la-Madeleine. On comprend qu'à certains endroits où la communauté est plus regroupée les taux réponse sont beaucoup meilleurs que, par exemple, lorsqu'on se retrouve dans les terres, derrière les grandes com- munautés, où là, je veux dire, on a des taux de réponse qui peuvent varier entre 15, 20, 25 minutes, même. Évidem- ment, quand on regarde du côté des Îles-de-la-Madeleine, on vit la même chose. Donc, à l'île centrale, on a un taux de réponse qui est très, très acceptable. Quand on va du côté ouest aussi, on a un taux de réponse qui est assez... on a un temps réponse assez intéressant. Mais, quand on fait la moyenne, effectivement, avec l'est, on se retrouve avec un temps réponse qui est plutôt élevé.

On a soumis des hypothèses du côté ministériel pour justement envisager quelques solutions à cette situation- là. Quoiqu'à l'heure actuelle la réceptivité de ce projet-là ne fait pas l'unanimité et qu'on doit encore faire des dis- cussions, il n'en demeure pas moins que... Je pense qu'il y a encore des voies de passage à explorer. Entre autres, on vit actuellement sur le territoire, surtout en Baie-des-Chaleurs, un projet pilote qui pourrait nous permettre peut-être, avec les conclusions qui seraient éventuellement soumises

par l'AETMIS ou l'INESSS, là, dépendamment quand ça rentrera en fonction... On pourrait, à ce moment-là, voir s'il n'y a pas des aménagements avec des horaires parti- culiers qui pourraient être faits et qui feraient en sorte d'optimiser le positionnement des ambulances sur le territoire des Îles-de-la-Madeleine.

Donc, ce qu'on souhaiterait, je veux dire, c'est évidemment de prendre en considération la particularité des Îles, surtout pour le secteur est, et de voir, dans les conclusions, je veux dire, qui tournent autour du projet pilote qu'on a dans la Baie-des-Chaleurs, si on ne pourrait pas...

avec les observations qui sont faites là, les conclusions qui en sont tirées, si on ne pourrait pas appliquer une certaine partie de ce qu'on est en train d'expérimenter du côté de la Baie-des-Chaleurs aux Îles-de-la-Madeleine, entre autres au niveau des horaires et du positionnement des ambulances sur le territoire. Je pense qu'on aurait là peut-être une solution mitoyenne qui serait peut-être un peu moins coûteuse que ce qui est actuellement sur la table en termes de projet et qui donnerait peut-être des résultats. Mais, encore là, il faudra attendre les conclusions, je veux dire, des rapports de l'AETMIS.

Le Président (M. Kelley): Merci beaucoup. M. le député de Marie-Victorin.

M. Drainville: Merci, M. le Président. Pour ce premier bloc, c'est ma collègue de Matapédia qui va poser les questions. Merci beaucoup.

Le Président (M. Kelley): Alors, Mme la députée de Matapédia.

Mme Doyer: Merci, M. le Président. Alors, je vais essayer d'avoir des questions courtes pour avoir plusieurs réponses. Et d'abord je veux vous souhaiter la bienvenue, vous dire que je suis bien contente de vous recevoir en reddition de comptes ici. Je vais commencer, M. Pelletier, par... Tantôt, mon collègue vous encensait. Loin de moi l'idée de ne pas vous encenser, de ne pas faire ça, mais il y a, par rapport à un des dossiers dont je suis responsable, les services sociaux... ― ma collègue Lisette Lapointe est responsable des aînés. Mais on a ici un article qui dit qu'il y a eu un fort niveau de plaintes en Gaspésie concernant les services à domicile. Alors, moi, j'aimerais ça... Vous êtes sûrement au courant de ça, par rapport à la Protectrice du citoyen. Alors, en quoi consistaient ces plaintes-là?

Est-ce que vous êtes au courant, M. Pelletier?

M. Pelletier (Gilles): Bien, écoutez, ça remonte quand même à quelques années?

Une voix: Non, c'est l'an dernier.

Mme Doyer: Non, pas du tout, c'est l'an dernier.

M. Pelletier (Gilles): L'an dernier?

Mme Doyer: Je vous l'ai...

Une voix: ...

Mme Doyer: Merci, c'est ma... bon, merci. «Les Gaspésiens se plaignent beaucoup de leurs services de

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santé, et souvent avec raison, démontre un rapport de la Protectrice du citoyen.» Donc, une première nuance. «La Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine comptent 1,2 % de la population du Québec mais ont exprimé 8,6 % des plaintes sur la santé et les services sociaux examinées en 2006-2007 ― c'est quand même il y a quelques années ― par la Protectrice du citoyen. Des 33 plaintes reçues dans ce domaine, près de la moitié se sont révélées fondées.»

Et c'était vraiment sur les services à domicile et...

Qu'est-ce que... Et là on est en 2010, c'est quand même...

regardez, c'est à peu près l'horizon de reddition de comptes, hein, quatre, cinq ans. Alors, qu'est-ce qui a été fait par rapport aux services à domicile? Puis, en même temps, brossez-moi un court portrait de comment a évolué votre situation par rapport à l'accessibilité de ces services-là dans votre région, qui est quand même... C'est un grand défi de bien donner des services chez vous.

Le Président (M. Kelley): M. Pelletier.

M. Pelletier (Gilles): Oui, merci, M. le Président.

D'abord, écoutez, je disais d'entrée de jeu que nous avons, au niveau de la Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine, une couverture très importante au niveau des soutiens à... du soutien à domicile. D'ailleurs, je disais qu'on avait déjà dépassé toutes nos cibles 2010 dans tous les programmes.

Que ce soient personnes âgées, que ce soit au niveau de la déficience intellectuelle, déficience physique, on est partout dans les cibles et au-dessus des cibles. Cependant, ce qui est arrivé à certains égards, c'est que très souvent, je veux dire, au niveau de... je dis très souvent... il est arrivé, au niveau d'un établissement en particulier, qu'on a dû se ramener au budget qui était établi au niveau du soutien à domicile.

Une voix: Pour être en équilibre?

M. Pelletier (Gilles): Pour... pas nécessairement pour être en équilibre, mais pour offrir un service corres- pondant aussi, je veux dire, au niveau de ce qui est requis.

Ce que je veux dire là-dessus, c'est qu'il arrivait antérieure- ment que la région ait une prédisposition à répondre très rapidement aux besoins de façon plus large, c'est-à-dire qu'on saupoudrait beaucoup plus d'heures plutôt que de concentrer, O.K., et faire en sorte que les heures consenties puissent donner effet auprès de la personne qui reçoit ces services-là.

Mme Doyer: Donc, c'est peut-être... Est-ce que je comprends que c'est peut-être un peu moins de personnes mais plus d'heures-soins nécessitées, alors les gens avaient tendance à donner beaucoup d'heures à beaucoup de personnes, mais pas nécessairement dans l'intensité requise?

M. Pelletier (Gilles): Tout à fait. Et l'esprit dans lequel on a inscrit dans nos différents programmes notre continuum de services, c'est toujours d'essayer de maintenir le plus longtemps possible à domicile. Mais, si on avait une attitude de... j'appelle ça du saupoudrage, le terme n'est peut- être pas bon, mais de ne pas nécessairement intensifier, plutôt de répondre à la demande de façon systématique, là, on n'est pas à l'optimum. Donc, parfois, je veux dire, on a été obligés de réduire et de recentrer. Et on a eu aussi un mouvement qui a fait en sorte qu'un certain nombre

de responsabilités ont été prises par les centres... les corpo- rations d'aide à domicile, aussi. Donc, il y a tout un volet d'AVQ-AVD, là, qui a été pris.

Mme Doyer: Alors, je voudrais, de façon très succincte, vous parler du suicide. Parce que, chez vous, c'est quand même une cause de décès qui est préoccupante, il y a eu un taux... avec un taux, en 2007, d'environ 25 sur 100 000 contre 14 sur 100 000 au Québec. Comment évolue la situation? Et ça touche plus les hommes, hein, comme à bien des endroits.

M. Pelletier (Gilles): Oui, tout à fait. Et...

Mme Doyer: Comment sera, là...

M. Pelletier (Gilles): ...sur ces aspects pointus là, si vous le souhaitez, je passerais la parole au Dr Bernier.

Le Président (M. Kelley): Dr Bernier.

M. Bernier (Christian): Alors, oui, écoutez, si on brosse un tableau du suicide en Gaspésie, dans les années quatre-vingt, on avait des taux très, très en deçà. Rendu aux années quatre-vingt-dix, on a rejoint les taux du Québec, qui augmentaient, Gaspésie―Les Îles augmentait égale- ment, au niveau des taux de mortalité. Années 2000, Gaspésie―Îles-de-la-Madeleine continue à augmenter, Québec se stabilise et même diminue. Bon.

Comment expliquer tout ça? Bien sûr, ce n'est que des hypothèses, parce que le suicide est une problématique préoccupante, troublante, mais il reste qu'en Gaspésie et aux Îles on a vécu des transformations très, très importantes au niveau notamment économique: le moratoire des pêches, les problèmes au niveau de la foresterie, la fermeture des usines, et tout ça a bien déstabilisé la population, en particulier la population des hommes.

Mme Doyer: ...vraiment entre 30 et 49 ans, hein, comme ce que mon collègue vient de me...

M. Bernier (Christian): C'est ça. Alors, c'est principalement des hommes qui se suicident.

Mme Doyer: Des hommes actifs, qui devraient l'être si la situation allait bien.

M. Bernier (Christian): Depuis une quinzaine d'années, on a mis en place une stratégie en prévention du suicide qui comporte plusieurs aspects, qui va de l'inter- vention de crise, qui va en postvention, l'établissement des réseaux de sentinelles où on essaie que tous les milieux, en fait, soient concernés par ces problématiques-là et puissent intervenir, dans leurs limites, bien entendu. On a mis en place aussi le suivi étroit, les lignes de prévention au niveau téléphonique, des moyens aussi de, je vous dirais, désistement au niveau des armes à feu, etc., parce que c'était la première cause. Donc, plusieurs moyens ont été mis en place, des investissements également ont été faits.

Et, je vous dirais, ce qui est encourageant... Parce que, les chiffres, vous avez mentionné une année, malheu- reusement, Gaspésie et Les Îles, c'est beaucoup en dents de scie. C'est une petite population, donc, nous, quand on exprime les taux de suicide, il faut souvent le faire... il

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faut regrouper souvent par cinq ans pour pouvoir avoir une idée assez juste. Et on est... Je vous dirais que, l'année 2008, on voit... 2007-2008, on voit qu'il y a une baisse qui commence à s'amorcer, et c'est peut-être trop tôt pour le dire, parce que, comme je vous dis, moi, j'ai besoin de quatre, cinq ans pour vraiment affirmer une tendance, mais on pense que ça va régresser. D'autant plus que, je vous dirais, les grands, peut-être... Les grands événements négatifs qui se sont passés en Gaspésie et aux Îles sont peut-être derrière nous. Cette société, je pense, c'est peut-être plus positif, là, pour les années à venir.

n (10 h 30)n

Mme Doyer: Merci, Dr Bernier. Alors là, si vous me permettez, M. le Président, j'irais concernant les services de santé mentale et j'aimerais que vous me brossiez un portrait de l'évolution, dans les dernières années, très succinct, des services. Mais je vois que vous avez aussi joué sur le tableau des services infirmiers et psychosociaux généraux, mais aussi en santé mentale, plus particulière- ment dans chacun des CSSS, les services plus pointus.

Comment s'organisent les services en santé mentale chez vous, avec les priorités ministérielles qui ont été ciblées, hein: virage vers la première ligne, accès aux services en santé mentale en temps opportun, etc.? L'accès aux services, mais aussi l'intensité que vous pouvez donner, avec, je le redis, les défis qui sont les vôtres, d'une population qui est dispersée? Comment ça s'améliore et ça se... en santé mentale? Grosse question, là.

M. Pelletier (Gilles): Grosse question. Grosse réponse aussi.

Mme Doyer: ...les listes d'attente, les délais, tout ça, là.

M. Pelletier (Gilles): Oui. Écoutez, le grand défi de notre territoire, c'est d'avoir des bons suivis puis des...

des bons suivis en première ligne, donc des services de proximité. Vous comprendrez qu'on est une région ― et je pense que ce n'est pas unique au Québec ― où la santé mentale a longtemps été beaucoup trop traitée en deuxième ligne, donc en centre hospitalier. On a toujours eu une approche, je pense, beaucoup trop hospitalocentrique. La psychiatrie, la pédopsychiatrie, nous, ça s'est donné long- temps et beaucoup trop longtemps en établissement. Et ce qu'on a voulu faire au cours des dernières années, c'est d'essayer de déployer les équipes locales qui font en sorte...

Puis mailler aussi. Parce qu'on n'a pas voulu seulement déployer santé mentale, on a essayé de déployer des équipes maillées avec le secteur jeunesse. Parce qu'on se disait aussi que les problématiques des jeunes, même de très bas âge jusqu'au dépistage au niveau scolaire, c'était très important pour qu'on puisse intervenir tôt au sein de nos communautés locales.

Une voix: ...

M. Pelletier (Gilles): Tout à fait. Donc, on a encore un défi important, là, un défi important qui fait en sorte que le réflexe médical est encore beaucoup trop de ramener vers une consultation hospitalière plutôt que de supporter des équipes sur le terrain. Donc, on a actuellement commencé à déployer des équipes en santé mentale, essayé de les consolider sur chacun de nos territoires, pour faire

face justement aux pressions qui pourraient éventuellement être exercées en deuxième ligne. Il faut absolument réussir à avoir des bons suivis en première ligne.

Prévenir aussi, parce qu'ultimement ce qui se passe, même au niveau de l'hospitalisation puis même au niveau du centre jeunesse, c'est que, si on ne réussit pas à rattraper ces jeunes-là en première ligne, bien éventuellement c'est un placement puis c'est des traitements en deuxième ligne, et c'est ce qu'on ne veut pas. On veut absolument, je veux dire, que ces jeunes-là ou que ces personnes-là reçoivent, proches des leurs, les services. Donc, c'est comme ça qu'on essaie de le faire. On a encore beaucoup de travail à faire, parce qu'au niveau du déploiement des services spécialisés en pédopsychiatrie et en psychiatrie la partie n'est pas gagnée.

Mme Doyer: D'ailleurs, vous en manquez.

M. Pelletier (Gilles): En pédopsychiatrie, on a quand même un plan d'effectif assez bien constitué.

Mme Doyer: C'est correct? Ah bon.

M. Pelletier (Gilles): Au niveau de la psychiatrie aussi, parce qu'on a à peu près partout des services de base en psychiatrie, sur chacun de nos territoires. Mais ce qu'il faut réussir à faire, c'est d'avoir une couverture un peu dans l'esprit qu'on veut la... qu'on veut l'avoir, c'est-à-dire un support à nos équipes locales. Et, si on a des psychologues, si on a des neuropsychologues, si on a des gens qui sont en support en deuxième ligne et qui sont en mesure de...

d'épauler les interventions en première ligne, bien je pense que c'est gagnant, et c'est ce qu'on souhaite faire au cours des prochaines années.

Mme Doyer: Merci. M. le Président, une dernière question avant de passer la parole à mes collègues. Sur le jeu pathologique, les toxicomanies, les dépendances, comment se porte votre région? Comment évolue-t-elle dans... Et on semble, à travers la lecture des documents qu'on a eus, que vos services... les services offerts sont utilisés à 25 % de leur capacité seulement, par rapport au jeu pathologique par exemple. Et vous posez l'hypothèse que l'incidence des problèmes de jeu est moins grande dans la... dans votre région qu'au Québec en général. Sur quoi vous vous basez pour dire ça?

M. Pelletier (Gilles): Écoutez, là-dessus... Bien, je vous dirai que, d'abord, au niveau alcoolisme, toxicomanie, en termes d'organisation de services, on a fait, au cours des dernières années, des grands pas. On a...

Mme Doyer: ...ça, je l'ai vu.

M. Pelletier (Gilles): On a établi, je veux dire, une offre de services en première ligne, ce que nous n'avions pas antérieurement et ce qui est plutôt rare au Québec aussi, là, je veux dire, d'avoir dans chacun de nos milieux...

Une voix: ...MRC.

M. Pelletier (Gilles): ...oui, par territoire de centre de santé, un intervenant qui fait justement du suivi et du travail avec... du travail de proximité. On a aussi, dans

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