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Universités et universitaires dans la ville, XVIe-XVIIIe siècle

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Academic year: 2022

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Journée d’études organisée par le Service d'histoire de l'éducation (INRP) et le Centre de Recherches d’Histoire Moderne (Université de Paris I)

(25 mars 2011)

Universités et universitaires dans la ville (XVIe-XVIIIe siècles)

L’histoire des universités françaises de la période moderne apparaît aujourd’hui comme un domaine en friche1. Le sujet a certes connu des développements importants dans les années 1960 à 1980, sous la double influence des travaux pionniers de Lawrence Stone et de la sociologie de l’éducation de Pierre Bourdieu. Les historiens se sont alors emparés du sujet à travers les questionnements de l’histoire sociale et ont conduit l’histoire des universités à opérer un double basculement, méthodologique, avec le développement de l’histoire quantitative, et problématique, en abandonnant l’histoire institutionnelle et intellectuelle au profit d’une interrogation sur la place des universités dans la société. Cette veine historiographique, portée par une génération d’historiens (Dominique Julia, Willem Frijhoff,…), a privilégié l’histoire des populations étudiantes et a produit des résultats remarquables. Si ce courant n’est pas encore complètement tari et a alimenté des recherches par la suite (Patrick Ferté, Marie-Claude Tucker), il est manifestement en voie d’épuisement et ne saurait à lui seul assurer la pérennité des recherches dans ce domaine. Ce constat invite à opérer un renouvellement des problématiques propres à l’histoire des universités modernes, qui tirerait profit de la vitalité actuelle de travaux consacrés à la circulation des savoirs et au rayonnement socio-culturel des villes2.

L’approche locale, a priori contradictoire avec la vocation universaliste des universités, ne va pourtant pas de soi : qu’il s’agisse de l’histoire des idées ou de celle des populations étudiantes, les échelles nationale et internationale s’imposent plus naturellement3. Toutefois, l’analyse « micro-processuelle » est susceptible d’éclairer une double articulation méconnue de l’histoire des universités : le cadre matériel de la production des savoirs et leur inscription dans l’espace urbain ; leur rôle dans la constitution de l’identité des villes et dans la supériorité sociale de leurs élites. Plusieurs des grands processus sociaux, culturels et politiques de l’Europe moderne – confessionnalisation et sécularisation, politisation des sociétés et formation d’un espace public – pourraient alors être interrogés autour des pistes suivantes :

1. Sociétés urbaines et université. Au-delà des discours qui identifient volontiers l’université à un isolat étranger à la société et l’espace urbains, quelle est la part effective des solidarités et des modes de vie proprement universitaires ? Comment ces particularismes sont-ils concurrencés par l’inscription des membres de l’alma mater dans les réseaux sociaux, culturels, politiques ou religieux qui structurent la société urbaine ? Quels liens entretient l’université locale avec les élites urbaines ? Dans cette perspective, on pourra en particulier scruter les moments de crise et les émotions qui divisent les villes lors des conflits politiques

1 C’est le constat dressé à l’issue de la table ronde « Pour une histoire renouvelée des universités » organisée par Nicole Lemaitre le 15 mai 2008 à l’Université de Paris I-Panthéon-Sorbonne : crhm.univ- paris1.fr/activites/hst_univ/resume.pdf.

2 Voir la récente mise au point d’Antonella Romano et Stéphane Van Damme, « Penser les savoirs au large (XVIe-XVIIIe siècles), Revue d’Histoire Moderne et Contemporaine, 2008/2, n° 55-2, p. 7-18.

3 Les médiévistes ont néanmoins abordé cette échelle d’analyse : voir Patrick Gilli et Jacques Verger, Les universités et la ville au Moyen Age : cohabitation et tension, Leiden-Boston, 2007.

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ou religieux (guerres de Religion, jansénisme) et font ainsi figure de révélateurs du positionnement des uns et des autres.

2. Pouvoirs urbains et institutions universitaires. L’essence corporative de la ville et de l’université conduit fréquemment les deux entités à s’opposer pour la défense de leurs privilèges respectifs. Ces conflits et leur résolution, qui soulignent aussi la tension entre l’universalisme universitaire et les réalités locales, constituent un moyen privilégié pour étudier l’ordre public urbain. La régulation de la violence étudiante par la police urbaine retiendra notre attention, tout autant que l’écho rencontré auprès des pouvoirs civils par les différentes réformes de l’université visant à améliorer la discipline et le contrôle des mœurs estudiantines.

3. Effets matériels de la présence universitaire. Quels sont les effets locaux de la présence d’une université? L’attachement à l’espace vécu vise ici à saisir la spécificité des quartiers universitaires dans les paysages urbains. On pourra également s’interroger sur les coûts et les bénéfices économiques liés à l’installation d’une université (investissements consentis par les villes, conséquences sur la fiscalité locale, bénéfices attendus ou mesurés sur la démographie, les activités liées au logement ou à l’économie du livre…).

4. L’université et le capital symbolique de la ville. On s’attachera ici à mettre en lumière les enjeux politiques et symboliques liés à la présence (ou l’absence) d’une université pour une ville en termes de prestige, de concurrences au sein des réseaux urbain et universitaire, d’aires de recrutement des étudiants et des professeurs. Dans un mouvement nécessairement réciproque, comment ville et université s’appuient-elles l’une sur l’autre pour devenir toutes les deux « fameuses » ? Au-delà d’une analyse des discours, chacune des entreprises qui participent de ce mouvement est susceptible d’alimenter la réflexion : les municipalités conduisent-elles une politique culturelle inscrite dans la pierre et les aménagements de l’espace citadin ? Quel rôle jouent la notoriété personnelle des maîtres ou la réputation des contenus d’enseignement dans le développement de l’université et dans le pouvoir d’attraction de la ville ?

Thierry Amalou

(CRHM-Université de Paris I)

Boris Noguès

(SHE-INRP)

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