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Roms migrants en ville : pratiques et politiques

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Roms migrants en ville : Pratiques et politiques

Proposition d’appel à articles pour Géocarrefour (vol.86, 2011)

OLIVIER LEGROS ET TOMMASO VITALE

English version : see below

Les Roms migrants dans l’espace public

Ces dernières années, les villes d’Europe occidentale ont été marquées par l’arrivée de nouvelles populations, originaires de l’Europe centrale ou des Balkans et appartenant aux minorités Rom. Bien que leur chiffre soit relativement modeste (entre 10 et 20 000 en France selon les estimations officielles), ces personnes et ces groupes, souvent désignés comme « Roms migrants », ont une très forte visibilité dans l’espace public urbain. Faiblement dotés sur le plan financier et sans titres de séjour pour la plupart, les Roms/Tsiganes qui ont choisi la migration se sont en effet souvent établis dans les marges urbaines, dans des squats ou dans des bidonvilles, où ils ont développé des stratégies économiques parallèles (mendicité, collecte de ferrailles, vente de petits journaux, etc.).

Parce qu’elles vont à l’encontre des conventions sociales en vigueur, ces pratiques suscitent des réactions d’empathie ou, au contraire, d’hostilité de la part des sociétés locales, comme le montrent les progrès de l’anti-tsiganisme en Italie ces derniers années.

La présence de Roms migrants en situation précaire constitue donc un nouveau problème public, c’est-à-dire un « état de fait [qui est devenu] un enjeu de réflexion et de protestation et une cible pour l’action publique » (Gusfield, 2003). Pour l’instant, les réponses institutionnelles oscillent entre le rejet et l’hospitalité. D’une part, les pouvoirs publics appliquent des mesures répressives (évacuation des squats et des bidonvilles, éloignement des personnes en situation irrégulière), tout en cherchant à contrôler les mobilités intracommunautaires grâce au recensement et au fichage des personnes. D’autre part, les autorités locales mènent des politiques d’accueil qui visent certes à protéger les migrants en détresse mais aussi à les maintenir à distance des sociétés urbaines en les regroupant (campi nomadi, en Italie, « villages d’insertion de Roms », en banlieue parisienne). Les institutions européennes ont, quant à elles, récemment élaboré une « stratégie-cadre d’inclusion des Roms ».

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Hypothèses et questionnements

Ce numéro thématique vise à explorer les différentes formes d’interaction entre les pratiques des migrants et les politiques liées à l’encadrement des déplacements et/ou à l’accueil des Roms migrants dans les villes européennes. Les propositions d’articles (études de cas et/ou recherches comparatives) pourront porter sur les thématiques suivantes :

Les pratiques des Roms migrants en question

A travers l’examen des mobilités, des stratégies résidentielles et économiques, il s’agira à la fois d’analyser l’impact des politiques institutionnelles récentes sur les stratégies et les pratiques des migrants, et d’étudier le rapport des Roms migrants à la ville et à la société urbaine.

Accueillir et/ou expulser ? Regards croisés sur les politiques locales

Le recours fréquent à l’ingénierie spatiale (contrôle des mouvements, éloignement, hébergement dans des dispositifs spécifiques) invite à se demander si les politiques locales en direction des Roms migrants ne sont pas des « polices spatiales » (Lussault, 2009), dont le principal objectif serait de rétablir le contrôle des pouvoirs locaux sur leurs territoires respectifs. Comment s’articulent les politiques de rejet avec celles d’accueil ? Quels sont les systèmes d’action à l’œuvre dans la définition et dans la mise en œuvre des politiques locales? Les politiques en cours se contentent-elles d’actualiser les mesures appliquées par le passé pour encadrer les migrants ou les populations dites nomades (Gotman, 2004) ?

La « question rom » à l’échelle locale : un problème avant tout spatial ?

La « question rom » n’existe pas a priori ; elle se construit dans des situations d’interactions, au travers des discours et des pratiques des simples citoyens, des organisations de la société dite

« civile » et des institutions. Quelles sont les conditions d’émergence de la « question rom » à l’échelle locale ? Comment fonctionnent les arènes politiques qui y sont liées ? On s’interrogera en particulier sur la dimension spatiale de la « question rom ». Dans nombre de villes françaises et italiennes, des éléments spatiaux – présence de bidonvilles, activités de rue, vision de la pauvreté étrangère– sont à l’origine des problèmes publics liés à la présence de Roms migrants en situation précaire. Cette hypothèse se vérifie-t-elle dans les autres villes européennes ?

Références citées

GOTMAN A. (dir.), Villes et hospitalité. Les municipalités et leurs « étrangers », Paris, PUF, CURAPP- CEMS, 2004.

GUSFIELD J., « Action collective et problèmes publics » (entretien avec Daniel Cefaï et Dany Trom), dans CEFAÏ D., PASQUIER D. (dir.), Les sens du public. Publics politiques, publics médiatiques, Paris, PUF, CURAPP-CEMS, 2003.

LUSSAULT M., De la lutte des classes à la lutte des places, Paris, Grasset, coll. « Mondes vécus », 2009.

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Soumission des articles

Conformément à notre nouvelle procédure de soumission, les articles seront déposés sur notre interface en ligne au plus tard au 15 septembre 2010 Ils pourront être rédigés en français ou en anglais. D’un volume optimum de 40 000 signes, espaces compris (la rédaction se réservant la possibilité de rejeter les articles dépassant 60 000 signes), ils respecteront les normes de la revue indiquées sur le site double aveugle par le comité de lecture. Les auteurs recevront notification de la décision (et des instructions de correction) le 1er décembre 2010 au plus tard. L’objectif est que le dossier paraisse au printemps 2011.

Références

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