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Inégalités socio-spatiales sur le terrain

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Academic year: 2022

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Cette journée d’étude du 17 décembre 2021 s’inscrit au sein du projet « Inégalités urbaines et enjeux mémoriels en France et en Argentine : des recherches et des pédagogies engagées » (MSH, ENSAS-AMUP, FADU, FADAUM, SOPHIAPOL) et en continuité avec le Workshop IMPULSO URBANO (ENSAS, FADU, FADAUM). Elle a comme objectif de bâtir un socle commun sur des questions théoriques et de poursuivre les comparaisons des terrains.

Le « terrain » est le lieu de la rencontre, des tensions et des remises en cause. Ainsi toute ethnographie se prête à une double politisation. D’une parte, elle « est mise dans l’espace public de manière à susciter le débat, avec ou sans l’auteur, et à donner lieu à des appropriations ou des contestations » (Fassin 2020). D’autre part, l’ethnographie « est mise au service d’acteurs des mondes institutionnel, associatif, militant, syndical ou politique pour contribuer à leur réflexion en vue d’actions de différentes natures, qu’il s’agisse de décisions, d’interventions ou de mobilisations » (Fassin 2020). Si ces deux processus sont en partie liés, qu’en est-il d’autres processus dans lesquels l’ethnographe participe par exemple à des activités didactiques (Cossée 2021) ou à des activités associatives et artistiques (Morovich 2017) ?

Depuis les recherches françaises de Gérard Althabe (1985, 1990) et de Colette Guillaumin (1992, voir aussi Benveniste, Falquet et Quiminal 2017), il est incontournable d’impliquer une analyse des sujets et des modalités de la rencontre, se référant à des bagages culturels, à des catégories de classe, de race et de sexe, auquel les sujets de l’échange socio- anthropologique sont assignés. Le sexe ainsi que l’âge ne serait-ce que la jeunesse scientifique, l’ethnicité ou les catégorisations raciales pesant sur l’ethnographe se révèlent aussi heuristiques, ouvrant ainsi en France à une féconde réflexion sur des questions théoriques de relief (Chamboredon et al., 1994 ; Palomares et Tersigni, 2001 ; Fournier 2006). En Amérique latine, les travaux de l’anthropologue Nestor Garcia Canclini (2004) ainsi que de l’anthropologue et activiste Rita Segato (2007) montrent l’imbrication entre les rapports sociaux de sexe, le racisme et la « colonialité ».

Ce sont des paramètres dont il est nécessaire de tenir compte dans le cadre des enquêtes.

La démarche réflexive et critique consiste à prendre acte du fait que l’ethnographie est d’emblée publique, ce qui nécessite de considérer ses enjeux, même dans la relation pédagogique et dans l’ouverture interdisciplinaire qui s’ouvre dans le traitement des inégalités socio-spatiales.

Cette journée d’étude explore ces questions à partir de terrains interdisciplinaires menées dans des contextes défavorisés par des acteurs pluriels, y compris des étudiant.es : quelles sont les complémentarités et les incompréhensions ? Ces dernières ne concernent pas seulement la rencontre avec les sujets de l’enquête, mais également, et peut-être d’abord, la négociation de l’enquête lorsqu’elle est portée par des disciplines, des cultures, des collectifs, des âges, des genres et des approches qu’on se doit d’analyser de manière complexe. Comment évaluer les impacts de ces approches ? Quel langage adopter pour restituer l’enquête ? Quelles résistances, quelles instrumentalisations sont- elles possibles ? Ces dynamiques concernent la rencontre avec des altérités sur le terrain : comment négocier la présence sur le terrain d’enseignant.es-chercheur.es, ou encore d’étudiant.es qui font figure d’actrices et d’acteurs extérieurs à des contextes traversés par les inégalités socio-spatiales et pris dans les jeux des catégorisations et des représentations ?

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L’anthropologue, l'architecte-urbaniste, l'artiste, la/le chargé de mission etc… viennent le plus souvent de milieux socio- culturels favorisés, comment nouent-elles et ils des alliances ? Participent-elles ou ils à des projets associatifs, suivent ou impulsent-elles ou ils des actions militantes ? Comment éventuellement deviennent-elles ou ils activistes, tout en participant à des recherches ? Comment ces actions sont-elles concernées par des effets de construction de la race, de la classe et du genre ?

Il importera d’interroger des relations de race, classe et genre sur le terrain, entre des acteurs divers en privilégiant des contextes défavorisés en changement urbain. Les relations de terrain y ont été largement étudiées là où, par exemple en France et en Argentine, des politiques de rénovation urbaine sont initiées afin d’impulser la « mixité » dans des quartiers souvent caractérisés par la stigmatisation sociale et l’ethnicisation. Quels jeux et enjeux s’imposent- ils entre les chercheur.es et des groupes associatifs défavorisés ou encore avec des collectifs définis, de manière globale, de « classes créatives » ? Il conviendra de chercher à déterminer quels sont les impacts externes et internes d’un terrain, dans une approche compréhensive et réflexive. Le terme « terrain » est entendu dans un sens large : enquête socio- anthropologique, enquête pour un diagnostic architectural ou urbanistique, action collaborative, projet participatif, workshop impliquant des étudiant.es…. Quels écueils, quelles négociations avec des groupes, des individus, entre des collègues de disciplines différentes, entre des enseignant.es et des étudiant.es, entre des personnes de milieux sociaux différents, tenant compte aussi d’effet de genre ? Quelles recompositions des rapports sociaux ces projets favorisent-ils dans des contextes français et argentins caractérisés par l’incertitude mais aussi par la politisation (Merklen 2009) ? Quels engagements spécifiques ? Quelles nouvelles sociabilités, notamment dans des sites stigmatisés fortement intéressés par le changement urbain ? Quelles résistances à la gentrification par l’art (Guinard et Morovich 2020) ou à l’éco-gentrification (Quastel 2009) ? Et surtout, quelles pédagogies engagées découlent de ces actions et ces recherches

? C’est-à-dire, comment transmet-on l’importance de co-construire avec des acteurs non académiques et de sensibiliser aux rapports de race, de classe et de genre sur le terrain ? Quelles sont enfin les conditions d’une montée en généralité dans l’analyse des formes sociales du lien communautaire (community organizing, corporations, associations, mutualités) et de la formation des identités sociales (théories de la reconnaissance, multiculturalisme, pluralisme religieux et culturel dans l’espace public démocratique) au prisme des théories de la justice et de leurs critiques ? Bibliographie

ALTHABE Gérard, 1985, « Production de l’étranger, xénophobie et couches populaires urbaines », L’Homme et la société, n° 77-78, p. 63-73.

ALTHABE Gérard, 1990, « Ethnologie du contemporain et enquête de terrain », Terrain, n° 14, p. 126-131.

BENVENISTE Annie, FALQUET Jules et Catherine QUIMINAL, 2017, « En femmage à Véronique De Rudder, Nicole-Claude Mathieu et Colette Guillaumin, précurseures de la dénaturalisation de la race et du sexe », Journal des anthropologues, n°150-151, p. 25-42.

CANCLINI GARCIA Nestor, 2004, Diferentes, desiguales y desconectados, Barcelone, Editorial Gedisa.

CHAMBOREDON Hélène et al., 1994, « S’imposer aux imposants. A propos de quelques obstacles rencontrés par des sociologues débutants dans la pratique et l’usage de l’entretien », Genèses. Sciences sociales et histoire, (16), p. 114- 132.

COSSEE Claire, 2021, « Une partition en mode mineur : quelle place pour la perspective des enfants migrants sur/dans les institutions », in M. Armagnague, Claire Cossée, Catherine Mendonça Dias, I. Rigoni, S. Tersigni (Dir.), Les enfants migrants à l’école, Bordeaux, Les Editions du Bord de l’eau, coll. « Clair et Net », 2021, p. 127-150.

FASSIN Didier, 2020, « L’ethnographie et ses publics. Entretien avec Didier Fassin », Terrains/Théories [Online], 12, https://doi.org/10.4000/teth.3102

FOURNIER Pierre, 2006, Le sexe et l’âge de l’ethnographe : éclairants pour l’enquêté, contraignants pour l’enquêteur, ethnographiques.org, n° 11, [en ligne]. http://www.ethnographiques.org/2006/Fournier.html

GUINARD Pauline et MOROVICH Barbara, 2020, « Villes, cultures et engagements », Journal des anthropologues, 162-163 | 2020, p. 21-28.

GUILLAUMIN Colette, 1992, Sexe, race et pratique du pouvoir, L’idée de Nature, Paris, Côté-femmes, 1992. Réédition : Éditions iXe, 2016.

MERKLEN Denis, 2009, Quartiers populaires, quartiers politiques, Paris, La Dispute.

MOROVICH Barbara, 2017, Miroirs anthropologiques et changement urbain : qui participe à la transformation des quartiers populaires ?, Paris, L'Harmattan.

PALOMARES Elise, TERSIGNI Simona, 2001, « Les rapports de place dans l'enquête : les ressources du malentendu

», Langage et société, vol. 97, n° 3, p. 5-26.

QUASTEL, Noah, 2009, « Political Ecologies of Gentrification », Urban Geography, 30, p. 694-725.

SEGATO Rita, 2007, La nación y sus otros: raza, etnicidad y diversidad religiosa en tiempos de políticas de la identidad, Buenos Aires, Prometeo Libros.

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INTERVENANT·ES :

Mariela CORBELLINI Architecte-urbaniste et enseignante contractuelle, Instituto de la Espacialidad Humana, Facultad de Arquitectura, Diseño y Urbanismo (FADU), Université de Buenos Aires (Argentine)

Daniel D’ALESSANDRO Architecte Urbaniste, Directeur de « Hábitat y Vivienda » de la ville de Morón (Argentine), enseignant titulaire à la Facultad de Arquitectura, Diseño, Arte y Urbanismo, Universidad de Morón

Florencia DANSILIO Docteure en sociologie, ATER Institut d'Hautes Etudes de l'Amérique latine - Université Paris III - Sorbonne Nouvelle

Romain GALLART Docteur en études urbaines - Université Paris Ouest Nanterre La Défense Equipe Mosaïques - UMR LAVUE 7218 Cnrs

Félix MEGRET Doctorant contractuel en philosophie politique Laboratoire Sophiapol-Université Paris Nanterre Estelle MIRAMOND Docteure en sociologie Centre Asie du Sud-Est (CASE/UMR 8170)

Barbara MOROVICH Maitresse de conférences HDR en anthropologie, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg, AMUP.

Catherine QUIMINAL Professeure émérite URMIS Université Paris Diderot.

Simona TERSIGNI Maîtresse de conférences en sociologie, Sophiapol-Université de Paris Nanterre

Pablo VITALE Diplômé en sciences politiques et doctorant en sciences sociales à l’Université de Buenos Aires, CONICET.

PROGRAMME DE LA JOURNÉE

Matinée : 9h30-12h Après-midi : 14h-17h30

Un buffet sera offert sur place dans le respect des normes sanitaires.

INFORMATIONS PRATIQUES :

Adresse : Maison des Sciences de l’Homme Paris Nord, (20 Av. George Sand, 93210 Saint-Denis).

Capacité d’accueil en présence : 12 places. Un système en hybride est prévu.

En cas d’évolution des consignes sanitaires, la journée sera entièrement à distance.

Dans tous les cas, nous vous remercions de bien vouloir vous inscrire par mail à l’adresse suivante : barbaramorovich@yahoo.fr

ORGANISATION :

Barbara MOROVICH, Simona TERSIGNI

Avec la collaboration de Mariela CORBELLINI et Daniel D’ALESSANDRO.

AVEC LE SOUTIEN DE

MSH-Paris Nord, ENSAS-AMUP, Université de Nanterre-SOPHIAPOL, FADU, FADAUM, Association Française des Anthropologues.

Références

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