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Submitted on 1 Jan 1977
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Observation d’une phase magnétique ordonnée à courte distance dans le spinelle normal ZnCr2o4
R. Plumier, M. Lecomte, M. Sougi
To cite this version:
R. Plumier, M. Lecomte, M. Sougi. Observation d’une phase magnétique ordonnée à courte distance dans le spinelle normal ZnCr2o4. Journal de Physique Lettres, Edp sciences, 1977, 38 (6), pp.149-151.
�10.1051/jphyslet:01977003806014900�. �jpa-00231347�
L-149
OBSERVATION D’UNE PHASE MAGNÉTIQUE ORDONNÉE
A COURTE DISTANCE DANS LE SPINELLE NORMAL ZnCr2O4
R.
PLUMIER,
M. LECOMTE et M. SOUGI Service dePhysique
du Solide et de RésonanceMagnétique
C.E.N.
Saclay,
B.P. n°2,
91190 Gif surYvette,
France(Re_Cu
le 13janvier 1977, accepte
le 9fevrier 1977)
Résumé. 2014 Des mesures de chaleur spécifique et de diffraction des neutrons indiquent qu’à 12,8 K,
ZnCr2O4
présente une transition du premier ordre entre un ordre magnétique à grande distanceet un état d’ordre à courte distance.
Abstract. 2014
Specific
heat and neutron diffraction measurements indicate that at 12.8 K,ZnCr2O4
undergoes a first transition from long-rangemagnetic
order to short-range order.LE JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
~
TOME 38, 15 MARS 1977, P,
Classification
Physics Abstracts
8.534 - 8.544
En
1956,
P. W. Anderson[1]
noteI’analogie
existantentre la determination de
1’entropie
deconfiguration
de la
glace
a 0 K(probleme historique
resolu par L.Pauling [2]
en1935)
et1’entropie
deconfiguration
de
spins qui
peuvent s’etablir sur les sitesoctaedriques (sites B)
d’un reseauspinelle.
En 1’absence d’autres interactions que les interactionsantiferromagne- tiques JBB
existant entre ions Bpremiers voisins,
Anderson
[1]
montrequ’il
existe un tresgrand
nombrede
configurations possedant
toutes la meme valeurpropre - 2
JBB
que celles des structuresmagnetiques
ordonnees a
grande
distance[3].
11 suffit en effetpour cela que chacun des deux tétraèdres
auxquels appartient
un site B donne ait unepolarite
resultantenulle
(Fig.
1ofi 0, 0, @, @ correspondent
auxFIG. 1. - Site octaedrique et son environnement en premiers voisins.
[Octahedral site with first nearest neighbours.] ]
directions
positives
ounegatives
d’une ou deuxdirections
d’antiferromagnetisme).
Dans le cas d’uneseule direction
d’antiferromagnetisme
et pour N’ = 2 N(par
mole de ferriteAB204),
le nombrede
configurations w1,
calcule par Anderson est alors[1] :
:WN,
=2~(3/8)~.
De S = klog W,
ondeduit alors
S’
=0,808 cal(mol . deg) -1.
Des interactions
magnetiques
entre ions en sites Bnon
premiers
voisins existentcependant
dans lereseau
spinelle.
Bienqu’elles
soient d’un ordre degrandeur
au moins inferieur a celui existant entreions
premiers voisins,
elles sont toutefoisresponsables
de la
grande
variete des structuresmagnetiques
ordonnees a
grande
distance observees a bassetemperature
dans cescomposes [4, 5].
Aplus
hautetemperature,
dans1’expression
deFenergie libre,
le terme TSI peut, par contre, devenirsuperieur
aFenergie
des interactionsmagnetiques
entre ionsnon
premiers
voisins. Seul subsiste alors un ordre a courte distance entre ionspremiers
voisins suffisant toutefois pour assurer la meme valeur propre - 2JBB
au niveau de
chaque
site B. 11 existerait donc unetemperature
de transition7~
tellequ’a
destempe-
ratures
inferieures,
on observerait l’ordremagnetique
a
grande
distance alorsqu’a
destemperatures supe- rieures,
un ordremagnetique
a courte distances’etablirait sur les sites B.
11 peut
paraitre
surprenantqu’aucune
determination de chaleurspécifique
n’ait ete effectuee dans le casde tels
composes
auvoisinage
de leurtemperature
d’ordre alors que par diffraction des neutrons
[6, 7],
on observe non seulement que 1’aimantation reste voisine de sa valeur a saturation
jusqu’a
latempe-
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphyslet:01977003806014900
L-150 JOURNAL DE PHYSIQUE - LETTRES
rature de
disparition
de l’ordremagnetique
agrande distance,
mais encorequ’au-dessus
de cettetempe-
rature les reflexions
magnetiques
deBragg
fontplace
a une bosse
supposee d’origine magnetique.
Tel est le cas du
spinelle
normalZnCr204
surlequel
des mesures
calorimetriques
viennent d’etre effectuées dans notre laboratoire. Latemperature
de Neel dece
compose
tellequ’elle
se deduit du minimum de la courbeX-1(T)
est de 13 K. C’est aussi a cettetemperature
que, dans desexperiences
de diffraction des neutrons, les reflexions deBragg d’origine magne- tique
fontplace
a une bossequi
culmine à une valeursin0/~ ~ 0,12 A-1 (Fig. 2a).
Comme l’aimantationqui
se deduit des intensites des reflexionsmagnetiques
de
Bragg
conservepratiquement
sa valeur a saturationjusqu’a
13K,
la transition observeeapparait
ainsicomme une transition du
premier
ordre.FIG. 2. - a) Spectre de diffraction des neutrons a 50 K ; b) Fond
continu a 4,2 K ; c) Fonction de Debye I(sin 0/~) corrigee du facteur
de Lorentz.
[a) Neutron diffraction spectrum at 50 K; b) Background at 4.2 K;
c) Debye function I(sin 6/~,) corrected for Lorentz factor.]
La chaleur latente de transformation que nous
observons aux environs de
7c
= 13 K est deCette valeur est d’un ordre de
grandeur
inferieur a1’energie
des interactionsmagnétiques
entre ions Bpremiers voisins,
soit 480cal . mol-1,
cette demierevaleur
pouvant
sededuire,
en bonneapproximation,
de la valeur observee de la
temperature
de Curieasymptotique
6 = 350 K. Le A0 observe est, par contre, de l’ordre degrandeur
des interactions desuper-superechange
existant entre ions seconds et troisiemes voisins[4, 5],
c’est-a-dire des interactionsassurant
[1]
a bassetemperature
1’ ordremagnetique
a
grande
distance.De A0 = 23 cal.
mol -1,
on déduit à la transitionune difference
d’entropie åSex = 1,8 cal(mol.deg)-1.
Remarquons
que cette valeur n’est que le1/3
de ladifference
d’entropie
existant entre laphase
para-magnetique
et laphase magnetique
ordonnee asaturation
soit,
par mole de ferriteFIG. 3. - Chaleur specifique a basse temperature.
[Specific heat at low temperatures.]
Cette valeur est, par contre,
comparable
a la valeurS =
0,808 cal(mol. deg) -1
calculée par Anderson[ 1 ],
l’accord pouvant d’ailleurs etre ameliore si l’on remarque que la meme valeur propre - 2
JBB
estencore assuree au niveau de
chaque
site Bsi,
au lieu d’une seule directiond’antiferromagnetisme,
on enconsidere deux
(Fig. 1).
Eneffet,
comme on le constatesur la
figure
1 il esttoujours possible
de batir dansces conditions des
configurations
despins
telles que, pour chacuned’elles,
les deux tetraedresauxquels appartient
un site B donne aient unepolarite
résuI-tante nulle. Le nombre
WN,
de cesconfigurations
est alors
WN,
=4N’(9/64)N
d’ou l’on deduitsoit une valeur
d’entropie
inferieure de 10%
a celleobservee
experimentalement.
Remarquons
d’ailleurs que 1’existence de deux directionsd’antiferromagnetisme
estsuggeree
par la structuremagnetique
ordonnee a TTc
=12,8
K.Le
spectre
de diffraction des neutrons de cecompose
est en effet fort
complexe [6, 7, 8]
et ne peut s’inter-preter
que par 1’existence de deux directions d’anti-ferromagnetisme orthogonales.
Comme nous l’avons note
plus haut,
la bosse.
d’origine magnetique
observee par diffraction des neutrons a T >12,8
K culmine a une valeurOn remarquera que cette valeur
correspond
a laL-151 ORDRE
MAGNETIQUE
A COURTE DISTANCE DANS ZnCr204position
dupremier
maximum de la fonction deDebye
pour une
paire (i, j)
d’ions Bpremiers
voisinscouples antiferromagnetiquement (Fig. 2c).
Ce resultat de diffraction des neutrons
indique qu’a
T >Tc,
les ions Bpremiers
voisins restentcouples antiferromagnetiquement,
alors que les interactionsentre ions
plus eloignes
sont nulles en moyenne.11 est intéressant de noter que dans 1’etude par calorimetrie et diffraction de neutrons du thio-
spinelle CU1/2In1/2Cr2S4
effectuée recemment dans notre laboratoire[9],
nous avons ete conduits a unedescription
de l’ordre a courte distanceplus complexe
que celle donnee ici
puisqu’elle
met en evidence le rolejoue
dans cette gamme detemperatures
par les interactions entre deuxiemes et troisiemes voisins.Un modele
semi-quantitatif
de gouttemagnetique
intéressant 124 ions B a ete donne dans ce cas
[9]
qui
permetd’expliquer qu’a
7" ~ 5Tc
oii un autrepic
de chaleurspecifique
estobserve,
laphase magne- tique
a caractereliquide
faitplace
a laphase paramagnetique.
Dans
ZnCr204,
l’ordre a courte distance n’inte-resse que les six
premiers
voisins d’un ion B donne.11 n’est donc pas etonnant que la transition de dis-
parition
de l’ordre a courte distance nepuisse
etremise en evidence par des mesures
calorimetriques
alors que des
experiences
de diffraction des neutronsindiquent
que la bossed’origine magnetique disparait
au-dessus de 100 K.
Bibliographie
[1] ANDERSON, P. W., Phys. Rev. 102 (1956) 1008.
[2] PAULING, L., J. A. C. S. 57 (1935) 2680.
[3] AIYAMA, Y., J. Phys. Soc. Japan 21 (1966) 1684.
[4] BALTZER, P. K. et al., Phys. Rev. 151 (1966) 367.
[5] LOTGERING, F. K., J. Physique Colloq. 32 (1971) C1-34.
[6] PLUMIER, R., SOUGI, M., C. R. Hebd. Séan. Acad. Sci. 268
(1964) 365.
[7] SHAKED, H., HASTINGS, J. M., CORLISS, L. M., Phys. Rev. 1 (1970) 3116.
[8] OLÉS, A., J. Physique Colloq. 32 (1971) C1-328.
[9] PLUMIER, R., SOUGI, M., LECOMTE, M., à paraître dans Phys.
Lett.